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Jeudi 10 avril 2014 - N° 2041 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Prix : 0,80 euro

Nouvelles N° 2041

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Nouvelles N° 2041 du 10 avril

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Page 1: Nouvelles N° 2041

Jeudi 10 avril 2014 - N° 2041 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Prix : 0,80 euro

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2 • Les Nouvelles 10 avril 2014

EN LUTTE ACTUALITÉ

GouvernementValls ignore sa gauche et satisfaitle patronat

De l'Europe à BordeauxPour l'investissement durable dans les salaires et l'emploiDans le cadre de la mobilisation européenne des syndicats, plus de 80 organisations syndicales des pays européens ont revendiqué la 4 avril à Bruxelles un grand plan d’investissement dans tous les pays de l’UE, égal à 40 milliards annuels (2% du PIB) pour la France.Pour la réussite de ce plan, elles appelaient à des progrès dans l’har-monisation des fiscalités nationales comme l’impôt sur les sociétés, afin de limiter les pratiques de mise en concurrence entre les pays auxquelles se livrent de nombreuses entreprises.Avec ce grand plan d’investissement, 11 millions d’emplois pour-raient être créés par une relance de l’économie dans l’UE afin de générer un "cercle vertueux de croissance", avec l'augmentation des salaires et pensions ; l’accès des chômeurs à un travail de qualité, et à un revenu minimum pour tous ; des produits et des services innovants permettant de faire face aux défis environnementaux, démographiques, sociaux et sociétaux.Partout en France, et dans la région Aquitaine, comme à Toulouse et Hendaye, des rassemblements et interventions auprès des parle-mentaires européens, actuel-le-s ou candidat-e-s et des président-e-s de régions portaient ce plan d’investissement. A Bordeaux, l’UD-CGT 33, avec la CFDT, la FSU et l’UNSA, appelait les salarié(e)s à la mobilisation avec un temps fort devant le siège social de l’ADGESSA, afin d’exiger que cessent les pressions exercées par la direction de ces établissements, notam-ment l’arrêt immédiat des procédures en cours contre les élus et le personnel qui aggravent des conditions de travail déjà de plus en plus difficiles, par pénurie de personnel. Ils ont mis en cause une gestion soumise à un plan de financement de la Sécurité Sociale qui prévoit 440 millions d'économies, y compris dans les EHPAD.

La PosteLe mouvement s'élargitLes facteurs du département partent tour à tour en grève pour défendre cette mission qui leur est chère. Depuis octobre 2013, pas un mois dans un mouvement social dans les bureaux de postes en Gironde. Après Arcachon, Mérignac, Carbon-Blanc, St-Médard, Caudéran, Bordeaux Docks, avec la CGT, les facteurs de Lormont ont voté la grève illimitée à compter du 7 avril et se sont rassemblés devant le bureau de poste.Ils revendiquent deux emplois supplémentaires par le passage de 2 CDD en CDI, et l’arrêt de l’auto-remplacement dû au manque d’effectif. La direction territoriale de La Poste refuse "de revoir sa politique de casse du service public" souligne la CGT FAPT.

Libertés syndicalesAnnuler la sanction !Sylvie Delmas, secrétaire générale du syndicat de l’hôpital d’Arca-chon, mise à pied 5 jours pour avoir dénoncé la dégradation des conditions de travail dans son établissement, avait fait appel avec la CGT devant le Conseil Supérieur de la Fonction Pu-blique.Décision du 2 avril: il n’y a pas eu de faute ! La Direction du Centre Hospita-lier d’Arcachon doit annuler la sanction.

CER SNCFHausses de salairesLe personnel du CER/SNCF était en grève le 31 mars pour la 3ème fois depuis le début de l'année 2014, entrainant la fermeture des sites de Saintes, Agen, Périgueux, Bordeaux, Bayonne, Dax, Poitiers, Angoulême... Le personnel est allé à la rencontre des cheminots auxquels il a exposé ses revendications sur les hausses de salaires, conditions de travail et déroulements de carrière. Il reste mobilisé pour d'autres actions et a fait signer 500 pétitions.

ERDF-GRDFLibertés syndicaleset cahiers revendicatifsMotion adoptée le 8 avril par les agents ERDF-GRDF et EDF en grève, avec blocage du site de Cenon, après ceux de Gradignan et d’Eysines les 2 et 3 avril.« Réunis en assemblée générale de grève à Cenon, nous tenons à saluer fraternellement nos collègues et camarades victimes ou menacés de sanctions : nos 5 collègues de la DR Auvergne, déjà fortement affectés par le décès d’un des leurs dans un accident dramatique, et qui se sont vus infliger des sanctions pour 4 d’entre eux, le 5e étant convoqué en conseil de discipline le 11 avril, avant même que les résultats de l’enquête de gendarmerie ne soient connus, ni même avant qu’une enquête de CHCST ne soit réalisée ; ainsi que nos camarades secrétaire et secrétaire adjoint du syndicat de Gardanne, licenciés pour avoir

résisté à la fermeture de leur entre-prise en 2013, avec la menace de 500 licenciements commandités par le géant Eon sur toutes les cen-trales de la SNET.Nous sommes solidaires des mani-festants de Clermont Ferrand qui dénoncent les sanctions et menaces de sanctions sur la DR Auvergne, et de ceux qui se rassembleront le 9 avril à Aix les Milles en soutien aux camarades de Gardanne.La répression menée par les direc-tions vise toujours, par l’intimi-dation, à empêcher toutes contes-tations mais aussi l’élargissement nécessaire de la mobilisation. Cette stratégie se heurte aujourd’hui à la résistance des agents et nous ne tomberons pas dans le piège qui nous est tendu, à savoir nous obliger à nous concentrer seulement sur les libertés syndicales : nous sommes

mobilisés sur les libertés syndicales mais nous restons aussi mobilisés sur nos cahiers revendicatifs.En grève les 2 et 3 avril, avec une reprise en main de l’outil de travail, en grève aujourd’hui et dans les jours qui viennent s’il le faut, nous exigeons les reclassements et les reconnaissances qui nous sont dus, le respect des embauches liés aux accords « astreinte », des emplois supplémentaires pour compenser les départs en retraite et les postes non publiés depuis des mois, voire des années et surtout, l’embauche du personnel manquant, pour que chacune et chacun travaillent sereinement dans son service.Nous resterons très attentifs à l’évo-lution de l’attitude des directions en Auvergne comme à Gardanne ! Non aux sanctions ! Oui à la réponse à nos revendications ! »

