REVUE FRANÇAISE DE PEDAGOGIE

NOTE DE SYNTHÈSE

Les br~ssages depopulations dus aux guerres, aux migrations, à [a mobilité delamain-d'œuvre,audé"eloppernent des moyens de communication rapides... ontbOuleversé,(jepui~quelquf;:sqécades, lerapPof1 séculaire que l'homme entretenaitavecIes(;jutreshommes.Depuisyingt ans, la décolonisation afait apparaître lecarac­tère européocentriqued'ungr~r)d nombre de travaux menés dans le champ dessciences socîales.L'éducation, qui n'est pas neutre, prend peu à peu conscience ducaractère ··élitiste ... et ethnocentrique de ses .curricula et méthodes. Le nouvel. ordreéconomique et culturelffiqodial à créer exigera un nouvel ordre: éducatif qui>ne .. peu têtre quepluriculturel.

Surie plan scientifique, la théorie de l'apprentissage et de Information a connu,depuis le début des années··soixante, un renouvellement important notamment parl'approfondissement du concept anthropologique de culture, par.l'ethnométhodo­logie,l'anthropologie psychologique et cognitive, les recherches dans le champ de lacommunication, de l'interaction et des communications non verbales... Ces équipe­mentsconceptuels et méthodologiques autorisent aujourd'hui l'élaboration d'uneéducation multiculturelle ·rigoureuse dont la pédagogie appliquée,· quotidienne, peuttirer grand profit, que ce soit en formation initiale ou continue et de manière pluslarge, pour toute personne appelée à travailler avec des étrangers ou à vivre à l'exté··rieur de $on pays,

ASPECTS HISTORIQUES ET COMPARATIFS

Deux dates extrêmes permettent de cerner quelques aspects essentiels de laproblématique. En 1904, Edgar L. Hewet rédige une note intitulée Anthropologyand Education;un an plus tard, parait une communication argumentée du mêmeauteur, Hewet( 1905). Ce spécialiste des cultures indiennes est crédité pour avoirposé, le premier,Jes principes de l'éducation multiculturelle. Il faudra attendre cepen··dant soixante années jalonnées d'appels. d'observations. de recommandationsd'anthropologues s'Intéressant à l'éducation dans nos sociétés contemporainespour que l'éducation prenne réellement appui sur l'anthropologie, science de laculture:llrameld 119571. Kluckhohn 119571, Gruber 119611. Chilcott et al. 119681.Hewet pose, dès 1904, deux.problèmes cruciaux: d'une part. que la science de l'édu­cation. dépend des sciences constitutives: biologie, psychologie, sociologie (psycho­logie socia!e,ajouterions,.nou~)etanthropologie, que l'efficacité du système éducatifse mesurera à une claire compréhension des relations que la science de l'éducationentretient avec ces différentes sciences sociales, Hewet discerne également bien ladifficLJltéliée à l'état présent (1905l de la théorie anthropologique.

A la fin des années soixante-dix. Margaret Mead consacre l'un de ses derniersarticles 'àfa question. Oans cet article rédigé quelques semaines avant sa disparition,Mead {1979) déplore l'échec des formes de l'assistance technique que l'occident a

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fournie aux pays en voie de développementdanslesannéesso~xanteetso,<xante-(j;xdüen grande partie, affirme-t-elle, à des raisons que les anthropologues peuventrendre intelligibles : l'exigence de pluralisme<cultureL

En Europe, les études sur le multiculturalisme auraient dû connaître unerlé,en.!"";""t;on; lessystèmesscolaircs, mis en place pendant

compte des systèmes de valeurs, desde socialisation et d'apprentissage traditionnels. Or, cette réflexion ne s'estfaite. La présence de nombreux travailleurs migrants et de leurs familles asuscitéune<réflexionsur··l'adaptation linguistique, sociale et culturelle desd'origine étrangère celle-ci reste cependant marginale et n'a pas induit unecherche Tultidiscip!iqaire approfondie.

