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1 1) Le contexte La forte pluviométrie de juillet 2014 a entraîné une sérieuse attaque de black-rot dans le nord du Gard notamment et de façon plus localisée dans le sud Drôme, les unités agroclimatiques héraultaises des Hauts Coteaux, de la Vallée de l’Orb-Lodévois et du Nord Montpelliérais et le nord-est du Vaucluse. Dans le Gard, des pertes de récolte importantes ont été constatées dès la fin juillet 2014 sur les secteurs historiquement sensibles comme les vallées de la Cèze, du Gardon et du Vidourle. Ailleurs, le parasite également présent (confondu parfois avec du mildiou), a entraîné peu de perte de récolte passant ainsi inaperçu dans la plupart des situations. Ainsi un stock d’inoculum conséquent (baies, rameaux, feuilles) était donc présent y compris sur des zones habituellement moins sensibles. Les fortes pluviométries automnales, puis hivernales ont contribué à soigneusement faire mûrir ce « réservoir ». Le début de campagne 2015 est marqué par 2 épisodes pluvieux avec humectations prolongées (16 au 19 avril et 25 au 27 avril) soit des conditions idéales pour le black-rot. Les symptômes primaires apparaissent à partir du 4 mai, non seulement dans les secteurs habituellement concernés mais – 1 ère surprise- dans quasiment tous les autres à l’exception du littoral et – 2 ième surprise- avec un niveau d’intensité rarement observé à cette époque (y compris parfois dans les secteurs habituellement sensibles…). A la fin mai, des pertes partielles de récolte sont d’ores et déjà présentes et il est essentiel d’anticiper toute nouvelle contamination pour éviter toute aggravation des dégâts partout où le parasite est présent. La maladie, très mal connue, étant par ailleurs présente dans de nombreux secteurs de la Drôme, du Gard, de l’Hérault et du Vaucluse, toutes les stratégies à venir doivent inclure ce risque black-rot partout où ce parasite est présent même à faible fréquence. Partout, y compris sur des secteurs pour le moment indemnes, les observations sont indispensables pour surveiller son évolution. Depuis 3 semaines, les bonnes conditions météorologiques limitent les nouvelles contaminations mais le risque reste néanmoins en place jusqu’à la véraison. En cas de doute, consultez les bulletins techniques d’information et contactez votre conseiller de secteur qui vous renseignera sur la situation black-rot. 2) Les stratégies en agriculture conventionnelle Elles feront appel à 2 familles fongicides : les IDM du groupe I (fenbuconazole, difénoconazole, myclobutanil, tébuconazole, tetraconazole), produits pénétrants donc à l’abri du lessivage et qui offrent vis à vis du black-rot une protection préventive de 2 semaines. Ils font également preuve d’un Note technique d’information Black-rot sud Drôme, Gard, Hérault, Vaucluse 1 er juin 2015

Note technique d’information Black-rot sud Drôme, Gard ... · 1 1) Le contexte La forte pluviométrie de juillet 2014 a entraîné une sérieuse attaque de black-rot dans le nord

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1) Le contexte La forte pluviométrie de juillet 2014 a entraîné une sérieuse attaque de black-rot dans le nord du Gard notamment et de façon plus localisée dans le sud Drôme, les unités agroclimatiques héraultaises des Hauts Coteaux, de la Vallée de l’Orb-Lodévois et du Nord Montpelliérais et le nord-est du Vaucluse. Dans le Gard, des pertes de récolte importantes ont été constatées dès la fin juillet 2014 sur les secteurs historiquement sensibles comme les vallées de la Cèze, du Gardon et du Vidourle. Ailleurs, le parasite également présent (confondu parfois avec du mildiou), a entraîné peu de perte de récolte passant ainsi inaperçu dans la plupart des situations. Ainsi un stock d’inoculum conséquent (baies, rameaux, feuilles) était donc présent y compris sur des zones habituellement moins sensibles. Les fortes pluviométries automnales, puis hivernales ont contribué à soigneusement faire mûrir ce « réservoir ». Le début de campagne 2015 est marqué par 2 épisodes pluvieux avec humectations prolongées (16 au 19 avril et 25 au 27 avril) soit des conditions idéales pour le black-rot. Les symptômes primaires apparaissent à partir du 4 mai, non seulement dans les secteurs habituellement concernés mais – 1ère surprise- dans quasiment tous les autres à l’exception du littoral et – 2ième surprise- avec un niveau d’intensité rarement observé à cette époque (y compris parfois dans les secteurs habituellement sensibles…). A la fin mai, des pertes partielles de récolte sont d’ores et déjà présentes et il est essentiel d’anticiper toute nouvelle contamination pour éviter toute aggravation des dégâts partout où le parasite est présent. La maladie, très mal connue, étant par ailleurs présente dans de nombreux secteurs de la Drôme, du Gard, de l’Hérault et du Vaucluse, toutes les stratégies à venir doivent inclure ce risque black-rot partout où ce parasite est prés ent même à faible fréquence. Partout, y compris sur des secteurs pour le moment indemnes, les observations sont indispensables pour surveiller son évolution. Depuis 3 semaines, les bonnes conditions météorologiques limitent les nouvelles contaminations mais le risque reste néanmoins en place jusqu’à la véraison . En cas de doute, consultez les bulletins techniques d’information et contactez votre conseiller de secteur qui vous renseignera sur la situation black-rot.

