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Contact presse - Hélène TABOURY 01 44 94 34 02 • [email protected] NOTE D’ANALYSE DU DÉPARTEMENT OPINION CSA décrypte… Le vote au 1 er tour de l’élection présidentielle 2007-2012 : DES ÉLECTORATS EN MOUVEMENT L’ÉLECTORAT DE FRANÇOIS HOLLANDE En tête au 1 er tour, le candidat socialiste s’appuie sur un électorat particulièrement interclassiste. Il réalise en effet des scores relativement comparables parmi les cadres et professions libérales (27%, soit +3 par rapport à Ségolène Royal en 2007), les professions intermédiaires (31%, -1), les employés (30%, +1) et les ouvriers (31%, +6). S’agissant de l’âge, François Hollande réussit notamment à davantage convaincre les 65 ans et plus (30%) que ne l’avait fait la représentante du PS en 2007 (25%) avec un style de campagne sans doute un peu déroutant pour ce segment de l’électorat. Le candidat du PS rassemble en outre 74% des électeurs de Ségolène Royal en 2007, mais également 25% de ceux de François Bayrou. Cette trajectoire d’un vote Bayrou en 2007 à un vote Hollande cinq ans plus tard est d’ailleurs décisive pour comprendre la hausse du résultat du Parti socialiste de près de 3 points entre les deux scrutins. Au niveau cantonal, la corrélation entre le vote PS de 2012 et le vote PS de 2007 est très élevée (0.93), ce qui signifie que le premier a les mêmes zones de force et de faiblesse que le second. Autrement dit, François Hollande réalise ses meilleurs scores sur les terres les plus favorables à Ségolène Royal en 2007. Mais il existe également une légère corrélation négative (- 0.31) entre le vote Hollande 2012 et l’évolution des scores de François Bayrou de 2007 à 2012. Les résultats du candidat socialiste ont ainsi tendance à être d’autant plus élevés que le candidat du MoDem a perdu des voix. A une base électorale composée des soutiens de Ségolène Royal viennent donc s’ajouter des « bayrouistes » de 2007 qui, pourtant de gauche, avaient manifesté une certaine inquiétude quant à la stature présidentielle de la candidate socialiste et lui avaient par conséquent préféré le représentant de l’UDF. Par rapport à Ségolène Royal, François Hollande obtient en particulier de meilleurs scores dans le centre de l’hexagone (+13.2 en Corrèze, +6.8 dans le Cantal, + 5 dans la Creuse et +4.8 dans l’Indre), en Ile-de-France (avec notamment + 4.65 dans le Val-d’Oise et +4.55 en Seine-Saint-Denis) et dans le Nord (+5.6 dans le Pas-de-Calais). A l’inverse, toute la partie Sud de la France (à part les Pyrénées-Atlantiques) le voit réaliser des gains nettement plus faibles voire des scores plus réduits que ceux de Ségolène Royal. Evolution des scores de François Hollande en 2012 par rapport à ceux de Ségolène Royal en 2007 (au niveau départemental)

Note d'analyse : CSA décrypte le vote de 1er tour - avril 2012

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NOTE D’ANALYSE – avril 2012

NOTE D’ANALYSE DU DÉPARTEMENT OPINION

CSA décrypte… Le vote au 1er tour de l’élection présidentielle

2007-2012 : DES ÉLECTORATS EN MOUVEMENT

L’ÉLECTORAT DE FRANÇOIS HOLLANDE

En tête au 1er tour, le candidat socialiste

s’appuie sur un électorat particulièrement

interclassiste. Il réalise en effet des scores

relativement comparables parmi les cadres

et professions libérales (27%, soit +3 par

rapport à Ségolène Royal en 2007), les

professions intermédiaires (31%, -1), les

employés (30%, +1) et les ouvriers (31%, +6).

S’agissant de l’âge, François Hollande réussit

notamment à davantage convaincre les 65

ans et plus (30%) que ne l’avait fait la

représentante du PS en 2007 (25%) avec un

style de campagne sans doute un peu

déroutant pour ce segment de l’électorat. Le

candidat du PS rassemble en outre 74% des

électeurs de Ségolène Royal en 2007, mais

également 25% de ceux de François Bayrou.