Pourcies raisoqsdiverses dues essentiellement au caractère multi-ethniqueUSA,à lïntensitéc1e la revendication des Noirs dans les années soixante, auxchesmenées danslescornmunautés indiennes..., le multicu[turalisme plonge sesracines dans l'avancée dessciences sociales et de l'éducation de ce pays, relayédes travaux japonais, chinois, égyptiens, indiens, pakistanais... de la diaspora,

Les événements intérieurs survenus aux États-Unis dans les années soixanteonUait prendre conscience du caractère illusoire du melting pot, Glazer et Moynihan,(19631. Gordon (1964J ; on assiste au déclin progressif de la majorité protestantequi, depuis la constitution de l'Union, avait tout dominé de l'économie à l'architec­ture en passant par le système éducatif, Schrag (19701. Novak (1971). La crise del'idéal américain exige la construction de nouvelles valeurs ce qui implique la refor­mulation et la transformation des divers héritages ethniques, Greenbaum (1974).Au fur et à mesure que [a majorité s'est mise à douter d'elle-même, les valeurs surlesquelles l'Union s'était construite, l'espoir que nourrissaient les diverses ethnieset groupes dominés d'adopter les valeurs, conduites et comportements du groupedominant anglo-saxon protestant se sont profondément modifiés, L'écart entre lesidéaux de justice, de liberté, d'égalité et la réalité consécutive au développement ducapitalisme s'est accusé. Peu à peu, des millions de personnes renoncent à sacrifierleur propre histoire, leurs aspirations, leur mémoire collective, leur style de viesocial et culturel au nom de la tradition anglo-américainç. La lente émancipationdes Noirs, l'émergence d'une intelligentsia issue de cette communauté, les progrèsde la scolarisation dans les réserves indiennes vont également jouer un rôle impor..tant dans la revendication multicu[turelle,

Les perspectives du pluralisme culturel doivent également être rapprochées del'idée de relativisme culturel avancée par Herskovits (1948) à la suite de ses étudessur les Noirs américains dans les années vingt et trente, Herskovits (1928), (1930).EI[es seront nuancées et précisées dans un certain nombre d'articles ultérieurstant en particulier du changement culturel et technologique dans l'Afrique post"indépendante (Herskovits, 1972).

La recherche comparative permet de mieux comprendre où et quand ontles recherches en matière de contact culturel. Les premières études se fontAfrique : en Océanie et dans les communautés indiennes, aux États-Unis etCanada. Le néologisme akkulturation apparaîtrait. selon R. H, Lowie, pour lamière fois dans un article de langue allemande de Krickeberg, Buschnan (191En 1935, le conseil américain de la Recherche en sciences sociales confie à R.Redfield, R. Linton et M, J. Herskovits le soin d'étudier les implications du termeet d'explorer de nouvelles voies pour les investigations futures. L·esQuisse pour uneétude de l'accu[turation accornpagnée d'une première définition du terme parait en1936 (American Anthropologisl. 38).

Pendant cette décennie, les Britanniques adoptent parallèlernent I"expressioncontact culturel. Malinowski, dés 1929, affirmait qu'il fallait étudier le dlangemenlculturel des natifs d'Afrique au contact de l'Europe Malinowski (1929) : le premier

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LES ANTHROPOLOGUES ET LES SCIENCES DE L'ÉDUCATION

Le mouvement qui avulerapprochemententre!'anthropologie et l'éducations'est ·surtoutJaîtdans le sens de l'anthropologie vers l'éducation ~···lescontrjbutions

de l'anthropologie ·àl'éducatÎe)n··jalonnent leXXll:siècle· apartÎr desannéesvingLCertains anthroP()loguesse contentent decontributÎons épisodiques,d'autres,comme M. Mead,attachef)tune importance extrême aux problèmesd'éducatiQn,

F..··Boaz,\epèrede·.I'anthropologie ·américaine, ··a .rédigé quinze essais séparéstraîtantde l'éducation;R.Benedict amis l'accent sur l'examen des cultures écriteset non écrites ainsi que suries modèles culturels qui façonnent les enfants de façondifférente selon les ··culturesetsociétés,···M, ·Mead s'est . intéressée ··àde ·multiplesaspects de l'éducation:celledu jeune enfant, de l'adolescente. celle des adultes,.Sa ·contribution,dansle·champéducatif. n'est pas encore mesurée ·avec·exactitudetant elle est vasteetdiversifièe mais les censeurs les plus exigeants, comme G.Devereux. font justice de la rigueur de ses analyses. Nous avons déjà évoquéHerskovits et Redfield; une mention spéciale doit être faite en ce qui concerneC. Kluckhohn qui a. très tôt. mis l'accent sur les conflits et oppositions de valeursdans l'écoleetsurlarnanière de les résoudre, Kluckhohn (1957, 1962). Enfin,Montagua montré que l'anthropologie et l'éducation en se « croisant }} pouvaientaider la société à lutter comrele racisme. à prendre conscience du fait que l'agres­sivité, les· conflitssorn ··lesproduits. d'unestructure sociale inhumaine et ·capitaliste.Montagu (19581.

