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L’Avare Molière Livret pédagogique correspondant au livre de l’élève n° 16 NOUVELLE ÉDITION 2015 établi par Jean-Claude Landat, professeur en lycée professionnel et Isabelle de Lisle (groupement de textes), agrégée de Lettres modernes, professeur en collège

NOUVELLE ÉDITION 2015 - biblio-hachette.com · PROPOSITION D’UNE SÉQUENCE DIDACTIQUE ... x Valère et Cléante redoutent essentiellement un refus catégorique d’Harpagon à

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L’Avare

Molière

L i v r e t p é d a g o g i q u e correspondant au livre de l’élève n° 16

NOUVELLE ÉDITION 2015

établi par Jean-Claude Landat,

professeur en lycée professionnel et

Isabelle de Lisle (groupement de textes), agrégée de Lettres modernes,

professeur en collège

Sommaire – 2

S O M M A I R E

R É P O N S E S A U X Q U E S T I O N S . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3  Acte I, scène 3 (pp. 18 à 22) ................................................................................................................................................................... 3  Acte I, scène 5 (pp. 33 à 37) ................................................................................................................................................................... 5  Acte II, scène 2 (pp. 47 à 49) .................................................................................................................................................................. 7  Acte II, scène 5 (pp. 54 à 62) .................................................................................................................................................................. 9  Acte III, scène 1 (pp. 67 à 75) ............................................................................................................................................................... 11  Acte III, scène 7 (pp. 83 à 87) ............................................................................................................................................................... 13  Acte IV, scène 3 (pp. 98 à 101) ............................................................................................................................................................ 15  Acte IV, scène 7 (pp. 110-111) ............................................................................................................................................................. 17  Acte V, scène 3 (pp. 119 à 124) ........................................................................................................................................................... 19  Acte V, scène 5 (pp. 128 à 133) ........................................................................................................................................................... 20  Acte V, scènes 5 et 6 (pp. 128 à 139) ................................................................................................................................................... 23  Retour sur l’œuvre (pp. 142 à 148) ...................................................................................................................................................... 24  Réponses aux questions du groupement de textes (pp. 161 à 170) ..................................................................................................... 26  

E X P L O I T A T I O N D U G R O U P E M E N T D E T E X T E S . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 8  

P R O P O S I T I O N D ’ U N E S É Q U E N C E D I D A C T I Q U E . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 9  

P I S T E S D E R E C H E R C H E S D O C U M E N T A I R E S . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 1  

Q U E S T I O N S S U R L ’ I M A G E D U P L A T I I D E C O U V E R T U R E . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 2  

B I B L I O G R A P H I E C O M P L É M E N T A I R E . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 3  

Tous droits de traduction, de représentation et d’adaptation réservés pour tous pays. © Hachette Livre, 2015. 58, rue Jean Bleuzen, CS 70007, 92178 Vanves Cedex. www.hachette-education.com

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R É P O N S E S A U X Q U E S T I O N S

Avertissement Les questions sont regroupées autour de onze rubriques qui n’apparaissent pas systématiquement dans chaque questionnaire mais reviennent régulièrement selon les extraits choisis. Ces questions permettent le développement des compétences de lecture, d’écriture et d’expression orale de l’élève associé à l’acquisition des notions relatives à l’étude de la langue sans jamais négliger la dimension culturelle. Elles offrent au professeur la possibilité de proposer à ses classes des activités variées qu’il organisera en fonction du niveau de ses élèves et de ses objectifs pédagogiques. Outre le texte qui reste naturellement le support principal, le travail sur l’image et sur la mise en scène prend toute la place qui lui est due. Cette partie du livret contient toutes les réponses aux questions et quelques remarques et suggestions didactiques et pédagogiques.

A c t e I , s c è n e 3 ( p p . 1 8 à 2 2 )

Remarque préliminaire L’étude des scènes d’exposition d’une pièce de théâtre est toujours fondamentale. Elle doit permettre : – la « mise en appétit » pour la lecture intégrale de l’œuvre ; – une familiarisation avec les personnages et les liens qui les unissent ; – une vision claire des principaux enjeux de l’intrigue. De cette étude dépend souvent la motivation nécessaire à la lecture et aux travaux proposés. Il convient de lui apporter le dynamisme et l’enthousiasme nécessaires.

◆ Que s’est-il passé entre-temps ? u Valère a sauvé Élise alors qu’elle était sur le point de se noyer : « cette générosité surprenante qui vous fit risquer votre vie, pour dérober la mienne à la fureur des ondes » (l. 47-49, p. 13). v Pour rester proche d’Élise, Valère est entré au service d’Harpagon en qualité d’intendant. w Cléante nous dépeint Mariane comme une très belle jeune fille pauvre, d’une honnêteté adorable, qui s’occupe, avec beaucoup de dévouement, de sa mère très âgée et presque toujours malade (l. 39-51, pp. 16-17). x Valère et Cléante redoutent essentiellement un refus catégorique d’Harpagon à leur projet dans la mesure où celui-ci est avare, égoïste et peu sensible aux passions de la jeunesse. y Valère et Cléante aiment et veulent épouser respectivement Élise et Mariane mais ils doivent surmonter un obstacle de taille : le refus d’Harpagon.

Prolongement On pourra opportunément demander aux élèves de mettre en relation la définition de la scène d’exposition avec ces cinq réponses – ce qui permettra un travail de synthèse qui se prolongera (selon le temps disponible) par la lecture rapide d’un groupement de textes sur quelques scènes d’exposition de comédies de Molière.

◆ Avez-vous bien lu ? U Harpagon reproche à La Flèche de le surveiller et de le voler. V Harpagon apparaît violent, égoïste et surtout avare à un point tel qu’il s’imagine entouré en permanence de voleurs, en embuscade, cherchant à lui dérober son bien. Il souffre de paranoïa (dont la définition donnée par le Dictionnaire encyclopédique Hachette est : « psychose caractérisée par la surestimation du moi, la méfiance, la susceptibilité, l’agressivité, et qui engendre un délire de persécution »). W Après avoir vu et entendu Harpagon sur scène pour la première fois, on comprend effectivement mieux les craintes de Valère et de Cléante à propos de leur projet de mariage.

Réponses aux questions – 4

◆ Étudier un thème : la relation maître et valet au XVIIe siècle X Harpagon paraît très en colère, agressif, autoritaire et menaçant à l’égard de La Flèche : – Il emploie beaucoup d’impératifs : « Hors d’ici tout à l’heure […]. Allons […] sors vite […] Va-t’en l’attendre […]. Sors d’ici, encore une fois […]. Tais-toi […]. Te tairas-tu ? […] Allons, rends-le-moi sans te fouiller. […] va-t’en à tous les diables ». – De plus, il l’injurie : « maître juré filou, vrai gibier de potence […] pendard […] traître […] mouchard […] coquin […] un pendard de valet […] ce chien de boiteux-là ». – Il le menace : « que je ne t’assomme […]. Je te baillerai de ce raisonnement-ci par les oreilles (Il lève la main pour lui donner un soufflet.) […]. Je te rosserai, si tu parles ». Quant à La Flèche, il exprime d’abord son étonnement : « Pourquoi me chassez-vous ? […] Qu’est-ce que je vous ai fait ? […] Comment diantre voulez-vous qu’on fasse pour vous voler ? » Ensuite, il se rebelle et se montre ironique, voire insolent : « Je parle… je parle à mon bonnet […]. Tenez, voilà encore une poche : êtes-vous satisfait ? » at Cette scène témoigne de l’autorité abusive du maître qui utilise son valet comme véritable souffre-douleur : son valet lui « appartient », comme le dit l’expression consacrée. Mais le valet résiste, se montre rebelle et querelleur. On retrouve ici le rôle du valet de comédie qui consiste à mettre en lumière les défauts du maître.

◆ Étudier le comique ak Exemples de comique de mots : – « La peste soit de l’avarice et des avaricieux ! » (l. 63) ; – « Je parle… je parle à mon bonnet » (l. 80) ; – « Et moi, je pourrais bien parler à ta barrette » (l. 81) ; – « Qui se sent morveux, qu’il se mouche » (l. 87). Exemples de comique d’exagération : – « maître juré filou, vrai gibier de potence » (l. 2-3) ; – « un espion de mes affaires, un traître, dont les yeux maudits assiègent toutes mes actions, dévorent ce que je possède, et furettent de tous côtés » (l. 18-20). Exemples de comique de gestes : – « sors vite, que je ne t’assomme » (l. 10) ; – « Il lève la main pour lui donner un soufflet » (didascalie, l. 38-39) ; – « Montre-moi tes mains. / – Les voilà. / – Les autres. \ – Les autres ? / – Oui. / Les voilà » (l. 43-48) ; – « Il tâte le bas de ses chausses » (didascalie, l. 51) ; – « Il fouille dans les poches de La Flèche » (didascalie, l. 62). – « La Flèche, lui montrant une des poches de son justaucorps » (didascalie, l. 91). Exemple de comique de situation : il s’agit ici de la relation maître/valet dans laquelle l’autorité du maître s’exerce de façon caricaturale et outrancière face à un valet qui s’évertue à bien faire ressortir les traits de caractère insupportables d’Harpagon. al L’avarice poussée à l’extrême, les menaces de coups, la fouille, la vivacité des répliques, l’insolence et l’aplomb de La Flèche, le ton de la querelle, etc. font de cet épisode une première scène véritablement comique et proche de la farce.

◆ Mise en scène am L’aparté permet au personnage d’exprimer ses pensées en les partageant avec le public à l’insu des autres personnages présents sur scène. Il s’agit d’une convention théâtrale. an Par les didascalies, l’auteur donne des indications de mise en scène aux acteurs et aux metteurs en scène. Les didascalies permettent, en outre, au lecteur de se représenter l’action. ao Il conviendra ici de veiller à la cohérence entre les réponses proposées et le texte. ap Des travaux réalisés en groupes peuvent permettre de comparer les différentes mises en scène et, au-delà, de faire prendre conscience aux élèves qu’à partir d’un même texte, on peut donner des interprétations diverses.

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◆ Lire l’image aq On pourra demander aux élèves d’organiser leur description en ne négligeant pas les détails comme l’expression des visages, les gestes, les costumes des personnages, le décor, etc. Au premier plan, La Flèche, en livrée de domestique et bien campé sur ses jambes, essaie d’exprimer son innocence en montrant la paume de ses mains et en regardant Harpagon droit dans les yeux. Harpagon, quant à lui, le corps courbé, l’air buté et le regard « par en dessous », exprime plutôt la duplicité, la méfiance et le doute. Ces deux attitudes révèlent bien le caractère des deux personnages. Cette scène se passe à l’intérieur de la maison d’Harpagon : la pièce est sobre et dépouillée. ar Il s’agit du moment où Harpagon « fouille dans les poches de La Flèche » (l. 62). On en a une autre représentation à la page 9 et sur le document d’ouverture des actes du livre de l’élève. as « Je dis que vous fouillez bien partout, pour voir si je vous ai volé » (l. 59-60).

A c t e I , s c è n e 5 ( p p . 3 3 à 3 7 )

◆ Que s’est-il passé entre-temps ? u Harpagon a pris la décision de marier Élise au seigneur Anselme et Cléante devra épouser « une certaine veuve ». Quant à Harpagon, il épousera Mariane. v Cléante, surpris, a un « éblouissement » (l. 145, p. 31) et doit aller « boire dans la cuisine un grand verre d’eau claire » (l. 147-148, p. 31). Élise réagit violemment en opposant à son père un refus catégorique : « Cela ne sera pas, mon père » (l. 168, p. 32). w Ce coup de théâtre va à l’encontre des projets de Cléante et de Valère qui ont déjà décidé de leur mariage puisque Cléante aime Mariane et qu’Élise aime Valère. Cléante entre ainsi en concurrence avec son propre père. La question pour le spectateur est de savoir comment une telle situation va se dénouer.

◆ Lire l’image x Il s’agit d’Élise et d’Harpagon. Élise est à demi agenouillée, les mains jointes, le visage relevé et le regard fixé sur son père. Elle paraît prier et implorer. Harpagon la domine. Bien campé sur ses jambes, les bras écartés, les poings serrés, le visage crispé et le regard pénétrant et inquiétant, il est menaçant et semble sur le point de frapper. y Le visage et l’attitude d’Élise expriment sa crainte, son inquiétude mais peut-être aussi sa révolte face à un père dont elle redoute les décisions. Quant à Harpagon, il exprime la violence de sa colère, son profond mécontentement, sa rage de constater que sa fille résiste à ce qu’il a décidé pour elle. U Les répliques des lignes 156 à 179 (scène 4), pour tout ou partie, peuvent servir de légende.