Cette trajectoire d’un vote Bayrou en 2007 à

un vote Hollande cinq ans plus tard est

d’ailleurs décisive pour comprendre la

hausse du résultat du Parti socialiste de près

de 3 points entre les deux scrutins. Au niveau

cantonal, la corrélation entre le vote PS de

2012 et le vote PS de 2007 est très élevée

(0.93), ce qui signifie que le premier a les

mêmes zones de force et de faiblesse que le

second. Autrement dit, François Hollande

réalise ses meilleurs scores sur les terres les

plus favorables à Ségolène Royal en 2007.

Mais il existe également une légère

corrélation négative (- 0.31) entre le vote

Hollande 2012 et l’évolution des scores de

François Bayrou de 2007 à 2012. Les résultats

du candidat socialiste ont ainsi tendance à

être d’autant plus élevés que le candidat du

MoDem a perdu des voix. A une base

électorale composée des soutiens de

Ségolène Royal viennent donc s’ajouter des

« bayrouistes » de 2007 qui, pourtant de

gauche, avaient manifesté une certaine

inquiétude quant à la stature présidentielle

de la candidate socialiste et lui avaient par

conséquent préféré le représentant de l’UDF.

Par rapport à Ségolène Royal, François

Hollande obtient en particulier de meilleurs

scores dans le centre de l’hexagone (+13.2

en Corrèze, +6.8 dans le Cantal, + 5 dans la

Creuse et +4.8 dans l’Indre), en Ile-de-France

(avec notamment + 4.65 dans le Val-d’Oise

et +4.55 en Seine-Saint-Denis) et dans le Nord

(+5.6 dans le Pas-de-Calais). A l’inverse, toute

la partie Sud de la France (à part les

Pyrénées-Atlantiques) le voit réaliser des

gains nettement plus faibles voire des scores

plus réduits que ceux de Ségolène Royal.

Evolution des scores de François Hollande en 2012 par rapport à ceux de Ségolène Royal en 2007 (au niveau départemental)

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L’ÉLECTORAT DE NICOLAS SARKOZY

Son électorat est nettement moins « attrape

tout » que celui de François Hollande. Si le

candidat de l’UMP a été soutenu par 50%

des artisans, commerçants et chefs

d’entreprise et 39% des cadres et

professions libérales, il n’obtient que 14%

parmi les ouvriers, soit 6 points de moins

qu’en 2007. Il pâtit ainsi d’un fort déficit dans

les catégories populaires. Il est à cet égard

révélateur que le vote Sarkozy soit

fortement corrélé avec le niveau de

revenus, passant de 39% parmi les

personnes disposant de revenus supérieurs à

4 500 euros par mois à 18% parmi celles dont

les revenus mensuels sont inférieurs à 1 000

euros. Le candidat de l’UMP résiste

néanmoins particulièrement bien chez les

65 ans et plus (avec 41%, soit la même

proportion qu’en 2007).

D’autre part, si Nicolas Sarkozy conserve les

trois quarts de son électorat de 2007, Marine

Le Pen parvient à lui ravir plus de 10% de ses

anciens électeurs.

Au niveau géographique, le Président de la

République a certes réussi à limiter ses

pertes dans une partie de ses bastions

électoraux à l’Ouest de la France, et ce

pour différentes raisons, dont une pratique

du catholicisme qui limite l’influence du

Front National (+3.17 en Vendée, -1.04 dans

le Maine-et-Loire, -1.43 dans la Mayenne, -

1.6 dans les Deux-Sèvres). Avec un

coefficient de corrélation de 0.94 au niveau

cantonal entre ses scores de 2007 et de

2012, son électorat présente les mêmes

zones de force et de faiblesse que lors de la

dernière présidentielle. Mais une légère

corrélation négative existe au niveau

cantonal (-0.28) entre le vote Le Pen de

2012 et l’évolution du vote Sarkozy de 2007

à 2012. Autrement dit, le score de la

candidate du FN a tendance à être

d’autant plus élevé que Nicolas Sarkozy a

perdu des voix entre les deux scrutins. Cette

situation est particulièrement flagrante dans

les Bouches-du-Rhône, où Nicolas Sarkozy

perd 6.74 points alors que Marine Le Pen fait

9.51 points de mieux que Jean-Marie Le Pen

en 2007, et dans l’Oise, où Nicolas Sarkozy

perd 6.31 points quand Marine Le Pen en

gagne 10.15 par rapport à son père. Malgré

sa campagne, le chef de l’Etat a donc eu

du mal à limiter l’hémorragie d’une partie

de ses électeurs de 2007 vers Marine Le Pen.

