20
Tables des matières Allocution prononcée par Solange Lehmann 3 Le devoir de mémoire 3 Arbor 4 Rubrique nostalgique 5 Retraite ! Vous avez dit retraite ? 6 Un projet audacieux pour la « Semaine des pénichettes » 7 Sur l’air de « J’ai descendu dans mon jardin » 9 IMPRÉCISION 10 Les enfants du bagne 11 Le bénévolat, ça paye ? 12 20 ans déjà et encore ! 13 Le trie-pieds 14 Des Auberges chantons la jeunesse !… 16 Le temps des cerises 17 Une communication du Professeur Tournechou 18 Composition du CD : 20 « Notre Amitié » n°95 Bulletin Anaaj Région Parisienne mars 2003 page 1/20

Notre Amitié n°95 mars 1999

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Journal trimestriel des anciens et amis des auberges de jeunesse de la Région parisienne. Reflète la vie de l'association, mais apporte aussi des témoignages sur les mouvements ajistes, et l'histoire des auberges de jeunesse en France et dans le monde, hier et aujourd'hui.

Citation preview

Page 1: Notre Amitié n°95 mars 1999

Tables des matières

Allocution prononcée par Solange Lehmann! 3

Le devoir de mémoire ! 3

Arbor! 4

Rubrique nostalgique! 5

Retraite ! Vous avez dit retraite ?! 6

Un projet audacieux pour la « Semaine des pénichettes »! 7

Sur l’air de « J’ai descendu dans mon jardin »! 9

IMPRÉCISION! 10

Les enfants du bagne! 11

Le bénévolat, ça paye ?! 12

20 ans déjà et encore !! 13

Le trie-pieds! 14

Des Auberges chantons la jeunesse !… ! 16

Le temps des cerises ! 17

Une communication du Professeur Tournechou! 18

Composition du CD :! 20

« Notre Amitié » n°95 Bulletin Anaaj Région Parisienne mars 2003 page 1/20

Page 2: Notre Amitié n°95 mars 1999

Sommaire selon les pages du bulletin papier :

Edito - G. Brenier 3La fête de l’AnaAJ 2003

J. Bernard 4J’ai descendu dans mon jardin

J. Skapowski 5Le temps des cerises - Vito 6Communiqué du Pr Tournechou H. Mercier 7-9La nostalgie 10Arbor – M. Thomé 11-12Retraite… vous avez dit Retraite ?

J. Birmann 13Une semaine pénichettes originale G. Brenier 14-15Le bagne des enfants – J. Marty 16-17Le bénévolat 18Devoir de mémoire – S. Lehmann 19-20La vie du langage – P. Danac 21Une Ajiste poète 2220 ans déjà – A. Schmer 23-24Non à la guerre – J. Bernard 24 Le tripier – Boby La Pointe 25-26Composition du CD 27

« Notre Amitié » n°95 Bulletin Anaaj Région Parisienne mars 2003 page 2/20

Page 3: Notre Amitié n°95 mars 1999

Allocution prononcée par Solange LehmannCe texte est l’allocution prononcée par Solange Lehmann lors de la pose d’une plaque commémorative 77, boulevard de Belleville, pérennisant le souvenir d’enfants de familles juives déportés. L’école du boulevard de Belleville est celle que Solange fréquentait à cette époque.

Le devoir de mémoireGentils enfants de Belleville – petits enfants du monde entier et à vos enseignants : Merci de nous accueillir pour vous raconter notre douloureuse histoire qui nous ramène au 16 juillet 1942. Cent cinquante-quatre enfants de mon école ont disparu et le petit Charlie, mon voisin que j’aimais bien. Ce matin-là, dans Paris occupé par nos ennemis, la rue de l’Orillon était cernée de tous côtés, les gendarmes étaient partout. Dans la peur, les pleurs et les cris des familles juives, papas, mamans, enfants étaient poussés dans la rue, un petit baluchon à la main, l’étoile jaune sur les vêtements, embarqués dans des autobus pour ne jamais revenir. Dans la langue juive on disait : partir pour Pitchipoï. Et moi, je suis l’héritière d’une immense peine qui a bien du mal quelquefois à s’exprimer, la vie peut être belle et je suis grand-mère de sept beaux petits-enfants et si l’on ne m’a pas attrapée je peux vous dire que je me console à vous voir, à vous expliquer que si j’ai été sauvée ce n’est pas que j’avais les bottes du Petit Poucet mais ma maman a pu écouter et comprendre les résistants de notre quartier qui criaient : « Ne dormez pas chez vous, une grande rafle va se faire cette nuit ! » Merci à Maria Doriath et à tous les justes qui nous ont cachés. Petits enfants de Belleville, mosaïque de toutes les couleurs, vous êtes la beauté du monde. Vous devez bien apprendre l’histoire de France, les résistances contre les occupants ennemis, même au temps de Jeanne d’Arc et les luttes des travailleurs pour une société plus juste, avec des lois de protection sociale. Apprenez bien à lire, découvrez nos poètes, La Fontaine, Victor Hugo, Robert Desnos, nos belles chansons, Gentil coquelicot… Il pleut, il pleut bergère… Peut-être que dans leur peur les enfants déportés se rappelaient les jolies rimes. C’est bon de savoir par chœur des poèmes appris à votre âge, on s’en rappellera toute la vie. Pour que ceux qui haïssent les guerres soient les plus forts, il faut beaucoup de respect dans nos différences. Ne permettez jamais qu’un enfant soit moqué, attaqué pour sa différence. N’employez jamais les mots qui blessent, qui offensent. C’est très grave et méchant.Dans l’école laïque, il y a ceux qui croient au Père Noël, ceux qui n’y croient pas, ceux qui apprennent la Bible, le Coran, la Thorah, ceux qui mangent du porc, ceux qui n’en mangent pas. Ces différences, c’est l’éducation de vos parents, de votre famille. Mais ici, c’est l’école laïque, héritière de la Révolution française, des penseurs de la Liberté, de l’Egalité, de la Fraternité. Aidez vos parents qui ne savent peut-être pas très bien le français. S’ils sont exilés en France c’est qu’eux aussi, dans leur pays, ils ont connu une histoire douloureuse : au Cambodge, au Rwanda, en Yougoslavie. Apprenez aussi leur histoire. La Liberté s’appelle Amour, elle donne le visage du bonheur. Merci à tous ceux, gens de cœur qui ont sauvé des familles juives. Merci à vous, les enfants, de comprendre cet hommage aux cent cinquante-quatre enfants disparus.Soyez fiers d’être des gardiens instruits contre les méchants qui blessent et tuent. Merci.

