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NOTICE

SUR

LA BIBLIOTHÈQUE DE BLOIS

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NOTICE

SUR

LA BIBLIOTHÈQUE

DE BLOIS

PAR M. A. DUPRÉ, BIBLIOTHÉCAIRE

Habent sua fata libelli

BLOIS

IMPRIMERIE E. DÉZAIRS, RUE DU POIDS-DU-ROI

1852

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Le château de Blois, célèbre à tant d'autres titres, est également renommé dans les fastes littéraires, pour avoir été, sous le règne de Louis XII, le siège de la bibliothèque du Roi, qui se composait alors de 1,900 vo­lumes au plus. En 1544, François Ier la fit transférer à Fontainebleau, d'où elle fut portée à Paris en 15951. Le palais du Père du Peuple pourrait donc être consi­déré comme le berceau de cette grande collection na­tionale.

Un siècle après, l'aile du même château bâtie par François Ier reçut, momentanément aussi, les livres et le médaillier de Gaston d'Orléans, dernier comte de . Blois2.

Quoique les lettres n'aient jamais été cultivées avec

1 Mémoire sur la Bibliothèque royale, en tête du catalogue impri­mé, p . 9 et suiv.

2 Histoire du château de Blois, par M. de la Saussaye, 3e édition, p. 365.

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une bien vive ardeur au sein de notre positive cité, il s'est pourtant rencontré quelques [amateurs blésois, soigneux de recueillir et de conserver les productions de l'esprit humain. Au XVIIe siècle, on citait la bibliothèque du lieutenant-général Guillaume Ribier, conseiller d'État, grand-oncle maternel de la famille actuelle de Belot. Ce docte magistrat légua sa collec­tion aux principaux monastères de Blois, qui la parta­gèrent entre eux1.

Plus tard, l'amour des beaux livres devait, dans la personne d'un de nos évêques, s'allier aux vertus agis­santes du ministère apostolique.

Mgr de Thémines, qui occupa le siège épisco-pal de 1776 à 1791, réunissait les conditions essen­tielles du vrai bibliophile, le goût, la fortune, la persévé­rance. Il employait en achats de livres une partie de ses revenus ; tout autre luxe était banni de sa belle de­meure.

Les collectionneurs amassent plus souvent pour d'autres que pour eux-mêmes. Notre studieux prélat fît bientôt l'expérience personnelle de cette vérité désespé-

1 Traité des plus célèbres bibliothèques, par le père Jacob (1644), p. 691. — Aujourd'hui encore, il existe à Blois plusieurs bibliothèques particulières assez richement dotées, entre autres : celle de M. Nau-din, secrétaire-général de la préfecture, pour l'histoire et la littéra­ture savante ; celle de M. l'abbé Pothée, pour la théologie ; celle de M. de la Saussaye, membre de l'Institut, pour l'archéologie, et surtout pour les antiquités du Blésois ; celle de M. Duplessis, président de la société académique, qui possède en outre une curieuse collection d'autographes.

rante. Les 11,000 volumes qu'il avait rassemblés à grands frais furent d'abord séquestrés, puis définitive­ment confisqués. Cette spoliation, difficile à justifier en droit, eut du moins un côté louable, puisqu'elle suggé­ra l'idée d'ouvrir au public un établissement littéraire dont la bibliothèque Thémines devint le fonds principal. On y réunit en même temps celles des communautés religieuses de Blois, notamment celles des Bénédictins de Saint-Laumer et des Génovéfains de Bourgmoyen, avec celles des cures et de plusieurs maisons d'é­migrés1.

Jusque là, Blois n'avait possédé aucune bibliothè­que publique : seulement, les monastères mettaient volontiers leurs livres à la disposition des curieux. Il est inutile d'ajouter que, sans les événements de la révolution, cette ville n'aurait jamais pu acquérir à ses propres frais une collection semblable.

1 On a conservé un catalogue de la bibliothèque de Saint-Laumer, dressé en l'année 1673. Beaucoup de livres inscrits sur cette liste ne se retrouvent plus dans notre collection actuelle. On remarque sur­tout l'absence regrettable d'un certain nombre d'ouvrages de liturgie locale, tels que : un Missel de Chartres, imprimé en 1490, époque où le Blésois faisait partie du diocèse chartrain ; le Petit-Office de la Sainte-Larme de Vendôme, 1656 ; Dévotes Prières, par Guillaume Ribier, lieutenant-général à Blois, dont j'ai déjà parlé ; De modo mi-nistrandi sacramenta, par Jacques Hurault de Chiverny, évêque d'Au-tun et abbé de Saint-Laumer, 1540. Le catalogue des pères Bénédic­tins se termine par un index des livres défendus : la plupart sont des ouvrages calvinistes. En 1790, la bibliothèque de Saint-Laumer se composait de 7,000 volumes environ.

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Il se trouva d'abord environ 36,000 volumes ; mais ce nombre fut successivement réduit de moitié par les triages et les restitutions qui eurent lieu depuis.

Les circonstances politiques ne permirent pas de donner suite à divers projets de classement, projets aussitôt avortés que conçus. Il fallut, pour le moment, laisser cette masse de volumes entassés pêle-mêle dans les greniers de l'Évêché. Les déprédations de visi­teurs peu scrupuleux et les intempéries de l'air, occa­sionnèrent alors beaucoup de dégâts et de perles regret­tables. Malgré son état de désordre, la bibliothèque fut ouverte au public dans le cours du mois de juillet 1799.

L'établissement de la préfecture à l'Évêché attira bientôt l'attention et les soins des fonctionnaires sur un dépôt jusque là trop négligé. Le préfet Corbigny, homme de goût et de savoir, autant qu'habile adminis-trateur, consacra des salles plus convenables aux ri­chesses scientifiques que renfermait son hôtel, et s'oc­cupa sérieusement d'organiser la collection. Pour ac­complir cette tâche devenue si nécessaire, il fit choix d'un travailleur intelligent, de M. Rabillon, jeune bi­bliographe très versé dans la librairie ancienne, et déjà connu à Paris dans cette savante spécialité1. Entre des mains aussi expérimentées que laborieuses, la biblio­thèque de Blois ne tarda pas à sortir du chaos, et à pren-

1 M. Rabillon était attaché depuis quelques années à la célèbre maison Pougens, fondée par un des membres les plus érudits de l'Institut de France.

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dre une physionomie toute nouvelle. Le triage des livres, la vente ou l'échange d'un grand nombre d'exemplaires doubles ou dépareillés, l'arrangement méthodique des 18,000 volumes environ qui restèrent après cette épu­ration préalable, la confection du catalogue méthodi­que, terminé en 18121, la réalisation sérieuse d'une publicité d'abord presque illusoire, enfin la première mise à exécution d'un bon règlement pour le service, furent l'œuvre de ce bibliothécaire habile.

On remarque avec peine que, même depuis le par­fait achèvement des catalogues, plusieurs ouvrages in­scrits ont disparu ; c'est le sort commun de toutes les collections publiques.

La bibliothèque, provisoirement placée à côté de la bureaucratie, était devenue un embarras pour les nou­veaux hôtes du palais épiscopal. En 1809, on eut la pensée de la colloquer, avec les justices-de-paix et le tribunal de commerce, dans l'ancienne abbaye de Bourgmoyen, qu'occupait et qu'occupe encore le collège communal. D'après ce plan, le collège eût été placé aux Carmélites ; mais bientôt, l'établissement du Haras dans ce dernier couvent fit échouer la combinaison émise, et prolongea le statu-quo de notre dépôt litté­raire. Enfin, en 1830, il fut transféré de l'Évêché à l'Hôtel-de-Ville, et réorganisé avec un nouvel ordre. Tout en rendant justice à l'heureuse disposition de ce local, on doit regretter qu'il n'ait pas été construit sur

1 Le catalogue alphabétique a été dressé, longtemps après, par M, Gaudeau, l'un des successeurs de M. Rabillon.

— 10 — des proportions moins restreintes. Le développement que la collection est appelée à prendre chaque année, grâce aux sacrifices de la ville, aux largesses du gouverne­ment et aux dons des auteurs, fait de plus en plus sentir l'insuffisance d'un espace borné de tous côtés par des murs sans issue. D'ailleurs, la situation encastrée de nos deux salles offre des dangers sérieux d'incendie : les cheminées de la Mairie et de l'hôtel d'Angleterre forment à l'entour une véritable ceinture de feu ; tôt ou tard il pourrait arriver malheur. En présence de ces inconvénients et de ces périls, on se demande si la bibliothèque ne serait pas mieux placée dans un bâti­ment plus vaste et plus isolé, au Château par exemple ? Le voisinage du petit musée nouvellement établi dans cet édifice, viendrait à l'appui d'une translation qui rap­procherait les lettres des arts.

Présentement, le budget municipal alloue 1,500 fr. pour achats de livres, abonnement au Moniteur, reliu­res et menues dépenses. En des temps plus prospères, on pourrait demander l'élévation de ce crédit, qui ne permet pas de réaliser toutes les augmentations désira­bles.

Depuis 1830, la bibliothèque s'est accrue de 2,000 vo­lumes au moins : elle s'est, en outre, embellie d'un grand nombre de reliures, et surtout de ces élégantes demi-reliures que les ouvriers parisiens exécutent avec tant de supériorité. Toutefois, il reste encore beaucoup à faire pour compléter cette toilette obligée d'une col­lection de livres.

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La publicité était d'abord limitée à trois jours par semaine. Depuis son établissement à l'Hôtel-de-Ville, la bibliothèque n'a plus qu'un seul congé hebdomadaire. Ce jour de vacance fut le dimanche jusqu'en 1834, époque où l'administration lui substitua le lundi, afin de faire participer les hommes de bureau et les ouvriers aux avantages d'une institution littéraire dont ils ne pouvaient autrement profiter. En 1838, le même motif suggéra la pensée d'établir des séances du soir pendant la saison d'hiver. Cette imitation des grandes villes obtint peu de succès à Blois, et fut supprimée, faute d'un nombre suffisant de lecteurs, à partir de 1844.

L'origine même de ce dépôt indique assez que, dans le principe, la science ecclésiastique devait y prédomi­ner. Toutefois, de nouvelles acquisitions sont venues successivement remplir bien des lacunes et modifier le caractère trop spécial de la collection primitive. Aujour­d'hui, bien que la théologie, l'histoire et la littérature savante soient encore ses principales richesses, les autres branches des connaissances humaines s'y trou­vent néanmoins représentées dans une proportion sa­tisfaisante.

L'influence et l'activité du savant conservateur de cette bibliothèque, M. de la Saussaye, membre de l'Institut, lui assurent depuis vingt années une large part dans les envois gratuits des différents ministères. D'autres, beaucoup plus importantes, n'ont pas obtenu les mêmes faveurs.

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Entre les dons les plus considérables du règne de Louis-Philippe, je citerai les peintures des manuscrits français, qui commencent par les Évangiles de Charle-magne et par la Bible de Charles-le-Chauve. On éva­luait à 40,000 fr. le prix d'un seul exemplaire de cette magnifique publication de M. de Bastard, interrompue depuis 1848. Or, argent, couleurs naturelles, lettres historiées, rien ne manque à la fidélité ni à l'éclat de ces fac-similé : assurément, les originaux n'étaient pas plus riches dans la fraîcheur de leur exécution pre­mière.

Tout récemment encore, la bibliothèque de Blois vient de recevoir, au même titre, un exemplaire du grand ouvrage sur les inscriptions et les bas-reliefs que les fouilles intelligentes d'un agent consulaire de la France ont fait découvrir dans les ruines de l'ancienne Ninive.

Le bibliomane aime assez à connaître l'origine de cha­que volume en particulier ; car les livres, comme les individus, ont leurs vicissitudes et leurs destinées. Cette fantaisie du métier peut aisément être satisfaite pour un grand nombre de nos ouvrages. Tous ceux qui pro­viennent des communautés religieuses et des presby­tères, portent le nom de ces maisons1. Les livres de M. de Thémines n'offrent aucune marque expresse ;

1 Ceux de Saint-Laumer, entre autres, sont ordinairement accom­pagnés d'une estampille aux armes de l'abbaye.

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mais il est facile de les reconnaître au choix des édi­tions et au luxe des reliures : ce fonds nous a donné beaucoup d'exemplaires en grand papier et de reliures anglaises.