Que peut-on bien attendre d’un Premier ministre qui, à l’Assem-blée nationale, récolte ses premiers applaudissements grâce aux bancs de la droite, parce qu’il fustige la « feuille d’impôts trop lourde » des Français ? Sur les rangs de gauche, si certains attendaient beaucoup du discours de politique générale de Manuel Valls, ils n’en ont pas seulement été pour leurs frais. Car le nouveau Premier ministre, qui doit sa nomination à une des plus grandes claques électorales enregistrées par la gauche, a en un seul discours donné une terrible feuille de route de poursuite de la mise au pas de tout un pays face au pouvoir de l’argent. Mise au pas des collectivités locales, financièrement par la baisse de leurs dotations ; 10 milliards d’euros supplémentaires leur seront retirés. Mise au banc de celles de ces collectivités que Bruxelles a décrétées obsolètes et trop coûteuses ; les départements seront supprimés. Mise au pas du système de sécurité sociale qui devra payer les cadeaux au patronat et la pseudo augmentation du pouvoir d’achat ; 30 milliards d’euros de mesures de baisse du « coût du travail » dont le « zéro charge » pour les salaires équivalents aux SMIC. Tentative de mise au pas

des syndicats de salariés dont les revendications n’ont pas eu droit à une seule seconde d’attention mais à qui Manuel Valls demande de s’ava-ler le « pacte de responsabilité » sans broncher et surtout, sans aucune contrepartie sérieuse.Dès l’annonce de la nomination de Manuel Valls, le PCF avait regretté ce qu’il assimilait comme « un camouflet de plus infligé aux attentes populaires à gauche ». « François Hollande a nommé, autour de Manuel Valls, un gouvernement qu’ il appelle «de combat» pour mettre en œuvre à marche forcée un pacte de responsabilité, négocié avec le Medef et un programme de 50 milliards de réduction de dépenses utiles qu’aucune majorité populaire, qu’aucune majorité de gauche n’est, en réalité, prête à soutenir dans le pays. La France, la gauche sont mises en danger par cette fuite en avant. »Mais l’essentiel ne semblait pas être là pour Manuel Valls, ce mardi 8 avril. Dès que son regard s’est tourné vers la gauche de l’hémi-cycle, ce n’était que pour donner quelques gages à ceux des socia-listes et des écologistes qui s’étaient montrés inquiets des conséquences de la séquence électorale. Le groupe Europe-Ecologie-Les Verts a ainsi beaucoup applaudi le couplet sur

la transition écologique, acceptant sans sourciller, ou si peu, que les objectifs du nouveau gouvernement en matière de production de loge-ments soient tout entiers tournés vers la « simplification » des règles, tournant ainsi le dos au travail exigeant amorcé par Cécile Duflot en matière de logement social. Et dans les rangs des socialistes qui avaient signé un appel pour un « pacte majoritaire » entre gouverne-ment et parlement, il semble que le simple gage d’un vote de ce dernier sur le « pacte de responsabilité » ait suffi à ce qu’ils accordent leur confiance. Figure de « l’aile gauche » du PS, le ministre de l’Education, Benoît Hamon, écoutait lui aussi attentivement devinant que les 50 milliards d’euros d’économies budgétaires toucheraient bien son ministère. De même que le chantre de la réorientation de l’Europe, Arnaud Montebourg, entendait dire que la réorientation, c’était pas pour maintenant.À les voir déjà fatigués sur leurs bancs ministériels, on avait juste envie de leur dire que rien n’est perdu, il reste des places dans les bus girondins pour participer à la manif du 12 avril !

VB.

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Les Nouvelles 10 avril 2014 • 3

EditorialACTUALITÉ

Sortir de l’austérité pour sortir de la crise !

10 jours après la seconde « claque » de l’électorat de gauche au président de la République et à son gouvernement, suivi d’un changement de 1er ministre sans intention de changer de cap, où puiser des éléments de confiance ?

La réussite de la mobilisation des syn-dicalistes à Bruxelles le 4 avril, à l’appel de la CES, avec plus de 50 000 mani-festants, fait partie de ces éléments d’espoir. Bernadette Segol, secrétaire générale de la CES, déclarait le 2 avril « Notre message est simple mais c’est un message que les responsables euro-péens ne veulent pas entendre. Notre message est que leurs politiques en ré-ponse à la crise financière ne suffisent pas et ont, en réalité, aggravé la crise sociale et économique. Notre message est que l’austérité ne fonctionne pas ».

Avec la présence de plus de 80 orga-nisations issues de 21 pays d’Europe, les mots d’ordre n’étaient donc pas seulement sur du « contre » mais portaient également sur des proposi-tions « pour  ». Contre l’austérité et le chômage bien sûr, mais pour un plan d’investissement pour l’emploi (de 2 % du PIB européen, environ 260 Milliards d’euros par an), en clair pour sortir de la crise en sortant de l’austérité ! Et pas sans contrôle  ! Mesurons que l’idée avance sur la conditionnalité des aides publiques aux entreprises, c’est-à-dire des contreparties en termes de créa-tions d’emplois, de qualifications, de politiques salariales dynamiques.

À la question, pouvons-nous changer les choses, seuls en France, la réponse collective des organisations syndicales européennes montre qu’il y a un che-min, malgré des appréciations et des cultures de lutte différentes. Les luttes locales, contre la casse des emplois, pour les salaires, la défense des liber-tés syndicales, complètent ce tableau, même si la majorité des médias passe sous silence ces actions. Et même si le rapport de force doit être d’un autre niveau.

La marche du 12 avril, à Paris, sera, sur le terrain politique, en France, un prolongement à ces luttes.

Et la campagne du Front de Gauche, avec les partis composant le PGE, pour les élections européennes du 25 mai, posera fortement la question de refon-der l’Europe !

Une semaine avant ces élections, la fête de l’Humanité, en Gironde, au-delà d’être, de rester, un grand moment de débats et de convivialité, sera un moment fort de cette campagne.

Michel Dubertrand,membre du comité exécutif du

PCF 33

Europe Pour sortir de la crise,il existe une voie de progrèsRéuni la semaine dernière, le Conseil national du PCF a trans-mis à ses partenaires une offre pour la constitution des listes respectueuses de toutes les forces du Front de gauche. Mardi, les discussions étaient toujours en cours. Jeudi, le Parti de la gauche européenne organisait une première conférence pour démontrer qu’une voie de progrès est possible pour sortir de la crise et rassembler autour de cette idée.Après les résultats des élections municipales, le PCF reste, avec le Front de gauche, la troisième force politique en termes de municipali-tés et d’élus locaux. Le PCF entend porter cette dynamique dans les urnes, le 25 mai prochain, lors des élections européennes.« Ce jour-là, contre l’Europe de l’austérité et des marchés financiers, nous voulons, avec notre candidat commun en Europe : Alexis Tsipras, une victoire de la gauche qui refuse de se plier aux injonctions d’austérité, de déréglementation, de recul des droits sociaux, une victoire pour la refon-dation sociale et démocratique de l’Europe », déclarait Pierre Laurent

lors du point presse du 3 avril. Le « bulletin de vote Front de gauche, le 25 mai prochain, sera le seul bulletin qui dit clairement non à l’Europe de la finance, non au dumping social, à la mise en concurrence, aux salaires au rabais, oui à la protection et au développement des droits sociaux, de notre industrie, de nos coopérations ».Le groupe de la GUE-NGL auquel le PCF est rattaché, pourrait deve-nir le troisième ou le quatrième groupe du Parlement européen. Le PGE et Transform! Europe, sa fondation politique, organisaient, le 10 avril à Bruxelles, une conférence intitulée « Ensemble nous pouvons mettre fin aux problèmes de la dette et de l’austérité en Europe ». Cette ini-tiative a deux objectifs principaux : prouver qu’il existe une voie de progrès pour sortir de la crise et dis-cuter, avec des personnes du monde syndical, social, politique, avec des intellectuels, des économistes, des alternatives économiques et sociales. À quelques semaines des élections européennes (22-25 mai 2014), ce sera pour le PGE et pour son candidat à la Présidence de la Commission européenne, Alexis