Un grand pas serafranchilorsqu'un certain nombre d'anthropologues vonts'attachera l'étude scientifique de l'école, des changements et conflits culturelsexistanten son sein.J. Henry. S. T.Kimball et G.a. Spindlervont jouer un rôleessentiel et préparer la constitution à la fin des années soixante, de fanthropo­pédagogie (7) ;.Educational,n.nthropolOgy.

Henry utilise les équipements conceptuels et les méthodesdïnvestigation del'anthropologie pour illustrerlafaçon dont l'école reflète lesconduites. les conflits, lesdiscontinuités de ·lacultur~ambianteconsidéréecomme une totalité. Il a égalementesquissé le premier examen cross-culturel des pratiques éducatives, Henry {1960,19651.

Unpeuen rnarge,i!Jautsouligner le rôle de Burgor d'abord au South westernEducational·.··.Lab()ratory ... d·Alpuquerque. {Nouveau Mexique} puis à Kansas Citylchaired'anthropologieet d·éducation). II a précisé que si la psychologie intéressel'individu, la sociologie la clas~esociale. la psychosociologie les rapports entre indi­vidus, seulel'anthropoloQlepeut apporter une réelle contribution à la problématiqueinter-ethnique ou înterculturelle, Burger (1968). Il avait proposé le néologisme{( etllnopedagogy» procllede{(educanthropologV »avancé .par P. Grinager, 8rarnelcjetSullivan (1961).

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K~~~~;~e~ cl,,;,,,ment p",c,se, dans une série d'articles, ce que l'a,ntrifopoloH,iede l'éducation et anthropologie

respecter et à connaître les autres cultureshiérarchies. Par sa perspective ho1istique et

données dans un contexte plus large. L'uncomme transmission culturelle

Sa\IOi'H"i~'e~~~~~~.~qj~':= dévelo~)pE'ment des capacités cognitives, uneir étant accordée au contexte culturel de l'apprentissagel'é,juc:ation infoImelle, L'anthropologie met en évidence certains

du comportement, lïnteraction entre partenaires que les enseignants ion,o","'traitentoccasionnementoumême dont ils sont inconscients. Elle intègredémarche les récentes avancées des sciences sociales: ethnométhodologie,miqueenmilleuscolaire. kinésique, communications non verbales", Unapumontrerquedesenseignants de bonne volonté pouvaient {( réussirscolaire »(sic) en contribuant à structurer le statut des enfants défavorisés ,U'ClOUX,

1\11, R. Dermott (19741.

L'anthropologie met l'accent sur le rôle joué par les cliques, lesinformels d'élèves ou demaitres, sur les rituels (rites de passage). surlessytèmes de valeurs s'en trouvent transformés et sur les processus en"n,""d'apprentissage qui en découlent.

Enfin, l'anthropologie peut atténuer ~- après prise de conscienceécrasant que l'éducation occidentale met sur l'individualisme et l'autonomie.revanche, elle souligne la nécessité de l'interdépendance en précisant que lede vue atomistique a été accentué par l'emprise de la psychologie sur éd'UCilti'lndepuis quelques décennies. Aune époque où l'on pense en termes sy,;tém'ques,l'anthropologie insiste sur les relations qui mènent à la coopération sur tousplans, quece soit dans le domaine biologique ou social. Kimball (1974).

Les sciences sociales ont également mis en relief récemmentoccidental qui biaise de nombreuses recherches. E. Glenn cite, par exemple,réflexÎon d'un ambassadeur d'un pays africain à Washington: {( L'origine desgraves malentendus entre Américains et Africains est que les premiers doon,entl'individualisme une valeur positive et les seconds une valeur négative119811.

