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Nous vaincre la sous Etude de Cas pouvons Mali Coopération Internationale et Développement - nutrition :

Nous vaincre - ec.europa.eu · taire pour leur survie. Il est estimé qu’un malien sur 5 est en insécurité alimentaire. La situation s’aggrave à l’occasion des désastres

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Nousvaincre

la sous

Etude de Cas

pouvons

Mali

Coopération Internationale et Développement

- nutrition :

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N O U S P O U V O N S V A I N C R E L A S O U S - N U T R I T I O N : M A L I - E T U D E D E C A S

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Au Mali, un enfant meurt toutes les dix minutes à cause de la mal-nutrition1. Au-delà du drame humain, la sous-nutrition perpétue le cycle de la pauvreté et entrave la croissance économique du pays. Elle génère d’importants coûts de santé, affaiblit les performances cognitives et engendre des facteurs de productivité. Ces facteurs diminuent également la capacité de résilience des populations face aux nombreux chocs climatiques, économiques et sécuritaires, aux-quels les maliens ont été durement confrontés ces dernières années.

Au niveau mondial, investir dans la nutrition est rentable et a des effets durables. Au Mali, les données indiquent que le retour sur in-vestissement est de 11 US$ pour chaque dollar investi sur la mise à l’échelle d’interventions spécifiques à la nutrition2. Le gouvernement du Mali l’a bien compris. Il s’est engagé dans la lutte contre la sous-nu-trition en rejoignant le mouvement SUN3 et en adoptant une Politique Nationale de Nutrition et son Plan d’Action Multisectoriel budgétisé, proposant une approche holistique pour s’attaquer à la malnutrition. L’agenda résilience, soutenu par l’Alliance Globale pour la Résilience (AGIR)4 dont fait partie le Mali, renforce la dynamique multisectorielle en focalisant davantage les interventions sur les ménages les plus vulnérables et en portant une attention spécifique aux enfants de moins de 5 ans et aux femmes. L’objectif est de s’attaquer aux causes profondes de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle sous-tendue no-tamment par la pression démographique et les changements clima-tiques et aggravée par la crise politique de 2011-2012.

Dans ce contexte complexe et fragile, les équipes humanitaires et de développement de l’Union européenne (UE) travaillent en par-tenariat avec les services du gouvernement, les collectivités terri-toriales et la société civile, à tous les échelons. Depuis une dizaine d’années, l’UE soutient le Mali pour renforcer ses capacités insti-tutionnelles et sa capacité à mettre en oeuvre de manière effec-tive des programmes spécifiques et sensibles à la nutrition dans de nombreux secteurs.

Une plus grande mobilisation nécessaire pour inverser les tendances

En 2015, la prévalence nationale du retard de croissance était de 30,4%6, reflétant une situation critique selon l’OMS7. La réduction annuelle de la prévalence du retard de croissance (1,11%) est trop faible face à l’augmentation de la population (+3% annuellement) et a ralenti à la suite des événements de 2011-2012. Aujourd’hui, envi-ron 900 0000 enfants de moins de 5 ans souffrent de retard de crois-sance. Selon les projections, ils seront environ 1,1 million en 2025. Une importante mobilisation de l’ensemble des acteurs et des res-sources additionnelles sont nécessaires pour inverser ces tendances.

La Nutrition : pilier et objectif clé dans la construction de la résilience

Photo de couverture : Délégation UE Mali - Céline Lhoste.

1 Cité de la Politique Nationale de Nutrition, 2013.2 Source : GNR 2014, d’après Hoddinott 2013 (date de la publication en ligne).3 SUN : Scaling Up Nutrition.4 AGIR est un cadre favorisant plus de synergie, de cohérence et d’efficacité au service des initiatives

de résilience dans les 17 pays ouest-africains et sahéliens.5 AMS : Assemblée Mondiale de la Santé.6 Source : Enquête par grappe à Indicateurs Multiples au Mali (MICS), 2015.7 OMS : Organisation Mondiale de la Santé.

