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Jeudi 16 octobre 2014 - N° 2068 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Prix : 0,80 euro

Nouvelles N°2068

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Nouvelles N° 2068 du 16 octobre

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Jeudi 16 octobre 2014 - N° 2068 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Prix : 0,80 euro

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2 • Les Nouvelles 16 octobre 2014

ACTUALITÉ

TB SERVICES

En grève pour les salaires et conditions de travailLes personnels du transporteur médical TB Services, entreprise qui transporte des produits sanguins, des prélèvements biologiques, des produits d’origine humaine (organes pour greffes)… étaient en grève le 3 octobre et se sont rassemblés devant le siège social à Bordeaux. Ils demandent l’arrêt des licenciements envisagés, la requalification de tous les contrats à temps complet, la priorisation au personnel de l’entreprise à temps partiel pour le passage à temps complet, la possibilité d’évoluer sur un poste supérieur pour tout le personnel, l’arrêt des pressions managériales, de meilleures conditions de travail, le paiement des heures supplémentaires et de toutes les primes, d’en finir avec le travail des agents en arrêt maladie, le respect des amplitudes horaires et la possibilité de joindre la direction pendant le travail en étant munis d’un téléphone.

SPF 33Appel à bénévolatVous disposez de quelques heures libres par se-maine, vous souhaitez donner un coup de main à une équipe de bénévoles ? Venez aider le Secours

Populaire Français de Gironde dans son entrepôt de Bordeaux, 95, quai de Paludate. Contact : 05 56 92 79 92 ou [email protected]

En meeting à Bordeaux le 9 octobre devant plus de 400 syn-dicalistes, à une semaine de la mobilisation nationale sur la Sécurité sociale, Thierry Lepaon, secrétaire général de la CGT, a rencontré les militants d’Aqui-taine qui mènent la campagne pour les élections dans la fonction publique du 4 décembre et celle contre « le coût du capital ».

En conférence de presse avant le meeting, avec Corinne Versigny, secrétaire général de l’UD-CGT Gironde, Thierry Le Paon a fait le tour de la situation dans laquelle se trouvent les salariés, les privés d’em-ploi, les retraités en cette rentrée face à un patronat qui se sent pousser des ailes avec un gouvernement qui devance ses appétits.

« Notre pacte républicain est remis en cause quotidiennement » affirme-t-il en déclinant les réalités que subissent les salariés notamment « l’aggravation des conditions de travail, le gel et la baisse des salaires, la montée du chômage et de la pré-carité». une précarité qui touche en particulier les jeunes, les femmes et les seniors».

Soulignant que «la fonction pu-blique ne suscite plus d’engouement pour les jeunes générations faute de salaires décents », il précise qu’alors que « les grands groupes bénéficient d’un retour de bonne fortune », c’est « au détriment des salariés dans le public comme dans le privé ».

A l’idée d’une « résignation » qui « gagnerait la population » comme le suggère un journaliste, le secré-taire de la CGT répond que la priorité des syndicalistes doit être de « redonner confiance dans la capacité des salarié à agir » et que souvent « ils gagnent ».

Corinne Versigny cite les luttes en Gironde « victorieuses pour les salariés » comme « celle de Baga-telle qui fut longue mais payante, ouvrant le chemin à de futures nouvelles avancées ». C’est aussi « la bataille contre les discriminations syndicales avec le recul imposé à la direction de l’hôpital d’Arcachon par la mobilisation intersyndicale et citoyenne », ou encore à La Poste où les grèves des agents ont permis de gagner des emplois ».

Ainsi la campagne pour les élections professionnelles dans la fonction publique se mène en lien avec les mobilisations, petites ou grandes,

afin de montrer l’utilité de s’organi-ser et de syndiquer.

Sur le projet de loi de la Sécu-rité sociale,Thierry Lepaon explique qu’il s’agit de « mobiliser en essayant de faire comprendre aux salariés que la Sécu leur appartient » et que « trop peu de salariés savent aujourd’hui l’origine de la Sécurité sociale et son mode de financement » et que « les assurés sociaux doivent pouvoir reprendre leurs affaires en main ».

Economies contre-productives

Le secrétaire de la CGT, « les offen-sives menées par le Medef et le gouvernement visent à faire croire que les seules mesures d’écono-mies possibles sont à faire dans le domaine social.

« La première insécurité qui pèse aujourd’hui sur les Françaises et Français, c’est l’insécurité sociale. Ils se demandent si demain ils auront un travail, un salaire, un logement, s’ils pourront être soignés et le gouvernement, via plusieurs ministres, avance qu’il faut réformer l’assurance chômage… On ajoute de l’insécurité à l’insécurité, ce qui fragilise la cohésion sociale dans notre société. »

« La marche forcée vers l’austérité est la remise en cause de manière quoti-dienne de ce qui fonde le pacte social et républicain dans notre pays ».

Sur l’assurance chômage « la CGT n’a pas signé la dernière convention pour deux raisons : un chômeur sur deux n’est pas indemnisé et le gou-vernement a accepté l’idée que les cotisations des entreprises baissent alors que le chômage augmente ». Un paradoxe pour lui car « cela crée un déficit budgétaire de quatre milliards d’euros », ce que le gouver-nement « sait pertinemment » en faisant des cadeaux au patronat sur l’assurance chômage.

D’où deux urgences pour la CGT « Retrouver le chemin de la croissance pour créer de l’emploi,

et faire en sorte que les salaires ne soient plus gelés. »

Démocratie sociale et unité syndicale

« Le Medef considère-t-il le dia-logue social comme un frein au développement de l’emploi ? Ou, au contraire, comme un avantage que les salariés puissent s’organiser, discuter du contenu de leur travail et de la vie de leur entreprise ? interroge Thierry Le Paon

Il pense que « l’offensive du patronat pour diminuer les droits des salariés et maintenant leur droit à être repré-sentés (un salarié sur deux est exclu de ce droit fondamental) doit être affrontée à l’intérieur de la vie des entreprises. Il faut aussi « articuler la démocratie sociale et la démocratie politique » avec « ce qui relève de la négociation, et ce qui relève de la loi, donc des parlementaires ».

L’unité syndicale est à construire sans cesse : « La division a toujours été l’arme des patrons et quand les syndicalistes ne se serrent plus la main, les patrons se frottent les leurs. » Pour sortir les organisations de l’isolement « il faut que les syndicats puissent se parler entre eux et parler aussi aux salariés, pas seulement au sommet, afin d’irri-guer l’ensemble des organisations pour que less militants puissent se rencontrer et échanger ».

Par exemple, il évoque le débat avec ses homologues « pour que dans les négociations annuelles obligatoires qui vont avoir lieu partout dans le privé, il n’y ait aucune grille de salaire commençant en dessous du Smic ». « Toutes les organisations sont d’accord. Maintenant, il faut passer du constat à l’acte. »

« Le syndicalisme aujourd’hui a une responsabilité immense : on voit la décadence politique, la déliquescence de l’État. Si nous, syndicalistes, n’arrivons pas à nous rassembler pour sortir progressivement de la crise, il n’y a pas beaucoup de forces collectives qui pourront le faire. »

RENTRÉE DE LA CGT

Sur le terrain et en meeting à Bordeaux

Le 9 octobre, l’UD-CGT 33 et la CGT Finances Publiques rencontraient les agents de la fonction publique à Pellegrin, à Mériadeck, à la Cité administrative, mais aussi au rassemblement devant la CNRACL pour dénoncer la remise en cause de la pénibilité de certaines pro-fessions de la santé.