Tsipras, un temps fort de la cam-pagne.« La crise financière, les « sauvetages » des banques et les conséquences des politiques d’austérité questionnent profondément les choix économiques et monétaires de l’Union européenne, indiquaient Pierre Laurent, pré-sident du PGE et Haris Golemis, Membre de la direction de Trans-form ! Europe, dans un courrier d’invitation. Chômage de masse et crise économique : nous sommes face à l’échec du modèle néolibéral. Les programmes d’austérité imposés sous l’ égide de la Troïka ont aug-menté les dettes publiques et mènent à l’impasse.L’heure est venue à la fois de dire « stop » à l’austérité, mais surtout de formuler des solutions pour sortir de la crise, desserrer l’étau de la dette, définir ensemble les fondements d’une politique économique et sociale nouvelle pour l’Europe de demain et les investissements nécessaires pour y parvenir. »

Marche du 12 avril Appel a un sursaut populaire et citoyenÀ l’occasion d’un point presse le 3 avril, Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, a appelé à un « sursaut citoyen et populaire de toutes les forces vives de la gauche », sans attendre, et qui s’inscrive dans la durée.Le ton est donné pour la grande marche du 12 avril, à Paris, contre l'austérité, pour l'égalité et le par-tage des richesses, initiée par le PCF, avec les forces du Front de gauche et de nombreuses personnalités et responsables syndicaux, associatifs, politiques, culturels. Mais plus lar-gement, Pierre Laurent appelle « les forces vives de notre peuple, les forces vives de la gauche sociale, politique, syndicale, culturelle, intellectuelle » à « redéfinir les objectifs d'un nouveau cap politique à gauche », et lance « un appel solennel au rassemblement et à la construction commune ».Car le secrétaire national du PCF considère la situation de notre pays est « d'une profonde gravité ». En plus des inégalités, d'une hémor-ragie industrielle continue, d'une crise historique du logement, le « monopoly financier des grands groupes se poursuit sur le dos du monde du travail, des salariés de toutes conditions, comme sur celui de beaucoup de PME ». Si la situation est grave, c’est aussi parce que François Hollande a tourné « le dos à ses électeurs ». En

nommant Manuel Valls à la tête du gouvernement, après le désaveu massif aux élections municipales, il inflige « aux attentes populaires à gauche », « un camouflet de plus ». Le pays s'enfonce ainsi dans une crise politique, démocratique et institutionnelle. « La France, la gauche sont mises en danger par cette fuite en avant. La droite et l'extrême droite rivalisent de démagogie pour profiter de cette crise en espérant reconquérir tous les pouvoirs », ajoute le secrétaire national. Si le Président de la République peut mettre en œuvre, à marche forcée, un pacte de responsabilité « qu'aucune majo-rité populaire, qu'aucune majorité de gauche n'est, en réalité, prête à soutenir dans le pays », c’est que les institutions « anachroniques » de la Ve République le lui permettent.Pour Pierre Laurent, il est temps de reconstruire une nouvelle Répu-blique avec un Parlement démo-cratisé, élu à la proportionnelle et rénové, avec la modification des modes de scrutins, avec des droits des citoyens renforcés, avec un gou-vernement placé sous le contrôle du Parlement et non l'inverse.Face à cette situation, il y a une urgence. Le PCF s’adresse donc « aux travailleurs de toutes conditions, aux jeunes, aux abstentionnistes qui ne se reconnaissent plus dans le pouvoir actuel mais se reconnaissent

dans les valeurs d'égalité, de justice, de fraternité de la gauche, aux socia-listes qui ressentent douloureusement le désastre en cours, aux écologistes » pour reconstruire « l'espoir d'une alternative politique à gauche ».Il propose de refuser le pacte de responsabilité, d’engager la remise à plat des politiques d'exonération de cotisations sociales coûteuses et inefficaces ; de reconstruire de nouvelles politiques d'emplois, de formations, de services publics ; de mettre en oeuvre de grands programmes de relance de l'inves-tissement public, industriel et de services, adossé à la mobilisation du crédit bancaire, de l'épargne et à un changement de la politique moné-taire pour, d'un même mouvement, répondre aux immenses besoins de développement du pays et engager l'indispensable mutation sociale et écologique de tout notre système productif.Il propose aussi l'ouverture de grandes conférences sociales, pour des Etats Généraux de la justice fis-cale, la relance des services publics, la réouverture de toutes les négocia-tions salariales, la revalorisation des minima sociaux.

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APRÈS LA SÉQUENCE MUNICIPALE

Elle le fait à un moment où les coups de boutoir conjugués des ra-paces de la finance, d’une Europe ultralibérale, d’une mondialisation capitaliste et de gouvernements qui s’y soumettent, augmentent chaque jour les souffrances so-ciales, le chômage, la précarité du travail et l’insécurité de vie. Elle le fait à un moment où les idées de droite, de plus en plus mêlées à celles de l’extrême-droite sont sans cesse banalisées et pro-mues par le grand bazar du média-business. L’Humanité, fondée par l’ardent défenseur du socialisme, change à ce moment où ce que l’on appelait jadis « la social-démocratie euro-péenne » est entrée dans une crise très profonde, révélée, élections après élections partout en Europe. Mais l’époque est aussi celle de la panne d’alternative après les échecs des expériences de transformation sociale du XXème siècle. C’est pour aider à affronter ces défis nouveaux, ceux de l’indis-pensable révolution sociale, démocratique, anthropologique et écologique que l’Humanité se renouvelle et se transforme. Et nous créons « le fonds soli-daire pour le développement de la lecture de l’Humanité », pour abonner une personne ou une famille de votre choix en versant un don équivalent au prix d’un abonnement.

www.humanite.fr/nouvelle

110 ans après sa fondation, le 18 avril 1904, l’Humanité se renouvelle, se transforme, se réinvente.Par Patrick Le Hyaric

Quatre questions à Sébastien Laborde, secrétaire départemental du PCF 33

Quel bilan dans le départe-ment à l’issue de cette élection ? Le vote du 2e tour a confirmé la poussée de la droite et de l’extrême droite enregistrée au premier. L’abstention impor-tante traduit la colère et le désarroi des électrices-teurs face à la politique du gouvernement, mais aussi le doute que les muni-cipalités puissent jouer un rôle positif dans leur quotidien.Sur la CUB, la gauche perd en-viron 25 élus communautaires au profit de la droite et du Front National, la droite est largement majoritaire.Des villes importantes comme Coutras et Pauillac passent à droite, ce qui modifie aussi les rapports de force dans les can-tons ruraux. Pour ce qui concerne le PCF, le nombre d’élus communistes et apparentés se porte à 120 contre 140 en 2008. C’est donc une perte relative, qu’il nous faut analyser. Les choix des communistes au premier tour ont permis d’at-teindre l’objectif de conserver ou de gagner des élus-es utiles à la population pour faire avan-cer des choix politiques contre l’austérité.La bonne tenue des listes Front de Gauche que nous avons ini-tiées ont permis de dépasser les 5% au 1er tour à St Médard, au Bouscat, à Gradignan, Cadau-jac ; les 10% à Carbon Blanc, Ambès, St Louis de Mont-ferrand, Langoiran, au Barp, et bien sûr à Bègles, où nous frôlons les 20%.A La Teste, avec un départ en campagne tardif, nous ne dépassons pas les 5%, ainsi qu’à Bordeaux pour des raisons que les communistes bordelais et la direction départementale sont en train d’analyser afin de déboucher sur des pistes de travail pour l’activité politique du PCF dans la plus grande ville d’Aquitaine. Là où le PCF était en liste d’union, les listes de gauche conduites par le PS ont plutôt

mieux résisté, comme à St-An-dré de Cubzac, Eysines, Bruges, Blanquefort, avec notamment dans ces endroits des listes conduites par des femmes.A la CUB, nous conservons 6 élus sur 8. Les verts en perdent 3 et le PS une quinzaine.Nous conservons 7 maires communistes ou apparentés à St Pierre d’Aurillac, Fargues de Langon, St-Yzans de Soudiac, Loupiac, St Genès de Fronsac, Gauriac et Laruscade. Notre camarade Bruno Fontan échoue de très peu à St Germain du Puch.