◆ Avez-vous bien lu ? V Harpagon propose à sa fille l’arbitrage de Valère dans le conflit qui les oppose à propos du mariage car il a toute confiance en ce dernier. Élise accepte, persuadée que Valère parlera dans son intérêt. W Valère est embarrassé parce qu’il aime Élise (ce qu’ignore Harpagon) et qu’il ne veut pas s’opposer directement à son maître (il est son intendant) pour préserver ainsi la possibilité d’obtenir la main d’Élise. X Non, puisque Valère s’est introduit chez lui en se faisant employer comme intendant et qu’il ment à Harpagon sur ses véritables sentiments.

Réponses aux questions – 6

◆ Étudier l’emploi du conditionnel (l. 22 à 63) at

Conditionnel présent Infinitif

« elle pourrait vous dire » (l. 22) « il faudrait » (l. 23) « je ne trouverais pas » (l. 31-32) « des gens qui pourraient vous dire » (l. 50) « quantité de pères qui aimeraient » (l. 57-58) « ils pourraient donner » (l. 59) « qui ne les voudraient point » (l. 59-60) « et chercheraient » (l. 60)

Pouvoir Falloir Trouver Pouvoir Aimer Pouvoir Vouloir Chercher

ak Le conditionnel est ici employé pour indiquer ce que seraient susceptibles de dire les gens qui ne seraient pas d’accord avec Harpagon. Le conditionnel exprime ici des actions non réalisées mais seulement hypothétiques. al Par ce procédé, Valère fait valoir ses propres idées sans le dire. Il utilise ainsi un double langage afin de ne pas s’attirer les foudres d’Harpagon tout en lui faisant entendre des arguments pertinents.

◆ Étudier l’argumentation am Le seigneur Anselme est un « homme aussi riche que sage » (l. 7-8) ; « un parti considérable ; c’est un gentilhomme qui est noble, doux, posé, sage, et fort accommodé, et auquel il ne reste aucun enfant de son premier mariage » (l. 17-20) ; et surtout, il accepte de se marier « sans dot » (l. 34-35, 48, 55 et 64). an Les arguments qu’oppose Valère (sans oser les présenter comme siens) sont les suivants : « c’est un peu précipiter les choses » (l. 22-23) ; « le mariage est une […] grande affaire […] il y va d’être heureux ou malheureux toute sa vie […] un engagement qui doit durer jusqu’à la mort » (l. 43-46) ; « l’inclination d’une fille est une chose […] où l’on doit avoir de l’égard […] cette grande inégalité d’âge, d’humeur et de sentiments rend un mariage sujet à des accidents très fâcheux » (l. 51-54) ; « mieux ménager la satisfaction [des] filles que l’argent […] ; ne les […] point sacrifier à l’intérêt » (l. 58-60). ao Valère présente ses arguments comme ceux qui émaneraient d’Élise, de « gens » et d’autres pères moins sensibles à l’argent.

◆ Étudier le comique ap Parmi les nombreux exemples d’ironie de Valère liés au « sans dot », on peut citer principalement sa dernière réplique de la scène (l. 115-121 : « Oui, l’argent est plus précieux […] de probité »). Valère affirme le contraire de ce qu’il veut faire entendre – ce que comprennent Élise et les spectateurs mais pas Harpagon. Exemple de répétition : « Sans dot ». Ce procédé comique est souvent employé par Molière. On pourra citer « Le poumon » du Malade imaginaire (acte III, scène 10) et « Mais que diable allait-il faire dans cette galère ? » des Fourberies de Scapin (acte II, scène 7). Exemple de flatterie : « vous ne sauriez avoir tort, et vous êtes toute raison » (l. 5-6).

◆ À vos plumes ! aq Cet exercice d’expression écrite permettra aux élèves de développer un point de vue. Il ne sera sans doute pas inutile de préciser les critères de réussite induits par ce sujet : – exposer un point de vue ; – prendre en compte un point de vue opposé ; – maîtriser l’emploi du conditionnel présent. Exemples : Il y a des gens qui pourraient me dire que… mais je prétends que… ; Certains soutiendraient même que… mais j’affirme que… ; Qui oserait prétendre que… ? Selon le niveau des classes, il conviendra de construire collectivement avec les élèves un argumentaire. Le mariage : engagement plus stable, plus conforme aux traditions religieuses, plus solennel. Satisfaction des parents. Idées de contrat, de cérémonie, de cadeaux, de voyage de noces, etc. Le concubinage : plus de liberté, moins de contrainte, plus de souplesse. Banalisation de la vie à deux.

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Les temps changent : le PACS, le travail des femmes, le chômage qui ne permet pas immédiatement une vie stable, etc.

◆ Mise en scène ar Harpagon prononce l’expression « sans dot » aux lignes 34-35, 48, 55 et 64 ; Valère aux lignes 36, 65, 96-97, 118 et 120. as On peut imaginer les instructions de mise en scène suivantes : – l. 34-35 : ton solennel ou très réjoui d’Harpagon qui insiste sur chaque syllabe ; – l. 36 : ton interrogatif de Valère évoquant sa surprise. Le visage se relève et le regard cherche celui d’Harpagon ; – l. 48, 55 et 64 : les trois répliques d’Harpagon peuvent être prononcées en crescendo à la fois par le volume de la voix et par l’expression du visage s’éclairant de plus en plus ; – l. 65, 96-97 et 120 : à prononcer de façon fortement accentuée avec un air de fatalité et d’impuissance. La façon de « jouer » le « sans dot » doit faire apparaître, d’une part, la jubilation d’Harpagon et, d’autre part, la consternation de Valère.

Prolongement Le problème du ton d’un texte est important et plus particulièrement au théâtre. Lire ou dire sur le ton juste, c’est montrer que l’on a bien compris le texte mais c’est aussi donner une interprétation du texte. C’est peut-être l’occasion de visionner la célèbre tirade du nez de Cyrano de Bergerac et d’entreprendre des exercices de diction simples et ludiques.

A c t e I I , s c è n e 2 ( p p . 4 7 à 4 9 )

◆ Que s’est-il passé entre-temps ? u Tout d’abord le père de Cléante, Harpagon, est très avare et ne donne donc pas d’argent à son fils. Ensuite, le tempérament généreux et ardent de Cléante pousse celui-ci à vouloir secourir celle qu’il aime, Mariane, dont la mère est malade. v Le taux du prêt est exorbitant (25 % alors que le taux légal est de 5 %). Une partie du prêt est prévue sous forme d’objets hétéroclites consignés dans un mémoire. Cléante aurait donc à les vendre pour disposer de l’argent dont il a besoin. La valeur de ces objets étant déterminée par le prêteur, on peut douter de son exactitude. w Le spectateur peut aisément supposer que le prêteur est Harpagon, compte tenu du rapport qu’il peut établir entre l’avarice du personnage et les conditions du prêt.

◆ Lire l’image x La gravure représente une scène où l’argent est au centre de l’activité et des préoccupations des personnages. Au centre, un jeune homme, debout, tient dans sa main une bourse pleine. Derrière lui, au premier plan, un personnage agenouillé, sans chapeau (un valet), recherche ou range l’argent ou des petits objets de valeur (bijoux…) dans un coffre. Il s’agit d’une transaction financière. Sur la table, de l’argent est répandu et un troisième homme, assis, a ouvert un coffret et semble recevoir ou donner de l’argent : il s’agit de l’usurier qui donne son titre à cette gravure. À ses côtés, quatre femmes observent la scène. L’intérieur est cossu (hauteur des murs, grande cheminée, salle immense avec une large ouverture donnant sur une vaste cour où des laquais s’occupent de chevaux), autant d’éléments témoignant de la richesse des bourgeois et des nobles usuriers. On peut ajouter que la disposition des personnages place l’emprunteur seul face au groupe de personnes représentant l’usure : il est en position de faiblesse (seul face à cinq personnes) et en position de demandeur et de respect (il est debout, l’usurier est assis pour le recevoir).

Réponses aux questions – 8

y Cette gravure peut évoquer la situation de Cléante (l’emprunteur), d’Harpagon (l’usurier) et de maître Simon (l’intermédiaire). On peut imaginer que la scène représente maître Simon en train d’emprunter ou de rendre l’argent à Harpagon pour le compte de Cléante (et pour les intérêts d’Harpagon). Plus largement, cette gravure de Le Plautre, intitulée L’Usurier, pourra trouver sa place dans une discussion sur l’argent au XVIIe siècle. U Quelques idées : « Un prêt exorbitant » ou « L’argent va à l’argent » ou encore « Comment s’enrichir quand on est déjà riche ? », etc.

◆ Avez-vous bien lu ? V Maître Simon est un courtier. Il est chargé de faire le lien entre emprunteurs et prêteurs. W Cléante s’aperçoit que le prêteur qui lui offre une « aide » à des conditions exorbitantes n’est autre que son père. Quant à Harpagon, il est scandalisé de voir son fils dépenser tant d’argent au point d’avoir à en emprunter. X Le désaccord subsiste et Harpagon congédie son fils.

◆ Étudier la syntaxe et le vocabulaire (l. 31 à 53) at On citera les répliques des lignes 31 à 34 : « Comment […] c’est […] qui […] ? » (Harpagon : « Comment, / pendard ! / c’est toi qui / t’abandonnes à ces coupables extrémités ? » ; Cléante : « Comment / mon père ? / c’est vous qui / vous portez à ces honteuses actions ? »). Puis, les répliques des lignes 36 à 39 : « C’est […] qui […] par […] si […] » (Harpagon : « C’est toi qui / te veux ruiner / par des emprunts / si condamnables ? » ; Cléante : « C’est vous qui / cherchez à vous enrichir / par des usures / si criminelles ? »). Les répliques des lignes 40 à 42 : « Ose […] bien, après cela […] ? » (Harpagon : « Oses-tu bien, après cela, paraître devant moi ? » ; Cléante : « Osez-vous bien, après cela, vous présenter aux yeux du monde ? »). Enfin, les questions sous forme interro-négative (« ne… point ») des lignes 43 à 51. ak Le procédé témoigne de la vivacité de l’échange et peut avoir un ressort comique. al On dressera la liste suivante : « t’abandonnes à ces coupables extrémités » (l. 31-32), « ces honteuses actions » (l. 34), « des emprunts si condamnables » (l. 36-37), « des usures si criminelles » (l. 38-39), « honte » (l. 43), « débauches » (l. 44), « des dépenses effroyables » (l. 44), « une honteuse dissipation » (l. 45), « Ne rougissez-vous point de déshonorer » (l. 47), « de sacrifier gloire et réputation » (l. 48-49), « les plus infâmes subtilités » (l. 50). am Harpagon est d’une avarice inhumaine. Il est prêt à sacrifier le bonheur de son fils pour de l’argent. Pour lui, tout est lié à et tourne autour de l’argent. Harpagon est dans un état de « dépendance », l’argent agit sur lui comme une drogue. Cléante est jeune, passionné et fougueux. Il veut vivre selon son cœur, ses impulsions et ses passions. C’est un garçon généreux et, de ce fait, un peu irréfléchi. an Harpagon et Cléante sont deux réponses acceptables à condition qu’elles soient argumentées. Le fait que les deux personnages soient cités permet d’engager un débat en classe entre les tenants de choix opposés.

◆ Étudier l’argumentation ao Pour Harpagon, Cléante fait « une honteuse dissipation du bien que [ses] parents [lui] ont amassé avec tant de sueurs » (l. 45-46). Pour Cléante, Harpagon ne rougirait pas « de déshonorer sa condition par les commerces […], de sacrifier gloire et réputation au désir insatiable d’entasser écu sur écu » (l. 47-49). ap C’est maître Simon qui se fait l’interprète du cynisme de Cléante : « il n’a plus de mère déjà, et […] il s’obligera, si vous voulez, que son père mourra avant qu’il soit huit mois » (l. 12-14). Harpagon : « La charité, maître Simon, nous oblige à faire plaisir aux personnes, lorsque nous le pouvons » (l. 15-17).

