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NOT'JC1 SUR LE BARON DE SALIS Membre titulaire Lite •à la séance du 25 Aof,t 1881. Le il er oet&bre 1880 l'Académie de Metz perdait, 'dans la personne de M. le baron de Salis, un de se membres les plus anciens elles plus éminents. Elle conserve 4e lai - le souvenir d'un esprit 'eniar- quableient doué, et des plus cultivés en des genres nombreux et variés. Cependant, ni dans les volumes de ses Mémoires ni sur les rayons de sa biblio- ihècue, on ne trouve rien du confrère si regretté dont nous déplorons la perte. M. de Salis, pen -dant une longue vie toute vouée à l'étude, n'a jamais Tien publié, sauf une simple lettre écrite à propos ffifine question d'archéologie -et dont nous parierons plus loin. 'Celle singularité tient à l'ex- trême modestiede cet homme distingué, à un certain dédain pour la notoriété baiïale accordée généra- lement tpar le publie -à ceux' que recommScleùt seulement les travaux dérùclition, et, avant but, à un éLoignement prononcé quil a -toujoûrs eu pour 1'expresion et la commit icatiôn -de •ses idées. qÏ admettait peu de personnes à la -confidenée de ses pensées. fiIà ' rai'ement4crit, et-quand fi l'a 'fail, il presque toujours détruit .flhalenÏent ce -4ï0i1 :avait produit. Pour fixer aujourdh'ui lie souvenir -'dé ses Document liii I IFIl lI 101111 11111V 11 0000005565726

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NOT'JC1

SUR

LE BARON DE SALISMembre titulaire

Lite •à la séance du 25 Aof,t 1881.

Le il er oet&bre 1880 l'Académie de Metz perdait,'dans la personne de M. le baron de Salis, un de semembres les plus anciens elles plus éminents. Elleconserve 4e lai - le souvenir d'un esprit 'eniar-quableient doué, et des plus cultivés en des genresnombreux et variés. Cependant, ni dans les volumesde ses Mémoires ni sur les rayons de sa biblio-ihècue, on ne trouve rien du confrère si regrettédont nous déplorons la perte. M. de Salis, pen-dant une longue vie toute vouée à l'étude, n'ajamais Tien publié, sauf une simple lettre écriteà propos ffifine question d'archéologie -et dont nousparierons plus loin. 'Celle singularité tient à l'ex-trême modestiede cet homme distingué, à un certaindédain pour la notoriété baiïale accordée généra-lement tpar le publie -à ceux' que recommScleùtseulement les travaux dérùclition, et, avant but, àun éLoignement prononcé quil a -toujoûrs eu pour1'expresion et la commit icatiôn -de •ses idées. qÏadmettait peu de personnes à la -confidenée de sespensées. fiIà 'rai'ement4crit, et-quand fi l'a 'fail, ilpresque toujours détruit .flhalenÏent ce -4ï0i1 :avaitproduit. Pour fixer aujourdh'ui lie souvenir -'dé ses

Document

liii I IFIl lI 101111 11111V 110000005565726

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travaux, il faut recourir au témoignage de ceux quiont pu l'approcher. L'Académie a bien voulu nousconfier la tâche de cette sorte d'enquête. Elle connaîtles liens d'étroite amitié et d'intimes relations quinous attachaient à M. de Salis. Elle peut compter surle zèle au moins que nous mettrons â remplir sesintentions.

Dans ces circonstances, on nous pardonnera denous étendre un peu -plus peut-être qu'il n'estd'usage de le faire dans de semblables occasions, surles travaux dont nous aurons à rendre compte.Ordinairement, en pareil cas, il s'agit simplement derappeler d'une manière succincte ce que tout lemonde sait déjà ; aujourd'hui nous avons à faireconnaître ce que presque tous ignorent. Nous nesommes heureusement pas absolument réduit, pourle faire, à de simples souvenirs. Nous avons purecouvrer dans les papiers laissés par M. de Salisquelques notes, quelques fragments échappés à safuneste habitude de destruction ; et nous en possé-dons en outre quelques autres encore, libéralementcommuniqués par lui au cours de nos relationspour nos propres travaux, parmi les minutes desquelsnous les retrouvons aujourd'hui.

Les sujets d'étude auxquels s'est appliqué M. deSalis sont très-variés. Ce sont les Mathématiques etquelques-unes de leurs applications, la Gnomonique•entre autres, dont il !s'est beaucoup occupé laGéologie qui l'a captivé à un certain moment, mais àlaquelle il me s'est pas arrêté longtemps l'Histoirequ'il a cultivée avec prédilection dans quelques-unesde ses branches surtout, dans l'Archéologie notam-ment, dans la Paléographie et dans la Diplomatique;la Bibliographie sGus.toutes ses formes; et les Lettres

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anciennes que, daiis un commerce habituel avec unpetit nombre d'auteurs préférés, il a pratiquées àtous les moments de sa vie, et jusque dans sesderniers jours.

Nous ne remplirions pourtant assurément pas lesintentions de l'Académie, si nous nous bornionsà parler des travaux de M. de Salis. Pour rendit âsa mémoire l'hommage dont elle veut .l'honorer, c'estde l'homme au moins autant que de son oeuvre qu'ilconvient de fixer le souvenir. Ce qu'il faudrait pourne pas tromper son attente, ce serait â la fois unportrait, un portrait moral bien entendu, et unehistoire. Pouvons-nous espérer y répondre, en rap-pelant simplement les traits principaux d'un caractèrenettement accusé, dont l'impression est toute vivantechez chacun de nous, et en présentant sans artificel'esquisse très-simple d'une vie peu accidentée, avecles explications que peuvent réclamer deux ou .troisactes essentiels qu'on y remarque, et. l'expositionsurtout des études qui l'ont presqu'exclusivementremplie. Ces dernières considérations, à la suite desautres , nous ramèneront tout naturellement autableau que nous voulons surtout présenter ici destravaux de notre ancien et regretté confrère.

M. de Salis mort à Beaumarais près Sarrelouisle Ier octobre 1880,était entré dans sa 78° année 4e27 janvier précédent. Il était né en effet à pareilledate de l'an 1803, au château de l'Escafotte, com-mune de Flines-lès-Mortagne, arrondissement deValenciennes, dans le département du Nord. Ilappartenait à une grande famille bien connue, entréeau siècle dernier, avec l'État des Grisons, dans lanationalité Suisse, et qui a donné dans tous lestemps à la France des serviteurs dévoués et fidèles.

ML'enfant reçut une éducation toute française. Nousn'avons rien de plus â dire de lui, jusqu'au momentoft, â i'4ge de 1.8 ans, ii, est reçu en 1.821 â l'Écolepolytechnique. 11 y entre du reste sans renoncer

a nationalité originaire, -qi'il us devait abandonnerque plus tard, lorsqu'il brigua en 1849 le titre dereprésentant du département de la Moselle â I'Assem-114e législative.

La promotion appelée à FÉcole polytechnique le49 octobï'e 4821 comprenait 74 élèves seulement.Citons parmi ceux qui sont sortis de cette promotionquatre ingénieurs distingués, Léonce ReynaudTilrion, Co1ligno et Per.d.onnet, dont nous rappe-'lofis les noms à cause de leur notoriété et parce quedeux dentre eux àpjiarteiiaient à notre lycée oucollège de Metz. Citons encore parmi ceux qui ontsuivi dès catFières militaires, le maréchal Niel, legénéral Euniet de Monfort et -le colonel -de Briey.Ces deux -derniers sont les camarades de ce temps-auxquels M. -de Salis était resté le plus particulière-ment attaché. En 1823, Niel, Monfort, de Briey etSalis arrivaient à Metz pour entrer à l'École d'appli-cation; les trois premiers dans l'arme t génie,Salis dans celle de i"artillerje. Nous saisissons alorschez celui-ci un premier témoignage de -deux traitsssdntiels de son caractère et de son esprit l'indé-

pendance et le goût pour les études spéculatives. - Onlui prescrivait à Metz des travaux spédialementpropres à la carrière militaire dans laquelle ilentrait; il se livre avec passion à l'analyse et aux

athématiques 'pures -vers 'lesquelles il se sentaitd'ailleurs -natu'rellement porté, et qu'il a depuis lorstoujours cultivées avec prédilection. La 'conséquenceJe eetfe Unfraction .à ;la règle -fut que -pour icompléter

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ses études militaires en retard; il dut rester 4 l'Éqçlede Metz un an de plus que ses camarades. Il n'esortit donc qu'en 4826. Il était lieutenant. d'artillerie,et, il entrait en cette qualité dans un régiment quivenait peu de temps après tenir garnison à Besançon.C'est dans ces circonstances que se formèrent entreM. de Salis et Monseigneur de Rohan, archevéquç 4eBesançon, des relations dont nous dirons en passantquelques mots.

Monseigneur de Rohan , qui devait recevoir 1pourpre en 4830 et qui mourut en 1833, était jeuneencore; il etait né eu 1788. Après avoir vécu dans lesiècle et figuré avec un grade élevé dans l'armée.,rendu veuf par une .catastrophe, il était entré tardi-verront dans les ordres, en 189. Il était prêtredepuis quelques années seulement, et archevêque. deBesançon de la veille en quelque sorte (1828), quandle jeune lieutenant d'artillerie se trouva rapprochéde lui. M. de Salis, né de parents protestantsétait peu attaché â la religion qu'il tenait d'eu;mais s'il s'en éloignait, c'était pour se livrer à undoute qui portait plus loin que les. formes parti cuhères du culte qu'il délaissait. Il raisonnait volontierssur ces matières dont l'étude le captivait, et dont hdiscussion exerçait sur lui dès cette époque un attraitqu'elle a toujours conservé. L'éminent prélat, hommede foi sincère, avait distingué le jeune officier e ill'avait encouragé à entrer de plus en plus avec luidans des relations qui étaient devenues graduelle-ment fort étroites. Que les questions religieuseseussent été agitées dans ces -rencontres; quel'Evôque y eût naturellement pris â tâche de vaincre.l'incrédule sur son terrain.; et que celui.çi se fûtappliqué à 'y défendre , c'est ce qu'on pourrait

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supposer sans trop se hasarder, n'eût-on pas commenous l'avons dans les confidences de M. de Salislui-même, un témoignage formel montrant que leschoses se sont passées ainsi, avec la preuve que cesluttes courtoises n'avaient nullement diminué l'estimeréciproque des deux contradicteurs l'un pour l'autre.M. de Salis, rappelant ces faits, ne parlait jamais ducardinal de Rohan qu'avec le plus affectueux respect.Il conservait dans sa bibliothèque une Bible quele prélat lui avait donnée en se séparant de lui (t),avec ces mots écrits de sa main sur la premièrepage « Domine, si tu es, jube me S te venire », frag-ment d'un verset de l'évangile de saint Mathieu(XIV, 28), où il est dit que saint- pierre voyant Jésusdebout sur les flots, lui dit « Seigneur, si c'estvous, commandez que je vienne à vous porté sur leseaux t Jube nie S te venin super aquas . En sup-primant les deux derniers mots du verset, Monsei-gneur de Rohan avait évidemment voulu transformerjusqu'à un certain point le sens primitif du textesacré, pour l'approprier, ainsi modifié, à la situationde l'incrédule de bonne foi, déclarant que si l'obscu-rité se dissipait devant ses yeux, il ne se refuseraitpas â croire. Il n'y a aucune raison de douter quetel n'ait été le langage que tenait alors au prélatM. de Salis, d'accord en cela avec l'altitude qu'il atoujours gardée en ce qui touche les dogmesreligieux.

(1) cette Bible est un volume in-8' imprimé sur deux colonnes, kBesançon, en 1829. M" de Salis l'a donnée le 17 octobre 1880,M. Eleck, alors vicaire-général de I'évèché de Metz, bientôt après sacréévêque et nominé coadjuteur de ce siège, qui avait été appelé prèsde M. de Salis dans les derniers jours qui ont précédé sa fin. Leverset transcrit par Mgr de Rohan y est accompagné de cette annota-tion, de la main de M. de Salis « Ecriture du cardinal de Ruban, quim'a donné cette Bible en 1830.

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Quelques années plus tard, devenu capitaine,M. de Salis reçoit un ordre de service pour l'arsenald'artillerie â Metz. Il arrive ainsi clans cette villequ'il ne devait plus guère quitter, et où il a passédepuis lors près , de cinquante années. II s'y attachedéfinitivement par le mariage qu'il y contracte, en1835, avec mademoiselle de Galliau. La femme qu'ilépousait appartenait à une famille alliée â celle dugénéral de Lasalle, à une de ces familles si françaisesdu pays de Sarrelouis, d'où sont sortis les Ney, lesGrenier et tant d'autres ('). M. de Salis, français lui-même par la carrière qu'il avait suivie et partous ses sentiments, auxquels allaient se joindred'importants intérêts, adopta complètement cettenouvelle famille et s'attacha profondément à la villede Metz, où son alliance.avec elle le fixait. A. la suitede son mariage il quitte , vers 1838 , le service.Sa vie se partage dès lors entre cette résidencede Meiz et celle de ]3eaumarais , lieu voisin deSarrelouis, où madame de Salis était née, et où lui-même il est mort dans une maison de. campagnequ'il y avait bâtie. Ii n'avait pas tardé â se donneraussi une habitation définitive à Metz même, oùil avait acheté, en 4845, le splendide hôtel dont lesembellissements n'ont jamais cessé d'être l'objet detous ses soins, et où nous l'avons vu si longtemps au

(1) Nous avons sous les yeux un tableau publié en 1815 sous le titred'Illustrations de Sarreiou,s depuis 1792, qui mentionne, avec le chiffrede 5,000 âmes de la population de cette petite ville, les noms de ceuxde ses enfants qui se sont distingués dans les armées de la France pen-dant les guerres de la République et de l'Empire. On y compte, â lasuite de l'illustre maréchal Ney, 5 généraux de division, 7 généraux debrigade, 10 colonels, 11 commandants, 81 capitaines, 80 lieutenantset 13 chirurgiens, sous-intendants, commissaires des guerres et autresmembres de l'administration militaire.

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milieu de ses précieuses collections de livres, de gra-vures et de manuscrits.

L'hôtel que possédait M. de Salis rue du rempartSaint-Thiéhaut a im caractère historique intéressantà rappeler. C'est celui que le célèbre ingénieur mili-taire Cormontaigne s'était construit sur les terrainsque le roi lui avait donnés en 1138. Ces terrainsétaient pris sur ceux récemment annexés alors à laville par suite du déplacement des fortifications,portées en avant dans cet endroit, en exécutiondes plans du savant ingénieur. On sait que la vieilletour Serpenoise, qui se trouve aujourd'hui sur le pal-cours en ligne droite d'une longue courtine, occupaitautrefois un point saillant à partir duquel l'enceintevenant de la porte Serpenoise se repliait brusque-ment à angle droit le long à peu près de la rueChâtillon, jusqu'à la rue des Prisons-Nlititaires qu'ellesuivait, pour prendre ensuite la direction de Chan-dellerue et s'arrêter au coude de la rue du Neuf-bourg, oit était la vieille porte Saint-Thiébaut. Cetteligne brisée était notablement en arrière de la ligneà peu près droite de la fortification qui relie aujour-d'hui à la porte Serpenoise la nouvelle porte Saint-Thiéhaut, construite en même temps que cette lignede fortification, en avant de l'ancienne. C'est entreces deux lignes que se trouvent compris lesterrains conquis ainsi au siècle dernier et occupésaujourd'hui par la rue du rempart Saint-Thiébaut,avec les grands hôtels qui la bordent, au milieu des-quels s'élève celui qui a été construit par Cormon-taigne et possédé de nos jours par M. de Salis.

C'est là qu'il vivait tranquille, uniquement occupé,absorbé même par ses chères études, quand éclatasoudain la Révolution de 1848. On se ferait difficile-

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n?ént ffi16 Hêe du 4éa?tô! cyIi le Jeta ce flènym élineftisotMaih de tout • qui titi séntblait garantir FordSsoti1 établi. ii àôii a parlé s&it*ent du trbnbWa1qdé1 il àvail été en Proie pendtuit les prèmiêSmois dé cette ctise «1iettatit ain riioindres indlceB 'laffiànffeatiwï •d'iÙïé fore quàlpùfique, •dp'ab1è' 'ddÔrtiitéf lé d4so'Pdre oi!t il voyait s'agitéf coiifuséme,tLet 'efrechôquer (ès passions de tôïïté sdrte «tuluttaient les unes c'ont'e les autÔS. Dans cet 4bratlernent général de tous les iritépéts et sois la rnenacéde pins grntlS ewtorè il p$làitdé ses ilué àctioW protecfttcc? d'où qù'elié vîtftet quelle qfli!e fût. Comme bien d'atr il éfâitdi$Ô'sé & faéCevter à tout Ptil.

Ellé s'offre à ce ÙxoWréfft sons 1'eiisegne .d'un iïoinqui appêlait une action dii Même •gene accompliedans dès circdhstanûûs analogues 3 un deiwisièdG auparatafit, le zuoffi de' Napoléon. Ce nom Se lisait surilÈi dnpeaù q-iii commençait à attirer lés regardiMaïs ce drapeau était efltrc ]e mains d'un homme'discrédité par tir passé compromettant, par 'de cowliaMe et follesè1trépriséspar une vie d'aiventctes oùl'oj'i âà disôortiait «une âmbitioif siimis freIn et uneadcé' ojiui défiait la raison elle'ffièm'e Le princeLouis Npaléon, qmi'S ne connaissait aneore çi& pàiles éthaiffioWées de Strasbourg et ide )Jôùlogné,'Vivat eh Mïgletefte dpiaI( 1'oetio dé •teùtrèt «tuSêne; Bilé se tésènW 'il la saisitv Aii]a é1êctiôa dia-8 juin 18483 deStines k toiÛplètet l'Àsseffihlé trhiô'nàk iédffi'd le 4 #ai pré6édefit,. lé rioïn rd&a Diiidèpréposé klo'?S p'ôtif ià pfeffiiè'të féis au sdeutid, Sertdé •F'ttte darîs «iïatïle dep'afl&mn't, la Séùte ,ll!dn*é g tà Satthé là, Chatè 4tuféteùté; ts&Jt&t&é ptidencw iju!@ tw luiiaissait'ps'3 14'IS

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Napoléon répond de Londres aux témoignages deméfiance que cette quadruple élection suscitait, parune résignation formelle du mandat de représentant.Aux élections complémentaires du 47 septembresuivant, le nom du prétendant est de nouveau pro-clamé, cette fois dans cinq départements: dans laSeine; dans l'Yonne, dans la Charente-Inférieurecomme la première fois, et de plus, dans la Corse etdans la Moselle. Son admission â l'Assemblée estalors prononcée sans opposition.

