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NOUVELLES IMAGES LES DÉBUTS DE LA PHOTOGRAPHIE DANS L’ALLIER loubatières

Nouvelles images. Les débuts de la photographie dans l'Allier

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Dans le cadre de ses expositions fédératrices, l’association des Musées Bourbonnais, a choisi de traiter du thème des premières photographies dans le département de l’Allier. Plusieurs musées du département possèdent des photographies datant de la seconde moitié du XIXe-début XXe siècle, auxquelles viennent s’ajouter des appareils de professionnels. Leur étude a été complétée par les collectionsde quelques particuliers et du Fonds de dotation Pierre-Bassot à Moulins.À ces collections locales, il est important d’ajouter celle d’Albert Kahn concernant le Bourbonnais. Albert Kahn (1860-1940), banquier et mécène, a constitué l’un des plus importants fonds de photographies couleur du début du XXe siècle, « Les Archives de la Planète », actuellement conservé au musée départemental Albert-Kahn de Boulogne-Billancourt. Une trentaine de photographies inédites concernent le Bourbonnais, en particulier Saint-Pourçain-sur-Sioule, Moulins et Vichy.

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CHÂTEAU DE MURATVers 1900. AD Allier, fonds Dessalles 40 J 63.

Murat, surnommé « le riche » était le douaire des duchesses de Bourbon, qui le recevaient à leur veuvage ; Béatrix de Bourbon (épouse de Robert de France, l’un des fils de Saint-Louis) y mourut en 1310, Marie de Hainaut (veuve de Louis Ier) en 1354. Le château est mentionné à partir de 1061, époque à laquelle il appartient à Archambaud III le Fort. Il formait un poste avancé à l’ouest de la province. En forme de L, il était renforcé par un puissant donjon circulaire d’environ 14 m de diamètre, datant du XIIIe siècle. Les parties les plus anciennes remontent au XIe siècle et un logis plus confortable fut édifié dans cette forteresse militaire au XIVe siècle. Le château fut abandonné en 1527, date à laquelle le Bourbonnais fut rattaché à la couronne de France. Aujourd’hui, la végétation ne permet plus de voir le mur d’enceinte et l’éperon sur lequel a été construit le château.(M.-A. C.)

ÉDOUARD HENRYChâteau de Hérisson.Négatif sur verre, 13 × 18 cm. Coll. part.

Le château occupe une position stratégique, dominant la vallée de l’Œil. Il appartient au XIe siècle à Archambaud II de Bourbon. La légende veut que son chien se soit fait piquer par un hérisson en essayant de l’attraper ; Archambaud décida alors d’édifier une forteressecapable d’aussi bien se défendre que le hérisson, et l’animal donna son nom au site.Son histoire est mouvementée : en 1465 Louis XI le canonne lors de la Ligue du Bien public, en 1562 une communauté protestante s’y installe, en 1651 il est démantelé lors de la Fronde. Au XIXe siècle, le duc d’Aumale le vend à Monseigneur de Dreux-Brézé, deuxième évêque de Moulins. Il a appartenu au milieu du XXe siècle au Touring Club de France, et aujourd’hui il est propriété de la commune.En 1569, dans sa Générale description du Bourbonnais, Nicolas de Nicolay parle ainsi : « Le chastel d’Hérisson est place très forte et de fort bellemarque, situé sur un haut rocher, près le fleuve l’Œil, dans une vallée environnée de montagnes et rochers… ».(M.-A. C.)

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La forteresse a été érigée à l’époque carolingienne ; elle est protégée au nord par un escarpement naturel et au sud par un fossé qui rejoint la Burge. En 761, Pépin le Bref et son fils le futur Charlemagne prennent la place forte. Un nouveau château est reconstruit par un dénommé Guy qui prend le nom de Bourbon ; sa fille épouse Aimon ; ils donnerontnaissance à la famille de Bourbon. Bourbon, situé aux limites du Berry, joue un rôle de capitaleet permettra l’extension du Bourbonnais vers l’ouest. À nouveau reconstruit par Archambaud VIau début du XIIe siècle, Bourbon ajoute à son nom celui d’Archambaud. Au XIVe siècle, une vastebasse-cour est aménagée, avec en son extrémité une puissante tour dite « Quiquengrogne »,Louis II voulant ainsi montrer qu’elle serait construite malgré ce que l’on pourrait en dire. Un moulin fortifié est aussi construit afin de protéger l’étang en cas de siège. Deux SaintesChapelles sont édifiées, l’une en 1315 par Louis Ier pour abriter un fragment de la Vraie Croixoffert par Saint-Louis et l’autre en 1483 par Jean II. Le château incendié pendant la guerre de Cent Ans, le duc Louis II choisit alors Moulins comme capitale.La Révolution dévaste le château, puis ce sont les administrateurs du duc d’Aumale qui décident de la mise en vente