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aq Pour satisfaire à leur passion (l’argent/l’amour), les deux personnages se lancent dans des propos et des actions extrêmes qui peuvent être dangereuses. Les traits de caractère communs que l’on peut dégager : la passion, l’excès, la franchise.

◆ À vos plumes ! ar Les élèves pourront s’inspirer du débat qui a pu être engagé lors de la confrontation des réponses à la question 14.

A c t e I I , s c è n e 5 ( p p . 5 4 à 6 2 )

◆ Que s’est-il passé entre-temps ? u Harpagon s’absente pour aller voir son argent. Il vit dans la hantise qu’on le lui vole et ne se sent rassuré que quand il est en sa présence. v Frosine est une entremetteuse. Son rôle consiste à favoriser des relations par son intermédiaire : ici pour Harpagon et Mariane, mais ce sera aussi le cas plus tard pour Cléante et Mariane. Elle est censée percevoir de l’argent pour ce « travail ». w La Flèche met bien en garde Frosine sur l’extrême avarice d’Harpagon.

◆ Avez-vous bien lu ? x On peut dégager trois parties dans cette scène : – l. 3 à 34 : les flatteries de Frosine ; – l. 60 à 96 : l’amour et l’avarice ; – l. 192 à la fin de la scène : la sourde oreille d’Harpagon. y Harpagon montre quelques inquiétudes à propos de son mariage avec Mariane : outre son âge, sa santé, son physique et l’état d’esprit de Mariane, il se préoccupe surtout de faire en sorte que, non seulement son mariage ne lui coûte rien, mais que, si possible, ce soit un mariage avantageux financièrement. U Frosine parvient à le rassurer en le flattant et en raisonnant par l’absurde. Elle essaie de lui démontrer que si Mariane est pauvre, elle lui rapportera quand même de l’argent grâce à une vie modeste et des besoins limités au minimum.

◆ Étudier les personnages (l. 1 à 34) V On peut établir la liste suivante : « un vrai visage de santé » (l. 4), « un teint si frais et si gaillard » (l. 6), « jeune » (l. 8), « la fleur de l’âge » (l. 14), « la belle saison de l’homme » (l. 15), « une pâte à vivre jusques à cent ans » (l. 19), « un signe de longue vie » (l. 22-23), « quelle ligne de vie ! » (l. 26), « vous passerez les six-vingts » (l. 30-31), « vous mettrez en terre et vos enfants, et les enfants de vos enfants » (l. 33-34). W On relèvera les éléments suivants : « j’en ai soixante bien comptés » (l. 11-12), « vingt années de moins pourtant ne me feraient point de mal » (l. 16-17). De plus, ses lunettes, ses vêtements, sa toux et sa tenue vestimentaire démodée donnent de lui l’image d’un véritable vieillard. X Les effets produits par un tel contraste sont à la fois tragiques et comiques : tout dépend de quel côté sont les rieurs.

◆ Étudier le portrait de Mariane (l. 68 à 86) at Mariane mène une vie frugale, a un train de vie modeste et ressent une aversion pour les jeux. ak Ce portrait est construit autour de ces trois qualités. On remarque la présence de mots de liaison : « premièrement » (l. 68), « Outre cela » (l. 75), « De plus » (l. 79). Le vocabulaire utilisé pour évoquer ces qualités est propre à rassurer un avare : « une grande épargne de bouche » (l. 69), « elle n’est curieuse que d’une propreté fort simple » (l. 75-76) et « elle a une aversion horrible pour le jeu » (l. 79-80). Chaque qualité est assortie d’une évaluation de l’économie réalisée : « à trois

Réponses aux questions – 10

mille francs pour le moins » (l. 74-75), « plus de quatre mille livres par an » (l. 78-79) et « vingt mille francs cette année. Mais n’en prenons rien que le quart » (l. 82-83). On peut citer également les formes négatives précédant tout ce qui évoque richesse et dépenses, etc. al Les intentions de Frosine sont de flatter l’avarice d’Harpagon pour ne lui donner aucun motif d’inquiétude quant à son mariage. De sa réussite (pense-t-elle) devrait dépendre une rétribution.

Prolongement On pourra ici convoquer et réactiver la notion de « types de textes » par un bref rappel de l’argumentation, de la narration et de l’injonction en demandant aux élèves de retrouver, dans L’Avare, des exemples et constituer ainsi un groupement de textes : – argumentatif : Cléante/Harpagon s’opposant à propos de l’argent ou de Mariane (acte II, scène 2 ; acte IV, scène 3) ; – narratif : le récit du naufrage par Mariane et Valère (acte V, scène 5) ; – injonctif : Harpagon donnant des instructions à ses domestiques pour le repas à préparer en l’honneur de Mariane (acte III, scène 1).

◆ Étudier le comique am Exemple de comique lié aux jeux d’opposition : opposition entre les flatteries de Frosine et l’attitude du vieillard Harpagon. Exemple de comique lié aux types de caractère : l’avarice et la flatterie poussées à l’extrême par Harpagon et Frosine. Exemple de comique lié aux jeux de scène : mimiques, mouvements, gestes que l’on imagine… Mais, aussi, le comportement d’Harpagon qui, alternativement, se réjouit et se crispe selon qu’il s’agit de dépenser de l’argent ou, au contraire, d’en gagner.

◆ À vos plumes ! an On insistera ici sur les consignes précises (présence de trois qualités et des mots de liaison appropriés) que l’on présentera comme des critères de réussite. Critères auxquels il faut, bien entendu, ajouter l’originalité des idées, la recherche des mots justes, la qualité de l’orthographe…

◆ Mise en scène ao Cette activité, si elle ne tourne pas à la franche rigolade, doit montrer à quel point le jeu, la mise en scène, est une composante essentielle du théâtre.

◆ Lire l’image ap Il s’agit d’Harpagon et de Frosine. Harpagon se détourne de Frosine, le regard absent, lointain, la moue dubitative. Cette expression du visage laisse percevoir le désaccord, la fuite, le refus d’entendre et d’agréer ce qu’on lui dit. Quant à Frosine, elle se penche vers Harpagon et tente d’être souriante sans y parvenir. Cette attitude exprime sa volonté de « communiquer » avec Harpagon, de se faire entendre et de se faire comprendre. Elle semble consciente de la difficulté de l’entreprise. aq « Il prend un air sévère » (l. 172-173), « Il prend un air gai » (l. 177), « Il reprend un visage sévère » (l. 185), « Il reprend un air gai » (l. 188), « Il reprend son air sérieux » (l. 195). ar Ces changements brusques d’attitude sont liés, à chaque fois, aux propos de Frosine qui tantôt lui demande de l’argent (mine renfrognée d’Harpagon), tantôt lui parle de l’intérêt que lui témoigne Mariane (mine réjouie d’Harpagon). as Il s’agit d’une mise en scène de Jérôme Savary datant de 1999. Nul n’ignore ses options de modernité et d’originalité sur les mises en scène de textes classiques. La tenue vestimentaire d’Harpagon (déjà démodée pour l’époque) avec le bonnet, la collerette, la couleur sombre des vêtements sans la moindre fantaisie révèle son tempérament avare car, bien que riche, il ne cherche pas à se présenter à son avantage. Il ne pense qu’à amasser de l’argent et le reste n’est pour lui que futilités. Frosine, au contraire, est éclatante et très féminine. Elle est très élégante avec son chapeau fleuri et coloré ; sa robe décolletée est particulièrement seyante. À cette tenue vestimentaire s’ajoute une

L’Avare – 11

splendide chevelure rousse qui orne un visage très maquillé. Tout ceci révèle une forte personnalité qui cherche à séduire et à convaincre. Le signe (euro) peint sur sa poitrine signale, en outre, son objectif final : gagner de l’argent. Cette photographie montre bien l’opposition de tempérament des deux personnages.

A c t e I I I , s c è n e 1 ( p p . 6 7 à 7 5 )

◆ Que s’est-il passé entre-temps ? u Les choses se compliquent pour Cléante qui découvre que son père est non seulement son rival en amour, mais aussi celui qui comptait lui prêter de l’argent à des taux exorbitants. Son projet de mariage avec Mariane semble bien compromis. D’autant qu’Harpagon, conforté par Frosine, s’emploie à hâter les préparatifs de son propre mariage avec Mariane. v La question pour le spectateur est de savoir comment ce nœud de l’action, devenu vraiment complexe par la rivalité entre un père et son fils, va se dénouer. w Toutes les hypothèses sont permises, à condition qu’elles soient en cohérence avec le moment de la pièce. Cette question permet de vérifier implicitement la bonne compréhension de l’intrigue.

◆ Avez-vous bien lu ? x Harpagon s’adresse successivement à dame Claude, à Brindavoine et à La Merluche, à Élise, à Cléante, à Valère, à maître Jacques successivement cuisinier et cocher. y Harpagon organise un souper auquel il a convié notamment Mariane et le seigneur Anselme. U Les serviteurs d’Harpagon doivent s’efforcer de faire le plus d’économies possibles, chacun dans son domaine.

◆ Étudier l’emploi de l’impératif V�

Conditionnel présent Infinitif

« venez çà » (l. 1) « Commençons » (l. 3) « prenez garde » (l. 5), « Prenez-y garde » (l. 56) « Allez » (l. 11), « Ne vous allez pas » (l. 40) « Attendez » (l. 16) « vous ressouvenez » (l. 17) « gardez bien » (l. 21) « Rangez » (l. 28) « présentez » (l. 29) « tenez » (l. 32) « préparez-vous » (l. 35) « aide-moi » (l. 59) « approchez-vous » (l. 60), « Approche » (l. 122) « Dis-moi » (l. 75) « Taisez-vous » (l. 93) « Souviens-toi » (l. 130) « Fais donc » (l. 134) « Apprenez » (l. 219)

Venir Commencer Prendre Aller Attendre Se ressouvenir (je me ressouviens) Garder Ranger Présenter Tenir Se préparer Aider S’approcher, Approcher Dire Se taire Se souvenir Faire Apprendre

W Il s’agit d’un rapport d’autorité. Le maître, Harpagon, commande et les serviteurs obéissent. X Le mode impératif est le mode de l’ordre.

Prolongement Après avoir étudié, vu ou revu la conjugaison et les valeurs du conditionnel (acte I, scène 5), les temps du discours, du récit, de l’injonction (acte II, scène 5) et, ici, le mode impératif (voir également acte V, scène 5), on peut saisir l’occasion pour dresser un tableau synthétique des principaux modes et

Réponses aux questions – 12

temps et de leurs valeurs, en focalisant surtout sur les points ayant été traités au cours de l’étude de cette comédie, puisque l’étude de la langue se fait « dans, par et pour les textes ».

◆ Étudier les caractères at Les « dix commandements » d’Harpagon : – « prenez garde de ne point frotter les meubles trop fort, de peur de les user » (l. 5-6) ; – « donner à boire, mais seulement lorsque l’on aura soif » (l. 12-13) ; – « gardez bien de gâter vos habits » (l. 21) ; – « quand il y a à manger pour huit, il y en a pour dix » (l. 116-117) ; – donner « de ces choses dont on ne mange guère, et qui rassasient d’abord » (l. 136-137) ; – ne pas donner à manger à des chevaux qui ne travaillent pas (l. 153-155) ; – doubler les jours de jeûne sur les almanachs (l. 197-200) ; – se quereller avec les valets à l’approche des étrennes (l. 200-202) ; – traduire en justice les chats voleurs (l. 203-205) ; – dérober l’avoine des chevaux (l. 205-207). ak L’avarice du personnage est poussée à l’extrême, caricaturée. Harpagon est un monstre. al Valère prend systématiquement le parti d’Harpagon et lui donne raison contre maître Jacques. Toutes les répliques de Valère pourraient être citées en exemple de sa flatterie et plus particulièrement : – « Voilà une belle merveille que de faire bonne chère avec bien de l’argent : c’est une chose la plus aisée du monde, et il n’y a si pauvre esprit qui n’en fît bien autant » (l. 82-84) ; – « demander aux médecins s’il y a rien de plus préjudiciable à l’homme que de manger avec excès » (l. 113-114) ; – « c’est un coupe-gorge qu’une table remplie de trop de viandes » (l. 117) ; – « il faut manger pour vivre, et non pas vivre pour manger » (l. 120-121) ; – « Je n’y manquerai pas […] je réglerai tout cela comme il faut » (l. 132-133) ; – « Maître Jacques fait bien le raisonnable » (l. 172). Quant à maître Jacques, il est honnête mais naïf : il parle des choses qui fâchent et « ne saurai[t] souffrir les flatteurs » (l. 176). Sa réplique (l. 193-213) lui sera préjudiciable, à lui qui aime son maître (l. 182-183). am Harpagon, flatté par Valère, lui apporte toute sa reconnaissance et ses compliments (l. 122-125). À l’inverse, il bat maître Jacques (l. 214) qui pourtant lui veut du bien (l. 182-183). an Molière prouve ainsi l’hypocrisie sur laquelle sont fondés les rapports sociaux : flatter les puissants pour obtenir leur soutien au mépris de la vérité et de l’honnêteté. On pense à l’attitude des courtisans à la cour du Roi. À ce propos, on pourra renvoyer à quelques fables et moralités de La Fontaine.