Réduction du retard de croissance ciblée (en millions d’enfants de

moins de 5 ans)Tendance actuelle de réduction annuelle =

1,11%

2012 2015 2020 2025

0,570

0,539

Réduction nécessaire pour atteindre

la cible AMS5 = 6,45%

million

millionPrévalence initiale (2012) : 31,4%Prévalence ciblée (2025) : 13,2%

0,899million

Cible Efforts nécessaires

les enfants souffrant de malnutrition chronique ne se développent pas physiquement et mentalement selon leur plein potentiel génétique. Ils sont significativement plus exposés au risque de décès prématuré. Ceux qui survivent sont enclins à une santé fragile et moins en mesure de contri-buer à une vie active et productive. Cet état est mesuré par le retard de croissance –petite taille par rapport aux autres enfants du même groupe d’âge– et se manifeste dans les premières années de la vie de l’enfant.

Les effets du retard de croissance :

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La Nutrition : pilier et objectif clé dans la construction de la résilience

Différentes formes de sous-nutrition reflétant une combinaison de privations auxquelles sont exposés les nourrissons et jeunes enfants

En parallèle du retard de croissance, la malnutrition se manifeste sous différentes formes presque toujours associées à des carences en micronutriments. L’anémie principalement liée à une déficience en fer et des parasitoses touche 81.6% des enfants de 6 à 59 mois et 51.4% des femmes enceintes8. Les carences en zinc et en vita-mine A sont fréquentes mais peu documentées. La malnutrition ai-guë demeure depuis plusieurs années au-dessus des seuils d’alerte (10%)9. Chaque année, environ 700 000 enfants de moins de 5 ans sont affectés par la sous-nutrition aiguë dont 180 000 faisant face à des formes sévères les exposant à un risque de mortalité élevé.

Pratiques de soin et alimentaires inappropriées aux jeunes enfants

• Allaitement maternel exclusif de 0 à 5 mois : 32,6%10.• Régime alimentaire min. acceptable entre 6 et 23 mois: 3,3%11.• Diversité alimentaire min. du régime alimentaire entre 6 et 23

mois : 13,5%12.• Couverture vaccinale complète : 20,2%13. • Traitement des diarrhées avec SRO14 et Zinc : 2,3%15.

Les deux premières années de l’enfant sont critiques pour son dé-veloppement physique et mental. Des privations pendant cette pé-riode peuvent causer des dommages irréversibles. Une étude de 201416 révélait que 38,5% des enfants de moins de 2 ans au Mali combinent une pauvreté monétaire et des privations multiples17. S’attaquer à ces causes profondément ancrées économiquement et socialement nécessite une approche holistique et à long-terme.

Une pauvreté généralisée et une très grande vulnérabilité face aux chocs

La prévalence du retard de croissance (de 46,4% à 42,4%) est deux fois plus élevée pour les trois quintiles les plus pauvres que pour le quintile le plus riche (21,2%)18. Pour la majorité des maliens, la pau-vreté est une barrière à l’accès à une alimentation diversifiée et aux services de santé, ce qui impacte directement leur statut nutrition-nel. En 2014, la pauvreté monétaire affectait respectivement 52,8 et 47,6% des habitants des zones rurales et urbaines. Avec une crois-sance démographique parmi les plus élevée au monde, le Mali tra-verse une transformation sociale majeure. Un nombre croissant de jeunes est sans terre et sans emploi. Ils ont de faibles capacités pro-ductives et sont très dépendants des marchés du travail et alimen-taire pour leur survie. Il est estimé qu’un malien sur 5 est en insécurité alimentaire. La situation s’aggrave à l’occasion des désastres naturels ou causés par l’homme, tels que les sécheresses, les inondations, les invasions acridiennes, la perturbation du marché ou les conflits. Les quatre dernières années, l’association des chocs dans le nord du pays a poussé jusqu’à la moitié de la population dans une situation d’in-sécurité alimentaire sévère nécessitant une assistance alimentaire à large échelle pour éviter une plus grande déstabilisation de la région. La situation était d’autant plus critique que l’insécurité compromet la

capacité à mettre en œuvre l’aide d’urgence et les services de base à la population. En 2016, la situation reste précaire avec le double de défi de répondre aux besoins immédiats massifs de la population et de construire la résilience sur le long-terme.