L'élection du prince Louis Napoléon dans la Mo-selle était le résultat d'une action â laquelle M. deSalis n'était pas resté étranger. Nous tenons de lui-même que dans l'inquiète agitation où il vivait depuisle mois de février de cette année, il avait surprisfortuitement les premières tentatives de cabale bona-partiste dans la classe populaire; qu'il n'avait pashésité â s'y associer, et n'avait rien négligé pour lesfaire aboutir. L'élection du 1.7 septembre était unpremier résultat significatif. Il permettait d'en espé-rer d'autres, qui en effet ne tardèrent pas â seproduire , et â la poursuite passionnée desquelsle concours de M. de Salis ne devait pas manquer. Cesuccès avait rendu â son esprit un peu de tranquillité.Le témoignage de la surexcitation â laquelle ilavait éé en proie nous est fourni par un travailque pour tromper ses agitations il accomplit â cemoment même aux archives de la Moselle, etdont nous aurons à parler bientôt. Disons de suitequ'il s'agit d'un dépouillement général et d'un inven-taire sommaire des fonds nombreux de ce richedépôt. M. de Salis avait commencé cette opérationdès le mois de juillet, en y cherchant, nous a-t-il dit,une diversion aux inquiétudes qui l'agitaient alors

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il le terminait au mois d'octobre suivant, à peu prèsrassuré par la satisfaction donnée à ses premièresespérances. Celles-ci répondaient bien moins au désird'élever l'édifice de la fortune d'un princ eambitieux,qu'à l'impérieux besoin de voir se dresser une diguecapable de contenir le débordement du flot populaire'.La conduite de M. de Salis né permet aucun doutesur ce peint. Tant que la digue n'est pas solidementconstituée, son activité à l'oeuvre ne se dément pas;le jour où elle paraît capable de défier les forcesqu'elle est destinée à contenir, il s'arrête, s'éloigne, etrentre dans le repos. ' -

Ce résultat 'ne devait pas beaucoup se faire at-tendre; mais tant qu'il n'a pas été obtenu, l'ardeurde M. de Salis ne se refroidit pas. Sans sortir duchamp d'action où à Metz il avait favorisé de toutson pouvoir l'éjection du 17 septembre, il concourt àcelle du 10 décembre dans laquelle le prince LouisNapoléon, en compétition avec le général Cavaignac,obtient pour trois aimées , jusqu'au mois de mai185c2 , la présidence de la 'République. Dès lorsM. de Salis porte sur un autre terrain son actifconcours.. Aux élections du 45 mai 1849 pourl'Assemblée législative, il pose sa candidature, et sonnom sort sur la liste des neuf députés de la Moselle, entête de laquelle se trouve celui du prince de laMoskowaqui lui donne son accent. Les premières étapes , 8juin, 17 septembre, 10 décembre 1848 ont été préci-pitéek Elles correspondent à l'effort initial, au choixde la direction, et à la mise en mouvement de la ma-chination. La carrière se dessine maintenant; on yavance avec plus de calme, avec plus d'assuranceaussi. M. de Salis y marche sans perdre de vue lebut auquel il, faut tendre suivan'f lui, mais quin'est

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pas encôre atteint. Il 'voit du reste que •sans ttop sepresser maintenant, on s'y porte résolument. A la fin

e 18M il applaudit, le 2 décembre, â Pacte auda-cieux du coup d'État qui modifie profondément lasituation, et l réduit â des termes dont le p1uscaracteristiple est la collation de la présidence pourØh ap,l3éés au prince Louis Napoléon. Celui-di setrouve dés lors saisi d'une dictatùre que ne dirai-nacra guère l'élection d'une Assemblée législative aumois dq mars 1852, et que doit chanter à peine laproclamation do i'Empirè, le 2 décembre de la mêmeannée.

4u lendemain du coup d'État du 2 décembre 1851,'le dictateur avait groupé autour de lui, dans une pré-tenduej commission consultative, les plus décidés-de sespartisans. M. de Salis était di nombre. constituée le

• 2 déeembpe mêmQ, complétée le 14 du même mois,cette commission comprenait dans ses cadres, défini-tivement p,rr6tés â cette date, 175 noms. C'étaientceux pour la pJ!ipart des futurs détenteurs des graMsemplois de Ittat, et dès courtisans, appelés â se partager 1s faveurs du nouveau maître. M. de Salis n'estpas de ceux qui devront y participer. Le but qu'ilPoursuivait es atteint niailitenant, il est Sêmedépassé; M. de Salis aura plus d'une occasion de lereéonnaitre, de le déplorer môme; et, en présence4es malheurs qui découleront de cette situation,'ii n'hésitera pas un peu plus tard â se reprocher, nousen avons été souvent témoin, la lourde part de res-'ponsabilité qui lui en. revient.

En 1851, il était loin de les prévoir. Le torrentdoni le débordement l'avait epouvante etait contenu,une digue solide défiait pour le moment ses effortsÇcptivre poursuivie ôtait accomplie. M. de Salis se

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retire de l'rtipu; A partir de ce mprnfljt, ilpins dans sa vie de place que pour 1g mMitation t

l'étude. Les •phases en seroiitexchisiyemntt jprqu4sûrmais par 5s travaux. II avait naturellement unpeu néglige danslès derniers temps lès 441de.s .q14'iLspQmpenent Il y revient alorset s'y renferme aupoint de ne pas même se rappeler qu 7elles pouffaientle rapprocher de l'Académie, dans laquelle il avait.s.qlliçiié et obtenu sans peine son admission en 1849,eu Taorneut où Fagiation qui s'était empar6e de JuÇt,eofllme nous l'ayons epIiqné, le poussait à la Sactive dans toutes les dircctjqns. Maintenant qu'il s.qiitt4 ces voies, il ne pense plus qn'à la retraite.

n devait en sortit cependant une fois encore, ausignal des ddsQatreuses cata,5tropbes.M 1870 et 1871.Pendant Ip hio&ps de Metz, on le voit se prodiguer 4esa personne, avec toutes les Qessoqrces dont ilbuvait disposer, ppur alléger les souffrances 4e nosrnaIbaureu soldats. .1 passe sa vie dans les ambu-lances. Il y apporte des secoure4e tout genre.Il gvait adopté tput parti4uliàrement celles qui4tajpt installéesdans la caserne du Qépie, qu'il visi-tait jopnwllpqieifl d'une manière rég1liêre.

Après la guerre, d'autres soufïraiwes appellent sasùlhp fljde dans notre pauvre ville, à laquelle depuislongtemps il était aussi attaché pfaupuu 4e ses en-•nts. C'est au sentiment d'intérêt qui l'anime pourtout ce qui la touche, qu'il faut attribuer l'attentionque, ppuy la première fois, il donne alors à notreAcadémie , où ils'était montré peu assidu jusque-là,et dont il devient iji 4es membres les plus actifs etles plus généreusement dMop S. Nous aurons oaca.-SIDI1 4e parfrr im peu ph,s loin 4es actes .e libéralitépar lesquels U vient alors gg secours 4e son budget

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appauvri. Dès â présent, et sans rien !retkancher• dessentiments de reconnaissance que ces actes com-mandent, il nous sera permis de dire que le mobileauquel obéissait en cela notre généreux confrèredépassait lés limites étroites des intérêts particuliersde notre Compagnie. Je n'ai pas besoin d'insisterpour faire comprendre quel en était le principe, etquelle en est la portée.

La vie de M. de Salis se resserre de plus en plus.Sou cabinet de travail, les archivés de l'hôtel deville et de la préfecture, les salles de la bibliothèqueet de l'Académie, le champ d'exploration offert à sacuriosité par les travaux exécutés â la Cathédrale, telssont les horizons dans lesquels s'enferment les der-fières années de son existence. La ville de Metz lescontient tous. Il ne s'en écarte plus guère, sauf dansune circonstance unique, pour faire en 1878 une ex-cursion en Suisse, où il veut revoir les parents qu'ily possédait encore. Il s'arrête auprès de Coire, auchâteau de Haldenstein, où il trouve le fils dune deses cousines germaines, père lui-même de deuxjeunes enfants, lequel est par sa mère son parent leplus proche. Par son père il le serait â peine, quoi-qu'il porte le même nom que lui. Tl appartienten effet â une branche séparée, depuis le xvxc siècle,de celle d'où M. de Salis est sorti.

Pour expliquer ces particularités, il faut dire quel-ques mots de la grande famille d'où M. de Salis tiraitson origine, et dont une des branches, celle deHaldenstein, finit avec lui; les frèresde son pèren'ayant pas aujourd'hui de descen.dancè masculine, etlui-même étant fils unique et n'ayant pas eu d'en-fants. Nous avons d'ailleurs une autre raison encorede parler ici de cette famille; c'est que son: histoire

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a fait naturellement le sujet de quelques-uns des tra-vaux de celui de ses membres dont nous nous occu-pons ici. M. de Salis a laissé dans sa bibliothèque,avec des additions de sa main, un bel exemplaire dugrand ouvrage publié à Coite en 1782, sous le titrede Stemmatoyraphia, sur la généalogie des Salis (i).Outre les notes originales dont il l'a enrichi, il -y ajoint une traduction qu'il avait fait faire en 1841 d'unarticle important du grand dictionnaire de Leu, surle même sujet (').

Les notes de M. de Salis conduisent jusqu'à sontemps ces travaux généalogiques, lesquels s'arrêtaientauparavant au dernier quart du siècle précédent.Elles fournissent les indications les plus sûres pource qui concerne sa propre filiation.

Le berceau de la famille de Salis parait avoir, étéle val Bregaglia qui, au sud des Alpes Lépontiemies,s'élève de Chiavenna jusqu'à un col, au-delà duquelon tombe sur les sources de 1'Inn. Le val Bregagliaest arrosé par la Moira dont les eaux vont au lac deCôme; sa population est de langue italienne, et il aété longtemps lié au sort de la cité de Côme et duduché de Milan. Il n'en a été finalement détachéqu'au xvi0 siècle, par les Ligues Grises dans lesquellesson peuple est alors entré ; et c'est avec elles quecelui-ci a ultérieurement pris place dans la confédé-ration des cantons suisses, au xviii 6 siècle seulement.La famille de Salis suit la même destinée; cependantde la souche principale se sont détachées auparavantdes branches dont l'existence se prolonge plus ou

(-I) Sternnstographia Ehaeliew familix Saticeôrttm, vutgp à Salis.- Curim RhaMoruin, 1782. -

() Ailgemeihos Ifetvolisch eidgetwssiches lexikon. -. Zurich-1747-1765.

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min à C.(jrhé e â Ce1éf4ft. Ô? flttméte étte tleil1 I'ce pàiit Ôtté reehdiqi18éla Siïlssé Les atn& cia Salis Sdfit parlaùtes; ISffiCi' est Ml6 dé guéù1& èf 4'atgeïtt, àu chèt d'ôi'dha?gé d'tffi àalif6. Etu iïûtiit'êI.- La &e» aogrtJj4id dé fl8 cotliuiMfd, k?dè dei

pro}égo'nièes iisfrttdtiÇs, 2Y rifrds taijiSut cdine.'Miia la ghïéalôgie dès branchés div&ts de la

famille; deiiis -la dew±lèïwe rnoitlé dukYIÎd MIè. èn'est pas que l'on ne sache rien dès Slis àùØaitV$int; MM ceSf àlôts seïtlefnnt «ûe' ietW iuPces-sienà êtie jostffié put- des rSvepS&e'. Juiqüé là on 'w pdssêdd stirqui la de

the que des indiatioW détousués.• Dès le x° siècle, on signale de pers6nnagb poflit

lé sttftoYn dé Salis: &iiices, Sdlïcus , Sdlinictis,Sdt1teu, Sia, de Salic6, de S&iioi'6ut, de Salitis, déSa/t. Én 13, on trôuWô uri kodoift&èt ùti ÀM±é -notts fré4udmmentpôtté va,' le -Salis- €nsidn de doÙiafriS «ifi plus twd soÈt ptécïsmfffdètit de cette faffiifle; daùs la vâlll&6 dé Btepgïit11ff âûtF& André f binstrùit atl ffitlieù dÙ wo sMdI6le château dé C{élla2, ur uû de ces dômSa Eft42 iffi persnege du MArne no athète i'kip'é deSulier, dont la Dossesi n'at plus sortie depffisiÔfs dé la famille. Au ni6 sikie ttt Salis et ,446g, «ràM-*aftrê de S 4eait-d-Jétïisalèm. Atixnft, en 1219, iïii Jean de Salis st iyôiùibé darrs£itÙtneïÎt d'Ùïié paix co y lltè- entré flvêqus deCofre t la gteSîW de C)rhè. Eft -1259 unRodolphe de Salis est .landamman ou podestat deBregagliâ. C'est à celui-là que commence •.ia succes-sion certaine des 1.7 degrés de la descendance jusqu'ànos jours, dans plusieurs branches dont les membres,

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suivant l'usage du pays, se signalent en grand nom-bre au service des souverains de France, d'Autriche,d'Espagne et d'Italie.

Rodolphe, le podestat de 1259, laisse trois filsJean, Gubert et Uldaric. Du dernier, on ne sait rien;du premier sort 'une suite de générations quis'arrêtent à la fin du xvni° siècle; ]e second, G-ubert,qui vivait en 1309, donne naissance à la famille quiexiste encore aujourd'hui. Cette famille se partageau xvI0 siècle en trois branches dont l'une qui apour auteur André, mort en 1549, fournit plusieurs.rameaux distincts. C'est à l'un de ces rameauxqu'appartiennent les Salis-Haldenstein dont la des-cendance masculine finit avec notre ancien confrère;,à un autre, les Salis - Soglio, avec lesquels sefond de nos jours, par une alliance que nous avonsindiquée tout-à-l'heure, la descendance féminineseule subsistante encore des Salis-Haldensteju. Lerameau de "Soglio devait soit surnom à un deplus anciens domaines de la famille, dans Je valBregaglia. Le rameau de 'Haidenstein avait, à lafin du xvu 0 siècle, pris le sien dit nom de la seigneu-rie de Hal.densteint près de Coire, acquise alors parmariage, et il y avait joint les noms de deux autreschâteaux voisins, Lichtenstein et Groetenstein égale-ment en sa possession.

Haldenstein , Lichtenstein , 6-roelenstein , telsétaient en effet les surnoms du baron de Salis quenous avons connu, et dont il est ici question. Sonpère Johan Lucius, mort en 1827, dont il a été l'uniqueenfant, était lui-même petit-fils de celui qui avaitacquis la seigneurie de Haldenstein, et il avait cinqfrères et cinq soeurs. Deux de ces cinq frères étaientmorts en bas âge. Des trois autres, l'un, Rodolphe,

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mouput. dès. 1781 ; izi autre, &ubert, en. 1831 ;. undernier, André, n 1837. Rodolphe et Guhent deSalis-Haldenstein avaient laissé des enfants ;. le pile-u491?, 'm fils 1hpms' François sans; postéritéen483U,,. le second une fille Marie-Madeleine morteen 1865, veuve de Hector de Salis-S'oglio et mère de'Gpbert Dietegen, né Q11: 1822 et marié en 1858 qui vitactuellement avec deux jeunes enfants • au château de'Eal1epstein, où M. de Salis lla visité en 1878;

M.. (iubert Dietegen de Salis-Soglio, né en 1822,11s d'une Salis-I1aidenstein cousine germaine deM de Salis,, et ses enfants, sont en raison de cette'origine maternelle les seuls parents, comme' il' a ' étédit tout . à. Uheure, de M. de Salis, portant le mêmenom que lui. Ils appartiennent, ainsi que nousvenons 4e l'expliqper, à la descendance masculine'dun 1 rameau de la- famille séparé du. sien. depuis lexvie sicle

La &ernànatographia de 1:782: ne parle naturelle-mqnt, pas deux. Cest dans les notes manuscritesajpuées: par MI de Salis à cet ouvrage que nous lestrpuvqns mentionnés,, ainsi que lui-mêmm Pour. ce qui,le. regarde, la S1cnrnatographia imprimée s'arrêteà $911 père. khan Lucius dont elle. dit seulement que,n4. en1746. il était seigneur de Haldenstein ' en;1775.capitaine au service d'Autriche dans les Pays-Bas; inBel gib, ei'1.777, et qu'il épousait en 1780 à Amster-dam Jene . Justine de Wilde, dont une soeur aînée,.Marie,. avait épousé" antérieurement son frère'Rodolphe.

ces indications M. de Salis' a ajouté que-sa mèreétait, morte à FIi.nes-lès-Moriagtie-, département; du;Nord le 4 février 18,03 et son père à Haldenstein,,le Ai l oV 1827; et, luimême leur fils unique'

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{était rflé au château de I'Escafofte, bommune 'd;Flines-lèsMortagne, le ,27 janvier 1803. iii :donne -àcette occasion ses prénôms et surnoms. fils ;scint assezsinguliers pour , qu'on ne néglige pas, :en les 4nnm-rant, l'autorité de son propre'témoignage.'M. de:8iilisenommait Louis,, Numà, Epaminondas, :Juftniefl,Aristide, Décius, baron de Salis-ilaldenstein-'Linh-

'tenstein --Groetenstein. II .mentionne en même itempsses qualités d'ancien officiel' d'artillerie et ancien•représentant de la Moselle, puis finit en disant qu'il:a épousé le 49 mai 1835 Barbe .Céliiiie Amélie'Huhertine de Galhau , née .à Beaunarais,Sarrelouis, le 3 novembre 1810.

M. de 'SOElis-:ne s'était pas contenté de ces .rensei-gnements tout personnels dans ses additions .à laStemrncztographia de 4782. Quatre des vingt tableauxqui forment le corps de ]'ouvrage, les :lx e , r, mie et:XlVe, ont -reçu de lui des continuations-, transcritesde sa main sur l'exemplaire qu'il, en possédait; 'Cescontinuations regardent surtout la descendance d'An-dré mort en 1549, que nous avons 'nommé précédemment, -et de deux de ses ifis Guber ,- .doùviennent les Salis-Flaldenstein dont notre ami était ledernier, et Jean-Baptiste -d'où sortent l'es:SaliSoglioauxquels appartient son cousin M. Gubert Pietegen,qui vit aujourd'hui avec ses enfants à :Haldenstein,près de Coire.

Le soin pris par M. de Salis de compléter -ainsi làgénéalogie de la noble famille d'où il tirait •sonorigine, l'attention accordée par lui jusque vei*daifinde sa vie -aux représentants vivant -au -loin :qn'élIepouvait compter encore; ce sont là autant de ténioi--gnages significatifs d'un des traits 'les moins' connusp,eu-t-étre 4e son caractère, un instinct -aribtocrtiquè

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qu'il ne manifestait 'guère, mais que nous avonseuoccasion de reconnaître dans nos relations intimesavec lui, 'à plus d'un indice. Nous n'avons pas besoin4'en 1 signaler d'autres que ceux dont il vient d'êtrelait mention. Après avoir indiqué cette particularitépour être fidèle â la vérité, nous sommes d'autant.plus disposé à n'y pas insister que; sur ce poiiit, laraison de notre ami réagissait puissamment contredes tendancés qu'elle n'approuvait peut-être pas com-plètement. Ajoutons que sa conduite, se conformantfinalement à la simplicité de ses goûts, le tournaitplutôt à l'altitude apparente d'un partisan des formesdémo6ratiques.- C'est dans , ce sens que se dessinait sa figure,pour tous ceux qui ne le connaissaient que 'superfi-ciellement. Une chose qui pouvait les tromper encoreà cet égard, c'est que M. de Salis professait, dans les-derniers temps surtout de sa vie, des opinions"-républicaines, qui du reste étaient beaucoup moinsqu'on ne pourrait le croire en contradiction avec sesidées aristocratiques. Associée à ces idées, la foirépublicaine de M. de Salis l'aurait conduit non pasâ une démocratie, nais à un régime oligarchiquecomme ceux d'Athènes et de Rome dans l'antiquité,ou plutôt de certaines villes du moyen-âge, deVenisepar exemple, et, ajouterons-nous, de la vieille cité deMetz, dont les institutions moins connues que cellesdes villes célèbres que nous venons de nommer,avaient avec les leurs ce point de ressemblance d'êtreessentiellement aristocratiques.

Voilà ce qu'aurait pu être la république de M. deSalis. Ce n'est pas qu'il le' vit dans les formesdémocratiques la condition la plus naturelle des ins-¶itutions républicaines. Mais â ses yeux, c'était là Lin

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terme éloigné de leur développemeni graduel, dontla réalisation prématurée devait être provisoirementécartée maintenant, comme un danger pour l'ordresocial. Telle était au fond son. opinion. Il en a donnéune preuve irréfragable dans sa conduite après 1M.Instruit par l'histoire, M. de Salis regardait comme unphénomène naturel au sein des sociétés la transforma-tion graduelle des sujets en citoyens, des souverains enmagistrats investis d'une simple délégation; la subs-titution en un mot des formes républicaines aux formesmonarchiques. L'oli garchie pouvait être une desétapes de cette évolution, celle qui convenait suivantlui au temps présent; mais dans sa pensée, lerégime républicain ne pouvait pas s'arrêter à cettefonte; il devait finalement aboutir à la démocratie.