Il semble néanmoins avoir réussi à éviter

une participation différentielle, c'est-à-dire

une démobilisation de l’électorat de droite,

qui était l’un des enjeux du scrutin. En effet,

non seulement les sondages indiquent que

l’électorat de droite s’est autant mobilisé

que celui de gauche, mais en plus la

corrélation au niveau cantonal entre le vote

Sarkozy 2012 et l’évolution de l’abstention

entre 2007 et 2012 est nulle, ce qui signifie

que les résultats du président sortant n’ont

pas tendance à être d’autant plus faibles

que l’abstention a augmenté.

Evolution des scores de Nicolas Sarkozy en 2012 par rapport à ses scores de 2007 (au niveau départemental)

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NOTE D’ANALYSE – avril 2012

L’ÉLECTORAT DE MARINE LE PEN

L’un des faits marquants de ce 1er tour

concerne l’électorat de Marine Le Pen :

celui-ci s’est considérablement féminisé par

rapport à celui de Jean-Marie Le Pen en

2007. Il est ainsi composé à 53% de femmes

et à 47% d’hommes, alors que celui de son

père était constitué à 64% d’hommes et à

seulement 36% de femmes. Le fait que les

idées du FN soient désormais portées par

une femme a visiblement facilité la

« dédiabolisation » de ce mouvement

politique auprès d’une partie des

électrices. En pénétration, Marine Le Pen a

attiré autant d’hommes que de femmes

(18%), alors que Jean-Marie Le Pen avait

réalisé en 2007 14% parmi les premiers et 7%

parmi les secondes. La candidate du FN a

en outre obtenu son meilleur score dans la

pyramide des âges chez les 35-49 ans, sans

doute les plus touchés par la crise

économique et les plus inquiets pour leur

avenir, avec 24%, contre seulement 9%

parmi les 65 ans et plus.

D’autre part, plus l’on descend dans la

hiérarchie sociale, plus les scores de

Marine Le Pen sont élevés. Elle réalise ainsi

8% chez les cadres et professions libérales

(soit le même niveau que son père en

2007), 14% chez les professions

intermédiaires (+5), 19% chez les employés

(+7) et 28% parmi les ouvriers (+7). Cette

observation se confirme d’ailleurs au

regard de l’auto-positionnement social des

électeurs. La représentante du Front

National obtient en effet 8% parmi les

personnes déclarant appartenir aux classes

privilégiées et aisées, 15% parmi celles qui

estiment appartenir aux classes moyennes

et 26% parmi celles qui considèrent

appartenir aux classes populaires et

défavorisées. D’un point de vue politique,

on a vu plus haut que Marine Le Pen avait

réussi à capter une partie des électeurs

sarkozystes de 2007. Près de 20% de

l’électorat lepéniste est ainsi composé de

personnes qui avaient voté en faveur de

Nicolas Sarkozy cinq ans plus tôt.

Logiquement, c’est en grande partie dans

les territoires où le président sortant a le plus

baissé que Marine Le Pen engrange les

gains les plus forts par rapport à 2007, et en

particulier dans les départements du Sud-

Est de l’hexagone. Sa poussée, bien que

réelle, est plus limitée dans l’Ouest.