Des conditions sociales et sanitaires précaires pour les femmes

Il y a une corrélation entre le niveau d’éducation des femmes et le statut nutritionnel de leurs enfants. La prévalence du retard de croissance est deux fois plus élevée (40,1%) pour les enfants dont les mères n’ont pas reçu d’instruction que pour les enfants dont les mères ont atteint le niveau secondaire (21,2%)19.

Conditions sociales des mères

• Alphabétisation des femmes : 24,6%.• Femmes ayant donné naissance avant l’âge de 18 ans :

36,5%20.• Taux de fécondité: 6 enfants en moyenne par femme21.• Prévalence de l’excision: 82,7%22.

De manière similaire, le faible espacement des naissances augmente les risques de sous-nutrition et la faible et irrégulière fréquentation des services de santé par les femmes enceintes et allaitantes23 réduit les opportunités d’assurer une supplémentation en micronutriment adé-quate et de faire passer des messages sur les pratiques de soins et d’alimentation des enfants. Enfin, bien que les femmes participent acti-vement à l’économie du ménage, elles ont rarement de contrôle sur les ressources (tels que les terres ou le budget du ménage) et peu d’entre elles sont impliquées dans les décisions de la communauté. Ceci en-trave leur capacité à mettre en œuvre les bonnes pratiques de soins et d’alimentation des enfants et peut affecter leur statut nutritionnel.

Zones vulnérables à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle au Mali

Très vulnérable

Niveau de vulnérabilité

Moyennement vulnérable

Pas vulnérableFaiblement vulnérable

Vulnérable

8 Source : EDS 2012-2013.9 Prevalence of acute malnutrition : 13,5%. Source SMART 2015.10 Pourcentage de nourrissons de moins de 6 mois qui sont exclusivement allaités. Source : MICS 2015.11 Pourcentage d’enfants de 6-23 mois allaités qui ont reçu au moins la diversité alimentaire mini-

mum et la fréquence minimum des repas durant le jour précécdent. Source : MICS 2015.12 Pourcentage d’enfants de 6-23 mois qui ont reçu des aliments de 4 ou plus groupes d’aliments

durant le jour precedent. Source : MICS 2015.13 Pourcentage d’enfants de 12-23 mois qui ont reçu les six vaccinations recommendées par le pro-

gramme national avant leur premier anniversaire. Source : MICS 2015.14 SRO : Sel de Réhydratation Oral.15 Source : MICS 2015.16 Source : Multiple Overlapping Deprivation Analysis (MODA), Unicef, 2014.

17 Selon l’étude MODA, les enfants de moins de 2 ans ont les plus forts niveaux de privation en nutri-tion (82%) et santé (72%) suivi par l’assainissement (69%) alors que les enfants de 24-59 mois ont les plus grandes privations sur l’assainissement (67%).

18 Source : EDS 2012-2013.19 Source : EDS 2012-2013.20 Indicateur de fécondité précoce ou pourcentage de femmes de 20-24 ans qui ont eu au moins une

naissance vivante avant l’âge de 18 ans. Source : MICS 2015.21 Indice Synthétique de Fécondité (ISF) des femmes de 15 à 49 ans. Source : MICS 2015.22 Excision et mutilations génitales féminines. Source : MICS 2015.23 La prévalence du retard de croissance sévère est deux fois plus élevé (28,9%) lorsque les grossesses sont

rapprochées que lorsque les naissances sont espacées de plus de 4 ans (14,1%). Source : EDS 2012-2013.

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Les engagements du Mali pour vaincre la sous-nutrition

Le gouvernement s’est engagé à réduire la prévalence du retard de croissance de deux tiers d’ici à 202125. L’atteinte de cette cible va demander des efforts considérables et des synergies d’actions.