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Les Nouvelles 16 octobre 2014 • 3

EditorialACTUALITÉ

La force de l’émancipation humaine

Chaque nouvelle loi votée, chaque sortie de ministre nous le prouve, le couple Valls-Hollande a définitivement tourné le dos au peuple pour se jeter dans les bras de la finance.

Face à cela la droite, bien qu’atomisée, se cherche un nouveau champion mais n’oublie pas d’être plus que jamais revancharde. Quant à l’extrême droite menée par la Baronne Le Pen, portée au nue par les médias, elle se frotte les mains.

Alors que faire ?

Attendre « gentiment » 2017 pour tenter lors de l’élection présidentielle de mettre un coup de barre à gauche ? Mais après plus de 10 ans de droite et 5 ans de gauche libérale, que restera-t-il du peuple de gauche qui scrutin après scrutin se réfugie de plus en plus dans l’abstention ?

D’ailleurs comment lui en vouloir, alors que plus il vote et moins les choses changent ? En décembre 2015, en moins de 2 ans, nous aurons voté 4 fois  : élections municipales et européennes en mars et juin 2014, territoriales en mars et régionales en décembre 2015. Et pour quel résultat pour nos vies ?

Notre responsabilité aujourd’hui est grande. Nous ne pouvons laisser nos concitoyens pen-ser que voter ne peut pas changer le cours des choses, ni que voter ou pas ne changerait rien. Nous ne pouvons les laisser croire à ce men-songe crié par l’extrême droite qui se proclame l’unique défenseur des « petits » !

Le dernier texte de congrès des communistes était intitulé : « Il est grand temps de rallumer les étoiles ». Si nous ne voulons pas voir triompher la droite et l’extrême droite, il nous faut être les acteurs de la construction d’un projet crédible et susceptible de rassembler un peuple de gauche désemparé, en perte de repères.

Face aux choix de la concurrence, de la violence et de la haine, il est urgent d’y opposer la force de l’émancipation humaine comme seul rempart à la violence des riches, à la dégradation de l’environnement ; pour promouvoir les droits des femmes, l’autonomie des jeunes, la démocratie dans l’entreprise ; pour mettre à bas la finance avec ses marchés fous qui mène notre monde à la ruine.

C’est avec une telle exigence que nous lançons les ateliers du projet communiste en menant en parallèle le débat et l’action sur le rassemble-ment politique et populaire nécessaire pour la France. Populaire car c’est la seule condition que les engagements soient tenus.

Avec un tel rassemblement, les députés auraient-ils voté en même temps, dans le pacte écologique, l’interdiction des couverts en plastique et la privatisation des barrages hydrau-liques ? Et les parlemen-taires effectueraient-ils le hold-up démocratique qu’est la réforme territo-riale en cours ?

Vincent BoivinetMembre du Comité exécutif

du PCF 33Secrétaire Section de Bègles

Le budget présenté le 13 octobre annonce de nouveaux sacrifices sur l’autel de la « rigueur », avec 7,7 milliards d’euros de coupes dans les dépenses. Ce sont bien 50 milliards d’euros d’économies d’ici à 2017 que le gouvernement entend réaliser, dont 21 milliards dès l’année prochaine. Le gouvernement présente les « écono-mies de dépenses publiques » comme la planche de salut, le passage obligé. Les collectivités territoriales sont durement touchées. Tout y passe. (voir p. 4 sur la Sécurité sociale).Éducation : des ambitions plus grandes que le budgetSans surprise, le budget de l’éducation est préservé à 47,43 milliards d’euros (+1,1 milliard). 9 561 créations de postes sont programmées. Un mini-mum alors que l’État doit compenser les 80 000 emplois supprimés sous Nicolas Sarkozy, mettre en place la loi de refondation de l’école et affronter un boum démographique.L’agriculture de nouveau au régimeLe ministère de l’Agriculture connaîtra en 2015 une baisse de ses crédits bud-gétaires de 4,1 %, avec une enveloppe globale de 4,7 milliards d’euros et une réduction de 25 postes sur un effectif total de 31 035 (enseignement agricole compris). Les chambres d’agricul-ture (- 60 millions d’euros), l’office national des forêts (- 20 millions) ou le centre national de la propriété forestière (- 15 millions) ont de quoi être inquiets.Travail et emploi : une « priorité »… en baisse de 3 % Des dix principaux budgets du projet de loi de finances (PLF) pour 2015, il est, après l’écologie et le développement durable, celui qui subit la plus forte baisse : - 3 % de crédits par rapport à l’an dernier. Loin devant la défense (- 1,7 %) ou l’action extérieure de l’État (- 0,7 %), pourtant guère épargnées. Défense : budget identique… au détriment de l’emploiDerrière la très légère progression des crédits (31,4 milliards en 2016, 31,6 en 2017) se cache un redéploiement d’importance puisque les objectifs de 7 500 suppressions d’emplois dans les armées sont confirmés pour l’année

prochaine. Sur la période 2014-2019, ce sont 23 500 postes qui doivent être supprimés.Une transition énergétique à basse tensionSacrifié sur l’autel de la rigueur en 2014, le ministère de l’Écologie (- 500 millions d’euros) connaîtra un sort guère meilleur et ce, malgré la loi présentée hier sur la transition énergétique, avec un budget 2015 amputé de 450 millions d’euros (- 3,4 %).Police et justice : une stabilité inquiétanteAffiché comme l’une des « priorités » du gouvernement, le budget de la justice est en très légère hausse (6,3 milliards, soit 100 millions d’augmentation). Mieux que rien, mais encore loin des besoins lorsque l’on sait que la France (34e sur 40 pays européens pour son budget justice par habitant) ne compte que 10,7 juges pour 100 000 habitants contre 21,3 en moyenne dans l’Union européenne. En 2015, 600 emplois supplémentaires doivent néanmoins être créés.Culture : un budget en trompe-l’œilSi l’engagement de ne plus opérer de coupes est formellement respecté, le budget ne reste identique qu’en euros constants, ce qui, compte tenu du taux d’inflation, équivaut à une baisse de 0,9 % au réel. La solidarité internationale léséeL’aide publique au développement (APD) fait une année de plus les frais de la politique budgétaire du gouver-nement. Son enveloppe est réduite de 2,8 % dans le PLF 2015, après une baisse de 5,71 % cette année. La France reste loin de répondre aux « objectifs du millénaire » : consacrer 0,7 % de son PIB à l’APD.