Le Mandchou F.L.K, Hsu a souligné le fait que les anthropologues(et occidentaux), élevés dans une culture centrée sur l'individu, semblent éviterde des liens qui relient les individus les uns aux autres, Hsu {1973), Dans unplus récent consacré à l'éducation interculturelle, le même auteur précise quepensée occidentale {( de l'Wade au Dernier Tango à Paris » se caractérise pardualisme; les conséquences de cet ethnocentrisme sont particulièrementtantes au plan de l'éducation interculturelle et se traduisent à de nombreuxconcepts, méthodes, supports didactiques, relations maitres-élèves, ro"·oa,,,nHsu 119771.

G. Spindler peut être considéré comme le chef de file deSonarticle{( Anthropology may be the Bnswer » Spindler (1946) marquedépart d'un processus qui allait conduire, un peu plus de vingt ans après,tion du Council in anthropology and Education, branche de l'Associationdes Anthropologues où allaient se retrouver éducateurs, anthropolOGues, ''''!lUlSl"'",Le Conseil allait alors publier une newsletter puis un périodique trimestrielEn 1955, Spindlerréunità Stanford le premier symposium consacré El on'hrODO'logie et l'éducation: en 1974, parait un recueil collectif essentiel la voie

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olJye(teaLlSYrnP()§i~l]1s<:i~Otifiqu~t~riusUrJe .•thèr)1eslliIJÇlnt;.\(YerSùf)eid~fiÔjtièl)du ..·.rnuiticu.lturai if.>meel1·édllC{jtion....·)}· ·.Zi$tll1 ..•Franciscoenl~.79 •..·•.à<J~ ··74~r~pc:()ntreannqelle·d~ ... l'Al'l1eric~n •..•Alltrr()pol()gicalAs~oci?tion .et()rg~lljs~parÇé3rlson .•.•etqip~son· .•·.D'atlleurs,.c·estàc~symposium ..• qu\t.·.laJlotiorlde.·rnultjcultur(llisme~'élargit,Goodenoughyaffirmantguelemulticultural i5me· est l'expérience .humaine normale.En effet (jans less()cJét~sconteI'llPor(lines'industrjaliséeseturbé3nisçes'9hél811ch()ll"1:­me,.chaque ferniTle,chaque .. enfÇl()tse meutcJans qes. uni\ler~(;lliturellemef)tco(l~raS­tés:celuidela.tamHle.d~laparenté,élargiparfoisaux(lmiSBLJicp~><iste.. ay~crautre,segment.· d'un .•.•. réseau ..• tnternatiqoalbureaucr~tiquementorgani~éooptf(litpaJ1ierécole, Paul Bohannan a appelé ce systéme le « two-story »cultural system de la vie

conternporaine. •.•..•.......••.........•.....•... » >. ...•.•..... •.•.........................•....................•....•...•.•. .•....•..................•..•..••..•..l.e: .·.tén10ignag~ .•.... derupqe:s, .pre:f1)iers anthrop()loguesa,fr()américa,ins intégré

dans une université blanche: apporte un éclairage intéressant sur le caractère nonlinéaire de l'évolution historique et conceptuelle du multiculturalisme. La secondeguerremondialeavaitétéprésentéea,ux libéraux etaux·radiCElux cpf'/1me une guerrecontre le racisme et le fascisme Stocking (1968), L'anthropologie a joué alors unrôle important pourcréerce climat intellectuel. Boas avait préfacé Seligmann (1939) ;on avait décidé .de.·luttercontre l'éducation réactionnaire. dans l'armée,. Bénédict .etWeltfist"l. (1947Ll'éducation interculturelleétait ressentÎe:commeunbesoin,Dubois(19431 ; Vickery et Cole (19431 ; Myrdal (1944), Entre 1946 et 1953, Saint ClairDrake enseigne ·Ia·sociologiee:t l~anthropologieà.Rooseve:lt College (Chicago) .etabordeJesproblèmesde race franchement et abondamment sans susciter de gênede ·lapartde ses étudiants noirs et bJancs (Saint Clair. Drake, .19781. La situationchangera avec le Maccarthysme. Il est important de souligner que la plupart desanthropologues, au lendemain de la seconde guerre mondiale pensaient quelesétu­diants seraient plus tolérants, les études comparatives menant, selon eux, à uneréelleappréciation des différences si elles étaient accompagnées de contacts à statutégal impliquant des expériences partagées. L'intelligentsia noire pensait qu'un pro­fond changement des attitudes et des comportements (y compris dans le Sud) étaitalors possible, Saint Clair Drake (1978),