Un élan politique autour de la nutrition à consolider

Le nouveau Cadre stratégique pour la Relance Economique et le Déve-loppement Durable du Mali (CREDD26) (2016-2018) encourage les stra-tégies intersectorielles et identifie le ciblage des plus pauvres comme le thème commun de l’action gouvernementale. Parmi d’autres objec-tifs, il propose de garantir la sécurité alimentaire pour tous, d’améliorer le statut nutritionnel des plus vulnérables et de poursuivre les mesures d’égalité de genre. Ce cadre général vient confirmer la volonté du pays de lutter contre l’insécurité alimentaire et nutritionnelle et renforcer la résilience des populations les plus vulnérables. En effet, au cours des 5 dernières années, de nombreuses avancées ont été enregistrées dans la lutte contre la sous-nutrition au Mali. Après l’organisation du Forum National de Nutrition en 2010, le Mali a rejoint le mouvement SUN27 en 2011 renforçant son engagement sur la nutrition. En 2013, une nouvelle Politique Nationale de Nutrition (PNN) a été adoptée ré-sultant d’un long travail intersectoriel impliquant de nombreux minis-tères. Cette politique comprend des mesures spécifiques à la nutrition telles que les stratégies de suivi de la croissance et du développement de l’enfant, l’amélioration des pratiques de soin aux nourrissons et jeunes enfants et la réduction des déficiences en micronutriments. La PNN propose également d’intégrer des objectifs nutritionnels dans les autres secteurs. C’est chose faite avec la révision de la politique natio-nale de protection sociale sur le point d’être adoptée et la Politique Na-tionale de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle en cours d’élaboration.

Mise en place d’un dispositif de coordination intersectorielle pour la nutrition

Pour assurer la coordination de la PNN et promouvoir l’impli-cation des différents secteurs qui peuvent contribuer à la nutri-tion, deux instances ont été créées en 2014 : le Conseil National de la Nutrition (CNN) qui implique 17 départements sectoriels des ministères, le haut conseil des autorités locales, le secteur privé et la société civile, et le Comité Technique Intersectoriel de Nutrition (CTIN). La coordination et le suivi de la mise en œuvre de la PNN et de son Plan d’action restent toutefois à dy-namiser. Il n’y avait jusqu’à présent pas de ressources dédiées à cette fonction, c’est pourquoi la Cellule de Coordination de la nutrition vient d’être créé au sein du Ministère de la santé.

Un retour sur investissement non négligeable

En 2014, le Plan d’Action Multisectoriel de la Nutrition (PAMN) qui matérialise les actions de la PNN pour la période 2014-2018 a fait l’objet d’une budgétisation dont les résultats font ressortir un besoin d’en moyenne 121 millions US$ par an. Cet exercice a été complété par une étude de la Banque Mondiale, qui mettait en lumière que la mise à l’échelle au niveau national des seules actions spécifiques à la nutrition représentait un investissement de 85 millions US$ par

an. Un tel investissement permettrait de sauver environ 15 000 vies et 1,2 million d’EVCI28, d’éviter 60 000 cas de retard de crois-sance et d’ajouter 42 millions US$ au PIB29 national chaque année.

Des progrès sur des actions spécifiques à la nutrition à renforcer par une approche multisectorielle

et des financements durables

Au cours des 5 dernières années, des progrès considérables ont été réalisés concernant les activités spécifiques à la nu-trition à travers les programmes de santé : 75% du nombre de cas attendus d’enfants affectés par la malnutrition aiguë sévère sont pris en charge, 93% des enfants de 6 à 59 mois reçoivent une supplémentation en vitamine A, 96,7% des ménages consomment du sel iodé. Le Mali reste néanmoins très dépendant de l’appui des partenaires techniques et fi-nanciers et notamment de l’UE et doit trouver les moyens requis sur le long terme. Une grande marge de progrès existe concernant les pratiques alimentaires et de soin aux enfants (notamment pour le traitement et la prévention des diarrhées et du paludisme) ainsi que la prise en compte de la nutrition dans les interventions des autres secteurs (ex : agriculture, protection sociale, eau et assainissement, éducation, etc.).