Au nom de la detteDans un billet paru dans Liberté Hebdo du 6 octobre, Eric Bocquet qualifiait les annonces du gouvernement « d’une incroyable et tragique banalité ». « La clé de voûte de l’argumentaire de nos gouvernants tient essentiellement en un mot : la DETTE ! » « Un collectif pour un audit citoyen de la dette publique s’est attelé à la tâche

pour décortiquer cette dette et leur travail démontre que celle de l’État représente 79 % de la dette publique. Or elle ne peut avoir été causée par un excès de dépenses puisque celles-ci n’ont augmenté que de 2 % ces 30 dernières années. En fait c’est surtout un déficit persistant de recettes qui explique le niveau de notre endettement. »« Les exonérations fiscales et sociales accordées aux grandes entreprises, pour l’essentiel, sur cette période représentent un manque à gagner de 488 milliards d’euros. On notera à ce propos une remarquable continuité depuis 14 ans (…). Il convient aussi de rappeler qu’une partie de notre dette provient du renflouement du système bancaire et financier au plus fort de la crise de 2008. (…)

De plus les Etats sont tenus depuis 40 ans de se financer sur les marchés finan-ciers et non plus auprès des banques centrales, ainsi les intérêts de 2 % versés aux marchés se montent à 589 milliards d’euros. Enfin depuis 1980, on estime que l’évasion fiscale a coûté à notre pays 424 milliards d’euros. Ainsi le chiffre de 2000 milliards de la dette permet au gouvernement de « semer la panique » dans l’opinion, elle est devenue un véritable verrou psychologique. »Sortir de l’étauPour Patrick Le Hyaric, dans son édito de l’Humanité Dimanche du 9 octobre, « l’austérité appelle toujours à plus d’austérité pour les familles populaires, et à la réduction permanente des services publics qui sont pourtant un moyen décisif de réduction des inégalités ». « Il y a urgence à débattre des en-jeux d’une vraie réforme progressiste de justice fiscale qui fasse contribuer le capital au même niveau que le travail, tout en abaissant le niveau des impôts injustes que sont la TVA et les taxes sur les produits pétroliers ; et d’une transformation bancaire qui doit aller jusqu’à poser la question de l’appropria-tion publique des banques et porter le fer avec plus de force sur le statut et les orientations de la Banque centrale eu-ropéenne pour la mettre au service de l’intérêt général. Fondamentalement, poser l’enjeu partout d’un changement de politique économique. »

PROJET DE LOI DE FINANCES

Sortir du carcan austéritaire

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4 • Les Nouvelles 16 octobre 2014

SÉCURITÉ SOCIALE

LE 16 OCTOBRE

Je marche pour Madame Sécu Par Michel Becerro« Certes, ce n’est pas la première fois, tellement cette vieille Dame a pris des coups depuis sa création. Conçue le 15 mars 1944 par le Conseil national de la Résistance, programmée par les ordonnances du 4 octobre 1945, promulguée par la loi Croizat du 22 mai 1946, installée dans ses murs le 1er juillet 1946, elle a eu à faire face à nombre de turbulences.Comment ce qui a pu être réalisé dans un pays exsangue, ne pourrait-il pas perdurer dans la cinquième puissance du monde ?Il faut savoir qu’à l’époque de sa gestation, pendant l’occupation et à la Libération, elle était parrainée par les forces de la Résistance, parmi lesquelles la classe ouvrière, celle même dont François Mauriac disait que « elle seule dans sa masse était restée fidèle à la patrie profanée ».Mais très vite, le patronat français a repris du poil de la bête pour s’en prendre au meilleur système de protection sociale du monde. Cette Dame Sécu, il ne l’a jamais aimée, ni digérée et il n’a de cesse de l’attaquer, grandement aidé par les gouvernements de droite et/ou de gauche qui persistent à penser qu’il faut s’en prendre au coût du travail pour privilégier le capital, ses profits, ses rentes et dividendes, et son pouvoir.Alors, oui, j’essaie d’imaginer ce que serait ma vie sans la Sécu, de la naissance à la mort… »

Le gouvernement dévoilait le 13 octobre un projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) ultra-austéritaire, avec des économies faites sur le dos des familles, des retraités, des affiliés... De quoi renforcer la mobilisation pour la journée du 16 octobre.730 millions d’euros d’économies sur la branche familleVersée sous conditions de ressources en fin de grossesse, la prime de gros-sesse serait divisée par trois à partir du deuxième enfant (308 euros, contre 923 euros) et le droit au congé parental pour les femmes ramené à dix-huit mois, sous couvert d’égalité homme-femme.Le PLFSS prévoit également une baisse des aides versées aux parents qui emploient une assistante mater-nelle pour la garde des enfants. La majoration des allocations familiales interviendra enfin quand l’enfant aura 16 ans et non plus 14.Des retraites à la baisseOutre le gel des pensions que ne compensera pas la prime exception-

nelle et ridicule de 40 euros qui doit être versée le 1er janvier aux retraités touchant moins de 1200 euros par mois, le gouvernement va augmenter la CSG de 460 000 retraités. Alors que l’assujettissement aux taux réduit (3,8 %) ou au taux plein de CSG (6,6 %) était jusqu’à présent déterminé en fonction de l’impôt, ce serait désormais en fonction du revenu net imposable. Ainsi, 460 000 retraités, qui béné-ficiaient du taux réduit parce qu’ils s’acquittaient de moins de 61 euros d’impôts sur le revenu verront leur niveau de CSG quasiment doubler. Sans compter qu’ils ne seront plus exonérés de la CASA (contribution additionnelle en faveur de l’autono-mie et de la dépendance).Réduction de l’accès aux soinsLa branche maladie est celle qui sera victime de la plus grande réduction de moyens. Le gouvernement veut lui imposer une économie de 3,2 mil-liards en 2015 et vise les 10 milliards sur 3 ans. Pour y parvenir, alors que les syn-dicats dénoncent déjà des dysfonc-

tionnements, il veut imposer une diminution de 520 millions d’euros des dépenses de fonctionnement de l’hôpital public. Il mise aussi sur le « virage ambula-toire », c’est-à-dire la réduction des durées d’hospitalisation au profit d’une prise en charge médicale à domicile (370 millions). Mais l’essentiel des économies (11,5 milliards d’euros) portera sur « la pertinence et le bon usage des soins ». Il s’agit de pousser les médecins à moins prescrire d’actes médicaux ou de médicaments. C’est dans ce contexte d’austérité que plusieurs députés socialistes frondeurs, qui se sont abstenus de donner leur confiance à Manuel Valls, ont quitté différentes res-ponsabilités en vue de l’examen du budget de la « Sécu ».

Comme le notait Jacqueline Fraysse, députée Front de gauche, « cela en dit long sur le contenu du PLFSS... »

Ce n’est pas simplement une mobilisation pour la défense de la Sécurité sociale qu’a engagée la CGT, c’est toute une campagne de reconquête par les salariés. Dans un tract de quatre pages, l’Union départementale Gironde rappelle la raison d’être de cette institution, son fonctionnement et fait des propositions.Le syndicat rappelle que depuis la création de la « Sécu », le patronat a agi pour affaiblir les droits des assurés sociaux et leur financement. L’État a pris en main la gestion de la Sécurité sociale. Il a supprimé l’élec-tion des représentants des salariés et des assurés sociaux et réduit leur pouvoir.L’action revendicative a cependant permis de conserver un système solidaire et collectif : pas de sélection par l’âge, par l’état de santé ou par les

revenus. C’est ce qui différencie fon-damentalement la Sécurité sociale des assurances privées.La Sécurité sociale est obligatoire et fondée sur la solidarité : par leurs cotisations, les personnes en bonne santé permettent la prise en charge des malades, les salariés en activité cotisent pour la retraite des plus âgés…FonctionnementL’institution « Sécu » c’est le régime général (CNAMTS, CNAVTS et CNAF) mais aussi les régimes spéci-fiques, MSA, RSI etc. L’ACOSS re-çoit les cotisations sociales prélevées par les URSSAF et les redistribue entre les différentes caisses. Les caisses nationales sont adminis-trées par des conseils composés des organisations syndicales de salariés, des organisations patronales, d’asso-ciations et de personnalités qualifiées

nommées par le gouvernement ou désignées par des organismes divers. Cet ensemble est décliné en caisses départementales ou régio-nales (CPAM, CARSAT, etc.).Plus largement, la Sécurité sociale, c’est l’ensemble des régimes de base des salariés et des non-salariés : artisans, agriculteurs, commerçants, les agents de l’Etat et des collectivités locales…Répondre aux besoins nouveauxLes propositions de la CGT pour la santé concernent, notamment : la prévention des risques professionnel avec la création d’un grand pôle public de santé ; de nouveaux droits pour les salariés et leurs représen-tants ; la promotion de la recherche et la formation des professionnels de santé à la prévention des risques du travail et environnemental ; la coordination des différents acteurs du système de soins et de santé ; des moyens pour les services publics ; la prévention de la perte d’autonomie avec un véritable service public incluant les « aidants » ; l’amé-lioration des remboursements en priorité dans la lunetterie, le dentaire et l’audition. En matière de retraite, la CGT demande : de revenir sur la durée de cotisations (aujourd’hui plus longue que la durée d’activité moyenne) ; la reconnaissance des années d’études et la validation des périodes de précarité contrainte au