Nous avons dit quelles réserves M. de Salis apportaitâ l'application de cette doctrine. Nous avons rappeléen même temps qu'un jour, épouvanté par uneexplosion inattendue, par un brusque mouvementqui paraissait compromettre la marche régulièrede ces transformations , il s'était jeté à la traverse,et avait pesé de tout le poids 'qu'il avait pu donner àson action, sur les freins capables d'enrayer cemouvement. Nous avons signalé l'ardeur avec laquelleaprès 1848 il s'était lancé dans la mêlée, en faveurde l'entreprise bonapartiste. Il s'était associé avecpassion à ses débuts; il l'avait servie comme députéà l'Assemblée législative, et ne s'était arrêté toutd'un coup pour s'en éloigner absolument, qu'au len-demain du succès; effrayé de l'oeuvre accomplie, etplus encore des conséquences que maintenant ellesemblait près de produire. Il s'était depuis longtempsretourné contre l'empire,- quand notre malheureuxpays s'est vu écrasé par les malheurs effroyables

enfants 'par liii. M. de Salis n'aurait pas jeu besoin:den être atteint dans sa personne aussi directement'qu il l'a 4t4, 'pour les déplorer et pour se les repro-Dher aussi gen partie, :comme nous d'avons vu 'le faireen plus d'une occasion. Confident de ses intimespensées dont il ne prodiguait pas les témoignages,nous tenions pour un ;devoir .d'amitié de 'les faire•OEonnaitre. -Il nous appartemiit, croyonsnous, defournir à •iaonneur de -son caractère l'explicationd'une ' conduite incompréhensible pour la plupart, etjugée comme entachée de contradiction et d'inconsé-quence par un 'grand nombre.

Nous 'venons de signaler, en disant comment ilsexplique, -un des actes -les plus singuliers et lesplus graves aussi de la vie de M. de Salis. Cetté'explication est sortie de Çobservation qui s'offrait ânous d'un -des 'traits de son caractère, d'un cerlaiii

,instinct aristocratique, disposition naturelle contrelaquelle' il réagissait loin -de s'y abandonner, -et quiétait ipeu conflue. lien est -d'autres dont il -nous resté4-parler, qui ont frappé tous ceux qui l'ont approché,et qui inspiraient -finalement sa conduite -en 'toutecirconstance, la -simplicité, la modestie, la bonté.

La simplicité de M. de :Salis allait jusqu'à la plusparfaite bonhomie. Elfe -dominait tous ses -goûts; elleéclatait dans sa manière. d'être, .dans -son costume,-dans son attitude -en -toute rencontre. 11 vivait sansluxe. ']'exercice d'une. charité -sans, borne était leprincipal usage qu'il faisait (le sagrande fortune. Sa-magnifique demeure,, â- ilentretien et aux embellisse'.monts -de -laquelle- il 'faisait travailler sans cesse,paraissait., à As. matilêre, dont il récompensait -lesouvriers employés ainsi,, avoir pour lui surtout le:mérite de lui fournir des occasions de distribuer

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utilement, par cette voies des ressources qui déa--saient de beaucoup ses besoins.

Ce qui., se rapportait. le plus directement â 5W 3ersonne dans ses dépenses était la part qu'il en cbnsa--crait à sa bibliothèque et à ses collections, linalèmentdestinées dans sa pensée à enrichir lès dépôts publicsde la cité. En attendant, il communiquait' libérale-ment â tous ces sources précieuses d'informations çil mettait dans toutes les- mains ces puissants instru-ments de travail. Ses livres, ses manuscrits eux-mêmes quittaient souvent pour des mois et dèsannées les, rayonsde sa bibliothèque. Il ne- craignaitpas- de ]es voir transporter parfois au loffit Tèlérudit, après l'avoir visité, remportait â Pàris dânssa malle cinq ou six de ses manuscrits les plusprécieux. Ses beaux documents sur l'histoire deLorraine, le Nobiliaire sans prix de Didier Richier;pour les Bailliages de Saint-Mihiel et du C1ermontoi,.et le manuscrit unique et inédit de Dom Pelieliersur'itt. Chevalerie lorraine, étaient à Nancy en 1870- entreles- mains du savant M. Meaume, qui, chassé par,l'invasion, les laissait dans une! maison- abaridànnéè,où ils ont pu courir de réels dangers avant de ren-trer dans le cabinet de leur trop généi'eux possesseur:

Tout le monde autour de M. de Salis usaitlargement de ces- trésors. Quant à- lui-, sans songerun-instant â s'en- réserver la jouissance; bien qu'il enconnût mieux que personne touteIa'valeur, et qu'il'leur eût consacré de longues et savantes- études dentnous aurons-â parler un peu plûs loin-, il - n!a.mêmepas jugé à propos dé se faire jamais honneur de' cequ'il avait sw en tirer. Sà modestie s'effarouchait' àPidée d?appeler ainsi sur j lui, d'une manière cepen-dant' aussi-noble que légitime-, Pattention publique;

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Cette rés'erve était certainement pour quelque chosedans l'étrange manie qu'il avait, comme nous l'avonsdit, de détruire ce qu'il faisait. II lui obéissait encela non moins qu'aux exigences d'un esprit difficileâ satisfaire. Il ne tenait nullement d'ailleurs à mon-trer ce qu'il savait, et il semblait surtout craindre delaisser croire qu'il sût, lorsque par hasard il ignorait.Lui qui connaissait tant de choses, il prbnonçait sou-vent ces mots ( Je ne sais pas . Il disait cela sansfausse honte»ans aucun embarras. Il semblait aucontraire plutôt gêné d'avoir parfois â montrer cequ'il savait réellement. Cette manière d'être et defaire procédait avant tout d'un excès de modestie.Elle venait aussi d'une certaine indifférence non paspour l'estime des hommes, mais pour les marquesbanales qu'ils en donnent ordinairement, ii nedédaignait pas la notoriété; mais il prisait loripeu les conditions dans lesquelles le public l'ac-corde le plus souvent.

La modestie aussi bien que la simplicité de moeursde M. de Salis sont au-dessus de toute contestation.Pour ce qui est de sa bonté, elle se manifestait avecnon moins d'évidence sous les formes les plusvariées. Nous venons de citer par anticipation destraits de libéralité qui lui empruntent certainementleur inspiration. Nous aurons ultérieurement occasionde le montrer, à ce point de vue, armé un jour desrésultats de longues et laborieuses investigations,retenu en même temps dans l'expression d'une justecritique par la crainte de blesser ou de peiner seule-ment un confrère que cette critique devait atteindre.

Sa générosité était extrême, le trésorier de l'Acadé-mie a eu souvent la confidence de ses libéralités, etpourait au besoin en porter témoignage. Sa hienfai-

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sauce était sans borne ; les pauvres et les malheureuxsavent jusqu'où elle pouvait s'étendre. Elle s'exerçaitsurtout, et avec les attentions les plus délicates, en-vers les ouvriers dont il étudiait les besoins, dont ils'appliquait à encourager les bons instincts, et qu'ilétonnait souvent par une véritable prodigalité. Unjour il rend presque loti un brave homme en luiremettant un secours d'une certaine importanceparce que l'ayant trouvé seul occupé dans un atelierabandonné le lundi par tous les autres, il a reçu delui cette réponse toute simple â ses observations, quepour faire vivre sa femme et ses enfants il lui fallaitbien s'interdire de prendre du bon temps. A unautre, qui après lui avoir exposé sa gène a reçu de luitille pièce d'or, et qui a eu l'honnêteté de la rapportercroyant â une erreur, il accorde des marques sé-rieuses (l'intérêt et une véritable subvention pour luiet les siens. On doit ait hasard la connaissance dequelques faits seulement de ce genre. Le plus grandnombre est couvert par le secret qu'il mettait toujoursâ les accomplir.

De pareils actes procèdent assurément d'un fonds(le bonté, mais ils s'inspirent aussi des principes dela morale. La morale de M de Salis était des pluspures. C'était celle qu'on qualifie parfois du titreinjustement décrié de morale indépendante maisqu'on peut heureusement recommander également,il le faisait remarquer quelquefois, par celui encoreintact, et ce semble inattaquable dans soitde morale désintéressée. Cette morale est celle dontla source unique est dans les lois de la conscience,et qui oblige celui qui la suit, sans faire parler nila menace d'un châtiment ni la promesse d'unerécompense ; celle en un mot (lui, n'exigeant pu

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de sanction pénale, peut subsister indépendammentdes croyances religieuses. -

Réduite â ces termes, la morale ne suffirait peut-être pas à la tâche de garantir le bon ordre dans lessociétés humaines, où se rencontrent et se heurtenttant.de passions et d'intérêts en lutte. Elle peut réglerla vie d'un homme dont l'esprit est droit et dont lecoeur est bon. On en a pins d'un exemple. Nuldé ceux qui ont connu M. de Salis ne démentiral'autorité de celui qu'il en a donné, dans une exis-tence qu'ont honorée toutes les vertus.

Elevé dans la religion protestante, il en avaitde bonne heure abandonné les croyances et il avaitdès lors vécu en dehors de toute foi religieuse. Cettesituation allait â son caractère ; elle convenait à lanature de son esprit naturellement porté vers ledoute. Il avait en à soutenir pour se défendre sur ceterrain plus d'un assaut. Il se prêtait volontiers â cesdiscussions. il • écoutait alors sans impatience uneargumentation qu'il paraissait connaître d'avance; etil y répondait avec calme, par des objections qui nesemblaient pas lui être moins familières. Nous avonsété témoin de quelques-unes de ces entreprises, de lapart d'hommes que M. de Salis respectait et qu'ilaimait. Sans céder à leur action, il rendait hommageà la générosité de leurs intentions et à leur sincérité.Ses contradicteurs de leur côté s'arrêtaient sans pou-voir non plus douter de la sienne. Ils le quittaientsans rien retrancher de l'estime qu'ils avaient conçuepour lui.

Ces tentatives dataient de loin. Nous avons signaléune des premières, une de celles qui étaient assuré-ment parties de plus haut. Nous avons dit cequ'avaient été aux débuts de la carrière de M. de

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Salis les relations du j euùe lieutenant d'artillerie avecMonseigneur de Rohan. Ces relations avaient alorsengendré entre eux un échange d'explications sur lesquestions religieuses, et provoqué chez M. de Salisdes études et des réflexions qui paraissent avoir dèslors fixé défihitivement ses idées sur ces matières.Nous avons montré dans quels sentiments d'estimeréciproque, malgré la divergence de leurs opinions,ces deux hommes s'étaient quittés ensuite ; le jeuneofficier ancré dans un scepticisme qui ne fit quecroitre, et qui ne s'arrêtait pas même au doute; leprélat, de son côté , inébranlablement attaché àl'espérance que ces dispositions céderaient un jourâ quelque manifestation éclatante des vérités de lafoi, comme semble l'indiquer l'épigraphe ajoutée desa main à l'exemplaire de la Bible qu'il remettait âson jeune ami en le voyant s'éloigner: Il ne voulaitpas douter que celui.-ci n'acceptât finalemeht lescroyances qui s'offi'a.ient ainsi â lui.• M. de Salis né se prêtait guère â la réalisation depareilles vues. Le doute régnait dans son espritvolontairement fermé à ce qui, dépassant la compré-hension de son entendement, lui apparaissait commeune pure conception de l'esprit. Il n'était d'ailleursdominé par aucune passion antireligieuse. Loin delà, il s'intéressait â ce qui était de la religion. ilrespectait les sentiments qu'elle inspirait aux autres,et reconnaissait les avantages que pouvaient en tirerceux qui les accueillaient. Quant â lui, il s'arrêtait àce que présentent d'attachant leurs manifestationsextérieures. Les pompes du catholicisme le touchaientparticulièrement. Ou le voyait souvent assister auxcérémonies de nos églises, et quelques-uns augu-raient de là qu'il finirait infailliblement par céder à

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Mur ittrit: Peu de" semaines cependant avant: samott, i l'on s'en rapporte à sa correspondance, il enétdit aussi loin quejamais. li ne mettait d'ailleursdàn ss 'réserves aucune ostentation. Il •n'y étaitpôi'té Par aucune envié de faire de l'effet; il n'y étaitretenu par aucune suggestion d'un amour'propre maipladé dt ne visait nullement à la réputation., qu'ilaurait 'repoussée plutôt,' de ce qu'on appelle vulgai-remeit un esprit fort. Ce qu'il défendait ainsi avecsinplibité, niais avec une invincible ténacité, c'étaitl'indépendance de son esprit, c'était celle aussi de savie.'Quand il reconnut que s'en approchait la fin;quai-id fut venu le jour qui devait être sans lende-main .; ïrhé - plus longue résistance devenant sansobjet, il n'hésita pasà donner satisfaction aux sentimchts de Pieuse sollicitude qui se manifestaientautour de lu: Il e1 mort en catholique. 'On nepouvait pasattendre moins de sa haute raison.

Un dernier coup de crayon au portrait de l'hommeexcellent dont l'Académie me permet de l'entretenir.Il passait aux yeux de beaucoup de gens pour êtred'une humeur sauvage il se tenait en effet assezéloigné de ce qu'on appelle le monde ; mais -ilne visait en"cela qu'à s'affranchir de prétendusdevoirs aussi. absôrbants qu'ils sont frivoles. Il prisaitbeaucoup les Felations réclamées par l'amitié, et semontrait dans ces rencontres plein de gaRé etd'abandon.

Nous aons tracé dans les pages qui précèdent uneesquisse de la vie de M. de Salis. Nous avons joint à-dette éxpoaition quelques indications sur la tournured'esprit, sur le caractère, et sur les qualités du coeurde cet ami regretté: Il nous reste à faire connaitrepar de succinctes 'explications ses études et ses

travaux. C'est, croyons-nous, la partie essentielle dela tâche qq l'4cadémie nous a confiée. Nous avonsdit précédeitment à quels objets divers M. de Salisavait 4 la fois accordé son attention. Nous avonsnoinm les ,Math4matiqges, la Géologie,: l'Histoiredans ses différentes branches, la Bibliographie et lesLettres anciennes.,

Parmi ces sujets d'étude nous choisirons pour enparier d'abop&Qux que la nature de nos propresravau nous apermis de connaître le mieux, ceuxqui appartiennent à l'Histoire, à l'histoire de Metz etde la province tout particulièrement. Ce n'est pas queM. de Salis ait restreint â cet horizon resserré laportée de ses observations. li s'intéressait à l'Histoiresous toutes sps fomres, dans l'antiquité comme dansles temps modernes, et .4 tous les points de vue. Noussavons notamment qu'il s'était un jour arrêté à l'his-toire des premiers siècles de l'Église, et qu'iln'admettait pas certaines idées sur le rôle prépondé-rant accordé par la critique moderne aux commu-nautés grecques, dans l'organisation des Églisesoccidentales celles-ci se rattachant exclusivement,suivant lui, à l'Église de Rome.

M. de Salis était .peu porté vers l'étude des ques-tions générales dont le cadre est toujours un peuvague. Il s'attachait de préférence aux questions duicaractère particulier dont les données sont facilementsaisissables. Il recherchait surtout celles qui échap-paient aux conjectures ; celles qui pquaient seprêter à. une solution rigoureuse. Le besoin ,deprécision qui le,dominait dans les téductions histo-riques, J'avait un jour bizarrement induit à traiterpar ,le calcul un problème posé par lui sur l'authen-ticité des généalogies, c'est-à-dire sur les chances

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auxquelles est soumise la continuité d'une successionpurement masculine, pour assurer la pi'olongationd'une lignée. Il avait imaginé un système d'apprécia-tion et de notation de ces chances, d'après un certainnombre de généalogies historiques considérées commeJustifiées par des preuves, et recueillies par lui dansquelques ouvrages spéciaux. Soumettant alors cesdonnées au calcul des probabilités qu'il rnahiait enmathématicien, il en avait tiré des conclusions sur ledegré plus ou moins grand de certitude des généalo-gies hypothétiques. II était arrivé ainsi à jugersévèrement celles qui remontant très-haut présententsans preuves, à partir d'un point très-éloigné, unelongue suite de générations masculines la probabi-lité étant dans ce cas très faible pour qu'il en eût étéréellement ainsi. On ne manquera pas de remarquerpourtant que dans les millions d'hommes qui existentaujourd'hui, il n'en est naturellement pas un dont lafiliation masculine ne remonte jusqu'à l'origine del'humanité. Mais il faut observer aussi que cesminions d'hommes de l'heure présente ne sont qu'uneminorité infime, dans le nombre incommensurablede ceux qui depuis le principe des choses ont vécuet sont morts le plus souvent sans postérité mascu-line. C'est la proportion entre ceux-ci et les autresqui donnerait exactement la mesure des chancespossédées à un moment quelconque par un homme,de fournir une suite plus ou moins prolongéede successions masculines ultérieures.

Une pareille question touchant les généalogies estpiquante pour la curiosité, mais ce n'est pas là del'histoire. M. de Salis en avait étudié une autre surun sujet analogue, qui rentre plus expressément dansle cadre d'une étude historique, la 'question des

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Paraiges messins, et de ce qui concerne les famillesoù ces corps politiques se recrutaient. Il ne nousaccordait pas que les cinq Paraiges pussent n'avoirpas été originairement autre chose, comme nous leprétendons, que de simples associations constituéeslibrement par des particuliers, la plupart de condi-tion bourgeoise, pour 'assurer protection réciproqueet influence au sein de la cité, en présence et à côtéde la Communauté urbaine; et qu'ultérieurement s'yfût affilié un nouveau corps du même genre, par suitede la transformation au XIV0 siècle de cette Commu-nauté urbaine, graduellement modifiée de manière àformer un sixième. Paraige, celui du Commun ('). Pourlui, les membies des Paraiges étaient originairementles nobles vassaux de l'Evêché groupés par quartiers,suivant les lieux de leur habitation dans la ville ; etil y aurait eu, pensait-il avec certains auteurs, cinqParaiges nobles, sous les noms de ces quartiers,Porte - Moselle , Turne , Saint-Martin, Port-Saillis,Outre-Seille, et un sixième Paraige, le Commun, com-prenant les non-nobles répandus dans toutes lesparties de latité, ou bien peut-être, car il a aussiénoncé cette idée, les nobles qui polir une raisonquelconque ne marchaient pas avec ceux de leurquartier. Les Raraiges en tout cas étaient suivant lui,à l'origine, exclusivement composés de nobles; c'é-taient, dès cette époque, des corps essentiellementaristocratiques, se mouvant au sein d'une Communepopulaire instituée, ajoutait-il , vers la fin du ni0siècle.

Nous n'insisterons pas sur ces considérations.

(1) Le Pdtnôktt dans ta cité de Mets. Au tome XXXIV desMé,no&es de ta Sodiété n4tionatc des Antiquaires de France, année1872.

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Quoiqu'ellès correspondent à des opih.i&isque' nopbne partageons pas, nous deviens' le signhleryjiarcèqué M. de Salis paraissait y lehir hicodp: Nousayons pour en rendre compte mieux que 1e' simplesouvenir de nôs entretiens avec lui sur, ce sujet: Nous

ons sous les yeu des notes prises au courant decet ehtretiens mêmes ; notes revues ensuite etapprouvées par lui sous q uelques réekres qu'il 'nodiisavait promis de fonuIer lin jrnir par éi'it'; ce qd'iIn'a pas fait: Une raison que oii:â ribnÀï exY outrèWén parler, 'est qu'elles se rapportent â un sujet deta iature de ceux P' il àhôtdàit varemSt. Enhistoire, il aimait peu les questiôus' dont la -solutionet en partie 'fondée sur des conjecthte. il lui fallaitle terrain solide de l'ohservatioui directe , tel qiiè l'offrel'examen des monuments eux-mômes et des docu-ments. Nous avons hâte d 1 ariiverabx éludes faiteainsipar ig sur des points spéciaux d'Mchéologi&, dePaléographie, de Diplomatique [et de Chi'onoiogie.'

Parmi lus travaux d'archéologie de M. rie Salis, ilfaut signaler avànt tOut ceux qu'il d'cbnsadrés â notreCathédrale. 'Tout le monde sait à 4V{éfz avèc -quelleattention pbrsévêratè il 'éh estocèupé jusque 'dansles derniers tempsde sa. -vie. ji avaiU'atis uneespèce de passion. C'est que les .qùesticns' que son-lève l'histoire de la vieille hasiliqÙè étaient de 'édilesqui répondaient q0 miex au.* aigence de' sonesprit, pârla natuFe des objets directement sâisissShlesftoht Mes bompoflent l'êtud. [1 avait en' difet soula main le monument lui-même avec les documeùfsqui S'y rappôi'tent 'Quart â :nou; ii id»' er&ftl'au-tant plus -facile de parler des travaux de M. ,de Salissur ce .sujot ;qu'ai nous a Jai6 po,ar de qui lesconcerne des notes nombreuses, de magnifiques

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dessins, et un des rares Mémoires qu'il ait écrits ;travail d'une dizaine de pages seulement, commencéen 1878, et • qu'il n'a malheureusement pas terminé.