Çà et là vous rencontrez quelques débris de collec­tions jadis célèbres. Des armes de famille, ou des auto­graphes, distinguent ces sources privilégiées : par exemple, la bibliothèque Colbert a fourni, entre autres curiosités, un exemplaire du Missel mozarabique (im­primé à Tolède, en 1 500) ; précieux volume qui a remis au jour la liturgie des primitives églises d'Espagne1. Les cabinets du surintendant Fouquet, du savant Ba-luze, de M. de Caumartin, second évêque de Blois, des chanceliers Séguier et d'Aguesseau, etc., nous ont aussi légué plusieurs souvenirs, certifiés par les blasons des anciens possesseurs2.

1 La bibliothèque possède également le Bréviaire mozarabique, de la même édition.

2 Outre les livres armoriés que je mentionnerai dans le cours de cette notice, en voici quelques autres, bons à signaler :

Bibliotheca sacra, du père Lelong, in-f°, aux armes de Colbert. — Arnobius adversùs gentes (édition de Rome, 1543, in-f°), idem. — Adriani, Istoria de suoi tempi (édition des Juntes, 1583), idem. — Histoire des cardinaux français, de Duschesne, idem.

Arrêts du parlement, par Brillon, aux armes de l'évêque Caumartin. Opera Thomœ Mori, 1566, idem. — Lettres de saint Ignace, idem. — Histoire des papes, par Duchesne, idem. — Discours de Bossuet sur l'unité de l'Eglise, édition-princeps de 1682, idem. Cet exemplaire est un don d'auteur, suivant une mention écrite de la main de M. de Caumartin.

Atlas géographique de Robert, 2 vol. in-8°, 1748, aux armes du

chancelier d'Aguesseau. [Concilia]

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En général, nos reliures répondent au mérite des édi­tions qu'elles embellissent ; l'enveloppe extérieure est digne de la typographie. La basane, le vélin blanc, le maroquin, le cuir de Russie, la peau de chagrin, avec toutes les nuances de fers, varient agréablement l'as­pect de ce paysage de livres.

La partie la plus pauvre, car il faut bien avouer no­tre côté faible, ce sont les manuscrits1. Nous ne pos­sédons guère, en ce genre, d'autres reliques qu'un vieux poème français du moine trouvère Gauthier de Coinsy, sur les miracles de Notre-Dame de Soissons

Concilia novissima Gallioe, supplément à la collection du père Labbe, aux ormes de Séguier.

Opera sancli Epiphani, aux armes de Harlay. Histoire de Louis XIV, par Limiers, réfugié protestant, aux armes

du duc de Mortemart.

La constante Amaryllis, 1614, traduction d'un roman espagnol, aux armes de la comtesse de Verrue, née de Luynes, maîtresse d'un roi de Sardaigne et bibliomane experte.

Les Œuvres de Lamonnoye, aux armes du duc de Penthièvre. Beaux livres reliés aux armes de France, etc. 1 En 1839, la ville acheta un lot des Archives Joursanvault, com­

posé d'environ 3,000 pièces, la plupart provenant de l'ancienne chambre des comptes de Blois. Ces documents, déposés dans une armoire de la bibliothèque, n'appartiennent pas a mon sujet (puisque je m'occupe seulement des livres) ; je ne les mentionne donc ici que pour mémoire. Un de nos concitoyens les plus distingués, M. de Pé-tigny, ancien élève de l'école des Chartes et membre de l'Institut, a presque entièrement terminé la catalogue et l'analyse de ces pièces de comptabilité, fort intéressantes pour notre histoire locale, surtout en ce qui concerne les institutions du pays, les usages de la vie pri­vée et le prix des choses aux XIV, XVe et XVIe siècles.

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(écriture du XIIIe siècle, sur vélin), avec deux petits livres d'heures, également sur vélin. Un de ces pieux joyaux est écrit en ronde gothique du XVe siècle ; les Vignettes coloriées offrent une rare pureté de trait : plu­sieurs sujets présentent d'ingénieuses allégories : en re­gard de l'Office des Trépassés, on voit la Mort qui saisit une pauvre jeune fille au milieu du fleuve de la vie. Ce joli paroissien, digne en effet d'une dévotion royale, passe pour avoir appartenu à Catherine de Médicis. Le second manuscrit est en écriture cursive du XVe siècle, d'une exécution moins soignée que le précédent ; il paraît avoir été composé pour le diocèse d'Orléans ; car le ca­lendrier indique la fête locale du 8 mai, instituée en mémoire de la délivrance de cette ville par l'héroïne de Vaucouleurs.

Avec ces curiosités calligraphiques, on ne manquera pas de vous montrer des heures gothiques de la Sainte Vierge, imprimées à Paris, en 1486, pour le célèbre libraire Simon Vostre, embellies de dessins gracieux ou bizarres.

Comme presque toutes les bibliothèques de provin­ce, celle de Blois est généralement plus connue et mieux appréciée des étrangers que des person-nes du pays. Au dire des touristes bibliophiles, il est rare de trouver, dans la mesure très ordinaire de 20,000 volumes (chiffre approximatif de la collection), un aussi grand nombre d'ouvrages de prix. Je remar­querai, en passant, les principales pièces de ce riche écrin.

— 16 — Les cinq divisions accoutumées des catalogues m'ont

guidé dans cette sorte de promenade autour des cases solitaires où gisent tant de ressources ignorées1.

§ I. — THÉOLOGIE.

Cette partie formait la spécialité des collections ec­clésiastiques, dont la nôtre fut premièrement composée ; aussi la voyons-nous remplir à elle seule l'étendue de quinze cases.

Voici d'abord un ensemble complet de Bibles. Les polyglottes du cardinal de Ximénès, de Philippe II, de Lejay, celle de Walton qui présente une synopsie de neuf langues, la version gothique d'Ulphilas, le texte anglais imprimé par Baskerville, l'Histoire de la Bible par Saurin, ornée de belles gravures, les Bibles de Basnage et de Pierre Mortier, etc., sont de vé­ritables richesses.

Suivent les traductions, les commentaires, les disser­tations et les divers travaux qui constituent la philolo­gie sacrée. Un érudit blésois, l'oratorien Jean Morin, premier éditeur du Pentateuque Samaritain, occupe ici une place distinguée.

1 On ne s'étonnera pas que j'aie pris soin de mentionner particu­lièrement les ouvrages des écrivains blésois qui figurent dans cette bibliothèque ; ailleurs, ils auraient pu passer inaperçus ; ici, ils devaient être l'objet d'une attention spéciale. Du reste, je dois le dire, notre collection est très incomplète sous le rapport de l'histoire littéraire du pays.

— 17 — Des études actuelles, des questions à l'ordre du jour

dans le monde religieux, sont venues rendre quelque intérêt à nos ouvrages liturgiques. L'érudition et la critique moderne vivent encore sur les recherches sub­stantielles de Bona, de Rocca, de Gavantus, de Mar-tennel. Présentement, nous voyons la liturgie, jadis si sèche et si décolorée, acquérir un éclat et presque un charme inespérés, sous la plume ingénieuse du docte abbé de Solesmes, auquel revient l'honneur d'avoir re­levé en France l'ordre de Saint-Benoît. Le livre vrai­ment neuf de dom Guéranger, mériterait d'être placé dans nos rayons, à côté des solides écrits que nous ve­nons de mentionner : j'en constate à regret l'absence.

Les conciles nous apparaissent au grand complet. Ces énormes recueils embrassent toute la législation des consciences ; faut-il s'étonner de leur prodigieuse ampleur (52 vol. in 4°) ?

Les compilations de Martenne, de d'Achery, de Ba-luze, de Labbe, de Sirmond, etc., renferment les docu­ments vénérables de l'antiquité ecclésiastique.

Les pères de l'Église ont revêtu céans la solide armure de leurs meilleures éditions, dues en partie aux Bénédictins, leurs dignes interprètes. Les œuvres de saint Ephrem, texte syriaque et grec, avec la ver­sion latine (édition du Vatican), sont quelque chose de splendide. Les lettres de saint Jérôme, imprimées à

1 Notre exemplaire de Martenne, De antiquis Ecclesiœ ritibus, porte les armes du chancelier d'Aguesseau.

2

— 18 — Rome en 1476 et 1479, figurent parmi nos plus an­ciennes éditions.

Après les pères grecs et latins, viennent les scholas-tiques du moyen-âge. Notre illustre docteur Pierre de Blois habite au milieu de ces rudes in-folios, entre les vingt de saint Thomas et les treize du subtil Scott, sans compter les vingt-un d'Albert-le-Grand.

Nos traités de théologie dogmatique et morale appar­tiennent généralement à l'ancienne école de Sorbonne. Celle de Navarre, autre gloire de l'université parisienne, nous a donné les nombreux écrits de Gerson.

Le jansénisme absorbe près de deux cases. Le grand Arnauld, le coryphée du parti, a produit 41 volumes in-4°. La seule bulle Unigenitus a défrayé les lourds in-4° des Hexaples, et bien d'autres bouquins également surannés. Cette secte opiniâtre et savante a inscrit ses docteurs, ses héros et ses prétendus martyrs au Nécro-loge de Port-Royal. Ses thaumaturges ont aussi été glorifiés, par le livre singulier du conseiller Montgeron sur les miracles du saint diacre Paris et sur les con­vulsionnaires du cimetière de Saint-Médard.

En suivant la file des théologiens, on voit les casuistes se développer dans toute la variété de leurs décisions, aussi ingénieuses que la malice humaine.

L'éloquence de la chaire n'est pas moins abondam­ment pourvue. Les prédicateurs de nos jours peuvent pui-ser à loisir dans cet arsenal de sermons oubliés, et surtout dans le recueil très commode du père Houdry (22 vol. in-4°). Deux petits volumes du dominicain Chaucemer,

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né à Blois, gisent au milieu de la foule des inconnus. Parmi les sermonnaires et les mystiques, on aperçoit

plusieurs reliures aux armes du dévôt Henri III, avec son emblème favori de la tête de mort. Le texte original des œuvres de sainte Thérèse, de Grenade et de Rodri-guez, exhale les parfums indigènes de l'ascétisme espa­gnol. Une production bizarre de Marie d'Agreda, reli­gieuse du même pays, la Cité mystique, espèce de roman sur la vie de la sainte Vierge, encourut les censures de la Sorbonne. Ces rêveries d'une imagi­nation pieuse ne sont pas sans danger. Il y aurait plus d'utilité pratique à retirer de ce petit Manuel de la per­fection du Chrétien, par le cardinal de Richelieu, sous toutes réserves des curieux rapprochements que l'on pourra établir entre le livre et l'auteur.

Les apologistes n'ont pas manqué à la religion chré­tienne. Dans cette phalange de vigoureux combattants, nous distinguons Tertullien, Lactance, Grotius, Abba-die, Bergier, de Frayssinous, de Lamennais (celui d'il y a trente ans), et plus récemment, M. Nicolas, dont la défense, pleine d'actualité, répond victorieusement aux doutes et aux problèmes de notre époque.

La multiplicité des ouvrages de controverse prouve combien fut vive de tout temps la lutte du raisonnement contre la foi. Deux Blésois de camps opposés, Jurieu et Isaac Papin (le cousin de Denis Papin), se heurtent dans ce conflit de livres ennemis. Les in-folio de Bel-larmin et des frères Walenburch, sont autant de bou­cliers pour l'orthodoxie.

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Le protestantisme étale ici ses grands docteurs, parmi lesquels il suffira de nommer Jean Hus, Calvin, Spanheim, Basnage, Burnet, Clarke, Stillingfleet. L'Anatomie de la Messe, par le ministre Dumoulin, petit Elzevier de 1638, est un de ces pamphlets à l'aide desquels l'hérésie s'efforça toujours de ruiner le res­pect des anciennes croyances.

A la suite des théologiens hétérodoxes, M. de Thé-mines avait formé, comme vous voyez, un brillant assemblage de sermons anglais, en reliures du pays.