BUDGET 2015

Ajustements austéritaires sur le dos des familles

CAMPAGNE CGT

Pour la reconquête de la Sécurité sociale par les salariés

même titre que celles travaillées ; une véritable reconnaissance de la pénibilité par des départs anticipés (avant 60 ans) avec une pension complète ; l’amélioration des dispo-sitions qui permettent de corriger les écarts de pensions entre les femmes et les hommes. Ces avancées auraient des effets positifs « par contagion » sur la retraite de la fonction publique et sur les autres régimes.Pour la famille, la CGT demande : l’universalité des allocations familiales dès le premier enfant ; la revalorisation des prestations familiales ; l’indexation des presta-tions familiales et des plafonds de ressources ouvrant droit à certaines prestations sur la base de l’évolution du salaire moyen ; la création d’un service public de la petite enfance permettant un accueil diversifié avec des personnels qualifiés ; des droits sociaux pour garantir aux jeunes l’autonomie et la protection.Une nouvelle dynamique pour le financementLa CGT défend un financement de la Sécurité sociale par la coti-sation sociale et non par l’impôt. Elle demande l’arrêt des exonéra-tions de cotisations sociales accor-

dées aux employeurs qui n’ont eu aucun effet sur l’emploi mais ont eu des effets négatifs pour les salariés et la Sécurité sociale. Une partie importante de ces exonérations est finalement compensée par l’impôt des ménages. La CGT demande par contre que toutes les formes de rémunéra-tions du travail qui sont actuelle-ment exemptées de cotisations y soient soumises (épargne salariale, intéressement, stock option, etc.). Cela dissuaderait les entreprises s’avoir recours à ces revenus aléa-toires et discriminatoires.Elle propose de moduler la coti-sation dite « employeur » pour favoriser l’emploi et l’investissement et une contribution sur les revenus financiers des entreprises, à hauteur de la cotisation salariale.Elle est opposée à une fusion de la CSG et de l’impôt sur le revenu. Fusionner les budgets de l’État et de la Sécurité sociale signerait la fin de l’autonomie de gestion de la Sécurité sociale et de la garantie de ses finances. En revanche, la CGT revendique, parallèlement à celle de la cotisation, une réforme de la fiscalité. L’une et l’autre doivent favoriser le travail.

La Sécurité sociale est la garantie donnée à chacun qu’en toutes circonstances il disposera des moyens nécessaires pour

assurer sa subsistance et celle de sa famille dans des conditions décentes. Trouvant sa justification dans un souci élémentaire de justice sociale, elle répond à la préoccupation de débarrasser les travailleurs de l’incertitude du lendemain (…)

Source : Musée national de l’assurance maladie.

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Les Nouvelles 16 octobre 2014 • 5

@La pétition sur :

http://www.pcf.fr/58560

Le groupe Front de Gauche-PCF a déposé une motion le 14 octobre lors de la séance du Conseil géné-ral. Le PS n’ayant pas souhaité la mettre au vote, le groupe a poro-posé qu’elle soit mise en débat.« Le Gouvernement a lancé un vaste chantier marquant une nouvelle étape dans la réforme territoriale du pays. Notamment, le projet de loi relatif à la délimitation des régions traduit une modification profonde de notre architecture institution-nelle.La création de grandes régions, mais aussi la disparition programmée de l’échelon départemental ou encore le regroupement des communes à marche forcée, peuvent susciter des

opinions contraires. Mais il est cer-tain que les enjeux de cette nouvelle organisation territoriale sont tels qu’ils représentent un changement majeur dans l’histoire de notre République.Les implications pour le départe-ment seront très importantes, tant en termes de financements que de compétences. Aussi, le Conseil Général de la Gironde estime qu’il ne peut y avoir un tel bouleversement territorial sans consultation des citoyens ; ce, en vertu des termes de l’article 6 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 qui précise : « La loi est l’expression de la volonté générale. Tous les citoyens ont droit de

concourir personnellement ou par leurs représentants à sa formation ».Celle-ci a d’ailleurs été préconisée par le Sénat, assemblée dont le rôle constitutionnel est la représentation des collectivités territoriales de la République, qui a estimé qu’un « référendum relève d’une véritable obligation démocratique ».En conséquence, le Conseil Général de la Gironde demande au Gouver-nement de proposer à Monsieur le Président de la République, confor-mément aux dispositions de l’article 11 de la Constitution, d’organiser un référendum sur la réforme ter-ritoriale. »

CONSEIL GÉNÉRAL DE LA GIRONDE

Motion en faveur d’un référendummise en débat

SÉNATEURS DU GROUPE CRC

Pour le rassemblement de tous ceux qui veulent construire une politique de gauche

RÉFORME TERRITORIALE

ELECTIONS CANTONALES

C’est aussi l’austérité pour la démocratie L’article 46 du projet de Loi de finance, déposé à l'Assemblée nationale le 1er octobre par le gouvernement, prévoit pour les élections cantonales de mars 2015, de supprimer l’envoi postal au domicile de chaque électeur des professions de foi et des bulletins de vote des candidats, et de le remplacer par une publication sur Internet.Décidément pour ce gouvernement tout est un coût : le travail, la famille, la santé, les collectivités territoriales et maintenant l’expression de la démocratie, l’égalité des citoyens devant le suffrage universel. Après l’austérité économique et sociale, voici l’austérité démocratique.Ces élections départementales, en raison du nouveau mode scrutin, du charcutage électoral des cantons et du « coup d’Etat » contre les départements, risquent de connaître une abstention record. Il est donc singulier de voir le gouvernement prendre des dispositions qui vont démobiliser encore plus l’électorat. On peut s’interroger si au fond, ce n’est pas l’effet escompté !Il est vrai qu’alors que l’exigence populaire d’un référendum sur l’avenir des départements grandit dans le pays, les élections départementales s’annoncent particulièrement catastrophiques pour le couple Valls-Hollande.Le Parti communiste français demande solennellement à Manuel Valls de retirer l’article 46 de son projet de Loi de finance en raison de son caractère attentatoire à la démocratie et à l’égalité des citoyens devant le suffrage universel.