Dans le mémoire est établie, la succession des troisédifices différents qui se sont élevés l'un après l'autresur l'emplacement de l'oratoire de Saint-Etienne,.mentionné au vie siècle par Grégoire de Tours,comme existant au y0 depuis plus ou moins long-temps déjà. Ces trois édifices successifs sont lapremière cathédrale antérieure à l'évêque Chrode-gangç qui y a fait travailler au vill e siècle, et qui enparle dans la règle donnée par lui aux clercs groupésen communauté régulière autour de son siège ; uneseconde église commencée par l'évêque Théodoricau xi° siècle; et enfin la Cathédrale actuelle dontla fondation appartiendrait au xxii3.

De l'édifice qui existait au vine siècle, on ne saitque ce (lui en est dit dans la règle de Chrodegang,dans sa vie par Jean de Gorze, et dans le 'livre dePaul Diacrc sur l'histoire des Evêques de Metz. Tou-chant la Cathédrale du xx° siècle dont quelquesparties, le transept et le choeur, ont subsisté jusqu'auxvI0 , on trouve d'intéressants renseignements dansles-récits des chroniqueurs qui en ont vu les restesà cette dernière époque, et pour les temps antérieursdans la vie de l'évêque Théodoric let, dans l'histoirede Théodoric II ('), et surtout dans un cérémonialcontemporain, dont une copie du xiu 0 siècle estconservée , au cabinet des manuscrits de la ville4e Met; où M. de Salis l'a étudié. Il résulte desindications fournies par ce dernier document que la

(1) .fleguta Chrodq. dans les Concilia, VII 444; Vita Chrodegangi,Vi4a DcSerici C.Piscopi mettonsis, et Gesta episcoparuflv ,nct(cnsiurn,dans Pert2. Monwn, Qerin, hjst. S. IV, 46, et X, 513 ct,504.

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Cathédrale de Théodoric était un édifice roman dontla nef notablement moins longue pie la nef actuelle,se terminait à sa partie inférieure par une grosse tourcarrée qui surmontait le portail ; et que, en avant decelui-ci, existait un parvis flanqué de part et d'autrepar l'église de Sainte-Marie, dite plus tard Notre-Dame-la-Ronde, et par un baptistère dédié à saintJean. Quant à la Cathédrale actuelle, bien que l'édificequi est sous nos yeux se prête à des investigations detoute sorte, elle présente pour l'explication de sastructure clos difficultés presqu'insolubi.es.

Ces questions ont beaucoup occupé M. de Salis. Ilavait retrouvé aux archives départementales de Met;une trentaine de pièces mentionnant, à partir de1259 jusqu'au xv l e siècle, des quêtes ordonnées poursubvenir aux fiais. de la construction, dont il faisaitremonterl'origineâl'Évêque Jacques deLorraine, morten 1261, ou ait ï son successeur, Philippe deFlorange, en rapprochant de cette particularité 1111

passage de l'épitaphe de ce derhiez, où il semble êtredit qu'il avait agrandi son église:

Amplificans sedem, constructam reddidit aedem.

Ces déductions d'ordre purement chronologiquemettent l'archéologue en présence d'an problème desplus compliqués dont il faut maintenant exposer lestermes, avant de dire ce que M. de Salis a fait poursa solution. La construction de la Cathédrale actuellea commencé au xnJc siècle. Comment a-t-on procédépour cette construction? Ce qui motive cette question,ce qui en fitit la difficulté, c'est l'aspect du monumentmême que nous avons aujourd'hui sous les yeux. SesParties les plus anciennes sont incontestablement lestravées inférieures de la nef, avec les constructions

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accessoires qui s'y rattachent. Là se trouvent, à l'avant-dernière travées quatre gros piliers monocylindriquesdont la figure est toute différente de celle des autrespiliers de la cathédrale, et dont les hases montrentqu'ils reposaient originairement sur un sol notablementplus élevé que celui du reste de la nef, à partir de cepoint ji.isqu'au choeur. A cette travée des quatre piliersmonocylindriques correspond dans le collatéral orientalune grande chapelle, Notrè-Dame-Ia-Ronde, à côtéde laquelle se présente tin poilait singulièrementplacé dans l'angle inférieur de l'édifice, où il est soudéà des morceaux dont le style accuse le xn° siècle.Ce portail d'angle a été, jusqu'à la construction duportail actuel par Blondel, l'entrée principale de labasilique.

Les dispositions que nous venons de signaler avaient-suggéré l'idée qu'à l'époque où existait encore laCathédrale de l'évêque Théodoric, dont la nef moinslongue que celle d'aujourd'hui s'arrêtait à peu prèsà la hauteur des deux tours actuelles dites de laMalte et du Chapitre, l'ancienne église Sainte-Marie,qui flanquait un des côtés du l)r'v, aurait étéreconstruite et agrandie aux dépens de celai-ci;de toile sorte que les quatre gros piliers mono-cylindriques encore subsistants, avec cieux autrespiliers semblables occupant, croyait-on, une positionintermédiaire dans le milieu même de la nef dela Cathédrale actuelle, auraient appartenu à cetteéglise Sainte-Marie, aussi bien que la chapelleNotre-Dame-la-Ronde qui existe maintenant et quien aurait formé anciennement le choeur et l'abside.On admettait en outre que peu de temps après cetteréfection de l'église Sainte-Marie, la suppression enaurait été nécessitée par la construction de la Cathé-

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dale, telle qu'elle existe , aujourd'hui, et 4u ?biï auraitehcohséquence conservé alors de l'édifice ainsiscrilid,ce que nous en voyons,: qûatre des sâ piliers: de sanef, son chur, et soir abside. Ces qiatte piliers seseraient, disait-on, tiôuvés correspondre deux par deuxaùi piliers latéraux de la: gfancle' ftef, construite à cemoment poiir la noÙelie Cathédtaié; le choeur etl'a.baide se seraient en ffiêffle temps raccordés avec lecollatéral de celle-ci pour'' devenir la cbapelle actiïeliède Notre_uame_la:Rohde; et Voir aurait établi alots,ajoutait-on, à côté de cette' chàpelle, le portail d'angledont la disposition bizarre , résultait de ce que la hou'velle. Cathédrale, ayant absorbé tout l'espace comprisentre elle et la demeure épiscopale, on ne pouvaitplusouvrir dans l'axe de la basilique, ainsi qu'il eut étésans cela naturel de le faird, l'entrée priiicipale decette grande église.

De tout cela le dernier point seul, concernant leportail, est vrai. .Le reste en ce qui regarde Notrê-Dame-la-Ronde, est une conception'purement arbi-traire, dont nous avons nous-même, à mie 'certaineépoque, partagé les illusions, et dont il était réservé àla sagacité de M. de Salis de reconnaître et dedémontrer la fausseté. Sans môme penser à l'invraisem-blance qui saute maintenant aux yeux de tout lemonde, qu'on ait pu, à un moment quelconque,supprimer le: parvis de la Cathédrale pour en livrer]'emplacement â une église secondaire, celle deSainte-Marie ou Notre-Dame4a-Ronde, il lui . avait,non sans raison, paru inadmissible que quatrepiliers latéraux de cette église se fussent fortuitementtrouvés dans des conditions d'écértement et dedirection précisément d'accord arec les disposiionspropres à la grande nef de la Cathédrale, ou qu'on

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eiit subordonn le' plan de cèlfe-cF à la coiiservati'ofrde' ces quafre piliers. II n'admettait pas d'àvan-tage que le même accord eût pu se rencontreren MOEfùs temps; ou la même subordination avoirété éhiblie entre le chœ' de la petite église et lècollatéral de là grande.

Pour se rendre bien compte des faits, M. (le Salisavait «écuté à une assez grande échelle, à 5 centi-mètres par mètre, un plan minutieusement exact de cesparties inférieures de la Cathédrale. Ce plan, qu'il nousa laissé, confirme ses conclusions contre les idées qu'ilavait combattues, et if introduit dans la question desdonnées nouvelles dont auront déotmais à tenir compteceux qui s'occuperoit de la solution du problème.

Les quatre gros piliers monocylindriques, les dessinsde M. de Salis le démontrent, ne forment pas enplan un carré régulier, mais un trapèze dont legrand axe n'est autre que celui de la chapelle Notre-Dame-la-Rdncle. Quant à l'aùtre axe de ce trapèze,perpendiculaire au premier, sans se confondre aveccelui de la grande nef de la Cathédrale, il s'y rattacheen se soudant à lui entre les deux tours de Mutte et duChapitre mais au lieu de -suivre au dessous de cepoint la même direction, il s'écarte de celle-ci parune légère déviation vers l'Est déviation avec laquelleest mis d'accord le plan de la partie inférieure toutentière de la nef de la Cathédrale. Une déviation dece genre dans l'axe d'une église n'est pas rare ; ilaurait pu se faire cependant qu'à la Cathédrale deMetz elle eût une cause particulière, en vue d'opérerla suture des anciennes constructions deNotre-Dame-la-Ronde avec la nouvelle nef de la grande église; M. deSalis n'hésiste pas à déclarer qu'il n'en est pas ainsique suivant lui ces dispositions ne pouvaient pas

avoir eu pour objet des raccords imposés par la néces-ité de conserver des édifices étrangers originairement

à la Cathédrale; que les parties enfin de celle-ci oùelles se rencontrent devaient appartenir aussi bien queles autres au plan d'ensemble adopté au xxxi0 sièclepour la reconstruction de la basilique, et suivi dèslors jusqu'à sort complet achèvement au xvi0.

Poséeainsi,la question est singulièrement simplifiée.Toutes les difficultés n'en sont pas résolues cependant.On peut encore -se demandai' pourquoi les quatrepiliers monocylindriques ont été exécutés dans uneforme différente de celle des autres piliers de lanef, et ce que signiGent les morceaux dont lastructure appartient au xn° siècle, lesquels pinsanciens par conséquent que Notre-Darne-la-Rondeavoisinent cette chapelle et tiennent ait d'angle.On ne comprend guère non plus que le portaild'angle, lequel devrait ètre logiquement moins ancienque Notre-Darne-la-Ronde, le soit cependant l'avan-tage, comme le prouvent quelques membres de cons-truction qui en dépendent, sur lesquels portent des,parties contigues appartenant â la chapelle. On nès'explique pas enfin l'ancienne et incontestablesurélévation du sol de la Cathédrale, au bas de la nef,.dans une aire comprenant à la fois les • quatre grospiliers monocylindriques, Notre-Dàine-la-Ronde et leportail d'angle.

Un fait pins étonnant sur lequel on dispute encore,c'est que toute cette portion inférieure de la basiliqueparait avoir été, jusque dans la seconde moitié dunv°siècle, $parée du reste de la nef par un mur d'unecertaine élévation, coupant l'église perpendiculaire-ment à son axe, entre la travée correspondant à Notre-Dame-la-Ronde et celle où se trouvent les deux tours

actuel les A cette singularité semblent se rapport or quel-ques traces matérielles qui avaient échappé jusqu'à pré-sentàl'observatiop, mais sur lesquelles l'attention a étéattirée depuis la découverte d'une pièce relative à cefait, signalée parM. de Salis, il y a 30 ou 40 ans déjà,aux archives départementales de Metz: document fortremarqué et souvent cité depuis lors, dans lequel ilne voulait voir cependant que - l'indication d'un murfermant sur le collatéral seulement la chapelle actuellede Notre-Dame-la-Ronde.

Les partidularités que nous venons de faire connaîtrese rapportent surtout à l'histoire de Notre-Dame-la-Ronde, laquelle n'est pas encore complètementélucidée et dont M. de Salis s'était aussi beaucoupoccupé. Les points essentiels de cette histoire sontfixés cependant. Notre-Dame-la-Ronde représenteindubitablement l'antique église de Sainte-Marie,Sancla Maria infra dornum, que mentionne dès leVille siècle la règle de Chrodegang. L'évêque Etiennede Bar y avait fondé en 1130 une collégiale qui asubsisté pendant six siècles, jusqu'à sa suppressioneffectuée en 1744. Postérieurement â la constitutionde la collégiale au xii0 siècle, l'église de Sainte-Marieavait été rebâtie, et bientôt après elle avait été, commenous l'avons dit tout à l'heure, refaite encore pours'unir dans des conditions nouvelles avec la Cathédraleédifiée au xiii0 siècle, conformément au plan dontnous voyons aujourd'hui la réalisation. Est-ce àl'édifice postérieur à 1130 que se rapporterait laqualification de Notre-Darne-la-Ronde, dont on netrouve pour la première fois la mentionque dans untitre de 1207? Si cela était, on pourrait tirer de là desinductions sur la forme de cette église, à laquelleauraient pu appartenir, en raison de sa date, les

morceaux de structûredu xn 0 'siècle signalés tout.à1';heure, quon observe entre Notre-Dame-laaonde,etle portail .dangIe de la Cathédrale auquel ils onten quelque sorte soudés aujourd'hui.

Il reste cencore bien des points à .dclaircir.dansl'histoire de Notre-flame,1aRonde. Les archivesdépartementales de Metz rqnferment sur cet ,objetun.corps de. documents que M. de Salis avait étudiésanWrieurement au grand travail tic révision cpiiI -afait en 1848 de ces archives tqut..entiêr.es. .Cest1parmices documents qu'il avait trouvé, la pièce que ,nqusavons mentionnée â propos du mur dont il vient•dêtre dit deux mots. .Ellefait partie d'un.peit dossierrelatif. à un accord intervenu eu .472S entre, le chapitrede la Cathédrale et celui deN,otre-Dame-laRonde, surla question très secondaire de, savoir auquel. des deuxincombait la charge d'entretenir les,dgrés.parjesquelson desçenclait,cle,Ia chapelle dans la.btsilique, c'est-, ,à-dire à qui ppartenait Je.terrain sur lequel ces degrésétaient construits.eux-ci se tço.uyaient, ,il,est vrai,dans Iteollatéral même de,ia •Cathédrale,.mais Ofl»5erappelait que certaines .,arties de la nef avaient, çacet, endroit, . dépend .ujadis - de, Notre1Dame7ja,Ronde.Le .chpitre de cette collégiale eut cepeuïdant alors'gain , é cause, grâce au titre ep question, d'oùil résulte que vers 4380, les chanoines delâCathédrale avaient obtenu mdeceux de Notre;Dae-la-Ronde en preniler . lieu que « pour faire l'4giiseQacathédrale) plus belle et plus unie D 011 suppuimat lemur « qui taisait èloixon entre ladite grande, égliseetNotre-Dame »; puis ,que le chapitre de - Celle-cl ,.Se,'renfermât dans la chapôlle, séparée 44s lors ducôllatéral par., une grille; et eut n , qtf.il se dessaisîtdes ôlefs,jusqu'alors entre ses mains,, des dQ,uxportails,

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Il s'agissait du portail d'angle et du portail ouvrantsur la place Saint-Etienne, ce dernier dans l'axe de lachapelle, lesquels subsistent encore et se trouvaientoriginairement dans la dépendance du chapitre de lapetite collégiale.

La situation bizarre qui prenait fin de cette manièreprovenait évidemment de compromis antérieurs, auxconditions desquels avait dû vraisemhlement sesoumettre, provisoirement et non sans arrière-penséepeut-être, le chapitre de la Cathédrale, pour vaincre lesrésistances naturelles de celui de Notre-Dame-la-Ronde, quand au siècle précédent avait été conçu etmis à exécution le projet d'allonger la grande église, enréduisant la petite à la condition d'une simple chapelledépendant de l'autre.

Les derniers travaux consacrés par M. de Salis àla Cathédrale ont consisté à relever avec un soinminutieux les données fournies par des fouillescommencées en 1878 sous le pavé de la basilique,dans ces travées inférieures dé la nef qu'il avait tantétudiées et lent l'histoire présente encore tantd'obscurités. Tout le monde l'a vu suivant ces fouilles

• avec une assiduité passionnée. Il s'y appliquait encoreau mois de Juin 4880, quelques semaines avant sa mortque rien n'annonçait si proche. Une des premièresconséquences tirées par lui de ces observations avaitété de constater qu'aucune trace de fondationn'indiquait l'existence antérieure des fameux piliers,monocyliudriques, qui auraient constitué avec ceuxencore existant la prétendue nef de Notre-Dame-la-Ronde, sur le sol même de l'ancien parvis, de laCathédrale. A côté de ce résultat négatif il avaitreconnu, dans le lieu des fouilles, la présence desubstructions gallo-romaines, dont l'orientation ditïé-

if absdltfinent• de celle* (les ëdifiée j ,eij ggielix quiIè' rddôù\rrent aujourd'hui: 11 y avait signalé aussi;éfltk'e lesdéuk tours latéiMes actueltes, dés ituraillesUt épàises quF auraient pu, .aflW qu'il' soit possiblede l'affirmer cependant, avoir apjiiienu aux fon-datiéns' de la grosse teur sous ]aijdlIe s'ouvrait leportait (lb la ]iàsilique; aUba de la nef du xii 0 siècle.

Résumons ce qu.i vient d'être dit des études deM. de Salis sur la Cathédralè (le Metz et sur Notre-Dae-là-Rojide. A défaut d'une solution définitivèdes ' problèmes sdtilevésà leur sujet, elles offrent des-éohdluaions qui ont Jour iffiportance, sur quelques-points essentiels. Ces conclusions ont le mérite défaire évanouir des illusiohs et des préjugés quiembarrassaient la question, et de bien poser lesterme clé celle-ci. Il ne subsisté én vue plùs rien de-la hasiliqhe du xc siècle qui a précédé la Cathédraleactuelle fôndéêau Niii e . Toutes les parties des travéesihf6ibures (le la nef, dahs ce dernier édifice, sontsolidaires et appartiennent à la reconstruction qui a-étéfaite de leur ensemble vers cette époque, à la seuleexception de quelques fragmeiits qui seinbleiit plusanciens entre le portail d'angle et la chapellé Notre-Darne-la-Ronde. Cette chapelle et le portait en questionse rattgchent au plan général de cette reconstructiondu: xwe siècle, et il faut renoncer à la vaine conceptiond'irne église de Notre-Danie-la-RonIc antérieure, dontil existerait encore desrestés importants, la chapellepar exemple; et les quatre gros pilier rnonocylin--driques qui lui correspondent. Les travées inférieuresde la nef de la Cathédrale occupent l'emplacement du

•parvis dela basilique du Sic sièclé, et les substructionsque renferme le sol audessous d'elles sont celles

-d'édifices gallo-roUiains :depu.is longtemps disparus,

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dont les dispositions, en plan notamipent,'n'avaiç»taucun rapport avec celles qui caractérisent lesconstructions ultérieures. Telles sont les conclusionsqui ressortent des études de M. de Salis sur' laCathédrale de Metz. Elles ont une haute signification.

Après la Cathédrale, un des sujets qui ont le plusfixé l'attention de M. de Salis ai . point de vue archéQ-logique, a été le vieux pont de LMoselle, dont,lesruines ont été reconnues en' ival du pont des Mortsactuel, en- 1868. Cette découverte était due à descirconstances fortuites qui se produisirent alors simul-tanément, l'abaissement hotnhie des eaux de la Mosellependai't l'été de cette année, et la construction dunouveau front Saint-Vincent, dont le glacis fat alorsconstitué au moyen d'un emprunt de matériaux fuitaux partiesvoisines du lit, momentanément mis à sec,ide larivière. Pendant toute la durée des 'pois de Juin',0e Juillet et d'Août 1868, on put parcourir . à•pidsec, dans presque toute sa largeur, le lit de la MoselleA jeu de distance en aval du pont dçs 'Morts, et

ssistei aux travaix 4e déblai opéréspour l'enlèvementdes graviers employés dans la nouvelle fortification.