◆ Étudier la place et la fonction de l’extrait dans l’œuvre ao Pour se venger, maître Jacques accusera Valère d’avoir volé la cassette d’Harpagon – ce qui sera source d’un quiproquo célèbre.

◆ Étudier le comique ap Les exemples de comique de gestes sont nombreux : le mouvement du chapeau qui cache les imperfections de la livrée des valets (l. 31-33) ; le changement de tenue de cocher et de cuisinier pour maître Jacques (l. 69) ; Harpagon se précipitant pour faire taire maître Jacques, alors que celui-ci énonce simplement un menu ; enfin, Harpagon battant maître Jacques (l. 214). Les oppositions entre les attitudes de l’avare, du flatteur et du serviteur zélé et naïf sont source de comique de caractère. Quant au comique de mots, on retiendra l’erreur d’Harpagon « Il faut vivre pour manger, et non pas manger pour vi… » (l. 124-125), ainsi que le parallélisme des répliques entre Valère et maître Jacques aux lignes 172 à 174 : « Maître Jacques fait bien le raisonnable » / « Monsieur l’intendant fait bien le nécessaire ».

L’Avare – 13

◆ Mise en scène aq On peut imaginer que les acteurs sont respectueusement alignés au fond de la scène ou répartis sur les côtés ou encore à la queue leu leu en attente des instructions les concernant. Certains d’entre eux peuvent pouffer de rire ou, au contraire, témoigner d’une certaine frayeur ou encore prendre un air agacé ou désespéré. C’est par l’expression du visage et les mouvements que vont se manifester leurs sentiments.

Prolongement On peut envisager un travail en classe qui associera à la lecture de la scène les réactions des personnages muets sur lesquelles les élèves devront focaliser leur attention. On pourra ensuite comparer ce travail à celui de metteurs en scène en diffusant la même scène réalisée par des metteurs en scène différents.

◆ À vos plumes ! ar Il sera bon de veiller à la compréhension de la question. Il s’agit de dire le contraire de ce qu’affirme Harpagon. On pourra également vérifier le degré de maîtrise des élèves dans l’emploi et l’écriture de l’impératif. Ce qui pourra donner éventuellement lieu à une mise au point sur les particularités de ce mode.

A c t e I I I , s c è n e 7 ( p p . 8 3 à 8 7 )

◆ Que s’est-il passé entre-temps ? u Mariane a une réaction de répulsion : « Ah ! Frosine, quelle figure ! » (acte III, scène 4, l. 37), « Oh ! l’homme déplaisant ! » (acte III, scène 6, l. 6), « Quel animal ! » (l. 11) et « Je n’y puis plus tenir » (l. 13). v Harpagon semble inquiet : « Que dit la belle ? » (acte III, scène 6, l. 7), « Je vois que vous vous étonnez de me voir de si grands enfants » (l. 19-20), mais il se donne l’apparence de la sérénité en utilisant des formules galantes qui le rendent ridicule : « Que dit la belle ? » (l. 7) et « adorable mignonne » (l. 9-10). w Frosine s’efforce de rassurer Mariane : « il vaut mieux pour vous de prendre un vieux mari qui vous donne beaucoup de bien » (acte III, scène 4, l. 22-23), « Vous ne l’épousez qu’aux conditions de vous laisser veuve bientôt » (l. 33-34). Face à Harpagon, Frosine n’hésite pas à mentir en rapportant des propos contraires à ceux exprimés par Mariane : « Qu’elle vous trouve admirable » (acte III, scène 6, l. 8). C’est donc par le cynisme et la duplicité que Frosine, l’entremetteuse, essaie de bien jouer son rôle afin de parvenir à ses fins.

◆ Avez-vous bien lu ? x Mariane, qui avait déjà rencontré Cléante, ignorait cependant qu’il était le fils de celui qui envisageait de l’épouser. y Cléante prétend parler à la place de son père : « souffrez, madame, que je me mette ici à la place de mon père » (l. 50-51). Il s’agit, en fait, d’un double langage. U Harpagon essaie de calmer les ardeurs de son fils mais il ne voit pas, à ce moment-là, le double jeu de Cléante et de Mariane.

◆ Étudier l’écriture V On peut donner la liste suivante : – « mon père, madame, ne peut pas faire un plus beau choix » (l. 7-8) ; – « je n’ai rien vu dans le monde de si charmant que vous » (l. 51-52) ; – « je ne conçois rien d’égal au bonheur de vous plaire » (l. 52-53) ; – « le titre de votre époux est une gloire, une félicité que je préférerais aux destinées des plus grands princes de la terre » (l. 53-55) ; – « la plus belle de toutes les fortunes » (l. 56-57) ;

Réponses aux questions – 14

– « il n’y a rien que je ne sois capable de faire pour une conquête si précieuse, et les obstacles les plus puissants… » (l. 57-59) ; – « un diamant plus vif » (l. 80). W Ces compliments hyperboliques sont adressés à Mariane. X Les répliques de Cléante traduisent ses sentiments passionnés, enflammés. C’est toute la fougue du jeune amoureux qui s’exprime.

Prolongement Pour bien fixer ces procédés d’écriture que sont l’hyperbole et le superlatif, il sera opportun de concevoir des exercices proposant, d’une part, des exemples à analyser et, d’autre part, des exercices de production d’exemples. Ceci permettra aux élèves de mieux réussir l’activité de la rubrique « À vos plumes ! ».

◆ Étudier la place et la fonction de l’extrait dans l’œuvre at Ces deux sujets sont Mariane et l’argent. ak Phrase traduisant l’ambition du fils par rapport au père : « souffrez, madame, que je me mette ici à la place de mon père » (l. 50-51). al Jusque-là, Harpagon avait le pouvoir. Il ordonnait et tout semblait se passer conformément à ses désirs. À présent, Cléante prend la parole, donc le pouvoir. Il risque peu à peu de prendre l’argent de son père et aussi celle qu’il veut épouser.

◆ Étudier le comique (l. 80 à 112) am Relevé des didascalies : – « il l’ôte du doigt de son père et le donne à Mariane » (l. 83) ; – « il se met au-devant de Mariane, qui le veut rendre » (l. 86) ; – « bas, à son fils » (l. 92) ; – « à part » (l. 97) ; – « en empêchant toujours Mariane de rendre la bague » (l. 99) ; – « à part » (l. 102) ; – « bas, à son fils » (l. 105) ; – « bas, à son fils, en le menaçant » (l. 107) ; – « bas, à son fils, avec emportement » (l. 110) ; – « bas, à son fils, avec les mêmes grimaces » (l. 112). Ces didascalies renseignent les acteurs et les metteurs en scène sur la façon dont doivent être dites les répliques et sur les mouvements et gestes qui doivent apparaître. an Ces didascalies font apparaître un comique de gestes, de tons et de mouvements. ao Harpagon est ridiculisé. Il est impuissant car pris à son propre piège : il est tenaillé entre son désir de convaincre Mariane de l’épouser (il ne peut donc ni démentir ouvertement Cléante en montrant qu’il ne souhaite pas offrir ce diamant à Mariane, ni bien sûr le lui arracher des mains) et son avarice maladive (le diamant est très précieux). ap Molière écrit et joue des comédies pour mettre en scène et ridiculiser des comportements, des attitudes, des vices de la société. Ici, on voit bien que ce vieillard, décidé contre tout bon sens à séduire une jeune femme, se trouve obligé de laisser son fils lui offrir un cadeau qu’il ne souhaite pas faire. « Distraire en s’instruisant », disait Molière.

◆ Lire l’image de la page 87 aq Il s’agit d’Élise, de Frosine, de Mariane, de Cléante et d’Harpagon. ar Les tenues vestimentaires de ces deux personnages s’opposent : Harpagon est habillé simplement, tristement, sombrement et de façon démodée : « votre fraise à l’antique […] votre haut-de-chausses, attaché au pourpoint avec des aiguillettes » (acte II, scène 5, l. 177-180). Cléante est élégant, riche et raffiné. D’ailleurs, Harpagon le lui reproche : « Est-il rien de plus scandaleux que ce somptueux équipage que vous promenez par la ville ? […] vous donnez furieusement dans le

L’Avare – 15

marquis ; et pour aller ainsi vêtu, il faut bien que vous me dérobiez. […] à quoi servent tous ces rubans dont vous voilà lardé depuis les pieds jusqu’à la tête, et si une demi-douzaine d’aiguillettes ne suffit pas pour attacher un haut-de-chausses ? Il est bien nécessaire d’employer de l’argent à des perruques, lorsque l’on peut porter des cheveux de son cru […] je vais gager qu’en perruques et rubans, il y a du moins vingt pistoles » (acte I, scène 4, l. 61-83). as Le nœud de l’intrigue est au cœur de cette gravure : la rivalité entre Harpagon et son fils à propos de la conquête de Mariane est ici manifeste. Qui des deux l’emportera, sous le regard amusé de Frosine et d’Élise ?

◆ Mise en scène (l. 80 à 112) bt – Ton scandalisé, outré, choqué : celui d’Harpagon. – Ton naturel, spontané, admiratif : celui de Mariane. – Ton amusé, moqueur, taquin : celui de Cléante. bk Plusieurs mouvements s’opèrent dans cet extrait : Mariane, admirative, découvre la bague ; elle veut ensuite la rendre à Harpagon. Harpagon tente de récupérer sa bague mais Cléante s’interpose pour que le diamant ne soit ni rendu ni repris. Les gestes et les mouvements s’opposent, la bague concentre l’attention des personnages. bl Ce jeu pourra se faire à partir d’une lecture et, pourquoi pas, à partir du texte (il est court) appris par cœur. Là encore, le jeu des élèves pourra être comparé aux interprétations de différentes mises en scène.

◆ À vos plumes ! bm Bien insister sur les procédés d’écriture imposés (l’emploi de superlatifs et éventuellement l’aspect ironique du texte) qui devraient permettre aux élèves d’enrichir leurs compétences d’écriture par la conscience qu’ils acquièrent de la mise en mots.

A c t e I V , s c è n e 3 ( p p . 9 8 à 1 0 1 )

◆ Que s’est-il passé entre-temps ? u Frosine envisage de faire passer l’une de ses amies pour une marquise fortunée qui se déclarerait très amoureuse d’Harpagon – ce qui devrait détourner celui-ci de son mariage avec Mariane (cette idée ne sera pas mise en œuvre). v Mariane doit obtenir l’accord de sa mère pour épouser Cléante. Aussi doit-elle la convaincre puisque celle-ci a déjà donné son accord concernant le mariage de sa fille avec Harpagon. w Harpagon remarque la tendre complicité qui unit Mariane à son fils : « Ouais, mon fils baise la main de sa prétendue belle-mère, et sa prétendue belle-mère ne s’en défend pas fort. Y aurait-il quelque mystère là-dessous ? » (acte IV, scène 2, l. 1-3). x Il décide alors de retenir Cléante afin de découvrir ce qu’il en est exactement.

◆ Avez-vous bien lu ? y Harpagon prétend renoncer à Mariane si Cléante a des sentiments pour celle-ci. Or nous savons qu’Harpagon ne pense ni ne fera ce qu’il dit. Il pousse son fils à lui avouer la vérité en lui mentant. U À la ligne 49, Cléante tombe dans le piège et avoue à son père : « Hé bien ! mon père, puisque les choses sont ainsi, il faut vous découvrir mon cœur, il faut vous révéler notre secret » (l. 49-51). V Harpagon est fou de rage, il explose de colère : « Comment, pendard ? tu as l’audace d’aller sur mes brisées ? » (l. 84-85). De plus, il menace de le battre : « Donne-moi un bâton tout à l’heure » (l. 97).

