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NUCLÉAIRE FIN DU PETROLE NUCLÉAIRE NOS ANTISÈCHES CONTRE TOUS LES BOBARDS CONSO Poulets bio vos papiers ! EXCLU L’agenda vert de 2012 ÇA COMMENCE MAINTENANT Belgique, Luxembourg, Portugal «Cont.» : 5,90 euros - Suisse : 9,80 FS Canada : 10,25 $C - DOM : 5,70 euros Faut-il vraiment un candidat écolo ? POLÉMIQUE Faut-il vraiment un candidat écolo ? LESTER BROWN LESTER BROWN CET HOMME A UN PLAN B POUR LA PLANÈTE

NUCLÉAIRE NUCLÉAIRE NOS ANTISÈCHES CONTRE TOUS LES … · 2017. 6. 26. · terra eco janvier 2012 7 Ce magazine est imprimé sur papier labellisé FSC® sources mixtes comprenant

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NUCLÉAIRE

FIN DUPETROLE

NUCLÉAIRE NOS ANTISÈCHES CONTRE TOUS LES BOBARDS

CONSO Poulets bio vos papiers !

EXCLU L’agenda

vert de 2012

ÇA COMMENCE MAINTENANT

Belgique, Luxembourg, Portugal «�Cont.�» : 5,90 euros - Suisse : 9,80 FSCanada : 10,25 $C - DOM : 5,70 euros

Faut-il vraimentun candidat écolo ?

POLÉMIQUE Faut-il vraimentun candidat écolo ?

LESTER BROWN LESTER BROWN CET HOMME A UN PLAN B POUR LA PLANÈTE

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terra eco janvier 2012 3

Hollande, Sarkozy, Joly… et les colibrisPar Walter Bouvais, directeur de la publication

Et si, en ce début 2012, nous oubliions les candidats à la présidentielle ? Cela

n’est pas une provocation mais une suggestion tirée d’un double constat. Primo, les « grands » médias se chargeront de toute façon de nous engloutir sous un torrent

de sondages inutiles, de petites phrases stériles et de débats attendus. Secundo, la panne d’imagination qui touche nos édiles n’a que peu de chances de cesser avec cette élection. L’organisation du « débat public » privilégiera les bulles médiatiques – traitements en boucle de l’affaire DSK, de faits divers sordides, de conférences de presse creuses, de doubles et triples A… – à la pédagogie sur un monde complexe et sur l’innovation sociale et environnementale.De ce point de vue, 2012 risque de ne pas être très différente de 2011, 2010… A force de ressasser les mêmes sujets, de recycler les mêmes chroniqueurs, notre petit milieu économico-politico-médiatique s’épuise et, pis, devient un frein au progrès sociétal. Ce que résume parfaitement l’infatigable entrepreneur social Hugues Sibille : « Les échecs de nos sociétés viennent souvent d’une éthique insuffisante des dirigeants. Les politiques sont pris par la toxicomanie du pouvoir, les journalistes par celle de l’image, les dirigeants économiques par celle du profit. » (1)

Pourtant, pas si loin des feux de la rampe, poussent des initiatives et des idées innovantes. L’ancien président d’Emmaüs France, Martin Hirsch, propose ainsi de rétablir des droits de succession pour financer une dotation d’autonomie au profit des jeunes démarrant dans la vie active. Ces jeunes, qui sauront, par leurs idées neuves, contribuer à la transition écologique de l’économie. Ailleurs, les économistes de l’énergie Gaël Giraud, Patrick Criqui, Alain Grandjean et Cédric Philibert suggèrent des solutions réalistes pour financer un gigantesque chantier d’indépendance énergétique européenne avec, à la clé, des créations immédiates d’emplois (2).

les plans d’un monde nouveauL’expert en politiques environnementales Pierre Radanne explique souvent que l’on pourra opérer un changement de civilisation le jour où l’on aura en main les plans d’un monde nouveau. Aujourd’hui, ces idées existent, c’est une excellente nouvelle. Et, puisque les plateaux de télévision ne leur sont pas – encore – ouverts, comptez sur nous, parmi d’autres bien sûr, pour les mettre en lumière. C’est notre part du colibri (3), ce petit rien qui, engagé collectivement, peut donner beaucoup.Nous vous souhaitons une très belle année 2012. —

(1) « La voie de l’innovation sociale » (Rue de l’échiquier, 2011). (2) Lire leur contribution sur lemonde.fr : www.bit.ly/vYJTVO(3) A (re)lire, la légende amérindienne du colibri, popularisée par le penseur et agriculteur Pierre Rabhi : www.colibris-lemouvement.org

siMoN BartHÉlÉMY (Dossier)Né au pied du Larzac

et de ses brebis,

Simon Barthélémy

a été élevé sous la mère

à coup d’actions

pacifistes, écolos puis altermondialistes.

Après avoir coopéré au Brésil, animé

la revue critique EcoRev’ et travaillé

– c’est du moins ce qu’il prétend –

à France 3 et à l’Agence France Presse,

il est aujourd’hui correspondant à Paris

du quotidien régional L’Alsace. Et il tente

inlassablement depuis la naissance

de Terra eco, en 2004, de refourguer

à la rédaction ses articles et analyses

pseudo-subversifs.

ils ont participé

flore

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sur

un -

tend

ance

flou

e

éditorial

FraNÇois suPiot (Nouvelle)Né en 1969, François

suit les cours de l’Ecole

supérieure d’Arts

graphiques à Paris puis

exerce son métier de

graphiste en continuant à peindre et à faire

évoluer un travail personnel commencé en

1988. En 1999, il se lance dans l’illustration

en mêlant peinture, collage et travail

numérique. Il est publié dans la presse

(Libération, Stratégies, Le Monde, La Vie…)

et dans des parutions de l’Institut national

de la propriété industrielle et du CNRS. Il

est notamment l’auteur de Monsieur Coco Picostrollâme a disparu (Didier, 2002).

www.supiot.com

PlaCiD (Dossier)Depuis les années 1980,

Placid a dessiné pour

des dizaines de supports

de presse en kiosques

(Libération, L’Humanité,

SVM Mac, Penthouse,

Nova magazine, Liaisons sociales, etc.) ou

plus alternatifs (Lapin, Ferraille, Irreverent, Bilan provisoire…). Il a exposé pas mal

aussi – des dessins, des peintures –

(galeries Monte en l’air ou Gilet à Paris,

rétrospective à Pau et à Nancy).

Il fait également du dessin animé

et de la bande dessinée… On peut voir

700 de ses images (à ce jour) sur

le site suivant :

www.toutplacid.tumblr.com

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4 janvier 2012 terra eco

Faisons le tri dans vos métrosEn France, les déchets sur les quais sont-ils triés ? Recyclés ? Voici les premiers résultats de notre enquête participative.

terra responsable

Le mois dernier, nous vous demandions de nous aider à inspecter les dispositifs de tri dans vos métros. D’abord, merci à vous qui participez

à cette enquête au long cours. Alors que vos contributions continuent de nous parvenir, voici un premier état des lieux. Dans l’ensemble, il n’est guère reluisant. On trie peu dans les métros français, où l’on compte pourtant 2 milliards de voyages par an (1). Seul bon élève, Toulouse, où l’on trie un peu. Ailleurs, au mieux, le dispositif se révèle symbolique. Au pire, rien n’est prévu. Mais les lecteurs de Terra eco ne se contentent pas de constater ces défaillances. Ils proposent de passer à l’action. Une des idées avancées consisterait à mettre à profit les rames de métro, par exemple en fin de service, pour embarquer et évacuer les déchets – triés – de la journée. Autre suggestion : installer des compresseurs de canettes sur les quais. Nous poursuivons nos investigations et ouvrons la boîte à idées, avec vous. Vous pouvez nous laisser un message à cette adresse : www.terraeco.net/a40499.html

(1) Chiffre 2009

dr

Rennes (29 millions de voyages sur 9,45 km de lignes)

Impossible de trier à Rennes,

disent Dwalan et Gab. A

Rennes métropole, on assure

pourtant qu’il existe des

poubelles de tri. Mais de toute

façon, le débat est clos : le

dispositif est pour l’instant

en « phase de test »… et les

déchets sont mélangés.

Toulouse (84 millions de voyages et 28 km de lignes)

Le réseau Tisseo est le seul à déclarer un volume significatif

de déchets triés. Sur les 5 tonnes collectées par jour

– surtout des journaux – environ 20 % seraient recyclées.

Pourquoi si peu ? Parce que les voyageurs confondent

souvent les sacs de tri avec les poubelles classiques, assure

Tisseo. Aucun lecteur toulousain n’a pour l’instant témoigné.

Mazette ! Des volontaires ?

Paris (1,5 milliard de voyages sur 202 km de lignes) A Paris, on trie… pour rien. Ou juste pour

le symbole. En fin de journée, le contenu des poubelles

classiques et celui des jaunes (pour le tri) sont

joyeusement mélangés. Et ce, depuis 2006. Alors que 50 %

à 60 % des 10 000 tonnes annuelles de déchets du métro

sont valorisables, seulement 3,5 % trouvent

une seconde vie. Une expérimentation est toutefois

en cours dans les stations du 14e arrondissement.

Lille (45 km de lignes et 96 millions

de voyages)Plusieurs lecteurs nous

signalent la présence de

caisses au sol destinées

à recevoir les journaux.

Mais, précise Bobif,

« très rapidement, 

elles se transforment 

en poubelles à ciel 

ouvert ». Comme à

Paris, ces déchets sont

mélangés et rien n’est

trié, confirme Transpole,

le transporteur lillois.

Celui-ci n’est pas capable

de chiffrer la quantité de

déchets collectés chaque

année. « Ce chiffrage 

vient d’être intégré au 

cahier des charges des 

prestataires pour l’année 

prochaine. »

Marseille (71 millions de voyages sur 21,5 km de lignes)« Depuis le plan 

Vigipirate, les poubelles 

ne sont que des 

petits sacs plastique 

transparents, vite 

débordés », signale notre

lecteur ContreCourant.

Pas de tri dans ce métro,

nous dit Julien, ce que

la Régie des transports de

Marseille confirme, qui ne

connaît pas non plus

le volume de déchets

traités par an.

Lyon (30,2 km de lignes et 170 millions de voyages)A Lyon, explique

Isabelle, « il y a dans 

chaque station plusieurs 

poubelles destinées au 

recyclage des journaux 

gratuits distribués dans 

le métro ». Problème :

on n’y retrouve « pas 

toujours des choses 

recyclables ». Keolis,

qui exploite le réseau

lyonnais, n’est pas en

mesure d’indiquer si ces

déchets sont ou non

valorisés.

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6 janvier 2012 terra eco

Directeur de la rédaction David SolonChefs d’éditionFrançois Meurisse (papier)Karine Le Loët et Thibaut Schepman (numérique)Secrétaire de rédaction Claire Baudiffi er Directeur artistique Denis EsnaultOnt participé à ce numéro(en ordre alphabétique inversé) Emmanuelle Vibert, Samantha Rouchard, Bertrand Portrat, Laure Noualhat, Marie Molinario, Bridget Kyoto, Arnaud Gonzague, Emile, Anne de Malleray, Cécile Cazenave, Alice Bomboy, Angela Bolis, Simon Barthélémy, Matthieu AuzanneauIllustrateurs et photographesLaurent Taudin, François Supiot, Placid, Julien Couty / WeDoData, VU, Réa, FotoliaCorrectionSarah DétréCouverture Erik Johansson pour Terra ecowww.alltelleringet.com

Directeur de la publicationWalter BouvaisAssistante de direction, coordination RSE Lise FeuvraisDirecteur des systèmes d’information Grégory FabreDirectrice commercialeStéphanie [email protected] 09 05 24 75Chef de publicitéDorothée [email protected] 90 87 03 92 - 06 28 60 26 71Conseillers abonnementsBaptiste Brelet (responsable partenariats - 02 40 47 61 53), Marie Olé (formation) et Loïc EglyAssistante commerciale, communicationElise Parois

Terra eco est édité par la maisonTerra Economica, SAS au capital de 205 444 euros – RCS Nantes 451 683 718Siège social 42 rue La Tour d’Auvergne, 44 200 Nantes, France tél : + 33 (0) 2 40 47 42 66courriel : [email protected] associésWalter Bouvais (président), Gregory Fabre, David Solon, Doxa SASCofondateur Mathieu Ollivier

Dépôt légal à parution – Numéro ISSN : 2100-1472. Commission paritaire : 1011 K 84334. Numéro Cnil : 1012873Impression sur papier labellisé FSC sources mixtes comprenant 60 % de pâte recyclée.Imprimé par Imaye Graphic (Agir Graphic)bd Henri-Becquerel, B.P. 2159, ZI des Touches, 53 021 Laval Cedex 9Diffusion PresstalisContact pour réassort Ajuste Titres+33 (0)4 88 15 12 40

Ce magazine comprend un encart broché « Offre d’abonnement »de 4 pages en pages centrales 42-43 et un encart de commande du guide « 100 métiers d’avenir » d’une page jeté en p. 3.

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Abonnement Terra eco1, allée Cassard - 44000 Nantes France - +33 (0)2 40 47 42 66www.terraeco.net/abo - [email protected]

Réagissez surRéagissez sur

22

8 Le courrier des lecteurs

10 L’actualité en bref

12 Lu d’ailleurs

14 Retour sur Lesnewsdesdernièressemaines

16 La polémique Faut-iluncandidatécoloen2012 ?

20 Le marketing expliqué à ma mère Del’amouràl’écologie,BASFpapillonne

22 L’ÉCONOMIE EXPLIQUÉE À MON PÈRE Pétrole, nous nous sommes tant aimés

30 Le reportage ASevran,onreprendpied aveclesJardinsdeCocagne34 Le portrait LesterBrown,penseurdenosplaies38 Le zoom LescartesdeséjourdeJulienBousac

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terra eco janvier 2012 7

Ce magazine est imprimé sur papier labellisé FSC® sources mixtes comprenant 60 % de pâte recyclée.