ÉDOUARD HENRYChâteau de Bourbon-l’Archambault.Négatif sur verre, deux autochromes,13 × 18 cm. Coll. part.

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des vestiges. Il faut l’acharnement d’un historien local, Achille Allier, pour faire arrêter la vente,sur des arguments aux accents romantiques : « Non, les tours de Bourbon-l’Archambault nedoivent pas être livrées aux tailleurs de pierre ! Si l’héritier royal des millions du prince de Condéa tellement besoin de deux mille francs qu’il lui faille vendre la seule propriété qui lui rappelleson nom, moi, bourgeois de Bourbon l’Archambault, j’achèterai le château de nos ducs aux enchères, puis je graverai en lettres profondes sur ses vieilles murailles : ”Château des ducsde Bourbon, vendu à Achille Allier, bourgeois et artiste, par Mgr le duc d’Aumale, légataireuniversel du duc de Bourbon” ». Le moulin a conservé une tour de fortification du XVe siècle ; il a subi les évolutions technologiques et les bâtiments ont été reconstruits en style néo-gothiqueau XIXe siècle.(M.-A. C.)

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MOULINS, UNE RUEJuillet 1911 © Musée Albert-Kahn – Département des Hauts-de-Seine, opérateur Auguste Léon, inv. A6366.

La photographie a été prise dans la rue Régemortes, en direction des halles, à l’endroit où la rue enjambe la rue du Rivage. La première maison du côté gauche a été démolie de manière à aménager un escalierpermettant de rejoindre la rue du Rivage. Dans leur ensemble, les maisons des XVIIe et XVIIIe siècles ont gardéleur physionomie. Au bout de la rue, à l’emplacement du couvent des Filles de la Charité, se dressent depuis1880 des halles de type Baltard, en briques et en fer, dont les transformations successives leur ont fait perdreleur structure d’origine.(M.-A. C.)

Dès le milieu du XIXe siècle, on assisteà une prise de conscience au sujet duprogrès qui entraîne une déshumani-sation, et pollue la nature vierge ; l’ac-célération du mode de vie engendreun sentiment d’insécurité, on parle defin du monde. C’est dans ce contexteque naissent des associations, des so-ciétés, des archives et missions photo-graphiques.

Dans les années 1880, les appareilsde plus en plus discrets réalisent desprises de vues de plus en plus rapides,permettant à la photographie de de-venir un moyen d’investigation pourdénoncer les inégalités sociales, l’ex-ploitation de l’homme et des enfants,les taudis, à la manière des écrits d’unAlbert Londres.

En 1889, le British journal of photo-graphy lance l’idée de constituer desarchives photographiques mondiales.En 1897 est créée la National photo-graphic record association chargée derecueillir des documents concernantles cérémonies et les fêtes tradition-nelles de par le monde. En 1910, AlbertKahn constitue à Paris les « Archives

de la planète », afin de fixer les élémentstraditionnels d’un monde en pleinemutation.

L’œuvre d’Albert Kahn et les « Archives de la planète »Abraham (dit Albert) Kahn naît àMarmoutier (Bas-Rhin) le 3 mars1860, d’un père marchand de bestiaux,juif alsacien. Sa mère, Babette Bloch,décède en 1870, année de l’annexionde l’Alsace et de la Moselle par l’empireallemand. La famille Kahn, souhaitantrester française, s’installe à Saint-Mihieldans la Meuse, puis à Paris dans le Ma-rais. À 19 ans, Abraham décide dechanger son prénom pour celui d’Al-bert.