Paris, le 7 décembre 2002.

« Notre Amitié » n°95 Bulletin Anaaj Région Parisienne mars 2003 page 3/20

Page 4: Notre Amitié n°95 mars 1999

Arbor   C’est   à   partir   de   1839   que   Claude-­François   Denecourt,   un   assez   curieux  bonhomme  que  ses  Alatteurs  baptisent   le  Sylvain   commence  à  rédiger,  à   tracer  dans  la  forêt  domaniale   les  sentiers  qui  portent  toujours  son  nom,  à   donner  aux   rochers,  aux  curiosités,  aux  arbres  remarquables  des  noms  sortis  de  sa  vaste  imagination.  

  Quand   vous   allez   dans   la   forêt   de   Fontainebleau,   vous   passez   sans   vous   en  rendre   compte   dans   les   endroits   où   ont   poussé   des   arbres   centenaires.   En   grande  partie  ils  sont  morts  de  vieillesse  ou  ils  furent  abattus  il  y  a  belle  lurette.  

  Les   arbres   remarquables   et   ayant   reçu   un   nom  bien   à   eux   foisonnent   et   cela  depuis   longtemps,   beaucoup   passent   inaperçus   tellement   ils   sont   semblables   aux  autres.

  Le  Hoche,  le  Clodion,  le  Rageur,  le  Briarée  qui  avait  peut-­être  800  ans,  abattu  par  le   vent   en   1899.   Le   Pisano,   le   François   1er,   le   Chabert,   le  Clovis,   détruit   par   le   feu   en  1904.  Le  Molière,  le  Chandelier,  le  Daguerre,  le  Charlemagne,  qui  devait  avoir  mille  ans,  abattu  en  1925.  Le  Henri  IV,  le  Sully,  le  Gutenberg,  le  Jupiter,  qui  devait  avoir  600  ans.     On   comprendra   que   devant   une   telle   surabondance   d’arbres   nommés,   les  individus   ont   été   limités  à   quelques   valeurs   sûres.   En   tout,   il   devait   y   en   avoir  375  répertoriés.     Mais  les  arbres,  comme  tous  les  êtres  vivants,  sont  mortels  et  la  plupart   d’entre  eux  ont  disparu  depuis  que   Denecourt   en  a  signalé   la  présence,  il  y  a  plus  d’un   siècle.  L’ouragan  des  25   et  26  décembre  1999  a  été  d’une  telle   violence   que   les  arbres  de   la  forêt  de  Fontainebleau  furent  en  partie  déracinés  ou  brisés.  

  Parmi  les  arbres  de   la  forêt,  le  chêne  est   le  plus  antique,  le  plus  beau  végétal  de  cette  Alore.  Il  y  eut  jadis,  dans  la  forêt,  des  chênes  que  l’on  venait  admirer  de  très  loin,  si  robustes,   si   grands,   que   le   roi   Louis  XIV,   respectant   leur  majesté,   les  défendit   de   la  cognée   des  bûcherons   et,   les  protégeant   même   contre   son   royal   plaisir,   ordonna   de  frayer  autour  de   leur  futaies  des  chemins  sinueux  aAin  que  ses  équipages  de  chasse  et  ses  meutes  ne  pussent  les  offenser.  

  Nostalgie…  Il  me  semble  qu’ils  aient  vécu  leurs  derniers  jours  au  moment  même  où  l’on  était   le   plus  porté  à  les  admirer  :   l’hécatombe  a  eu   lieu  au  début  du  XXe  siècle,  comme  s’ils  s’étaient  donné  le  mot  pour  mourir  avant  d’être  oubliés.  

  L’homme   donc,   qui   modèle   la   forêt   de   manière   inconsciente   ou   volontaire,  éprouve  périodiquement   le  désir  ou  le  besoin  de  dresser  le  bilan  de  son  action,  d’avoir  une   vision   renouvelée   de   la   forêt,   telle   qu’elle   se   présente   de   son   temps   avec   ses  nouvelles  routes  et  ses  aménagements  récents.

  L’admiration  des  arbres  a   vécu  ou,  au  moins,  a  vieilli,  les  vieux   chênes  antiques  de   la  route  de  Sully,  ceux  du  Bas-­Bréau  attirent  moins  que  les  rochers  tout  proches  du  Cuvier   et   d’Apremont   et,   si   l’on   admire,   c’est   à   titre   d’environnement,   sans   attacher  d’importance  aux  individus  dont  on  a  oublié  les  noms.  

Maurice Thomé.

« Notre Amitié » n°95 Bulletin Anaaj Région Parisienne mars 2003 page 4/20

Page 5: Notre Amitié n°95 mars 1999

Rubrique nostalgiqueExit Gustave BOSSARD. C’était Tatave. Les foyers Ajistes « Où vas-tu ? » (Monneville), « B i v o u a c » ( B u r e s - s u r - Y v e t t e ) « B o l e t d e Satan » (Recloses) savaient qu’on pouvait compter sur lui pour les sorties boulot, il mouillait généreusement sa chemise.Il était d’extraction modeste mais il récitait Paul Fort, se cultivait de Prévert, Vian, Desnos. Il chantait Ferré…L’âge venant, il avait quitté l’AnaAJ aigri. Peut-être est-il simplement endormi au bord d’un buisson, sur la route qu’il aimait.