◆ Étudier le tutoiement et le vouvoiement W Première partie : lignes 1 à 54. Deuxième partie : lignes 55 à 83. Troisième partie : lignes 84 à 97.

Réponses aux questions – 16

X Pour le tutoiement, on relèvera tous les pronoms personnels « te », « toi », « tu » et l’adjectif possessif « ton ». Pour le vouvoiement : « vous » et « votre ». at Dans la première partie, il s’agit d’une conversation entre un père et son fils où s’exprime une (fausse) compréhension mutuelle. Le vouvoiement marque une rupture : Harpagon prend ses distances avec son fils, il entre en conflit et en concurrence avec lui. Il le traite en ennemi, en étranger. Le retour au tutoiement exprime la colère, le mépris, l’indignation du père envers son rival.

◆ Étudier les personnages ak Pour parler de Mariane, Cléante emploie les termes suivants : « Son air est de franche coquette ; sa taille est assez gauche, sa beauté très médiocre, et son esprit des plus communs » (l. 9 à 11). al « Une jeune personne […] faite pour donner de l’amour […]. La nature […] n’a rien formé de plus aimable […] cette aimable fille a des sentiments d’amitié qui ne sont pas imaginables […] une tendresse qui vous toucherait l’âme […] un air le plus charmant du monde […] on voit briller mille grâces en toutes ses actions : une douceur pleine d’attraits, une bonté toute engageante, une honnêteté adorable » (acte I, scène 2, l. 39-51). am Les deux attitudes de Cléante sont tout à fait opposées. Au cours de la scène 2 de l’acte I, Cléante confie à sa sœur l’effet que Mariane, qu’il vient de rencontrer, produit sur lui. Avec toute l’émotion née de ce coup de foudre, Cléante s’exprime sur un ton enflammé, passionné, plein d’ardeur et de sentiments. En revanche, au cours de la scène 3 de l’acte IV, Cléante cherche à cacher à son père son amour pour Mariane. Par conséquent, il utilise un vocabulaire dévalorisant sur un ton détaché, lointain et indifférent.

Prolongement Invitez les élèves à travailler sur les antonymes, les champs lexicaux et l’emploi d’un vocabulaire valorisant ou dévalorisant qui traduit implicitement les pensées ou les intentions d’un personnage ou d’un auteur. an Phrases témoignant de la docilité de Cléante envers son père : « mais c’était pour vous plaire » (l. 15-16), « mais pour vous faire plaisir, mon père » (l. 32), « je me ferai cet effort pour l’amour de vous » (l. 36-37). ao À la fin de cette scène, Cléante parle à son père de façon résolument agressive, insolente, vindicative et menaçante : « Hé bien ! puisque les choses en sont venues là, je vous déclare, moi […] j’aurai d’autres secours peut-être qui combattront pour moi » (l. 77-83) ; « C’est vous qui allez sur les miennes ! et je suis le premier en date » (l. 86-87) ; « l’amour ne connaît personne » (l. 91) ; « Toutes vos menaces ne feront rien » (l. 94) ; « Point du tout » (l. 96).

◆ Étudier la place et la fonction de l’extrait dans l’œuvre ap Les spectateurs et les personnages principaux connaissaient ce nœud de l’intrigue. Seul Harpagon ignorait la relation de son fils avec Mariane. De cette ignorance viennent son énorme surprise et la violence de sa réaction, très attendue des lecteurs et spectateurs. aq On peut laisser l’imagination des élèves s’exprimer. Que peut-il arriver quand un père et son fils se disputent la même personne ? Les réponses varieront selon que les élèves mettent le problème sur un plan personnel ou si ce problème reste dans le cadre des comédies de Molière qui obéissent à des règles : coups de théâtre, fin heureuse… ar La scène est tragique : l’issue du conflit engagera la vie de deux hommes. Si l’on fait référence à la tragédie racinienne ou cornélienne, les passions vont jusqu’au bout de leur logique et trouvent leur issue dans la mort. Ici, le conflit est traité sous sa forme comique : milieu bourgeois, père qui piège son fils, insultes, menaces, cris, coups de bâtons, etc.

◆ À vos plumes ! as On peut en plus demander aux élèves de jouer cette conversation. On veillera alors à la cohérence qu’ils devront apporter dans le changement de registre : tutoiement/vouvoiement.

L’Avare – 17

◆ Lire l’image bt L’intérêt de ce cadrage pour une photographie (ou pour une scène de film) est de mettre particulièrement en valeur les visages et les émotions qu’ils expriment. Il permet souvent la dramatisation d’un moment-clé dans une scène de cinéma ou de théâtre filmé. bk Cléante présente un visage grimaçant, il semble mordre sa lèvre inférieure, le regard « planté » sur Harpagon. On a l’impression qu’il est sur le point de le mordre. Cette expression exprime la colère, la rage, la fureur. Le visage et le cou d’Harpagon sont crispés, le regard est fuyant et les lèvres pincées. Il semble contenir une vive colère qu’il a du mal à maîtriser. bl Ces physionomies correspondent aux dernières répliques de la scène, à partir de : « Oui, mon père, c’est ainsi que vous me jouez ! » (l. 77 jusqu’à la fin).

A c t e I V , s c è n e 7 ( p p . 1 1 0 - 1 1 1 )

◆ Que s’est-il passé entre-temps ? u Cléante, jeune homme dépensier, est amoureux de Mariane, la jeune femme que son père veut épouser. Harpagon est au courant des sentiments de son fils envers Mariane et réciproquement. Les deux personnages sont résolus à ne pas céder. v Maître Jacques, particulièrement sincère au cours d’une scène précédente (acte III, scène 1, l. 193-213), se montre fourbe en faisant croire simultanément aux deux hommes qu’ils ont obtenu ce qu’ils voulaient à propos de Mariane (acte IV, scène 4). Il pose en fait une « bombe à retardement » destinée à accroître les hostilités entre le père et le fils. w Cléante découvre dans les mains de La Flèche la fameuse cassette de son père que le valet vient de dérober (acte IV, scène 6).

◆ Avez-vous bien lu ? x Harpagon est indigné, désespéré, au bord de la folie. y Il soupçonne son entourage, le public, la Terre entière, y compris lui-même. U Il envisage de faire intervenir la justice, de punir sévèrement les coupables et de se pendre lui-même.

◆ Étudier la grammaire V Les phrases exclamatives : « Au voleur ! au voleur ! à l’assassin ! au meurtrier ! Justice, juste Ciel ! » Les phrases interrogatives : « Qui peut-ce être ? Qu’est-il devenu ? Où est-il ? Où se cache-t-il ? Que ferai-je pour le trouver ? Où courir ? Où ne pas courir ? N’est-il point là ? N’est-il point ici ? Qui est-ce ? » W L’emploi de ces deux types de phrase révèle une grande agitation de la part d’Harpagon. Ce dernier est perdu, bouleversé, au bord de la folie.

◆ Étudier le discours X Harpagon s’adresse à lui-même tout d’abord, puis à son argent, à des interlocuteurs imaginaires ensuite, au public enfin. at Les différents interlocuteurs d’Harpagon : – lui-même : « Rends-moi mon argent, coquin… Ah ! c’est moi » (l. 7) ; – son argent : « mon pauvre argent, mon pauvre argent, mon cher ami ; on m’a privé de toi » (l. 9-11) ; – des interlocuteurs imaginaires : « Euh ? que dites-vous ? Ce n’est personne » (l. 16-17) ; – le public : « Que de gens assemblés ! […] Eh ! de quoi est-ce qu’on parle là ? […] Quel bruit fait-on là-haut ? […] N’est-il point caché là parmi vous ? » (l. 22-28). ak Il s’agit d’un faux dialogue dans la mesure où Harpagon, seul sur scène, s’adresse à des interlocuteurs qui ne sont pas en mesure de lui répondre.

Réponses aux questions – 18

◆ Étudier le monologue al Monologue est issu du grec « monos », qui signifie « seul », et de l’élément « logos », « discours ». am Ce monologue revêt une dimension tragique dans la mesure où il met en scène un homme au bord de la folie, désespéré de voir lui échapper ce qu’il a de plus cher au monde : son argent. an Toutefois, c’est l’aspect comique qui est privilégié dans l’écriture et la mise en scène de ce moment de la pièce : comique de l’absurde quand Harpagon se désigne lui-même comme coupable ; burlesque par les exagérations, la personnification de l’argent, l’interpellation du public, etc.

◆ Étudier l’écriture ao Ces accumulations sont très nombreuses : en dehors des exclamations et interrogations déjà citées (réponse à la question 7), on peut ajouter : – (1) « j’ignore où je suis, qui je suis, et ce que je fais » (l. 9) ; – (2) « mon pauvre argent, mon pauvre argent, mon cher ami ! » (l. 9-10) ; – (3) « mon support, ma consolation, ma joie » (l. 11-12) ; – (4) « je me meurs, je suis mort, je suis enterré » (l. 14) ; – (5) « à servantes, à valets, à fils, à fille, et à moi aussi » (l. 21-22) ; – (6) « Allons vite, des commissaires, des archers, des prévôts, des juges, des gênes, des potences et des bourreaux » (l. 30-31). ap Les phrases (3), (4) et (6) présentent une gradation ascendante. aq Ce procédé d’écriture donne un rythme (souvent ternaire) aux différentes périodes de la phrase. Il est aussi l’un des ressorts du comique.

◆ Étudier la place et la fonction de l’extrait dans l’œuvre ar Ce monologue est situé à la dernière scène de l’acte IV. Il précède immédiatement l’acte qui mettra en scène le dénouement. Il est donc un moment charnière de la comédie. as Ce monologue confirme le trait de caractère dominant du personnage, à savoir l’avarice poussée à son paroxysme. Dans les scènes précédentes, Harpagon n’hésitait pas à sacrifier ses propres enfants pour laisser libre cours à sa passion de l’argent. Cette fois, il est prêt à se sacrifier lui-même. bt Cette scène pourrait laisser entrevoir un dénouement tragique si, comme dans les tragédies raciniennes, les personnages allaient jusqu’au bout de leurs passions. Or, ici, un public averti sait qu’il s’agit d’une comédie et s’attend à ce que Molière mette en scène un coup de théâtre, un stratagème permettant une fin heureuse pour tous les personnages.

Prolongement À quelques scènes du dénouement, on pourra étudier les éléments et les fonctions du nœud de l’action dans une pièce de théâtre. Il sera opportun de rappeler les principaux nœuds de l’intrigue de L’Avare en s’appuyant sur le tableau de la page 151 du livre de l’élève. Ces nœuds seront alors mis en relation, d’une part, avec les aspirations des personnages et, d’autre part, avec les stratagèmes mis en place pour tenter de les dénouer. Cette réflexion pourra être élargie à l’aide d’exemples puisés dans d’autres pièces de théâtre connues des élèves.

◆ Lire l’image de la page 112 bk « Arrête. Rends-moi mon argent, coquin… (Il se prend lui-même le bras.) Ah ! c’est moi » (l. 7-8). bl Le visage hagard, les yeux grands ouverts, le regard fixe, les bras tendus et crispés suggèrent la folie. La « veste » ouverte ajoute à cet instant de folie : plus rien ne compte pour Harpagon que cette perte ; son apparence est le cadet de ses soucis. On peut ajouter à cette attitude la façon dont est présenté le personnage : en contre-plongée avec un dégradé allant du noir profond au gris clair en passant par le visage blafard du comédien. L’ombre du personnage projetée sur le mur accentue l’obscurité. Cette apparition suscite l’inquiétude, l’angoisse… bm Il s’agit ici de laisser libre cours à la réaction des élèves sans induire, par un questionnement trop précis, leurs réponses. Il peut être également intéressant de montrer qu’à partir d’un même texte, on

L’Avare – 19

peut avoir des représentations différentes en fonction de sa sensibilité, de sa culture. D’où l’intérêt d’analyser la « réception » de l’œuvre selon les époques mais aussi de façon synchronique selon les âges, les milieux sociaux, les pays de cultures différentes… On pourra également travailler sur la comparaison avec la représentation d’Harpagon à un autre moment de la même scène à l’aide de l’image de la page 147.