AGIR - une nouvelle opportunité pour renforcer l’approche mul-tisectorielle et prioriser les ressources sur les plus vulnérables

Engagé à atteindre l’objectif de « Faim zéro » d’ici 20 ans, le Mali s’est lancé parmi les premiers pays de la région dans la dynamique de l’Alliance Globale pour la Résilience (AGIR), laquelle constitue une nouvelle opportunité pour développer une approche multisectorielle de la nutrition basée sur la construction de la résilience. La Mali a identifié ses Priorités Résilience Pays (PRP) dont l’objectif est de réduire structurellement et durablement la vulnérabilité à l’insécu-rité alimentaire et nutritionnelle d’ici 2035. La nutrition figure dans les PRP au titre de pilier et d’objectif : les 4 piliers de la résilience doivent ensemble contribuer à la réduction de la malnutrition.

Les PRP offrent un cadre cohérent favorisant le développement de liens plus forts entre les politiques et programmes des différents sec-teurs contribuant à réduire l’insécurité alimentaire et nutritionnelle. A présent, il est urgent pour le Mali de mobiliser les ressources néces-saires pour une mise à l’échelle des interventions sur le terrain et de renforcer le dispositif de pilotage pour rassembler les différents ac-teurs et partenaires autour des priorités qu’il s’est fixé.

Prioriser les ressources sur les zones les plus vulnérables

Dans le cadre d’AGIR, un exercice a été mené en 2014 afin de classer les communes par degré de vulnérabilité. Les résul-tats ont été cartographiés pour les différents piliers de la rési-lience. Une carte multidimensionnelle de la vulnérabilité (voir page 3) combinant les cartes par pilier, la vulnérabilité aux chocs et les facteurs aggravants a été élaborée et doit servir de référence à l’ensemble des acteurs pour prioriser l’alloca-tion des ressources sur les zones les plus vulnérables du pays.

24 Objectif général de la Politique National de Nutrition.25 Engagements de la Politiques Nationale de Nutrition. Ils s’ajoutent aux objectifs mondiaux de réduc-

tion du retard de croissance de l’AMS décrits page 2.26 CREDD : Cadre stratégique pour la Relance Economique et le Développement Durable du Mali.27 SUN : Scaling Up Nutrition.28 EVCI : l’Espérance de Vie Corrigée de l’Incapacité est un mode d’évaluation du coût des maladies

mesurant l’espérance de vie en bonne santé, c’est-à-dire en soustrayant à l’espérance de vie le nombre d’années « perdues » à cause de la maladie, du handicap ou d’une mort précoce.

29 PIB : Produit Intérieur Brut.

Assurer à chaque malien un bon état nutritionnel pour son bien-être et pour le développement national.24“ ”

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Photo : Délégation UE Mali - Abdoulaye Kabdaogo.

L’UE au Mali : une approche holistique et à tous les échelons pour réduire la sous-nutrition et construire la résilience des plus vulnérables

L’UE s’est engagée à long terme sur une vision de la sécurité ali-mentaire sensible à la nutrition, aujourd’hui renforcée par l’agenda résilience. Depuis 2007, l’UE a alloué environ 175 millions € dans des projets de développement agricole à petite échelle et de sécuri-té alimentaire et nutritionnelle. Sur la même période, le service hu-manitaire de l’UE a alloué 96 millions € à la réponse aux crises ali-mentaires et nutritionnelles en assurant une couverture des besoins immédiats via l’assistance alimentaire principalement dans le Nord et les programmes nutritionnels thérapeutiques sur l’ensemble du pays. En parallèle, 111 millions € ont été investis pour développer la compétitivité du secteur agricole et 30 millions supplémentaires ont été investis dans des programmes d’eau, d’hygiène et d’assai-nissement sensibles à la nutrition.

La nutrition dans les programmes de développement rural et de sécurité alimentaire

L’UE au Mali travaille depuis de longues années dans le domaine de la sécurité alimentaire et nutritionnelle à travers son Fonds Euro-péen de Développement (FED), ses lignes thématiques et ses finan-cements humanitaires.