LE CONCEPT DE CULTURE DANS L'ANTHROPOLOGIE CONTEMPORAINE

L'approfondissement et la diversification de la pensée anthropologique permet~

tent de fonderie multiculturalisme sur des bases conceptuelles solides.Le çoncept de culture. depuis la synthèse tentée par Kroeber et Kluckhohn en

1952, a été précisé par White (19591. par Anderson et Moore (19631 qui ont intro­duit le concept de « conditions d'adéquation }) pour les critères retenus. E. Ver­meerscha tenté de définir des critères intrinsèques de l'objet culturel en avançant leconcept de« formes}} emprunté aux sciences dela nature. E.lJes sont essentiellementfondées sur ·lesfacultésd'identification et de discrimination des individus, Ver­meersch (1977). Or,celles,,:,çivarient selon les cultures. Durkheim et Mauss (1903)ont montré que les facultés qui permettent de définir, de déduire ne sont pas innées.ne sontpas instituées par less€,uls individus~

{cLaJonction classificatoire n'est pas le seul produit de l'activité individuelle;Ellevientengrande partie dela société dans laquelle on vit ), écrivent-ils.

Du point de vue historique et philosophique, on peut alors retracer brièvementles étapes menant à la réflexion contemporaine sur le relativisme culturel. Kant aposé lethéorémefondamenta!, à savoir que nous ne percevons pas le monde direc­tementen lui-même. Notre connaissance de la réalité est conditionnée par des élé­mentsa priori: les catégorieset formes de l'intuition comme l'espace et le temps.Celles-ci n'ont pas leur sourçedans la réalité externe; ce sont des caractéristiques del'esprit humain, Parla suite. Durkheim vB«socialiser » Kant. Gellner(1962}. Les

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représentations collectives dont "".,-,_.en soi mais dans la société. « La société peut