Après des études de droit, il devientfondé de pouvoir à la banque Goud-chaux & Cie, avec laquelle il s’associeen 1892. Il fait fortune en spéculantsur les mines d’or et de diamantd’Afrique du sud. En 1898, il crée sapropre banque. Il oriente ses place-ments financiers vers le Japon et établitdes contacts avec l’ambassadeur

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INSTANTANÉS D’UN MONDE EN MOUVEMENT

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Le point de vue de la géographie humaine qui est celui des opérateurs des « Archives de la Planète » et de Jean Brunhes les amène à attacher une importance toute particulièreaux paysages ruraux, dont l’étude ne fait alors que commencer et culminera en France une vingtaine d’années plus tard avec les travaux de Marc Bloch (Les caractères originauxde l’histoire rurale française, Oslo-Paris, 1931) et de Roger Dion (Essai sur la formation du paysage rural français, Tours, 1934). Considéré à la fois comme une résultante de la géographie physique, et comme le produit des techniques et de l’organisation socialed’un territoire, le paysage agraire que fixent les photographes d’Albert Kahn n’a plus rien à voir avec le paysage tel que l’ont reproduit à la génération précédente, un Le Gray ou un Tillot à Barbizon. L’accent est mis sur la nature des cultures, leur répartition dans le paysage, le parcellaire, l’habitat rural, etc. Ici, les opérateurs se sont intéressés à la viticulture et au mode de conduite de la vigne sur échalas, et plus globalement au paysage ouvert de la Limagne, qui n’est pas à proprement parler un openfield en raisondes arbres fruitiers complantés dans les champs, mais appartient au type de paysages que les géographes désigneront sous le nom de « champagnes ». On est notamment frappépar un des caractères de la Limagne bourbonnaise depuis le XIXe siècle, l’extrêmemorcellement des parcelles. Les évolutions qu’ont connues ces paysages au XXe sièclejustifient pleinement l’attention que lui ont accordée les « Archives de la Planète » :régression de la viticulture et nouveaux modes de plantation de la vigne sur fil de fer,arrachage généralisé des noyers et des fruitiers de plein champ, remembrements,urbanisation incontrôlée, etc. L’autochrome, pourtant bien du XXe siècle, nous donne la première, mais aussi l’ultime vision en couleurs de la Limagne qu’ont connue l’abbéDelille ou Lamartine.(A. P.)

Ci-contre.VUE PANORAMIQUE SUR UNE PLAINE, PUY AU FONDJuillet 1911 © Musée Albert-Kahn –Département des Hauts-de-Seine,opérateur Auguste Léon, inv. A006381.

Ci-dessus.ROUTE DE GANNAT À SAULZET6 août 1911 © Musée Albert-Kahn –Département des Hauts-de-Seine,opérateur Auguste Léon, inv. A006247.

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MOULINS, ANCIEN CHÂTEAU DES DUCS DE BOURBON,TOUR MAL COIFFÉEJuillet 1911 © MuséeAlbert-Kahn – Départementdes Hauts-de-Seine,opérateur Auguste Léon,inv. A6374

En 1327, le Bourbonnais estérigé en duché dont Moulinsdevient la capitale. Le châteauest le siège d’une courbrillante, en particulier sousPierre II et Anne de France. Au rattachement du Bourbonnais à la couronneen 1527, Moulins passe dans le douaire des reines-mères, et le château accueilleles grands du royaume,jusqu’à l’incendie de 1755 qui le détruit en grande partie.L’ancienne tour du donjon, appelée la « mal-coiffée » en raison de sa toituremoderne, a été l’une des seules parties épargnées.À côté, subsiste une baiejumelée au remplage gothiquequi éclairait la chapellecastrale.Les maisons qui bordent la Descente du Château ont été construites à l’emplacement des jardinsde l’ancien château des ducs.(M.-A. C.)

du Japon à Paris et avec la famille im-périale qu’il recevra dans ses propriétés,et chez laquelle il se rendra.

Il s’établit à Boulogne-sur-Seine dansun hôtel particulier autour duquel ilfait aménager des jardins thématiques.

Le monde de la finance ne lui ap-porte pas pleinement satisfaction, aussisouhaite-t-il s’engager dans la quête dela paix universelle.

En 1885, l’université obtient le droitde recevoir des fonds privés. AlbertKahn va ainsi débuter son action demécène en 1898 avec une bourse devoyage « Autour du monde », attri-buée à de jeunes agrégés pour leur per-mettre de partir pendant plus d’un an

à la découverte du monde ; réservéeau début à des Français, cette boursedevient accessible en 1906 aux Japo-nais et aux Allemands. Albert Kahnest persuadé que les jeunes agrégés etuniversitaires peuvent être des artisansconvaincus, actifs et enthousiastesd’une société nouvelle faite de com-préhension entre les peuples et de paixinternationale.