Et au plan national ?Avec le Front de gauche, nous avons rassemblé des forces lors des élections municipales et le PCF reste, avec le Front de gauche, la troisième force poli-tique en terme de municipalités et d’élus locaux, très loin devant le FN, présenté abusivement par les médias, comme le grand vainqueur du scrutin municipal. Nous dirigeons, malgré nos pertes et avec des gains signi-ficatifs, comme Aubervillers et Montreuil, 149 villes de plus de 3 500 habitants. Ces forces et ces élus, dans tout le pays, sont et seront des points d’ap-pui solides et indispensables pour toutes nos batailles. Il y a bien un mouvement d’am-pleur de l’abstention en général, en particulier de l’électorat de gauche, et de mobilisation rela-tive de la droite. Mais les situa-tions locales ont fait la décision.Il faut maintenant prendre le temps de l’analyse plus en profondeur de ce qui empêche l’émergence d’une alternative crédible, tout comme des poten-tialités qui se sont révélées du-rant la campagne, notamment en renouant dans beaucoup d’endroits avec le porte à porte dans les villes et les quartiers populaires. Ces nouveaux liens des commu-nistes et des élus avec la popula-tion impliquent d’échanger sur le travail de terrain accompli, des problématiques rencontrées

et de la structuration de l’activité commu-niste. Il nous faudra engager un travail d’animation poli-tique pour renforcer notre parti dans le département et notamment dans des villes où l’activité communiste est aujourd’hui menacée.Cette mise en mouvement est d’autant plus nécessaire au regard de ce qui se prépare avec la désignation de Manuel Valls premier ministre et dont les premières déclarations sont loin de traduire un changement de cap mais bien une accélération de la politique d’austérité menée durant 2 ans par le gouverne-ment Ayrault.

Comment se profilent les échéances électorales à venir ?Elles vont se dérouler dans un contexte de recomposition du paysage politique, avec deux grands partis « interchangeables » sur le plan économique et social, la transformation de la société dans l’intérêt du capital et de la finance, et pour cela un président qui ne vise que sa réélection en 2017. Le FN, surmédiatisé, vient jouer le rôle d’étouffement et de détournement des aspira-tions populaires, de division du monde du travail, d’instrumen-talisation de la colère populaire. EELV a décidé de quitter le gou-

vernement, mais pas la majorité présidentielle.La situation est grave pour notre pays. C’est dans un contexte politique bouleversé que nous abordons les élec-tions européennes. La marche du 12 avril prend donc une dimension nouvelle. Deux bus sont en préparation et un tract appelle à manifester pour un espoir à gauche, contre l’aus-térité en France et en Europe. Cette marche peut bouleverser le paysage politique avec l’appui d’un appel de 200 personnalités dont beaucoup de militants socialistes, écologistes et sym-pathisants, de syndicalistes, qui s’interrogent aujourd’hui. En Gironde, le bon de soutien de la fête de l’Huma 33 des 17 et 18 mai, les initiatives de cellules et de sections doivent permettre d’œuvrer à ces mou-vements et redonner espoir, dans la proximité, notamment dans les quartiers populaires.

Quels autres objectifs pour le PCF ?Nous travaillons à une restruc-turation de l’activité de la fédé-ration. La situation politique appelle une activité politique encore plus importante de notre parti.

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APRÈS LA SÉQUENCE MUNICIPALE

Communes ruralesFléchage "autoritaire" des listesPour ces élections municipales, le « fléchage » politique des listes dans la ruralité a fait l’objet de nombreuses contestations. Cela été le cas a Hostens, où le classement de notre liste citoyenne a été fait arbitrairement par le préfet. Tout ceci est la conséquence de la nouvelle loi électorale s’appliquant aux communes de 1000 à 3500 habitants, qui s’est traduite dans une multitude de communes rurales, aux quatre coins du pays, par des fléchages autoritaires pour des listes déclarées « citoyennes », comme la nôtre. L’association de maires de France a aussi contesté ce système inadapté en ruralité. De très nombreux articles dans la presse régionale et nationale ont fait état de cette conséquence des directives du ministère de l’Intérieur pour les communes rurales, certains articles évoquant même un « vent de fronde » des candidats. Le journal "Libération" par exemple citait l’exemple de préfets qui avaient attribué une étiquette d’autorité à tous ceux qui refusaient le nuancier proposé. Notre liste à Hostens a contesté formellement auprès du préfet le fléchage imposé à notre liste. Il a répondu négativement, suscitant notre réproba-tion et incompréhension. Nous en avons informé les Hostensois en toute transparence. Lors de la 2eme réunion publique a laquelle participaient plus de 150 personnes, (y compris la correspondante de "Sud-ouest"), les courriers ont été lus. Et nous avons réaffirmé notre désaccord sur le fond et sur la méthode. Ironie de la situation, la liste opposée a la nôtre a elle aussi contesté, sans succès, son classement… divers gauche !Quant à notre liste, elle a réussi à créer une dynamique victorieuse en rassemblant en particulier les agents des services publics, les jeunes, les jeunes couples salariés, l’ensemble de la communauté éducative, des acteurs du monde associatif, dans une démarche citoyenne et de progrès. Car nos communes rurales, bien qu’en pleine mutation (une population qui a doublé en 12 ans à Hostens), sont face a de nouveaux enjeux de réponses aux besoins mais confrontées aussi à des freins, des forces réactionnaires -les survivances des rapports entre métayers et grands propriétaires- qui veulent maintenir leur influence, leurs intérêts. La lutte pour l’émancipation, la démocratie prend ici des contours particuliers, différents, mais elle est bien là, féroce même.

Julien Ruiz

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Retourner à :Vincent Maurin - 10 rue Champlain - 33300 Bordeaux

ou PCF - 15 rue Furtado - 33800 Bx

Afin de remercier les 439 vo-tants pour la liste "Bordeaux pour tous" le 23 mars, Vincent Maurin et les communistes du quartier invitent les électrices-teurs

Vendredi 11 avril, 18h devant la Poste rue AchardComme vous le savez, la confiance que Bacalan a large-ment accordé à la candidature de Vincent Maurin, n'a pas suffi à sa liste pour franchir la barre élimi-natoire des 5% sur l'ensemble de la ville de Bordeaux. Il n'y a donc pas d'élu du Front de gauche au Conseil municipal... et aucun élu bacalanais !