s'applliqtjer,t àlatotalité des êtres et qui ne,m.".,."pp. 633-634L L'implication pour ce qui

~~~r{~.~:irl~~.~~~~~~;;:::rc~~~tr'esest claire: la pensée et le com[)orte"1entdes formes a priori qui les gouvernent,cOille[;ti,'esvarient d'une société à l'autre.

d'autres développements 'mnn,~",,<

rii<,ti"m,e les deux niveaux de déterminismepart et Goodenough (1963,

en L'anthropologie peut, en unconsidéréecornme une autobiographie avec la notion de contre-transfert. De',er,eux{19?O)pl,Jcommeune méthode permettantau chercheur de découvrir, de(yisibJe)}saprocheculture,W9gner( 1981).

L'ANTHROPOLOGIE PSYCHOLOGIQUE - ÉTUOES RÉCENTESLITÉ/CULTURE

Cettesubdiscipline intéresse tout spécialement l'éducation pluriculturelle.part, eHe metraccent sur l'individu et rompt avec le concept abstrait et glc,b',lisanlde culture peu opératoire. Ce sophisme culturel a été dénoncé notamment parney (1937,19441. par Hallowell (19451. lequel insistait déjà sur le fait que les"tures » ne se rencontrent pas mais que ce sont des individus qui s'influencentproquement. par Devereux (1945). L'anthropologie psychologique s'attache au «culturel }) individuel, à la façon dont il s'acquiert dans des sociétés différentesturation) et dont il se modifie au contact d'une autre culture. Hsu (1972), lAI,tI""

(1961, 19721. Goodenou9h (19711. Schwartz et Mead (19611. Schwartz 11980).Cole a montré que la psychologie étudie les processus cognitifs dans des

tions contraignantes en utilisant des techniques ( manipulatoires »,les étudie sous l'angle des contenus, dans leurs manifestations naturelles, parvation. Cole précise que l'anthropologie psychologique s'efforce de réaliser lathèse des deux approches. Sur ce problème, on verra Hsu (1961, 1972). r:,mnh,,11119611. Spindler 119781.

L'anthropologie psychologique apporte à réducatio~ des équipementstuels, des résultats de recherches, une méthode d'investigation et d'obseNationrécole sur les axes suivants: problèmes de perception et de cognitioncomparée de la connaissance) ; processus d'enculturation de l'enfant dans destés différentes; problèmes d'ethnicité et de contacts de cultures.

Pour ce Qui est des conséquences sur la formation des maîtres, onexemple Aragon 119731. Jaln el Cummings 119751 el Mauvlel (1981).

Les études de perception sont avant tout comparatives. Dans le domaineficatoire déjà évoqué avec Durkheim et Mauss, on verra. par exemple, Lévi ~"9"":

(1962). Parmi les études les plus intéressantes, relevons celles concernant laception des couleurs Qui mettent en relief les universaux et les nuances culture"te"notamment dans l'encodage linguistique, Bornstein (1973. 1975), Berlin(1975), Witkowski et Brown (1977). Dans le domaine cognitif, retenonsétudes de psychologie génétique comparée recommandées par Piaget Ii,i·rr,ênleifPiaget 11966).

Cole et al. (1971) ont souligné l'importance du contexte culturel desage et réfuté la thèse du déficit culturel. Les études de socialisation ouration ont connu un grand développement dans les deux derniéres décenniesment les études cross.,.culturelles (comparatives). Les pratiques d'élevage

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n~ari~gpr~c~tic~S)é!per~noentdavantage~u( .•.ladiff~rence .··c;ulturellequeles·.•·exposéssur.... I.lqemlte:collectîve.VOir··..·par •.·exe.mpleen .langue.·fral1C(aise,·.·.I·$tudesvrlaisOc;ia..lisatjon ..d~l·enfa()t VVoIOfdu.•..S~négal •• Rab~in ..(19?9)-I·inlP0rtant~st·decomprendrecQmrnept911..·.0evie:ntperS3net ·000.··.··pas .··.··co01rnent .... peut"'on·.··ê tre .•. persan.Ofl > \ferranotamment Whltlng et Child (1953), Whiting et Whlting (1975), Hsu (1978), Mead119781. . .

La thèse Scelon .• laquelle:J'e:I1SultlJrati()npr~coce)oyerait ·.unrôlee~senti el dansl'élaboratÎonspéc:Îfique(je:s<((me:s~ages<cylturel~..... )} .. individuel~a<étéa\lancéeparHsu.·quiexPligu.e ..ainsilesdiff~rencesculturellesfondarTlentalesentreJaponais,Chi­nois,lndiens;Américains,Hs9J1971 ~,19?1 b~1975).L€$attributs dominants desdyades dominantes kiyadepére-rnére, mére-fils~pér~~fi\s, etc.) dusystémede parE!n~

tédétern1ineraientd~smoqèles·d'attitudes, ··de ·comportements,d'action~;;queren'C

fi3ntdévelopperaitdaQs lesêutres dyades puis hors du système deparenté~

MULTICULTURAUSME (PLURAUSME CULTUREL) ET COMMUNICATIONCULTURELLE