Pour faciliter la lecture de « Terra eco », nous avons inventé ce baromètre, qui annonce la couleur pour chaque article : plutôt écologique, plutôt sociétal, plutôt économique, ou les trois !

6654 L’éco-conso56 Ils changent le monde AuTogo,leplastiquetientlehautdupavé58 ForêtduLiban :laprotéger,c’estl’adopter60 Sainte-Suzannes’active avecl’énergiedel’espoir62 J’ai testé Laventebioàdomicile64 Soon soon soon66DERRIÈRE L’ÉTIQUETTE Le poulet bio pique sa crise d’identité

68 L’alimentation Aumenucesoir,dubrocolibreveté70 Cinéma72 Livres74 L’agenda durable 201282 Côté couloir

42 DOSSIER : Nucléaire : pas de pitié pour les bobards 44 ENQUÊTE La recette contre les salades atomiques Nosantisèchescontre lesbeauxparleursdunucléaire47 PRATIQUE Les astuces pour optimiser son énergie Découvrezlesbonstrucsde« Terraeco »52 QUIZ Passez au « stress test » radioactif Attention,jeupotentiellementdangereux

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Le courrierle courrier

Le maïs OGM à nouveau autorisé en FranceLe Conseil d’Etat a annulé la clause de sauvegarde imposée depuis 2008 sur cette culture. Mais le gouvernement en promet une nouvelle sous peu. Une affaire qui vous a fait réagir en nombre.

8 janvier 2012 terra eco

dr

Article publié sur

Aller sans retour« Et si nous manifestions ? C’est à nous de protester et non aux 

agriculteurs qui ont déjà bien du mal à survivre. Quand on aura 

autorisé ces cultures, il n’y aura pas de retour possible ! » 

MartinE rouEsné 

pas dans mon assiette « Je ne veux pas d’OGM dans mon assiette ni dans celle de ma famille. Les OGM  pour les pauvres, le bio pour les riches ? »  Maria sChnEidEr 

le champ des possibles

« Des OGM, on en mange tous les jours sans le savoir, dès qu’il y a écrit “ amidon modifié de quelque chose ” dans un produit. C’est compliqué de faire sans, mais c’est encore possible… » Zikos

Dossiers, salades et maïs« dire que Monsanto n’a pas apporté les preuves de l’innocuité de son 

produit est un pur mensonge, puisque 30 dossiers en quinze ans ont 

été développés et ce maïs est cultivé sur des millions d’hectares dans 

beaucoup de pays, dont l’Espagne. » CarZounEt

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10 janvier 2012 terra eco

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Le dessin BOnne AnnÉe, LA TeRRe !

« si les Verts ne veulent pas de nicolas hulot, tous les Français en veulent ! C'est bon pour l'écologie, c'est bon qu'il reste là ! » Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l'Ecologie, sur la réélection de Nicolas Hulot à la tête de la Fondation pour la Nature et l'Homme.

12 Lu d'ailleurs La revue de presse de « Terra eco »

14 Retour sur info L'actu des dernières semaines

16 La polémique Faut-il un candidat écolo en 2012  ?

20 Le marketing expliqué à ma mère Entre amour et écologie, BASF papillonne

22 L'économie expliquée à mon père Pétrole, nous nous sommes tant aimés

30 Le reportage A Sevran, on reprend pied avec les Jardins de Cocagne

34 Le portrait Lester Brown, penseur de nos plaies

38 Le zoom Les cartes de séjour de Julien Bousac

ACTU

Miracle à Paris. La végétation pousse aussi sur l’acier de la tour Eiffel. Enfi n pas encore. Le projet signé du groupe d’ingénierie Ginger roupille encore dans les cartons. Pour son fondateur, Jean-Luc Schnoebelen, l’idée consiste à pousser « le végétal à prendre le dessus sur l’ère industrielle ». Si l’aventure se concrétisait, la belle de Paris serait ainsi drapée de 600 000 plantes pour un bail de quatre ans. Coût de la réalisation, fi nancée par des entreprises privées : 80 millions d’euros. Seul hic : la Ville de Paris et la Société d’exploitation de la tour Eiffel n’ont pas – encore – donné leur accord, ni même aperçu l’ombre de l’étude, explique notre consœur Audrey Garric sur son blog. Pas grave. Rêver est indolore.www.ecologie.blog.lemonde.fr

La tour Eiffel s’habille en vert

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Une tromperie sur la marchandise ? Les poissons « écolabellisés » vendus par Marks & Spencer ne seraient pas aussi respectueux de

l’environnement qu’ils le promettent. D’après une étude de l’université de Victoria, au Canada, ils seraient même moins

« verts » que les poissons des élevages traditionnels. Comment expliquer ce mystère ? Les conditions d’obtention du

macaron pour les producteurs sont en fait moins contraignantes que celles appliquées dans la pêche conventionnelle !

Le dessin BOnne AnnÉe, LA TeRRe !

LA phOTO en 2012, Le pLein d'ÉneRGie dURABLePour l'ONU, 2012 sera l'année de l'énergie renouvelable et durable pour tous. Ici, dans un village éthiopien, un puits et une pompe à eau alimentée par des panneaux solaires ont été installés. Dans le monde, 1,4 milliard de personnes n’ont toujours pas accès à une énergie moderne. (JIRO OSE - RÉDUX - REA)

Le GROs mOT

« eco-cycology »Et si le recyclage devenait tendance ? De plus en plus de marques incitent leurs clients à rapporter leurs achats, une fois usés, pour les revaloriser. On appelle ça « l'éco-cycology ». Le mois dernier, Terra eco citait le cas de Patagonia, qui affirme avoir repris 45 tonnes de vêtements. C'est au tour de Nike — qui transforme ses baskets en terrains de tennis — Garnier ou encore Dell de se lancer. Merci la crise !

80 % C’est la part de l’amende infligée à BP – entre 4 et 16,6 milliards d’euros – qui devra être affectée aux projets de restauration des écosystèmes dans le golfe du Mexique, à la suite de la catastrophe de la plateforme Deepwater Horizon en avril 2010.

terra eco janvier 2012 11

Comme un poisson dans le faux

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12 janvier 2012 terra eco

Opération escargot dans le BronxNew York a inauguré fi n novembre dans le Bronx un « quartier lent », où la limitation de vitesse est de 20 km/h au lieu de 30 km/h dans le reste de la ville, raconte le magazine Good. Pour représenter cette nouvelle zone, des escargots ont été peints sur les panneaux. L’idée ? Rendre les rues plus sûres, limiter la circulation des voitures et verdir la cité. A Londres, il existe déjà 400 zones de ce type.www.good.is

500 000 : c’est le nombre d’individus qui vont quitter l’Espagne pour trouver meilleure fortune à l’étranger chaque année dans les dix ans à venir. Le supplément hebdomadaire du

quotidien espagnol El País explique aussi que le solde naturel du pays est d’ores et déjà passé dans le rouge. Le départ des citoyens espagnols – fuyant la crise – pour les Etats-Unis, l’Allemagne, ou le Royaume-Uni… n’est pas compensé par l’arrivée de migrants en provenance du Maroc, d’Equateur ou d’Asie. En 2010, l’Espagne était pourtant classée au 8e rang mondial des pays ayant accueilli le plus grand nombre d’immigrés.www.elpais.com/suple/eps

Le bonheur est dansle vraiSavourer chaque

moment, se donner des buts constructifs, se faire des amis et chérir sa famille, etc. Vous en avez fait vos résolutions 2012 ? C’est en fait une liste, non exhaustive, pour être heureux, dix préceptes – scientifi quement prouvés – établis par des chercheurs et des psychologues, rapporte le magazine Yes. Allez, un petit effort : souriez même quand vous n’en avez pas envie, il paraît qu’avec ça, le bonheur est assuré !www.yesmagazine.org

PÉKINOIS DANS LA BRUMEIls parcourent Pékin avec des petits appareils semblables à de vieux postes de radio. Pas nostalgiques d’un temps révolu, ces Chinois relèvent en fait les niveaux de pollution de l’air et les postent sur Internet, relate le magazine américain Newsday. Il faut dire qu’un épais brouillard a enveloppé la capitale pendant plusieurs jours en décembre. Mais le gouvernement chinois, lui, garde secrètes ou minimise les données. Entre autorités, experts et citoyens, la bataille des chiffres fait rage.www.newsday.com

« La victoire de courants islamistes ne signifi e pas la fi n des espoirs de démocratie soulevés par les révolutions arabes, car ils parviennent au pouvoir à travers les urnes et non par la violence. »Le penseur syrien Sadek Jalal al-Azm dans Jeune Afrique, le 12 décembre 2011.

lu d’ailleurs

¡Hasta luego España!

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14 janvier 2012 terra eco

Durban : le climat éclipsé  par les tensions économiques

dr

Les négociations internationales sur le changement climatique sont frustrantes. Leur éternelle lenteur et les inévitables compromis qui

en résultent agacent. Vu l’ampleur des enjeux, l’urgence d’agir et la nécessité d’envoyer un signal, leurs résultats, à Durban en Afrique du Sud comme à Copenhague au Danemark et Cancún au Mexique, ont été décevants. Nous sommes loin d’une trajectoire d’émis-sions de gaz à effet de serre (GES) qui permettrait d’avoir une chance raisonnable de limiter la hausse des

Retour sur info

En France, le prix du gaz va augmenter de 4,4 % à partir du 1er janvier 2012, selon le ministère de l’Energie. ----------------------------------------------------

températures à 2 °C. Les objectifs actuels, à l’horizon 2020, ne repré-sentent que les deux tiers du chemin à parcourir. Aucun accord ne pourra, à lui seul, réduire les émissions de GES à un niveau suffisant. Seules les politiques climatiques mises en place par les pays ont ce pouvoir. Ce sont elles qui, en dernier ressort, obligent ou incitent les industriels à changer de techno-logies, les individus à améliorer leurs comportements, les investisseurs à réorienter leurs flux de financement. Les négociations mondiales doivent donc être jugées en fonction de leur capacité à soutenir et renforcer ces politiques nationales. De ce point de vue il y a, dans l’accord obtenu à l’arraché à Durban, deux éléments positifs, même si le compromis est faible, et le résultat encore très lar-gement insuffisant.

Retour dans le droit cheminPremièrement, l’accord conclu en Afrique du Sud renforce le principe selon lequel le consensus international sur le changement climatique devra, en 2020, être juridiquement contrai-gnant. Le sommet de Copenhague avait consacré une approche purement volontaire. Durban nous remet dans le droit chemin : l’approche juridique a l’avantage d’assurer que les engage-ments internationaux survivent aux changements de gouvernements.

Les crises financière et écologique doivent être traitées de concert. Pourquoi ? Parce qu’elles ont une cause commune : une mauvaise prise en compte de l’avenir.

Article publié sur le 14 Décembre 2011

La fin des négociations, dimanche 11 décembre.

Emmanuel Guérinest directeur du programme énergie et changement climatique à l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri).www.iddri.org

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Nos alertes infotwitter.com/terraeco

La communautéfacebook.com/terraeco

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La communautéfacebook.com/terraeco

Selon un sondage BVA, 55 % des Français croient à la réalité du changement climatique et à ses conséquences néfastes. --------------------------------------------------

En raison de son retard en matière d’énergies propres, la France a reçu un avertissement de l’Union européenne. ----------------------------------------------------

Mais ne soyons pas dupes. La nature juridique précise de l’accord en 2020 continuera de faire l’objet de vives discussions dans les années à venir. Les trois options qui fi gurent dans le texte sont suffi samment différentes, voire fl oues, pour donner lieu à des interprétations divergentes. Mais l’exé-gèse du texte ne pourra pas remplacer la compréhension de l’accord. Et il en restera l’idée qu’en 2020 il devra être juridiquement contraignant pour tous.

Des fenêtres vont s’ouvrirEnsuite, Durban a établi le Fonds vert pour le climat, qui doit venir en aide aux pays en développement, en soutenant leurs efforts de réduction d’émissions de GES et d’adaptation aux effets des changements climatiques. Mais ne soyons pas naïfs. Ce Fonds est pour l’instant une coquille vide. Les négociations ont exclusivement porté sur les règles de gouvernance. Elles devront, dès l’année prochaine, s’attaquer directement à la question des sources de fi nancement. Toutes les options sont, depuis longtemps déjà, sur la table. Il n’est ni imagi-nable ni même souhaitable que les 100 milliards de dollars (76 milliards d’euros) par an promis par les pays développés, à partir de 2020, lors du sommet de Copenhague, ne viennent que des contributions budgétaires de ces pays. Mais une décision doit être prise le plus vite possible pour com-pléter cette source de fi nancement.Ces deux avancées ne font pas oublier que la réponse trouvée au défi du chan-gement climatique est loin d’être à la hauteur des enjeux. En l’absence de pression politique, la négociation progresse à un rythme beaucoup trop lent. Une crise semble en avoir chassé

une autre. L’essentiel des efforts est aujourd’hui consacré à trouver une réponse de court terme à la crise éco-nomique, en particulier à celle de la zone euro. Mais ne nous trompons pas. La ges-tion de la crise climatique ne peut pas attendre. Car il deviendrait plus diffi cile d’atteindre l’objectif de 2 °C. Et si on ne parvient pas au but, les coûts des dommages liés au changement climatique augmenteront. Aucun plan de sortie de la crise économique ne sera donc crédible s’il ne pose pas les bases d’une profonde modifi cation de nos modes de production et de consommation. Les crises écono-mique et climatique ont une cause commune : une mauvaise prise en compte des risques. Elles doivent être traitées ensemble.Pour sortir de la crise, la zone euro devra à la fois modifi er le rôle de la Banque centrale européenne et mutua-liser ses dettes publiques ; renforcer la surveillance et coordonner ses poli-tiques fi scales ; relancer la croissance grâce à des investissements dans les infrastructures et la recherche. Des fenêtres d’opportunité vont donc s’ouvrir en Europe, que ce soit pour émettre des obligations indexées sur le prix du carbone, pour mettre en place une fi scalité écologique ou pour diffuser et innover dans les technologies décarbonées. Ne les ratons pas ! —

terra eco janvier 2012 15

ENSEMBLE POUR UNE « JUSTICE CLIMATIQUE »Près de 6 500 manifestants venus de

toute l’Afrique du Sud ont défi lé à

quelques pas du centre de conférence

de Durban, les 3 et 4 décembre.