Mais nous ne baisserons pas les bras et saurons nous mobiliser

autour des questions locales portées en débat par Vincent Maurin dans cette campagne : l'avenir de l'activité portuaire, le logement pour tous, le plan de circulation, le stationnement rues Achard/Brunet, les fré-quences du tram et sa jonction B/C, le ponton Batcub, la voie cyclable sur berges, l'ouverture de la piscine Tissot et de la salle Tachou 7 /7 jours, le gymnase Charles Martin, la ludothèque, un centre de santé municipal, le maintien de l'EPAHD, l'îlotage policier, les rythmes scolaires, l'aide aux associations sportives et culturelles, un vrai Conseil de quartier bacalanais...

Autant d'axes de luttes pour l'avenir de notre quartier et de ses enfants !

Pour cela, nous vous invitons à rester en contact, voire à nous rejoindre au PCF.

Vous pouvez aussi participer à la souscription permettant de financer la campagne électorale, hélas non remboursée, de la liste conduite par Vincent Maurin.

Ce sont donc 25 000 euros (bul-letin de vote, affiches, profession de foi, tracts, site internet…) qui restent à la charge de la liste « Bordeaux pour tous » qui compte sur ses partenaires, ses nombreux soutiens et les citoyens attachés à la pluralité démocratique pour rassembler rapidement cette somme qui nous permettra de relancer une belle dynamique sur Bordeaux.

Bordeaux BacalanPot de remerciement et de poursuite de la mobilisation

BACALAN :

439 votants pour la liste Vincent MAURIN le 23 mars...

MERCI !

bureau inscrits exprimés JuppéUMP/Mod

em/UDI

FeltessePS/EELV

Simone Maurin

FdGauche

Colombier

FNQuandalle

LO

PoutouNPA

Achard

A

687 403 192 85 12 8320,60%

21 0 10

Achard

B

1126 637 315 119 9 12820,09%

50 3 13

Point du

Jour A

955 469 199 103 8 11023,45%

40 6 3

Pont du

jour B

931 414 216 83 1 5914,25%

44 5 6

Point du

jour C

873 440 217 67 5 5913,41%

62 9 21

Afin de vous remercier pour votre soutien,

les communistes du quartier ont le plaisir de vous inviter à un pot amical :

VENDREDI 11 AVRIL à 18 h

devant la Poste rue Achard.

Comme vous le savez, la confiance que Bacalan a largement accordé à la candidature de Vincent Maurin, n'a

pas suffi à sa liste pour franchir la barre éliminatoire des 5% sur l'ensemble de la ville de Bordeaux. Il n'y a

donc pas d'élu du Front de gauche au Conseil municipal... et aucun élu bacalanais !

Mais nous ne baisserons pas les bras et saurons nous mobiliser autour des questions locales portées en débat

par Vincent Maurin dans cette campagne : l'avenir de l'activité portuaire, le logement pour tous, le plan de

circulation, le stationnement rues Achard/Brunet, les fréquences du tram et sa jonction B/C, le ponton

Batcub, la voie cyclable sur berges, l'ouverture de la piscine Tissot et de la salle Tachou 7 /7 jours, le

gymnase Charles Martin, la ludothèque, un centre de santé municipal, le maintien de l'EPAHD, l'îlotage

policier, les rythmes scolaires, l'aide aux associations sportives et culturelles, un vrai Conseil de quartier

bacalanais... Autant d'axes de luttes pour l'avenir de notre quartier et de ses enfants !

Pour cela, nous vous invitons à rester en contact, voire à nous rejoindre au PCF.

Vous pouvez aussi participer à la souscription permettant de financer la campagne électorale, hélas non

remboursée, de la liste conduite par Vincent Maurin.

D'avance, merci pour votre soutien !

Cochez svp....

O Je participe à la souscription et je verse : …............... euros, à l'ordre de « Association de

Financement du PCF 33 » (vous recevrez un reçu ouvrant droit à déduction fiscale de 66% du don)

O Je souhaite rester en contact

O J'adhère au PCF

nom …..................................................... prénom …............................ tél ….....................âge............

adresse : ….............................................................................................................................................

mail …....................................................................................................................................................

à retourner à Vincent Maurin 10 rue Champlain 33300 Bx ou PCF 15 rue Furtado 33800 Bx

Un premier aspect est les possi-bilités d’adhésions importantes qui existent, avec la carte pétition comme tout autre moyen, ainsi que l’ont décidé les camarades de Bègles, de retourner voir les électeurs. Un second est la néces-sité de la proximité de nos élus

et militants communistes dans leurs quartiers, points d’appui pour les aspirations et mobili-sations populaires. Le troisième est le besoin d’aide politique de certaines sections pour dépoyer l’activité communiste sur tout le territoire.

Au plan financier, outre le re-versement des indemnités des élus-es, nous poursuivons la souscription, à laquelle s’ajoute la collecte exceptionnelle pour Bordeaux et nous relançons la bataille de la cotisation.

Ch. Texier

Page 6: Nouvelles N° 2041

6 • Les Nouvelles 10 avril 2014

SOCIÉTÉ

Michel Etievent, écrivain et historien, a passé deux jours dans notre département où il a animé trois conférences–débat successivement à Bordeaux, St Pierre d’Aurillac et Biganos, sur Ambroise Croizat, « bâtisseur de la Sécurité sociale ».L’historien, passionné et passion-nant, a fait partager le combat de toute une vie de celui qui sera nommé le « ministre des travail-leurs » après s’être engagé très tôt à la CGT et au PCF. Ambroise Croizat, c’est « l’ inventeur social », nous dit Michel Etiévent dont le travail vise à faire connaître le parcours de cet ouvrier. En qualité de ministre, il aura la charge de bâtir la mise en place de la Sécu-rité sociale de 1945 à 1947 mais aussi, les retraites, les conventions collectives, lorsqu’il fut député communiste en 1936, le statut des mineurs, des fonctionnaires, l’amélioration du droit du travail, la médecine du travail…Tout cela porté par le monde du travail, des syndicalistes, des employés, à une période où la CGT comptait 5 millions d’adhérents et le PCF 27% des voix… Qui se souvient de l’agent-payeur des allocations familiales, des employés des pre-miers centres de sécurité sociale qui se sont tous battus pour apporter du bien-être, des améliorations à la vie des enfants, des familles, des personnes âgées, des malades, allant jusqu’à construire de leurs mains, bénévolement, les premiers locaux ?Défendre cette loi humaine et de progrès70 ans plus tard, nous assistons au démantèlement, voulu par le patronat et le conseil de l’Union européenne, de cette conquête

sociale, de ce rempart contre le rejet, la souffrance et l’exclusion qu’est la Sécurité sociale. Beaucoup pensent qu’il est d’actualité de reprendre les derniers mots pro-noncés à la tribune de l’Assemblée nationale par Ambroise Croizat : « Jamais nous ne tolèrerons qu’un seul des avantages de la sécurité sociale soit mis en péril. Nous défendrons à en perdre la vie et avec la plus grande énergie cette loi humaine et de progrès ».

Michel Etiévent, en pointant la modernité du personnage, affirme que l’histoire nous donne beaucoup de raison d’espérer et il insiste sur cette phrase d’Ambroise Croizat : « s’unir plus que jamais s’unir pour donner à la France d’autres espoirs ».