Parallèlement aumuhiculturalisme, s'est développée <unediscipline····universi'Ctaire néeàlajonction des mêmes disciplines et tout spécialement des études sur laculture et la communication à·partir de 1965. Auparavant, les chercheurs en commu­nication ne s'étaientpasintéressésauproblèmeducomportementinterpersonnelen situation de contact de cultures. La communication interculturelle a pour objetd'étudier scientifiquement les interactions verbales et non verbales qui se produisentlorsque des individus,appartenant à des cultures ou des subcultures différentes en­trent en contact, Samovar et Porter (1976). Toutes les grandes universités des États­Unis, du Japon sont pourvues aujourd'hui de chaires de communication intercultu­relie - ·pour.les concepts et!'historique .. de. la .cûllstitutionde.cette discipline,.voirMauviel 119801.

Ajoutons ·enfinquela ··réflexion pédagogique française (et allemande jusqu'à ·lafin desannées soixante) est restée attachée au concept traditionnel et humaniste dela culture. Celui-ci implique l'idée d'une hiérarchie dans les valeurs. Si l'on met enregard un certain nombre d'ouvrages rédigés entre 1960 et 1974 sur le thèmeéducation et culture, anse rend compte que le terme culture a un sens radicalementdifférent dans la littérature .anglo-saxonne d'une part, dans la pédagogie françaised'autre part, Pour une analyse exhaustive du concept de culture dans la traditionpédagogique française, on se reportera à l'article récent de Homer (1978). Selon unsociologue canadien, la langue française hésiterait à reconnaître à ce terme unesignification précise-la logique de lalan!:)Ue serait ici en cause, Rocher (1968).

A. Thévenin (1980) est l'un des premiers éducateurs français à prendre une posi­tionnetteàcesujetbienquïl reste imprégné de la tradition _. en affirmantquïlbasera ·l'esseotiel de ses analyses sur une définition d'ordre anthropologique de laculture. Lonergan(1979) précise que le concept anthropologique est universel etnonnormatif,qu'i[oeprÎvilégie pas d'emblée la civilisation occidentale et ses élites(nous soulignons), Il affirme même que [e partisan du classicisme {comme s'il n'yenavait qu'un)o'estpaspluraliste. La base conceptuelle anthropologique ne rejette pasla culture classique, bien au contraire,maiseHe .. insistesur les cultures .classiquesd'Orient et d'Occident.

l'ËLARGISSEMoNT DU· MULTICULTURALISME

Goodenoughaémis[ïdée que le multiculturalisme, dans le monde contempo­rain, était. l'expérience humaine normale. ·L· anthro-pédagogies'est particulièrement

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abandons, de la difficulté à faire aCI,u,;rirles couches sociales éloignées de celle àcultureO,L'anthropologie a notamment

des enseignants et celui desethnies minoritaires, écart qui se

de mieux connaître la culture, lemicf()-eth,l0!"f2lph,ie scolaire qui

o~~~~;:;i;;~~fla7!;:i~~t~~~"nnn"rp,,,p et unecertaine imagination eÜlnCllo!"ique,n sc,ols,ire doit être holistique, comparative

liée à la structure sociale/acale et(1978),

,",ll"i," prend appui sur l'ethnographie de'p,hnnor" vit dans la communauté, apprend le

moyens dïnvestigation. Les méthodes de anlhropolo"Œvisuelle permettent,.parexemple, de rendre visibles des segments culturelsn'a guère conscience.

Plusieurs études d'ethnographie scolaire ont permis de souligner leculture (Jife.,style) tend à renforcer les inégalités dans la structure économiqueclasse de la société. Ainsi, une enquête menée dan un lotissementde700habitations dela banlieue sud de Londres a fait apparaître le rôle nouv"aPque.lesfemmes.de la néo-bourgeoisie moyenne jouent dans la réussiteleurs enfants, Cohen {1981 }. Cette culture féminine trouve ses sourcesrelations de proximité, dans les activités que les femmes entretiennentÇoh~n (1977, 19781,

La façon d'élever les enfants de la collectivité (normes, valeurs, ~~)~~1n~~influence les modèles individuels. L'apprentissage des capacités et de lachez les enfants est fortement liée à l'action collective des mères. Leurenvers leurs enfants s'accompagne d'un intérêt pour la pédagogie dispenséeécoles du lotissement. Ces établissements, sous la pression des mères, s'cor;enl,,",vers ·Ia pédagogie invisible, Bernstein {1975l : accent mis sur la créativité, latanéÎté, l'apprentissage lié au jeu... Les mères réussissent ainsi à manipulerau profit des besoins de leurs enfants. L'école, en retour, manipule les parel)(~,