J.B.

Et puis aussi René Sourdat (Orly) et Yvonne Audart (Nanterre)

Pour Robert Bloch

Une fois de plus, ce mal maudit, le cancer, a gagné la bataille – très vite – (qui aurait imaginé, lors de notre séjour en Vendée, fin septembre, que ce serait notre dernière sortie ensemble !)Merci aux nombreux copains qui, par leur présence à la cérémonie d’adieu, leurs nombreux et gentils courriers de sympathie, leurs appels téléphoniques, ont tenu à manifester leur compassion, à m’aider à supporter ce vide si douloureux. Merci surtout à Jeannette de son témoignage dans Notre Amitié. C’est vrai, l’ajisme nous a construits et nous avions retrouvé à l’AnaAJ, avec beaucoup de plaisir, ce même esprit amical, solidaire, dynamique. Nous avions décidé de partager notre nouveau temps libre de retraités avec vous ; les projets étaient nombreux… Je reprendrai contact avec vous, c’est sûr. Pour le moment…

Il pleure dans mon cœur comme il pleut sur la ville. Denise Bloch.

« Notre Amitié » n°95 Bulletin Anaaj Région Parisienne mars 2003 page 5/20

Page 6: Notre Amitié n°95 mars 1999

Retraite ! Vous avez dit retraite ?

Depuis un certain temps, nos gouvernants sont confrontés à un problème qui leur paraît vraiment difficile à résoudre : comment et quand renvoyer dans leurs foyers les travailleurs et travailleuses ayant atteint un âge où ils et elles pourraient jouir d’un repos bien mérité ? Oui, mais à quel âge ? Et avec quel pactole ?

Je regardais, ce 15 janvier 2003, un reportage à la télévision sur ce qui se passe dans d’autres pays en ce qui concerne l’âge de la retraite. Les Suédois sont les plus courageux, ils travaillent bien au-delà de l’âge de 60 ans ! Il faut dire que dans ce pays où le soleil est aux abonnés absents une partie de l’année, accomplir un boulot dont on a l’habitude, entouré de gens que l’on fréquente depuis longtemps permet de ne pas sombrer dans la dépression due à l’absence ou tout au moins la faiblesse de l’ensoleillement. Une de mes ex-collègues (qui n’était que Danoise) me parlait souvent des dépressions morales fréquentes dans ces pays nordiques.

Oui, mais quelle solution adopter ? Il y a quelques années, en 1967, était sorti un film intitulé Soleil vert où les gens arrivés à l’âge du départ étaient invités (fermement !) à voir un beau spectacle de soleil, de verdure et de musique douce, avant d’être liquidés par des moyens auxquels on ne pouvait rien reprocher. Pas très engageant.

Lorsque j’étais jeune (il y a bien longtemps) j’avais lu des récits de voyage dans des îles paradisiaques. Il y avait la mer, le soleil et des cocotiers. Alors, quand on devenait trop vieux pour servir à quelque chose, le chef du village faisait monter l’ancêtre à un cocotier… et l’on secouait le cocotier. L’affaire était réglée. Je crois me souvenir que le livre était d’Alain Gerbault. L’ennui, c’est que dans nos climats il n’y a pas beaucoup de cocotiers ! Néanmoins je suis sûre que notre « gouvernance », fermement soutenue par le Medef, va nous mijoter une petite soupe… Peut-être un bouillon d’onze heures.

Jacqueline Birmann.Notes de lecture : ???

« Notre Amitié » n°95 Bulletin Anaaj Région Parisienne mars 2003 page 6/20

Page 7: Notre Amitié n°95 mars 1999

Un projet audacieux pour la « Semaine des pénichettes »

De Bordeaux à Téhéran et à la Baltique !

Il s’agit d’un exercice de style, d’un cas d’école destiné à faire saliver des plaisanciers aventureux.

Vous allez voir, suivez bien, c’est simple :

On quitte Bordeaux (Bx) en remontant la Garonne. On emprunte le canal latéral à la Garonne jusqu’à Toulouse. On poursuit sur le canal du Midi et l’on franchit l’étang de Thau. On passe alors dans le canal du Rhône à Sète qui, à Beaucaire, nous amène dans le Rhône. Il nous est aisé de remonter le Rhône puis la Saône et, à Saint-Symphorien, on se lance sur le canal du Rhône au Rhin qui nous amène dans le Rhin. On a alors franchi 284 écluses. On se laisse porter jusqu’à rencontrer le Neckar dont on remonte le cours jusqu’à son embranchement avec le canal Rhin-Danube, récemment ouvert. On aboutit naturellement au Danube qui nous fait traverser Vienne (Vi), Budapest (B-P) et Belgrade (Be) et, 1.000 km plus loin, on se trouve dans la mer Noire. Puisqu’on a un peu de temps, on peut remonter le Dniepr et visiter Kiev (Kv). Mais franchissons le détroit de Kertch, traversons la mer d’Azov et remontons le cours du Don. Empruntons ensuite le canal Don-Volga et nous voilà à Volgograd (Vo). Si nous descendons la Volga, nous aboutissons à Astrakhan (Ak) où ce fleuve se jette dans la mer Caspienne. 1.250 km plus bas, nous touchons les côtes de l’Iran, sous les monts Demavend qui dominent Téhéran (Th). On peut aussi remonter le fleuve Oural et faire étape à Orenbourg (Or). Mais à Volgograd, nous choisissons de remonter le cours de la Volga. Puisqu’il nous reste du temps, à Kazan, nous remonterons la rivière Kama jusqu’à Perm (Pe). Sinon, poursuivons sur la Volga et nous voici dans le réservoir de Rybinsk. On poursuit alors sur ce fleuve puis sur le canal de Moscou qui nous amène à Moscou (Mo). Ou bien l’on s’engage au nord sur la Cheksna, on passe dans le canal de la Soukhona qui se prolonge par la rivière Soukhona laquelle se jette dans la mer Blanche à Arkhangelsk (Ar). Si l’on néglige ce canal, on va traverser le lac Blanc, poursuivre sur la rivière Kovja, sur le canal Vytegra lequel nous amène dans le lac Onéga. Il ne nous reste plus qu’à remonter la Svir pour atteindre le lac Ladoga que nous traverserons pour emprunter la Néva et nous trouver dans Saint-Pétersbourg (S-P), devant la mer Baltique. Simple, non ?