En 1908, il part pour le Japon et laChine, en passant par les États-Uniset fait prendre de nombreux clichésstéréoscopiques et images cinémato-graphiques à son chauffeur-mécani-cien, Alfred Dutertre, formé à laphotographie.

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MOULINS, UNE RUE ET DES HABITANTS (VUE PLONGEANTE)6 août 1911 © Musée Albert-Kahn – Département desHauts-de-Seine, opérateurAuguste Léon, inv. A6370

Cette partie de la rue du Rivage a étédémolie. On voit des maisons du XVIIe siècle,avec leurs toits pentus couverts de tuilesplates, dites « bourbonnaises » et percés de lucarnes. L’enseigne de la grande maisondans le virage est celle de F. Sauvadet,marchand de chiffons. Les femmes sontassises dans la rue. Des bassines traînent sur le trottoir et du linge pend aux fenêtres.La rue pavée est jonchée de crottin de cheval.Une carriole stationne près d’une pompe à eau. Cette photographie nous plonge dans un XIXe siècle qui traduit la misèreurbaine. Il est probable qu’Auguste Léon aitréalisé cette vue plongeante depuis la rueRégemortes qu’il a photographiée à l’endroitoù elle enjambe la rue du Rivage.(M.-A. C.)

MOULINS, PLACE D’ALLIER, FONTAINE6 août 1911 © Musée Albert-Kahn – Département des Hauts-de-Seine, opérateur Auguste Léon, inv. A6368.

MOULINS, UNE RUE6 août 1911 © Musée Albert-Kahn – Département des Hauts-de-Seine, opérateur Auguste Léon, inv. A63689.

Côté est, la place et la rue d’Allier sont bien calmes, mis à part quelques hommes coiffés d’un canotier qui semblent observer la vasque de la fontaine. Fontaine qui avait été commandée en 1789 par M. de Saincy et installée sur les cours afin de permettre aux habitants de s’approvisionner en eau. Au centre se dresse une colonne baguée et cannelée en pierre de Coulandon dont les gueuloirs représentent des têtesfantastiques mi-humaines mi-animales. En 1838, jugeant qu’elle gênait la vue sur les cours, elle est démontée et transportée place d’Allier où l’architecte Durand supprime le piédestal orné de tortues et remplace le couronnement en fleur de lys par une boule en fonte.À droite, la façade de la maison de l’angle de la place est habillée d’enseignes variées. Les premières maisons de la rue d’Allier sur la gauche ont laissé place à une façade art Déco suivie de la façade art Nouveau des Nouvelles Galeries.Côté ouest la place, qui est un haut lieu du commerce depuis le XVe siècle, se resserre pour se terminer en rue, toujours bordée de boutiques.La place d’Allier, en complète restructuration devrait présenter sa nouvelle physionomie en septembre 2012.(M.-A. C.)

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Les premiers photographes sont sou-vent des peintres qui bifurquent versune nouvelle technique : c’est le cas deBaldus, Charles Nègre, Henri LeSecq…, avant que le photographe de-vienne lui-même un artiste.

La première exposition internatio-nale d’art photographique sera orga-nisée en 1891 par le Kamera Club deVienne.

En 1883, le chronophotographe misau point par Étienne Jules Marey, per-met d’enregistrer les différents stadesdu mouvement, le dynamisme de lavitesse. Une technique qui inspirerales peintres futuristes italiens commeGiacomo Balla qui réalise en 1912 Fil-lette courant sur un balcon ou encoreMarcel Duchamp la même année avecNu descendant un escalier.

Les photographies de vues plon-geantes sur des personnages évoluantau milieu de paysages sont proches dela peinture des Nabis comme Le ballonpeint en 1899 par Félix Valloton ; unarbre du premier plan se détachant surun fond flou traduit la vogue du japo-nisme ; des éclats de lumières jouantsur les vêtements évoquent Le bal

au moulin de la Galette réalisé en 1876par Renoir…

La couleur va progressivements’imposer. En 1857, Maxwell finaliseles travaux sur la synthèse additiveen superposant trois images filtréesselon les trois couleurs primaires(rouge, vert, bleu), reprenant les théo-ries du chimiste Chevreul (De la loidu contraste simultané des couleurs,1839) qui ont également un grandimpact sur les peintres post-impres-sionnistes, dits pointillistes (Seurat,Signac).