RYTHMES SCOLAIRES

Non pérennisation du fonds d’amorçage dans le PLF 2015L’Association des petites villes de France (APVF) a saisi la ministre de l’Éducation pour lui faire part de la vive inquiétude de ses élus à propos de la non pérennisation du fonds d’amorçage pour les rythmes scolaires à partir de la rentrée scolaire 2015-2016.En effet, l’APVF a appris, à la lecture de l’article 55 du PLF 2015, que le fonds d’amorçage ne sera pas maintenu pour toutes les communes à partir de la rentrée 2015 et que seule sa composante majorée destinée aux communes éligibles à la dotation de solidarité urbaine (DSU) ou la dotation de solidarité rurale (DSR) sera prorogée.Cette disposition, prise en l’absence de toute concertation avec les associations d’élus, est particulièrement inquiétante dans un contexte où les collectivités locales voient leurs dotations diminuer de 11 milliards d’euros pour les trois prochaines années.Elle contribue également à une forte instabilité des règles financières, rendant très difficile l’élaboration des budgets locaux à venir, et risque de mettre en péril la réforme des rythmes scolaires dans de nombreuses communes, aggravant ainsi les inégalités sur l’ensemble du territoire.C’est pourquoi l’APVF réitère sa demande à la ministre de l’Éducation nationale de pérenniser le fonds d’amorçage pour l’ensemble les communes et insiste sur l’importance d’apporter une réponse urgente à tous les élus locaux qui préparent aujourd’hui la prochaine rentrée scolaire.

Déclaration des élus/élues du groupe communiste républicain et citoyen au Sénat. (extraits)

« (…) Les promesses non tenues depuis des décennies, les vives déceptions après les grands espoirs de 1981, de 1997, mais aussi après le référendum de 2005, [et main-teant du président Hollande], sont … à la source de cette grave perte de confiance [qui] ouvre le chemin aux démagogues, à ceux qui pour conquérir le pouvoir, dressent ceux qui souffrent les uns contre les autres, plutôt que les unir face aux puissances financières. (…)

Le pacte de responsabilité, les ca-deaux massifs au patronat, la réduc-tion des dépenses publiques comme seul projet de société, entraînent un rejet massif de la population. Le choix de l’austérité dictée par la BCE et l’Allemagne est en contradiction totale avec l’espérance des électeurs de 2012. (…)

La réforme territoriale en cours, qui reprend celle enclenchée par Nicolas Sarkozy, pourtant combattue alors par le Parti socialiste, organise la déstructuration de l’architecture républicaine de nos institutions. Couplée avec la réduction drastique des moyens des collectivités terri-toriales, c’est une menace mortelle pour nos services publics, pour les piliers du modèle social français que sont les collectivités territoriales.

La préservation des départements et des communes est une exigence politique et sociale majeure. Les sénateurs du groupe CRC esti-

ment indispensable de consulter le peuple sur un projet de cette ampleur. (…)

L’heure est venue de la construc-tion d’une politique alternative à gauche qui s’inscrive dans le monde d’aujourd’hui. (…)

Les sénatrices et sénateurs du groupe CRC porteront la nécessité d’un retour de la puissance publique pour contrer la dictature des marchés financiers et l’influence néfaste des agences de notation. Le rôle et la conception actuelle de la Banque centrale européenne doivent être remis en cause. [Ils] agiront pour une refonte de la fiscalité permettant une juste redistribution des richesses.

Conscients des nouveaux enjeux écologiques, éthiques, démocra-tiques qui pèsent sur le devenir de notre société, [ils] sont convaincus de la nécessité d’inventer un nouveau mode de développement (…).

Leur ambition est d’agir pour la justice sociale, la défense des libertés et des droits fondamen-taux tels que :

Considérant que rien ne se fera sans l’intervention du peuple lui-même, ils associent les organisations syndi-cales, les associations et les citoyens à leur travail législatif.

Opposants déterminés à la prési-dentialisation du pouvoir, ils sont convaincus que la clé du change-ment est dans la participation du peuple dans le débat public, dans la vie économique, sociale et dans la vie politique. (…) Ils proposent

de développer davantage les incom-patibilités entre fonctions ou pro-fessions et mandats électoraux. (…)

Ils pensent que la démocratie doit être refondée et se prononcent pour une nouvelle République citoyenne et sociale, pour une VIème République portant la jus-tice sociale et le progrès en son cœur.

Ils se prononcent pour une ré-forme importante d’un Sénat démocratisé, pluraliste, divers et transparent dans son organisa-tion et sa gestion.

Page 6: Nouvelles N°2068

6 • Les Nouvelles 16 octobre 2014

INTERNATIONAL

DIPLOMATIE

Quand la Turquie et la France ignorent les Kurdes

PRÉSIDENTIELLE EN BOLIVIELe PCF salue la victoire d'Evo MoralesPour la troisième fois, une grande majorité des Boliviens a exprimé son souhait d'aller plus loin dans les transformations qui ont redonné à la Bolivie la maîtrise de ses richesses, utilisées aujourd’hui pour le développement humain. Plus d'un demi-million de personnes a pu sortir de la pauvreté grâce à l'action déterminée du gouvernement qui a permis l'accès à l'éducation, à la santé et à une retraite digne.Le Parti communiste français a adressé ses plus chaleureuses félicitations au président Evo Morales Ayma, au vice-président Alvaro Garcia Linera, au peuple bolivien et réaffirme sa solidarité avec la révolution démocratique et culturelle qui entre dans une nouvelle étape renforcée par les résultats de cette élection.

GAZA Entre reconstruction et obstructionUne réunion internationale des donateurs s’est tenue le 12 octobre au Caire pour remettre debout un territoire détruit par cinquante jours de guerre. Mais le maintien du blocus israélien va ralentir l’arrivée de l’aide promise.La communauté internationale s’apprête à sortir son carnet de chèques pour réparer les dégâts causés par l’armée israélienne dans la bande de Gaza. Au total, une cinquantaine de pays étaient représentés, Israël figurant parmi les grands absents.Selon le document de 76 pages de l’Autorité palestinienne sur la reconstruction de Gaza, la plus grande partie de l’argent doit servir à bâtir des habitations. L’Agence de l’ONU pour l’aide aux réfug iés pa lest in iens (UNRWA) a demandé 1,6 milliard de dollars aux donateurs, «  la demande la plus importante présentée par l’UNRWA en 64 ans d’existence », a indiqué son porte-parole.

ROYAUME UNIGrève historique dans le service public de santé500 000 personnels du Service national de santé britannique (NHS) prévoyaient de cesser le travail le 13 octobre, le plus gros mouvement social enregistré dans ce secteur depuis 1982, quand le Royaume-Uni était sous la férule ultralibérale de Margaret Thatcher. Ils demandent 1 % d’augmentation de salaire.Les deux conservateurs, David Cameron, chef du gouvernement, et son ministre de la Santé, Jeremy Hunt, ont refusé d’accorder 1 % d’augmentation aux employés du NHS. 60 % des salariés du NHS et 70 % des infirmières n’auront perçu aucune augmentation de salaire en trois ans. Un refus d’autant plus injuste quand on compare ce gel des rémunérations aux performances de l’économie, avec 3 % de croissance du PIB en 2014. Le ministre de la Santé s’est défendu en déclarant que cette augmentation conduirait… à licencier 14 000 infirmières !