Pour la petite histoire, les Russes, lassés de voir les camions en provenance d’Europe occidentale arraisonnés sur les routes, ont créé une société et ouvert une liaison fluviale hebdomadaire entre Moscou et Gennevilliers. Toujours pour la petite histoire, les habitants de Volgograd vont être appelés à se prononcer par référendum afin de redonner à la ville son nom de Stalingrad, dont on vient de fêter le 60e anniversaire de la bataille.

« Notre Amitié » n°95 Bulletin Anaaj Région Parisienne mars 2003 page 7/20

Page 8: Notre Amitié n°95 mars 1999

ÉCHOS DE LA FÊTE DES JARDINS

Faire à nouveau une fête alors que nos forces s’amenuisent pouvait passer pour une gageure. Le thème des jardins entraînait vers une nouvelle ambition. Eh bien le résultat fut probant. Comme à l’habitude, ces dames ont rivalisé d’imagination pour confectionner robes et corsages avec beaucoup de fraîcheur. Fleurs des champs multicolores (en crépon) ici et là, une récolte de potager à faire pâlir d’envie un cours des halles, des sapins en ligne d’horizon et surtout – le bouquet d’imagination – des arbres de bonne facture (réalisés par Catherine) délimitaient un espace nature qui n’était pas sans mérite.

Un discours bidon de Monsieur le Maire, passablement chahuté, ouvre le spectacle. Puis tout s’enchaîne par un jardin extraordinaire (Trenet/Cuesta). L’ami Brassens est chez nous avec Une jolie fleur (Debève-Sevelle) et les bancs publics (Seytor-Ridard). Suzon s’est livrée à une frénétique chasse aux papillons menée par Griffette. Pouvait-on oublier J.-B. Clément ? Non, bien sûr. Janine Cuesta s’exerça au difficile Temps des cerises, Denise Seytor évoqua le nostalgique Temps du muguet, Paulette Aixala et Janine Cuesta ont chanté les difficiles amours du marin et de la rose avec beaucoup de délicatesse.

André Souche, en paysan beauceron, nous parla des Gourgandines de Gaston Couté. Quant à Bébé Mercier, une fois de plus, il a captivé l’auditoire par ses merveilleux poèmes. Des sketches, des intermèdes, des poésies, des bluettes reprises en chœur ont émaillé le spectacle dans une ambiance sympa. Le clou de la fête fut bien entendu la spirituelle parodie de Jeannette Skapowski dont nous vous engageons à fredonner les quatrains entraînants.

Le rapporteur de service, Jean Bernard.

« Notre Amitié » n°95 Bulletin Anaaj Région Parisienne mars 2003 page 8/20

Page 9: Notre Amitié n°95 mars 1999

Sur l’air de « J’ai descendu dans mon jardin »

Aujourd’hui j’ai fait le chemin (bis)Pour retrouver tous les copains

Qui célèbrent les fleurettes, les fleurettes et les jardins (bis)

Ils ont de l’imagination (bis)De beaux costumes à profusion

Pour célébrer les fleurettes, les fleurettes et les jardins (bis)

Ils en oublieraient leurs douleurs (bis)Leurs cors aux pieds, leurs p’tits malheurs

Une seule pensée les obsède, les fleurettes et les jardins (bis)

Ils n’ont pas toujours un balcon (bis)Ni même un parc aux environs

Mais une seule idée en tête, des fleurettes et des jardins (bis)

Ils révisent tous la botanique (bis)Ça consol’ de la politique

C’est reposant les fleurettes, les fleurettes et les jardins (bis)

Et c’est pour jouer au jardinier (bis)Qu’ils ont préparé leurs paniers

Afin d’accueillir les fleurettes, les fleurettes et le jardins (bis)

J. Skapowski.

« Notre Amitié » n°95 Bulletin Anaaj Région Parisienne mars 2003 page 9/20

Page 10: Notre Amitié n°95 mars 1999

IMPRÉCISION

À  longueur  de  semaine  on  nous  répète

Que  l’on  va  s’intéresser  à  la  France  d’en-­‐bas

Sans  préciser  de  quelle  France  il  s’agit

Est-­‐ce  la  France  d’En-­‐Bas  de  soie,  celle  des  beaux  quartiers  ?

Est-­‐ce  celle  d’En-­‐Bas  de  laine,  des  boursicoteurs  ?

Est-­‐ce  celle  d’En-­‐Bas  de  l’échelle,  du  smicard  ?

Celle  des  bas  bleus  ?  Celle  des  bas-­‐fonds  ?

Tout  cela  me  paraît  bien  imprécis  si  vous  voulez  mon  avis.  