A c t e V , s c è n e 3 ( p p . 1 1 9 à 1 2 4 )

◆ Que s’est-il passé entre-temps ? u Le commissaire vient enquêter à la demande d’Harpagon sur le vol de la cassette. v Maître Jacques dénonce Valère (acte V, scène 2). w En fait, maître Jacques se venge ici non seulement de l’attitude de Valère, flatteuse à l’égard d’Harpagon et méprisante à son égard alors qu’ils sont tous les deux serviteurs du maître, mais aussi des coups de bâton que Valère lui donna au cours de leur dispute à la scène 2 de l’acte III.

◆ Avez-vous bien lu ? x Il s’agit d’une double inculpation « comme larron [voleur] et comme suborneur [séducteur] » (l. 130). y Valère n’a pas volé la cassette d’Harpagon et en est accusé injustement. En revanche, il dissimule à Harpagon sa véritable identité, de même que la nature de ses relations avec Élise. U Cette accusation, à l’origine des aveux de Valère, est partiellement vraie dans la mesure où Valère s’est effectivement introduit chez Harpagon pour jouer auprès de celui-ci un rôle d’intendant, son but caché étant de parvenir à convaincre le vieillard de le laisser épouser sa fille. Mais Valère ne s’est pas introduit chez Harpagon pour lui voler sa cassette.

◆ Étudier le malentendu V a) À la ligne 56 pour Harpagon, le « trésor » est sa cassette. b) À la ligne 57 pour Valère, le « trésor » est Élise. W Ci-après les mots ou expressions à double entente qui désignent, pour Harpagon, le vol de son argent ou son argent lui-même et, pour Valère, son amour caché pour Élise ou Élise elle-même. Harpagon : « l’action la plus noire, l’attentat le plus horrible » (l. 1-2), « ton crime » (l. 4), « l’affaire » (l. 8), « Un guet-apens ? un assassinat de la sorte ? » (l. 25-26), « mon sang, mes entrailles » (l. 31), « ce que tu m’as ravi » (l. 36), « cette action » (l. 39), « le vol qu’il m’a fait » (l. 53-54), « un trésor comme celui-là ! » (l. 56), « mon bien » (l. 76), « ce crime » (l. 84), « mon affaire » (l. 85), « tu n’y as point touché ? » (l. 92-93). Valère : « la chose » (l. 13), « une offense » (l. 23), « ma faute » (l. 23-24), « le mal » (l. 28), « Votre sang » (l. 32), « l’Amour » (l. 43), « C’est un trésor, il est vrai » (l. 57), « ce trésor plein de charmes » (l. 59-60), « Moi, y toucher ? » (l. 94). X Cette polysémie entretient le malentendu et permet au quiproquo de se développer.

◆ Étudier le quiproquo at Le quiproquo repose sur le fait qu’Harpagon parle de sa cassette et du vol alors que Valère évoque Élise et son amour pour celle-ci. ak Compte tenu du « mélange des genres » (langage amoureux se rapportant à une cassette), le quiproquo paraît peu vraisemblable. Néanmoins, la passion qui anime les deux personnages – l’un pour son argent, l’autre pour Élise – rend cette conversation crédible, à la limite de l’absurde.

Prolongement Pour aller plus loin dans l’étude du quiproquo, on pourra se référer au groupement de textes proposé dans Le Malade imaginaire de la collection Bibliocollège (n° 5 – édition de 1999) qui présente, outre cet extrait de L’Avare, le célèbre et « scandaleux » quiproquo de la scène du « le » de L’École des femmes, mais aussi un quiproquo extrait des Fiancés de Loches de Georges Feydeau. Une exploitation

Réponses aux questions – 20

pédagogique de ce groupement de textes intitulé « Les comédies du quiproquo » est proposée dans le livret pédagogique accompagnant Le Malade imaginaire.

◆ Étudier le comique al Le principal exemple de comique de situation est le quiproquo défini ci-dessus (réponse aux questions 10 et 11). Exemple de comique d’exagération : il est question de crime, d’attentat, de procès pour un vol d’argent. Exemples de comique lié au ton de certaines répliques : on imagine le ton scandalisé et disproportionné d’Harpagon pour certaines répliques comme « Comment, traître, tu ne rougis pas de ton crime ? » (l. 4), « Comment ! pardonnable ? Un guet-apens ? un assassinat de la sorte ? » (l. 25-26), « Ô ma chère cassette ! » (l. 89), « Brûlé pour ma cassette ! » (l. 97) ou encore « Ma cassette trop honnête ! » (l. 101).

◆ Étudier la place et la fonction de l’extrait dans l’œuvre am Les propos de Valère sont mesurés et contrastent avec ceux d’Harpagon : « une offense » (l. 23), « ma faute » (l. 23-24). Il affirme que son amour est désintéressé (l. 48 à 51, 71 et 72), qu’il envisage le mariage et qu’il respecte Élise. an Il s’agit de la dernière réplique de la scène : « Ce sont des noms qui ne me sont point dus ; et quand on saura qui je suis… » (l. 131-132). ao Le dénouement est très proche. Pourtant rien ne semble le laisser entrevoir : aucune des intrigues ne semble se dénouer. Que va-t-il advenir des amours de Valère et d’Élise ? de celles de Mariane et de Cléante ? Harpagon va-t-il retrouver sa cassette et épouser Mariane ? Aucun élément de réponse n’est perceptible. Le spectateur habitué aux pièces de Molière attend le coup de théâtre qui va permettre un dénouement de comédie.

◆ À vos plumes ! ap La difficulté pour l’élève sera, dans la plupart des cas, de donner au texte une vraisemblance et une cohérence, d’où la nécessité de bien « encadrer » cet exercice qui peut s’avérer à la fois amusant et formateur.

A c t e V , s c è n e 5 ( p p . 1 2 8 à 1 3 3 )

◆ Que s’est-il passé entre-temps ? u Comme à l’égard de Cléante, Harpagon est fou de rage contre sa fille et menace de l’enfermer dans un couvent. v Elle lui demande de dominer ses passions et de comprendre un peu mieux ses enfants. w Maître Jacques, humilié par Valère, avait prévenu : « mais pour ce monsieur l’intendant, je m’en vengerai si je le puis » (acte III, scène 2, l. 43-44).

◆ Avez-vous bien lu ? x Anselme est le père de Valère et de Mariane, qui sont donc frère et sœur. On apprend qu’à la suite du fameux naufrage raconté par Mariane (voir réponses aux questions 9 à 14 ci-après), chacun a survécu et poursuivi un destin différent pour se retrouver enfin et comme par magie chez Harpagon. y Harpagon n’est pas du tout ému par cette touchante histoire. Au contraire, il en profite pour demander à Anselme l’argent de sa cassette. Ce qui témoigne une fois de plus de son avarice et de son manque de cœur.

◆ Étudier l’expression de l’ordre U et V� Verbes à l’impératif présent : – l. 53 : « Allez » – aller ;

L’Avare – 21

– l. 53 : « Cherchez » – chercher ; – l. 54 : « ne prétendez pas » – prétendre ; – l. 56 : « Songez » – songer ; – l. 62 : « Apprenez » – apprendre. W L’emploi de ce mode révèle que ces personnages ont de l’autorité et sont sûrs d’eux-mêmes.

◆ Étudier le récit de Mariane (l. 93 à 106) X Le récit de Mariane commence aux lignes 95-96 : « Le Ciel ne nous fit point […] ». Ce qui précède relève du discours. at Il s’agit du passé simple. ak Verbes au passé simple : – l. 96 : « fit » – faire ; – l. 97 : « sauva » – sauver ; – l. 97 : « furent » – être ; – l. 98 : « recueillirent » – recueillir ; – l. 100 : « rendit » – rendre ; – l. 100 : « retournâmes » – retourner ; – l. 101 : « trouvâmes » – trouver ; – l. 102 : « passâmes » – passer ; – l. 103 : « alla » – aller ; – l. 104 : « vint » – venir. al Schéma reprenant les principales étapes du récit de Mariane.

Le naufrage

Intervention des corsaires

Dix ans d’esclavage

Liberté retrouvée

Déception pour l’héritage à Naples et à Gênes

Installation à proximité de chez Harpagon

am Il s’agit du récit des mésaventures de Mariane et de sa mère qui ont vécu une période très difficile. Par le choix de ses mots, Mariane rend ce récit particulièrement touchant : « triste naufrage » ; « la perte de notre liberté » ; « un débris de notre vaisseau » ; « dix ans d’esclavage » ; « quelques malheureux restes d’une succession qu’on avait déchirée » ; « barbare injustice » ; « presque vécu que », « vie languissante ». an Ce récit ne relève pas de la comédie mais plutôt du genre romanesque ou du conte.

◆ Étudier la place et la fonction de l’extrait dans l’œuvre ao Alors que le dénouement est proche, un triple coup de théâtre met le spectateur face à une situation nouvelle : d’abord, Anselme est le père de Valère et de Mariane ; ensuite, Anselme refuse d’épouser une jeune fille contre son gré : enfin, ceci modifie les données de l’intrigue et permet au spectateur d’entrevoir une fin miraculeuse et conforme aux dénouements habituels de comédie.

Réponses aux questions – 22

ap Lignes 17-18 : « Ce n’est pas mon dessein de me faire épouser par force, et de rien prétendre à un cœur qui se serait donné. » aq Harpagon retrouve sa chère cassette, Valère épousera Élise et Cléante Mariane grâce au nouveau rapport de force entre les personnages et à la générosité d’Anselme.

Prolongement Les notions de « coups de théâtre » et de « dénouement » peuvent être ici élargies en faisant rappeler aux élèves les dénouements dont ils se souviennent et les coups de théâtre qui en sont l’origine. On peut aussi en profiter pour montrer la spécificité d’un dénouement de comédie comparé à un dénouement de tragédie en traitant rapidement un groupement de textes.

◆ Lire l’image ar Il est important de préciser aux élèves qu’une lecture d’image doit être organisée. On peut suggérer le principe simple de la dénotation/connotation. Pour la dénotation, on peut suggérer différents parcours au choix : – plan d’ensemble puis détails ; – premier plan / arrière-plan ; – du détail vers le général. On peut aussi laisser composer les élèves « la bride sur le cou » puis, à la correction, distinguer les copies n’ayant pas ordonné leur description et regrouper les autres selon les méthodes utilisées. Une proposition de description pour l’image qui nous occupe : L’image représente une scène de bataille navale opposant trois bateaux puissants à quatre bateaux plus fragiles. Au premier plan, on voit disparaître deux de ces fragiles bateaux touchés par les boulets d’un canon. Certains survivants sont embarqués sur une barque de sauvetage, d’autres s’accrochent désespérément à tout ce qui surnage : mâts, planches de bois, morceau de la coque… À l’arrière-plan, on distingue, d’une part, les deux autres bateaux attaqués tentant de s’enfuir pour échapper à la puissance de feu des adversaires et, d’autre part, les trois autres bateaux qui surgissent toutes voiles dehors pour fondre sur les embarcations vulnérables. L’axe de fuite et l’axe d’attaque se répartissent de part et d’autre des diagonales, laissant un point de fuite au centre de l’image vers l’horizon. as Extraits que l’on peut mettre en relation avec l’illustration : – l. 63-65 : « l’homme dont vous nous parlez périt sur mer avec ses enfants et sa femme, en voulant dérober leur vie aux cruelles persécutions » ; – l. 69-70 : « son fils […], avec un domestique, fut sauvé de ce naufrage par un vaisseau espagnol » ; – l. 71-72 : « le capitaine de ce vaisseau » ; – l. 85 : « Le capitaine espagnol » ; – l. 87-88 : « ce domestique qui se sauva avec moi du naufrage » ; – l. 95-96 : « Le Ciel ne nous fit point aussi périr dans ce triste naufrage » ; – l. 98-99 : « des corsaires qui nous recueillirent, ma mère et moi, sur un débris de notre vaisseau ». bt L’image et le langage sont deux formes d’expression qui ont leur spécificité. Il s’agit de deux formes d’art. Il conviendra de laisser s’exprimer les élèves, le professeur se faisant éventuellement l’avocat des mots si une unanimité se fait sur l’image : les mots d’un récit permettent à chaque lecteur de laisser faire son imagination pour se représenter les événements racontés alors qu’une image fixe davantage les choses et limite ainsi l’imaginaire. Elle peut aussi être dangereuse car réductrice.