ÉTATS-UNIS« Nous sommes tous des Michael Brown »Ferguson et Saint-Louis ont vécu quatre jours de mobilisation pour rendre justice au jeune Noir abattu et contre le regain de la ségrégation raciale.La résistance grandit pour exiger que justice soit rendue à Michael Brown, jeune Afro-Américain de 18 ans abattu de 6 coups de feu il y a deux mois à Ferguson, dans la proche banlieue de Saint-Louis, à la suite d’une altercation avec un policier blanc et alors qu’il n’était pas armé. Pendant 4 jours, des syndicalistes, des associations de défense des droits de l’homme, des droits civiques, des militants pacifistes, des prêtres, des citoyens se sont mobilisés pour un « octobre de Ferguson », montrant leur détermination « à ne pas se résigner à l’inacceptable ». Une manifestation qui a rassemblé, le 11 octobre, plusieurs milliers de personnes dans le centre de Saint-Louis. Emmenée par les jeunes Afro-Américains de Ferguson, regroupés au sein de l’alliance Hands up, don’t shoot (« Mains en l’air, ne tirez pas »), l’émotion était d’autant plus forte qu’à la veille de cette mobilisation, jeudi, un autre ado de 18 ans a été victime des tirs d’un policier (voir l’Humanité du 10 octobre).

Les Kurdes rejettent l’idée d’une zone tampon proposée par An-kara et soutenue par Paris. Pierre Laurent a interpellé Laurent Fabius afin de retirer le PKK de la liste des organisations « ter-roristes ».Paris et Ankara, qui font de la chute du régime syrien leur priorité, sont d’accord pour la création d’une zone tampon à la frontière nord de la Syrie. La proposition turque, appuyée par le chef de l’État, était au cœur de la rencontre à Paris le 10 octobre entre Laurent Fabius, chef de la diplomatie française, et son homologue turc, Mevlut Cavusoglu. Cette proposition avait déjà été avan-cée par Paris en 2012. À l’époque, pensant rééditer le scénario libyen ayant conduit à la chute de Kadhafi, Paris proposait l’installation d’une zone d’exclusion aérienne dans le nord de la Syrie afin d’y installer un gouvernement provisoire syrien et faire de cette zone le point de départ d’une offensive des insurgés syriens contre le régime de Damas.

Cette idée de zone tampon, qui n’est « pas à l’étude », selon Washington, se heurte à l’opposition des Kurdes pour qui il n’est pas question que la Turquie soit juge et partie sur un territoire qui n’est pas turc, et que les Kurdes syriens soient régis par les lois turques qui nient l’identité kurde. Enfin notons que, pour les États-Unis, « la Turquie est bien placée pour contribuer aux efforts de la

coalition pour vaincre l’“EI” : coopération militaire,

blocage des finan-cements du terro-

risme, juguler le flot de combat-tants étrangers, fournir une as-sistance huma-nitaire et délégi-timer l’idéologie

extrémiste de l’“EI” ».

Entendre : Ankara doit s’impliquer da-

vantage dans la lutte contre les djihadistes, no-

tamment à Kobané. Et pour ce faire, Washington a dépêché

une délégation militaire à Ankara.

En attendant que ces tractations diplomatico- militaires aboutissent, non seulement Kobané risque de tomber entre les mains de l’“EI”, mais Washington et ses alliés conti-nuent à ignorer le Parti de l’union démocratique (PYD, kurde syrien), acteur principal du combat anti-djihadiste, sous le prétexte fallacieux qu’il serait la branche syrienne du Parti du travail du Kurdistan (PKK) qualifié de « terroriste ». À ce sujet, le sénateur communiste Pierre Laurent a adressé une ques-tion au ministre des Affaires étran-gères rappelant que « les Kurdes et leurs représentants politiques constituent (...) les principaux remparts contre le djihadisme », déplorant que « le PKK et le PYD ne bénéficient d’aucune aide » et qu’« ils n’ont pas été invités à la conférence de Paris ». Aussi a-t-il demandé que l’on « retire le PKK de la liste des organisations terroristes, sanctionne les États complices de la terreur islamiste, dont la Turquie » et qu’on « fasse bénéficier les réfugiés kurdes, notamment, des droits inhérents à leur statut ».

Le PCF lance une pétition adres-sée à François Hollande, président de la République Française« Depuis plus d’un mois les Kurdes syriens de Kobanê résistent, avec un courage admirable, aux hordes surarmées de l’Etat Islamiste. Le PYD et le PKK, après avoir sauvé les yézidis, demeurent les principaux remparts de la liberté contre la bar-barie djihadiste.Abandonnés par la communauté internationale, ils doivent faire face à l’hostilité de la Turquie qui arme le bras des assassins, rêve de détruire Rojava, bloque à sa frontière l’aide humanitaire et les combattants de la résistance.Erdogan déchaîne la répression

contre les Kurdes de son pays dont 34 viennent de trouver la mort tan-dis que les bombardements contre les bases du PKK reprennent. La duplicité de la Turquie, membre de l’OTAN et de la coalition, éclate chaque jour davantage.Un massacre de l’ampleur de celui de Sinjar a débuté dans l’indifférence générale.Il est une chose de s’émouvoir sur le sort des Kurdes et il en est une autre d’agir.M. le Président de la République, les kurdes qui se battent pour les valeurs universalistes des droits humains, s’indignent de votre politique.- Renoncez à vous aligner sur la politique Erdogan qui voudrait

imposer sa loi dans une prétendue « zone tampon » que vous êtes seul à soutenir.- Armez les combattants kurdes afin qu’ils puissent se défendre contre l’artillerie lourde de l’EI- Agissez pour retirer le PKK de la liste des organisations terroristesM. le Président de la République, l’honneur de la France est d’être aux côtés de la résistance kurde. »

Parti communiste français

Lien de la pétition sur :www.nbso.fr

ou renvoyer à PCF 3315, rue Furtado 33800 Bordeaux

PÉTITION

Il faut sauver Kobanê et soutenir la résistance Kurde

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Les Nouvelles 16 octobre 2014 • 7

PCF

Bassin d’ArcachonVendredi 24 octobre de 17h à 21hElle sera précédée de réunions des cellules sur la situation de rentrée et la préparation de la conférence nationale du PCF des 8 et 9 novembre. Plusieurs points de rencontre et débats sont prévus pour approfondir la réflexion collective de la section notamment. Dates et thèmes à venir.

BèglesVendredi 24 octobre de 18h30 à 21h30siège de la section 12, rue du Prêche

Afin de contribuer à la réflexion, aux débats et décisions, les communistes béglais tiendront des réunions des adhérents dans chaque grand quartier jusqu’au 23 octobre, à partir de l’ordre du jour de la conférence nationale.3 grands axes ont été proposés par le conseil national : lutte contre le coût du capital et le gâchis de la finance ; refondation de la démocratie, pour une 6e République ; cultiver la paix et reconquérir une parole souveraine de la France pour changer l’Europe et le monde.Les communistes béglais sont invités, dans chaque quartier, à décider et tenir des ini-tiatives politiques (projection/débat, points rencontres, pétitions, repas…) ainsi que des initiatives financières de soutien au financement du PCF (collecte, loto, bourriche, etc.).

CONFÉRENCES DE SECTIONSPRÉPARATOIRES À LA CONFÉRENCE NATIONALE

BordeauxJeudi 16 et Mardi 21 octobre de 18h30 à 21h, au 15 rue Furtado à BordeauxA l’ordre du jour : Analyse de la période politique. Démarche de rassemblement des communistes pour une politique, une majorité et un gouvernement de gauche. Relance du Front de gauche. Déploiement de campagnes d’action. Travail national sur le projet. Pré-paration des échéances électorales de 2015. Election des délégués à la conférence nationale.