H.  Mercier.  

« Notre Amitié » n°95 Bulletin Anaaj Région Parisienne mars 2003 page 10/20

Page 11: Notre Amitié n°95 mars 1999

Les enfants du bagne En ces temps où l’école parle de centres de rééducation fermée pour mineurs délinquants, on ne peut que songer à notre enfance. Qui n’a entendu, un jour : Tu finiras en maison de correction ? Il a fallu attendre Alexis Danan, journaliste à Franc-Tireur, et l’après-guerre 39/45 pour les voir fermer. Ces « bagnes pour enfants », appelés colonies agricoles ou industrielles existent dès 1825. Essentiellement construites ou aménagées dans des locaux religieux pour les « vagabonds orphelins » mais aussi pour les enfants « rétifs, pervers » placés là par leurs parents. Que reproche-t-on à ces enfants ? de voler. La lecture des livres d’écrou retrouvés par Marie Rouannet aux archives de Rodez et de Montpellier permet de voir que les menus larcins étaient sanctionnés par des années de détention et de travail forcé :1887 : pour un vol de saucisson, Frédéric Albert passera cinq ans à

Aniane,1894 : un vol d’oranges est passible de sept ans au Luc. En fait, des condamnations sévères, pénibles et longues, jusqu’à une durée de 18 ou 19 ans. En 1859, 7.162 garçons et 3.245 filles croupissent dans ces colonies ou en ville, comme à la « Petite Roquette » à Paris. La plupart de ces enfants orphelins, issus de milieux pauvres, volent parce qu’ils crèvent de faim. L’administration d’alors ne doute pas que les valeurs traditionnelles, fondamentales du travail de la terre rendra meilleurs les délinquants, les chômeurs, les sans-logis. Quiconque a du terrain, des locaux aménagés avec des bat-flanc (sans paillasse), d’un puits, et qui s’engage à nourrir (ce sera souvent mal nourrir) ces déshérités pourra utiliser cette main-d’œuvre à très bon marché car, tels des esclaves, ils fourniront un travail maximum. Leur pécule leur sera souvent confisqué à la moindre peccadille. Par contre, le propriétaire exploitant reçoit une prime par enfant. C’est ainsi que cette main-d’œuvre, de 6 à 20 ans, défriche, canalise, creuse quelque soit le temps, ayant pour tout vêtement un costume de drap, une paire de sabots (été comme hiver). Un enseignement sommaire et une éducation religieuse rigoureuse leur sont parfois dispensés. Ils travaillent durement, plus de neuf heures par jour, ont vingt minutes de récréation dans des cours fermées où souvent le silence est exigé. Levés à 5 heures, ils ne déjeunent qu’entre huit et neuf heures d’une soupe trempée de pain blanc (la panade). Déjeuner à 15 heures, une soupe grasse quatre jours par semaine c’est-à-dire un peu de lard ou de viande (120 g par semaine). Le parloir est rare, même pour ceux qui ont des parents qui peuvent se payer le voyage. Le courrier est toujours censuré. Il est touchant de lire les lettres adressées par des mères ayant payé l’écrivain public pour garder quelques liens avec leur enfant. Beaucoup d’évasions. Les fuyards sont vite dénoncés aux gendarmes qui touchent une prime ainsi que le dénonciateur. Les punitions corporelles sont infligées par les surveillants, au fouet ou au martinet. Les évadés repris sont mis au fer, deux par deux, au cachot et au pain sec.

La plupart de ces établissements sont tenus par des religieux, surtout ceux pour les filles, employées au travail du linge (établissements du Bon Pasteur, la Solitude de Nazareth, etc). L’hygiène est déplorable – au mieux un bain d’eau froide par semaine – un peignage par jour mais tous sont tondus. Les vêtements, très sales après les travaux pénibles, sont souvent gardés sur soi la nuit. Beaucoup de décès, surtout chez les très jeunes car aucun bâtiment n’est chauffé, même en hiver.

La lecture du livre de Marie Rouannet Les enfants du bagne, Ed. Payot, Paris 1990, est édifiante.

Ce rappel à l’histoire n’est peut-être pas inutile à l’heure où les mesures de répression de la délinquance juvénile sont envisagées par le gouvernement.

Pour notre société, la prison se veut rédemptrice. Est-ce vraiment la seule solution ?

Notes de lecture préparées par Jacqueline Marty.

« Notre Amitié » n°95 Bulletin Anaaj Région Parisienne mars 2003 page 11/20

Page 12: Notre Amitié n°95 mars 1999

Le bénévolat, ça paye ?Etre « responsable », c’est une charge que généralement personne ne veut prendre,. Et, lorsque l’oiseau rare a finalement été trouvé, il ne sait pas toujours ce qu’il doit faire pour plaire aux membres car…

S’il commence à l’heure c’est un tyranS’il attend les derniers il est beaucoup trop tolérant !S’il demande l’assiduité c’est un despoteS’il ne la demande pas il s’en ficheS’il prend la parole il devient vite assommantS’il donne la parole il se débarrasseS’il réclame le silence c’est de l’abus de pouvoirS’il laisse la pagaille il manque d’autoritéS’il est ferme il se prend au sérieuxS’il est gentil il n’est pas à la hauteurS’il expose ses idées il n’y a que son avis qui compteS’il propose un choix c’est un indécisS’il n’en propose pas il se comporte en autocrateS’il est dynamique c’est un excitéS’il reste prudent c’est un incapableS’il est plutôt rapide il bâcle toutS’il est calme c’est un mouS’il fait tout tout seul c’est un prétentieuxS’il délègue c’est un paresseuxS’il est prévenant il est obséquieuxS’il ne l’est pas il est vaniteux

Non, ça n’est vraiment pas facile d’être responsable ! Surtout quand, autour de lui, gravitent les champions polyglottes des langues asiatiques. Vous savez, ceux qui règlent chaque difficulté par de simples : YAKA, YAVEKA, YORAKA, FOKINDNOU, YNAPA, YZONKA, YFOKON, YRESTKA, YAPAKA, YAPLUKA et autres YZOREDU. Donc, quand on a un responsable, il vaut mieux l’aider ! Puisque seul celui qui ne fait rien ne fait pas de bêtises.