culture qui sous-tend cette nouvelle strate sodale freine, en revanche, lesla promotion des enfants appartenant aux classes laborieuses ou d'or'igine etl'"nnPŒ:!Ce phénomène n'est pas particulier à ce lotissement et a lacomposition des associations de parents ou de maîtres recrutés dansmoyenne a renforcé la communication à ce niveau entre l'école et les oarelotsaussi écarté la participation des parents d'élèves des strates défavoriséesstatut économique et social, voire ethnique. Cohen (1979l ; Rosen (1977).

L'anthropologie apporte des éléments importants pour réfuter lïlvootllé"e«( déficit culturel}) de ces couches sociales. On a. pendant un certain temps,l'idée selon laquelle les enfants appartenant aux classes laborieuses, aux ~'''nr'tik

ethniques souffraient d'un défÎcit linguistique, cognitif et motivationnel dû à lavreté}) de la culture familiale. Ain$i a-t-on pu mettre en place des pn"pi"",dits de compensation Qui allaient jusqu'aux interventions dans la famille,pléer la mère par exemple. L'hypothèse de l'enseignement de compensation cnnli"ùide faire des ravages sous des formes diverses. Pour la critique de ces8ara" et 8ara" (19701; Ogbu (19791; Valen,;ne 119711: Forquin (19791:ley (19721; Lee et Gropper 119741-

Lee et Gropper montrent par exemple, à partir d'une étude sur laaux rôles masculins et féminins, que les différences d'ordre cognitif se d',,,i,,,,,,pnlselon les contextes. Rappelant les résultats de Cole au Liberia. les auteursque(jes groupes culwrels ou sociaux différents disPos,ent d'un capital de ,,,,,nil-fair'

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~tidt}{~<:lp(lC it ~iéqujlJa !t}fJi~iqùeJadiftérence·.réelle.. {ient;:lU •••. fa itquei~ertains~on tl1îi~. àcontribtjtionetej'autres,(l()[) selon les. sîtuatiplîs.p'ôutrepan, .les graupescul.,lLlrelsdiffèrr:,ntaY$sipaclf:.s:;{imyli.·quidéclenchentcescapacit~s..•LesGonséqtJeflsespour l·é~ucationir1terculturellesont·évidemment de .taille. Si le déficit •réfèreàuneinWractiorl.entre.··.l)nesituptionspécifiqueeturl.·.compqrtement .spécifiquequi··.nes·yajuste pas, leproblème··Pou·rle·maitreconsis,tera ..il .. identifierlesconditiof)squipeu~ventJaire"apparaitr~lescapacitéscognjtîv~set ··lamotivation.àencréer··.leseondi­tionsdansla classe, àfaciliterparla suite le transfert de ces eapaeitéset savoir:fairedans' un ·éventaillarge· et représentatif·', (Lee et "Gropper) ·~.Japrise"en compte des?ituatiqnset .de$înteraction$d~vientaJorstrès imponante.

Lemodèledudéfiçitculture:la souvent été remplacé,aun10insformellemem,parc€;l~ideJaejifférenç€;~Çelui~cisatisfaitdavantage·l'esprit. mais ila tendance·' àglisser,dans)esfaits, versJepremier,Spradley. en·. a Jaitla.· critique en soulignantcombien les tests, la sélection des données, les critères choisis pour mesurer lesperformances, Je background culturel dumaitre... sont enracinés dans les valeursculturt}lles de la dassemoyennedominante,J ,Aragon a pu, sous forme de bou tade,parlerdemaitres culturellement déficients s'efforçant d'enseigner à des enfants cul­tu rellementdifférents,Stent( J 973) ~Les programmes seol airesmis.enpl ace .\lisenten fait à faire acquérir auxenfamsdes classes laborieuses ou des minorités lescompétences de la classe moyenne, cequi ne va pas de soi, Ogbu (1979).

Les compétençesne·peuvent s'expliquer seulement en. termes d'acquisition. Lesgroupes sociaux n'ont pas le même accès aux rôles politiques, sociaux et profes­sionnels requérant des compétences langagières, cognitives et motivationnelles sem­blables, Lesgroupes domlnantsetles groupes dominés mettraient en œuvre des pra­tiques différentes pour élever leurs enfants, accordées à la transmission de leurscompétences respectives, Ogbu (1979).

L'ethnocentrisme qui imprègne le système éducatif occidental ne concerne doncpasseulemem les enfants des· minorités ethniques, des travailleurs migrants (Bura­kumin au Japon, Noirs, Indiens, Chicanos aux USA. ..) mais des strates socialeslaborieuses,L'anthropologie de l'éducation et dans l'éducation a d'ores et déjà faitprogressernotablementl'approche de ce problè me.

Maurice MAUVIEL,c.LF.LL, Paris

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