Avec les comptes-rendus de Maryse Montangon et

Danièle Trannoy

Conférences-débatsAmbroise Croizat, « ministre des travailleurs »

Lundi 7 avril dernier, on com-mémorait les 20 ans du géno-cide des Tutsis au Rwanda. Dans ce cadre, Adélaïde Mu-kantabana, rescapée et prési-dente de l'association Cauri, a transmis son témoignage.« Un génocide, de par sa concep-tion et son application, est véri-tablement un crime inavouable : avant, sa préparation est dissi-mulée ; pendant, sa réalité est démentie ; après, sa nature même est niée. Qui doit témoigner ? Comment témoigner ? Que fait-on du témoignage ?J'étais là-bas, quand le Rwanda bascula ouvertement dans une dérive raciste en octobre 1990, sous le prétexte de l'attaque du Front patriotique rwandais, le FPR ; une organisation politi-co-militaire, composée princi-palement de fils d'exilés tutsi ayant fui les premiers massacres de 1959 et les pogroms qui suivirent. Ainsi, nous qui possé-dions une carte d'identité estam-pillée «Tutsi», nous sommes devenus, à partir d'octobre 1990, dans les propos de ceux qui pré-paraient l'innommable, les com-plices (ibyitso), les ennemis de l'intérieur. Le pouvoir totalitaire infligea à ces soi-disant com-plices toutes sortes d'humilia-tions, d'intimidation au travail... Les emprisonnements arbitraires et les assassinats devinrent de plus en plus fréquents. Les Tut-sis, animalisés, furent appelés «les cafards, les cancrelats, les serpents». Ils devinrent des cibles tandis que se répandait l'idée, constituant une accusation «en miroir», qu'ils possédaient tous, du nourrisson au vieillard, un

plan pour exterminer les Hutus. La communauté internationale ferma les yeux. L'historien belge, Filip Reyntjens, situe, dans son livre, Rwanda, trois jours qui ont fait basculer l'histoire, la responsabilité de l'État fran-çais : «La France a objectivement soutenu les responsables du projet d'extermination, en s'abstenant de les décourager et en donnant l' impression que, fort de l'appui français, l' impunité leur était garantie.»Ainsi, dans le silence et l'indif-férence, le Rwanda chemina vers un génocide dont l'étincelle fut l'attentat contre l'avion du président Habyarimana, le soir du 6 avril 1994. L'inconcevable se réalisa dans les Mille Collines, dans l'abandon total de la com-munauté internationale. L'acte de naissance n'est plus seulement l'acte d'accusation, c'est un arrêt de mort : plus d'un million de tués en une petite centaine de jours. «Tuez-les tous, il faut qu'un enfant hutu qui naîtra demande à quoi ressemblait un Tutsi» exhorte la radio télévision libre des Mille Collines, la RTLM. Ma famille a été quasiment décimée.20 ans après, le devoir de mé-moire nous incombe à tous. Commémorer, c'est aussi faire un effort de reconstitution des faits, c'est sortir de l’ignorance, c'est briser le silence qui mine les survivants devenus muets devant l'ignominie, c'est briser le silence dont se couvrent les bourreaux pour échapper à la justice, c'est briser le silence des décideurs militaires et politiques français de 1994. »

Génocide rwandaisTémoignage d’Adélaïde Mukantabana, rescapée

Citoyen engagé dans les luttes des peuples africains pour leur libertés, l’auteur, Jean-Pierre Cosse, tente d’explorer l’action et la ligne de conduite du chef de la diplomatie française, Alain Juppé, au Rwanda, d’avril 1993 à décembre 1994.

Vendredi 25 avril à 18 hLibrairie Georges et Café GeorgesForum des Arts et de la Culture300, cours de la Libération à Talence.

Rencontre / dédicace Alain Juppé et le Rwanda

Au terme du débat à St Pierre d’Aurillac, Jacques Delaveau représentant du Mouvement de sauvegarde des services publics en Sud-Gironde, a demandé au maire, Stéphane Denoyelle, de baptiser une rue Ambroise Croizat.

A Biganos, le débat s’est fini avec l’expression du soutien à Sylvie Delmas, infirmière et secrétaire du syndicat à l’Hôpital Jean Hameau, dont la sanction de mise à pied vient d’être annulée.

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Les Nouvelles 10 avril 2014 • 7

PCF

Les dons sont limités à 7 500 € par personne

Les versements ouvrent un droit à déduction de 66% du don dans la limite de 20% des revenus nets imposables.

Ainsi, un don de 100 € permettra une réduction d’impôt de 66 €

Je verse ……………………………… € (ma remise d’impôt sera de 66% de ce montant)

Nom-Prénom ………………………………………………

Adresse ……………………………………………………

………………………………………………………………

Chèque à l’ordre de ADF PCF 33

Retournez à PCF - 15, rue Furtado - 33800 Bordeaux

Souscription Elections 2014 Ils ont donné un total de 1 170 €

ACHARY Jean Michel, BordeauxALCON Hélène, BordeauxBEZINGUE Jean, BèglesFITTE William, BèglesGARCIA François, La TesteGARCIA José, Saint Caprais de BordeauxGARCIA Pétri, Saint Caprais de BordeauxGONZALEZ Serge, BèglesGROUSSET Jean Luc, BordeauxLAFITTE Jacques, Villenave d’OrnonLAULAN Maryse, Sainte EulalieLAVIE Jean, BordeauxMAZON Dominique, BordeauxMODON Michel, FloiracPEYRE Jeanine, BordeauxQUERBES Jean, La TesteRUIZ Marie ClaudeSISTIAGA, La TesteSOUBERVIE Françoise, Andernos

BèglesDeux questions à Vincent Boivinet

Fête de l’Humanité GirondeUne fête engagée

Carnet

Quel bilan tires-tu de ces élections municipales sur Bègles ?Ce fut un sacré baptême du feu pour moi, avec une responsabilité inédite de dirigeant de section, avec Patrick Bassaler et les cama-rades de l’exécutif. On a relevé le défi d’une nouvelle tête de liste avec Christine Texier, même si elle avait déjà l’expérience de conseil-lère municipale, dans un contexte où le gouvernement socialiste a déçu et cultive le fatalisme chez ses électeurs.Mais nous avons relevé nos manches avec deux objectifs : faire connaître notre candidate et le pro-jet partagé avec les Béglais, et aller convaincre les électeurs des possi-bilités de faire une autre politique, du national au local. Le bilan,

8000 portes, 3000 rencontres en plus de celles « d’appartement » et les réunions publiques.Au final, un score frôlant les 20% malgré l’abstention et 5 listes présentes.Quelles vont être vos actions sur les semaines à venir ?Poursuivre le déploiement des communistes dans les quartiers au plus près de la population en lançant un gros travail de res-tructuration là où c’est nécessaire et proposer l’adhésion au PCF. Dans la période, nous sommes une force politique clairement ancrée à gauche, crédible, combative et rassembleuse dans le Front de Gauche. Et bien sûr nous nous lançons également dans la campagne

européenne et la réussite de la Fête de l’Humanité Gironde à laquelle nous allons associer l’ensemble des acteurs de cette belle campagne ainsi que lors du repas de section le 24 mai dans le cadre de la fête de la Morue.