« Notre Amitié » n°95 Bulletin Anaaj Région Parisienne mars 2003 page 12/20

Page 13: Notre Amitié n°95 mars 1999

20 ans déjà et encore !Je vous parle d’un dimanche de 1982, d’un « temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître » comme le dit la chanson.

Ce jour-là, lors de notre randonnée, quelle ne fut pas ma stupéfaction d’entendre des copains tenir des propos racistes et débiles (cela va souvent ensemble) dont je vous livre deux échantillons : « Cette copine, elle vit avec un Vietnamien, ils ont tous des faces de rats. Celle-là, elle est mariée avec un bronzé, hi !hi ! un Antillais, quoi ! » J’ai alors exprimé mon indignation dans un article paru dans Notre Amitié.

Peu de temps après se tenait à Poissy notre assemblée générale. Ma réflexion a donné lieu à un débat – fort intéressant – où d’autres que moi ont fait part de leur rejet de tels propos discriminatoires. A la pause-café, un copain (décédé depuis) m’a dit : « C’est donc toi, Annette Schmer ? C’est toi qui fous la merde ? » A l’époque, j’étais une jeune adhérente chez les anciens (des AJ) et cela m’avait affectée. Surtout, je ne voulais pas être la cause de la zizanie dans notre groupe.

Je m’étais donc fait la promesse de ne plus écrire dans Notre Amitié. J’ai tenu vingt ans mais, aujourd’hui, je veux re-faire part de mon indignation. Je ne peux plus randonner, provisoirement. Je suis, par ailleurs, impliquée dans certaines activités. Entre autres la pose de plaques commémoratives sur les murs des écoles du 20e arrondissement de Paris, rappelant les noms des enfants juifs déportés (encore 26 écoles pour 2003). Aussi je me faisais une joie de vous revoir à la visite du musée de Sèvres (merci, Denise).

Pendant un bref repos, entourés de porcelaines magnifiques, nous avons papoté. Et j’ai alors entendu vitupérer contre, cette fois, les Chinois : « Le péril jaune ! On n’est plus chez nous ! Ils nous prennent tout !… » je vous en passe et des meilleures. Une gentille amie a suggéré d’accepter cette nouvelle immigration. Mais moi qui ai dû, à douze ans, porter l’étoile jaune, se voulant infamante, cela m’a rappelé de douloureux souvenirs.

Alors, quitte à re-foutre la merde, je dis ASSEZ ! Je ne supporte plus d’entendre de tels propos. Surtout, je ne peux pas supporter qu’ils soient proférés dans notre association. Alors qu’avec les enseignants nous apprenons aux jeunes à respecter l’autre avec ses différences, faudra-t-il rappeler aux Ancien(nes) à quelles tragédies peuvent mener le racisme, l’exclusion et la passivité.

L’esprit ajiste, c’est surtout l’esprit de tolérance. Annette Schmer.

« Notre Amitié » n°95 Bulletin Anaaj Région Parisienne mars 2003 page 13/20

Page 14: Notre Amitié n°95 mars 1999

Le trie-piedsUn inédit de Boby La Pointe de 1967

J’aime mieux tout vous dire… On m’a mis là comme bouche-trou… Et… je ne suis pas bouche-trou. Je suis tripier. Bouche-trou, c’est pas mon métier. Je veux bien faire le bouche-trou, en amateur : amenez-moi des trous, je les boucherai… gracieusement… c’est pas mon métier, je ne me fais pas payer. Mais ne venez pas me dire après ça : C’est pas ce que je voulais, et puis ceci, et puis cela…

Je vous ai prévenus, bouche-trou je ne suis qu’amateur, ce n’est pas mon métier. Mon métier, c’est trie-pieds. Je trie les pieds. Amenez-moi des pieds, je vous les trie. Mais alors là, en professionnel. C’est-à-dire en faisant payer. Et en vous garantissant du travail bien fait. Je vous fais payer puisque c’est mon gagne-pain de trier les pieds. Evidemment, si vous n’avez qu’un ou deux pieds à trier, il vaut mieux que vous le fassiez vous-mêmes. Parce qu’au détail, ça revient cher. C’est bien fait pour vos pieds, mais c’est cher.

Si vous m’apportez juste une paire de pieds à trier, quand j’aurai mis le gauche d’un côté et le droit de l’autre, qu’est-ce que vous voulez que je fasse de plus ? Le peu que je vous facturerai vous trouverez ça cher. Et pourtant, il faut bien que je gagne ma vie.

Non, deux pieds ça vaut pas le coup. C’est pas avantageux de travailler aux paires. Même si vous m’en laissiez un pour payer l’autre, je ne m’y retrouverais pas. Même un grand, que voulez-vous, je n’ai pas les moyens de vivre sur un grand pied. Ce qu’il me faut, c’est la quantité, je trie les pieds par pleines caisses.

Supposons cette caisse de pieds, la voilà là, devant moi. Dans notre argot, on dit : Je suis à pied d’œuvre. Il s’agit de savoir où je vais mettre les pieds. Eh bien je vais les mettre à mes pieds pour les trier. On appelle ça « mettre les pieds à l’étrier ». Il s’agit pas de vider la caisse d’un coup, il faut d’abord trier tout ce qui est pied de ce qui ne l’est pas. Je prends pièce par pièce, je mets tout ce qui est pied à mes pieds. Et tout ce qui n’est pas pied, je le jette dans une corbeille qu’on appelle la « corbeille à pas-pieds ».

Quand la caisse est vide, j’ai tous les pieds à mes pieds. On appelle ça « avoir mis pied à terre ». Je vais alors faire la vraie œuvre de trie-pieds. Nous dirons que je suis à pied d’œuvre. J’ai mis les pieds à les trier, de ce tas de pieds je vais faire deux parts. Comme on dit, je vais l’éparpier, pied à pied.