L’ÉLECTORAT DE JEAN-LUC MELENCHON

Arrivé en quatrième position au 1er tour,

Jean-Luc Mélenchon a attiré un électorat

assez différent de celui auquel il s’est

adressé durant sa campagne. En effet, s’il a

séduit 16% des 18-24 ans, contre seulement

8% des 65 ans et plus, il réalise des scores

quasiment comparables parmi les CSP+

(11%) et les CSP- (13%). Sur le plan politique,

le candidat du Front de Gauche rassemble

80% des électeurs de Marie-George Buffet

en 2007, mais aussi 40% de ceux d’Olivier

Besancenot, 32% de ceux d’Arlette

Laguiller et 24% de ceux de José Bové. La

corrélation au niveau cantonal entre le

vote Mélenchon 2012 et le vote Buffet 2007

est de 0.73. Avec un niveau beaucoup plus

élevé, le vote Front de Gauche a donc

tendance à avoir géographiquement les

mêmes zones de force et de faiblesse que

le vote communiste lors de la dernière

présidentielle.

Evolution des scores de Marine Le Pen en 2012 par rapport aux scores de Jean-Marie Le Pen en 2007 (au niveau départemental)

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NOTE D’ANALYSE – avril 2012

Mais surtout, le coefficient de corrélation

entre le vote Mélenchon 2012 et l’évolution

du vote d’extrême-gauche entre 2007

(Besancenot, Laguiller et Schivardi) et 2012

(Poutou et Arthaud) est de -0.38, ce qui

signifie que les scores de Jean-Luc

Mélenchon sont d’autant plus élevés que

ceux de l’extrême-gauche sont en baisse.

Le leader du Front de Gauche est ainsi

parvenu à étendre son influence bien au-

delà de la base électorale du Parti

communiste, en rassemblant une partie

importante de l’électorat de la gauche

radicale. C’est en particulier dans le Sud-Est

que Jean-Luc Mélenchon progresse le plus

comparativement à Marie-George Buffet

en 2007, avec une forme de résurgence du

« Midi rouge » apparu au milieu du 19ème

siècle. Mais le fait que le leader du Front de

Gauche ait été nettement devancé par

Marine Le Pen dans leur match pour la

troisième place et le leadership sur le vote

protestataire fait de ce succès un demi-

échec.

L’ÉLECTORAT DE FRANÇOIS BAYROU

Enfin, passant de 18.57% en 2007 à 9.13% en

2012 (soit une chute de 9.4 points), François

Bayrou ne conserve que 36% de ses

électeurs de 2007. Avec la rétractation de

son électorat sur son noyau centriste, il perd

notamment une grande partie des soutiens

en provenance de la gauche d’une part

et des sans proximité partisane d’autre part

qu’il avait pu attirer cinq ans plus tôt. Il n’est

en effet soutenu que par 2% des

sympathisants de gauche (contre 15% en

2007) et par 12% des sans préférence

partisane (contre 23% en 2007). Il passe en

outre de 24% à 9% chez les 18-24 ans, de

24% à 13% parmi les cadres et professions

libérales, de 20% à 10% parmi les professions

intermédiaires, de 16% à 10% parmi les

employés et de 15% à 6% parmi les ouvriers.

Les pertes de François Bayrou s’élèvent à

13.9 points dans les Pyrénées-Atlantiques,

12.9 dans les Hautes-Pyrénées et 11.5 dans

le Finistère et en Ille-et-Vilaine.

La stratégie d’autonomisation pour laquelle

a opté le leader centriste depuis 2007 est

un échec. A défaut d’accord électoral, les

législatives de juin risquent d’être très

compliquées pour le Mouvement

Démocrate.

Evolution des scores de Jean-Luc Mélenchon en 2012 par rapport aux scores de Marie-George Buffet en 2007 (au niveau départemental)

Evolution des scores de François Bayrou en 2012 par rapport à ses scores en 2007 (au niveau départemental)

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UNE CRISTALLISATION DES CHOIX MOINS TARDIVE

Plus d’un votant sur trois (37%) déclare s’être

décidé depuis moins d’un mois sur le choix

de son candidat dimanche dernier. Ce

chiffre, certes non négligeable, enregistre

un recul puisqu’ils étaient 47% au premier

tour de 2002 et 41% en 2007.

Alors que les scrutins présidentiels avaient

été caractérisés depuis 1981 par un nombre

de plus en plus important d’électeurs tardifs

(se décidant dans les derniers jours avant

l’élection), le 1er tour de 2007 avait donné

un coup d’arrêt à cette progression,

conforté dimanche dernier. Si seulement

10% environ des électeurs s’étaient décidés

moins de deux semaines avant les 1ers tours

de scrutin en 1981 et 1988, cette proportion

est passée à 28% en 1995, 39% en 2002 et

34% en 2007. Le 22 avril 2012, 28% des

électeurs déclarent avoir pris leur décision

moins de deux semaines avant l’élection

(dont 12% le jour même et 16% quelques

jours avant).