Rives de DordogneVendredi 24 octobre 18h30Local de section 2 bis rue Largeteau

Rive DroiteJeudi 23 octobre 18h/22hMaison des associations rue du 8-Mai-1945 à CENON(avec pause casse-croûte)

MérignacSamedi 25 octobre de 14h à 19hMaison des Associations

CoutrasVendredi 17 octobre 18h30Salle des Associations à Saint-Denis de Pile

Ordre du jour de la Conférence nationale des 8 et 9 novembrehttp://www.pcf.fr/59090@

Saint MacaireMardi 21 octobre 18h30 Local de section

Le conseil départemental réuni le 8 octobre, a fixé l’ordre du jour de la conférence départementale du PCF 33 en invitant les commu-nistes girondins à une préparation collective, en réflexion et en actes sur le terrain. La conférence pré-paratoire à la conférence nationale reprend l’ordre du jour national et met en place 6 ateliers.Point d’étape sur les initiatives en cours et la démarche de rassemble-ment pour une politique, une majo-rité et un gouvernement de gauche ; relance du Front de gauche ; déploie-ment des campagnes d’action ; travail sur le projet ; préparation des échéances électorales de 2015.6 ateliersIls permettront d’élargir l’impli-cation des communistes sur la construction du projet.1. Relancer l’activité et l’emploi par la satisfaction des besoins (salaires, revenus, protection sociale, services publics, santé, logement, transports...). 2. Faire reculer le coût du capital pour financer le développement du progrès humain et la relance sociale (financement, banques, cotisations sociales, crédit, réforme fiscale...).2. Promouvoir un nouveau mo-dèle productif et assurer la tran-sition écologique (industrie, agri-

culture, énergie, écologie, services publics, numérique, ESS...).3. Ouvrir une nouvelle ère ci-toyenne de la démocratie dans les institutions, les territoires, les entreprises. Transformer le travail, l’entreprise pour transformer la société.4. Des droits nouveaux au service de l’épanouissement humain (com-bat féministe, jeunesse, migrants, droits des salariés, discrimina-tions...).5. Refonder l’Europe, transfor-mer la mondialisation ; Le rôle de la France, de l’Europe pour la paix, le développement et la coopération.6. Education, savoirs, culture comme conditions pour l’émanci-pation humaine.DéroulementVendredi 31 octobre• Analyse de la situation politique• Démarche de rassemblementSamedi 1er novembreMatinée- Point d’information et de discus-sion sur les cantonales- Ateliers. Des comptes-rendus écrits seront faits et un appel à par-ticipation et animation dans le parti sera lancé.

Après-midi3 campagnes d’actions • Contre l’austérité, pour la satis-faction des besoins.• Pour une refondation de la répu-blique, la démocratie comme le but et le moyen du progrès de société.• Le rôle de la France dans le monde, promouvoir une culture de paix, lancement de la campagne de libé-ration des prisonniers politiques palestiniens.

CONFÉRENCE DÉPARTEMENTALE GIRONDE

Point d’étape et 6 ateliersVendredi 31 octobre et Samedi 1er novembre

23ÈME GRAND PRIX CYCLISTE DE L’HUMANITÉ

L’événement sportif du week endSamedi 18 octobre, stadium vélodrome de Bordeaux-LacTARIFSENTRÉE 14 € - GRATUIT jusqu’à 15 ans

Billets en vente exclusivement lors du Grand Prix TARIF RÉDUIT avec un Bon de soutien

Auprès des militants sur vos marchés, initiatives publiques, assemblées citoyennes… ou au siège du PCF - Fédération de la Gironde - 15, rue Fur-tado - 33800 BordeauxSite : http://www.gphumanite.frMail : [email protected]

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En transports en commun : Tram ligne C (arrêt "les Aubiers"), puis la ligne de bus 37, arrêt "Antennes sportives".

En voiture : Sortie 4 "Bordeaux Lac" de la rocade (A630).

Tout le programme : www.gphumanite.fr et www.usvc.fr@

Nord MédocSamedi 18 octobre 9h/12hSalle du Pays Médoc à SAINT-LAURENTen face de la salle des fêtesUn nouveau

trésorierJean-pierre Sanguigne ayant

exprimé depuis de nombreux mois le souhait de «passer l e t é m o i n » , l e c o n s e i l départemental a élu Nicolas Ong, nouveau t résor ie r départemental.

Conférence départementale du PCF 33 31 octobre et 1er novembreNombre de délégués par section : 1 + par tranche de 25 adhérents.

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8 • Les Nouvelles 16 octobre 2014

Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 eurosAssociés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. LabordeDirecteur de la publication : Frédéric MellierAbonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 eurosRédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest15, rue Furtado - 33800 BORDEAUXTél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : [email protected]é : [email protected] - Redaction/Proposition d’article : [email protected] paritaire de presse : 0113 C 85932

MÉMOIRE VIVE

AVIS DE CONSTITUTION

Avis est donné de la création d’une EURLDénomination : PECHEUXSiège social : 1 Allée du Clair Logis 33700 MérignacCapital : 500 €Objet : Paterie-PeintureDurée : 99 ans à compter de l’immatri-culation au RCI de BordeauxGérant : Mme PECHEUX Sabrina de-meurant 1 Allée du Clair Logis apt 10 33700 Mérignac

Pour avis,

ANNONCES LÉGALES

ARAC PESSAC

Hommage aux époux ReyraudDimanche 26 octobre 11 h, stèle du souvenir, Pessac Saige-FormanoirL'association invite à la Cérémonie commémorative, clôturée par un vin d'honneur offert par la muni-cipalité. * Association Républicaine des Anciens Combattants et victimes de guerre, des combattants pour l'amitié, la solidarité, la mémoire, l'antifasciste et la paix

Samedi 11 octobre, sur le parvis derrière l’église, on pouvait croi-ser à Saint-Pierre d’Aurillac, des membres du conseil municipal s’activant autour du monument aux morts, le pinceau à la main pour faire renaître les noms gravés dans la pierre, que le temps et les intempéries avaient peu à peu effacés.« Il y a ces noms mais qui les connaît ? interroge le maire, Stéphane De-noyelle. Il y a cent ans, la jeunesse du village partait dans une boucherie incroyable à l’Est et au Nord du pays. Beaucoup ne sont pas revenus, endeuillant l’ensemble du village. Il nous semblait important de redonner vie, en quelque sorte, à tous ces hommes partis sur les champs de batailles loin-tains. » Le monument a retrouvé une dignité. À ses pieds s’étale une colombe. « Cela nous rappelle à quel point la guerre est une horreur et à quel point il faut préserver la paix absolument », ajoute le maire.Et comme les grands esprits se ren-contrent, l’association InVideoVeri-

tas propose un travail de mémoire sur les soldats morts à la guerre de 14-18 dont le nom est inscrit sur le monument aux morts de Saint Pierre d’Aurillac, dans le cadre de la commémoration de la guerre 14-18. Elle invite les habitants à entrer dans ce travail de recherche pour montrer la férocité de cette guerre, se rappeler les noms, les visages, leurs familles, les conditions de leur mort. Un premier temps de collecte est organisé avec les familles encore présentes dans le village, les aînés, l’école, le centre de loisirs, la mairie,

la petite médiathèque, InVideoVeri-tas, les personnes et les associations intéressées, samedi 25 octobre à 10h30 à la Mairie. Une exposition sur la première guerre mondiale sera également présentée à la petite médiathèque.