Nutrition, Résilience et Genre : le rôle moteur de l’UE au Mali

Entre 2005 et 2015, les programmes PASA30 et la Facilité Ali-mentaire ont permis la mise en œuvre d’une succession de programmes sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle ciblant les populations les plus vulnérables (principalement les plus pauvres, les femmes et les enfants). La plupart de ces pro-grammes proposent une optique nutrition de la sécurité alimen-taire. Ceci implique de favoriser les opportunités économiques et d’autoproduction pour les femmes tout en protégeant leur charge de travail et leur capacité à prendre soin de leurs enfants.

Ils prêtent également attention au rôle que les femmes peuvent jouer dans les actions et décisions communautaires et s’assurent que les mères et leurs enfants puissent accé-der aux soins de santé, à la supplémentation en micronutri-ments et à une alimentation diversifiée. Ces approches ont proposé des modèles d’intervention qui ont, plus tard, nourri l’agenda national sur la résilience.

Au titre du 11ème FED (2015-2020), l’UE a réitéré son engagement en faveur du ‘Développement rural, de la sécurité alimentaire et nutritionnelle’, en l’inscrivant comme domaine prioritaire de la coo-pération UE/Mali. Cet engagement se traduit par le soutien à une agriculture plus forte et la lutte contre l’insécurité alimentaire et nu-tritionnelle à travers un appui au CSA31 et aux ministères concernés et la mise en œuvre de projets permettant de construire la résilience des communautés, des ménages et des individus les plus vulné-rables. Les interventions visant à protéger l’environnement, améliorer la gestion des ressources naturelles et s’adapter aux changements climatiques viennent renforcer les actions entreprises. En parallèle, l’UE assure le dialogue politique et soutient le gouvernement dans sa réforme du dispositif national de gestion des crises et dans l’adoption et la mise en œuvre des politiques sectorielles contribuant à répondre aux causes profondes de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle.

Un cadre commun développement / humanitaire pour construire la résilience à long-terme

L’approche résilience permet une meilleure articulation entre les pro-grammes humanitaires et de développement basée sur une analyse commune de la situation et d’actions complémentaires, à travers des paquets d’intervention multisectoriels et des mécanismes de filets sociaux d’urgence ou productifs, selon les contextes. Le rapproche-ment est tel qu’un cadre commun d’intervention pour les activités visant à construire la résilience à l’insécurité alimentaire et nutri-tionnelle a été élaboré et a permis de lancer un programme conjoint dans les régions du nord du Mali. Cette dynamique est renforcée par la création du Fonds Fiduciaire d’Urgence de l’Union européenne pour l’Afrique de l’Ouest (FFU32) en 2015 dont la composante rési-lience permettra de développer de nouveaux programmes au Mali.

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30 PASA : Programme d’Appui à la Sécurité Alimentaire.31 CSA : Commissariat à la Sécurité Alimentaire.32 FFU : Fonds Fiduciaire d’Urgence.

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En ligne avec le plan d’action sur la nutrition de la Commission, l’UE se focalise sur 3 priorités stratégiques :

Priorité stratégique 1 : Mobilisation, engagement politique et gouvernance

L’UE encourage la mobilisation en faveur de la nutrition à travers l’ensemble de ses secteurs de concentration (gouvernance poli-tique et économique, développement rural et sécurité alimentaire, infrastructures et éducation). Dans le cadre d’un partenariat avec UNICEF, l’UE a apporté un appui institutionnel substantiel au Mali dans le domaine de la nutrition. Le partenariat a par ailleurs permis de développer de manière pilote des plateformes de coordination multisectorielles de nutrition au niveau local dans les régions de Mopti et Sikasso.

L’appui institutionnel de l’UE a par ailleurs contribué à améliorer la gouvernance de la sécurité alimentaire et nutritionnelle au Mali, notamment en soutenant la réforme du DNSA33, en renforçant les capacités des structures du CSA34, en travaillant sur le ciblage et en soutenant l’élaboration de politiques (PNN et son plan d’action, PolSAN35).

Priorité stratégique 2 : Intensification des actions au niveau national

Des actions ayant des effets sur la nutrition et la construction de la résilience à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle ont été intensi-fiées au niveau local et concernent plusieurs secteurs :

3 Renforcement des capacités de résilience des populations dans les régions du Nord: plusieurs projets sont mis en œuvre pour le renforcement de la résilience des communautés et de la gouvernance locale, en ligne avec les Priorités Résilience Pays.