2) Les stratégies en agriculture conventionnelle Elles feront appel à 2 familles fongicides :

• les IDM du groupe I (fenbuconazole, difénoconazole, myclobutanil, tébuconazole, tetraconazole), produits pénétrants donc à l’abri du lessivage et qui offrent vis à vis du black-rot une protection préventive de 2 semaines. Ils font également preuve d’un

Note technique d’information Black-rot sud Drôme, Gard, Hérault, Vaucluse

1er juin 2015

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intéressant pouvoir de rattrapage allant jusqu’à 6-7 jours après une pluie contaminatrice. Certains IDM ont une Autorisation de Mise en Marché limitant le nombre de traitements par an, vérifier attentivement ces limitations qui figurent sur l’étiquette. Exemples de produits : Abilis, Antene, Bogard, Corail, Eole, Formose, Greman, Licorne(*), Score, Systhane new(*) etc… (*) Eviter dans la mesure du possible l’utilisation du myclobutanil à partir du stade début de fermeture des grappes. ATTENTION aux respects des mentions concernant les abeilles (mélanges dangereux avec les pyréthrinoïdes de synthèse). • les QoI (spécialités autorisées en vigne à base d’azoxystrobine (ces spécialités ne sont plus commercialisées mais restent utilisables jusqu’au 30 septembre 2015) ou krésoxim-méthyl ou pyraclostrobine ou trifloxystrobine) produits également pénétrants donc à l’abri du lessivage et qui offrent vis à vis du black-rot une protection préventive de 2 semaines. Dans l’état actuel des connaissances, seules l’azoxystrobine et la pyraclostrobine présentent un pouvoir de rattrapage comparable à celui des IDM (jusqu’à 6-7 jours après une pluie contaminatrice), la trifloxystrobine et le krésoxim-méthyl seront donc utilisés préférentiellement en positionnement préventif. Leurs Autorisations de Mise en Marché permettent 2 traitements maximum par an mais techniquement, il convient de tenir compte de la résistance généralisée de l’oïdium aux QoI et de limiter leur utilisation notamment sur les parcelles à fort historique oïdium.

o L’utilisation de QoI solo (par exemples : Stroby DF, Flint, Cabrio Top…) visant uniquement une cible black-rot ne pourra être réalisée qu’à partir de la fermeture la grappe et en l’absence d’oïdium (résistance généralisée de l’oïdium aux QoI) .

o L’utilisation d’un QoI associé plus tôt dans la saison est possible, en

l’absence d’historique oïdium et de préférence à l’approche de la fermeture de la grappe, dans ce contexte black-rot inhabituel et du fait de la présence d’une autre famille anti-oïdium dans la spécialité. Exemples : Luna sensation, Nativo. Attention : dans le produit Collis, le krésoxim-méthyl est présent à une dose inférieure à celle homologuée contre le black-rot et son effet ne sera donc que freinant)…