Différents ouvrages sur les religions de l'Orient, tels que le Koran, les lois de Manou, le livre des Védas, le Yaçna des Persans, les mystères de Milhra, plaisent par leur étrangeté seule, comme les contes fantastiques des Mille et Une Nuits.

§ II. — JURISPRUDENCE.

Cette section commence par deux cases de droit-canon. Peu de ces ouvrages ont conservé quelque appli­cation ; cependant, les soixante-cinq volumes in-folio des procès-verbaux et des mémoires des anciennes assemblées du clergé de France, fournissent à l'histoire, même civile, une masse de documents authentiques. Deux répertoires des anciens canons et des décrétales, portent les armes et l'autographe du docte Baluze, qui enseigna, au collège Royal de Paris, cette branche jadis si considérable de la jurisprudence.

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Si vous tenez à savoir exactement l'organisation et l'esprit d'une compagnie fameuse, parcourez le Corpus institutionum Societatis Jesûs, 2 vol. in-4°, reliés avec le chiffre du surintendant Fouquet ; ces règlements officiels vous en apprendront plus que les apologies inté­ressées ou les diatribes haineuses.

L'éternelle et insoluble question de l'accord des deux puissances, temporelle et spirituelle, a enfanté les gros livres que voici, avec une foule d'autres non moins re­butants. Est-il besoin de vous dissuader de la lecture fastidieuse des traités de la Régale, des libertés de l'Église Gallicane, des matières bénéficiales, polémiques complètement usées ? Passez plutôt au droit civil, pal­ladium nécessaire de la famille et de la propriété.

Les collections des lois romaines et byzantines, les Basiliques (texte grec et latin, exemplaire relié aux armes du président Lambert), le Code Théodosien, commenté par Godefroy, le Corpus juris des Elzevier, les Feudistes, les recueils diplomatiques de Rymer et de Dumont, sont des ouvrages précieux.

Vous ne refuserez pas vos sympathies de compa­triotes aux Blésois Dupont et Pardessus, que la science des lois réunit, à trois siècles de distance, dans l'auréole d'une même célébrité. Indépendamment de ses travaux sur le droit civil et commercial, l'auteur du Traité des Servitudes s'est fait le continuateur de la grande collec­tion des ordonnances de nos rois, en publiant le tome XXIe et le volume si méritoire des tables.

La section de jurisprudence se compose principale¬

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ment d'ouvrages anciens, plus instructifs pour l'histoire de la législation qu'utiles au point de vue pratique. Les hommes de loi ont des bibliothèques spéciales qui rem­plissent ce dernier but. La nôtre possède quelques-unes des curiosités de la science, notamment : les coutumiers des provinces, les répertoires d'arrêts de parlement, le Traité de la police, par Delamarre, les œuvres de Du­moulin, de Chopin, de Mornac ; le Dialogue des avo­cats, par Loysel, colloque familier, où revivent, dans leur pureté irréprochable, les vieilles mœurs du barreau français.

Les Pandectes de Pothier et les travaux préparatoires du Code civil par Fenet, sont de récentes acquisi­tions.

La jurisprudence, comme la théologie, reçoit peu d'accroissements : l'une et l'autre, telles qu'elles sont, suffisent aux besoins du commun des lecteurs. On pré­fère avec raison ajouter aux sciences et à l'histoire : cette dernière surtout, s'augmente dans une proportion que justifie le goût prédominant de notre époque pour l'étude du passé.

§ III. — SCIENCES ET ARTS.

Les deux encyclopédies du XVIIIe siècle remplissent la première et la deuxième case de cette section. L'Encyclopédie générale de Diderot, d'Alembert et com­pagnie, forme une masse de 35 vol. in-f°. L'Encyclo-

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pédie méthodique, collection, plus vaste encore, de dic­tionnaires spéciaux, fut entreprise peu de temps après, par une autre société de gens de lettres : elle ne compte pas moins de 300 vol. in-4°, de l'imprimerie des édi­teurs Panckouke et Agasse ( y compris les suites qui sont complètes). Une reliure convenable manque à ces livraisons, grossièrement cartonnées.

La philosophie, qui vient ensuite, n'a pas cru déro­ger à sa gravité magistrale, en revêtant la gracieuse enveloppe d'éditions Elzevier, Blaew, Janson, et de re­liures à l'avenant : cette élégance typographique conve­nait au temps, de sérieuse mémoire, où les gens du monde, les femmes même, cultivaient avec délices la science des sages.

Les éditions anglaises de Bacon, de Locke, de Bayle et de Shafstbury, méritent d'être remarquées.

Les doctrines du XVIIIe siècle, justement décréditées par leurs tristes résultats, occupent une place qui pour­rait être mieux remplie. Aujourd'hui, grâce à Dieu, on ne lit plus guères Condillac, Hume, d'Alembert, Helvétius, d'Holbach, Diderot, Saint-Lambert, etc. A côté de ces auteurs délaissés, figurent les principaux représentants des écoles philosophiques modernes, en­tre autres : Dugald-Stewart, traduit par un Blésois, le docteur homéopathe Léon Simon ; Laromiguière, Cou¬ sin, Damiron.

En descendant des hautes régions de la métaphysi­que et de la psychologie, en quittant Platon, Aristote, Descartes, Leibnitz, Pascal, Mallebranche, Bonnet, de

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Maistre1 Bonald, etc., on aime à rencontrer dans une sphère moins élevée, mais plus pratique, de simples moralistes, tels que : Épictète, Sénèque, Montaigne, Charron, Labruyère, et autres bons conseillers de l'hu­manité à tous les âges. Cette catégorie usuelle com­prend quelques ouvrages qui traitent de l'éducation, et de l'instruction publique ou privée.

L'histoire de la philosophie, que nos professeurs d'éclectisme prétendent avoir inventée, n'est cepen­dant pas nouvelle. Les ouvrages de Diogène Laërce, de Brucker, de Deslandes, etc., prouvent l'ancienneté de cette étude comparée des innombrables systèmes hasardés par la raison humaine.

Les passions, sujet malheureusement inépuisable, font la matière de plusieurs traités spéciaux, tels que les Peintures morales, du jésuite Lemoine, les Carac­tères, du sieur de La Chambre, etc.

Un gentilhomme de la vieille roche, Jacques Chaus­sée, sieur de La Terrière, s'est chargé de nous retracer l'Excellence du mariage.

L'Art de vivre content, si tous voulaient s'y confor­mer, serait un des livres les plus salutaires à l'espèce humaine...... De bono senectutis (Avantages de la vieillesse), par le cardinal Palcoto ; voilà une de ces thèses auxquelles on souscrit difficilement.

1 La récente acquisition des œuvres de cet esprit éminent répond à un vif intérêt d'actualité ; car M. de Maistre, par une sorte d'intui­tion, avait devancé l'avenir ; les derniers événements surtout, justi­fient la prétendue exagération de ses idées politiques.

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Pour rabattre l'orgueil des philosophes, un d'entre eux, le médecin François Sanchès, a démontré le néant de la science, dans le modeste opuscule, Quòd nihil scitur, 1591.

La politique, interminable toile de Pénélope, qu'il faut sans cesse recommencer, vous exhibera toutes sor­tes de systèmes plus impossibles les uns que les autres, depuis la République de Platon jusqu'à celle de Bodin, depuis l'Utopie de Thomas Morus jusqu'à l'Ami des hommes, par Mirabeau le père, et jusqu'aux vues opti­mistes de ce bon abbé de Saint-Pierre ; enfin, depuis les doctrines saint-simoniennes jusqu'aux rêveries socialis­tes. Le livre De republicâ emendandâ, par Fricius Mo-drevius, porte l'empreinte de cet esprit démocratique qui jaillit au XVIe siècle du sein de la Réforme protes­tante ; notre exemplaire avait d'abord appartenu à un Bénédictin blésois, Jacques Boyvin, savant moine de Saint-Laumer ; une note manuscrite le signale comme étant de la classe des livres prohibés. Le nom et l'au­tographe du même possesseur se retrouvent sur plu­sieurs de nos livres les plus anciens.

Le XVIIIe siècle regorgea de publications destinées, disaient leurs auteurs, à rendre les hommes meilleurs et plus heureux. Toutes ces panacées politiques, relé­guées dans nos rayons les moins fréquentés, ont singu­lièrement vieilli.

Un magistrat de l'ancien bailliage de Blois, M. Du-chesne, ex-procureur du roi, proposa, dans une bro­chure de l'an X, l'expérience lointaine d'une républi-

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L'art si difficile de gouverner les peuples a enfanté une confusion de théories disparates. Certes, il y a loin du sauvage despotisme de Hobbes à la bienveillance paternelle du Monarque de Sénault ; du républicanisme austère de Sidney à l'apologie complaisante des Coups d'Etat, par Gabriel Naudé, bibliothécaire du cardinal Mazarin ; ou bien encore, de la politique insidieuse de Machiavel aux honnêtes Directions pour la conscience d'un roi (ouvrage posthume de Fénélon).

Dans ces mêmes rayons, l'économie politique et le commerce ne vont guères plus loin que la fin du dernier siècle, On désirerait y voir les oeuvres complètes de Jean-Baptiste Say, fondateur de l'école française mo­derne. Celle de l'Anglais Smith compta parmi ses adep­tes un enfant de Blois, l'estimable Boesnier de Lorrne.

La théorie des anciens impôts est démontrée dans plusieurs monographies, où se développe le mécanisme d'une organisation financière généralement peu com­prise.

La réforme des différentes branches de l'administra­tion inspira aux publicistes de 1789 nombre de bro­chures, dont M. de Thémines nous a colligé l'intéres­sante gerbe.

La statistique départementale, entreprise sous l'Em­pire par ordre du gouvernement, n'est pas venue jusqu'au pays Blésois. Ici, comme en maintes occa­sions, le Loir-et-Cher est resté en arrière ; car il n'a

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produit jusqu'à présent qu'une série, parfois interrom­pue, de petits annuaires : le meilleur est encore le pre­mier de tous, celui de 1806, rédigé par Petitain, secré­taire du préfet Corbigny.

La statistique générale de France, commencée sous le gouvernement de Louis-Philippe, a déjà entassé 12 gros volumes de chiffres. Les statistiques judiciaires qui nous arrivent chaque année, offrent matière à d'inté­ressantes études.

L'histoire naturelle peut 'vous montrer le Buffon de l'imprimerie royale, et plusieurs beaux ouvrages an­ciens, publiés en Angleterre ou en Allemagne ; par exemple, une Description de la Caroline, avec figures coloriées, Londres, 1731.

Le Dictionnaire de Valmont de Bomare, et même celui des professeurs du Jardin-des-Plantes, ont perdu beaucoup de leur valeur, depuis l'apparition de celui de d'Orbigny, dont l'absence laisse un vide dans notre bibliothèque.

Les recherches de Cuvier sur les ossements fossiles, ont pris place parmi les productions savantes qui ho­norent le plus l'intelligence humaine.

Un des pères de la botanique française fut le mé­decin blésois Paul Reneaulme. Son Specimen Historiæ plantarum, 1611, donna la première idée du système sexuel, développé plus tard par Linnée. Dans le même siècle, un autre docteur blésois, Abel Brunyer, publia, sous le titre de Hortus regius Blesensis, 1653, un ca­talogue de la collection de plantes rares, que Gaston

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d'Orléans, comte de Blois, avait formée dans les jar­dins du château. Cet opuscule est un document pré­cieux pour notre horticulture locale.

Les travaux de M. Deslonchamps et Raspail sont venus s'ajouter à ceux, déjà vieillis, de Linnée, Tour-nefort et Jussieu. Notre exemplaire de la Flore française de Candolle, est chargé des notes manuscrites de feu M. Lefrou, curé de Cour-Cheverny ; la plupart furent le résultat d'observations recueillies aux environs de Blois.

Le Théâtre d'agriculture d'Olivier de Serres (nouvelle édition, précédée d'une savante introduction de l'abbé Grégoire, évêque constitutionnel de Blois), est toujours un de nos meilleurs ouvrages sur cette science expéri­mentale. En même temps que vous goûterez les leçons pratiques du digne agronome de Henri IV, un suave opuscule, le Socrate rustique ou le Paysan philosophe, vous fera aimer la vie des champs.