Approche multisectorielle de la construction de la résilience dans le Nord

Dans le cadre de son approche LRRD36 entre ses services hu-manitaire et de développement, l’UE a engagé près de 35 millions € (FFU et FED/PRORESA) sur la période 2016-2020 pour financer des actions innovantes de construction de la ré-silience à optique nutritionnelle dans les régions Nord du Mali. Les financements seront alloués à des consortia d’ONG sélec-tionnés pour leur connaissance technique, leurs capacités à travailler dans un environnement fragile et volatile et en par-tenariat étroit avec les autorités locales et les communautés.

Le paquet d’intervention sera spécifique au contexte, combi-nera des actions sur les 4 piliers AGIR et se focalisera sur les ménages les plus vulnérables. Les activités contribueront et compléteront les programmes nationaux. Un cadre logique commun et un système de suivi évaluation solide seront mis en place en partenariat avec un institut de recherche pour mesurer les effets sur la nutrition et la construction de la résilience dans ce contexte de fragilité.

3 Développement rural : l’UE soutient des programmes agri-coles sensibles à la nutrition tel qu’IRRIGAR (2014-2019) (27.7 million €) mis en œuvre avec GIZ/KFW37 qui entre dans le cadre du Programme National d’Irrigation de Proximité.

L’UE considère par ailleurs la promotion de chaines de valeur sensibles à la nutrition notamment la chaine de valeur dans le secteur de la pêche.

Programme agricole sensible à la nutrition - IRRIGAR (2014-2019)

L’action cible: i) l’atténuation des potentiels effets négatifs sur la nutrition (maladies hydriques, assurer un équilibre entre la charge de travail des femmes et le soin aux en-fants) ; ii) l’amélioration du gain nutritionnel à travers l’aug-mentation des revenus, l’amélioration de l’alimentation et une approche genre ; iii) le suivi des résultats en utilisant le SDA38 et les indicateurs anthropométriques.

3 Eau, hygiène et assainissement : l’UE encourage la prise en compte de la nutrition dans le secteur de l’eau et l’assainissement par le gouvernement notamment à travers le programme PAC-TEA 239 (2013-2017) (30 millions €) financé conjointement par l’UE et l’Etat Malien en soutien aux autorités locales et régionales.

3 Santé et traitement de la malnutrition aiguë : Depuis 2012, les financements de l’UE ont permis une mise à l’échelle considérable des programmes thérapeutiques de nutrition à l’échelle du pays via plus de 1 300 centres de santé. En ren-forçant les services de santé, de nouvelles opportunités pour prévenir la sous-nutrition ont émergé.

Prévention et intégration du traitement de la malnutrition aiguë dans le système de santé

En 2015, plus de 130 000 enfants touchés par la MAS40 (soit 72% du nombre estimé d’enfants affectés) ont été traités grâce aux financements humanitaires de l’UE à travers l’action des ONG et des Nations Unies. Ces services ont été partiellement intégrés dans le système de santé qui fournit la plupart du per-sonnel de santé (l’approvisionnement et les moyens financiers restent toutefois très dépendants de l’aide extérieur). Des syner-gies entre les activités de santé et spécifiques à la nutrition ont été mises en place pour intensifier la prévention et minimiser les coûts : par exemple, par la combinaison des campagnes de vaccination et de chimio prophylaxie saisonnière avec les cam-pagnes de dépistage/référencement de la malnutrition aiguë.

6

33 DNSA : Dispositif National de Sécurité Alimentaire.34 CSA : Commissariat à la Sécurité Alimentaire.35 PolSAN : Politique de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (en cours de développement).36 LRRD : Linking Relief Recovery and Development, soit le lien entre aide d’urgence, la réhabilitation

et le développement.37 L’Agence allemande de la coopération internationale (GIZ) et la Banque publique pour le développe-

ment (KfW) (coopération financière).38 SDA: Score de Diversité Alimentaire.39 PACTEA : Programme d’Appui aux Collectivités Territoriales pour l’Eau Potable et l’Assainissement.40 MAS : Malnutrition Aiguë Sévère.