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« Le Fonds vert est pour l’instant une coquille vide. »

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16 janvier 2012 terra eco

la polémique

Faut-il un candidat écolo en 2012 ?

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Fin d’année 2011 troublée pour Europe Ecologie - Les Verts. Certains remettent même en cause le bien-fondé de la présence d’Eva Joly au premier tour de la présidentielle.

L’élection présidentielle se déroulera dans moins

de quatre mois (1). Celui ou celle que

les Français porteront à l’Elysée aura

une responsabilité de poids. En pleine crise

de la zone euro et de l’économie mondiale,

il ou elle devra parvenir à redonner confiance et espoir.

Dans le même temps, le ou la futur(e) chef

de l’Etat ne pourra faire fi des profondes

mutations qui sont indispensables à notre

société, mutations sociales, économiques

et énergétiques. Chaque mois, tout

au long de cette campagne

présidentielle, Terra eco passe à son crible

les propositions des différents

candidats. Notre objectif : vous aider à

vous forger une opinion et à faire votre choix.

(1) L’élection présidentielle aura 

lieu les 22 avril et 6 mai 2012.

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terra eco janvier 2012 17

Deux, sinon rien« On doit avoir le choix au premier tour pour préserver  

la démocratie. Je m’insurge contre le diktat des médias qui,  

pour le spectacle, voudraient deux têtes au départ de l’élection. »  

Thierry ChasTagner

L’impossible compromis« La sortie du nucléaire et les choix de société liés à la sauvegarde de l’environnement ne sont en aucun cas portés par les socialistes, pas plus que par l’UMP. Donc pas de compromis. »  alain Masse

Quand l’eau monte« en un mois, eva Joly a plus ébranlé l’industrie nucléaire que quiconque en quarante ans.  n’arrêtons pas la montée des eaux. » Meleze

Panurge s’insurge « C’est triste de voir que les Verts ne soutiennent pas leur candidate parce qu’elle n’est pas politiquement correcte ! On n’est pas encore au premier tour qu’on nous demande déjà de voter PS au deuxième ! On nous dit ce qu’on doit voter, ce qu’on doit penser. Mais pour qui nous prennent-ils ? Des moutons ? » PinanyOdan

Au-delà du nucléaire « Il faut une candidature écolo qui ne doit pas se focaliser sur  le nucléaire. Et pas d’alliance avant le second tour. L’écologie politique doit ouvrir les débats sur une société responsable et soutenable. » sTePh g

Vos réactions sur terraeco.net

Eva Joly, à Stockholm, en octobre 2009, lors des Journées européennes du développement.

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la polémique

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Envie refoulée« Je suis profondément écolo, pour un changement de notre société. J’adore Eva Joly, qui représente pour moi la candidate idéale. J’ai envie de voter pour elle depuis le début, mais je ne le ferai pas. Je ne veux pas que Sarkozy passe. Un combat FN-UMP au second tour, ce serait un cauchemar pour moi. Je ne prendrai pas le risque d’affaiblir le score de la gauche en votant Europe Ecologie - Les Verts. » JUlie BOgrOV

A côté de la plaque« La présidentielle n’est pas le bon forum pour exposer ses idées et convaincre. Toutes les petites formations sont à côté de la plaque, parce que tout le monde ou presque a les yeux fi xés sur le deuxième tour. » ClaUde MiCMaCher

Trop dogmatique« Je ne pense pas qu’eva Joly soit la bonne candidate pour défendre les idées 

écolos, elle est trop dogmatique. » sTÉPhanie BerBessOU

Et plus, si affinités… « Eva Joly devrait commencer par se rendre sympathique aux yeux des non-militants ! Si seulement elle pouvait parler de société et de la nécessité d’introduire plus d’éthique et de justice, elle rencontrerait plus de sympathie. Europe Ecologie - Les Verts ne peut pas exister en ayant pour seul objectif de faire plaisir aux sympathisants. En politique, il faut savoir parler de ce que les gens “ d’en bas ” veulent entendre. » Jean-MiChel VergÈs

Hulot, à l’aide ! « europe ecologie - les Verts, ce n’est pas l’écologie, c’est la gauche ! 

des politiques qui ont renié les valeurs essentielles de l’écologie contre 

quelques places de députés. eva Joly trahie par les siens, c’est vrai, mais 

qui fi nit par rentrer dans le rang : pas joli joli. Jamais nicolas hulot n’aurait 

capitulé de la sorte, qu’on recommence la primaire des Verts ! » Chris

Eva Joly à la une de la presse Les Inrockuptibles, le 14 décembre. Libération, le 24 novembre.Le Figaro, le 24 novembre.

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Eva Joly est contestée au sein même d’Europe Ecologie - Les Verts (EELV). Certains proposent de mettre fi n à sa candidature pour faire front commun avec le PS. Est-ce la bonne solution ?Rappelons quelques éléments historiques sur les candidatures écologistes à la présidentielle. Depuis 1974 et la campagne de René Dumont, les écologistes ont toujours présenté un candidat. Pas pour être élu, mais parce qu’une présidentielle est un formidable porte-voix, alors que leurs valeurs ne sont pas portées dans le paysage politique. Aujourd’hui, un candidat écolo n’a aucune chance d’arriver au second tour, mais le but reste le même. Le parti a fait de bons scores aux européennes et aux régionales et a un nouvel objectif : faire pression sur l’allié socialiste pour le second tour. C’est dans ce cadre que se pose la question de la candidature d’Eva Joly.

Selon vous, quelle solution profi terait le plus aux écologistes ?C’est un pari sur l’avenir. Pour que le PS tienne compte du courant écologiste au second tour et, en cas de victoire, au-delà, il faut un bon score du candidat écologiste. Pour moi, le chiffre minimum est de 7 % des voix au premier tour. Meilleur sera ce score, plus les écologistes auront de poids, mais, à l’inverse, si le résultat est décevant, les marges d’EELV seront faibles. L’idée de certains, dont Daniel Cohn-Bendit, est qu’il vaut mieux négocier un ralliement immédiat avec les socialistes, en échange d’accords sur

« Eva Joly est déterminée, je ne crois pas à un abandon »

Daniel Boy est politologue, spécialiste des mouvements écologistes.

des thèmes clés, car les bons scores récents aux élections intermédiaires sont déjà un atout dans la négociation. Diffi cile de dire qui a raison sur le meilleur moyen de faire avancer des mesures du programme écologiste. Au niveau strictement politique, les Verts ont déjà capitalisé sur ces bons résultats en obtenant un groupe parlementaire à l’Assemblée. C’est énorme. Imaginez un Parlement en 2012 où le PS a besoin des Verts pour obtenir la majorité des voix, le gain politique serait immense pour EELV.

Eva Joly est-elle la candidate qu’il faut pour obtenir ce bon score ? Sa stratégie est-elle adaptée à une campagne présidentielle ? Tout dépend de ce que l’on attend du candidat ! Pour certains, le but est d’avoir quelqu’un avec une position radicale pour incarner la différence de l’offre écolo. Mais nous avons réalisé au Cevipof (Centre de recherches politiques de Sciences po, ndlr) des enquêtes auprès des électeurs sur les qualités et les défauts d’Eva Joly. Les résultats montrent qu’ils la perçoivent plus comme quelqu’un de fermé que comme une personne de convictions. C’est le problème.

Faut-il présenter un autre candidat, comme ce fut le cas en 2002, avec Alain Lipietz remplacé par Noël Mamère ?Noël Mamère a fait le meilleur score de l’histoire politique écologiste. Mais la comparaison est impossible. Personne ne peut savoir quel résultat aurait obtenu Alain Lipietz et si son retrait a fait gagner des voix. Par ailleurs, il est beaucoup plus compliqué de destituer une candidate choisie lors d’une primaire ouverte, que de remplacer le candidat Lipietz, élu par quelques milliers de personnes. Pour changer de candidat, il faudrait faire une nouvelle primaire. Cela me semble compliqué, ne serait-ce que fi nancièrement. Enfi n, je ne crois pas à un abandon d’Eva Joly, qui me semble déterminée. Elle n’arrêtera pas. —

Retrouvez ces débats en intégralité sur

Les candidats Verts à l’élection présidentielle Dominique Voynet (1995 et 2007), Noël Mamère (2002) et Antoine Waechter (1988).

Pour faire pression sur l’allié socialiste, la candidate écolo doit atteindre les 7 % au premier tour de la présidentielle, estime le politologue Daniel Boy.Recueilli par THIBAUT SCHEPMAN

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20 janvier 2012 terra eco

Quand le leader mondial de la chimie tente de se faire passer pour un Cupidon bienfaiteur de l’humanité, les écolos le rembarrent. Mais même les pubeux trouvent qu’il en fait des tonnes.Par eMManUeLLe Vibert

le marketing expliqué à ma mère

De l’amour à l’écologie, BASF papillonne

« les enfants aiment la chimie » et vantent les mérites des 32 « Kid’s Lab » créés par BASF pour sensibiliser les petits à cette science. L’autre, titrée « L’écologie aime l’économie », montre un papillon formé de pièces détachées de voiture : « Des pièces en matières plastiques BASF peuvent remplacer celles en métal pour construire des voitures plus légères et donc plus économes. Cela signifi e moins d’émissions de CO

2, moins de besoins 

en carburant et moins d’argent qui fi le hors de vos poches. »

cas d’écoleAvec des messages et des images aussi primaires, pas étonnant que les réac- dr

/ dr

Prêts pour quelques secondes de super gnangnan ? Alors regardez le spot télé de BASF. Des images, bien cliché, d’un

couple qui s’embrasse, d’autres d’une cellule qui se divise pour devenir un cœur rouge et une voix off aux modu-lations infantilisantes, comme on n’en ose plus dans les dessins animés pour les moins de 3 ans. Voici ce qu’elle nous dit : « Si l’amour est une réaction chimique, nous croyons alors que la chimie a de grandes chances de faire de ce monde un endroit plus har-monieux. (…) Expérience après expé-rience, elle œuvre pour que le spara-drap fi nisse par aimer l’eau, que le blé 

survive aux insectes ravageurs, que les familles aient moins peur des factures d’énergie, pour que les voitures et les centres-ville cohabitent mieux. » Pitié, n’en jetez plus.

stratégieL’entreprise allemande, leader mondial de l’industrie chimique, s’offre depuis septembre une campagne mondiale pour « montrer l’importance et la qua-lité de sa relation avec ses clients, ses partenaires, ses employés, ses parties prenantes et la société civile en général », nous dit le communiqué de presse.En sus du spot télé, on peut voir ici et là des pubs papier. L’une affi rme que

La nouvelle campagne de pubde BASF s’affi che dans la presse et à la télévision avec les mêmes spots et les mêmes visuels dans le monde entier. Ici, la version anglaise.

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L’abondance seLon MotoroLa« L’abondance est née de 

l’imagination des êtres humains. 

Nous allons expérimenter une réelle 

abondance, débordant d’une félicité 

suprême quand nous pourrons 

sentir des connexions de cœur 

à cœur. » Voilà ce qu’on entend

dans la nouvelle campagne vidéo

(en japonais et avec des Japonais)

de Motorola, qui fait réfléchir sur

la surconsommation. Lyrisme,

schizophrénie ou com responsable ?

www.motorola.com

boisée, La siML’avènement du portable écolo ?

SFR lance la première carte SIM

recyclable et biodégradable

– enfin le support, pas la puce –

en fibres naturelles de bois et

de composants végétaux. Selon

une étude de l’opérateur, elle

permettrait de réduire de 30 % les

émissions de gaz à effet de serre

par rapport à sa grande sœur en

plastique.

www.sfr.com

e.LecLerc, LabeL Maison« Conso responsable. » C’est

le nom du nouveau label

que vient de créer E.Leclerc.

C’est le groupe lui-même qui

attribue à ses produits ce logo,

selon 5 critères : composition,

fabrication, emballage, utilisation

et information. Pas d’emballement,

pour obtenir le macaron, l’article

doit se montrer responsable

dans deux catégories seulement.

Vraiment utile, cette énième

certification maison ?

www.leclerc.comwww.mouvement-leclerc.com

terra eco janvier 2012 21

Mathieu Jahnich,

expert en communication

environnementale

« Le discours est tout aussi

caricatural que les images.

Désolé BASF, mais où sont donc

les preuves de cet engagement

annoncé ? Quelles sont

les démarches effectivement

mises en place pour améliorer

les process et les produits ? Que

faites-vous pour le bien-être de

vos salariés ? Comment traitez-

vous vos sous-traitants, etc. ?

Le tout doit être agrémenté

de réalisations concrètes,

chiffrées, locales mais ayant du

sens pour l’ensemble des parties

prenantes, au niveau mondial.