En côtoyant la case de médecine, on aperçoit un in­folio de lue venered, lugubre témoignage des turpitu­des de l'humanité.... Ce petit Celse Elzevier appartint au docte et spirituel Gui Patin, qui le reçut de l'éditeur Vander Linden, suivant l'hommage autographique de ce dernier. Une tradition vulgaire attribue faussement au grand Albert, théologien allemand du XIIIe siècle, cette mauvaise rapsodie de Secrets, intitulée : de Se-cretis mulierum, de Mirabilibus mundi, etc.

Le Dictionnaire d'Andral, Bégin, et autres, a fait aban-donner des recueils plus anciens, de même que l'ana-tomie de Bourgery a rendu presque inutile notre bel

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exemplaire du Bidloo, imprimé à Amsterdam en 1685. N'oublions pas de mentionner les productions de Marin Bailly, docteur blésois, prématurément enlevé à la science.

Les mathématiques comprennent un certain nombre de livres anciens, bons à consulter par occasion. Une acquisition récente, le Journal de l'école Polytechnique, depuis 1795, vous initiera aux difficultés transcendan­tes de cette étude abstraite.

La physique, la chimie et l'astronomie, viennent de s'adjoindre divers ouvrages que les découvertes de la science rendaient indispensables ; telles sont : l'Astro­nomie physique de Biot (nouvelle édition), les œuvres de Laplace, réimprimées aux frais du gouvernement, et les traités expérimentaux des chimistes Thénard, Dumas et Payen, qui suivent à point Lavoisier, Four-croy et Gay-Lussac.

L'alchimie et la pierre philosophale, rêveries du moyen-âge, comptent ici plusieurs cours méthodiques. La thaumaturgie elle-même ne nous a pas fait grâce de ses prodiges. Un singulier opuscule du jésuite Kir-cher sur les apparitions de croix miraculeuses, porte le nom de l'érudit Baluze qui le posséda.

Vous trouverez jusqu'à des traités ex-professo sur les sciences occultes, nécromancie, divination, magie, art cabalistique, démonomanie, etc. ; tristes monuments de superstitions que le temps et le progrès n'ont pu complètement extirper ! Une reliure aux armes de Ma-zarin recouvre les philosophiæ sententiœ de fato, par

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Grotius : la dédicace, adressée au cardinal ministre, ne doit pas nous étonner ; car Mazarin, comme d'autres grands esprits, croyait à la puissance aveugle du destin.

La région des beaux-arts a bien aussi ses curiosités. On y distingue le profond travail de Winkelmann, avec plusieurs catalogues et recueils d'estampes, notamment ceux des galeries du Luxembourg et de Dusseldorf ; une partie de la magnifique collection des estampes du Cabinet du Roi, gravées par ordre de Louis XIV1 ; les ruines de Palmyre, et autres chefs-d'œuvre de la gra­vure du siècle dernier.

L'ancienne musique est représentée par quelques ouvrages primitifs : en les parcourant, on peut mesurer l'immensité des progrès accomplis depuis la gamme du moine Gui d'Arezzo jusqu'aux merveilleuses composi­tions de Meyerbeer, de Rossini, de Donizetti et d'Au-ber. La plupart des savants qui écrivirent sur la théorie des accords, étaient personnellement peu sensibles aux charmes de l'harmonie ; aussi, leurs traités didactiques sont-ils en général d'une sécheresse rebutante. Il faut, par exemple, un certain courage, pour affronter des fa­tras tels que l'Harmonie universelle du père Mersenne, minime (in-f°, 1636), ouvrage curieux d'ailleurs.

1 Les ordonnateurs de notre musée naissant ont été autorisés à détacher de ce recueil les batailles d'Alexandre, de Lebrun, gravées par Audran, les colonnes Trajane et Antonine, et d'autres planches également remarquables. Ces gravures de choix, encadrées avec soin, ornent maintenant une des pièces du château.

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Les savantes recherches du bénédictin Jumilliac, de Martin Gerbert, prince-abbé de Saint-Basic, et de quel-ques autres archéologues de la musique sacrée, éclai­rent les origines et règlent la pratique du chant ecclé­siastique.

La partie architecturale est assez pauvre. Vitruve, Vignole, Palladio, Blondel et Félibien, sont presque les seuls maîtres dont je puisse constater la présence. Ajoutons pourtant Philibert Delorme, qui nous a trans­mis des éclaircissements techniques sur les principales constructions du XVIe siècle, en même temps que de naïves confidences sur les tribulations de sa vie d'ar­tiste.

La décoration des édifices fait le sujet de quelques ouvrages ornés de planches explicatives. Les hommes de l'art emprunteraient d'excellents détails à ces des­sins qui respirent la facilité gracieuse de l'ancienne école.

La défense des places fortes a été tellement perfec­tionnée depuis Vauban, que c'est à peine si l'on peut encore citer les procédés arriérés des ingénieurs mili­taires de Louis XIV.

Pour l'étude de la stratégie, je mentionnerai les mémoires de Polybe, du maréchal de Feuquières, du maréchal de Saxe, et de quelques autres habiles tacticiens, qui ont raconté de visu les campagnes de Louis XIV et de Louis XV.

Les professions artistiques ou mécaniques, les jeux même, ont leur enseignement et leurs livres. Dans la

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partie récréative de ces monographies, vous distinguerez la vénerie et fauconnerie de Jacques du Fouilloux, dédiée au roi Charles IX, amateur passionné de ces sortes d'exercices.

Enfin, la longue et utile série des brevets d'inven­tion (80 vol. in-4°) nous tient au courant des perfec­tionnements successifs de l'industrie contemporaine.

Réduite à un choix très restreint entre les meilleures publications du jour, la section des sciences et des arts n'a pu suivre en détail tous les progrès réalisés depuis cinquante années. On ne saurait raisonnablement lui demander un ensemble complet de nouveautés, que les bibliothèques spéciales sont seules en position d'acqué­rir. Elle s'est accrue néanmoins et continue de s'accroî­tre, mais avec réserve, et dans la limite infranchissable du budget.

§ IV. — BELLES-LETTRES.

La linguistique, avec sa masse pesante de gram­maires, de lexiques, de glossaires, de trésors, et de re­cherches philologiques, ouvre péniblement la section de littérature. Les langues primitives de l'Orient for­ment la base de cette petite Babel. Le Dictionnaire Chi­nois vous représente une des plus lourdes pièces de l'é­difiée : les Estienne, Gesner, Ducange, les savants de Trévoux, Richelet, etc., en sont les fermes colonnes. Le grand travail d'Hickésius et de ses collaborateurs sur les anciens idiomes du Nord (exemplaire relié aux

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armes du surintendant Fouquet), vous donnera la clef des signes Runiques. Vossius, Ménage, Court de Gébe-lin, vous initieront à la science conjecturale des éty-mologies. Le Mithridate d'Adelung deviendrait plus usuel, si le texte allemand était traduit en français. Le Thesaurus eruditionis scholasticœ de Basile Fabre So-ranus, bel exemplaire relié en vélin blanc, fut donné en prix à un élève d'un collège d'Allemagne, en l'an­née 1771, suivant attestation signée des professeurs ; la nature de l'ouvrage et le choix de l'édition, prouvent bien la force des études de latin et la générosité de l'éta­blissement rémunérateur, à cette époque trop dénigrée. La même remarque s'appliquerait à plusieurs de nos beaux livres en vélin blanc, qui portent des suscrip-tions semblables1.

Une de nos plus anciennes grammaires françaises est celle du Blésois Maupas, imprimée à Blois, en 1625, à l'usage des jeunes étrangers de distinction qui ve­naient apprendre notre langue dans cette ville, renom­mée pour la pureté de prononciation et l'absence d'ac­cent. Le compendium de Maupas est dédié au célèbre duc de Buckingham, l'un de ses élèves.

Parmi les raretés de la première case, on distingue le Pater en cent langues ou dialectes, témoignage im­posant de l'universalité de cette prière divine.

1 Tels sont : les œuvres poétiques d'Enuius et celles de Stace, un Thucydide in-folio ; le voyage en Grèce de Pausanias ; la description historique de Rome, par le père Donato, jésuite ; les œuvres juridiques de Jacques Godefroy, et autres doctes ouvrages en grec ou en latin.

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L'étude comparée des anciens idiômes a exercé l'é­rudition des XVIe et XVIIe siècles, comme on le voit par un assez grand nombre d'ouvrages spéciaux.

On rit de tout en France, voire même de la linguis­tique ; témoin l'Enterrement du Dictionnaire de l'Aca­démie, pamphlet publié en 1697, à la barbe des qua­rante immortels.

Les littératures grecque et latine offrent à l'œil des chefs-d'œuvre de typographie. Ces nombreuses éditions des Aide, des Plantin, des Elzevier, des Blaew, des Janson, de Hackius, cum notis variorum, de Barbou, de Coignard, ad usum delphini, de Baskerville, des Didot1, de l'imprimerie royale, proviennent du fonds Thémines. L'Homère, du savant philologue anglais Barnès, fait honneur aux presses de Cambridge. Le Cicéron-Elzevier (10 vol. in-12), relié en vélin blanc argenté, est une délicieuse miniature sortie de la bi­bliothèque Lenoir. L'Horace, gravé sur cuivre en 1733, est dû à la perfection des burins anglais ; le petit nom­bre d'exemplaires en circulation ajoute à la valeur de ce produit britannique.

Les éditions de la vieille école, chargées d'excellents commentaires, nous dispensent d'acquérir les réimpres­sions qui paraissent sous les titres accrédités de Col­lections Panckoucke, Nisard, Didot, etc. La bibliothè­que possède seulement quelques parties détachées de ces entreprises littéraires.

1 On remarque surtout l'Isocrate, texte grec et latin, 3 vol. in-4°, de François-Ambroise Didot.

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Les traductions françaises se renouvellent peu à peu. La bibliothèque accueille aussi les études des meilleurs critiques contemporains : M. Patin, par exemple, découvre dans les tragiques grecs certaines nuances qui avaient échappé au père Brumoy ; tandis que la verve de M. Tissot fait mieux comprendre, et surtout mieux sentir, les beautés de Virgile.

La Compagnie de Jésus a fourni la majeure partie des poètes latins modernes. Les pères Petau, Vavasseur, Commire, Rapin, Vanières, et autres, ont excellé dans cette versification artificielle. Un humaniste infatigable a bien eu le courage de mettre en distiques tout le Té-lémaque !

Notre siècle, moins latiniste que les précédents, s'est épris de passion pour le vieux français, particulière­ment pour les chansons de gestes et les romans de che­valerie, peintures naïves et vivantes des mœurs féoda­les : comme spécimen de ces monuments littéraires, voici le roman de Berte aux grands pieds, le Lancelot du Lac1, plus connu sous le nom usuel de Valet de trèfle (personnage de nos jeux de cartes) ; le Parto-nopeus de Blois, héros imaginaire, que la bonne fée Mélidor promène de surprises en surprises ; le roman de la Rose, dont l'auteur, Jean de Meung, ne fut pas étranger à nos contrées. Voilà pour les trouvères. Quant aux troubadours, il faut lire les soigneuses recherches

1 Belle édition gothique, imprimée à Paris en 1533.

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de Raynouard sur cette ramification méridionale de la gaie science (6 vol. in-8°).

La transition à une langue plus épurée, se révèle dans les poésies de Louis et de Charles d'Orléans, prin­ces du sang et comtes de Blois.

La case des poètes français offre un mélange de richesses et de singularités. On y remarque un Boi-leau, orné des gravures de Bernard Picart ; un Molière, illustré des dessins gracieux, quoique un peu maniérés, du peintre Boucher ; les éditions-Didot de Corneille et de Racine ; le Destouches de l'imprimerie royale. Les Chevilles de maître Adam, le fameux menuisier de Ne-vers, sentent leur rabot d'une lieue ; le boulanger Reboul et le coiffeur Jasmin nous ont donné mieux que cela.