◆ À vos plumes ! bk Là encore, tout en respectant les critères de réussite, on veillera à ce que les élèves produisent un texte cohérent et si possible empreint d’originalité. Pour les élèves ayant du mal à trouver un axe d’écriture, on pourra suggérer des sujets plus précis en prise avec leur vie quotidienne : grande frayeur la nuit ou dans une voiture, sentiment d’injustice à propos d’une accusation non méritée, etc.

L’Avare – 23

A c t e V , s c è n e s 5 e t 6 ( p p . 1 2 8 à 1 3 9 )

◆ Lire l’image u Anselme se trouve en page de droite et Harpagon à gauche. v Anselme est élégant avec son chapeau large aux bords remontés, sa perruque ou ses cheveux abondants. Il est maquillé – ce qui, à l’époque, est le signe que l’on soigne sa personne, y compris pour un homme. Les broderies au cou et aux poignets donnent du relief à sa tenue vestimentaire. Ensuite, sa canne au pommeau raffiné s’apparente à un objet de luxe. On remarquera également les bagues du personnage. Le chapeau d’Harpagon, au contraire, est plutôt triste avec ses bords rabattus sur les oreilles. Ses cheveux sont raides et sa coiffure sans recherche ni soin particulier ; bien entendu son visage n’est pas maquillé. Ses vêtements sont sans relief ni aucune élégance. De plus, la collerette était déjà démodée pour l’époque. Enfin, la canne est rustre et sans aucun raffinement ni recherche esthétique. w Pierre Savignac montre par ses dessins qu’il a bien compris qu’Anselme est un homme riche, généreux et recherchant avant tout le bonheur de ses enfants. Ce qui se voit non seulement dans la tenue vestimentaire, mais aussi dans l’allure altière et le sourire d’un homme serein et équilibré. Le choix de l’illustrateur est de le montrer un peu « enveloppé » – ce qui représente traditionnellement la joie de vivre. Il a également bien compris l’avarice d’Harpagon en faisant du personnage un homme rongé par son vice, triste, méfiant, sur ses gardes et qui ne rayonne pas par la joie de vivre : il est un peu voûté et son visage est d’une tristesse qui n’a d’égale que la médiocrité de sa tenue vestimentaire. Harpagon est ici bien maigre : cf. son visage allongé et ses mollets. x Anselme est un honnête homme, qui respecte les sentiments des autres, sait les écouter et les comprendre. Il est généreux. Harpagon est avare, égoïste. Il ne pense qu’à son propre intérêt, à son argent, et demeure totalement indifférent au bonheur et au malheur d’autrui. L’un est ouvert et altruiste, l’autre est renfermé et égoïste. y Quelques répliques d’Harpagon, caractéristiques de son inhumanité : – sc. 1, l. 14-15 : « Il n’y a point de supplice assez grand pour l’énormité de ce crime » ; – sc. 1, l. 20-21 : « je veux que vous arrêtiez prisonniers la ville et les faubourgs » ; – sc. 2, l. 25-26 : « Oui, coquin ; et je m’en vais te pendre, si tu ne me le rends » ; – sc. 2, l. 86-88 : « Ciel ! à qui désormais se fier ? […] et je crois après cela que je suis homme à me voler moi-même » ; – sc. 3, l. 4 : « Comment, traître, tu ne rougis pas de ton crime ? » ; – sc. 3, l. 25-26 : « Comment ! pardonnable ? Un guet-apens ? un assassinat de la sorte ? » ; – sc. 3, l. 30-31 : « Quoi ? mon sang, mes entrailles, pendard ? » ; – sc. 3, l. 128 : « Rengrégement de mal ! surcroît de désespoir ! » ; – sc. 4, l. 1-2 : « Ah ! fille scélérate ! fille indigne d’un père comme moi ! » ; – sc. 4, l. 5-7 : « (À Élise.) Quatre bonnes murailles me répondront de ta conduite ; (à Valère) et une bonne potence me fera raison de ton audace » ; – sc. 4, l. 10-11 : « tu seras roué tout vif » ; – sc. 4, l. 24-25 : « et il valait bien mieux pour moi qu’il te laissât noyer que de faire ce qu’il a fait » ; – sc. 6, l. 27-28 : « Je n’ai point d’argent à donner en mariage à mes enfants ». Quelques répliques d’Anselme prouvant qu’il est d’un tout autre tempérament qu’Harpagon : – sc. 5, l. 17-18 : « Ce n’est pas mon dessein de me faire épouser par force » ; – sc. 5, l. 48 : « De grâce, laissez-le parler » ; – sc. 5, l. 109-110 : « Embrassez-moi, mes enfants, et mêlez tous deux vos transports à ceux de votre père » ; – sc. 6, l. 18-19 : « Le Ciel, mes enfants, ne me redonne point à vous pour être contraire à vos vœux » ; – sc. 6, l. 29-30 : « Hé bien ! j’en ai pour eux (de l’argent) ; que cela ne vous inquiète point » ; – sc. 6, l. 36-37 : « Allons jouir de l’allégresse que cet heureux jour nous présente » ; – sc. 6, l. 48-49 : « il faut lui pardonner cette imposture » ; – sc. 6, l. 51-52 : « Allons vite faire part de notre joie à votre mère ».

Réponses aux questions – 24

R e t o u r s u r l ’ œ u v r e ( p p . 1 4 2 à 1 4 8 )

◆ Les personnages u�

Traits distinctifs Personnages

Entremetteuse, flatteuse, intrigante, cupide Frosine Jeune aristocrate, imposteur, cynique, intelligent Valère Rival de son père, dépensier, amoureux, irrespectueux Cléante Noble, napolitain, généreux, honnête homme Anselme Naïf, franc, rancunier, accusateur Maître Jacques Réservée, craintive, amoureuse, terrorisée par son père Élise Riche bourgeois, veuf, avare, despote Harpagon Pauvre, amoureuse, docile, vit avec sa mère Mariane Observateur, malin, voleur mais loyal envers son maître La Flèche

v Les serviteurs : Frosine, maître Jacques et La Flèche. La famille bourgeoise : Élise, Cléante et Harpagon. La famille noble : Mariane, Valère et Anselme. w On relèvera l’accumulation des denrées à l’arrière-plan de l’illustration, le trousseau de clés qui témoigne de l’inaccessibilité de produits bien gardés et la façon (mensongère) dont la fourmi témoigne de son dénuement en montrant par son geste que les poches de son tablier sont désespérément vides. x L’avarice d’Harpagon peut trouver des similitudes avec cette illustration : – dans le fait de montrer ostensiblement et hypocritement des poches vides ; – dans le trousseau de clés qui suggère la présence d’un trésor jalousement gardé ; – dans le regard affligé qui veut convaincre de l’impossibilité de prêter. Pour être plus proche d’Harpagon et de son avarice, on pourrait donner une tenue vestimentaire plus « terne » et plus « fatiguée » à la fourmi ; remplacer l’amoncellement de victuailles par un amas de « pièces sonnantes et trébuchantes » ; ajouter une cassette avec une serrure bien visible, des contrats d’usuriers affichant des taux d’intérêt exorbitants ; remplacer la cigale par un Cléante élégant mais tendant la main. Enfin, il serait possible de remplacer la citation de la fable par une citation de la pièce. Par exemple : « Le seigneur Harpagon est de tous les humains l’humain le moins humain […] et donner est un mot pour qui il a tant d’aversion, qu’il ne dit jamais : Je vous donne, mais Je vous prête le bonjour » (La Flèche à Frosine, scène 4 de l’acte II). y Il s’agit, dans l’ordre de la mère de Mariane, Dame Claude et du clerc du commissaire.

◆ L’intrigue U�

Auteurs Faits Victimes

La Flèche Vol d’une cassette Harpagon Harpagon Fouille de vêtements La Flèche Maître Jacques Dénonciation injuste du vol de la cassette Valère Cléante « Emprunt » d’une bague sertie d’un diamant Harpagon Cléante Chantage pour épouser Mariane Harpagon

V C’est en sauvant Élise de la noyade que Valère est tombé amoureux d’elle. C’est à la suite d’un naufrage que l’on a cru les enfants et la femme d’Anselme morts et que ceux-ci ne se sont pas revus depuis. W Harpagon accuse Valère de lui avoir dérobé sa cassette alors que Valère croit qu’il lui reproche de s’être engagé auprès de sa fille, Élise. X Le coup de théâtre repose sur la scène de reconnaissance. Il apparaît que Valère et Mariane sont frère et sœur et que leur père n’est autre que le seigneur Anselme.

L’Avare – 25

◆ Le thème de l’argent at Quelques exemples de l’avarice d’Harpagon s’exerçant sur ses serviteurs : pour l’entretien de la maison, ne pas trop frotter les meubles de peur de les user ; pour leur tenue vestimentaire, cacher l’usure des vêtements à l’aide d’un chapeau ; ne pas espérer de récompense pour les services rendus. Quelques exemples de l’avarice d’Harpagon s’exerçant sur ses enfants : Harpagon ne leur donne pas beaucoup d’argent ; il reproche à Cléante ses dépenses en rubans et perruques ; il veut leur imposer un mariage rentable pour lui. Quelques exemples de l’avarice d’Harpagon s’exerçant sur Mariane : il souhaiterait fortement une dot ; il veut que son épouse soit très économe ; il ne lui fait pas de cadeau et refuse de lui donner sa bague. ak Cléante joue, emprunte et attend la part d’héritage qui lui revient de sa mère. al Il sera intéressant ici soit de s’appuyer sur les souvenirs de lecture des élèves, soit de leur proposer une courte digression avec la lecture et l’analyse de quelques planches de la célèbre bande dessinée. Ce qui permettra de mieux mettre en rapport les deux personnages, mais aussi de confronter deux façons de condamner l’avarice. am Là encore, il conviendra de raviver la mémoire des élèves en leur présentant quelques-unes des célèbres colères d’Oncle Picsou.

◆ Le genre littéraire an Il s’agit, bien sûr, de la comédie de mœurs et de caractères (cf. p. 156 à 160 du dossier Bibliocollège). ao Faire rire en ridiculisant les avares pour les dénoncer.

◆ Le vocabulaire ap Aiguillettes : lacets qui attachent les hauts-de-chausses. Brocards : moqueries. Damoiseaux : jeunes gens. Galimatias : paroles confuses. Hauts-de-chausses : culottes très larges. Ouïr : écouter. Oracle : prophétie. Probité : honnêteté. Rogatons : objets sans valeur. Tout à l’heure : immédiatement. aq Scène d’exposition : la (ou les) première(s) scène(s) qui donne(nt) des indications sur les lieux et le moment de l’action, sur les personnages et les liens qui les unissent et sur l’action qui se prépare. Elle(s) répond(ent) donc aux questions : où ? quand ? qui ? pourquoi ? et crée(nt) une attente pour le lecteur ou le spectateur. Les deux premières scènes de L’Avare sont des scènes d’exposition. Elles mettent en présence Valère, Élise et Cléante qui nous renseignent sur leur personnalité, leur projet, leurs difficultés. Le spectateur attend de voir comment tout cela va évoluer et est impatient de voir enfin apparaître Harpagon et Mariane, deux personnages dont il est question mais qui ne sont pas encore montés sur scène. Coup de théâtre : événement inattendu qui modifie brutalement le cours de l’intrigue. L’arrivée du seigneur Anselme est l’un des coups de théâtre qui va permettre un dénouement heureux. Quiproquo : malentendu entre des personnages qui prennent une personne ou une chose pour une autre. Pour expliquer ce terme, on peut citer une réplique extraite d’une autre comédie de Molière, Le Malade imaginaire : « C’est, mon père, que je connais que vous avez parlé d’une personne, et que j’ai entendu une autre » (Angélique dans la scène 5 de l’acte I). Le quiproquo est l’un des moteurs essentiels de la comédie : il repose sur un malentendu et induit un effet comique en raison de la différence d’informations entre les personnages et les spectateurs. Il peut s’agir d’une confusion au sujet d’un mot auquel deux interlocuteurs donnent un sens différent, c’est le cas pour Harpagon et Valère à propos de la cassette et de Mariane (acte V, scène 3). Il s’agit-là de l’un des quiproquos les plus célèbres des comédies de Molière. Didascalie : indication écrite donnée par l’auteur de la pièce pour la mise en scène. « Il reprend un visage sévère », « Il reprend un air gai » (acte II, scène 5) : des didascalies qui témoignent du ridicule du personnage, avare jusqu’à la caricature, compte tenu des mimiques qu’elles induisent. Dénouement : fin de la pièce qui fixe le sort des personnages. Une fin heureuse de comédie : les amoureux obtiennent les unions qu’ils convoitaient tant – Élise et Valère, Mariane et Cléante – et Harpagon retrouve sa cassette.