Ce n’est pas facile à faire, c’est

vrai. Mais cela devrait quand

même être possible, non ? »

www.sircome.fr

Avis de l’expert : 0/5

tions soient vives. Et les critiques les plus cinglantes ne viennent pas des ONG, mais des professionnels de la pub eux-mêmes. Même le magazine Stratégies, ordinairement plus factuel, se laisse aller à un jugement : « Le groupe allemand va jusqu’à souligner que la chimie peut être compatible avec l’éco-logie. Attention au retour de bâton… » Sur le site Influencia, qui décrypte les tendances du marketing, on souligne avec ironie : « Coïncidence amusante, cette  campagne  qui  nous  donnerait presque envie de cotiser tant elle fait penser à un spot pour le Téléthon, pré-cède la sortie de la première pomme de terre transgénique pour l’homme. Un tubercule baptisé Fortuna et enfanté par… BASF bien sûr ! »L’entreprise souhaite en effet mettre sur le marché, en 2014 ou 2015, une patate OGM résistant au mildiou. Elle vient d’amorcer les démarches d’ho-mologation au niveau européen. Mais selon le directeur de la communica-tion de BASF France, la campagne de com n’est pas là pour faire passer les futures frites transgéniques : « C’est un hasard de calendrier », affirme Philippe Krasnopolski. Comprend-il que cela puisse en choquer certains ? « C’est un problème pour les ONG, tranche-t-il, mais pour les gens qui crèvent de faim dans le monde, les OGM sont une solution. » Et surtout, le communi-cant regrette « le manque de véritable dialogue » entre ces organisations et les entreprises. Avant de lancer : « La chimie a pu être un problème pour l’en-vironnement dans le passé, elle peut aujourd’hui être une solution. »

VerdictDifficile de contredire Philippe Krasnopolski sur ce dernier point. Et quand on produit une bonne partie des dr

/ dr

« La chimie a pu être un problème  pour l’environnement dans le passé,  elle peut être aujourd’hui une solution. »Philippe Krasnopolski, directeur de la communication BASF France

dr

molécules pétrochimiques, matières plastiques et pesticides vendus dans le monde, on peut certainement contri-buer à le protéger mieux en améliorant ses pratiques. BASF s’y emploie-t-elle ? Elle affiche de sérieux efforts pour limiter son bilan carbone, propose des produits pour isoler les bâtiments, investit dans la chimie verte… Mais finance en parallèle la campagne de sénateurs climato-sceptiques aux Etats-Unis – comme le dénonçait Greenpeace dans un rapport de novembre 2011 – et reste un des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre et de particules polluantes dans le monde. Bref, pas de quoi améliorer le dialogue avec les ONG, ni s’afficher en chantre de l’harmonie sur terre. —

en bref

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22 janvier 2012 terra eco

l’économie expliquée à mon père

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force d’ignorer cette lapalissade, le jour du début du déclin est désormais très proche, et c’est peu dire que nous n’y sommes pas préparés. Si le pédégé de Total se montre aussi catégorique, c’est que l’évidence crève les yeux de qui veut bien se donner la peine de la regarder en face : le pétrole se meurt.

Il faut quatre Arabie saouditeHSBC, l’une des principales banques au monde, prévient que nous aurons consumé tout le brut disponible

terra eco janvier 2012 23

ENQUÊTE

Pétrole, nous nous sommes tant aimésL’or noir aura-t-il droit à un enterrement en grande pompe ou en catimini ? Peu importe, nous ferions bien de commencer à imaginer la vie sans lui. Usé par notre surconsommation, il brûlera ses derniers feux dans quelques mois à peine. Et n’écoutez pas les indécrottables optimistes, il est irremplaçable.Par MATTHIEU AUZANNEAU

Lorsqu’en avril dernier, le quotidien Le Parisien lui a demandé si un litre d’essence à 2 euros était « inéluc-table », la réponse du patron du groupe pétrolier français Total, Christophe de Margerie, a été on ne peut plus claire : « Cela ne fait 

aucun doute. La vraie question, c’est quand ? Il faut espérer que cela n’arrive pas trop vite, sinon les conséquences seront dramatiques. » C’est bête, mais une ressource finie finit toujours, un jour ou l’autre, par s’épuiser. A

SommaireENQUÊTE : Pétrole, nous nous sommes tant aimés P. 23

PALMARÈS : Vainqueurs et vaincus du litre de super à 3 euros P. 25

NOUVELLE : Episode 1/4 de « L’homme qui tombe à peak » P. 28

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24 janvier 2012 terra eco

sur la planète dans moins de cin-quante ans. On pourrait se dire :

« Parfait, cinquante ans, c’est juste le temps qu’il nous faut pour changer de système. » Sauf que les problèmes vont commencer bien avant que la dernière goutte de pétrole

soit extraite du dernier puits. A dire vrai, ces problèmes sont déjà là. La production mondiale de pétrole « conventionnel », c’est-à-dire le pétrole liquide classique, a atteint son maximum historique en 2006. Cette production n’aug-

mentera « plus jamais », nous dit l’Agence internationale de l’énergie. C’est grave, docteur ? Oui, très. Le pétrole conven-tionnel constitue les quatre cinquièmes de la production totale de carburants. L’industrie est à court d’endroits où forer. Depuis

On nous avait prévenus !

Depuis trente ans, on nous promet un monde au pétrole rare et cher. La presse internationale s’en fait régulièrement l’écho. Nous y sommes.

l’économie expliquée à mon père

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terra eco janvier 2012 25

Mars 2011Le n° 23 de Terra eco tirait le signal d’alarme et titrait : « Tous accros au pétrole. »

un quart de siècle, le pétrole est consommé plus vite qu’il n’est découvert. C’est un peu comme si les réserves mondiales de brut étaient un immense arbre fruitier dont on aurait déjà cueilli les fruits mûrs et à portée de main. Ne reste plus qu’à secouer les branches… pour un résultat incertain. D’ici à dix ans, selon la compagnie Shell, il faudrait développer l’équivalent de la production de « quatre Arabie saoudite » (sic), rien que pour compenser le déclin des champs existants ! On est loin, très loin du compte si l’on fait la somme de tous les projets industriels aujourd’hui annoncés. Or il faut compter de sept à dix ans pour lancer la production de tout nouveau champ de pétrole…

Montagne d’hydrocarburesLe pétrole est le sang de l’économie. L’industrie a toujours été capable d’en accroître la production, pour faire face à nos besoins sans cesse croissants. Jusqu’à aujourd’hui. Car nous sommes en train de franchir le pic pétrolier, le peak oil en anglais. Faute de réserves suffi santes encore intactes, la production de carburants va bientôt amorcer son déclin, garrottant de plus en plus les artères de l’économie de la planète.Quand devrons-nous commencer à déses-calader – de gré ou, plus vraisemblable-ment, de force – cette immense montagne d’hydrocarbures en haut de laquelle nous avons hissé notre très, très chère société de consommation ? Bientôt. Au plus tard d’ici à un quart de siècle, ce qui est redoutablement proche à l’échelle d’une industrie aussi lourde que l’énergie. Et encore… Un tel délai de grâce ne serait possible – et c’est très loin dr

« big OiL »

Même après le pic pétrolier, les

géants de l’or noir continueront

à faire de belles affaires pendant

longtemps, puisque « ce qui

est rare est cher » (à moins que

la lutte contre le changement

climatique ne les oblige à

changer de business…).

LES PROdUcTEURS 

d’AgROcARbURANTS

40 % de la récolte de maïs

américaine (avant tout OGM)

a fi ni l’an dernier dans les

raffi neries d’agrocarburants. Et

ce n’est sans doute qu’un début.

LES MARchANdS dE cANONS 

Des rapports récents

du département américain

de la Défense et de l’armée

allemande soulignent

que la raréfaction du pétrole

va accroître le risque de guerres.

LES FAbRicANTS d’éOLiENNES,

dE PANNEAUX SOLAiRES 

ET dE VéhicULES hybRidES 

Bien entendu. Sauf que…

ces technologies dépendent

de l’accès à des métaux rares

(gallium, indium ou encore

germanium pour les panneaux

photovoltaïques, « terres rares »

pour les aimants permanents

des éoliennes, lithium et cobalt

pour les batteries des voitures

électriques). Or, leur extraction

est vorace en énergie et

les réserves sont concentrées

dans des pays lointains : Chine,

Australie, Afrique du Sud et Chili,

notamment.

LES PAySANS biO 

EN ciRcUiT cOURT

Ils ne suivent pas exactement

la même stratégie

que les producteurs

d’agrocarburants, mais ça

marchera aussi, autrement…

LES ARTiSANS ET 

LES cOMMERcES dE PROXiMiTé

Comme pour leurs cousins

agriculteurs, leur succès

est garanti. Fini les samedis

après-midi au supermarché

avec la grosse berline !

LES MAÎTRES VOiLiERS

Oubliez les avions et

les cargos qui dévorent

du carburant. Et puis ce serait

beau de voir renaître la marine

à voile, non ?

Le super à 3 euros :

les vainqueurs

quen

tin b

erto

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vu

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26 janvier 2012 terra eco

« On aura un déclin de la production sur la période 2015 à 2020. Les premières tensions devraient apparaître dès 2013. »Olivier Rech, économiste et expert indépendant spécialiste du pétrole.

d’être garanti – qu’à condition de laisser carte blanche aux pétroliers

qui plaident pour exploiter sans limites toutes les alternatives au pétrole conven-tionnel. Des alternatives plus chères bien sûr, mais surtout rares, complexes, et donc plus lentes et difficiles à extraire (et plus polluantes, bien entendu). Leurs noms ? Offshore très profond, pétroles et gaz de schiste, sables bitumineux, pétroles lourds, agrocarburants (très souvent à base d’OGM) ou encore réserves supposées du pôle Nord – dont l’accès se libère grâce à la fonte de la banquise, elle-même induite par notre addiction au pétrole ! Pourtant, même les pétroliers reconnais-sent que vers 2030, rien de tout cela ne pourra suffire : le pétrole deviendra de plus en plus rare, et donc de plus en plus coûteux. Christophe de Margerie a raison : « inéluctable », c’est le bon mot.

A un an de l’élection présidentielle aux Etats-Unis, cette état de fait attise les peurs et occupe les esprits. Et ce n’est pas pour rien que l’une des lignes de fracture fon-damentales entre gauche et droite, entre mouvements Occupy Wall Street et Tea Party réside aujourd’hui dans le choix d’extraire ou pas les gaz et pétroles de schiste et les sables bitumineux : ces pétroles non conven-tionnels désormais vitaux pour l’avenir de l’économie américaine.

Cataclysme garantiD’après un grand nombre d’experts indépendants, c’est bien avant 2020 que le déclin de la production mondiale de carburant liquide pourrait commencer ! Dans un tel cas de figure, le cataclysme économique est garanti, compte tenu de ce que nous ont enseigné les trois chocs pétroliers précédents : ceux de 1973 et de

1979, et celui de 2008. Sauf que l’on parle ici d’un choc d’une tout autre magnitude, d’une tout autre portée historique, dont les causes ne sont plus ni politiques ni économiques, mais telluriques. Olivier Rech fait partie de ces experts indépendants dont les diagnostics n’ont pas – ou n’ont plus – à être visés par la direction d’un grand groupe industriel ou d’une institution internationale. Chargé pendant trois ans d’élaborer les scénarios pétroliers de l’Agence internationale de l’énergie, l’homme conseille aujourd’hui d’importants fonds d’investissements pour La Française AM, un prestigieux gestion-naire d’actifs. Le verdict qu’il livre est sans appel : « Pour moi, on aura un déclin de la production sur la période 2015 à 2020. Un déclin pas forcement rapide, d’ailleurs, mais un déclin, ça me semble clair. » Il dit « s’attendre à voir apparaître les premières tensions dès 2013-2015. » Avec changement climatique, le pic pétrolier est l’autre grande « vérité qui dérange ». Cependant, peu à peu, quelques rares personnalités politiques commencent à en parler. « Nous avons atteint (…) le pic de production en matière de pétrole. La production ne peut maintenant que décroître », a lancé en avril 2011 François Fillon, devant des députés à peu près indif-férents. Il faut dire que le Premier ministre n’a pas insisté. L’un de ses prédécesseurs à Matignon, le socialiste Michel Rocard, ne cesse désormais de l’annoncer à chacune de ses apparitions dans les médias. « Nous resterons au même niveau de production peut-être pour moins d’une dizaine d’années. (…) Nous arrivons à toute allure dans la période où l’offre de pétrole diminuera vite. Et donc une économie de récession, ça va être terrible », a-t-il encore prévenu sur France Inter, le 9 novembre 2011.

Anti-atomisme primaireLe pic pétrolier pose le problème d’une limite physique et technique, qui en entraînera des nuées d’autres en cascade. D’après Michel Rocard, le nucléaire est la solution qui permettra de faire face au peak oil, « en prolongeant le temps d’une stabilisation, avant d’entrer dans une grande 

l’économie expliquée à mon père

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terra eco janvier 2012 27

récession mondiale ». Mais cette solution apparaît toute relative, si l’on en croit une étude publiée en 2007 par le départe-ment recherche et développement d’EDF, que l’on peut difficilement soupçonner d’anti-atomisme primaire. Selon ce docu-ment, même une multiplication par cinq du parc nucléaire mondial au cours du prochain quart de siècle ne suffirait pas à compenser le manque d’énergie que provoquera le déclin des extractions de brut… Le pétrole n’est pas encore mort qu’il nous manque déjà. —

dr

LA gRANdE diSTRibUTiON

Carrefour, Walmart, etc. :

les boîtes à chapeaux géantes

où nous avons pris l’habitude

de tout acheter vont souffrir,

c’est sûr, puisque leur modèle

économique repose sur

le transport à bas coût

de leurs marchandises…

et de leurs clients.

LE TOURiSME dE MOyENNE 

ET dE LONgUE diSTANcE

Le pic pétrolier fera évidemment

très mal au transport aérien.

Déjà en 2008, lorsque le baril a

frôlé les 150 dollars (115 euros),

de nombreuses compagnies

aériennes occidentales sont

passées tout près du crash.

Maintenant que le baril de

Brent se maintient – malgré la

crise – au-dessus des 100 dollars

(77 euros), les plans sociaux

et de compression des coûts

se multiplient à nouveau, par

exemple chez Air France.

LES iNdUSTRiES déLOcALiSéES

Depuis un quart de siècle, on

délocalise tout et n’importe

quoi afin d’aller chercher à

l’autre bout de la planète une

main-d’œuvre moins chère.