La Fête de l’Humanité aura lieu cette année les 17 et 18 mai à Courréjean (Villenave d’Ornon) à quelques jours d’un nouveau rendez vous électoral d’importance avec les élections européennes.Ce rendez-vous annuel qui attire des milliers de personnes chaque année n’existe que par la force militante et de conviction de ses bénévoles issus du PCF ou sympathisants, issus du tissu associatif.L’engagement est ici le mot d’ordre… Que ce soit de la part des groupes qui font toujours un effort financier pour venir jouer, mais aussi des techniciens qui ne comptent pas leurs heures, ou l’engagement politique des milliers de communistes et amis-es qui sont les bâtisseurs de cette fête avec les principaux animateurs et l’immense richesse de ce festival qui ne peut pas compter sur les subventions publiques des institutions, comme c’est le cas pour de très grand rendez-vous dans la région où sponsorings privés côtoient financements publics sans que personne n’y trouve rien à redire….Cette année encore la Fête de l’Humanité Gironde sera un beau cocktail d’engagements bénévoles dans un Village associatif relooké, d’engagements syndicaux et politiques au cœur des nombreux débats et d’engagements culturels avec des artistes et des intermittents qui défendent une certaine conception de la culture accessible à tous ! C’est l’engagement de la Fête de l’Humanité Gironde !

Paris Combo Mélange unique de cabaret coloré, jazz élégant, musique du monde multiculturel et impertinent. Paris Combo, quintet en tenue Jazz viendra nous présenter son spectacle samedi 17 mai à La Fête de l’Humanité.Quatre albums et une décennie consacrés à visiter le monde de jouer pour un public enthousiaste de Sydney à San Francisco et Berlin à Beyrouth ont permis Paris Combo de créer son univers unique, de s'imposer comme un des groupes intri-gant sur la scène musicale internationale. Mené par la voix espiègle de chanteuse Belle du Berry , Paris Combo mélange jazz , pop française , cabaret , tzigane , latino et les rythmes du Moyen-Orient.

Soviet SupremCe groupe est l’association de R-Wan du groupe Java et de Toma de La Caravane Passe.Leur nom de scène : Sylvester Staline et John Lénine, donne le ton de la grande récréation qu’est ce groupe sur scène !Issus de l’est parisien, ils tournent le dos au hip-hop bling bling et proposent à leur public de changer d’axe. Je viens d’une banlieue rouge, Vitry sur seine, explique R-Wan, j’ai grandi avec André Lajoinie et Georges Marchais. Et petit à petit mes parents ont trahi le contrat social pour s’embourgeoiser. Je leur en ai beaucoup voulu. De plus une partie de ma famille a choisi de s’exiler aux Etats Unis. C’est leur choix mais je n’hésiterai pas à les mettre au goulag car c’est la décadence. Moi j’ai choisi mon camp !Fuyant la dictature du patronat, les deux compères reprennent pourtant dans leurs concerts des morceaux de leurs projets perso. « Il faut bien donner au peuple un petit sucre de temps en temps » concède Toma.Un spectacle aux couleurs soviétiques pour cette Fête de l’Humanité !

Tout au long de cette campagne des municipales, nous avons no-tamment renoué avec le porte à porte dans les villes et les quartiers populaires. Nous devons pour-suivre ce travail de lien avec la population du parti et de nos élus. Les potentialités de renforcement du PCF sont importantes et il ne faut pas les négliger et retourner voir ces électeurs qui nous ont fait confiance lors des municipales pour aborder les enjeux européens et l’importance d’un engagement à nos côtés pour donner plus de force à une politique alternative dont les médias ne veulent pas se faire les porte voix…Ce travail et cette mise en mouve-ment sont aujourd’hui nécessaires au regard de ce qui se prépare avec la désignation de Manuel Valls. Ses premières déclarations ne tra-duisent pas un changement de cap mais bien une accélération de la politique d’austérité menée durant 2 ans par le gouvernement Ayrault.

Poursuivre le travail de porte à porte pour renforcer le PCF

Villenave d’Ornon. Jacqueline Fauvel nous a quitté. Les communises villenavais, qui fêtaient ses 90 ans l’an dernier, lui ont rendu hommage en rappelant son parcours de militante et de syndicaliste, pour la paix et contre toutes les injustices, pour les droits des femmes : « Tu nous parlais, en cette période d'élections, de cette bataille menée pour le droit de vote et d’éligibilité des femmes, leur admission dans les jurys d'assises … Tu militais toujours pour un communisme qui place l’humain au cœur de son combat, ne manquant aucune réunion jusqu'il y a peu. » La section du Parti communiste partage la peine de sa famille et de ses amis si nombreux.

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8 • Les Nouvelles 10 avril 2014

Durant trois jours, la semaine dernière, l’escale du Livre a battu son plein. De stand en stand, les visiteurs, très divers, ont navigué, et pouvaient assister à des spec-tacles ou participer à des débats.Au milieu de cette effervescence, depuis de nombreuses années, Espaces-Marx est devenu fami-lier et on le reconnaît dans sa singularité.. Il partage son stand avec d’autres (modestie financière oblige) mais aussi par choix bien mûri.A gauche, les éditions Serpolet de Madeleine Lenoble : poètes, écrivains aussi modestes qu’atta-chants, enthousiastes et enthou-siasmants, trouvent ou retrouvent à cette occasion leurs lecteurs. De l’autre côté du stand, les fidèles amis de L’Institut d’Histoire So-ciale de la CGT) proposent leurs brochures pertinentes et leurs ouvrages.Au milieu, Espaces-Marx, flanqué de la revue L’Ormée, présente des livres que, dans leur immense majorité, on ne trouve pas dans l’Escale ou ailleurs, ouvrages poli-tiques pour nombre d’entre eux.

L’originalité du stand ne se borne pas à ces proximités peu banales. Il faut ajouter que l’association offre à ses adhérents qui publient et à des volontaires, des fidèles, l’occasion de faire connaître leurs derniers ouvrages.Là aussi, la diversité était au ren-dez-vous: histoire, roman, ouvrage politique, témoignage à tonalité anthropologique, enquête, etc...Dans ce cadre, au nom de la liberté d’expression, nous avons accueilli Juppé et le Rwanda et son auteur, Jean-Pierre Cosse.N’oublions pas de signaler que nous avons été les complices de la rencontre fréquentée du vendredi : « Existe-t-il une anthropologie bor-delaise ? », animée entre autres par nos amis Eric Chauvier, Bernard Traimond et Jean Casset. Quant au dimanche matin, il a vu des dizaines de participants à notre présentation-débat : « Faut-il avoir peur de la théorie du genre ? ». L’échange, riche et houleux, dans l’air du temps, était l’occasion de signaler l’imminente sortie de l’ouvrage collectif: Genre et rap-ports sociaux de sexe au travail et

à l’école (Presses Univ. de Rouen et du Havre).Espaces-Marx fait ici oeuvre de présence utile et pourrait affirmer avec Aragon dans son poème L’Escale :« Plus oisif que l’oiseau j’ai choisi pour ouvrageDe guetter le soleil sur le gaillard d’avant »

Vincent Taconet

Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 eurosAssociés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. LabordeDirecteur de la publication : Frédéric MellierAbonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 eurosRédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest15, rue Furtado - 33800 BORDEAUXTél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : [email protected]é : [email protected] - Redaction/Proposition d’article : [email protected] paritaire de presse : 0113 C 85932