Période de sensibilité à protéger : Les grappes sont particulièrement réceptives au black-rot des stades nouaison à fermeture de la grappe et ce n’est qu’à partir de la pleine véraison qu’elles deviennent insensibles, soit bien plus tardivement que dans le cas du mildiou ou surtout de l’oïdium. La protection vis-à-vis du black-rot devra donc imp érativement aller au-delà de la fermeture des grappes, stade auquel s’arrête habitu ellement la protection oïdium . La qualité de pulvérisation est un élément majeur pour toucher les grappes bien cachées au milieu de la végétation à cette période. Effet curatif des produits : la lutte préventive est préférable car plus efficace, mais il est important de rappeler que dans le cas où une pluie surviendrait durant la période fermeture à véraison sans qu’une protection spécifique black-rot soit présente, l’utilisation d’un IDM du groupe I ou d’un QoI solo (azoxystrobine ou pyraclostrobine) est parfaitement envisageable pendant la période de sensibilité afin de profiter de leur effet curatif.

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Quid des anti-mildiou homologués sur black-rot? Les produits anti-mildiou de contact disposant d’une Autorisation de Mise en Marché black-rot sont exclusivement des dithiocarbamates : mancozèbe, manèbe et métirame. Ils agissent par prévention et n’ont pas de pouvoir de rattrapage après une pluie contaminatrice. Ce sont uniquement ces substances qui procurent aux anti-mildiou systémiques ou pénétrants leur efficacité sur black-rot, ce qui revient à dire que tous les anti-mildiou systémiques ( par ex : Eperon, Rhodax, Sillage ...) ou pénétrants (par ex : Sarman M, Pergado MZ, Amarok M …) devront être gérés comme de simples produits de contact et donc en fonction du lessivage ou dit autrement q ue leur durée de protection n’excédera jamais 10 jours et ceci hors lessivage .

Par ailleurs, la plupart des essais ayant démontré la très bonne efficacité des dithiocarbamates sur black-rot datent d’une époque où les doses/ha autorisées étaient le double (voire plus) de celles actuellement autorisées… Compte-tenu de la très forte pression de black-rot dans de nombreux secteurs, l’intérêt de ces produits en deçà de 1400g/ha est vraisemblablement à relativiser car ils ne pourront tout au plus que compléter la protection de fond qui sera assurée par IDM et/ou QoI…

3) Cas particulier du vignoble AB Aucune spécialité commerciale n’est autorisée contr e cette maladie en AB. Le black-rot a de tout temps posé problème en AB dans les secteurs habituellement concernés, mais principalement lors d’années difficiles et avec des doses de cuivre notoirement supérieures à celles actuellement pratiquées… En effet, les produits cupriques aux doses actuellement utilisées n’ont qu ’un effet tout au plus freinant sur le black-rot. De sérieuses difficultés sont donc logiquement d’ores et déjà présentes dans les vignobles AB et elles iront malheureusement en s’aggravant si la pluviosité s’en mêle … Les doses/ha de cuivre étant bridées par le quota annuel à respecter, le seul conseil possible est l’utilisation du soufre mouillable lors de la lutte contre l’oïdium, à pleine dose homologuée, comme frein . Dans l’état actuel des connaissances aucune expérimentation n’a démontré un effet significatif d’engrais foliaires à base de manganèse ou de zinc (ou autres sels métalliques) sur le black-rot, ni même d’effet simplement freinant. Idem d’ailleurs pour l’huile d’orange douce (Prév-am / Limocide). Conseiller leur utilisation s’apparente donc pour le moins à un mercantilisme déplacé vu la situation actuelle … Comité de rédaction : Institut Français de la Vigne et du Vin - Bernard Molot

Réseau des Chambres d’Agriculture : Nadine Bals ADVAH/CA34 ; François Bérud CA84, Blandine Broquedis CA30 et Isabelle Méjean CA26.

Pour le choix des produits commerciaux , le respect de la réglementation et des bonnes pratiques agric oles, consulter le

guide des vignobles « viticulture raisonnée et biol ogique » Rhône Méditerranée 2015. En cas de contrôl e de l’autorité

administrative, seules sont opposables les informat ions mentionnées sur l’emballage de la spécialité p hytosanitaire.

Les Chambres d'agriculture sont agréées par le Ministère en charge de l'agric ulture pour leur activité de conseil indépendant

à l’utilisation de produits phytopharmaceutiques so us le numéro IF01762, dans le cadre de l'agrément m ulti-sites porté par

l'APCA.