Ce phénomène – en partie

responsable du chômage de

masse en Europe – n’est possible

que parce que les transports

ne représentent toujours

qu’une part infime du coût des

produits. Si le prix du pétrole

grimpe franchement, adieu sans

doute le made in China, et même

les fruits hors saison venus du

sud de l’Espagne ou de l’Italie

dans de jolis camions.

LES hAbiTANTS dES ViLLES

Et plus particulièrement ceux

des mégapoles des pays du

Sud… sauf peut-être s’ils ont

des poules, font pousser des

légumes ou ont « un flingue

dans les toilettes [ce qui] est une

source de grand réconfort » (1),

comme le note l’auteur

James Howard Kunstler.

Si la population mondiale a pu

être multipliée par deux depuis

la fin de la Seconde Guerre

mondiale, et si cette population

vit désormais en majorité dans

les villes, c’est avant tout

à cause de l’amélioration

extraordinaire des rendements

agricoles obtenus grâce au

pétrole et à la mécanisation.

Si le pétrole se raréfie, chacun

devra nécessairement se

rapprocher de la terre.

(1) Extrait de « The Long Emergency » (Grove Press, 2006).

Le super à 3 euros :

les vaincus

      EN SAVOiR PLUS

Le plein s’il vous plaît

de Jean-Marc

Jancovici

et Alain Grandjean

(Seuil, 2006)

La Décroissance :

entropie - écologie

- économie

de Nicholas

Georgescu-Roegen

(Sang de la terre, 1979)

Collapse of Complex Societies

(en anglais) de Joseph A. Tainter

(Cambridge University Press, 1990)

The Long Emergency (en anglais)

de James Howard Kunstler

(Grove Press, 2006)

Dune

de Frank Herbert

(Robert Laffont, 1972)

There will be blood

de Paul Thomas

Anderson

(Miramax Films, 2007)

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28 janvier 2012 terra eco

Papa, s’il te plaît, arrête ! » Ecœurée, Camille détourne le regard du carnet sur lequel, ce soir encore, son père griffonne avec frénésie. « Ces p… de vieilles chimères… »,

souffl e-t-elle. Le vieux physicien riposte. « L’énergie du vide, c’est la clé ! On peut extraire une énergie absolue de la matière sombre de l’univers, si… » Camille explose : « Ça suffi t ! Un tiers des centrales du pays sont à l’arrêt. Y a plus assez

L’homme qui tombe à peakUne nouvelle d’anticipation de Matthieu Auzanneau autour du pic pétrolier, illustrée par François Supiot. (1/4)

Matthieu Auzanneau est journaliste spécialiste des questions d’énergie. La trame de ce récit s’inspire d’événements récents et réels.www.petrole.blog.lemonde.fr

d’uranium, plus assez de pièces de rechange : les systèmes logistiques tombent en carafe les uns après les autres ! Même les armateurs commencent à faire faillite, et l’armée est trop prise à occuper les puits de pétrole du pôle Nord pour faire le fret. Le carburant, les plastiques, l’asphalte, les graisses, les colles, tout manque ! Bientôt ça sera les polymères qui enrobent les pilules d’iode ! Quand comprendras-tu qu’il n’y a plus assez de pétrole pour continuer à faire des expériences nucléaires ? »

Sans attendre la réponse, la jeune femme s’échappe hors de la yourte. Elle s’oblige à ne pas lever les yeux vers la masse atterrante de la tour de refroidissement inachevée d’Iter. Ses pas la conduisent machinalement jusqu’au grand potager. Avec le crépuscule, la touffeur du mois d’octobre s’estompe au-dessus de la Provence ; la petite mousson est presque supportable, cette année. Camille se calme en caressant les grandes feuilles de cardon.

« Iter, en latin ça veut dire le “ chemin ”… Non mais quelle blague ! », se dit Camille, sans doute pour la millième fois. Iter devait fournir à l’homme « la puissance du soleil », comme on disait dans les journaux au lancement de son chantier en 2008. Le réacteur de fusion thermonucléaire expérimental de Cadarache gît maintenant comme un très gros animal blessé à mort. Dieu merci, la milice du consortium nucléaire international continue à assurer la sécurité autour de l’enceinte du complexe. Ça évite de trop penser aux vagabonds suburbains venus d’Avignon ou de Marseille qui rôdent la nuit aux alentours.

Maintenant Camille marche à travers les champs agroforestiers génétiquement adaptés, entre l’enceinte extérieure et les baraquements construits à la hâte, pendant les mois de chaos qui ont suivi la « Grande Crise terminale » de l’euro. Les troisièmes récoltes de l’année s’annoncent généreuses. Cette pensée rassure Camille, qui rebrousse chemin.

Retrouvez le deuxième épisode de cette nouvelle exclusive le mois prochain. 

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l’économie expliquée à mon père

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l’économie expliquée à mon père

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30 janvier 2012 terra eco

Dans cette ville de Seine-Saint-Denis, une vingtaine de salariés en réinsertion cultivent, récoltent et vendent des légumes bio. L’idée : retrouver le chemin de l’emploi grâce au travail de la terre. Par ANGELA BOLIS

A Sevran, on reprend pied avec les Jardins de Cocagne

le reportage

dr

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terra eco janvier 2012 31

A Sevran, on reprend pied avec les Jardins de Cocagne

Vu du ciel, cela doit ressem-bler à un îlot vert dans un océan grisâtre. Un champ qui a – miracle – échappé à l’urbanisation dévorante du 93 (Seine-Saint-Denis). A Sevran, blotti entre les zones

urbaines sensibles des Beaudottes et du Pont-Blanc, ce Jardin de Cocagne a, à première vue, un air saugrenu. On y accède en passant par des cités de toutes formes – rectilignes, arrondies, cubiques – puis par un vaste parking. Là, il y a de la terre et des serres embuées, des graines et des plantes soigneusement alignées. « Avant, c’était un terrain vague qui servait de décharge… », se souvient Lamri Guenouche, qui préside ce jardin associatif. Désormais, s’étend une exploitation biologique dont la vocation n’est pas tant l’agriculture que l’insertion par l’activité écono-mique. Le travail de la terre n’est qu’un support, visant à soutenir les salariés dans leur marche vers l’emploi et la reconstruction personnelle.

Dix ans avant les AmapC’est pourquoi au Jardin de Cocagne de Sevran, on se soucie peu de rentabilité et de productivité agricole. L’exploitation est volontairement peu mécanisée, pour favoriser le contact avec la terre et augmenter la main-d’œuvre. Sur 1,5 hectare de surface cultivée, là où trois ouvriers agricoles suffiraient, ils sont une vingtaine à travailler 24 heures par semaine, pour 700 euros mensuels. Avant d’exiger d’eux un rythme de travail soutenu, Lamri Guenouche a d’autres priorités pour ces salariés en insertion : faire respecter les règles et les horaires, encourager une bonne inté-gration au sein de l’équipe, et réduire un taux d’absentéisme d’environ 20 %. La mission du jardin d’insertion se

A Sevran, 20 salariéscultivent des légumes bio sur 1,5 hectare de terres.

« Si on a aidé les salariés à trouver un logement, ou à arrêter l’alcool, c’est déjà un grand pas en avant. »Lamri Guenouche, président du Jardin de Cocagne de Sevran

niche aussi dans tous les à-côtés du travail agricole, notamment dans le suivi par un accompagnateur social et la participation à de nombreux ate-liers : techniques de recherche d’emploi, informatique, alphabétisation… « Les personnes que nous accueillons ont très peu de qualifications, et sont souvent d’origine étrangère. Elles cumulent de nombreux freins à l’emploi », résume Lamri Guenouche. Ces « freins », ce sont, selon le classement du réseau Cocagne, le faible niveau de formation, le manque de mobilité, l’addiction, mais aussi la souffrance psychique, la maladie, l’isolement social, l’analphabé-tisme, le logement, le surendettement, des problèmes de justice et enfin le handicap. Tous ces obstacles se retrou-vent ici, et souvent s’entremêlent chez une même personne. « Chaque salarié en insertion est une pelote de problèmes compliqués qu’on considère dans son 

ensemble », affirme Jean-Guy Henckel, fondateur des Jardins de Cocagne (lire l’encadré page suivante). Au Jardin de Sevran, ces problèmes sont bien présents. Mais le temps du travail au champ, ils se font quelque peu oublier. En cette matinée, Sultane Odaci, Hanane Esshaymi et Abdel-Ghani Zouaoui s’attèlent à la composition des paniers de légumes. Les salariés vendent directement leur production à une cinquantaine d’habitants du coin, adhérents de l’association. Un mode de fonctionnement proche de celui des Amap (Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne), qui ont émergé une dizaine d’années après le premier Jardin de Cocagne, ouvert en 1991. Pour 9 ou 15 euros, les paniers contiennent des carottes, des pommes de terre, des navets, des épinards, des endives, de la mâche, des échalotes et du dr

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32 janvier 2012 terra eco

coulis de tomate maison. Sultane note les noms des destinataires

sur les sacs bien garnis. Déracinée, la jeune femme renoue avec sa Turquie d’origine grâce au travail de la terre : là-bas, elle cultivait aussi des fruits et légumes, mais plutôt des melons et des pastèques. Quant à Hanane, elle lave des carottes et range le surplus dans la chambre froide, consciencieu-sement. « Après de longues années de chômage, je ne savais plus comment aller vers l’employeur. Ici, on ne fait pas que bosser, c’est plus global : je réapprends comment marche le monde du travail », analyse la jeune femme.

Rares vocations agricolesAbdel-Ghani, lui, est arrivé d’Algérie voilà trois ans avec un diplôme de grutier non reconnu en France. Son année au Jardin de Cocagne est sur le point de s’achever. C’est l’heure du bilan : « Tu t’es bien intégré à l’équipe, 

lui explique Lamri Guenouche. Tu as le permis, tu es jeune, je suis certain qu’il y a du travail pour toi ici. Mais tu ne t’es pas assez impliqué dans les ateliers d’alphabétisation… » A cause du test de français, un poste dans un magasin Carrefour vient d’échapper au jeune homme, venu rejoindre son épouse et son enfant. Près de 40 % des salariés en insertion trouvent un emploi après leur passage au Jardin de Cocagne. Un quart, à l’inverse, abandonne avant la fin du contrat de six mois. Mais la réussite ne réside pas forcément dans les sta-tistiques. « Si on les a aidés à trouver un logement, à faire des démarches admi-nistratives ou à arrêter l’alcool, c’est déjà un grand pas en avant », souligne Lamri Guenouche. Rares sont les sala-riés qui se découvrent, à Cocagne, une vocation agricole. Rares, aussi, sont les emplois maraîchers en Ile-de-France. Mais pour Lamri, le maraîchage déve-

Près de 40 % des employés trouvent un emploi après leur passage dans un Jardin de Cocagne.

le reportage

loppe des compétences qui comptent dans d’autres secteurs : « Ils portent des caisses lourdes, donc peuvent faire de la manutention ; ils trient des légumes, donc peuvent travailler dans les grandes surfaces ; ceux qui ont le permis livrent des paniers et peuvent prétendre à un poste de chauffeur-livreur… »

Travailler avec le vivantAu-delà de ces acquis concrets, l’inser-tion par le travail agricole a d’autres vertus, plus enracinées. « L’insertion est souvent cantonnée à des secteurs déva-lorisants, explique Jean-Guy Henckel. A Paris, les seuls emplois proposés aux femmes sont le ménage ou le service à domicile. Alors qu’elles ont déjà donné toute leur vie pour les enfants et les tâches ménagères ! » Au Jardin, les salariés travaillent avec le vivant. Dans la moiteur d’une serre, des semis germent. Dans une autre, les jeunes pousses d’épinards et de radis dr

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« Ici, on ne fait pas que bosser, c’est plus global : je réapprends comment marche le monde du travail. »Hanane Esshaymi, salariée du Jardin de Cocagne de Sevran

ont été repiquées. Astha Diaby, une jeune femme d’origine guinéenne, nettoie la terre autour des plantules, tandis que sa collègue arrose. Bientôt, il faudra surveiller la croissance, prendre garde aux maladies, puis récolter le fruit de son travail, et enfin le vendre (ou le manger !). Le salarié n’est plus le maillon anonyme d’une société, il participe à la chaîne de production alimentaire dans son ensemble. Dans toutes les bouches, c’est ce pro-cessus lent, complet, créatif qui permet de se structurer et de se sentir valorisé. Agnès Fortier, éco-anthropologue à l’Institut national de la recherche agro-nomique (Inra), parle de « la valeur thérapeutique des travaux horticoles ». La chercheuse, qui a mené une enquête de terrain dans les jardins d’insertion (1), relève le rôle du labeur de la terre, qui « implique de se plier aux exigences de la nature et suppose un travail soutenu, faisant appel à un certain courage ». De quoi casser l’image des « sans-emplois feignants ». Elle ajoute : « Produire des légumes directement consommables à partir d’une simple graine plantée en terre revêt une dimension spectaculaire, presque magique. Ce sentiment aide les jardiniers à reprendre confiance, tout en leur permettant d’acquérir des repères spatiaux et temporels grâce aux cycles de la nature. »

« Reprendre racine »Jean-Guy Henckel l’avait bien compris, lui qui a parié que « faire pousser des légumes permet aux gens de reprendre racine et de se reconstruire ». Son défi, a été de concrétiser cette intuition avec une triple exigence : « Faire quelque chose  d’économiquement  viable,  de socialement génial et d’écologiquement 

irréprochable. » Pour ce dernier point, le bio allait de soi : « Pas la peine d’en rajouter chez ces personnes en difficulté en manipulant des pesticides. C’est une marque de respect supérieur pour ces publics, mais aussi pour la terre, qui était devenu un désert sans vie. »Et au-delà de la terre, c’est le quartier dans lequel s’insère le Jardin qui est revivifié. C’est ce qui ressort d’une étude de Xavier Guiomar, géographe à l’Inra (2) : « Les jardins d’insertion interviennent dans le travail de res-tructuration de la personne, mais ils participent aussi à la restructuration urbaine [en favorisant] l’humanisation des grands ensembles et le changement de la mauvaise image d’un quartier. » A Sevran, depuis sa création, en 1997, le Jardin de Cocagne s’est peu à peu intégré dans le tissu social. Tout d’abord en apportant de l’emploi, mais aussi grâce à son jardin partagé où des habi-tants font pousser des légumes, et à son jardin pédagogique où les enfants des écoles primaires viennent planter, cueillir et observer la nature. Il a su, ainsi, se faire accepter et respecter. Jean-Guy Henckel n’en est pas peu fier : « On a montré qu’un Jardin de Cocagne pouvait parfaitement s’intégrer dans des quartiers urbains en rébellion. Quatre émeutes plus tard, tous les équi-pements du coin ont été détruits, mais le Jardin fleurit toujours. » —(1) « Les vertus du jardin d’insertion. L’invention d’une nouvelle forme de travail » (Revue « Communications » n° 74, 2003) (2) « Les utilisations sociales de l’agriculture aux marges de la ville : les jardins d’insertion en Ile-de-France ». A télécharger ici : www.bit.ly/tGUUry

Cet article a été primé dans le cadre du prix Charles-Gide « du meilleur reportage en économie sociale » de la Fondation Crédit coopératif.