La bibliothèque possède peu de poètes de la fin du XVIIIe siècle, et encore moins de l'Empire et de la Res­tauration. Delille lui-même manque à nos rayons. Malgré le discrédit actuel de cette école de versification classique, ce serait là une lacune à remplir.

Le Vendômois Ronsard n'a point été omis dans l'har­monieuse série des muses nationales, non plus que le Blésois Sébastien Garnier, auteur d'une Henriade écra­sée par celle de Voltaire1.

1 (Edition princeps, imprimée à Blois en 1594). M. Plée, ex-pro­fesseur d'histoire au collège de Blois et membre de l'académie blé-soise, a remis en lumière cette œuvre trop longtemps méconnue. Son excellent travail sur le poème de Garnier vient de paraître dans le quatrième volume des Mémoires de la Société.

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De nos jours, le Parnasse blésois a reçu dans son sein, les élégantes et correctes descriptions de M. Gau-deau, une traduction d'Anacréon par M. Chevallier, les Fables de MM. de Féraudy et Jacquier ; enfin tes Tableaux de l'Evangile, de M. Turpin, heureuse imi­tation d'un modèle désespérant.

Nous devons à M. de Thémines un choix remarquable de livres anglais, italiens et espagnolsl. Le prélat po­lyglotte cultivait habituellement ces trois langues. La première surtout, lui devint d'un usage familier, par les relations suivies qu'il entretenait avec les sommités intellectuelles de la Grande-Bretagne.

Après l'éloquence et la poésie, le conte, la fable et le roman, viennent dérider, par exception, la sévérité de notre établissement.

Le Lafontaine in-f°, imprimé en 1755, aux frais des fermiers-généraux, avec les gravures d'Oudry et Co-chin, est un de nos livres les plus somptueux ; la re­liure rehausse encore le prix de notre bel exemplaire. Le Don Quichotte, texte espagnol, édition Ibarra, de Madrid, est convenablement placé à côté de cette illus­tration grandiose de l'inimitable fabuliste.

Le sentimentalisme affecté du XVIIIe siècle a beau­coup perdu de son prestige : les Clarisse, les Paméla, les Estelle, les Julie, et autres héroïnes de complexion analogue, paraissent fades au goût blasé des lecteurs

1 La Gerusalemme liberata, 2 vol. in-4° avec gravures, est une des meilleures éditions de François-Ambroise Didot. On peut citer égale­ment l'Ariosto de Baskerville.

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actuels. Le Roman comique du bonhomme Scarron est bien plus vrai que toutes ces passions factices. Les profils saisissants de Lesage effacent aussi les créations vaporeuses du bel esprit.

Les facéties de la vieille gaieté française ont mieux conservé leur piquante saveur. Un de nos compatriotes, récemment enlevé à la philologie, Eloi Johanneau, avait exhumé et commenté plusieurs de ces élucubrations, notamment la satire retentissante du Cymbalum mundi, sorte de Charivari anticipé, qui mit en émoi le beau monde du XVIe siècle.

Les titres seuls de certains opuscules, ici présents, respirent la franche plaisanterie. Jugez, par exemple, combien doivent être réjouissants des miscellanées tels que ceux-ci : Réflexions sur les grands hommes qui sont morts en riant. — Eloge de la goutte ( en latin). — Louanges de l'âne (en latin). — Bigarru­res et touches du seigneur des Accords. — Disserta­tion sur l'usage de battre sa maîtresse. — Origi­nes du mot c..., imprimées à Blois en 1835, sur pa­pier jaune, couleur de la chose. — Art de boire (de Arte bibendi), par un savant d'Allemagne, etc. L'érudition a dû vraisemblablement se mettre en goguette pour traiter de pareils sujets.

Les Ana appartiennent à la même catégorie. Plusieurs de ces salmigondis provoquèrent des rapsodies en sens opposé. Le Ménagiana entre autres, lourd fatras des mots plus ou moins spirituels de l'érudit Ménage, donna lieu à l'Antiménagiana du médecin Bernier, le vieil his-

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torien du Blésois. On reconnaît à ces aménités récipro­ques l'irascible famille des gens de lettres, genus irri-tabile vatum1.

Le Vasconiana est un plaisant recueil des hyperboles et forfanteries méridionales.

J'aperçois dans un coin l'Hippolytus redivivus, dia­tribe contre le sexe féminin. L'auteur de cet inquali­fiable libelle s'est rendu justice en gardant l'anonyme. Nous recommanderions plus volontiers aux dames ce Boccace, édition des Juntes, égayée de vignettes sur bois (1516). Les Cent nouvelles nouvelles de Louis XI (exemplaire aux armes du duc de Richelieu), l'Hepta-méron de la reine de Navarre, sœur de François Ier, servent de pendant aux récits drolatiques du conteur italien. On ne se souvient plus des œuvres badines du comte de Caylus, le même qui, à ses heures sévères, compilait un Recueil d'antiquités romaines et gauloises. Du reste, nous devons le dire, si la bibliothèque renferme quelques joyeusetés littéraires, elle est heureusement expurgée des productions infâmes qui déshonorent l'es­prit humain, et qui souillent encore les casiers de col­lections trop peu scrupuleuses.

Les cases suivantes fléchissent sous le poids des polygraphes et des beaux esprits. Érasme d'abord, avec ses onze in-folio, premier jet de la Renaissance classi­que, inaugura en Europe la liberté, parfois abusive,

1 Ménage avait appelé Bernier un homme de peu de science, homo

levis armaturœ ; le docteur, blessé au vif, ne lui pardonna pas cette qualification dédaigneuse.

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d'écrire au jour le jour sur toutes sortes de sujets. Les proportions extérieures vous disent assez quels

trésors de science et de critique doivent renfermer ces autres masses, intitulées : Juste Lipse, Sigonius, Sarpi, Norisius, Bembo, Launoy, Hardouin, Bayle. Deux femmes étrangères, de la même catégorie, Olym­pia Morala et Marie Schurmann, ont précédé notre sa­vante Dacier dans la carrière philologique ; leurs doctes écrits prouvent qu'elles possédaient également l'hébreu, le grec et le latin.

Comme contraste avec tant d'érudition, voici le léger bagage de Saint-Évremont, de Balzac (l'ancien), de Fontenelle, de Houdard de la Motte, de Marivaux : ce dernier a été vêtu par son éditeur et par son relieur avec une coquetterie qui ne lui sied pas mal. La même élégance, quoique moins à propos, distingue notre exemplaire des œuvres complètes du philosophe La Mothe Levayer.

Les 70 volumes de Voltaire, édition de Kehl, sur­chargent deux rayons entiers ; ils attestent la prodi­gieuse fécondité d'un génie qui se flatta d'être univer­sel. Non loin du patriarche de Ferney, vous apercevez le penseur de Genève : divisés pendant leur vie, ces deux hommes, illustres autant que funestes, ne peu­vent plus désormais se séparer, ni dans nos souvenirs, ni dans nos bibliothèques.

Le Catalogue Méthodique opère de singuliers rappro­chements, puisqu'il place, comme vous voyez, Pascal, Bossuet, Fénélon et Fléchier, en compagnie de déistes, de sceptiques, et même d'athées.

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En passant aux écrivains français du second ordre, vous trouverez : l'afféterie de Dorat, la prétention de Duclos, l'emphase de Thomas, les fadeurs pastorales de Florian, la science superficielle de Saint-Foix, la fougue de Diderot, les sophismes du marquis d'Argens, le fatras révolutionnaire de Condorcet, et la pâle re­production de Mirabeau, l'un des écrivains qui perdent le plus à la lecture.

Les confidences épistolaires sont céans nombreuses et variées. Deux femmes d'élite, l'aimable Sévigné et la grave Maintenon, occupent à juste titre la première place dans cette littérature intime, dont le cœur fait presque tous les frais. Le style de la lettre se montre bien différent sous la plume satyrique du médecin Gui Patin.

L'école moderne brille ici par son absence. Un Cha­teaubriand incomplet, un Goethe (texte allemand), voilà presque tout notre échantillon du genre romanti­que. Malheureusement, la pénurie des ressources pé­cuniaires n'est pas l'unique cause de cette lacune : on doit en accuser aussi la légèreté habituelle de publica­tions plutôt faites pour les cabinets de lecture que pour les grandes bibliothèques. La véritable destination d'un établissement comme le nôtre est de suppléer à l'insuffisance des collections ordinaires, en offrant aux amateurs un choix d'ouvrages rares, ou tout au moins distingués : tâchons de toujours lui conserver ce ca­ractère de musée intellectuel, qui seul fait son utilité et sa valeur.

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§ V. — HISTOIRE.

Cette section, la plus riche des cinq, remplit à elle seule presque la moitié du dépôt.

Et d'abord, les Méthodes de Lenglet du Fresnoy (25 vol. in-12), les savantes leçons de Daunou (20 vol. in-8°), les atlas de Gueudeville et de Lesage, peuvent servir d'introduction aux études historiques.

La géographie, guide inséparable de ces études, occupe les trois premières cases. Vous pouvez con­sulter ici les bonnes éditions de Ptolémée, de Strabon, d'Ortelius, de Pomponius-Méla, de Malte-Brun et Mentelle ; le dictionnaire universel de la Martinière, celui de l'abbé d'Expilly, spécial pour l'ancienne France1, les atlas de Robert de Vaugondy et de Brué, les gran­des cartes marines de Bellin et de Mannevillette, etc.

La nouvelle carte du département de Loir-et-Cher, dressée par les officiers de l'état-major, est aussi com­plète que possible en détails de localité.

La collection Elzévirienne, dite Les Petites Républi­ques, 49 vol. in-24, offre une statistique abrégée de l'Europe aux XVIe et XVIIe siècles : dans ces savantes miniatures, la France a obtenu un volume privilégié, où notre bon pays de Blois est caractérisé en termes

1 Joignez-y la Description de la France, par Piganiol de la Force, et l'État de la France, par Bougainville, ouvrages pleins d'utiles ren­seignement» que l'on ne trouverait pas ailleurs.

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vraiment flatteurs1. Les Geographi minores de Dod-well sont une autre rareté.

Noire volumineuse série de voyages, pour avoir quelque peu vieilli, n'en conserve pas moins un vérita­ble intérêt, ne fût-ce que comme base de comparaison entre la physionomie ancienne des divers pays et leur état actuel.

On peut faire le tour du monde avec Bougainville, Cook, Lapérouse, Duperrey et La Place. Après ces grands réseaux de circumnavigation, viennent les ex­plorations partielles.

Les 19 vol. in-4° de l'Histoire générale des Voyges, par l'abbé Prevost et autres, n'ont pas perdu toute leur valeur, malgré les nouvelles découvertes survenues de­puis.

Les Voyages aux Indes Orientales et Occidentales, semés de curieuses gravures, furent publiés par De Bry et autres, à Francfort, de 1590 à 1634, en vingt-cinq parties in-f°. Les bibliographes prisent beaucoup ce recueil, surtout quand ils ont la chance de rencon­trer des exemplaires conservés et reliés comme le nôtre.

L'ouvrage du duc de Choiseul-Gouffier, sur la Grèce, et celui de l'abbé de Saint-Non, sur l'Italie, répondent par leurs proportions, aussi bien que parleur exécution, à la beauté des pays qu'ils décrivent. Ces deux livres,

1 « Cœlum hic serenum, ager fœcundus, et tritici vinique ferax, « omuiumque rerum copia affluens. » (Page 24.)

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ornés de planches en rapport avec le texte, sont di­gnes d'Athènes et de Rome.

Les Voyages en Autriche, par le comte de Laborde ; en Abyssinie, par MM. Ferret et Galinier ; en Améri­que, par M. d'Orbigny, nous ont semblé également re­marquables.

Les magnifiques publications sur l'Égypte et la Mo-rée, exécutées aux frais du gouvernement, ajoutèrent à la gloire de nos armes l'honneur plus durable des conquêtes scientifiques : on ne saurait trop applaudir à cette pensée généreuse de l'Empire et de la Restau­ration.

Un Blésois, Aucher-Éloy, a écrit une intéressante relation de ses voyages en Orient1.