Les électeurs se sont donc décidés un peu

plus longtemps à l’avance, surtout en ce qui

concerne le vote pour les candidats qui ont

recueilli les scores les plus importants :

respectivement 61%, 50% et 44% des

électeurs de Nicolas Sarkozy, François

Hollande et Marine Le Pen déclarent ainsi

avoir toujours su pour qui ils voteraient, pour

41% en moyenne.

A l’opposé, la majorité des électeurs de

François Bayrou disent s’être décidés depuis

moins d’un mois (56%), tout comme 51% de

ceux de Jean-Luc Mélenchon. Le vote en

faveur des plus petits candidats a été arrêté

très tardivement, ces derniers ayant sans

doute attendu de bénéficier d’une égalité

totale en termes de visibilité à la télévision

et à la radio pour convaincre certains

électeurs. Ainsi, 63% et 80% des électeurs de

Philippe Poutou et de Nicolas Dupont-

Aignan affirment avoir pris leur décision

moins de deux semaines avant le 1er tour.

Le vote tardif a surtout profité à François

Hollande et, dans une mesure moindre, à

Marine Le Pen, 25% et 18% des électeurs

s’étant décidés durant les derniers jours

avant le 1er tour ayant porté leurs suffrages

sur leurs noms. En revanche, moins de 15%

d’entre eux déclarent s’être tournés vers

l’actuel chef de l’Etat.

UNE PLUS FAIBLE CROYANCE DANS LA

CAPACITÉ DU FUTUR PRÉSIDENT À AMÉLIORER LES CHOSES

Le vote de dimanche dernier a aussi été

marqué par le faible espoir qu’il puisse

contribuer à améliorer les choses, que ce

soit pour sa situation personnelle ou pour le

pays.

Alors qu’en 2007, une majorité relative de

votants estimait que l’élection de son favori

permettrait d’améliorer sa situation

personnelle (50%, contre 43% qui pensaient

le contraire), ils ne sont plus que 33% à avoir

cet espoir (contre 50%). Tout se passe

comme si, sur ce sujet, on observait un

retour au scepticisme qui prévalait le 21 avril

2002, avec des résultats quasiment

équivalents à l’époque.

Il est néanmoins intéressant de noter que les

votes contestataires semblent miser plus

que les autres sur une amélioration de leur

sort personnel en cas de victoire de leur

candidat. Ainsi, les électeurs de Jean-Luc

Mélenchon et de Marine Le Pen sont les

seuls à penser majoritairement que si leur

candidat est élu, leur situation personnelle

s’améliorera (respectivement 56% et 51%),

seuls 37% et 25% de ceux de François

Hollande et Nicolas Sarkozy faisant le même

pronostic.

QUELLES SPÉCIFICITÉS POUR CE PREMIER TOUR ?

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Pour cet électorat du bloc antisystème, qui

exprime dans les sondages des critiques

particulièrement vives à l’égard des élites

en général et du personnel politique en

particulier, et qui a plus que les autres le

sentiment d’être délaissé par celles-ci, tout

se passe comme si le vote était un moyen

de se réapproprier une place dans la

société et représentait à cet égard un

espoir de changement à titre personnel.

Par ailleurs, 56% des Français pensent que le

résultat de l’élection présidentielle ne

permettra pas ou peu d’améliorer les

choses en France, 37% étant d’un avis

contraire. Il y a toutefois des différences de

perception sur ce point, la croyance dans

le volontarisme politique à l’échelle

collective est ainsi plus forte à gauche qu’à

droite : 61% des électeurs de François

Hollande croient à une amélioration des

choses en France suite à l’élection, tout

comme 51% de ceux de Jean-Luc

Mélenchon. Cet optimisme ne se retrouve

pas chez les électeurs de Marine Le Pen

(34%) ou de François Bayrou (22%), ceux de

Nicolas Sarkozy étant eux assez divisés (48%

contre 48%). Il semble donc que le camp

dont la victoire paraît aujourd’hui la plus

probable ait mis plus d’espoir dans son vote,

la perspective d’un retour au pouvoir

suffisant pour l’instant à nourrir son

optimisme.