CULTURE

Escale du livreLa présence utile d’Espaces Marx

Machine à lire

Rencontres

ANCACRegards croisés sur une guerre

MODIFICATION DE GERANCE

SARL LINEOSAu capital de 1 000 €

Siège social : 116 avenue Alsace Lorraine

33200 BordeauxRCS Bordeaux 800 545 543 000 012

Aux termes d’une AGE en date du 26/03/2014, Mme LESPES Sandra, demeurant 27 rue Boulan 33000 Bordeaux, actuellement gérante mino-ritaire, se place avec 10 parts sociales dans le collège de cogérance majori-taire composé de :M.MAIRE Morgan, demeurant 116 av Al-sace Lorraine 33200 Bordeaux, 10 parts Mme ROCHER Lyse demeurant 11 rue Gabillon 33000 Bordeaux, 10 partsMme AIGLE Maud, demeurant 11 rue Gabillon 33000 Bordeaux, 10 partsModification faite au RCS de Bordeaux

Pour avis,

TRANSFERT DE SIEGE SOCIAL

LYNA EXPRESSEURL Au capital de 3 000 €

171 rue MandronRes STRAUSS Appt 203

33300 BordeauxRCS Bordeaux B 502 850 589

Il résulte du procès verbal du 20/03/2014 que le siège social de la société a été transférée :Ancienne Mention : 171 rue Mandron – Rés Strauss – appt 203 33300 Bor-deauxAuNouvelle Mention : 14 rue Jean Sé-bastien Bach 33560 Sainte Eulalie, à compter de ladite date.Mention sera faite au RCS de Bordeaux

Pour avis,

ANNONCES LÉGALES

Hervé Le Correy était présent le 10 avril pour son livre «Après la guerre» (éditions Rivages)Éric MesnardJeudi 17 avril à 18h30«Être esclave, Afrique-Amé-riques, XVe-XIXe siècle» (édi-tions La Découverte)Rencontre Espaces Marx, animée par Karfa Sira Diallo

Vendredi 18 avril, 18h, salle St Maurice. Nombreux lots à gagner (VTT, GPS, canard gras, jambon etc..) Buvette, sandwichs et gâteaux sur place. Venez nombreux !

Dans votre calendrier, vide grenier : dimanche 4 mai, site de la Grande-Prai-rie, chemin de la Caminasse, Villenave d’OrnonInscriptions : SPF Bègles : 15, rue Nou-tary (lundi, mardi, jeudi, vendredi de 10h à 12h)05 56 49 58 45 ou 06 76 28 80 94

Le mercredi 2 avril, l’ANCAC a organisé un débat contradic-toire dans une salle SNCF entre Messieurs Albert Nallet, appelé du contingent pendant la guerre d’Algérie, auteur du livre «On n’efface pas la vérité» et Djouzi Attoumi, auteur de plusieurs ouvrages, ancien combattant de l’Armée de libération algérienne (ALN), membre du FLN pen-dant la guerre d’Algérie. Ce fut un grand moment de vérité avec

un regard croisé sur cette guerre, dramatique pour les peuples fran-çais et algériens. Des milliers de morts, hommes, femmes, enfants, de chaque côté. Ce débat a permis de mettre en avant les respon-sabilités des capitalistes français qui n’avaient q’un objectif : faire toujours plus de fric sur le dos des Algériens et sur la vente des armes.L’intérêt aujourd’hui des deux pays, c’est de construire des rela-

tions saines, politiques, écono-miques et d’échanges fructueux.

Alain Lagardèreprésident de l’ANCAC Bordeaux

* Association Nationale des Cheminots Anciens Combattants, résistants, prison-niers et victimes de guerre

SPF BèglesLoto

L'une des infamies les plus inexcusables des nou-veaux réactionnaires est sans doute la réhabilitation d'un racisme de moins en moins euphémisé. On assiste ainsi peu à peu à la construction sociale d'un véritable racisme se voulant respectable, jouant de tous les ressorts et instrumentalisant aussi bien d'honorables notions républicaines comme la laïcité que les fluctuations d'une opinion conditionnée par les sondages. Le racisme biologique d'antan est toujours actif bien que tapi dans un inconscient collectif que maîtrise de plus en plus difficilement le surmoi social. Les incroyables insultes subies par Christiane Taubira en ont relevé sans que des idéologues, habituellement si chatouilleux sur les droits de l'homme dans des pays exotiques, s'en soient émus plus que ça... Cependant le racisme respectable s'élabore aujourd'hui de façon beau-coup plus sophistiquée en s'appuyant sur ce que les historiens libéraux appellent des « passions » (xénophobie, nationalisme, peur de la différence, haine de l'autre...) que l'on va rationaliser comme des données objectives et même positives car permet-tant de combattre de nouveaux périls supposés tel le « communautarisme » ou de revaloriser de vieilles lunes décrépites telle « l'identité nationale ».

Gérard Noiriel le rappelle, le mot « racisme » n'appa-raît que vers la fin du XIXème siècle et le début du XXème en lien avec l'affaire Dreyfus. Le rôle des intellectuels, selon Noiriel, est ici essentiel, « le racisme est vu comme une doctrine, une idéologie, un programme qui exploitent les préjugés sur les minorités à des fins politiques » (www.terrainsde-luttes.org). Les intellectuels en s'élevant contre ces préjugés poursuivent le « combat des Lumières au nom de la raison et du savoir ». On notera que le terme « racisme », d'abord appliqué à la discrimina-tion à l'encontre des Juifs, va prendre de plus en plus d'extension en même temps que le racisme anti-juif va couramment se nommer « antisémitisme » : tout se passe comme si la notion de racisme, supplantée pour les Juifs par le concept d'antisémitisme, perdait alors une grande partie de sa force de dénonciation, du moins aux yeux d'un certain nombre d'idéologues qui vont aller jusqu'à récuser son antonyme, « anti-racisme » comme abusif, voire injustifié !

On reconnaîtra sans peine dans ces idéologues les nouveaux réactionnaires dont il est ici question. Pour eux l'antiracisme est devenu un danger parce qu'il combat les discriminations à l'égard des minorités, en particulier les minorités « raciales » et autres particularismes qui devraient selon eux disparaître et se fondre (assimilation) dans une vaste commu-nauté française dont ils se refusent à voir qu'elle n'est qu'une autre variété de particularisme. Un par-ticularisme qui n'est qu'un tribalisme de plus même si on le pare de la noble appellation de « cohésion nationale ». On peut appliquer à ces conservateurs agressifs ce que Christiane Taubira dit du Front national : « un parti tribaliste (qui) s'est paré de la nation et « vend » aux Français un ressentiment tribal à l'endroit de boucs émissaire immigrés » (le Nouvel Observateur, 27 mars 2014).

En fait immigration et question raciale ont été liées dès le début du XXème siècle où l'on s'inquiète déjà, en 1930, que la cohésion nationale soit « perpétuel-lement menacée par les conséquences ethniques qu'engendre l'immigration » (cité par Gérard Noiriel dans son monumental et indispensable ouvrage Immigration, antisémitisme et racisme en France (XIXème-XXème siècle). Discours publics, humilia-tions privées, Pluriel, 2007, p.332). On voit encore une fois que le discours néo-réactionnaire sous couvert d'anticonformisme ne fait que véhiculer une orthodoxie conservatrice et bien-pensante (ah, le « Roman national » ! on va y revenir) au moins cente-naire. Cohésion nationale, identité nationale, Roman national... autant de constructions forgées à partir de préjugés basiques (chauvinisme, xénophobie, égoïsme, haine, peur et rejet de l'autre, racisme...). Il va falloir en examiner le contenu.

Un racisme respectable ?

CHRONIQUENOUVELLES IDÉES REÇUESpar Gérard Loustalet Sens