La chronologie nous apparaît, sous les noms impo­sants de Scaliger, du père Petan, Orléanais, du Blé­sois Jean Dutemps (Temporarius), de l'Anglais John Blair, et des autres suppulateurs d'époques. L'Art de vérifier les Dates, par les Bénédictins (3 vol. in-f°, édition de 1783), donne les plus sûrs résultats de cette étude, hérissée de doutes et de difficultés.

L'histoire de l'humanité, au point de vue providen­tiel, pourrait se formuler tout entière dans l'admirable discours de Bossuet.

Après 1'aigle de Meaux, Herder et Ferrand ont envi-

1 En 1825, cet homme intelligent avait monté à Blois une impri­merie considérable, d'où sortirent de belles éditions. La bibliothèque peut montrer aux connaisseurs quelques échantillons, de ces produits typographiques.

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sagé la Philosophie de l'Histoire, chacun à sa manière et suivant le génie particulier de sa nation ; celui-ci avec la netteté du bon sens français, l'autre, sous l'em­pire un peu fantastique des idées allemandes.

Nos beaux exemplaires in-4° de Puffendorf et de l'histoire universelle dite de Psalmanasar1, embras­sent les annales de tous les peuples.

Les Leçons Synchroniques de mon vénérable prédé­cesseur, M. Gaudeau, sont un des meilleurs abrégés à l'usage des gens du monde.

L'histoire ecclésiastique, qui pendant de longs siè­cles fut à vrai dire toute l'histoire des États Européens, nous ouvre maintenant ses trésors d'érudition.

Les vastes et consciencieuses recherches de Lenain de Tillemont (22 vol. in-4°) éclairent les ténèbres ré­pandues autour du berceau de l'Église. Nous devons aux Bénédictins de France la Gallia Christiana, aux savants d'outre-Manche le Monasticon Anglicanum, orné de précieuses gravures ; à l'Oratorien Lecointe le commencement des Annales ecclesiastici Franvorum.

Voici des auteurs moins sévères, et partant plus goûtés : Fleury (bel exemplaire de l'édition in-4°), Choisy, Racine, Mosheim, etc. L'Histoire de l'Eglise de France, que publie en ce moment M. Guettée, prê-

1 La bibliothèque possède 35 vol. de l'édition in-4°, plus toute l'édition in-8° (125 vol.) Ce sont deux traductions différentes d'un même ouvrage, publié en Angleterre, au XVIIIe siècle, par une société de gens de lettres.

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tre blésois, prend place à côté de celle du père Longue-val, conçue dans un esprit tout différent.

Le grand ouvrage sur les cérémonies religieuses et les superstitions, orné des dessins de Bernard Picart, serait plus estimable, s'il ne respirait le scepticisme désolant du XVIIIe siècle.

La partie des ordres religieux se subdivise en compi­lations spéciales, toutes inachevées. Les Annales Bé­nédictines de Mabillon, les Annales des frères Mineurs (exemplaire aux armes du chancelier d'Aguesseau), celles de Cluny, de Saint-Ouen, de Saint-Denis et de Prémontré, celles des Jésuites, l'Histoire des illustres Dominicains, par le père Touron, etc., nous font con­naître les principaux centres de la vie monastique, et les vicissitudes des différents instituts.

Le trop fameux abbé Grégoire s'est fait l'historien des sectes religieuses de tous les siècles. Plusieurs de ces branches mortes, entre autres, les Manichéens, les Vaudois, les Flagellants, les Anabaptistes, ont en outre trouvé des monographes attentifs à retracer leurs folies ou leurs fureurs.

Les presses hollandaises éditèrent ce magnifique Josèphe (texte grec et version latine, 2 vol. in-f°), re­lié en vélin blanc, aux armes de la ville d'Amsterdam, qui le donna en prix à un élève de son collège1.

1 La bibliothèque possède plusieurs autres beaux livres honorés de la même destination ; tous sont reliés en vélin blanc, et portent sur les plats une figure de Minerve armée, symbole de la cité d'Amster­dam.

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Les saints et les légendes font la matière d'une as­sez grande quantité de livres. Les 38 in-f° de Baro-nius, avec les ouvrages plus usuels de Baillet et de Godescard, suppléent imparfaitement à l'absence des Bollandistes, que les curieux peuvent consulter dans la bibliothèque particulière de l'évêché de Blois.

Entre nos miscellanées hagiographiques, je men­tionnerai plusieurs dissertations pour et contre la sainte larme de Vendôme, pour et contre la robe sans couture d'Argenteuil : ces questions, qui aujourd'hui nous pa­raissent oiseuses, eurent en leur temps une importance réelle.

On frissonne en touchant les Annales de l'Inquisition espagnole.... Si les sombres opérations du Saint-Of­fice vous attristent, passez à la case suivante, où com­mence l'histoire profane. Vos souvenirs de collège ai­meront à se reposer sur la sérénité antique des histo­riens grecs et romains. Ce beau Salluste de Baskerville, cet autre Salluste traduit en espagnol (édition Ibarra de Madrid), ces charmants Elzéviers, et surtout ce Tacite in-12 avec sa reliure jansénistel, plaisent aux yeux comme à la pensée. Voulez-vous un format plus monumental ? Voici les in-f° des Scriptores Historiæ Romanæ, publiés à Heidelberg en 1743 et 1748, par Bennon-Haurisius ; voici les textes grecs, avec les ver­sions latines, des historiens byzantins, de l'imprimerie royale (23 vol. in-f°). Le Xénophon, de la même im-

1 Le Tacite in-4°, de Brotier, est aussi un fort beau livre.

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primerie, avec la traduction et les notes de Gail ; le Voyage en Grèce de Pausanias (prix d'Amsterdam, re­lié aux armes de cette ville), celui du Jeune Anachar-sis (de l'imprimerie Didot), sont d'autres livres à si­gnaler.

La France a été l'objet d'une visible prédilection. Ses principaux historiens sont ici rassemblés, dans leurs éditions les plus correctes depuis les Chroni­ques de Saint-Denis1, jusqu'à Pasquier et de Thou2 ; depuis Mézerai jusqu'à MM. de Sismôndi, Henri Mar­tin et Michelet, auxquels on arrive en passant par lés compilations intermédiaires du père Daniel, de Velly, Garnier, Villaret, Fantin-Desodoards et Anquetil, sans oublier le consciencieux abrégé du président Hénault3. Une attention spéciale est due aux savants blésois, qui de nos jours ont jeté de si vives lumières sur les ori­gines nationales. Désormais, toute série un peu com­plète d'historiens français devra commencer par les travaux des frères Thierry, de M. de Pétigny, et par le commentaire de M. Pardessus sur la loi Sa-lique.

1 Edition de M. Paulin-Paris, embellie d'une délicieuse reliure de Simier.

2 La meilleure édition de l'Histoire du XVIe siècle, par le prési­dent de Thou, est le texte latin imprimé à Londres ; la bibliothèque en possède un exemplaire in-folio, outre la traduction française de cet excellent ouvrage.

3 Bel exemplaire in-4°, richement relié, avec les portraits gravés par Desrochers.

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L'école historique moderne s'est appliquée sérieuse­ment à l'étude des anciennes institutions du pays. Dans cette nouvelle phase de la science, nous rencontrons, à côté des Dubos, des Bougainville, des Mably et des Hallam, les profondes leçons de M. Guizot, et l'utile recueil de Mlle de la Lézardière, travail de recherches, de critique et d'assemblage, fort extraordinaire pour un esprit de femme.

Une plume blésoise, qui accuse mieux son sexe, a fait revivre les figures, tour-à-tour riantes et désolées, gracieuses ou sombres, des reines de France : avec les pesantes anecdotes de Dreux du Radier, et d'autres compilateurs, Mlle Celliez a su faire un livre plein de charme.

De nos jours, les masses populaires ont trouvé, comme les sommités sociales, leurs annalistes et leurs peintres. L'Histoire des Français des divers états (de Monteil), couronnée par l'Institut, présente un tableau complet des moeurs et de la vie privée de nos pères : l'érudit, pour ne pas trop effaroucher ses lecteurs, a pris résolument les vertes allures du conteur. La même vivacité de forme anime et colore l'Histoire des Races Maudites de M. Francisque Michel.

Notre suite de chroniques et de mémoires s'étend de Grégoire de Tours à Saint-Simon1. La plupart sont d'an­ciennes éditions, généralement préférables aux der-

1 Notre édition de Saint-Simon est celle de Delloye, 1840 (40 vol. in-18). Nous devons au même éditeur les piquantes Historiettes de

Tallemant des Réaux (10 vol. in-18).

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nières réimpressions, pour la fidélité des textes et pour l'exécution typographique. Cette série, palpitante d'in­térêt, contient plusieurs écrivains blésois, acteurs ou témoins d'événements considérables, entre autres : le chancelier Hurault de Chiverny, Racines, sieur de Vil-legomblain en Beauce et bailli de Blois ; Palma Cayet, philologue et professeur de langues orientales au col­lège royal de Paris, en même temps qu'historien-, Guillaume Ribier, le savant bibliophile ci-dessus men­tionné (page 6).

Les troubles civils et religieux du XVIe siècle nous ont légué une piquante variété de publications du mo­ment. Les pamphlets des partis opposés se coudoient dans le même rayon : ainsi, l'Apologie de Jean Châtel est placée précisément à côté de la Légende du cardi­nal de Guise ; le plaidoyer pour la ligue froisse le libelle protestant. Les passions politiques de la même époque dictèrent au jurisconsulte Hotman le Franco-Gallia, audacieux factum en faveur des idées républicaines.

Les ennemis de la gloire de Louis XIV répandirent à l'étranger un écrit malveillant, intitulé : la France toujours ambitieuse et toujours perfide (in-12 imprimé à Ratisbonne en 1689). Joignez-y plusieurs diatribes, également anonymes, contre Richelieu, Mazarin, Col-bert, et autres grands ministres de l'ancienne monar­chie ; tant il est vrai que l'esprit d'opposition au pou­voir trouva toujours moyen de se manifester, même sous le régime le plus absolu !

Si de ces publications pleines de fiel, vous passez

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aux produits plus anodins de l'érudition, nous déroule­rons à vos yeux étonnés de tant de travail, de tant de patience, le vaste recueil des historiens de France (20 vol. in-f°), commencé par les Bénédictins, et continué par l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, digne héritière de la congrégation de Saint-Maur 1 ; les tables des diplômes et chartes par Bréquigny, dont notre in­fatigable compatriote, M. Pardessus, a repris la tâche interrompue ; les Documents inédits sur l'histoire de France (82 vol. in-4°), utile conception de M. Guizot, qui, parmi les plus violents orages de sa vie ministé­rielle, s'est toujours souvenu de ses premières études2.

Les 26 volumes du Mercure français (de 1605 à 1644) nous offrent les commencements du journalisme : on sait quel a été, depuis les feuilles naissantes de Richer et Renaudot, le prodigieux développement de cette invention.

L'immense Moniteur (130 vol. in-f°) embrasse tous les éléments de notre histoire contemporaine, jour par jour, depuis l'assemblée des Notables jusqu'au temps présent. La collection est complète ; il ne lui manque qu'une bonne et solide reliure, qui soit mieux en rap-

1 Les huit premiers volumes portent sur leurs plats les armes de la famille du célèbre banquier Samuel Bernard. Les suites de cette collection et de plusieurs autres de la même importance ont été reliées a l'antique, par imitation des commencements.

2 Les Monuments inédits de l'Histoire du tiers-état, recueillis par M. Augustin Thierry, entreront dans cette collection. Le premier vo­lume vient de paraître.

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port avec l'usage d'énormes volumes destinés à être feuilletés journellement1. L'Histoire parlementaire de la Révolution, par MM. Buchez et Roux, offre une ana­lyse, souvent fautive, des procès-verbaux du journal officiel. On doit peu regretter l'absence de mémoires nouveaux ; la plupart ne sont guères que des spécula­tions de librairie, ou des monuments de vanité person­nelle ; vous pouvez en juger par ceux de la marquise de Créquy et par ceux de Lafayette, les seuls qui jus­qu'à ce jour soient entrés dans nos rayons.