JEAN-GUY HENckEL, L’écONOmIE AUTREmENT

« Après quinze ans dans la 

réinsertion, (en tant qu’éducateur

spécialisé, ndlr) je me suis 

demandé comment faire quelque 

chose d’économiquement 

viable, de socialement 

génial et d’écologiquement 

irréprochable », résume Jean-

Guy Henckel. En 1991, il trouve

sa formule magique en créant

à Chalezeule (Doubs), près

de Besançon, son premier

jardin maraîcher biologique.

C’est la naissance des Jardins

de Cocagne. En croissance

régulière, ces petits paradis

économiques, sociaux et

environnementaux sont un

très gros succès. Aujourd’hui,

Jean-Guy Henckel fait figure

de pionnier dans le milieu de

l’économie sociale et solidaire.

110 Jardins de Cocagne ont

fleuri à travers la France et 15

sont en projet. L’aventure fédère

4 000 jardiniers, 20 000 familles

d’adhérents, 700 encadrants

et 1 500 bénévoles. Et

le réseau Cocagne est le

premier producteur d’agriculture

biologique en France.

Le site des Jardins de Cocagne

www.reseaucocagne.asso.fr Rapport sur les Jardins en 2010 bit.ly/s49zANDans un pays de Cocagne,

entretien avec Jean-Guy Henckel,

(Rue de l’Echiquier, 2009)

Pour aller plus loin

dr

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« Sans cet homme, nous serions encore plus en retard quant à notre connaissance de la gravité de la crise écologique. »Nicolas Hulot, président de la Fondation pour la Nature et l’Homme

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Attention, voici une star planétaire de l’intelli-gentsia écologique. En 1974, il crée l’institut Worldwatch, organisation qui analyse les questions environnementales en faits et chiffres. En 2001, il fonde le Earth Policy Institute (1), think tank qui s’attache à définir une économie durable. Durant

toutes ces années, Lester Brown a écrit une cinquantaine de livres, traduits dans 40 langues. Une star, cet homme simple, qui se présente à nous, ce jour-là à Paris ? Une star, ce septuagénaire alerte, sec et économe de ses mots ? C’est le Washington Post qui le dit. Pour le quotidien américain, il est l’un des « 100 penseurs les plus influents de la planète ». Nicolas Hulot aussi l’affirme : « Sans cet homme-là, aussi discret que rigoureux, écrivait-il dans la préface du Plan B – ouvrage de Lester Brown paru en 2007 –, nous serions encore plus en retard quant à notre connaissance de la gravité de la crise écologique. » Si, si, on peut dire merci à Lester Brown de compiler depuis près de quarante ans des données sur le naufrage que notre mode de vie impose à la Terre. Merci de nous répéter sans cesse que nous risquons de couler avec le navire. Merci encore de ne pas y aller avec le dos de la cuillère dans Basculement. Dans ce dernier-né, Lester Brown nous avertit « que la ‘‘ crise absolue ’’ ou la ‘‘ récession ultime ’’ pourrait arriver à n’importe quel moment ». Pour lui, notre civilisation, comme celle des Mayas, est sur le point de disparaître.On vous aura prévenus. On conseille d’ailleurs aux dépres-sifs de sauter la première partie de ses livres pour accéder directement à la seconde. Car l’économiste attaque toujours par des constats apocalyptiques. D’autant plus effroyables qu’ils sont fondés sur des chiffres et des faits costauds. Les nappes phréatiques ? Surexploitées ! « Plus de la moitié de la population mondiale vit dans des pays dont la produc-

tion céréalière est artificiellement gonflée par une irrigation non durable. » Les sols ? Ils s’appauvrissent à vue d’œil. « Les Nations unies ont annoncé que la désertification touche aujourd’hui 25 % des surfaces continentales », ce qui représente « une menace pour la vie quotidienne de plus d’un milliard de personnes. » Et on en passe.

Loin d’être un PhilippulusCeux qui s’arrêteraient là pourraient être tentés de donner raison à Pascal Bruckner. Et ce serait bien dommage ! L’essayiste, qui accuse les écologistes de despotisme dans son dernier livre – Le Fanatisme de l’apocalypse –, y déplore la multiplication des Philippulus. Ce personnage de Tintin dans L’Etoile mystérieuse « diffuse en continu, selon Pascal Bruckner, l’effroi du progrès, de la science, de la démographie, du climat, de la technique, de la nourriture, que sais-je ? » Mais accuser Lester Brown de « philippulation » serait oublier qu’il ne se contente pas de crier au loup. Pour lui, les solutions concrètes existent. L’agroéconomiste n’est pas un intello à la française. C’est un homme d’action qui a commencé sa vie active en cultivant des tomates. « Il ne nous entraîne pas dans l’illusion du meilleur des mondes, écrivait Nicolas Hulot en 2007. Il dresse pas à pas l’inventaire du possible et le rend crédible pierre par pierre. » Ce possible, qu’il appelle « le Plan B », repose sur deux piliers. Primo, il faut une réforme fiscale, « réduire l’impôt sur le revenu pour le compenser par une augmentation des taxes sur les émissions carbone ». Secundo, « revoir les priorités budgétaires » et affecter des ressources massives pour la reforestation, la remise en état des ressources halieutiques, etc. Pour cela, nous n’aurions même pas besoin de nous ruiner. Lester Brown a calculé avec son équipe de l’Earth Policy Institute qu’il nous faudrait pour y

L’agroéconomiste américain, pionnier du développement durable, imagine depuis quarante ans comment sauver nos sociétés de l’abîme écologique. Son programme ? Un « plan B » qui restructure l’économie. Et, surtout, qui donne l’envie d’y croire.Par EMMANUELLE VIBERT

Lester Brown, penseur de nos plaies

le portrait

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36 janvier 2012 terra eco

parvenir 185 milliards de dollars par an (138 mil-liards d’euros), quand le budget militaire mondial

s’élève à 1 522 milliards de dollars (1 137 milliards d’euros).Ce sera dur, prévient-il. « Seule une restructuration de l’économie au moyen d’une mobilisation de grande enver-gure, et à un rythme de temps de guerre, permettra d’éviter le déclin. » Mais « nous ne pouvons pas dire que nous n’avons pas les ressources pour réussir », tranche-t-il. Pour nous en convaincre, il parcourt le monde, rencontre les dirigeants politiques comme le grand public. Inlassablement, il répète ses arguments. Joue les coachs, nous engage à faire pression sur nos élus. On s’attend même parfois à ce qu’il conclue par un : « Allez-y les gars, vous pouvez le faire ! »

Se retrousser les manchesEt ça marche. A le côtoyer, à le lire, on a envie de se retrousser les manches. Philippe Vieille, fondateur des éditions Souffle Court – qui ont publié en France ses deux derniers ouvrages – l’accompagne à chacune de ses tournées dans l’Hexagone : « Quand on le conduit à l’aéro-port et qu’on lui dit au revoir, on n’est pas comme avant. » Claude Alphandéry, promoteur de l’économie sociale et solidaire en France, signe la préface de Basculement, et confirme : « La nature et l’urgence de ces risques, mis en évidence par Lester Brown, nous permettent non seulement de les conjurer mais d’ouvrir de nouveaux espaces de progrès. Elles contribuent à mobiliser nos énergies, à donner force à nos pratiques démocratiques, à élargir le champ d’une économie solidaire de l’humain et de la nature. » Alors accrochez-vous aux écrits du grand Lester Brown. Sautez éventuellement les premiers chapitres. Mais, s’il vous plaît, lisez la fin. —(1) A l’initiative du cabinet Ecologik Business – www.ecologik-business.com – et de l’association Alternative Planétaire – www.alternativeplanetaire.org –, retrouvez les chroniques de Lester Brown en français sur www.lester-brown.fr

« Nous ne pouvons pas dire que nous n’avons pas  les ressources pour réussir. »

le portrait

Eco-marinéSean ConneryJames Bond s’en va

sauver les eaux. Sean

Connery vient d’entrer au

conseil d’administration

de la Sea Shepherd

Conservation Society,

ONG qui vise à protéger la

faune et la flore marines.

Il y rejoindra un autre

ex-007 : l’Irlandais

Pierce Brosnan !

Eco-atomiséBill Gates« L’idée, c’est d’être 

low cost, très sûr et de 

générer très peu de 

déchets. » Voilà comment

le cofondateur de

Microsoft, Bill Gates, a

présenté en décembre le

nouveau type de réacteur

nucléaire à l’uranium

appauvri qu’il tente de

développer avec une

société d’Etat chinoise

et la société américaine

TerraPower.

Eco-castratriceKatherine HeiglC’est engoncée dans

une robe rose un rien

moulante que Katherine

Heigl participe à la

campagne « I hate balls ! »

pour la castration et la

stérilisation des animaux

domestiques. L’ex-star de

Grey’s Anatomy y apparaît

en prédatrice fun, prête à

couper tous les testicules

sur son passage… et

pas seulement ceux des

chiens !

www.ihateballs.com

Eco-conscientiséKermitKermit est vraiment vert.

Dans le film Les Muppets

– qui sort en avril en

France –, la grenouille

essaye de sauver son

studio, convoité par un

homme d’affaires qui

veut exploiter un puits

de pétrole situé juste

au-dessous. Et tout le

tournage a été supervisé

par une spécialiste des

économies d’énergie.

Eco-couronnéeMargarita Louis-DreyfusLa veuve de Robert

Louis-Dreyfus peut passer

l’hiver au chaud : son club

de foot – l’Olympique

de Marseille – poursuit

sa route en Ligue des

champions et, surtout,

elle a été désignée

« capitaliste de l’année »,

par Le Nouvel Economiste.

Son exploit : avoir

recentré le groupe Louis-

Dreyfus sur le négoce de

matières premières.

greeN peopLe

1934 Naissance à Bridgeton, dans le New Jersey,

aux Etats-Unis

1951 Démarre une exploitation de tomates

1955 Diplômé en science de l’agriculture

1974 Crée le Worldwatch Institute

2001 Crée le Earth Policy Institute

2007 Publie en France Le Plan B (coédition

Rue de l’échiquier - Souffle Court)

2011 Publie en France Basculement (coédition

Rue de l’échiquier - Souffle Court)

En dates

dr

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Rien de plus prosaïque qu’une carte. Rien de plus neutre qu’une carte. Rien de plus

triste qu’une carte. C’est contre ces évidences que Julien Bousac s’élève. Son aventure commence il y a trois ans. Humanitaire, il rentre d’un long séjour en Israël et en Palestine. Il en rapporte le besoin de faire comprendre l’émiettement des Territoires occupés et les innombrables statuts de leurs habitants. Cette « peau de léopard » donne naissance à son premier travail : L’Etat-Archipel de Palestine. L’œuvre, ludique et dérangeante, circule au-delà de son cercle amical : publiée dans un atlas du Monde diplomatique, elle attire l’attention de revues de graphisme… Il retrouve alors sa « fascination de gamin pour la carte comme objet de poésie, d’évasion ». Facile d’accès, très codifiée et bourrée d’informations, elle est parfaite pour « faire passer un message mais aussi le déformer, sciemment ou inconsciemment ». Trajets de migrants de Dakar à Paris, transposition de la situation palestinienne en Mayenne, nationalités qui ont construit la France, visas indispensables selon l’origine des voyageurs : les cartes de Julien Bousac se penchent sur les mouvements de population. Avec une ironie mordante « mais pas de cynisme ». Et une certitude : « Elles ne sont pas plus fausses que d’autres ! » —www.obgeographiques.blogspot.com

Cartes de séjour

le zoom

Plans de métro, planisphères, mappemondes : Julien Bousac revisite leurs codes pour mettre en lumière le quotidien des populations fragiles à travers le globe. Un travail mordant et engagé. Par FRANÇOIS MEURISSE

julie

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le zoom

1. Carte nationale d’identités

2. La bande de Mayenne

3. Sans visa (Paris)

4. Dakar-Paris julie

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4.

3.

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L'atome les rend tous fous. « Terra eco » dit halte aux arguments de comptoir, aux slogans des acteurs du secteur… et aux idées reçues des militants. Bref, stop le n'importe quoi !Par SIMON BARTHÉLÉMY Illustrations : PLACID pour « Terra eco »

Nucléaire : pas de pitié pour les bobards

Dossier

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SommaireENQUÊTE : Notre recette contre les salades atomiques P. 44PRATIQUE : Les astuces pour optimiser son énergie P. 47QUIZ : Passez au « stress test » radioactif P. 52

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Notre recette contre les salades atomiques

Enfer et damnation : c’est dimanche, et vous allez bruncher chez votre beau-frère Georges. En bas de chez lui, sur la place du marché, des militants

pronucléaires distribuent des tracts défendant les 24 réacteurs qu’affirme vouloir fermer l’opposition. Vous vous frayez un chemin jusqu’au porche de l’immeuble et grimpez chez votre hôte. Entre brioche et œufs brouillés, le sujet figurera sans nul doute au menu. Ambiance assurée. L’air de rien, vous saluez d’une main ferme et droit dans les yeux chacun des convives du jour : un décroissant, un gaulliste, une admiratrice de Claude Allègre (si, si), une poignée de partisans de la « gauche MOx » et quelques traditionnels « sans opinion ». Au cœur du débat : l’avenir du nucléaire après l’élection de 2012. Faut-il en sortir un peu, beaucoup, pas du tout ? Fidèle de Terra eco, vous allez pouvoir mettre votre grain d’iode (pas dans le café, hein), traquer les approximations et débusquer l’intox grâce à ce manuel de savoir-vivre en milieu radioactif.