Réponses aux questions – 26

R é p o n s e s a u x q u e s t i o n s d u g r o u p e m e n t d e t e x t e s ( p p . 1 6 1 à 1 7 0 )

◆ Document 1 : Plaute, La Marmite A. Différents éléments montrent l’avarice qui caractérise Euclion : – la répétition de « trop cher » et la gradation qui aboutit à « Impossible d’en approcher » en passant par « hors de prix » ; – le lexique relatif à l’argent : « prix », « cher », « argent », « acheter […] or », « trésors » ; – le superlatif « le plus économiquement possible » qui définit un mode de vie ; – l’inquiétude quant à un vol possible. B. Ce passage sera repris dans deux moments de la pièce de Molière : les préparatifs du repas et le monologue (dernière réplique). On pourra demander aux élèves de relever, dans ce monologue, ce qui est de l’ordre de la reprise et ce qui est de l’ordre de la création chez Molière. On mettra alors l’accent sur l’ampleur du texte de Molière et sur le fait qu’Harpagon s’adresse au public quand Euclion se tournait vers Apollon.

◆ Document 2 : Ésope puis La Fontaine, « La Poule aux œufs d’or » A. Dans les deux versions de la fable, on voit que le personnage n’est jamais heureux puisque, quand la poule pond ses œufs d’or, il en voudrait davantage et qu’ensuite il perd son moyen de faire fortune. B.

Ressemblances Différences Les mêmes personnages, la même action, une morale partagée.

Ésope Résumé de l’histoire et conseil pour mieux vivre.

La Fontaine La scène est précisée (vers 6). La morale vise davantage les avares : reprenant la leçon d’Ésope, elle se montre plus critique que dans le texte ancien. On relèvera aussi l’allusion explicite à Ésope au vers 3.

◆ Document 3 : Honoré de Balzac, Eugénie Grandet A. Différents passages montrent l’avarice du personnage : – il enferme à clé les réserves et mesure ce qui est « nécessaire » ; il n’est pas question de superflu ; – il ne compte pas son neveu Charles lorsqu’il prévoit le pain de la journée ; – le vocabulaire de l’argent : « parcimonieusement », « pillage », « prix », « précieuse », « achètera » ; – le refus opposé à la demande des 8 morceaux de sucre ; – une gestion économe de la cuisine : profiter du feu pour cuire une tarte, voire « tout le dîner » en plus de la galette. B. Félix Grandet accordera plus d’importance à son argent qu’au bonheur de sa fille dans le roman, mais le passage proposé montre qu’il n’est pas dénué de sentiments paternels. En effet, il lui suffit d’entendre la voix d’Eugénie pour donner à Nanon de la farine et ajouter « quelques onces de beurre ».

◆ Document 4 : Charles Dickens, Cantique de Noël A. Le ton indigné de Scrooge se traduit par l’interrogation rhétorique qui ouvre sa longue réplique. On relève deux autres interrogations du même type par la suite. Les exclamations nominales vont dans le même sens. On relève également des hyperboles (« le moindre profit », « tout imbécile ») et la violence comique de la scène finale.

L’Avare – 27

B. L’avare est indigné en raison des circonstances : Noël est, pour lui, le moment des bilans et il lui semble que ses profits n’ont pas été à la hauteur de ses espérances (hyperbole : « sans le moindre profit »). Il est de mauvaise humeur car il voit autour de lui des gens heureux prêts à dépenser leur argent pour fêter Noël : « des gaietés ruineuses ».

Réponses aux questions – 28

E X P L O I T A T I O N D U G R O U P E M E N T D E T E X T E S

Le corpus réunit quatre passages centrés sur un avare. On pourra étudier notamment : – les manifestations de l’avarice, l’obsession, voire la folie ; – l’impact sur l’entourage : la privation dans les textes 1 et 3, la moquerie dans le texte 4. On pourra évoquer le terrible destin d’Eugénie Grandet qui sera enfermée chez elle pour avoir osé donner à son cousin Charles l’or que lui avait offert son père ; – on verra les deux registres (comique, tragique car destructeur) dans lesquels est déclinée la figure de l’avare ; – on pourra également travailler sur les réécritures : La Fontaine/Ésope, Molière/Plaute, la reprise de Scrooge par Disney.

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P R O P O S I T I O N D ’ U N E S É Q U E N C E D I D A C T I Q U E

◆ Objectifs de la séquence Lire L’Avare pour : – identifier les règles d’écriture spécifiques d’un genre littéraire : la comédie ; – relier la pièce aux conditions de production et de réception de son époque. L’étude s’appuiera aussi sur le dossier Bibliocollège.

PREMIÈRE SÉANCE

Axes de lecture / objectifs Notions abordées Supports utilisés Activités des élèves

Émettre des hypothèses de lecture. Définir des horizons d’attente. Dégager les enjeux des scènes d’exposition.

Avare/économe. Didascalie initiale. Intrigue. Stratagème. Scènes d’exposition.

Première et quatrième de couverture (titre, auteur, genre théâtral…). Didascalie initiale (p. 10). Scènes 1 et 2.

Dénoter/connoter la première de couverture. Lire la didascalie initiale et les scènes 1 et 2. Répondre aux questions 1 à 5 de la page 23. Rédiger un texte énonçant les horizons d’attente.

Remarque préliminaire à la deuxième séance : les élèves sont invités à lire à la maison, en autonomie, l’ensemble de la pièce.

DEUXIÈME SÉANCE

Axes de lecture / objectifs Notions abordées Supports utilisés Activités des élèves

Vérifier la compréhension du sens global de la pièce.

Personnage. Intrigue. Thème. Genre littéraire.

Rubrique « Retour sur l’œuvre ».

Répondre au questionnaire « Retour sur l’œuvre ».

TROISIÈME SÉANCE

Axes de lecture / objectifs Notions abordées Supports utilisés Activités des élèves

Recenser et étudier les procédés comiques mis en œuvre par Molière.

Comique de mots, d’exagération, de gestes, de situation, de répétition, de caractères. La farce, l’ironie, la flatterie…

Au choix : I, 3, questions 11 et 12, ou I, 5, question 16, ou II, 5, question 13, ou III, 7, questions 13 à 16, ou V, 3, question 12.

Lire et replacer dans leur contexte les scènes choisies. Répondre aux questions relatives au comique de ces scènes. Rédiger une synthèse sur les procédés comiques utilisés par Molière.

QUATRIÈME SÉANCE

Axes de lecture / objectifs Notions abordées Supports utilisés Activités des élèves

Élaborer une typologie des personnages de L’Avare pour définir la comédie de mœurs et de caractères.

Personne et personnage. Classe sociale. Portrait physique et moral.

Toute la pièce. Questions relatives aux personnages dans les différentes scènes étudiées. Page 156 du livre de l’élève : « Une comédie classique ? ».

Travaux de groupe : chaque groupe doit faire le portrait de deux personnages : Harpagon et Anselme ; Élise et Valère ; Mariane et Cléante ; Frosine et maître Simon ; La Flèche et maître Jacques. Rendre compte oralement des travaux de groupe. Rédiger une synthèse écrite sur les personnages de la comédie classique.

Proposition d’une séquence didactique – 30

CINQUIÈME SÉANCE

Axes de lecture / objectifs Notions abordées Supports utilisés Activités des élèves

Dégager les enjeux des comédies de Molière.

Se référer au groupement de textes « De l’avarice et des avaricieux » (pages 161 à 170 du livre de l’élève).

SIXIÈME SÉANCE

Axes de lecture / objectifs Notions abordées Supports utilisés Activités des élèves

Analyser et caractériser un dénouement de comédie.

Stratagème. Coup de théâtre. Dénouement.

Acte V, scènes 5 et 6, questions relatives à ces deux scènes (pp. 134 à 136 et 140).

Lire le dénouement. Répondre aux questions pp. 134 à 136 et p. 140. Porter un jugement sur la vraisemblance du dénouement. Dégager les leçons à tirer de ce dénouement. Rédiger une synthèse plus générale sur le dénouement des comédies.

SEPTIÈME SÉANCE

Axes de lecture / objectifs Notions abordées Supports utilisés Activités des élèves

Situer L’Avare et Molière au XVIIe siècle.

La tragédie et la comédie. Le classicisme.

Questionnaires. Pages 152 à 155 du livre de l’élève : « Le monde de Molière ». Usuels du CDI. Sites Internet.

À partir de questionnaires élaborés par le professeur, les élèves entreprendront des recherches qui permettront de situer L’Avare et Molière dans le cadre du XVIIe siècle.

L’Avare – 31

P I S T E S D E R E C H E R C H E S D O C U M E N T A I R E S

Voici quelques suggestions de recherches : – les personnages types au théâtre ; – le théâtre antique, notamment la comédie : les masques, les lieux, les fonctions ; – les conditions de vie des comédiens et des auteurs à l’époque de Molière ; – les intrigues de mariage chez Molière ; – les monomanies au théâtre ; – la querelle des Anciens et des Modernes ; – la représentation de l’argent en peinture ; – le thème du trésor en littérature et au cinéma.

Pistes de recherches documentaires – 32

Q U E S T I O N S S U R L ’ I M A G E D U P L A T I I D E C O U V E R T U R E

A. Que regardent les deux personnages ? Les deux personnages ont les yeux fixés sur la balance qui leur permet de peser au gramme près leurs biens. B. Comment le peintre donne-t-il l’impression que les deux personnages vivent repliés sur leur argent ? Plusieurs procédés expriment l’avarice des personnages et donnent l’impression qu’ils vivent repliés sur leur argent : – la posture des deux personnages penchés en avant au-dessus de leur trésor ; – l’attente, voire l’anxiété, de la femme (sa bouche, sa main droite), qui indique l’importance que revêt pour elle la pesée des pièces ou des pierres ; – le couple est âgé et n’est pas représenté au sein d’une famille ; on a l’impression que son patrimoine est son unique préoccupation, alors que les deux personnages sont d’un âge avancé pour l’époque (nous sommes au XVIIe siècle). Le thème baroque des vanités n’est pas loin ; – on pourra observer les mains des deux personnages ; elles sont repliées, comme des crochets, et on pourra les rapprocher de l’origine du nom Harpagon.

L’Avare – 33

B I B L I O G R A P H I E C O M P L É M E N T A I R E

◆ Éditions des œuvres de Molière – Molière, Œuvres complètes, Bibliothèque de la Pléiade, éd. G. Couton, 2 volumes, Gallimard, 1983 (L’Avare se trouve dans le tome II). – Molière, Œuvres complètes, Classiques Garnier, éd. R. Jouanny, 2 volumes, Bordas, 1989 (L’Avare se trouve dans le tome II).

◆ Ouvrages généraux sur Molière et le XVIIe siècle – Antoine Adam, Le Théâtre classique, coll. « Que sais-je ? », PUF, 1970. – Antoine Adam, Histoire de la littérature française au XVIIe siècle, tome III, Domat, 1952. – Paul Bénichou, Morales du grand siècle, coll. « Folio Essais », Gallimard, 1988. – René Bray, Molière homme de théâtre, Mercure de France, 1954. – Gabriel Conesa, Le Dialogue moliéresque, étude stylistique et dramaturgique, Sédès, 1992. – Patrick Dandrey, Molière ou l’Esthétique du ridicule, Klincksieck, 1992. – Gérard Defaux, Molière ou les Métamorphoses du comique : de la comédie morale au triomphe de la folie, Klincksieck, 1980. – Maurice Descote, Les Grands Rôles du théâtre de Molière, PUF, 1960. – Georges Forestier, Molière, coll. « En toutes lettres », Bordas, 1990.

◆ Sur L’Avare – L’Avare, mises en scène et commentaires de Charles Dullin, coll. « Les Introuvables », Éd. d’Aujourd’hui, 1983. – Revue de la Comédie-Française, n° 177, juin 1989. – Madeleine Lazard, La Comédie humaniste et ses personnages, PUF, 1978. – Roger Planchon, Préface de l’édition de L’Avare parue au Livre de Poche, LGF, 1986.