Il est fâcheux néanmoins que la bibliothèque n'ait pas conservé, à titre de documents historiques, toutes les feuilles de la localité. Ces éphémérides, peu appré­ciées à leur apparition, acquièrent en vieillissant une valeur de curiosité. La moins incomplète de nos col­lections en ce genre, est celle du Journal de Loir-et-Cher, depuis l'année 1838.

La réunion des procès-verbaux des assemblées pro­vinciales tenues en 1787 par ordre de Louis XVI, fait connaître les besoins et les vœux des différentes zones de l'ancienne France, à cette époque d'ébranlement général et d'aspiration vers un ordre de choses meil­leur. Dans le même temps, parurent maintes disserta­tions de circonstance sur le droit public et sur les assemblées nationales : M. de Thémines amassait soi¬

1 Notre Moniteur est cartonné par semestres. Le texte entier de tous les discours bons ou mauvais a prodigieusement grossi les volu­mes, surtout depuis 1880. On reconnaît de loin les épais billots qui correspondent aux époques de sessions législatives.

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gneusement ces instructives brochures qui nous vien­nent de lui.

Les recueils de Mayer et de Barrois contiennent tout ce qui regarde les états généraux. Un manuscrit du XVIe siècle rend compte de la célèbre session de 1576, qui eut lieu à Blois : cette relation authentique fut rédigée en forme de journal par le sieur de Blanchefort, député de la noblesse du Nivernois1 ;

La bibliothèque doit s'applaudir de posséder les vastes travaux de dom Lobineau et dom Morice sur la Bretagne, de dom Plancher sur la Bourgogne, de dom Vaissette sur le Languedoc, de dom Calmet SUT la, Lorraine, de Sauvai et de dom Félibien sur Paris, etc. Le Blésois n'eut point, comme ces provinces, la chance d'être exploré en temps opportun par la science béné­dictine : une funeste incurie a laissé périr la plupart des matériaux de son histoire ; à peine peut-on ressaisir çà et là quelques débris échappés du naufrage. Un de nos concitoyens les plus distingués, l'auteur de l'Histoire des châteaux de Blois et de Chambord, et des Recher­ches sur les antiquités de la Sologne, a commencé par­mi nous cette œuvre de restitution archéologique.

Les seuls ouvrages anciens que la Bibliothèque pos­sède sur le passé de nos contrées, sont : l'Histoire de Blois du médecin Bernier (1682), livre défectueux sous plus d'un rapport, mais toujours très utile à consulter, malgré son grand âge ; et une Histoire manuscrite de

1 J'en ai fait l'objet d'un travail particulier (manuscrit).

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l'abbaye de Saint-Laumer, composée en 1646 par Noël Mars, religieux de cette maison de Bénédictins. (On trouvera jointe à ce manuscrit intéressant, une notice spéciale que j'ai composée sur l'auteur et sur l'ou­vrage.)

Nous quittons la France pour entrer dans les autres pays de l'Europe.

L'histoire d'Italie nous offre les collections monu­mentales de Muratori et de Grœvius, sévèrement reliées en vélin blanc, avec les ouvrages de Guicciardini et de Giovamba ; l'exemplaire de ce dernier porte les armes de Colbert.

L'Angleterre compte ici plusieurs livres estimés : Hume, Rapin-Thoyras, Larrey, Maitland, Camb-den, etc. : pourquoi n'y voit-on pas également l'ou­vrage plus récent du docteur Lingard ? Une superbe édition de Mathieu Paris est reliée aux armes du comte de Hoym, riche bibliomane du XVIIIe siècle.

L'Espagne a sa grande histoire du jésuite Mariana, traduite par un confrère, le père Charenton, de Blois.

L'histoire d'Allemagne s'est récemment accrue des Monumenta Germaniæ, large compilation où se révèle toute la persistance du génie tudesque.

On désirerait que les états du nord de l'Europe fus­sent remontés de publications modernes. C'est, en effet, une des parties les plus arriérées de notre section histo­rique. Le même besoin se fait sentir pour l'Asie, l'Afrique et l'Amérique : toutefois, on trouve encore d'excellentes choses dans les curieuses relations que

— 55 — les Jésuites missionnaires du dernier siècle nous ont laissées sur l'Inde, la Chine, le Japon, le Paraguay.

Les fines estampes de la Suecia antiqua et hodierna d'Eric Dalberg (2 vol. in-4°, 1693-1714), reproduisent toute la suite des monuments et des curiosités de Suède. Les Mémoires de Christine intéressent par le caractère et les vicissitudes du personnage principal.

Les amateurs d'antiquités grecques et romaines se complairont à nos exemplaires in-f°, vélin blanc, de Gronovius, de Grœvius et de Gruter1 ; ils feront une pause obligée devant les 35 volumes in-f° de l'Anti­quité expliquée du bénédictin Montfaucon2 : ils ne dédaigneront pas non plus de savantes monographies sur les vases étrusques3, les peintures murales, et les pierres gravées.

Nous remarquerons ici les glyptographies de Ma­riette, de Rossi, de Stosch (gravures de Bernard Picart), avec les descriptions particulières des pierres précieuses du cabinet de l'ancien palais royal, du museum Odes-calchum, etc.

La même case contient d'autres ouvrages à gravures, qui traitent de divers monuments, tels que : les ruines d'Héliopolis, d'Athènes et de Pœstum ; les bains de

1 Le Thesaurus inscriptionum, de Gruter, se complète par celui de Muratori (exemplaire armorié).

2 Nous possédons du même auteur : les Monuments de la Monarchie française, le Diarium Italicum, et autres ouvrages d'antiquités.

3 Le premier volume du beau travail de MM. Lenormant et de Witte sur l'art céramographique, attend une continuation.

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Titus, les bains de Livie, les obélisques, les ares de triomphe, les marbres d'Oxford, les lampes antiques (lucenæ fictiles). On y trouve aussi les monuments inédits de Winkelmann ; puis, les détails des curieuses collections appelées : museum Romanum, museum Cor-tonense (exemplaires aux armes du duc de Penthièvre), museum Capitolinum, museum Etruscum, museum Veronense, Cabinet de la bibliothèque de l'abbaye de Sainte-Geneviève, etc.

Le Parthénon de M. de Laborde, don tout récent du gouvernement, est à la hauteur de l'incomparable chef-d'œuvre architectural qu'il fait revivre à nos yeux.

La mise au jour des monuments de l'Egypte et de la Nubie par M. Champollion, est une œuvre de science et d'art à la fois, que recommande le double mérite du texte et des planches.

L'érudition payenne du XVIIIe siècle nous a légué toutes sortes d'études sur les dieux et les déesses de l'Olympe. Un savant abbé, La Chau, bibliothécaire du duc d'Orléans, composa le mémoire que vous voyez, sur le sujet, fort peu ecclésiastique, des différents at­tributs de Vénus, mis au concours en 1775 par l'Aca­démie des Inscriptions et Belles-Lettres1.

Le Piranesi fait passer sous vos yeux les monuments de Rome et de l'Italie, tandis que le Museum Floren-

1 l a religion des Gaulois fait aussi le sujet de livres curieux, entre lesquels je citerai le Réveil de l'antique tombeau de Chyndonax, par Guenebault, et les recherches de dom Martin.

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tmum retrace les richesses de la fameuse galerie des grands ducs de Toscane.

Les antiquités d'Herculanum et de Pompeï vous ini­tieront aux détails secrets de la vie privée des Romains1. Ces livres, et plusieurs autres de la même catégorie, tels que la Description de la maison de campagne d'Horace, la Matinée d'une dame Romaine, les Satur­nales de Juste Lipse, les Repas Romains de Ciaco-nius, etc., démontrent par de saisissants exemples, que l'extrême civilisation touche de près à la décadence des mœurs.

L'archéologie française débuta, dans le dernier siè­cle, par l'ouvrage de M. de Caylus : ses sept volumes in-4° donnèrent l'impulsion à des recherches que nous avons vues depuis si actives et si persévérantes.

On sait dans quel discrédit était tombé, avant sa récente réhabilitation, le style architectural impropre­ment nommé gothique : aussi faut-il arriver jusqu'à nos jours pour voir apparaître dans des livres spéciaux, comme ceux de M. de Caumont (Cours d'antiquités mo­numentales) et de Dusommerard (les Arts au moyen-âge, avec le bel atlas), l'étude attentive des édifices re­ligieux et nationaux du pays.

La description des nouveaux Jardins de la France et de ses Châteaux, par le comte de Laborde ; la Sta­tistique monumentale de Paris, par M. Lenoir ; les Mo-

1 Voyez notamment le grand ouvrage de l'imprimerie royale de Naples (1757), et une autre description des mêmes antiquités, pu­bliée à Paris en 1780, avec les jolies gravures de David.

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numents d'Orléans dessinés par M. Pensée, les vues du château de Chenonceaux par M. Massé, architecte à Blois ; l'Album des châteaux du Blésois et de la Tou-raine (texte de M. Walsh) ; l'Histoire de la peinture sur verre, par M. de Lasteyrie, sont d'heureuses acquisi­tions. J'en dirai autant des monographies sur les cathé­drales de Chartres et de Noyon, des tapisseries histo­riques de M. Jubinal, etc. Quant aux Peintures des manuscrits français, c'est, je le répète, une faveur insigne qui nous a valu l'envoi gratuit de cette riche publication. (Voir ci-dessus page 12.)

La bibliothèque doit aux légitimes sympathies de son conservateur actuel un choix d'ouvrages modernes de numismatique. M. de la Saussaye ne pouvait moins faire pour une étude, qu'il a tant contribué à raviver par la fondation d'une revue spéciale, publiée périodiquement à Blois depuis 1836. Un de ses collabo­rateurs, M. Ad. Duchalais, de Beaugency, a donné séparément la Description des Monnaies Gauloises de la Bibliothèque Boyale, in-8° élégamment relié1.

La généalogie est une autre branche, non moins intéressante, des paralipomènes historiques. Les d'Ho-sier, les Anselme, les Ange de Sainte-Rosalie2, les

1 D'autres reliures, d'une distinction remarquable, appartiennent à la même catégorie de livres. Les seize volumes déjà parus de la Revue Numismatique, ornent un rayon d'élite.

2 Ce savant moine Augustin était de Blois ; on lui doit en partie l'Histoire généalogique des grands Officiers de la Couronne, un des meilleurs ouvrages en ce genre (9 vol. in-folio).

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La Chesnaie, ont conservé dans leurs nobiliaires les souvenirs de famille qui justifient le culte des ancêtres. La même sympathie s'attache à nos traités d'art héral­dique : le père Ménétrier et Vulson de la Colombière, font autorité en cette matière.

La paléographie n'est pas morte avec les Bénédictins. Mabillon, Tassin, Toustain, et leurs confrères en diplo­matique, ont trouvé un digne successeur dans M. Na-talis de Wailly. Leurs ouvrages, ici rassemblés, apla­nissent toutes les difficultés des plus anciennes chartes.

L'histoire littéraire de la France, commencée par les Bénédictins et poursuivie par des membres de l'Acadé­mie des Inscriptions, celle d'Italie par Ginguené, avec la continuation de Salfi, et surtout les mémoires com­plets des différentes classes de l'Institut de France (302 vol. in-4°, parfaitement reliés), permettent de sui­vre pas à pas la marche progressive de l'esprit hu­main.

Le génie, rude encore, d'un peuple qui naissait à la civilisation, s'est révélé dans les premiers travaux de l'Académie de Saint-Pétersboug, publiés en latin, de 1726 à 1775 (39 vol. in-4°).

Quelques sociétés littéraires de province ont déposé ici leur modeste bagage. Celle de Blois, fondée en 1832, a fourni un contingent raisonnable de quatre volumes in-8°.

Les aperçus nouveaux et ingénieux de Schœll sur les écrivains grecs et latins, de MM. Villemain, Ampère,

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Sainte-Beuve, Nisard, Philarête Chasles, sur les litté­ratures française et anglaise, rajeunissent agréablement la science des vieux aristarques.