C'était un dîner presque parfait… Et puis, patatras, un convive a lancé la conversation sur le nucléaire. Ça vous rappelle quelque chose ? Pour éviter de revivre ce cauchemar, voici nos antisèches pour clouer le bec aux beaux parleurs !

« C’est notre indépendance 

énergétique ! »

Bigre, ça commence fort ! Alors qu’on sert paisiblement du kouglof, votre voisin balance la tarte à la

crème du village gaulois gavé de potion magique à l’uranium enrichi. Idéal pour vous échauffer et vous faire mousser à peu de frais. Un peu de courtoisie : « Je pouffe : le nucléaire assure certes 75 % de notre production d’électricité, mais représente seulement 17 % de notre consommation énergétique. L’Hexagone importe même de plus en plus d’énergie fossile pour répondre à l’inflation du trafic automobile et aux besoins de chauffage en hiver. Ainsi, ses centrales n’empêchent pas le Français moyen de consommer 1,06 tonne de pétrole par an, contre 1,01 tonne pour un Allemand ! » Laissez reposer, puis ajoutez une petite cerise : « Lorsque nos dirigeants parlent d’indépendance énergétique, ils oublient bizarrement de dire que la France n’a 

plus de mine d’uranium en activité et que ce combustible indispensable à nos réacteurs est intégralement importé (pour un tiers du Niger). Et à en croire la prise d’otages en septembre 2010 de salariés d’Areva, l’entreprise française qui exploite les gisements nigériens, nous n’y avons pas que des Aqmi… » Evitez le rictus d’autosatisfaction et le haussement d’épaules qui vous trahirait. Distribuez des smoothies pour faire passer ce jeu de mots d’un goût douteux. Et concluez : « Si l’Etat reconnaissait que l’uranium est importé, notre glorieux taux d’indé-pendance énergétique, affiché à 51 %, tomberait à 8,9 %. Cocoribof. » Vous avez gagné l’oreille des convives.

« Ça va nous coûter un bras  

de sortir du nucléaire »

Dans un rougissement qui attendrit votre voisine, vous admettez : « Oui, tout le monde est d’accord. »

Le problème, c’est que, quel que soit le scénario choisi, « il va falloir débloquer le tiroir-caisse », glissez-vous. Avant d’enchaîner : « Ne rien faire, c’est-à-dire maintenir la part de notre électricité d’origine nucléaire à 70 %, coûterait déjà la bagatelle de 322 milliards d’euros d’ici à 2030. » Et ce sont les prévisions (1) de l’Union française de l’électricité (UFE), qui fédère les entreprises du secteur, pas celles de votre tonton Jean-Claude, excusé pour le brunch. Vous laissez couler la crème anglaise dans

Dossier

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la gorge de vos invités et poursuivez. « Réduire cette part à 50 %, comme le propose le Parti socialiste, reviendrait à signer un chèque de 382 milliards… (tapez un coup ferme dans le dos de votre voisine qui vient d’avaler tout rond un bretzel XL) et viser 20 % à lâcher 434 milliards d’euros. Pas facile en temps de crise (giflez fermement votre voisin afin de le réanimer). Benjamin Dessus, ingénieur, économiste et président de l'association Global Chance, pousse, lui, le bouchon un cran plus loin. Selon ses calculs, une sortie du nucléaire en vingt ans se chiffrerait entre 451,5 et 503  milliards  d’euros  contre  457  à 546 milliards d’euros en cas de poursuite du programme. » Vérifiez que votre

téléphone n’est pas déchargé et appelez les pompiers, vous auriez juré avoir perçu des suffoquements de l’autre côté.« Prenons un peu de recul sur ce bom-bardement de chiffres, mes frères, lancez-vous, en vous rendant compte que ce verre de pouilly attaque sévère en ce dimanche midi. Toutes ces estimations ont été réalisées au doigt mouillé, car EDF ne dévoile pas ses coûts, et parce qu’on ne connaît pas encore la facture du démantèlement des centrales et du stockage des déchets. » L’agitation autour de la table rend nerveuse la cuisinière. Restez zen et proposez la tisane de mère-grand à l’assemblée : le rapport de la Cour des comptes devrait mettre tout le monde d’accord début 2012.

« Dégommer l’atome, c’est 

perdre 400 000 emplois »

Là, c’est très touchy… Le Français est presque aussi fier de ses 58 réacteurs nucléaires que de

ses 300 fromages. En fermer 24, comme le propose l’accord PS-Europe Ecologie - Les Verts, fait hurler dans les chaumières. Le gouvernement Fillon évoque 400 000 emplois directs et indirects menacés. Henri Proglio, pédégé d’EDF, pousse le sinistre social jusqu’à un million, en ajoutant 500 000 emplois dans

« Maintenir à 70 % la part de notre électricité d’origine nucléaire coûterait 322 milliards d’euros d’ici à 2030. »L'Union française de l’électricité, qui fédère les entreprises du secteur.

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des entreprises en France qui risqueraient de déguerpir à

l’étranger. Vous soufflez simplement aux convives que, selon une récente étude du cabinet PriceWaterhouseCoopers pour Areva, la filière génère 410 000 emplois en France, dont 125 000 directs. Mais tous ces emplois ne seront pas détruits si l’on réduit d’un tiers la voilure du parc nucléaire, de 75 % à 50 % de la production française d’électricité.

« Le prix de l’électricité 

va grimper de 50 % »

Electrisé, cet invité que vous ne connaissez pas – encore un pique-assiette ! – s’emporte. « Le prix 

pourrait même être multiplié par quatre en cas de sortie du nucléaire, affirmait l’an dernier le président Sarkozy, insiste-t-il. Alors que la France a l’électricité la moins chère d’Europe ! » – « Vous reprendrez bien un peu de jus, pour rester concentrés ? », commencez-vous, cafetière en main. «  Soyons  précis. D’abord, n’oublions pas que nos centrales sont déjà amorties et que nos tarifs sont régulés. Ensuite, l’UFE a évalué que le tarif du mégawattheure augmenterait de moitié d’ici à 2030 en cas de fermeture de 24 réacteurs, le vœu du socialiste François Hollande. Mais selon l’Union, la hausse serait de 33 % à même date si la part du nucléaire dans notre mix énergétique reste inchangée… » Baissez le ton, l’heure est grave : il n’y a plus de sucre. « Qui plus est, cette flambée de notre facture paraît très optimiste : EDF réclame une augmentation des tarifs aux particuliers de 30 % en cinq ans ! De quoi couvrir ses frais liés à la rénovation des centrales… Et surtout la construction de ses EPR : celui de Penly, en Seine-Maritime, verra peut-être le jour… un jour ; celui de Flamanville, dans la Manche, va, lui, coûter au moins deux fois plus cher 

que prévu. Hors frais de transport et de distribution, le courant vaudra, selon les estimations, de 70 à 120 euros le mégawattheure. Deux à quatre fois plus qu’aujourd’hui, et autant que l’électricité éolienne ! » Même vos contradicteurs sont soufflés. Donnez-leur du sucre (il en restait sous un exemplaire du Journal 

du dimanche). « Enfin, ces chiffrages sont encore aussi obscurs que les expressos de Georges. On y verra, là encore, plus clair avec le rapport 2012 de la Cour des comptes, notamment quant aux coûts du démantèlement – EDF compte moins de 500 millions d’euros par réacteur, quand le Royaume-Uni le chiffre à 2,9 milliards 

Dossier

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– et du stockage géologique des déchets (au moins 35 milliards pour le labo de Bure, dans la Meuse). Il comprendra peut  être  aussi  des  éclairages  sur  le financement de la recherche et sur un autre coût non compris dans la facture électrique mais payé par nos impôts : celui des assurances. » Vous avouez alors à Georges que nos centrales ne sont pas couvertes en cas d’accident, que Fukushima pourrait coûter 175 milliards aux Japonais et que vous ne seriez pas contre un trou normand.

« Les Allemands y arrivent bien. 

Pourquoi pas nous ? »

C’est un cri de colère qui s’élève de l’entrée et de la gorge d’une jeune écolo convertie : « De l’autre côté du 

Rhin, ils ont dit stop au nucléaire et ça marche. » La colère n’est pas toujours bonne conseillère. Petite gêne. « C’est plus facile d’abandonner cette énergie pour l’Allemagne, dont les centrales nucléaires ne produisent que 22 % de l’électricité, que pour la France, alimentée à hauteur de 74 % », la taclez-vous. « Et puis en attendant que les énergies renouvelables répondent à leurs besoins, nos cousins germains  vont  devoir  construire  des centrales brûlant du charbon et du gaz, ce qui émettra de 320 à 480 millions de tonnes de CO

2 supplémentaires d’ici à 

2020 », renchérit un convive. C’est vrai que c’est pas faux. Les émissions de gaz à effet de serre vont en effet augmenter et ce n’est pas une bonne nouvelle pour le climat. Petites consolations, les Allemands vont remplacer leurs vieilles centrales par des modèles plus efficaces et le renchérissement des prix de l’électricité les poussera à faire des économies tous azimuts. De plus, leur objectif de passer de 17 % d’énergies renouvelables en 2010 à 35 % en 2020 est bien engagé : ils ont déjà franchi la

barre des 20 %. La France aurait plus de boulot, mais tous les scénarios sérieux de sortie du nucléaire ne l’envisagent pas avant 2031, en fin de vie de nos centrales actuelles. A condition d’arbitrer entre la prolongation de leur durée de vie et leur fermeture, ou leur remplacement.

« Le parc français est le plus sûr  

au monde ! »

«En  tout  cas,  Tchernobyl, Fukushima,  c’est  pas  chez nous que ça arriverait ! », lance

l’admiratrice de Claude Allègre. « On n’est pas dans un système soviétique en pleine déliquescence, et vous avez déjà vu des tsunamis en Bourgogne, vous ? » – « C’est vrai, il n’y a aucun sushi à se faire », blague Georges en déposant un troisième plateau de saumon sur la table. Les deux se tapent sur les cuisses. « Arrêtez les vannes éculées »,

coupe le décroissant. Sérieux comme il se doit, il rappelle que « le nucléaire sûr n’existe pas, comme viennent de le démontrer les militants de Greenpeace en s’introduisant le 5 décembre dans deux centrales. D’ailleurs, l’EPR, conçu dans les années 1990, donc avant le 11-Septembre, ne résisterait pas à une chute d’avion de ligne sur son réacteur. » Le ton monte aussi sec : « Autant alors vivre dans des cavernes si on craint que le ciel ne nous tombe sur la tête ! » Eh oui, ça vole pas haut. Jouez vite les casques bleus entre deux sashimis au thon rouge (Georges n’est pas très écolo, il a voté François Hollande à la primaire socialiste et boit du Nespresso…) : « C’est vrai, aucun accident grave, c’est-à-dire avec une fusion totale du cœur du réacteur, n’est intervenu en France (l’allégrolâtre jubile). Et c’est bien parce que la sécurité de l’EPR est renforcée qu’il coûte cher et que son concepteur, Areva, avait déjà du mal à le vendre à l’étranger avant Fukushima  (l’allégrolâtre se tait). La France recense toutefois 

C'est un fait, les mesures du Grenelle de l’environnement (éco-prêts

à taux zéro, réglementation thermique) font un flop. Selon le Centre

international de recherche sur l’environnement et le développement

(Cired), elles ne permettront au mieux qu’une baisse de 8,5 % de la

conso en 2050, contre 38 % espérés ! Principal suspect : l’effet rebond.

Après avoir baissé leur facture grâce à des travaux d’isolation, les

ménages remontent les thermostats. Le Cired propose donc de ressortir

la taxe carbone. « Terra eco » ose deux autres propositions :

1/ Brûlons les grille-pain ! Pardon, les radiateurs électriques. Ce

mode de chauffage est responsable de 15 % de notre consommation

d’électricité, et ce, lors des périodes de pointe, le soir en hiver. Un bon

poêle, c’est pile-poil renouvelable.

2/ Installons des centrales nucléaires en ville ! Pour fabriquer de

l’électricité, nos réacteurs produisent d’abord la chaleur. Mais les

deux tiers partent en fumée, en vapeur ou dans les cours d’eau. Elle

pourrait être récupérée et alimenter les réseaux urbains, à condition

d’habiter un peu plus près des réacteurs. Comment ça, non ?

Les trucs de « Terra eco » pour optimiser son énergie

En sortant du nucléaire, l'Allemagne émettra de 320  à 480 millions de tonnes de CO

2 en plus d’ici à 2020.

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48 janvier 2012 terra eco

1 000 “ événements ” chaque année sur ses sites nucléaires, dont cer-

tains mortels, comme à Marcoule (Gard) le 12 septembre dernier (l’allégrolâtre regarde ses pieds). Sans compter  les contaminations difficiles à recenser du fait de la sous-traitance et du recours aux intérimaires (l’allégrolâtre regarde sous la table). Par le passé, plusieurs “ événements ” auraient pu tourner à la cata. En 1999, au Blayais (Gironde), la tempête provoqua l’inondation de la centrale et interrompit le refroidissement d’un réacteur. Bordeaux faillit être évacuée (l’allégrolâtre est sous la table) ! Après Fukushima, les responsables de l’Autorité de sûreté nucléaire ont d’ailleurs reconnu qu’un tel scénario n’était pas improbable en France. C’est pourquoi les Suisses récla-ment la fermeture de notre doyenne des centrales, à Fessenheim (Haut-Rhin) : elle est construite sur une faille sismique qui a provoqué en 1356 la destruction de Bâle (l’allégrolâtre a fusionné avec le tapis). » Là, faites tourner les sashimis. On n’a qu’une vie, et puis il est déjà mort, ce thon, non ? Et buvez un coup de cognac, ça donne soif de monologuer.