(M.-A. C.)

Un photographe« pictorialiste » : Robert Leinbacher(Barcelone 1883 - Moulins 1967)Robert Leinbacher est né le 30 avril1883 à Barcelone où son père est bras-seur. La famille est d’origine suisse.

Son père décède alors qu’il n’a que3 ans, et il revient en France, à Saint-Dié, avec sa mère et sa sœur, à l’âgede 19 ans. Il travaille comme dessi-nateur dans les tissages de Roubaix,

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LE PICTORIALISME

ÉMILE MÂLERuines gothiques.Négatif sur verre, 13 × 9 cm. Commentry, espace Émile-Mâle.

C’est un Émile Mâle plus poète romantiquequ’historien de l’art médiéval qui a pris cette photographie d’arcades brisées d’une nef ou d’une croisée de transeptenvahies par la végétation.(M.-A. C.)

LE PICTORIALISME

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FRANÇOIS LEGROS (1855-1935)Vaches s’abreuvant. Coll. part.

La peinture du milieu du XIXe siècle porte un nouveau regard sur la nature, on évoque un « retourà la terre » ; l’artiste montre les travaux des champs dans toutes leurs difficultés, les animauxfont aussi l’objet de l’attention, en particulier les bovins, comme les ont si bien représentésJacques-Raymond Brascassat (1804-1867), Constant Troyon (1810-1865), Rosa Bonheur (1822-1899), Félix-Dominique de Vuillefroy (né en 1841) et bien d’autres…Ce cadrage des vaches descendant dans la mare pour s’abreuver est dans la veine des cadragesdes peintres animaliers.(M.-A. C.)

aux papeteries des Chatelles à Raon-l’Étape, chez un publiciste à Paris.

Il épouse Jane Poirel le 22 juillet1914 ; le jeune couple part en voyagede noces en Allemagne au moment oùla guerre est déclarée et il doit y resterquelque temps.

À Neuville-les-Raon, ses beaux-pa-rents voient par deux fois leur hôtel-restaurant « Le Terminus » bombardé,et ils se réfugient à Moulins où ils ontde la famille.

La famille se retrouve à Moulins enseptembre 1915. Pour aider sa sœurqui soigne des soldats blessés, Robertaccepte de venir les photographier etde développer les clichés. C’est ainsiqu’il se fait une réputation, construitun atelier au fond du jardin de la mai-son du 7 avenue Meunier. Il se spécia-lise dans les dégradés de couleur sépia,travaillant le fond à l’aérographe etajoutant quelques hachures à la plume;

il réalise aussi de nombreux agrandis-sements et retouches, des photos deréclame (pour les voitures et camionsCrouzier de la rue de Bourgogne, pourl’usine Lefèvre de la route de Lyon quifabrique des tours à métaux).

Il décède le 30 août 1967 à Moulins.(M.-A. C.)

Un peintre photographe :Marcel Fournier(Chantelle, 1869 – Margny-lès-Compiègne, 1917)L’activité photographique de MarcelFournier se situe en plein épanouisse-ment du courant photographique du« pictorialisme », dans la dernière dé-cennie du XIXe siècle. Marin au longcours, engagé à l’âge de 18 ans commepilotin et devenu plus tard capitainede vaisseau, Marcel Fournier pratiquele dessin depuis l’enfance. Après avoirrenoncé à l’École des beaux-arts et pris

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Le capitaine, le commandant et Marcel Fournier, commandant en second de « La Seyne » en costume traditionnel de Mascate, Golfe persique, vers 1896.

LE PICTORIALISME

ROBERT LEINBACHERNature morte aux fruits et aux légumes. 9 octobre 1910, 10 × 15 cm. Coll. part.

Nature morte au bouquet de fleurs.18 × 13 cm. Coll. part.