En quittant la grande salle pour entrer dans celle de lecture, nous rencontrons d'abord la bibliographie, riche des soigneuses recherches de l'oratorien Lelong, des bibliothécaires Fabricius, Struvius et Peignot, du béné­dictin Ceillier, du docteur Ellies Dupin, de l'abbé Gou-jet, du philologue Baillet, des libraires Debure, Brunet et Barbier.

Parmi ces laborieux répertoires des œuvres de l'in­telligence, la bibliographie des ordres religieux occupe une place proportionnée aux richesses de l'érudition monastique1.

Les catalogues de plusieurs grandes collections, pu­bliques ou particulières, méritent également qu'on s'y arrête. Il y a plus de talent et d'utilité que l'on ne pense, dans la confection d'inventaires comme ceux de la Bibliothèque nationale de Paris2, des bibliothèques royales de l'Escurial et de Madrid, des fonds La Val-lière, Colbert, Coislin, Rothelin, etc.

Les notices des manuscrits français de la bibliothè­que du Roi font honneur aux patientes recherches en même temps qu'à la plume distinguée de M. Paulin Paris.

1 Notre exemplaire de la Bibtioiheca ordinis Prædicatorum, de Quetif et Echard (2 vol. in-folio), est, comme celui des Historiens de

France, relié aux armes du fameux banquier Samuel Bernard. 2 Dix volumes seulement ont paru, de 1739 à 1750 : quand viendra

la suite de cet intéressant travail ? . . .

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La littérature périodique s'annonce par les 152 in-4° du Journal des Savants, commencé en 1665 et con­tinué jusqu'à nos jours. Viennent ensuite les Acta eru-ditorum (117 vol. in-4°, vélin blanc), publiés de 1682 à 1776, par les érudits de Leipsick ; mine inconnue d'où furent exhumés, il y a vingt ans à peine, les titres de notre immortel Denis Papin à la gloire d'une inven­tion merveilleuse ; quelques parties incomplètes du Mercure Galant ; les Nouvelles de la République des Lettres, profondément imprégnées du scepticisme de Bayle ; l'Année littéraire, où Fréron faisait une guerre incessante à Voltaire et aux encyclopédistes ; le Pour et le Contre, moins impartial que son titre semblerait l'annoncer ; les Bibliothèques de Basnage et de Leclerc, écrites dans un esprit protestant ; le Journal de Tré­voux, que les Jésuites opposèrent en vain au déborde­ment des doctrines philosophiques ; les premières sé­ries des deux plus anciennes revues anglaises, Monthly review et Annual register ; 116 volumes de la Biblio­thèque Britannique, etc. Tous ces mélanges, malgré leur caractère fugitif, sont encore recherchés pour l'histoire des idées, des mœurs et de la littérature d'autrefois.

Une publication demi-sérieuse, que nous recevons depuis 1837, la Revue des deux Mondes, emprunte les vives et brillantes allures de la nouvelle école.

Le Correspondant se consacre à la défense, si op­portune, des principes religieux.

— 62 — La Revue Archéologique est une des plus solides

spécialités de la presse savante. N'oublions pas le Bulletin des comités historiques,

et les Archives des missions scientifiques : ces publica­tions mensuelles, remplies de documents curieux, pa­raissent depuis 1848, sous les auspices du ministère de l'instruction publique, qui veut bien nous en grati­fier.

Les bibliographes, comme les critiques, comme les archéologues, comme toutes les catégories de savants, deviennent beaucoup moins arides, et se font lire avec plus d'agrément que leurs devanciers. Ainsi, le Bulletin du bibliophile, tout pétillant de l'esprit du bon Charles Nodier1 ; les Analecta-Biblion du marquis du Roure2, la Bibliothèque de l'École des Chartes, sont des feuilles où l'érudition, dépouillant sa vieille austérité, a revêtu des formes attrayantes.

La partie biographique, couronnement glorieux de l'histoire, met à votre disposition : le Plutarque grec, traduit par Amyot, édition de Vascosan, 1567 ; les au­tres traductions du même auteur, par Dacier et par Ri­card ; le Moréri, le Bayle, avec la continuation de Chauffepié ; les compilations de Thevet, de Niceron,

1 Le premier de tous, cet aimable écrivain a su rendre la biblio­graphie amusante ; sa plume ingénieuse a lait trouver du charme jusque sous la poussière des moindres bouquins ; c'est bien le comble de l'art.

2 Deux volumes in-8°, 1836, contenant d'intéressantes notices sur un choix d'ouvrages rares et singuliers.

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d'Auvigny ; le Dictionnaire si usuel des frères Michaud, avec les suppléments (82 vol. in-8°) ; le nouveau Plu-tarque français ; la Biographie des Contemporains, imprimée à Blois, en caractères minuscules, par Au-cher-Éloy. On remarque en outre plusieurs monogra­phies sur certaines illustrations hors ligne1. Il est quel­ques-uns de ces livres, dont les héros ne méritaient guère les honneurs individuels de l'histoire : par exem­ple, on aurait bien pu se dispenser de nous raconter en détail la vie du féroce baron des Adrets, et d'entas­ser dans une rapsodie ad hoc les exploits des plus célè­bres larrons.. . La célébrité ne devrait pas descendre si bas.

Aux amateurs des publications de luxe et des por­traits, nous pouvons exhiber les grands hommes du siècle de Louis XIV, par Perrault2 ; les personnages illustres de l'Angleterre, gravés par Houbraken et Vertue (Londres, 1743), etc.

Il me reste à mentionner une petite case où se trou­vent réunies nos éditions des premiers temps de l'im­primerie3. La plupart sont en caractères gothiques, et

1 Telles sont : la Vie d'Erasme, par Burigny ; les Histoires de Bossuet et de Fénélon, par le cardinal Bausset ; les Mémoires sur la vie de Pétrarque, par l'abbé de Sade ; les Mémoires de Benvenuto-Cellini ; le travail de M. Quatremère de Quincy sur Canova, etc.

2 Presque tous les matériaux de cet ouvrage furent rassemblés et fournis par un blésois distingué, Michel Bégon, conseiller d'état et intendant de La Rochelle.

3 J'ai consacré une notice spéciale (inédite) aux curiosités impri­

mées et manuscrites de cette case d'incunables.

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quelques-unes sans date précise, telles que la traduc­tion française du Nouveau-Testament, des Augustins Macho et Farget, imprimée à Lyon par Barthélemy Buyer (édition présumée antérieure à 1480) : celle de toutes qui porte la date la plus ancienne, est une his­toire de Florence, texte italien, imprimée à Florence, en 1473, en beaux caractères romains, par Jacques de Rossi, typographe français.

Le Manipulus curatorum (Manuel des curés), impri­mé en 1484, fournit des renseignements peu connus sur l'état de la discipline ecclésiastique et de la litur­gie gallicane, au commencement du XIVe siècle, épo­que où vivait l'auteur, Guy de Montrocher, savant théologien de France.

L'Arbre des batailles, édition de 1493 (très rare), ornée de bonnes vignettes sur bois, est un document plein d'intérêt pour l'étude des mœurs féodales et pour l'intelligence exacte de la chevalerie.

On peut aussi ranger parmi les raretés, une méthode de plain-chant, utilissimœ musicales regulæ, impri­mée à Paris, en 1501 : la Bibliothèque Nationale elle-même ne possède pas cet opuscule devenu presque in­trouvable.

Le texte latin et les piquantes gravures de la Nef des sots, de Sébastien Brandt (1505), personnifient au na­turel les nombreuses variétés de la folie humaine.

Un volume de mystères, daté de 1517, nous reporte à l'enfance du Théâtre-Français.

La même case contient quelques livres d'heures, en

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caractères gothiques, illustrés de gravures. Outre ceux dont j'ai déjà parlé (page 4 5), je mentionnerai encore : une édition sans date, imprimée sur vélin réglé, avec figures coloriées ; une autre aussi sur vélin, publiée en 1502 par Thielman Kerver, libraire à Paris, embellie de bordures et de vignettes. Ces élégants paroissiens, véritables objets d'art, sont, comme presque toutes les heures de la même époque, consacrées à la Sainte Vierge, que nos pères honoraient d'une dévotion fer­vente.

Nous voici arrivés au terme de notre excursion bi­bliographique. Ces aperçus rapides suffiront peut-être pour donner une idée de l'ensemble du dépôt littéraire, dont l'administration municipale a bien voulu me con­fier la garde. Trop heureux, si j'avais pu inspirer à mes lecteurs blésois une estime mieux sentie pour leur ri­che bibliothèque, et surtout le désir, suivi d'effet, de la fréquenter davantage !

Nos bons et vieux livres, nos bouquins, comme on les appelle dédaigneusement, n'offrent pas, j'en con­viens, un aussi vif attrait que les productions sédui­santes de la presse contemporaine ; mais, en revanche, ils nourrissent beaucoup mieux l'esprit, forment plus sûrement le goût, et sont moins susceptibles de gâter le cœur. Quand donc notre génération intelligente re-viendra-t-elle à cette source, trop délaissée, du vrai sa­voir et de la saine littérature ?

5

ERRATUM.

P. 14, ligne 1re de la note. — Le volume (rare) qui porte les armes de Séguier, est le supplément de Delalande aux Concilia antiqua Galliæ, de Sirmond.

ADDENDA.

P. 13. — Les pères de la reliure française, Deseuil, Padeloup et Derome, ont travaillé sur un certain nombre de nos livres provenant du fonds Thémines.

P. 18, ligne 1re. — Les interprètes et les théologiens jésuites, si recherchés de nos jours (Cornelius à lapide, Molina, Sua-rès, etc.), manquent aux cases de notre bibliothèque. Ils étaient moins appréciés à l'époque de sa formation primi­tive.

P. 20, fin. — Remarquez aussi : la Bibliotheca maxima pontificia, de Rocaberti (21 vol. in-folio) ; les Bullaires ; le Traité de la Discipline ecclésiastique, de Thomassin (bel exemplaire armorié) ; les ouvrages de Van Espen, Pithou, Févret, d'Héricourt, et des autres soutiens du vieux gallicanisme.

P. 27, I. 14. — Riches exemplaires de Pline-le-Jeune (édition Hardouin) et de l'illuminé Swedenborg.

— 67 — P. 28, 1. 26. — OEuvres d'Ambroise Paré, le père de la chirur­

gie française (édition de 1840). — Histoire de la médecine, par Bernier, l'historien du Blésois.

P. 32, fin. — Nouvelle édition Didot du Trésor de la Langue grecque, d'Henri Estienne.

P. 48. — Paul Jove (édition de Florence, 1550). — Mézeray, bel exemplaire de l'édition Guillemot, la meilleure de toutes. — Le père Daniel, avec la continuation de Griffet (bel exemplaire).

P. 49, 1.14. — Mlle Celliez vient de publier aussi les Reines d'Angleterre, et nous promet les Saintes de France, pour compléter celte galerie d'illustrations féminines.

P. 50. — Parmi nos anciennes éditions de mémoires, on re­marque : le Joinville de Ducange et celui de l'imprimerie royale, Froissart et Monstrelet, Comines, Castelnau, Condé, Sully (édition originale, aux trois TJ.

P. 53, 1-13. —....... de Bouche et de Papon sur la Provence, de Moret de Bourchenu sur le Dauphiné, de Ruffi sur Marseille, d'Aigrefeuille sur Montpellier.

P. 54, fin. — Nous n'aurions pas dû oublier les Républiques Ita­liennes, de Sismondi, ni l'Histoire de Russie, par Léves-que....... mais je n'en finirais pas, si je voulais reporter ici tous les bons livres que les bornes d'une simple notice m'ont obligé d'omettre. Je préfère renvoyer les curieux au catalogue méthodique de M. Rabillon (4 vol. in-folio), et au catalogue alphabétique de M. Gaudeau (3 vol. in­folio).

OUVRAGES DU MÊME AUTEUR.

Essais Historiques sur le Monastère et l'École de Pont-Levoy, in-18.

Histoire de Blois, 2 vol. in-8°.

Notice sur Montrichard (Loir-et-Cher), in-8°.

Mémoires manuscrits sur divers sujets d'Histoire et de Littérature, particulièrement en ce qui concerne l'an­cien Blésois.

Les pages intermédiaires sont blanches

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