Photo : Délégation UE Mali - Céline Lhoste.

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Photo : Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières - Marc Chapon.

41 HIMO : Haute Intensité de Main d’œuvre.42 PNPS : Politique Nationale de Protection Sociale.43 Africa Nutrition Security Partnership (ANSP) (2011-2015).44 SMART : Standardized Monitoring and Assessment of Relief and Transition – enquête anthropomé-

trique et de mortalité.45 HEA : Household Economy Approach ou Analyse de l’Economie des Ménages.

3 Protection sociale et accès aux services de base : A travers plusieurs modalités de transferts monétaires (via les actions LRRD dans le Nord, les projets de résilience ou HIMO41), l’UE soutient le développement de projets de filets sociaux dans plusieurs régions. L’UE et ses partenaires collaborent avec le programme du gouvernement appelé Jigisimejiri et la Banque Mondiale sur l’identification des ménages les plus vulnérables et contribuent à mettre en place un Registre Social Unifié (base de donnée nationale). Sur le long terme, la PNPS42 pré-voit un soutien aux maliens les plus pauvres et les plus vulné-rables dans le cadre des programmes nationaux de protection sociale. De manière spécifique dans le Nord, les programmes humanitaires de l’UE soutiennent l’accès aux soins de santé gratuits (politique d’urgence liée à la crise) et à l’éducation.

3 Prévention et gestion des crises alimentaires et nutrition-nelles : En parallèle du soutien aux réformes institutionnelles, chaque année, l’UE contribue significativement au plan na-tional de réponse à la sécurité alimentaire à travers diverses modalités ainsi qu’au fonctionnement du système d’alerte précoce au niveau local et national. L’UE soutient également des actions d’adaptation au changement climatique.

Priorité stratégique 3 : Renforcement de l’expertise et de la base des connaissances

L’UE soutient le renforcement de l’expertise nationale dans le secteur de la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Le programme ANSP43 a permis d’assurer des formations sur la nutrition (création d’un master nutrition en santé publique) et de réviser les curricula des étudiants de la santé et de l’agriculture pour y intégrer la nutrition. L’UE participe aux finan-cements des enquêtes nutritionnelles SMART44 et finance des projets sensibles à la nutrition en portant une attention particulière à l’utilisation des données et la génération de meilleures données sur la nutrition (voir encadré). Pour améliorer la connaissance sur le ciblage et contribuer au développement du Registre Social Unifié, l’UE et la Banque Mondiale ont lancé une étude sur le ciblage à Gao en partenariat avec deux centres de recherche. Dans le passé, plusieurs études (études causales, HEA45, coût de l’alimentation, études anthropométriques) ont été financées pour mieux comprendre les moyens d’existence, les déterminants écono-miques de la malnutrition et l’amélioration du système d’alerte précoce.

Utilisation et collecte de données sur la nutrition dans les projets de sécurité alimentaire et nutritionnelle

Des études causales sur la nutrition ont été financées dans les projets PASA afin de mieux couvrir les déterminants de la mal-nutrition (en particulier, liés à l’alimentation, le revenu et le com-portement). Les Scores de Diversité Alimentaire ont été utilisés pour mesurer les résultats de ces projets de sécurité alimentaire. Leurs systèmes de suivi-évaluation ont été conçus pour déter-miner quelles actions ont le plus grand potentiel sur la qualité de l’alimentation et la nutrition selon les contextes. L’UE a ac-compagné les services techniques gouvernementaux et les ONG dans la collecte et l’analyse de ces données à travers une exper-tise technique. Cet appui sera renouvelé dans le cadre des pro-jets PRORESA/FFU. Un travail de recherche doit également être mené pour apporter des connaissances sur l’effet de différents types d’activités de renforcement de la résilience sur la nutrition.

7N O U S P O U V O N S V A I N C R E L A S O U S - N U T R I T I O N : M A L I - E T U D E D E C A S

Photo : PAM - Benoît Mazy.

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DOI 10.2841/319920