Christelle DanglotVidéo sur youtube/Francis Lacroix/ Samedi 10 octobre 2014 à Saint-Pierre d’Aurillac

https://www.youtube.com/watch?v=a2GgRfSh8Cs&feature=share

Les familles de fusillés, l’associa-tion du Souvenir des Fusillés de Souge - dont le président Georges Durou, l’ANFFMRFA, la LICRA 33, l’ANCAC, l’ANACR, l’ARAC, la CGT, le PCF, la FSU, le Consis-toire israélite de la Gironde -, invitent à la cérémonie qui rassem-blera les autorités civiles et mili-taires* sur les lieux d’exécution.14h30. Accueil des familles, che-minement dans le Mémorial, ac-compagnement musical par MM. Nemtanu et Jean Bataillon, accueil des autorités.14h45. Mise en place des porte-drapeaux.15h. Cérémonie aux couleurs. Allo-cutions. Appel aux morts. Dépôt de gerbes. Hommages aux drapeaux.16h. Salut et remerciement aux porte-drapeaux. 16h15. Dépôt de gerbes à la première enceinte.16h45. Dépôt de gerbes au monu-ments aux morts de Martignas.

BUS de l’UD-CGT 33 au départ de Bègles13h15. Eglise St-Pierre de Bègles - Passage av. Jeanne d’Arc, rue du Mal de Lattre de Tassigny, rue Calixte Camelle13h20. Mairie de Bègles - Passage rue Léon Gam-betta, avenue Lucien Lerousseau13h25. Poste de Bègles - Passage cours Victor Hugo13h30. Barrière de Bègles13h35. Barrière de Toulouse - Pas-sage cours de la Somme, place de la Victoire, cours Aristide Briand13h45. Bourse du Travail - Passage cours d’Albret, cours du Maréchal Juin, rue du Général de Larminat13h55. Barrière St-Augustin - Passage sur boulevard Antoine Gauthier14h00. Barrière Judaïque - Direction Mérignac Centre - Passage av. de la République, av. d’Arès, av. de Mérignac, av. de Verdun, av. de l’Yser, avenue des Marronniers.Direction Martignas sur Jalles.17h00. Retour sur Bordeaux (même itinéraire)

SAINT PIERRE D’AURILLAC

Passage de mémoire et culture de Paix

70ème ANNIVERSAIRE DES FUSILLADES DE SOUGE

Savoir, se souvenir et résisterDimanche 26 octobre, 14h30, au camp militaire de Souge, Martignas s/Jalles

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Début septembre, la mode était, dans les sphères du pouvoir, à la dénégation de toute forme d’austérité. Valls affirmait sur France2, le 26 août, avec l’aplomb hautain qu’on lui connait et au mépris de toute réalité, « nous ne menons pas une politique d’austérité » mais de « sérieux budgétaire ». Il se trouvait un économiste de cour, comme il y en a toujours un, pour confirmer ne voir «  rien qui ressemble à l’austérité  »... Pensez donc, on n’a pas baissé les salaires et les retraites de 15% comme en Grèce ! De quoi se plaint-on ? C’est justement l’avis de M. Henri de Castries, grand manitou d’AXA et du CAC40, gratifié d’une page entière dans le Monde (27.08.2014) et d’une grande photo, costume chic, belle cravate, brushing avantageux, bref un parois-sien dont on devine qu’il ne s’inquiète pas vraiment pour son pouvoir d’achat... Si seulement il sait ce que ça veut dire... Ce qu’il sait, par contre, c’est qu’il n’y a pas une politique d’austérité mais de « saine gestion ». Il défend, quelle surprise, les dividendes des actionnaires comme « rémunération du risque » : formule creuse, le risque, on le sait bien, est quasi inexistant sauf à pal-per un peu moins un an ou deux... Il connaît l’origine de nos maux et demande de s’attaquer à la « rigidité du code du travail » et au « mode d’indemnisation du chômage ». Original ! Salauds de pauvres ! Les ministres Rebsamen et Macron en sont bien d’accord... M. de Castries nous rappelle opportunément la réalité de la lutte des classes : des actionnaires qu’il faut choyer ; des chômeurs qu’il faut surveiller et punir. Sans parler de sa propre situation : son indemnité de départ d’AXA prévoit 4,5 millions d’euros, c’est moins que Riboud de Danone (6 millions) mais plus que ce pauvre Margerie de Total dont on se demande s’il va pouvoir survivre avec ses malheureux 810 250 euros (l’Humanité, 27.12.2013).

M.de Castries défend, bien entendu, la politique menée en Allemagne, lui prêtant +1,8% de croissance (ce qui est faux, on va le voir) et raille ceux qui la critiquent, ils auraient la « crédibilité du cancre assis au dernier rang de la classe  »... Ce cancre, entre autres, il porte un nom : Christopher Sims, Prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel (il n’y a pas de prix Nobel d’économie) lequel affirme : « la politique de l’Allemagne aggrave la crise » (le Monde, 23.08.2014). Je crains que le cancre, aussi bien rému-néré soit-il, ce soit, en l’occurence, M. de Castries  ! Quant à la croissance, un document de la Commission de Bruxelles, révélé par l’Humanité (20.11.2013), chiffrait les effets cumulés de l’austérité en Europe à une perte de 3,5 points de croissance sur le produit intérieur brut pour l’économie allemande. Il est de plus en plus clair, et il n’y aura bientôt plus que M. de Castries pour l’ignorer, que le « modèle allemand » est en perdition : pauvreté de masse, précarité des emplois, dépendance aux exportations alors qu’en Europe en particulier, les autres pays ne peuvent acheter, faiblesse démographique, réveil de la revendication salariale...

A vrai dire, M. de Castries et ses pareils n’en ont rien à faire du « modèle allemand », tout ce qu’ils veulent, c’est assassiner le modèle français. Qu’y a-t-il der-rière les grandes orgues patronales sur le « coût du travail » ? Une trivialité mise au jour il y a longtemps par la théorie marxiste, à savoir l’exigence d’une part toujours plus grande pour le capital -ce qu’on appelle le profit- de la plus-value créée par le travail. Le modèle français de protection sociale permet de préserver institutionnellement, sous forme de salaire différé, une fraction importante de la part de plus-value rétrocédée aux salariés. C’est insupportable  ! Faute de pouvoir encore s’attaquer trop ouvertement au salaire direct, on va donc s’en prendre au salaire indirect... D’où tout le prêchi-prêcha sur un modèle «  dépensophile  » et l’austérité-nécessaire-qui-n’existe-pas visant l’institu-tion de la précarité comme mode de vie et de travail, le renforcement de l’exploitation, l’insulte contre les chômeurs qu’on a fabriqués et la haine contre les fonctionnaires qu’on veut transformer en chômeurs, l’abaissement du service public pour mieux en livrer les prébendes au privé (voir les autoroutes) et d’une façon générale la perpétuation d’une société fondée sur des inégalités massives et exponentielles où des oligarques à la de Castries, appuyés sur une noblesse d’Etat à la Hollande, formateraient la vie de la foule des sous-citoyens précarisés, résignés, sans avenir autre que la soumission à des lois « du marché » fixées par les puissants...

Austérité et lutte des classes

CHRONIQUENOUVELLES IDÉES REÇUESpar Gérard Loustalet Sens

http://www.fusilles-souge.asso.fr@