DES MOTIVATIONS DE VOTE QUI DIFFÈRENT SELON LE CANDIDAT CHOISI

Si l’on en vient aux motivations même du

vote, les Français mettent en avant aussi

bien le projet (26%) que l’opposition aux

autres candidats (25%), largement devant

l’attachement à un parti ou à un candidat

(14% et 12%), ou encore le bilan (7%). Là

encore, ce 1er tour de scrutin n’est pas sans

rappeler le 1er tour de 2002 et se différencie

largement de l’élection de 2007, les

électeurs ayant alors largement voté en

faveur d’un projet (40% de citations), et

beaucoup moins par opposition à d’autres

candidats (24%).

Au-delà de ce constat d’ensemble, la

hiérarchie des raisons varie fortement selon

les différents électorats. Certains électorats

disent ainsi privilégier le projet : c’est le cas

des électeurs de Jean-Luc Mélenchon

(44%), François Bayrou (44%) et Eva Joly

(52%). L’électorat de François Hollande

déclare quant à lui privilégier l’attachement

à un parti (30%, contre 29% pour le projet),

tandis que celui de Nicolas Sarkozy met

plus souvent en avant un vote

d’attachement à un candidat (25%) ou en

faveur d’un bilan (18%). Pour finir, assez

logiquement, les électeurs de Philippe

Poutou ou de Marine Le Pen affirment

majoritairement avoir voté pour marquer

leur opposition aux autres candidats

(respectivement 45% et 44%).

Quant à l’impact voulu de ce vote, plus de

la moitié des Français (51%) affirme avoir

voté pour que son candidat soit élu

Président de la République, 24% souhaitant

simplement que son influence dans la vie

politique soit plus importante et 10% que son

camp soit présent au 2nd tour, même si ce

n’était pas son candidat préféré. Si les

électeurs des deux finalistes ont très

majoritairement voté pour que leur

candidat soit élu (76% pour François

Hollande et 85% pour Nicolas Sarkozy), ceux

des challengers mettent majoritairement

tous en avant la plus grande influence de

leur courant dans la vie politique. C’est le

cas particulièrement des électeurs d’Eva

Joly (72%) mais aussi de Jean-Luc

Mélenchon (62%), de François Bayrou (52%)

et de Marine Le Pen (45%, 36% ayant voté

en sa faveur pour qu’elle soit élue

présidente). Notons que 16% de l’électorat

de François Hollande a voté pour que son

camp soit présent au 2nd tour, même si ce

n’était pas son candidat préféré, ce qui

témoigne de l’importance du vote utile en

sa faveur.

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Enfin, les enjeux du vote ont sans surprise

été centrés sur les thématiques

économiques et sociales. Ainsi, le pouvoir

d’achat (45% de citations) et l’emploi (38%)

arrivent, comme en 2007, en tête des

préoccupations des Français, rejoint cette

année par la dette de l’Etat (30%), assez

faiblement citée à l’époque (15%) puis par

les inégalités sociales (29%).

Les événements de Toulouse et de

Montauban n’ont donc pas permis aux

thématiques de l’immigration ou de la

sécurité de regagner la tête du classement

des enjeux (elles recueillent respectivement

20% et 17% des citations, se situant à des

niveaux moindres qu’en 2007 et, a fortiori,

en 2002).

Quant aux questions environnementales,

elles chutent en fin de classement par

rapport à 2007, la protection de

l’environnement ou encore le nucléaire

n’ayant constitué des enjeux prioritaires

que pour 5% et 2% des électeurs en cette

période de crise économique, ce qui

explique sans doute en partie les difficultés

rencontrées par Eva Joly tout au long de sa

campagne.