On vit alors apparaitre dans Je lit ,dessécbédfleuve des restes de constructions anciennes! comp.o-56es. de . très gros b1cs de pierre , d'oolithe blanc,, avedes pilotis et des chevalets formés depièces de boisde fortes, dimensions. Ces débris constituaient deswopes distincts diversement espacés, dans unedirection unique, sur une longueur d'environ , 00 mètresâ partit- ,de la rive droite de la rivière qui, danseetendroit, en a' 250 de large 'â peutprès. Le caractère.et la 4isposiUon de cos ruines invitaien'ttput natu-1ellement , à y voir les restes dun PÇP pont. Lanature des matériaux ,qu'on y retrouvait qffrait ;Tfla'

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tière à des conjectures touchant l'origine de saconstruction. Les carrières d'oolithe blanc, comme on lesait, n'ont été exploitées autour de Metz qu'à l'époquegallo-romaine seulement; mais beaucoup de pierresfournies par elles ont été reprises ensuite aux ruinesdes édifices primitifs et employées de nouveau dans desconstructions appartenant à des temps postérieurs,pendant lesquels on exploitait exclusivement l'oolithejaune. Parmi les pierres blanches découvertes en 1868dans le lit de la Moselle, quelques unes décorées desculptures paraissaient se rapporter à un autre usagequ'à la construction d'un pont. Dans le nombre sesont trouvés, avec un fragment de colonne cannelée etrudentée, plusieurs bas-reliefs conservés aujourd'huiau Musée de la ville. On pouvait croire, d'après cela,que quelques-unes au moins de ces pierres avaientété apportées accidentellement sur ce point, aprèsavoir été primitivement employées ailleurs ; mais laplupart dénotaient, par leur coupe singulière, parleurs angles soit obtus soit aigus, leur destination propreet leur emploi originaire à la construction d'éperonsd'avant ou d'arrière dans des piles appartenant à unpont. Une autre observation qu'on avait faite aussi,c'est que parmi toutes ces pierres, on n'en voyaitaucune qui fût taillée en claveau; comme en auraientexigé des arcs et des voûtes.

De ces diverses considérations, M. de Salis avaitconclu qu'on était en présence des ruines d'un ancienpont romain, qui aurait été composé d'arches détruitesdepuis assez longtemps pour que leurs restes eussentdisparu, entraînés par les eaux, ou bien qui auraitconsisté seulement en piles de pierres supportant un ta-blier de charpente. D'après la manière dont les débris setrouvaient groupés il avait pu reconstituer jusqu'à la

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moitié, à peu près du lit (le la rivière, six de ces pilesdont l'écartement augmentait graduellement â mesurequ'elles s'éloignaient de la rive; la première ouvertureétant de 6 mètres et la dernière de 44; après laquelleavaient dû s'en trouver pensait-il un nombre aumoins égal, diminuant graduellement aussi dé lar-geur, jusqu'à la rive opposée. M. de Salis avaittrouvé la confirmation de ses idées sur le grand pontromain de Metz, dans une étude de celui de Trèves,dont l'origine n'est pas contestée; étude à laquelle serapportent quelques notes conservées dans un de sescarnets. Il considérait comme appartenant à destravaux d'entretien ou plutôt de réparation, les pilotiset les grands chevalets de bois dont les restes étaientmêlés aux morceaux plus anciens construits en pierres,provenant de ce pont, lequel avait dû, ainsi recons-titué, servir suivant lui jusque vers le milieu du xrv°siècle. C'est alors que fut terminée la constructionprémiêre du grand pont des Morts actuel, qui aremplacé l'autre.

Ce nouveau pont ne se trouve installé ni dansl'emplacement de celui qui l'a précédé, ni suivant lamôme direction que lui. Ces particularités, dont lasignification n'avait pas échappé à M. de Salis, serapportent à des changements qui se sont produitsaussi bien dans le cours de la rivière, que dans ladistribution des voies de circulation, entre l'époqueoù avait été établi dès l'antiquité peut être le premierpont, et celle - où a été construit au moyen âge lesecond. La Moselle très capricieuse dans cette partiede son cours, et dont on connaît avec certitudeplusieurs déplacements dans le voisinage, avait évi-demment modifié la direction de son bras principal,postérieurement à la construction du pont antique.

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Celui-ci en effet avait dû être primitivement, disposécela n'est pas douteux, de manière à couper à'.aglpdroit le ifi de l'eau ; tandis que ses ruines le coupentallj ourd'hui. obliquement., , ce qui n'a pas peu contribuéans doute à la destruction de. cet ancien édifice. Le

nouve.2u' pont construit à . Ja fin du xxix0 siècle et aucommencement ' du xiv0 est, plus que l'autre ipainon pas tout &f,ait ncore, dans une direction ;normaleâ celle du courant.'Il satisfaisait en tout,casmieux quel'ancien aux, exigences nouvelles de la circulation, dontles conditions s'étaient notablement modifiées aussi,entre les temps antiques et le.moyen-âge..

A Metz, la ville gallo-romaine était tout 'entièrecontenue dans l'angle formé paries deux rivières de

• aSeille et de la Moselle,Moselle, etparcouséquent-limitée'ducôté de celle-ci parson bras droit, , celui qu'on appellemaintenant iecanal des Roches qu'elle ne dépassait pas.Pour franchir le fleuve en sortant de la ville ainsi consti-tuée, il n'existait alors qu'un seul pont, le.pont.Saini-Georges actuel, au delà duquel on se troqyaitjlansl'île comprise ,aujourd'hui, avec une autre plus petitequi.de nos jours est dite de:lapré.fecture, entre ce canales Roches et le grand bras traversé actuellement par

le. Pont des jtorts et par le pont Thiffro,y. Enmettantle pid dans l'Ue on trouvait, au débouché â,peu près4u . pont Saint-Georges, un carrefour queirpprétentemaintenant une petite place .irrégulière désignée parle nom ancien et: caractéristique de Croix-outre-Moselle. De là. partaient ,deux voies; l'une, â droiteaboutissant au point o4 . se trouve le pont Thiffroyactuel, qui a pu être précédé en ce lieu .par 1 un bacsinpn par un pSt aqtique;. l'autre à 'gauche, suivantune direction représentée par les rues de Vincentruet d'IJz, que ne spar5ie4t.pas autrefois COMMQ elles

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les sparent- maintenant les dépendances actuelles du-Lycée. Cette seconde voie aboutissait ainsi, commele font les rues en question, au pont dont les ruinesont été retrouvées de nos jours.

La direction, de ce pont s'accorde parfaitement aveucette ligne de circulation ) et en outre avec la route qui,un Pu plus loin, mène directement àPlappeville, oùelle rencontre la voie romaine qui conduisait jadisde Verdùn à Trêves .par la rive gauche de la Moselle.On ne saurait méconnaître l'enchaînement de ces-données topographiques, dont l'accord avec- l'étatdes lieux à l'époque romaine, justifierait soûl, dans-une certaine mesure, les vues de M. de Salis surle caractère romain des ruines trouvées dans le litde la Moselle, en 1868.

Quoique l'ue comprise entre les deux bras dela Moselle se fffl graduellement peuplée, et que dès leXe siècle la grande abbaye de St-Vincent y eût étéfondée, elle avait conservé longtemps le caractère•d'un faubourg. Cependant, son importance croissanteayant rendu nécessaire de faciliter les communicationsentre elle et la ville proprement dite, qui n'y étaitrattachée dans le principe que par le pont Saint-Georges en aval de la cité, ou établit en amont decelle-ci pour cet objet, au xiii e siècle (1223), lb Moyen-Pont qui existe encore aujourd'hui. On l'appelaitalors le pont des Morts, parce qu'or avait appliquéaux frais de sa construction, le produit d'un impôtqui consistait dans le prélèvement du meilleur habitlaissé par toute Personne mourant dans là ville. Lavoie qui partait du débouché de ce nouveau pontdans l':ile, ne correspondait plus directement à l'an-cien pont, en très mauvais état déjà, du grand brfl,-mais- aboutissait plutôt-, quelque peu en amont- de

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celui-ci, au point où fut établi dans des conditionsplus favorables à tous égards le grand pont quidevait le remplacer et qui subsiste encore. Ce nou-veau pont, construit alors avec les ressources ayantla même origine que celui auquel il correspondait,prit èomme lui pour cette raison le nom de pont desMorts. On eut alors le grand pont des Morts quiétait le nouveau pont, • et le moyen pont des Mortsqui était le plus ancien des deux, ou plus brièvement,dans des termes fixés ultérieurement pal' l'usagé, lepontdes Morts et le Moyen-Pont. C'est ainsi qu'on lesnomme aujourd'hui.

L'appréciation de ces diverses particularités con-firme le jugement que M. de Salis avait porté aprèsun minutieux examen suries ruines trouvées en 1863dans Te lit de la Moselle. Nous nous sommes, pourcette raison, quelque peu arrêté à ce qui les concerne.Nous serons plus bref dans ce qu'il nous reste à diredes autres travaux d'archéologie • de notre ancienconfrère. Nous nous bornerons à mentionner lesnotes laissées par lui sur les inscriptions de Nennig,ainsi que suriemonumentde Merten, et à rappeler parquelques faits l'attention qu'il a de tout temps accordéeauxfouillespratiquéesdans Te sol, soit de la ville; soitde ses environs, et aux découvertes que ces fouillesont produites.

Neinig, situé au dessus de Trèves dans la vallée dela Moselle, avait depuis longtemps fixé l'attention desantiquaires par sa belle mosaïque, lorsqu'en 1867 desfouilles reprises dans cette localité mirent au jour Tesimportantes substructions d'une grande villa, dont lesmurs portaient des inscriptions peintes qui devinrentaussitôt lesujet d'une polémique très vive entçeles achéo-Togues de la contrée. M. de Salis avait pris parti pour

M

leur lautheblicité, fortement contestée 'par d'àûfres,q¼ii certaihes révélations de fraude 'et de falsificationsparaissent avoir finalement donné raison. Cette petitequerelle fut pour notre miii l'occasion d'h ctè qui.,en son genre est, •cotons nous, unique dans sa viescientifique; la publication d'une lettre â l'adresse deses adversaires dans un journal de Trêves, Trie,'ischèVoik-Zeùuit'g, du :3 Novembre 1869.

Les débtis du monument de Merten trouvés adcummoncement de 1878 dans 4e voisinage de la rsidehce 4e M. de Salis à )3eaumarais, avaient été de sapartl'ohjetd'ukrexarnentrêsattentif. il en avait, un despreuhiers, dessiné et mesuré les principaux m'orcèaix;et il a contribué plus que personne â en déterminer lecavactêrk fi avait étudié minutieusement les membresdivers de la construction, et avait reconstitué avecertibule cette grande colonne élevée sur un doùblésoubassement et surmontée du groupe de i'anguipèdeterrassé par tin cavalier; représentation dont lesexemples Ûnt assez commun dans la région, mais donton n'avait que des spécimens barbares, au milieudesquels la remarquable sculpture de Merten paraitjouer le rôle d'un prototype imparfaitement reproduitdans d'autres lieux. Un des principaux résultats dutravail de M. de Salis sur ce monument avait 6W dedémontrer le singulier agencement de ses deux sou-bassements l'un'quadrangulaire,l'autre octogone, super-posés dans des conditions totitâfait contraires aux ibishabituelles de la structure. (1)

Pour ce qui regarde les fouilles exécutées à Metz

ti ) Nouflvchs cipôsé *iflènit c diUil bés piik-ularit. - Lb ftfô-dé Me3'ich,la Êèbùe itrchSbéio, 1879, p: 1. ,20 let

. 65.83. - La Cciohhé de MWSc,t, dans lé B,iliàtin 'de la SoctdtnationaVe des ânUq*càwès do Franco, i879j p. 021K.

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même ou dans ses environs, et la part que M. de Salis atoujours prise aux découvertes qui en résultaient, nousmentionnerons d'abord les travaux opérés à partir de1857 dans les divers quartiers de la ville, pour. l'éta-blissement du réseau de ses égoûts. Citons un faitseulement entre tant d'autres du même genre qui s'yrapportent, l'ouverture du sol dans toute la longueurde la vieille rue Jurue; où furent mises à décou-vert des substructions importantes qui, observées etdécrits avec soinpar M:de Salis, peuventserv.iràdémon-trer laréalité, pour une part au moins, des traditions lo-cales sur la destruction plus o umoins complète dela villegallo-romaine, à l'époque de l'invasion des Bar-bares. (j')

Signalons encore les . travaux de déblai néces-sités par l'établissement de la gare du chemin defer .et de ses abords, qui amenèrent de précieuses décou-vertes dans un lieu de sépulture où avaient étéutilisées, pendant le haut moyen âge, des pierres pro-venant de .monuments antiques dont les ruines exis-taient encore à cette époque. Nous rappellerons queM. de Salis eut le mérite de reconnaître et de démon-trer le rapport qui existait entre deux fragmentstrouvés dans ces circonstances, en 1848, assez loinl'un de l'autre, sur des points différents de ce champd'exploration; morceaux dont le rapprochementétend, sans P0WLt le compléter malheureusement,le texte d'une importante inscription (2). On y trouveen effet relatée, la dédicace à la -maison Auguste

(1) Étuds jus' l'histoire de Met;. Les légendes. isOa. page 31.1, 310.() Voici les - parties essentielles de cette curieuse inscription 14

/,00,-ern do,nus Agustœ.....Asigustales aquam ah origine duxeruntet nyrnpheestrn.... posuerunt. —lusée lapidaire de Met-z N' 50. Mémoi-res de la société d'are Mol, et d'hist. data Moselle t. XI Il 1874, p;57.

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d'une conduite d'eau 6t d'un nympheum dont on nepeut guère niéconnaitre les relations infinimentprobables avec le célèbre aqueduc Romain dit desArches de Jouy, qui, non loin de là, servait dansl'antiquité à conduire à Metz les eaux de Gorze,rendues de nos jours à la cité après un intervalle deplusieurs siècles.

Nous n'ajouterons plus aux indications précédentesque la mention de deux cippes antiques trouvés en4880 aux environs de Metz, remarquables par desinscriptions votives dédiées à des divinités indigènes,Cissonius que l'on connaissait déjà par d'autres monu-ments, et Mogontia dont l'existence se révélait alorspour la première fois. L'examen de ces intéressantsmorceaux est le dernier travail de notre ami. Il s'enoccupait encore quelques semaines ayant sa mort.C'est à lui que nous devons les éléments des commu-nications que nous avons faites, - à ce sujet, pendantl'été 4880 à l'Académi.e des inscriptions et à la Sociétédes antiquaires de France. (t)

Quittons le domaine de l'Archéologie pour celuimoins généralement connu de la Paléographie, bran-che importante des sciences historiques, où M. de Salisétait un maure. Les études paléographiques l'attiraienttout particulièrement. La précision de leurs déductionsconvenait essentiellement à la nature de son espritamoureux d'exactitude, et porté de préférence vers lesquestions dont les données parfaitement saisissablesétaient susceptibles d'ètre observées directement etd'une manière complète. La Paléographie considèrelés documents écrits dans leurs conditions matérielles,

(1) Académie des Inscriptions et belles-lettres. Comptes-rendus desséances de l'année 1880. p. 225 et p. 265-268. - Société nationale des.Antiquaires de Franco. Mémoires, iSSO, t. XLI, p. 1-21.

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au point de vue de leur exécution; et, en déterminantpar des méthodes qui lui sont propres leur âge etleur origine, elle fournit aux historiens qu' lesemploient un puissant moyen de critique. M. de Salisappréciait en connaissance de cause ces précieuxavantages. Itrçivtde plus,à la Paléographie le. méritatrès digne de considération de le mettre. en présence dechoses qu'il ml surtout, les pièces d'archives et lesmanuscrits.

M. de Salis a fait à notre connaissance.un traité de.Paléographie messine..,.'un travail sur l'âge des manus-crits de la bibliothèque d Met:,, et des études surquelques manuscrits. dts grandes bibliothèques, de]Paris et de l'étrangeravait visitées.

Le trai de Paiéogra.pl4e messine était le résultatd'une patiente étude fuite SUP une collection de 868 titres,originaux appartenant à toutes les époques ., du xiii;siècle au mn°. M. de; Salis avait, déduit de leur.examen des conclusions certaines, sur la succession des1formes d'écriture usitées à Metz! pendant cette longue,période, et il avait dressé «après ces données pourchaque lettre en particulier . uneéchelle . chronologique.de ses types. C'étaient autant de, tableaux à l'aide dés-.quels, on pouvait, déterminer, à ime trentaine, d'années,près, l'âge d'ime, pièce manuscrite. quelco,que nondatée.;. résultat préciçtix dont Vimportançe sera appré-ciée par tous. ceux, qui 0$ waiié des . documents,historiques. L'exécution de. ce. travaiL remontait fort.loin. t de Salis avait bien voulu nous le commuai.,,quer il y a plus de 30 arts' déjà, et nous en, avions.fait alors des extraits qui nous; entêté souvent fortutiles. Le lui ayant redemandé dans ces dernièresannées, nous avions reçu d& lui' cette réponses que, letraité de Palgogi'aphie, messine avait repint I. collc-

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tien de ses oeuvres, c'est-à-dire qu'il n'existait plus.Nous pouvions le. croire, car, le fait était d'accordavec la fatale habitude qu'il avait de détruire tout cequ'il faisait; et ji croyait certainement lui-même avoiranéanti cet ouvrage comme, tant d'autres. Ii se trom-paitheureus.ement. Le précieux travail était simplementégaré. Nous avons eu la surprise et la -satisfaction dele retrouvei' dans les, papiers Iaisséspar .notre ami. Lesffl pièces. dont le dépoumiemet.iui sert 4e fondementforment en outre un ensemble qui: subsiste également,encoreLil se troue clans la bibliothèque de. M. de Salis,sous le numéro. «-9- de la collection des manuscrits..

Le travail: sur l'âge des manuscrits de la bibliothèquede. Meizconcerne l'ancien fonds de cette collection dontle catalogue avait été dressé, vers la fin du siècWdernier, par le savant, bénédictin dom . Maugérard,repris en' 1840 par M. Jules Quicherat, et impriméfinalement il y a 10 ans à peu près, dans la collectiondes catalogues de manuscrits, des bibliothèques desdépartements. Ce fonds précieux comprenait original-ement 710 manuscrits. C'est ce qui nous reste de.

ceux qui appartenaient jadis aux grandes biblioth&'ques de. la Cathédrale, des abbayes Bénédictines,, etdes couvents de Metz. Les appréciations qu 7en avaientfaites successivement Dom Mai.igérard et M. Juls.Quicherat, au point de vue paléographique, nesatisfaisaient pas M. de Salis, qui prit le parti derecommencer l'examen individueL des' 710 manuscritsde. cette- collection, poup- en, déterminer de nouveau,.daprs ses. propres, observations, les caractères et'l?â!ge probable. Le-résultat de cet examen est consi-gnd dansr deux cahiers accompagnés d'im: tableaugénéral où ces manuscrits sont- rapportés, pour neciter que le plus- anciens,- un au vil e siècle, 4. au

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vin e , 49 au ix°, 20 au x°, 54 au xi°, 28 au xji°M. de Salis avait bien voulu nous permettre dedégager les principales conclusions de son travailpour les introduire dans la notice que nous avonsdonnée, il y quelques aimées, sur les manuscrits dela bibliothèque de Metz. Elles y figurent sous sonnom ().

Les études sur les manuscrits des bibliothèquespubliques de Paris, de Rome, de Leyde, de Bruxelles,sont des fragments échappés à la manie de destruc-tion de l'auteur; restes de travaux considérables queM. de Salis avait faits pour acquérir les connaissancesétendues qu'il possédait en paléographie. Il s'étaitappliqué pour cela â l'examen des manuscrits formel-lement datés, qui sont généralement assez rares pourles époques anciennes surtout. li les avait recherchésdans des voyages qu'il avait poussés jusqu'en Italied'une part, et de l'autre jusqu'en Aiigleterre.

Il subsiste encore de ces travaux, entre autresmorceaux, une table chronologique des manuscritsde l'ancien fonds de la bibliothèque du roi, à Paris,du Jx° siècle au xvi6 , avec l'indication spéciale deceux en très petit nombre qui sont signalés commeétant datés; parmi lesquels, un seul antérieur auix° siècle, un autre de ce siècle môme, deux du xr,quatre du mi e , dix-huit du nue, quatre-vingt-déuxdu xiv0 , etc.