Ces deux natures mortes de Robert Leinbacher sont conçues comme des natures mortes picturales. Bouquet de fleurs au centre de la composition, se détachant sur un fond neutre,répartition harmonieuse des couleurs : les œillets blancs sont placés sous les pivoinesrouges, avec un rappel en partie supérieure ; au centre, deux tulipes ; une tulipe fanéeet quelques feuilles sont négligemment disposées sur le guéridon au pied du vase. Toujours un fond neutre, mais dans une atmosphère de jardin faussement négligée,avec une table en métal et une chaise à lattes de bois, pour la nature morte aux fruits et légumes. La composition pyramidale est savamment organisée sur une ligne oblique : les plantes aromatiques nous conduisent aux tomates dont le rouge est mis en valeur par le plat blanc ; le regard « monte » vers la coupegarnie de raisins blancs et noirs, puis « redescend » vers le chou-fleur, les poireaux,les aulx et les oignons.De longues et souples branches sont disposées sur la chaise à droite, évitant une coupure trop brusque de la composition.Deux compositions dans l’esprit des natures mortes flamandes du XVIIe siècle.(M.-A. C.)

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MARCEL FOURNIERPique-nique, 9 × 13 cm. Moulins, FDPB.

Si le thème peut faire penser au Déjeuner sur l’herbe d’Édouard Manet, le jeu du soleil qui en passant à travers les feuilles des arbres forme des pastilles sur les personnages n’est pas sans rappeler Le bal au moulin de la Galette d’Auguste Renoir.(M.-A. C.)

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LE PICTORIALISME

MARCEL FOURNIERLa Creuse à Crozant.Huile sur toile, 54 × 45 cm. Moulins, FDPB.

MARCEL FOURNIERRivière.9 × 13 cm. Moulins, FDPB.

Avec Camille Corot, apparaît un genre nouveau : le paysage réel peint d’après nature et non plus une fantaisie d’atelier. Dans toutes les provinces se constituent des groupes de peintres qui croquent les plus beaux paysages, donnant ainsi naissance à des écoles comme celles de Barbizon, Pont-Aven, Murols et Crozant où Marcel Fournier aima peindre et photographier les rochers plongeant dans la Creuse.(M.-A. C.)

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frISBN 978-2-86266-670-9

25 € 9 782862 666709EN COUVERTURE :Édouard Henry, CHÂTEAU DE BOURBON L’ARCHAMBAULT, autochrome, 13 x 18 cm, © collection particuière.

Textes écrits par :Marie-Anne Caradec, musée de Cusset (M.-A. C.)

Jean-François Chassaing, Maison du Luthier/musée de Jenzat (J.-F. C.)Antoine Paillet, Conseil général de l’Allier (A. P.)

avec les contributions de : Maud Leyoudec, attachée de conservation du patrimoine, musée Anne-de-Beaujeu de Moulins (M. L.) ;

Marie-Line Therre : musée des arts d’Afrique et d’Asie de Vichy (M.-L. T.)et la participation de : Sandra Chabert, archéologue ; Giovanni Chinaletto, musée de Souvigny ; et Jean-Claude de Durat

Dans le cadre de ses expositions fédératrices, l’association des Musées Bourbonnais, a choisi de traiter du thèmedes premières photographies dans le département de l’Allier.

Plusieurs musées du département possèdent des photographies datant de la seconde moitié du XIXe-débutXXe siècle, auxquelles viennent s’ajouter des appareils de professionnels. Leur étude a été complétée par les col-lections de quelques particuliers et du Fonds de dotation Pierre-Bassot à Moulins.

À ces collections locales, il est important d’ajouter celle d’Albert Kahn concernant le Bourbonnais. AlbertKahn (1860-1940), banquier et mécène, a constitué l’un des plus importants fonds de photographies couleurdu début du XXe siècle, « Les Archives de la Planète », actuellement conservé au musée départemental Albert-Kahn de Boulogne-Billancourt. Une trentaine de photographies inédites concernent le Bourbonnais, en par-ticulier Saint-Pourçain-sur-Sioule, Moulins et Vichy.

Exemplaires uniques, ces premières photographies se veulent des témoins ethnologiques pour les générationsfutures en illustrant les premiers principes de la géographie humaine, mais également en se mettant au servicede la science, de l’archéologie, des évènements d’actualité. Sans oublier l’intérêt des premiers touristes pourcette nouvelle technique leur permettant de rapporter des souvenirs de leurs voyages, ni celui des artistes-pho-tographes qui vont lancer le mouvement pictorialiste.