Cette hiérarchie des préoccupations est

bien entendue très différente selon les

électorats. Ceux de Jean-Luc Mélenchon

et François Hollande ont ainsi voté en

tenant compte en premier du pouvoir

d’achat, de l’emploi et des inégalités

sociales, tandis que ceux de François

Bayrou et Nicolas Sarkozy l’ont fait en

premier pour la dette de l’Etat et, dans une

moindre mesure, l’avenir de l’euro. Autres

spécificités, les électeurs de Marine Le Pen

ont très majoritairement voté en prenant en

compte l’immigration (66%), tandis que

ceux d’Eva Joly ont surtout considéré la

protection de l’environnement (65%) mais

aussi le nucléaire (26%).

Les finalistes du 2nd tour se retrouvent donc

devant une équation difficile. Il s’agit en

effet de rassembler des électorats qui, par

nature, sont sensibles à des enjeux

différents. Et de convaincre les Français de

l’impact de leur vote à venir, alors même

que ceux-ci apparaissent plus que jamais

sceptiques quant au pouvoir du politique

de changer le cours des choses.

Agnès Balle, Directrice des études au département Opinion

Christophe Piar, Chargé d’études au département Opinion

Méthodologie Sondage exclusif CSA / Direct Matin réalisé en ligne le 22 avril 2012. Echantillon national représentatif de 5969 personnes âgées de 18 ans et plus inscrites sur les listes électorales, constitué d'après la méthode des quotas : sexe, âge et profession de l’individu après stratification par région et catégorie d’agglomération. Sondage Sortie des Urnes réalisé le 21 avril 2002 par CSA pour France3 / Radio France / Orange / Le Parisien / Aujourd’hui en France effectué à la sortie des bureaux de vote auprès d'un échantillon national représentatif de 5352 personnes venant de voter au premier tour de l'élection présidentielle. Sondage Sortie des Urnes réalisé le 22 avril 2007 par CSA - CISCO pour France3 / France Info / France Inter / Le Parisien / Aujourd’hui en France effectué à la sortie des bureaux de vote auprès d’un échantillon national représentatif de 5 009 personnes venant de voter au premier tour de l’élection présidentielle. Les résultats de nos enquêtes sont disponibles sur www.csa.eu

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DÉPARTEMENT OPINION

Jérôme SAINTE-MARIE, Directeur

[email protected]

Agnès BALLE, Directrice des Etudes

[email protected]

Christophe PIAR, Chargé d’Etudes

[email protected]

DIRECTION DE LA COMMUNICATION

Hélène TABOURY

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Retrouvez sur www.csa.eu nos précédentes notes d’analyse

Des primaires populaires ? Analyse de la participation à la primaire socialiste (nov. 2011) http://www.csa.eu/multimedia/data/sondages/data2011/opi20111031-des-primaires-populaires.pdf

Bilan 2011 de la popularité du Chef de l’Etat (décembre 2011) http://www.csa.eu/multimedia/data/sondages/data2011/opi20111231-bilan-de-l-annee-2011-pour-nicolas-sarkozy.pdf

Le vote des catégories populaires (janvier 2012) http://www.csa.eu/multimedia/data/sondages/data2012/opi20120111-note-d-analyse-vote-des-categories-populaires.pdf

Le vote d’extrême-gauche(janvier 2012) http://www.csa.eu/multimedia/data/sondages/data2012/opi20120201-note-d-analyse-vote-de-l-extreme-gauche.pdf

La WebCampagne 2012 (février 2012) http://www.csa.eu/multimedia/data/sondages/data2012/opi20120217-note-d-analyse-la-webcampagne-2012.pdf

Le vote en faveur de François Bayrou (mars 2012) http://www.csa.eu/multimedia/data/sondages/data2012/opi20120312-note-d-analyse-l-electorat-de-francois-bayrou.pdf

Elections présidentielles et audience des émissions de télévision (mars 2012) http://www.csa.eu/multimedia/data/sondages/data2012/opi20120313-note-d-analyse-audiences-tv-et-elections-presidentielles.pdf

La peur de la mondialisation (avril 2012) http://www.csa.eu/multimedia/data/sondages/data2012/opi20120403-note-d-analyse-la-peur-de-la-mondialisation.pdf

L’heure du choix : dans la boîte noire du vote (avril 2012) http://www.csa.eu/multimedia/data/sondages/data2012/opi20120419-note-d-analyse-l-heure-du-choix.pdf