Mentionnons encore des observations accompagnéesde fac-similés remarquablement bien exécutés, sur25 manuscrits de l'ancien fond latin à la bibliothèquedu roi, sur un manuscrit de la bibliothèque du Corpslégislatif â Paris, etsur 12 manuscrits des bibliothèques

(1) Catalogue générai des manuscrits des bibliothèques publiquesdes départements, tom. V, 1877. Introduction page cxxiv.

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du Vatican et de la Minerve à Rome, de celles encore deLeyde et de Bruxelles.

La Diplomatique dont l'objet est l'étude spéciale deschartes s'indiquait au moins autant que la Paléographieà l'attention de M. de Salis. Il a fait dans le cadre deses applications de nombreux travaux sur les docu-ments originaux relatifs à l'histoire de Metz et de laprovince. Il faut citer avec eux un petit traité didac-tique sur les formes observées dans les diplômes etsur les sceaux, plus des mélanges comprenant desextraits de documents originaux, des copies et desfac-similés de ces documents.

Aux travaux de Diplomatique se rattacbe uneélude de chronologie que M. de Salis nous a laisséesur la manière dont se trouvent datées les chartesmessines. Ces observations ont pour objet de déter-miner quelles étaient les conditions du style de Metz,c'est-à-dire quel . jour on y commençait l'année.L'étude en question fournit un exemple piquant deschances que peut présenter un travail de longuehaleine. Après de nombreuses investigations et lesplus ingénieuses déductions, M. de Salis devait trou-ver fortuitement, dans un passage de nos chroniquesqu'il mentionne, une brève indication fournissant lasolution du problème sur lequel, non sans un péniblelabeur, il venait de conclure. A Metz, est-il dit dansce passage, l'année commençait le jour de la fêle del'Annonciation dont la date fixe est le 25 Mars (').C'était la conclusion à laquelle il était arrivé lui-même,à la suite d'un scrupuleux dépouillement des docu-ments et d'un minutieux examen des données fourniespar eux. La peine qu'il s'était donnée était compensée.• (t) Philippe de vigneulles dans Huguenin, Las chroniques de la villede Meiz, page 716.

=

par la satàsattion de Wou'é'r dabs e t&ôignagèirréfragable la confirmation de ses inductiohs. Solitravail n'était $s perdud'ailleurs. Il lui avait cceésOi-tenent fotini chemin faisant, ds obsrvatio Tis sÙles datés initiale et final di l'important épiscopat 'del'6vê4u Bertram, itutur 4 k réformê du MaitréEcMvinat à Metz; s'n' les notes t ôhoiiqees intro'duites, suhant lui au xil e siècle, par les copi'stés ducélèbre cartulaire de Grzé, dans les chartes lesplus anciennes 'de ta recueil ('); ut enfin stft uneer.rrnh, cohiis par les Bénédictins auteurs de nôtrehistoire qui, en fournissSt l'indicatfon du milisii6suivant. le houveau style, yoûr les pi&es aûxcjuellesdans leursPreuves ils johteflt ce renseignement, r-tewt de d'idée errohée que le commencement 'del'année eNflé à Mtz serait 'non pas le 25 Mars.,jouede Pnhoniation, mais le 22 Mars premier jour del'année echevitiale, lèndemain 'de la Saint'Uenoit oùétait nélu arnmelloment te nouveau M trEcheiP. 'Gequi fait que Jeun ôoitectiohs à cet 'égard no devraientpas flrtêter comme la cÂmse a lieu aux pièces comprises entre le 4cr Janvier et Je 21 Mars, maisdevraient s'étendre jà telles qui vôrit jusqu'au 25 dumême mois. H y a donc lieu de faire, comme le ditM. de Salis, cette correction sppiéuenUiirè; négligéeparent, â la date des pièces qui le emportent, dàns,les Preuses dé leur histoire de Met.

Nous rangerons maintenant sous le titre géhéràl deBibliôgiphiè què14us travaux de M. O p Salis quenbu né saurions négliger et lui se rportént ptuou môin. expresshieiit à cet or'dI'e de faits. Tels soiltle's tchvaifl effdtWM par lui au* archives dd$rtèmeii

(4) 'Matscrit & là hib'tiot•hèqU de Méti, toi%t hi'stôHqù No 16,hodié 826.

tales et muiïicipafès : dé Met7;; à IS bibliothèqued'Épinal; â ceilè dè•M le comte Emmery à GrosyéurÔBOEX cilcôre qu'il &Oxôutés sur les cartulaire- dèSl'At-tiould; etenfinieextraits, analyses et catâlogûcaraisonnés, qifil à' faits des oCràges (le sa proprebibliothèque'.:

TJOS archives 'départèmenta1sdéia Mosèi]ô,.cônsèrvéès â la Préfecture de Metz renferment dânsieunsetioÏt historique touti co qui resté des aDt'hitépossédées parle établissements reilgieut do.Tavil1e etdu;départenïent, supprimés eû1790. Cette coliéctionÔonlprendi dès piètes extrêmement précieuses .. SOffinventaire .dornrneirc6 tardivement West pas èlicét-e; àbeaucoup , près, - terminé , à Pheure qu'il est. M. deSalis à qui l'accès de ce dépôtétait ouvert conçut

' eu

184, la pensée der faire une révisioncomplêt-e de 'sSfonds, qui lui permit tout à la fois de recwmaltre lesri'chesses' 4if.i1s. contenaient et, -en pr'enantinote decellesLci, de fournir un moyen de contrôle pour envérifier ultériei.rrérnenrl'état de:conervtjon: Il a puen. effet; coEl1statér plus tard ainsi: la disparition d'uiicertain nombre de pièces, et en, retrotrvor la traceexpressément signalée dans ses notes.

Le travai.exécut6 pal' lui jour-cet objet exigeait lédépou.ill.'ément d'mij nombra considérable do oàrtons etde liasses. L'op'3ration avait été cependant côndÙitdrapidemenb;à bônne:lifr; ayant été exécutée avec Seardeurpassiômaée quiréponclait â une ceïtain&'exci1a-tion d'esprit sous .le:côup diaque1te.so.troùvait MrdeSalis ace. moment? .Nous ayons ditpréeédenuneM:queèetravai:l avait été entrepriseffectivement à I& suite d4ld:révolutienide Février, qui avait sdtilevé thétMdeSialis une graiide agitation. Commencé dans-les .:premiers jours de-. JtillleL 1848; il' était- terminé' lé--24

n

Octobre de la même année. Le résultats en sontconsignés dans un petit carnet de 136 pages couvertesd'une écriture très 'fine et très serrée, dont notre aminous a fait don depuis lors, dans des circonstances qu'ilnous plaît de rapporter. En 4863, se défendant unjour, contre la demande renouvelée avec une pressanteinsistance de consentir à ce qu'on fit sa photographie,il avait fini par y opposer un refus absolu. Le lende-main faisant allusion â ces instances auxquelles nousnous étions associé, il nous présente son carnet endisant: « Vous voulez avoir mon , portrait, le voilà,prenez-le et conservez-le.D Ce n'était pas l'image deses traits mais c'était celte en quelque sorte de sonesprit, dans une des oeuvres qui témoignent lemieux de deux de ses qualités essentielles, la sagacitédans le choix du sujet de ses travaux et la tenacitédans leur exécution.-

Antérieurement au grand travail de revision exécutéen 1848 aux archives départementales de la Moselle;M. de Salis en avait fait d'autres moins importantsdans ce dépôt. il y avait notamment dressé un inven-taire critique des titres relatifs à la Cathédrale, et unautre des pièces qui concernent spécialement Notre-Darne-la-Ronde. Il y a fait plus tard (4878) celui dufonds tout entier de St-Arnould, pour enrichir de cesindications l'exemplaire qu'il possédait du recueilancien connu sous le nom de Petit cartulaire de Saint-Arnould, dont nous aurons à parler tout à l'heure.

Les archives municipales - sont à Metz dans desconditions toutautres que les archives départementales.Infiniment précieuses pour l'histoire de la cité, ellessont moins considérables et ne contiennent pas depièces aussi anciennes que. celles-ci. Elles n'en possè-dent, pas. d'antérieures au xiii 0 siècle. Elles ont d'un

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autre côté l'avantage d'être très bien classées etcomplètement inventoriées depuis longtemps. Lesétudes que M. de Salis y a faites concernent généra-lement la topographie de la cité, l'histoire et les nomsde ses rites, le souvenir de ses anciennes familles; cesont des extraits tirés surtout des registres de laBullette et des rôles de Bans; les premiers relatifs àla perception d'unimpôt sir les contrats, sur ceux deventes et .d'acensement notamment, les autres contenantdes - déclarations cl proclamations authentiques tou-chant les mutations; tous mentionnant -à ces titresdivers, â partir du xiii 0 siècle, les rues, les maisons dela cité et ses habitants.

Les archives municipales de -Metz, ont encorefourni â M. de Salis le sujet de travaux intéressantsexécutés sur le grand plan du xviii 0 siècle quepossède ce dépôt. Ces travaux avaient pour objet dereconnaître la date de ce plan qui n'en porte aucune,et auquel il à assigné celle de 1739 à peu près. Ils miteu aussi pour résultat de déterminer l'échelle de ceplan et de reviser sa triangulation; opération surlaquelle nous reviendrons un peu plus loin. M. deSalis a fait encore aux archives municipales de Metzquelques études sur le beau plan moderne • de la ville,dressé dans ces deïnières années aux cinq centièmes,par M. Maurice notre confrère; et conservé égalementdans le même dépôt.

Nous avons annoncé les travaux de M. Salis âlabibliothèque d'Épinal et dans celle. de M. le comteEmmery: Ce sont, pour ce qui regarde la bibliothèqued'Épinal,des observations sur ses manuscrits, dont uncertain nombre, provenant surtout de l'abbaye deSenones où arésidé Dom Calmet, concernent l'histoirede la province et celle de Metz en particulier. Plus

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important est ce 'qu'a fait M. de Salis pour dabiblio-thèque de M. le comte Emmeny. On sait que cettebihliothèqiœ:comprenait des pièces d'archives et desmanuscrits dont la collection avait été commencée âMetz par M. 'Emmery avant 4789. Membre desdiversesassemhlées politiques de la période révolu-tionnaire, puis sénateur de l'Empire et finalementpair de France, M. Emmery, mort en1823 â l'âge de82 ans, avait passé les dernières années de sa vie,retiré au château de Grosyeux, près de Metz, aumilieu des 1 trésors littéraires et historiques qui Lai-salent le charme de ses loisirs et l'objet de ses-études.Depuis sa mort ses collections tétaient restées à peuprès abandonnées â Grosyeux; Où ses héritiers ne &ienétaient jamais occupés, lorsque vers 1845 la veuve deson fils en .perinitJ'aecèsà M.flenri Michelaxxtet.àM. deSalis, juges très compétents deleur 'valeur. M. Miche-lait fit alors mi inventaire sommaire des piècescVarchivies contenues, au nombre de 20;000 A peuprès, dans .396 cartons

'portefeuilles et liasses, et

M. de Salis, un excellent catalogue des manuscrits aunombredé88, mêlés dans les inventaires de M. Emrneryaux 20 ou 30 mille imprimés de sa bibliothèque. Letravail de M. de Salis exécuté rapidement, pendant lesderniers mois de 1846 et les premières semaines de1847, a précédé de peu la dispersion de cette précieusecollection, effectuée en vente publique air del'année 1849.

En parlant tout à l'heure des archives départemen-talesde Metz, nous avons dit que M. de Salis y avait fait,'en 1878, un inventaire spécial du fonds tout entierde l'ancienne abbaye deSt-Arnould. Il voulait complé-tcr ainsi le tableau d'ensemble de tout ce qu'on peutsavoir des archives, aujourd'hui dispersées, de cotte

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antique maison, en rapprochant ces indications decelles qu?:il avaittirés de trois autres sources consultéespar loi pour le même objet, le grand cartulaire del'abbaye magnifiquement -exécuté au siècle dernier, etacquis par M. Chartener ânla vente de M. de Chazellesen1854;i çs Ait tiquitatcs ar;iu1finoede Dom Bllet, ouvragemanuscrit ,daté 'de 4730'et conservé à la bibliothèquede la ville de Metz, dans lequel se trouvent des 'copies,extraits et analyses de beaucoup de pièces dont il âesubsiste pas dautre souvenir; et en troisième lieu lerecueil ntituIé Pti1 cartulaire de St-Anzould, contenantégalement des copies d'un certain nombre de chartes,et dont la bibliothèque de M. ChaPiener et celle dela ville de Metz contiennent des exemplaires anciens.M. de Salis possédait aussi une copie du xv0 sièclemalheureusement mutilée 'de ce dernier recueil; ill'avait complétée d'après celle de M. Chartener, laplus ancienne que l'on connaisse. C'est pour l'enrichirde PouvetuC renseignements qu'il avait fait en outrel'analyse du grand cartulaire possédé par M. Chartener,et aux archives 'départementales l'inventaire dû fondsde Saint-Arnould, dont i.1 vient d'être question (').

Nous voudrions dire maintenant quelques mots destravaux exécutés par M de Salis sur' sa propre biblio-thèque, et parler aussi de cette bibliothèque elle-même, Je plus formel témoignage de son goût, 'deses connaissances et de ses études. II en •a laissé tutcatalogue à jour qui, sous 1348 numéros, embrassétoutes ses parties, imprimés, manuscrits, portefeuilles

(I) ces travaux remis au net, de ]-a de M de Salis, et destinés parlui û être réunis â son exemplaire du Petit cartulaire de Saint-Anioiildont été après sa mort reliés à la suite des cahiers de celui-ci, décohscrprécédemment par li,i-rnème en vue do cette opération; et replacé ensuiteavec ces additions dans sa bibliothèque, sous le Nô 76 de la collection.

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de pièces et de gravures. Ce n'est pas là une collec-tion très considérable; mais elle est précieuse par lechoix surtout des éléments qui la composent ('). M. deSalis s'était adonné avec une passion sérieuse â saformation; bien moins guidé en ce qui la concerne parla banale ambition de posséder, que par le désir deconnaître. Ses livres, ses manuscrits, ses portefeuillespassaient souvent des rayons de sa bibliothèque à satable de travail. Il en a laissé des analyses et desextraits; il a rédigé sur beaucoup d'entre eux, sur lesgravures et sur les manuscrits principalement desobservations, des inventaires critiques, des caLaloguesraisonnés. Cette bibliothèque dontM. de Salis s'est tantoccupé, reflète trop expressément les dispositions,les tendances de son esprit; elle est trop intimementliée à la direction donnée par lui à ses études, pourque nous ne nous arrêtions pas un instant â ladécrire.

Dans la bibliothèque de M. de Salis, les impriméscomprenaient 826 ouvrages, parmi lesquels 242 trai-taient de la théologie . et des sciences, des sciencesmathématiques surtout; 190 concernaient les belleslettres; 38, la bibliographie; 39, les antiquités; 317,l'histoire, parmi lesquels 83 regardaient l'histoire deLorraine, et 59, celle de Retz. Les belles lettres propre-mentdites ne touchaient pas beaucoup M. de Salis, saufdans les auteurs anciens, dans les auteurs grecs prin-cipalement, dont il aimait la langue, et qu'il avait

(1) La collection est au reste plus considérable en réalité que ne ledonne & penser le nombre pela élevé de ses numéros; quelques uns deceux-ci comprenant beaucoup de pièces, comme le No 119 qui contient808 titres relatifs à l'histoire de Metz; le N°141 qui renferme 858 chartes,le N' 142 qui en compte 392; d'autres encore qui correspondent & 25oeuvres étendues de gravures; à celles par exemple de Stella, de Cahot,de Sébastien Leclerc, etc.

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journellement entre les mains. Les ouvrages dePlutarque et ceux de Lucien surtout étaient en quel-que sorte ses livres de chevet. II aimait beaucoupaussi le texte grec du Nouveau Testament et il lereprenait souvent. Il avait à une certaine époqueabordé la théologie. Il s'était ensuite éloigné de sesspéculations; ses opinions s'étant fixées définitivementsur les questions qui relèvent de cette science, ouplutôt sur les méthodes quelle applique à leurexamen et sur les conclusions fournies par ces procé-dés de discussion. Ainsi s'explique la présence dequelques livres consacrés â ces matières dans sabibliothèque. Les traités de mathématiques y tenaientune place plus importante. D n'a jamais cessé de lesconsulter; niais c'était aux ouvrages d'histoire,et tout particulièrement à ceux concernant l'histoirede Metz qu'il revenait le plus fréquemment.

La vue de ses gravures lui procurait un agréablepasse-temps. Il aimait à contempler ses intéressantsrecueils de portraits de Van-Dick et de Nanteuil, sesbelles pièces de Stella, de Callot,de Séhas tien Leclerc.Il avait de ces deux derniers maîtres d'importantescollections de leurs ouvrages, sur lesquels il a faitquelques travaux: pour ceux de Cahot un catalogue,.avec une méthode de classification très propre àfaciliter les recherches, d'après les dimensions de sesplanches; pour ceux de Sébastien Leclerc, un réper-foire complet de son oeuvre. Il s'intéressait surtoutà celui-ci â cause de son origine messine, et il avaitlibéralement fourni de ses deniers â l'Académie deMetz, le moyen de récompenser et de publier leremarquable ouvrage de M. Meaume dont il estl'oljet (18744876).

Un recueil de la collection de M. de Salis qu'on

doit mentionner â' cause de son origaliWet'inaûdirtpeut: être pourlés -mutilatiôns• qu'il'a occasionndès-, estcelui des - frontispices gravés, originairement' formé'par M: dé la Mésangère, continué par de-BUre; quil'avait porté à plus de IOOOE'piêces, et acheté par- M.de SIis à-la vente de ce dernier pour- Penrichii' dénoûve)Ïes additions.

Ce que contient dé plus précieux là bibliothèque d&M. de- Sa] i ce sont ses manuscrits, et peut être encoreavant eux les belles séfies de pièces darchie& qu'il yavait jointes. L'une citelles comprend les 868-titresoriginaux du xiii 0 siècle au xviii 0 , qui lui ont servipour la composition de son traité dé Paléographiemessine; d'autres contiennent d'mntéressants-décumen-tspour l'histoire de Lorraine-, à-- partir du xi e siècle;Mentionnons encore deuxhefles-coliectionsdediplômes;-l'une renfermant des titres de l'abbaye du Gard au dio-cèse d"Amiens; et l'autre des pièces- venant des grandesabbayes du Pou thiêuetdel'Àrtois. Les diplômes del'ab-baye du Gard j doht-beaucoup ont 'conservé leurs sceaux-sont au nombre de 358, anl-étieurs pour plus des deuxtiers au xive -siùcl-ê,-ét-panni lésquelsil s'en trouve'unecinquantaine diixué -ét un du ix. Qant aux chartes duPonthieu et de l'Artois, il est int-éréssant dé -rappelercomment elles étaient - venues en ht possession- déM. dé Salis. El1s faisaient partie d'ùn lét de vieux paichemins en.voyé-en 1845par-la dit'ection' dé l'artilleriede-St-Omer M'école dê pyrotechnie dé'Metz;pour y-êtreemployésà' la con-féction--dés pièces d'artifice et -desgargousses â canon ,. M! de Salié et 'quelques autresamateurs, avertis du fait, obtinrent: sans peine dechoisir -dans l- quantité Ce qui pourrait lés intéresseren échange d'un poids égal de Darcliemiû neuf.,substitué - sans désavanttege-- à l'autre, pôur'l'usage

eoti 'voûIit étil fiIè.'M. de Salis aval y a&fS' aiiiMune magiiiliuOE côlièèUon dé près de 400 dili5ffi&sauvés pk1uiL dé 1dettuetibn dont 22 reïhbùtelkt auxn° siêole ét 1141 an' xa°, concernant M'ontreflsûMer, SaintOiner et autreslieu'x dé , lâ, contrée; ,iÏ; dSalis û'aL past eu1 sôu Vêtit db ces bonnes fortunes, ét ifa payé qU1pi6foÏs très

die les piècb qui venâieï%fefiYièl1ù ses' tbllbctions.