Voici comment je procède :Je prends mon pied… Je l’examine… S’il a l’orteil à gauche, c’est un pied droit. Je le balance à gauche. S’il a l’orteil à droite, c’est un pied gauche. Ça va à droite et au suivant… L’orteil à gauche : pied droit, à gauche. L’orteil à droite : pied gauche, à droite… Gauche… Droite… Gauche… Droit’… Gauch’… Droit’… Groit’… Dauch’… Groit’… Et ainsi de suite.

« Notre Amitié » n°95 Bulletin Anaaj Région Parisienne mars 2003 page 14/20

Page 15: Notre Amitié n°95 mars 1999

Quand il ne reste plus que deux pieds à mes pieds, ce sont les miens. Je les garde. De la sorte, j’ai tous les pieds gauches à ma gauche, tous les pieds droits à ma droite et la caisse vide devant moi. Si je me tourne, j’ai tous les pieds droits à ma gauche et tous les pieds gauches à ma droite. Et la caisse est cette fois derrière moi.

De la sorte, je n’ai plus qu’à ramasser les pieds de part et d’autre et à les remettre dans la caisse. Puis je me retourne et je crie : « Emballé ! »

Mais, me direz-vous, que faites-vous de tous ces pieds ? Ben les fripiers, qu’est-ce que vous croyez qu’ils font frire ? Devinez ? Puis on exporte, aussi. En Angleterre en particulier. Comment vous croyez qu’ils mesurent, là-bas ? Avec leurs pieds et leurs pouces. Ça tombe bien puisque nous on se sert des talons. Alors on leur envoie les pieds, les pouces, et l’on garde les talons.

L’ennui, avec les Anglais, c’est quand ils commandent par téléphone.

D’abord, il paraît qu’ils ont tous appris le français à la hâte, du côté de Proxim. Je ne sais pas où est Proxim ni pourquoi les Anglais sont si hâtifs mais ces gens qui ont appris le français à Proxim hâtifs sont bien difficiles à comprendre.

Surtout quand ils commandent des pieds en parlant du nez. Ça fait deux conversations à suivre, c’est durillon. L’autre jour, au téléphone, je leur réponds : « Je ne vous comprends pas, vous parlez du nez – No, qu’il me fait (ça veut dire non) Pas de nez ! Douze pieds ! Pas nez !Je ne sais pas ce qui l’a pris, il m’a traité de « Vat y zit ». Mais moi, je ne me laisse pas monter sur les pieds. « Va t’ faire fout’ ! » que j’ai répliqué. « Foot ! yes ! Foot ! mettez m’en douze ! » qu’il a fait.

Alors là, heureusement, le patron est arrivé sur les entrefesses. Il était venu à pied, comme d’habitude. Il a parlé à cet Anglais, photographe, qui voulait faire une photo de sa femme en pied. Ou alors, avec douze pieds, il pourrait lui faire un petit Alexandre, hein ?

Enfin, heureusement que le patron a rattrapé la commande. Les pieds, avec ces Anglais, c’est jamais du nougat. Après ça, il m’a envoyé porter à l’hôpital les sales pieds triés hier et les propres au syndicat des propres pieds triés hier. C’est facile à faire mais c’est difficile à dire.

Transmis par Bizet.

« Notre Amitié » n°95 Bulletin Anaaj Région Parisienne mars 2003 page 15/20

Page 16: Notre Amitié n°95 mars 1999

Des Auberges chantons la jeunesse !…

Une faible participation à la fête de l’AnaAJ…Un enthousiasme modéré pour s’inscrire à Sudel… Le même entrain mitigé pour la Journée sur l’eau… Le kilométrage de nos randos allant s’amenuisant…Comme s’amenuise le nombre de ceux qui organisent…Un nombre et une variété allant décroissant parmi les

pourvoyeurs de matière première à Notre Amitié… Ou alors des sujets graves ou tristounets…

Soufflerait-il un vent d’hiver générateur de pensées grises ? Est-ce alors ce bruit de bottes venu d’hier et qui trouble nos lendemains ? Notre arthrose et nos sciatiques récurrentes sont-elles en cause ?

Des Auberges chantons la jeunesse… Et si nous ne faisions pas que chanter, camarades ?

G.B.

« Notre Amitié » n°95 Bulletin Anaaj Région Parisienne mars 2003 page 16/20

Page 17: Notre Amitié n°95 mars 1999

Le temps des cerisesC’était dans les années 1860, au temps des « missionnaires de la

sociale ». Ces pionniers dévoués à la cause luttaient pour l’émancipation de la classe ouvrière et du progrès social.

Auteur de la chanson Le temps de cerises, Jean-Baptiste Clément était de ceux-là. Tel un chemineau, il parcourait à pied les vallées des Ardennes à travers villages et bourgs industrieux pour propager les idées révolutionnaires et encourager les luttes sociales. Ces fervents militants étaient les initiateurs des syndicats et des coopératives ouvrières. Leur journal, L’Emancipation, était ouvert à tous les travailleurs de l’outil, de la plume, de la pensée. Il fustigeait « ceux qui se disent républicains, qui se coiffent du bonnet rouge pour mieux duper les ouvriers ».

C’était souvent dans les auberges ou les cafés où se retrouvaient les ouvriers que J.B. Clément entonnait Le temps des cerises, chanson romantique, pacifique symbole révolutionnaire. L’assistance la reprenait en chœur comme un cantique lourd d’espérance et de promesses. Elle évoquait pour eux l’humanité nouvelle qu’enfanterait le siècle prochain. Elle était comme un défi à une société sous l’emprise d’un patronat féodal et de l’Eglise, les ennemis de classe, du prolétariat.

La chanson devint comme une sorte de Carmagnole durant la Commune à laquelle participa J.B. Clément. Eminente figure de cette dernière, celui-ci fut condamné à mort en 1871 puis proscrit pour un long exil en Angleterre où un autre exilé l’avait précédé : Victor Hugo.

Quand nous chanterons le temps des cerises…Que ce chant, symbole de « la sociale » et de la Commune perdure à jamais

dans les mémoires de « ceux d’en-bas ».

En hommage à tous les héros méconnus de la Sociale,

Vito.

« Notre Amitié » n°95 Bulletin Anaaj Région Parisienne mars 2003 page 17/20

Page 18: Notre Amitié n°95 mars 1999

Une communication du Professeur Tournechou

Mesdames, Messieurs,Mes chers Confrères en Jardinerie et Potagerie,

Je vais vous parler aujourd’hui d’un légume de la famille des cruciféracées auquel on n’accorde pas la place qu’il mérite dans notre société,

Je vais vous parler du chou !

En effet, pour la plupart de nos contemporains, le mot chou évoque la soupe aux choux ou le chou farci…

C’est vraiment voir le chou par le petit bout de la lorgnette alors qu’il occupe une place importante dans l’organisation et l’évolution de notre société.

Bien entendu, je ne parle pas des quelques spécimens que l’on trouve dans les jardins des retraités venus à la campagne planter leurs choux,

Non, je vous parle du chou élevé en plein air, Nourri au grain…

…des intempéries atmosphériques,De ces choux élevés en plein vent, en plein champ et dans

lesquels les cigognes, depuis des millénaires, déposentles petits garçons

Dont certains deviendront plus tard des énarques qui emmerderont leurs concitoyens

Et d’autres des chômeurs,pour emmerder les énarques.

De ces choux qui, au cours de leur brève carrière subissent les frustrations d’un autre âge Car ils voudraient bien, eux aussi, accueillir des petites filles

que les cigognes conservatrices s’en vont déposer régulièrement dans les roseraies.

Ah ! qui n’a jamais entendu, à la saison des amours, les gémissements plaintifs venant des champs d’ choux quand passent les cigognes porteuses de ces petites filles se dirigeant vers les champs de roses !

Et qui n’a jamais vu, dans les champs d’ choux, ces milliers de têtes de choux dressées, implorant le ciel, en vain…

La mixité dans les champs d’ choux !Voilà une vieille revendication qu’aucun candidat aux

élections n’a jamais osé inscrire à son programme. Peut-être de peur de faire chou-blanc ?Ou de se faire rentrer dans le chou par les tenants de

l’orthodoxie sécuritaire…

Et pourtant ! Et pourtant !… Il suffirait de peu de choses pour effacer ce petit côté de la

fracture sociale.

« Notre Amitié » n°95 Bulletin Anaaj Région Parisienne mars 2003 page 18/20

Page 19: Notre Amitié n°95 mars 1999

Aussi, puisque nous sommes au siècle de la créativité – et de l’audace – n’ayons pas peur des motsEt que nous avons une ministre de l’écologieEt du développement durableEt qui de surcroît se prénomme RoselyneJe voudrais vous faire part d’un projet qui me tient à cœurEt que je compte présenter prochainement à cette noble

Institution :

« Si les cultivateurs« qui, de génération en génération,« plantent des choux en rangs serrés« dans les champs d’ choux« en disant : Eh, un chou c’est un chou !« Si ces cultivateurs« entre chaque rangée de choux« plantaient une rangée de rosiers« l’ambiance dans les champs d’ choux« serait complètement transformée« et nul doute que l’alliance du vert et du rose« n’apporte également une touche harmonieuse« dans le paysage de nos campagnes« qui est parfois un peu tristounet… »

Et qui sait ? Qui sait ? La nature étant la naturePeut-être qu’à la prochaine saisonA la prochaine récolteA l’ombre des choux et des rosiersDans les champs d’ chouxOn verrait une multitude de petits choux-fleurs…

Bon, pour l’instant, ce n’est encore qu’une hypothèse de travail,

Mais si vous voulez mon avis,C’est une idéeQui mérite d’être cultivée…

C’est pourquoi, Mesdames et Messieurs,Connaissant votre intérêt pour les choses de la culture, Je voulais présenter à votre assembléeCe projet quelque peu révolutionnaireAfin que chacun d’entre vous puisse y réfléchirEcologiquement et durablementBien évidemment !

Je vous remercie de votre attention. Henri Mercier.

Ce texte a été présenté au cours de la fête de l’AnaAJ 2003dont le thème était cette année le Jardin enchanté.

« Notre Amitié » n°95 Bulletin Anaaj Région Parisienne mars 2003 page 19/20

Page 20: Notre Amitié n°95 mars 1999

Composition du CD :Présidente : Janine Cuesta

01 48 85 37 31Vice-présidente : Catherine Bernard

01 45 43 98 24Vice-président : Léon Estroumsa

01 42 55 05 13Secrétaire : Denise Seytor

01 42 29 20 08Secrétaire adjointe : Huguette Andreoletti

01 45 54 55 16Trésorière : Liliane Filiatre

01 48 40 51 61Trésorière adjointe : Jeanine Nevoux

01 47 32 30 17

Membres : Andrée Ancel 01 44 67 95 18 Jean Bernard 01 45 43 98 24

Guy Brachetto 01 45 28 62 35 Lucette Le Flem 01 42 39 26 75 Jacqueline Marty 01 42 78 54 94 Jacques Sevelle 01 42 45 29 19 Jean Thierry 01 47 97 80 28 Griffette Vironchaux 01 48 57 00 46

------------ = ------------

« Notre Amitié » n°95 Bulletin Anaaj Région Parisienne mars 2003 page 20/20