Noûs' floiÏs réserVé 1ioui etvpaflet en detni'elièùêtP, qùii,corireiliie les muntÉctits possédés pal' M. deSalS lie ibcupeùt, aûi%mnbre de t24, Iw t6tb d& oiicattIeu géuth%lÇ sous 11118 numéros,' dont qîkelqusmIs sont, déubles eV nêÎiae friplè, avW un dbrniérartitilec4uispar 14i'qkielqu mois avant Ëa fiiort etp'Ôrté au fnÏnféto t34& pli trrnine w câtutbue.M; &'Salis avait fait entrer dans sa ecillèclion' deûlgbm.e13:dè tiahusits notamment,que'-la nature déses travaux. le portait â rechercher particulièrement,les manuscrits datés, ifitéressant pour ses 4tudn-paléographiques;-et les manusetitÇs relatifs à l'histoiredé Metz cit de 1W province ;cetté histoire ayant Pris deplus en plus ;l pas sur tub' les aittïes sujets quiavaient-le dont db '1f atiirer

ipatlwil,lbs 424 inciuscriVs de Ifléllection, 12sôntdt&: 2 du nid siècle; 2 du' XII t), 6 dh v° et Qdu' Nous , eu; si IPronsmaintÏïnnt: 23 qui con'cernent spkialelMent iPhiÉtoire dé Metz 6f de payeiWiIOnnaklts

'Ce sent mitré autresdes ExAxaits, efr

2. volumes in 40 , exécutés au siècle dernier, de lachronique de Philippe de Vigneulies (n° 88 bis);quatre exmp1ttires ' dé lat ehroniqbe rimée(n os 13,71Bjs 92 14'4);une'db'pi du-xv ë si6d'e dh Pétif car-Cùlhfre de àint .Arnoùld. (no )) un Vetus ordn.ariumftfetcnse(n°46);uti& copie dkj . xVluC gièdlo (no'416) . u'

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fameux-recueil du xv 0, des jugements des Maîtres-Échevins de Metz, dont l'original appartient â labibliothèque de la ville de Nancy; des annales deSaint-Pierre de Romarirnoni et d'Hérival (no 86); unéartulaire du chapitre d'Épinal (no 7); les nécrologesdu Saint-Mont et de Saint-Pierremont (nos 40 et 28);des histoires manuscrites des abbayes de Chaumouzey(no 71), de Saint-Alban (no 73 bis), et de Saint-Clé-ment de Metz (no 1348) (1); un Polium du nnte siè-cle des duchés de Lorraine et de Bar (n° 1.09); etenfin deux recueils généalogiques et héraldiques d'ungrand prix savoir: le manuscrit original inédit dutome II du Nobiliaire.de Lorraine de Dom Pelletier,consacré à l'ancienne chevalerie (n' 2), le tome Iqui concerne les anoblis ayant seul été publié; et leNobiliaire de Lorraine de Didier Richier, inédit égale-ment, exécuté en 1577, pour les Bailliages deSaint-Mihiel et de Clermontois (n° .6), les autresparties de ce grand travail, pour le reste de laLorraine et du Barrois, n'existant plus.

On nous pardonnera cette énumération; en raisonde l'intérêt que possèdent â nos yeux comme onle sait ces précieux documents historiques. Nous n'endirons pas davantage de l'importante collection demanuscrits de M. de Salis, â laqielIe il a consacré uncatalogue raisonné qui n'en laisse pas un seul articlesans un appareil d'observations; par où l'on voitquelle attention judicieuse il avait mise â leur acquisi-

(1) Cette histoire de l'abbaye de Saint-Clément est le dernier manus-crit acquis par M. de Salis. Il l'avait acheté ers 1880 de W. DufrSne.C'est t'ouvrage inédit de Dom rI'Armène, dont nous ignorions la destinée,et que flous avions signalé comme perdu, dans notre Notice sur lesmanuscrits de Metz, P. CLIII, au Tome V du Catalogue général desmanuscrits des bibliéthèques publiques des Départements. 1877,

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lion, quel fonds d'érudition il avait appliqué à leurexamen et à leur appréciation. ()

Nous avons donné dans les pages qui précèdentun' aperçu des travaux exécutés par notre confrèresur des sujets nombreux et très variés qui peuventse rapporter à la Bibliographie, après ceux qui con-cernent les sciences historiques dans leurs branchesdiverses. C'est par ces travaux dont les nôtres se rap-prochent, non moins que par la conformité de nosidées avec celles de M. de Salis sur bien des questions,que s'étaient graduellement resserrés jusqu'à la plusgrande intimité les liens qui nous attachaient à lui. Ilnous a été permis ainsi de parler en connaissance decause de ces sujets d'étude où nous avions pu le sui-vre. Il on est d'autres qui, à notre grand regret, nousétaient étrangers, et qui ont occupé également pourune bonne part l'activité de son remarquable esprit;nous voulons parler des travaux qui concernent lessciences mathématiques, -

Nous nous bornerons ici à mentionner simplementpour mémoire, afin de n'être pas incomplet, les tra-vaux de Géologie qui ont, à un certain moment,captivé M. de Salis; mais sur lesquels il n'apas beau-coup insisté, après quelques observations directes sutles terrains des environs de Metz, sur les terrainsoolithiques notamment, et sur ceux du lias.

Pour ce qui regarde les Mathématiques, quelquesuns des hommes qui â notre connaissance ont puavoir la confidence des travaux de M. de Salis en cesmatières, l'abbé Maréchal, le général Didion, le colo-

(1) M. Kraus n fait de ce catalogue, sous 142 numéros dont les 24 der-niers concernent les lettres et diplômes, tin extrait succinct mentionnantl'âge des manuscrits et en quelques mots leur contenu; et il l'a publiédans le fahrbfwher des verc4ns vert attcrthumsfrcuden i,,s RheiniandedeUqn, 1880, p. 72-82.--

iiJ Qo.ssç$n, n'existent plus. I)'autres plus jeuies, qtiiexistent encore, êtiet .jncckmplternQnt -renseignés.«t.. le Qqlop,çj e uplier pon4t à une demàhde,que noué ilui ayous adressée 4 ce sujet, s'exprimeainsi; , :14.. e Salis »e rn'a jamais communiqùé ses.i étqds;mthématiques. Tout ce que je -connais deni lui oois$ dans ses ' uxrnodèles,de,cadrah solaire,4.(k0Ut.L4.I seu1erent pifre »n certain: qaitveg (@'Q4gwlkl1te., 4 d»s i13 solution urj ,problème det gneaIogie kgénArak qu'il s'.$ait pose, imai .9 dont lesit4iW.c1.L4s U'dtaiqnt jisU.es qu'il 'y ait :Ueu d'en

parlec. Nes .cqnyrations .scjentitiques. jtoûtefoig• m qat ilaiSsé ja -co».viction qu'il :at beaucoup.c. itranillé les inath MaI

. jeq sen eut 4ans nIos entretiens scientifiques ils(çjt prendre à tâche 4effaeer a tpersoxinautt;

« et c'est sans doute 5par uite dece sentiçientexagéré,c .qpe..is resté i.gnQraqt de ja plupaut de sesz travaux originaux., -

Le problème [de,gééalo .gie 4ej4 il .et ,paeld,danà lalettre de M. le colonel .Eeucellier est une -questiondont .ios avens dit quelques mots précédemment, &i

au point de vue mathématique, avait motivéun emploi du calcul des prpbahilités, Jequ1 na d'orirginal dans ce cas partieIier •que l'application assezinattendue qui en.est faite,aisi & des matières iaie,.ment traitées -par. de pareilles ,méthodes.

Quant ..aui :mo.dèle.s de cadran solaire mentionnéségalement par hl. :Peaucellier, 1s ,se -rapportent aux.travaux. de Œnemnique 1pqussés assez: ,loiii par4. de ijs., .qi4 t toujowp. .beauqpwp .qcpupé de

celte science. Ihavait notamment -ù venté. 'mi cadran4p4atoria'I avec courbe mobile du-tenips moyen; dont1'avanta e était de dôfiner avec >frdôisin I1'ejirç

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moyenneà 'un-.iistant. quelconque-; tandis ,que rsiar lescadrans ordinaire - awee courbe du ienps moyen-tracée uniquement pour de midi, en ne litle temps-:.moyen quà cette heure :de midi 'seulement,teL quà' lente: ùiitre heure on n'.y voit que 4e temps-Vrai. Nous'. :donnons ces indications d'après des.explications 'fournies sur ce sujet .çar motrelancienteou-tfrère M. le colonel du génie Cou-lier, très compétenten pareille matière, et ifor.t:au courant des travaux deGnomonique de- M. ide Salis. Nous devons de iphs:au.colbnelîGpulier pour le cadran ide M. ,de Salis -une1decripLioa technique quon trouvera en appendice ,àla suite de la présente nc:tie. Ajoutons que. Uinven-aion de notre confrère .a tété renouvelée par uningénieur nommé F1échet4uineccnnaissait waisem-ibla.lement pas ses travaux, ,et qui prit 'pouncet objetun trevet en 186,1. L'antériorité de da découverte4e M. -de Salis est constatée par 'la constructionque dès .1.856; M. ,&llieni, iopticien à .Metz, ja ifaite

-soius ' sa idirection d'un ;appareil -exécuté pour eiéalioeronjimoentiôt -

À ce tqu'il Sus est permis de dine ainsi des travaux.de Gnomonique ide M. de Salis, -nous ne pouvons pas.ajouterand chose, -non 'seulement .â cause de notred.ncompétence -en pareille matière, mais encore ,en rai-'son de la rareté .des ttémoignages que Oui-même .a3aisss de sesétudes sur tee 'sujet. Presque tout cequ'il a «ait dans ce geme, comme ,dans bién d'autresdu reqte, ta péri de sa mainimûme. POEunce tqui iest engénéral des mathématiques, indépendamment ide cequi ne 'faisait que passer ,sur le tableau ou sur 1ar,doise, et igue tl'4ponge effaçàit ;au S' â. mesure dutravail, il tait parfois ses ca1culs,gt les développements,de-son analyse..sur 'le papier, dans des ' conditions qui

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auraient pu en rendre le souvenir plus durable, 's'ilne s'était ensuite fait lui-même l'agent volontaire .leur destrubtion. Nous l'avons vu en diverses circons-tanceb anéafitir ainsi des cahiers contenant lesrésultats de travaux prolongés, qu'il supprimait endisant: « J'ai trouvé ce que je cherchais; cela n'inté-« Iresse plus personne. xi Une fois entre autres détrui-sant un travail assez étendu entreprisà propos d'unmémoire publié par un de nos confrères, il nous disait:« Je me doutais bien qu'il avait tort et qu'il avait dût se tromper. J'en, ai acquis la preuve; c'est tout ce

qu'il me fallait. Je n'en parlerai, ni à personne, niâ lui surtout que cela peinerait certainement, sansaucun avantage capable de compenser l'ennui

t qù'on lui, causerait ainsi.Il nous revient 'en mémoire à ce propos que, lui

ayant un jour deniandé compte de la disparition decertains cahiers tout remplis de calculs, que depuisplusieurs semaines il ne quittait pas, il nous fit cetteréponse, que, en possession de la solution qu'il.cher-chait, il les avait la veille au soir déchirés et jetésau panier. II ajoutait en riant qu'il s 'était mis au litaprès cette belle exécution, puis que sa pensée reve-nant sut' les principaux traits du travail qu'il venaitde terminer, un doute avait surgi tout-à-coup dans sonesprit, touchant un point de détail, avec l'inquiétuded'avoir omis quelqué chose d'essentiel dans ses calculs.t Ce doute, dit-il m'envahit, il m'obsède. Je n'y tiens'i plus, je cours au panier. Tout y était naturellementt mêlé. Je le vide sur le parquet et je me mets àt reconstituer les feuilles 'en rapprochant les mor-e ceaux. Je passe la huit à cette besogne, et let matin mon domestique me trouve à quatre, pattesit dans ma chambre jonchée de petits morceaux

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ix de papier, au milieu de tout ce que j'avais put trouver sous ma main de bougies, allumées çà et« là pour éclairer ce champ d'opérations. C'était à: met croire fou; ce qui m'est fort égal comme bien vous« pensez. J'ai revu mon travail, je ne m'étais past trompé. J'ai maintenant l'esprit en repos. C'est unet question bien et dûment enterrée. Je n'y reviendraiix plus.

C'est ainsi qu'il a détruit tout ce qu'il a pu fàiréd'important en ouvrages de mathématiques. 11 semblequ'à cet égard tout devait conspirer à leur perte.L'Académie elle-même n'a pas conservé une notequ'elle lui devait; et qu'il eût été intéressant de garder.C'est le seul travail qu'il ait jamais exécuté pour elle.Il s'agissait d'une question de mathématiques. Voicidans quelles circonstances le fait a eu lieu.

C'était vers 1852, quelques année après l'admissionde M. de Salis â l'académie où, soit dii en passant, ilne s'était guère montré depuis son élection, absorbéqu'il était alors par d'autres soins. A la suite de larévolution de 1848, et à la veille de la proclamation del'empire, il s'était livré d'abord aux entraînementsde la vie politique avec un emportement passionné, au-quel avait succédé bientôt, comme nous l'avons raconté,un découragement chagrin. Il en était là, et vivait fortretiré, quand un jour l'Académie reçoit d'un jeuneofficier fratchement échappé de l'École polytechni-que et arrivant à l'Ecole de Metz, un mémoire demathématiques. Grâce à sa situation dans une ville oùse trouvaient des corps nombreux d'officiers d'artil-lerie et du génie, avec l'École d'application des deuxarmes savante, l'Académie de Metz a toujourscompté des mathématiciens dans son sein. Lemémoire présenté avait passé cependant' inaperçu.

L'autwdenïand dfl. jeW p1usitad.uil ï'aflôft aurn tra'aiL OP aitpreit'eii rnffl teps4tie '1tjune

ffitierr, jed •u!ï *t dÙbingÙ6, ibrt 'instruit 'Û1aisdoué cI?iYi esprit Sa@ŒstiÎfu. 'ét pôu cette taisentfwtb retkuté de ses cntmradcs voire- dé- ss :profes-'seurs, aux dpéits de pli ôfl ;le, saif volotitters'disposé * eefter ni iflaIit. La pensée -W. luitvenir, croit-on, de faire d'une académie de provihee'1!objL, de: qk1ekue' mystification. NkIF ne SE soudienawellaent'dî jouer peronnellernentukt"iôIe: OiTpeut, en' effet,. malgré- :beaucoup de sSne tomber,dans un, pige.hai1enient préparé: Mtt ou raison.cstte'sidée' s'empare de' quelques esprits. 'L:ènmen' durnffioive Si vainement p'èposé 1)1' 1 président.Li es •matIuSrnaticien' présents- se récusent. lis •nbnf:ni le temps, dientLiIs,.1ii le pût de faire un peusunv.Lun' d?eu,. inr ancien' eo1one1!:dugdxn, alu' sii*itéde déclarer que, vieilli sous ieharhais, iliie.eenuaitqutimRirfaitethent certaine méthodes nouvellesdanalyse qui étaient ignorées comme iF le, dit, de sontemps, et qu41 : n'esVplude.à . se.rernettie à' 1'écOlel

Dans'cettiespêce: de- désarroi .,on pensé à M.' deSalis,?mathématicien'&ors 1fgne avait-il , été , ditquanitorïl'avait aewqueIquetemps aaparavanbdans?IaCorn'-paghibItu'éLaitpas;prései1t; on : lui- députe , unichargé de iuiiremontrer'q&iI':lui'appartïextt' d'épargnerà-FA'cadêinie le ridicule d'ètre'mise .en'é'chec pai7 tkhmiurvais'plaisant peut-être. 11'proittei dejetèrle yewsur 1'emémoirequi' lui' a ét&apporté { eF detoii4 au.n14Sjn ai c'est un 'traNail sérieux; Lé leidetubiit:malt ii envoie une inote : très brève, où dl étdit ditsuecitictèment qtiè let mémdfre en • question'.éenteitSuni dévèloppement ingénieux ,d tuile formulé donnée'parFourier,.duns uwdeses' ouvvagS;'qûé:l'autélwy

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taisait preuve de coPn.issances; . mais qû'il lui étaitéchappé â un certain endroit une inadvertance plifaussait son calcul et infirmait ses conclusions. Quel-ques lignes d'nalysç justifiaient l'assertion. Bien deplus. Cette note fut mise sous enveloppe et envoyée âl'auteur du mémoire dont on i'entendit plus parler. Oneut le tort de ne pas lui en expédier une simple copie,Pour en conserver l'original. L'académie ne se doutaitpas qu'elle ne devait jamais recevoir autre chose deM. de Salis. L'oeuvre n'avait pas i.eaucoip d'étendue,elle avait de l'importance. Notre confrère avait renduà la Compagnie, sans grande peine il est vrai maiscela n'en diminue pas le mérite, un véritable etsignalé service.- Malgré la disparition de presque tous les travauxe M. Øe Salis relatifs aux mathématiques et à leurs

applications, nous pouvons mentionner encore à cesujet quelques morceaux qui ne sont pas dénués'intért, des observations et calculs astronomiques

consignés dans un cahier qui contient en outre quel-ques autres fragments d'uli caractère analogue. On ytpove j avec la discussion de plusieurs questions demathématiques proprement dites, des notes sur lescorrec ions à apporter aux .dimensions du grandplan de Metz de 1739, en raison de son état imparfaitde conservation.

Nous avons déjà dit deux mots de ce plan de 1739, âpropos des travaux effeclués par M. de Salis aux archivesmunicipales de Metz où il est déposé. M. de Salis avaitreconnu en homme da métier,, â certains indices, quece plan n'était lui-même qu'in copie. Il l'avait SsujteSoumis â u-n travail de' triangulation qui avait pourobjet d'en rectiller par le calcul les données, altérées!p. r site du 'vtvais état dans lequel il- se trouvait,

10

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et de déterminer finalement l'échelle de sa construction.C'est ce qu'il fit en y rapportant la distance connue quiexiste entre la flèche de la cathédrale et le clocheroccidental de l'église Saint-Vincent. Il avait trouvéainsi, que l'échelle du vieux plan est au 432mo,proportion qui est exactement celle de 2 lignes partoise.

Il nous reste quelques notes de M. de Salis sur latriangulation de ce plan de 1739, exécutée ainsi par lui,et sur le travail de corrections dont elle était ieprincipe.« Ces corrections ont exigé, dit-il dans ces notes, un« premier calcul de tous les angles des triangles, au« moyen desquels j'ai pu constater, pour chaque pointt de la triangulation, de combien la somme des anglest entourant ce point différait de 360 degrés. Ces di.flé-« rences m'ont alors permis de calculer les petitese corrections à faire aux côtés des triangles, pour

ramener exactement ces sommes à 360 degrés; cet que j'ai fait en employant une méthode de correctione que je nomme statique, parce que j'y ai été conduit par« la considération de l'équilibre des forces élastiques,t suppôsées appliquées à tous les points du réseau,t dans la direction des côtés considérés comme légé-

rement extensibles.....Je me suis contenté d'opérer« sucessiveiient ces corrections, en partant de la suite« des triangles qui bordent le plan entre la tour« Serpenoise et la porte Mazelle.....m'éloignant peu âe peu de la hase d'où j'étais parti, pour arriver à« l'extrémité opposée du plan, et terminer...., le 31t Août 1872, par le calcul du rempart Belle-Isle que• j'avais trouvé de 4606 mètres, et auquel je n'ai eu• à faire subir qu'une correction de 1 m. 26; résultatt remarquable et qui prouve qu'on peut substituer sans

inconvénient la méthode de correction de proche en

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t proche, àla méthode simultanée qui entraînerait« des calculs interminables »

Nous avons cité de passage, parce qu'il montredans quel esprit M. de Salis aimait à appliquer sesconnaissances mathématiques, avec la tendance cons-tante à simplifier les calculs. La méthode de cor-rection introduite ici par lui et qu'il appelle méthodestatique lui est absolument propre. Elle est fondée surles lois d'une science, la statique, où les forces sontreprésentées par des droites, et dont on connaît denombreuses applications; celle qu'en fait ici M. de Salisest nouvelle et lui appartient. C'est ce qu'il convenaitde constater.

L'analyse algébrique dont la vertu est d'étendresingulièrement la portée de l'esprit dans les calculs,a pour résultat non seulement de lui permettreainsid'arriver jusqu'à des limites que sans son secours iln'eût jamais atteintes, mais, en outre, de simplifier pourle calculateur des opérations longues et difficiles aux-quelles sans cela il serait condamné dans bien descas. C'est ce dont M. de Salis dohne une démonstrationpiquante en présentant la solution d'une question demathématiques pures, du petit nombre de celles dontnous trouvons une exposi lion complète dans ses papiers.Quelle est la somme des modifications dont un nombrequelconque est susceptible par les changements deplace de ses chiffres? M. de Salis donne une formulealgébrique très simple qui permet de résoudre le'pro-blême en quelques instants, et il en fait l'applicationà un nombre composé des 10 chiffres de la numération.Il démontre ensuite son utilité, en présentant uneappréciation de ce que coûterait cette solution à uncalculateur qui l'entreprendrait par les méthodes arith-métiques; élit joint àces considérations l'estimation des

-

probabilités d'erreur que comporterait iasôiutiônopérépar ce moyen. Cette solution coûterait, dit4l, auma1heurux calculateur 46 volumes in-folio d'additions,et une porte do temps de plus de 8 mois, 'employéspéniblement à chercher ainsi tin résultat qui lui échap-perait peut-étré findiement, et qu'en tout cas il seraitsûr de n'obtenir par cette voie qu'a un certain degréd'approximation, avec des chances déterminées d'eireurs; tandis qu'il aurait pu résoudre exactement leproblème en quelques instants, par le calcul de sonipresioii algébrique.La perte presque complète des travaux de M. de Salis

anéantis par lui, réduit on le voit à bien peu de chosece que nous pouvons dire de ceuxnotamment quiconcernaient les mathématiques. Nous regardonscomme une bonne fortùne de pouvoir faire connaîtr;

râce â l'obligeance de M. le côlonel Goulier, ainsi quenous l'avons dit, un des résultats lés plus positifs et lèsplus remarquables de ses études sur ces matières. Outréla description du cadran de M. de Salis par le savantingénieur, nous transcrivons encore dans notre Appen-dice une noie de notre confrère M. Schuster, surquelques fragments retrouvés parmi les papiers laisséspar notre ami, et que le hasard a sauvés de la destruc-tion. C'est â peu près tout ce qu'on peut faire pourdonner une idée frès incomplète encore des connais-sances ci des travaux de M. de Salis dans les sciencesmathématiques et dans queliues-unes de leurs brai-ehes, la G-nomoniqtie surtout, ainsi que l'Astronomieet la Géodésie auxquellesil s'était particulièrementattaché.

Nous sommes encore moins informés de ce que M. deSalis a pu faire dans des études d'ùn autre genreauxquelles il s'était autiefois appliqùd; niais qu'il avait

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abandonnées â l'épôqDe remontant cependant assezloin déjà, où nos relations ont commencé avec lui.No Voulôns parlet' des étuclés de Théolbgiè queiôds adii mevitiônnéès précédemment. Nobs n'avbnHen â en dire dpie Pour signaler quelques points ddoctrine auxquels il s'était airété en abandonnant ces'spéca1àtIbn. En fait de croyances, il prétendait nevouloir $s dépasser - leslimites de ce que 5011entendement Pouvait saisir et cpmprûdre ; Srefusànt à imaginér ce qui échappait Œ sa cempré-liension; et ji'dmettani pas d'avantage ce qu'au'-raint pu dans le même ms imaginer les autres.Il s'était ainsi à prni près complètement interdit ledomaine de la Théologie proprement dite, poure maintenir excitisiverfiht dans celui de la Phi-

losophie; et là endore il 'était imposé des bornes endeçà de la Métaphysique, pour se rehfermer gradueblemnt dans le cercle assez resserré de la pure Moralequ'il mettaitau premier rang des spéculations de l'esprit,comme le faisaient â peu près les Stoïciens, dans l'awtiquité. Quant aux quèstions métaphysiques touchantl'origine de l'homme et sa fin, il se résignait à lesignorer. Nous avons dit ce qu'était sa Morale; nousn'y reviendrons pas.

Obligé par la nature de ce travail de nous renfer-mer dans d'étroites limites, avons-nous réussi à fixercomme nous l'aurions voulu le souvenir du confrèresi digne de regrets dont nous déplorons la perte?Avons-nous suffisamment mis en lumière ce qu'ilétait et ce qu'il a fait Ce que nous en avons ditcorrespond-il à l'impression que peuvent en garder,ceux qui l'ont vu et â l'idée qu'il convient d'en donnerâ ceux qui ne l'ont pas connu?

Malgré la vivacité de notre affection et de notre

I

-

admiration pour M. de Salis, nous sommes resté au-dessous de la tâche difficile qui nous était confiée deparier de lui, si nous n'avons pas confirmé pour lesuns, inspiré aux autres les sentiments de singulièreestime que mérite cet homme éminent, chez qui lesqualités du coeur le plus généreux s'ajoutaient si heu-reusement à celles d'un esprit abondamment pourvudes aptitudes les plus rares, développées par une cul-ture incessante qui n'a fini qu'avec la vie.

Nous avons dû être bref dans les témoignages qu'ilnous était permis d'en donner. Forcé de nous arrêter,nous n'ajouterons plus qu'une dernière et douloureuse..réflexion. C'est que, en toute circonstance; on nsrem-place pas facilement de tels hommes; mais que, dans lacondition où nous sommes, une perte semblableest absolument irréparable; qu'au sein de la Cité,comme dans les cadres de l'Académie, un membreaussi considérable de la vieille famille messine sicruellement réduite disparaissant encore, laisse vacanteune place de plus, qui pour longtemps restera vide,comme tant d'autres le sont déjà.

31 Décembre 1880.

APPENDICE

En mentionnant les travaux de M. Salis sur les sciencesmathématiques et la place qu'ils ont tenue dans sa vie, nousavons dit quels motifs nous empêchaient d'en parler commeil eût convenu de le faire dans une notice consacrée à samémoire. Ces motifs sont d'abord la destruction par lui-même de presque tout ce qu'il avait écrit sur ces matières,et ensuite notre incompétence personnelle qui ne nous per-mettait pas de suppléer cette fois par nos souvenirs à ce quifaisait ainsi défaut. Nous avons pu heureusement, sur un pointimportant, user des bons offices de M. le Colonel du génieGoulier, que ses connaissances spéciales, aussi bien que sesanciennes relations avec M. de Salis mettaient notamment à mêmede parler avec une parfaite compétence du cadran équatorialdont l'invention est, un des titres scientifiques les plus sérieuxde notre ami Nous avons eu de plus recours à l'obligeance denotre confrère de l'Académie, M. Schuster, ancien membrel'université, professeur de sciences aux écoles municipales deMetz, pour examiner et apprécier quelques fragments laisséspar M. de Salis, qui se rapportent à ses travaux de mathéma-tiques. Nous y joignons des renseignements succints sur troisou quatre cahiers retroués encore parmi ses papiers, et con-tenant des notes sur des sujets_du même genre.

En fournissant ces indications, nous nous faisons un devoirde faire connaître un passage d'une lettre que M. de Salisécrivait le 45 Septembre 4880, peu de jours avant sa mort, etoù il disait, à propos de ce qu'on pourrait trouver chez lui deses notes encore subsistantes : a Il n'y a absolument rien à con-• server dans mes notes de, mathématiques, qu'il faut brûler.»

Il était assurément permis de ne voir dans cette recomman-dation que l'inspiration d'une modestie exagérée. Aussi, de l'aveude Madame de Salis, tous les papiers d'étude de son mari or1t-ils été respectés. Nous croyons satisfaire par cette déclarationà ce qui est dû aux sentiments d'excessive réservé exprimés parnotre ami, et en même temps sauveg'arddr la juste considérationqu'il convient d'accorder à son savoir qu'on ne peut pas jugercomplètement, il le pensait lui-même, d'après ces fragmentstout à fait insuffisants pour en donner In mesure. Peut-être, eneffet, sembleront-ils peu importants. La pénurie 'informationssur les matières qu'ils concernent ne permettait cependant pasde les négliger absolument.

j . .- Note de M. le Colonel Goulior.

En 1856 fil. de Salis fit exécuter chez Bellieni, opticien àJetz, et l'un des agrégés artistes de !'Académie, plusieurs

exenplaires d'un cadran ingénieux donnant le temps moyenavec une grande exactitude. Voici les dispositions adoptées pourcet appareil:

Un limbe divisé en 24 heures et subdivisions d'heures estfixé dans une direction :paréltèle à l'équateur, et constitue uncadran équatorial. Une alidade, tournant autour du centrede ce limbe, est munie d'un vernier indiquant des fractions déminutes d'heures. Sur cette alidade sont fixées d'équerre deuxpinnules ou plaques métalliques portant l'une deux trous, etl'autre une courbe du temps moyen séparée en deux parties,.dont chacune correspond à l'un des deux trous de l'autre pinnn-le. Quand on dirige l'alidade de telle sorte que l'image lumi-neuse formée sur la seconde pinnule par les rayons solaires quiont traversé l'on des trous de la première, soit bissectée parcelle des branches de la courbe du temps moyen qui correspondà la saison on lit sur le vernier l'heure nloyenne actuelle.

Il est facile de faire comprendre comment ce résultat estobten. Les deux trous de la première pinnule et une droitemédiane, tracée sur la secpde pinnule, sont dans un même plan,qui est perpendiculaire à celui du limbe, et qui passe par lecen. tr.a.de celui-ci et par le zéro du vernier. JI en résulte que

-

s?.londspo's&i'liddd dÔ' tll'"s6rte «ne i'itig4 di soleil 'soiFbistée'p'r, la droite 'nédie, le ryon du liSbb'qhi c'orrMpoiVdaiiz'érdiÏvérhjer sera dafis le plan hôr'ai'e' S soleil.` Ce ti'aitzéro indiquera donc, siir k limbe, l'heure vraie aûellé. dnaura it iùsi 'i'ud'e 'cecddratz équatoriaux 'du tempè v'r'ai,eim'e du en

-ïtùt'e,ôcutés Si on, laissé l'alidade en place, 'let

du soléil décrira "sui'1è'plaf?'dlaseconde phnu1é unet pahbole, intèrsecuè'n du plan de cetiepjih'te avà6 Ii iie"déci4t 'j?jle rayoW sôlai're'autoiit' de laù'dcadraii° axb parh1lèleà"celi de

lla ter'r'e AioI déq'ue'sbà

a4tvee une heure de trns moyen 'égale k'l'heure d& tmps v'ralqu'on lit actuellement en regard du zéro duernier, le centre de'I'iihd du' sblelboc6u1per 'sûr la 1parabole' décrite, une position'plus ou moins dista?iïe de la ligne i*édiane, selon que l'écartentre' le' td 'ps 'màbn1'et l t&inps vrai sera Plus ou nioins grand.Or, û' chqu'ejour de'l'adnée correspondra surlâpinhule nuéparabole diff&èiite, pîù's oE moins' distante du plan équatorial'pasatiI p létrdu'conidéré; selon que Je dêclinaiïon dusoleil 'serh plus ou xêins fdrte; Pdrtons doâc sur ch'acunè deces paraboles, ou plus simplement,, sn'- les tangentes à leùr'sommets, mais en qens inverse du mouvement diurne, deslongueurs correspondantes aux avances et aux retards du tempsmbyen sur' lb tSs vrai pour' les jours considérés, et joignonsles points obienus par une c6urbé continue. Celle-ci' sera laeo'ii'b'c du tenps m6 jen, et elle j'oiira de cette propriété quesi, pour vu jour quelconque, - on donne à l'alidade' unèposition telle qiid l'iilihgé dù'soleil soit bissectée,'noù' plus parla' dbbitè' médiahe; mais Hien par 'la branche de Sukbe qdi'cdfresponft'à là saison, ' le'vernier indiquera sur le limbe non'plus le' tdbi1is v'ai, mais bien le temps moyen. Et' cetteindicà{ion' sera dofrectd tant que , l'on pourra supposer c1ùe à'une déclinaisdn' donnée correspond une même équ'àiidn du,temps, supposition admissible, même a vec ' l'exactitudé donnéé'pdf'ld'cdbn, peiidafit iilusieus dizài.des d'aiftiéds

Én réàlit ' M.' 4h' Salis de traçait'pas lh'doùi'be coMiniib q'u'eMexigée l'empli' d'ub seul- oeilletoh'; ce qui eût' nédesàité dhpili'nlilà ' t?o'p haute.' 11 diviait

sa courbe en dedi jirués qûl

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correspondent , l'une aux déclinaisons australes, l'autre auxdéclinaisons boréales du soleil, et pour chacune desquelles ilfaisait usage de l'un des deux trous percés près des extrémitésinférieure ou supérieure de la première pinnule.

C'est ce détail et quelques autres, tout aussi bien que la formeextérieure, qui difléieucientdu cadran de notre confrère un autrecadran, fondésurle même principe et quia été mis dans le commercesous le nom de chronomètre solaire de FlôcIvct. Ce derniercadran a été breveté le 28 Mai 18t, par conséquent 5 à O ansaprès la construction des cadrans exécutés pour M. de Salis. Lesdroits de priorité de notre confrère sont donc bien certains, Iln'a pas cherché à les revendiquer. II était trop heureux de voirréaliser, dans une fabrication industrielle et commerciale,un dispositif auquel, avec juste raison, il attribuait une utilitépratique. Et, en fait, si une publicité suffisante avait été donnéeà l'appareil Fléchet, si cet inventeur n'étaitpas mort prématu-rément, le cadran du temps moyen imaginé d'abord par notresavant confrère se serait certainement répandu, au grandavantage de la régularité des heures indiquées par les horlogesdes villes et des campagnes.

II. - Note de M. Schuster.

Quelques fragments des travaux de M. Salis relatifs auxsciences mathématiques, retrouvés après sa mort, à Metz età fleaumarais, ont été distribués en cinq liasses dont voicil'inventaire.

1. - Mouvement des projectiles. Questions diverses à ce sujet,telles que - 1° De la courbe de probabilité des portées lion-zontales, dans les cas OÙ tous les angles de projection sontégalement probables entre 0° et 9Qo - 2 0 L'angle de projectionétant supposé non susceptible d'écarts, et la loi de probabilitéde ceux de la vitesse initiale étant donnée, trouver celle quirégit les écarts de ]a portée horizontale.

Tracé d'une courbe expérimentale de probabilité. - L'équationt = f (x) du mouvement d'un point sur une droite étantdonnéè, ainsi que la distance OX = X, parcourue dans letemps T=f(X), on demande quelle est la probabilité p(x)dcc,

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que le point ï se trouve entre X et X ± dx. - Application.

- Réciproque.Question relative aux courbes de probabilité et dont l'énoncé

seul est donné, (cet énoncé est fort long).Question résolue pàr la méthode des moindres carrés.. - Cor-

rection à faire à trois mesures a, b, c, dans le cas où e n'estpas exactement égal à a + b.

Deux problèmes de géométrie pure.Il. - Géodésie, Arpentage. - Solution statique du pro-

blèine suivant: Trouver le système des plus petites correctionsà appliquer aux mesures prises à la fois a, b, e, A, Il, C, destrois côtés et des trois angles d'un triangle. - Solution statiquedu problème suivant: Connaissant la valeur exacte C d'un

• des angles d'un triangle, et n'ayant que des mesures approchéesa, b, e, de ses trois côtés, trouver le système des plus petitescorrections à leur appliquer, pour qu'elles s'accordent avecC. - Solution par la méthode statique du problème suivant:

, Connaissant les valeurs exactes A, B, C, des angles d'un trian-gle, et n'ayant que des mesures approchées o., b, e, de sescôtés, trouver le système des plus petites corrections à leurappliquer, pour qu'elles s'accordent avec A, B, C.

III. - Instruction sur le tracé d'uit cadran vertical. Calculsse rapportant à la même question. - Epure. - Formules detrigonométrie sphérique (au nombre de six) se rattachant aumême sujet. - Tracé d'un cadran vertical déclinant de l'Està l'ouest.

IV. - Applications du calcul des probab i lités à des résultaisd'observations ou à des expériences. - Solution d'un problèmede cette nature, au moyen de- considérations géométriquespar M. le Colonel Peaubellier. - Extrait d'un mémoire de M. leLieutenant-Colonel Wagner ayant pour titre: Calcul des pro-babilités appliqué aux erreurs d'observations.

V. - Artillerie et Balistique. - Calculs relatifs au motive-ment du boulet dans l'âme de la pièce. - Etablissement dessix équations au moyen desquelles on pourra déterminer toutes lescirconstances du mouvement virtuel d'une bouche A feu et de sonaffût, durant le temps très court de l'explosion de la charge.

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Calcul ] dos probabilités. - Questions relatives à la duréeprobable de l'existence humaine, d'après certaine' donnééL

Analyse géométrique. - Questions relatives d'ex"cerclestangents en un même' poitt d'une dourbe. -. Pr'oposition

Jl y a trois sortes de cercles tangents en un même point d'unecourbe: 4a ceux qui l'enveloppent des deux bMés à a fois;20 ceux qui l'enveloppent d'un côté et sont énveloppés del'auire;3° ceux enfin qui sont enveloppés par cette courbe des deuxcôtds à la fois. Cette proposition est là rectification d'une erreurqui existe dans certains ouvrages, et qui çoûsiste àn'adittreque deux sortes de, cercles tangent s en un mémé point d'unecourbe. -.

Planimétrie. - Note sur le planimètre de ML Ott et Coradi.-. Expériences sur le paniipètre Arnse,''

Géodésie. - Figaro •de la terre, aplatissement. - Formuledonnant la longueur d'un arc du méridien'.

Géométrie supérieure. - Propriété du quadrilatère gauche.Mécanique céleste. - Démonstration de la proposition ayant

pour énoncé: le point autour duquel tournent W terre et lesoleil est toujours dans l'intérieur du soleil, et à une distance deson centre égale seulement aux six dix_znillièrne de son rayon.

Gnomonique. - Mesures gouioméiriques, nô tes, dévelôppe-ments, calculs et tracés graphiques relatifs à la constru6tiond'un cadran équatorial.

HI. - Note supplémentaire.

Parmi les papiers laissés par M. , de Salis jasent trouvésencore les morceaux suivants.

I. - Un registre in-folio contenant:Ancien plan de Mets exécuté vers 4739. - .Corrections à

apporter à ses dimensions mesurées directement cl'uiie manièreimparfaite à cause des déformations duS à l'état du papier sur

,lequel il est dessiné (13 Décembre 187).Expression de la variation de .l'aiigle C d'un triangle en

fonction des variations da, db, db SUpposées, tr6s4 petites deses trois côtés a, b, Ç.

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Théorème relatif aux permutations. - Si on opère toutesles permutations dont un nombre est susceptible par le chan-gement de place dc ses chiffres, la somme de ces permutations

de chiffres de ce nombre, S la somme de ces chiffres, et lefacteur lit .... 141 se composant de m fois le chiffre 1.

Formules relatives aux petites oscillations d'un pendulecomposé d'un nombre quelconque de points matériels m, m',m" etc., répartis sur sa lige supposée rectiligne et sans pesan-teur, et placés è des distances r, r', r" etc. du point C desuspension de cette tige.

Calcul approché du nombre de millimètres dont on doitallonger, ou raccourcir le balancier d'une pendule pour larégler.

Évaluation de l'erreur commise dans les observations dehauteur du soleil. -

II. - Un cahier contenant des calculs pour déterminer4 , l'orbitd'solair', ' lé dih v4'mét effÏjiiqiie desplanètes.

Deux cahiers contenant 1- la triangulation de l'ancienplan do Metz exécuté vers 1739, en rapportant à l'écartementde quelques points de ce plan la mesure exacte de la distancequi existe entre ces points, d'après l'état actuel des lieux2e des observations relatives à ce plan, celles entre autres quiconcernent les mesures prises pour le calcul de sa triangu-lation.

METZ. - IMPBJMLRIE V. BOUTILIOT, RUE JURUE, t