« Les centrales françaises 

sauvent le climat »

Tiens, voilà Georges qui fredonne : « Tutututu tu tututututu. » Les mélo-manes ont reconnu la scie disco de

Lipps, Inc., Funkytown, devenue l’hymne d’Areva. Sur votre gauche, un karaoké démarre. Alors qu’on se passe la salade fuse la sentence qui tue : le nucléaire permet de lutter contre l’effet de serre et le changement climatique. « Sans CO

2 ? 

C’est vrai, même si les avis divergent sur le bilan carbone de l’ensemble de la filière, du transport de l’uranium à celui des déchets », affirmez-vous. « Un réacteur n’émet que de la vapeur, celle créée par l’eau au contact de la chaleur dégagée par 

la fission des atomes d’uranium. Comme dans une centrale où l’on brûle du charbon ou du gaz, cette vapeur d’eau permet de faire tourner des turbines et de pro-duire de l’électricité, avant d’être relâchée par les cheminées (oh ! les jolis panaches blancs). Nos centrales permettent à la France d’afficher un niveau d’émissions de CO

2 par habitant inférieur à presque 

tous nos voisins : 6,1 tonnes en 2008, contre 10,1 outre-Rhin, notamment. » Une Marseillaise démarre autour de la table. Mais vous vous devez de renverser la vapeur. « Toutefois, avant la crise, nos émissions liées au secteur énergétique ont augmenté (de 4,9 % entre 1990 et 2007) quand elles baissaient de 16 % en Allemagne, engagée dans la sortie du nucléaire ! Ce pays nous vend d’ailleurs, en hiver, l’électricité qui nous manque, produite dans ses centrales à charbon…»

« Nous sommes drogués aux 

électrons »

Alors qu’une des convives baille et sort discrètement son smartphone, un des pronucléaires contre-

attaque en projetant de la fourme d’Ambert sur son voisin : « Pour chauffer ton appart à 22 °C et faire fonctionner tous tes bidules, ton Internet, et bientôt nos voitures électriques, tu préfères la houille, l’atome ou le rétropédalage ? Certains scientifiques écologistes sensés, comme l’ingénieur Jean-Marc Jancovici, affirment que, face à la hausse de notre consommation d’électricité, les économies d’énergie sont insuffisantes, que le solaire et l’éolien ne peuvent y faire face, car elles sont intermittentes : il n’y a pas tout le temps du vent et du soleil. » Calmez-vous et éclairez l’auditoire. « D’abord, RTE (Réseau de transport de l’électricité) table sur une croissance modérée de notre conso (1,1 % par an d’ici à 2015 puis 0,6 % jusqu’en 2030) grâce à plus 

d’efficacité  (éclairage,  isolation),  et malgré le boom des appareils électriques. Le hic, c’est que la consommation de pointe, lors des vagues de froid ou de chaleur, va augmenter fortement, à cause notamment du chauffage électrique. Son développement, voulu par EDF pour vendre  sa  surproduction  nucléaire, nous oblige à importer de l’électricité quand la bise hivernale montre son nez. Il n’est même pas dit que la construction de 60 EPR, proposée par l’association nucléophile Sauvons  le climat, pour remplacer nos réacteurs permette de faire face à ces pics. La solution ? Etre un peu moins branchés. » (Lire l’encadré p. 47)

« Le nucléaire est la réponse 

aux besoins du Sud »

«D’abord, sachez que 1,3 milliard de personnes n’ont pas accès à  l’électricité  !  », objecte

un voisin en se servant du pastrami avec la louche de mère-grand. « Le nucléaire peut répondre aux besoins croissants  des  pays  du  Sud,  et  sans aggraver le changement climatique. » – « Marginalement, affirmez-vous. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), le nucléaire pourrait représenter 

Dossier

Areva va bâtir  une centrale à Jaitapur, en Inde, dans une région notoirement sismique.

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terra eco janvier 2012 49

7,3 % de la consommation mondiale d’énergie en 2030, contre 5,8 % en 2008. Il  contribuerait à moins de 6 % des réductions nécessaires de gaz à effet de serre en 2050. Et encore, l’AIE a révisé ces projections optimistes datant de 2010 : elle estime qu’après Fukushima, seulement la moitié des projets de réacteur sortiront de terre en 2035… Cela aura d’ailleurs des conséquences sur le climat si ceux qui renoncent au nucléaire optent pour des énergies fossiles plutôt que pour des renouvelables. Toujours selon l’AIE, l’équivalent de cinq années d’émissions mondiales supplémentaires ! »« Alors il faudrait choisir entre la peste et le choléra ? », s’interroge la jeune écolo. « Pas si simple. L’ancienne patronne d’Areva Anne Lauvergeon reconnaissait elle-même qu’on ne peut pas construire des réacteurs partout, pour des questions de sécurité, de risques de prolifération des armes atomiques, et de gestion des déchets. Mais ça n’empêche pas Areva 

de vendre à l’Inde une centrale dont la construction est prévue à Jaitapur, dans une région sismique. Et les Russes vont en bâtir une au Bangladesh, qui, c’est bien connu, glissez-vous sans malice, est à l’abri des intempéries. Selon Bernard Laponche, ex-physicien du Commissariat à l’énergie atomique et fondateur de Global Chance, un réacteur nucléaire n’est que le moyen le plus dangereux de faire bouillir de l’eau ». Un sifflement retentit : l’eau est prête pour le thé.

« 96 % de nos déchets  

sont recyclés »

«Quel mauvais esprit quand même, râle soudain la fan de Claude Allègre.

Insulter  notre  belle  industrie 

Le groupe nucléaire public

a annoncé un vaste plan

d'économies le 12 décembre.

Il prévoit le gel des salaires,

des embauches et des

investissements (l'extension

du centre de retraitement de

La Hague notamment) en

France, aux Etats-unis et en

Afrique. Au total, la direction a

prévu d'économiser un milliard

d'euros par an sur ses coûts de

fonctionnement d'ici à 2015.

Ce plan vise, pour le groupe

dirigé par Luc Oursel, à éponger

de lourdes pertes (1,5 milliard

d'euros cette année) et à tirer les

conséquences de la catastrophe

de Fukushima. Areva emploie

48 000 personnes dans le monde

dont la moitié en France.

Areva au régime sec

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alors qu’elle recycle 96 % de ses déchets » – « Greenwashing ! »,

hurle à son tour le décroissant en reprenant le « Tututututu tutututu, Funkytoooooown ». Sur quoi se fonde ce slogan ? La France est – avec la Grande-Bretagne – le seul pays nucléarisé à retraiter des combustibles irradiés, à l’usine de La Hague (Manche). Ses trois composantes y sont séparées : 95 % d’uranium, 1 % de plutonium et 4 % de déchets « ultimes », vitrifiés et destinés au stockage géologique. «  Malgré cinquante ans de recherche sur le sujet, on n’a encore aucune solution pour ces 50 000 tonnes de déchets, radioactifs pour plusieurs millions d’années, et qui seront bientôt stockés en profondeur, à Bure 

(Lire Terra eco n° 28, septembre 2011) », soulignez-vous. « Poubelle à vie ! », lance Georges, rouge vif et manifestement de plus en plus ivre. « D’autre part, poursuivez-vous, faisant fi des gloussements et du brunch qui part en queue de merlu, ce n’est pas parce que 96 % des déchets sont recy-clables qu’ils le sont effectivement. Ainsi, 80 tonnes de plutonium, extrêmement radioactif  pendant  ses  vingt-quatre mille ans de demi-vie, sont stockées à La Hague. 22 000 tonnes d’uranium de  retraitement  sont  entreposées  au Tricastin (Drôme) et 15 % des déchets français sont expédiés en Russie. » – « Et le MOx ?, interrompt la voisine du dessous passée récupérer des trognons

de pomme pour son lombricompos-teur. Il ne permet pas de réutiliser ces déchets ? » – « En partie, répondez-vous calmement. Produit à partir de plutonium et d’uranium appauvri, ce combustible est réutilisable dans certains réacteurs, mais il n’est ensuite plus recy-clable. Bref, l’intérêt du retraitement, dispendieux (le centre de La Hague coûte un milliard d’euros par an) et lui-même producteur de déchets, n’est pas évident. D’où l’accord polémique trouvé par les écolos et le Parti socialiste pour arrêter la production de MOx », rappelez-vous. « Mouais ! Un accord valable jusqu’à ce qu’Areva passe un petit coup de fil à François Hollande, s’il rentre à l’Elysée », ronchonne le militant pronucléaire.

Dossier

50 janvier 2012 terra eco

22 000 tonnes d’uranium de retraitement  sont entreposées au Tricastin, dans la Drôme.

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Là, vous rapportez les plats en cuisine et raccompagnez la voisine.

« Demain, le nucléaire sera 

propre et inépuisable »

Vous arrivez à temps pour empêcher une invitée de jeter du riz dans la poubelle « recyclable ». Elle

insiste : « La quatrième génération de réacteurs devrait permettre d’utiliser tous ces déchets, non ? C’est un peu le bac vert du nucléaire…» – « L’objectif est en effet d’utiliser dans ces centrales du combustible usagé, ce qui, affirment ses partisans, garantirait deux mille cinq cents ans d’approvisionnement grâce à nos déchets, contre quelques décennies seulement dans les gisements connus d’uranium. Superphénix pourrait ainsi  renaître de ses cendres : ce réacteur conçu en 1985  devait,  tout  en  produisant  de l’électricité, transformer tout l’uranium en plutonium. Mais  on a fini par en avoir trop sur les bras, et la mission du “ surgénérateur ” a changé : incinérer le plutonium ! Las, Superphénix, qui a  coûté  7  milliards  d’euros,  était  la plupart du temps en panne. En 1997, le Premier ministre Lionel Jospin et la ministre Verts Dominique Voynet ont arrêté les frais et lancé le démantèlement. Aujourd’hui, 650 millions d’euros du grand emprunt financent les recherches du CEA sur un tout nouveau prototype de surgénérateur : Astrid… »Votre interlocutrice réplique car elle en connaît un rayon : « La fusion, avec le projet Iter à Cadarache, en revanche, ce serait super, pour recréer l’énergie du soleil… » – « Cela risque surtout de faire un four », rétorquez-vous. « 16 mil-liards d’euros sont investis dans Iter. Objectif : chauffer des noyaux d’hydro-gène à 100 millions de degrés pour qu’ils fusionnent et dégagent une énergie proche de celle des étoiles. Mais, comme disent 

les sceptiques, dont plusieurs savants pronucléaires – Claude Allègre, Sébastien Balibar… –, on veut mettre le soleil en boîte sans savoir fabriquer celle-ci : on ne sait quels matériaux sont capables de résister. Si on résout ce problème, il faudra patienter un petit siècle pour des applications industrielles. Trop tard pour enrayer le changement climatique… Si on rapportait du fromage ? » De la tomme, bien sûr !

« Il faudrait couvrir la France 

d’éoliennes »

On sert le café-gourmand-calva… et les tout derniers arguments : « Pour remplacer nos réacteurs, 

il faudrait mettre une éolienne tous les 100 mètres. » – « Vous voulez qu’on retourne à la bougie… » Restez zen, vous n’allez pas craquer maintenant. « Des scénarios de transition énergétique, comme celui de l’association NégaWatt, jugent possible de réduire nos émissions de gaz à effet de serre tout en sortant du  nucléaire  –  en  2033.  Cela  passe évidemment  par  un  développement important des énergies renouvelables, à commencer par la biomasse : bois, déchets agricoles… Autre piste envisagée : la  méthanisation,  c’est-à-dire  la fermentation de matières animales ou végétales pour produire du biogaz. Mais il s’agira surtout de réduire massivement – de 60 % ! – notre conso énergétique, grâce notamment à la rénovation des bâtiments. Ce qui impose de réfléchir d’abord aux usages de l’énergie, avant de la produire… Et si c’était cela, la vraie révolution énergétique en 2012 ? » Alors que tout le monde se quitte pour laisser cuver Georges, une voix vous glisse : « Tu me donnes ton 06 ? » Grâce au nucléaire, vous avez noué d’inattendus atomes crochus. —(1) Brochure à télécharger ici : www.bit.ly/sCaudY

janvier 2012 51

      EN SAVOIR PLUS

Atlas mondial

du nucléaire

de Bruno Tertrais

(Autrement, 2011)

L'Energie

nucléaire

de Paul Reuss

(PUF, 2006)

En finir

avec le nucléaire

de Benjamin

Dessus et Bernard

Laponche

(Seuil, 2011)

Peut-on sortir

du nucléaire ?

de Jacques Foos

et Yves de Saint

Jacob

(Hermann, 2011)

Le site de l'Agence

internationale

de l’énergie

www.iea.org

Le site d'Areva

www.areva.com

Le site de la Criirad

www.criirad.org

Le site de Global Chance

www.global-chance.org

Le site de NégaWatt

www.negawatt.org

Le site de Sauvons le climat

www.sauvonsleclimat.org

22 000 tonnes d’uranium de retraitement  sont entreposées au Tricastin, dans la Drôme.

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Dossier

1 Lequel de ces réacteurs nucléaires du futur

fonctionne déjà dans le monde ?a. L’EPRb. Superphénixc. Iter

2 Comment s’appelle le combustible composé

de 7 % de plutonium issu du retraitement des combustibles irradiés et de 93 % d’uranium appauvri ?a. Le Botoxb. Le MOx c. La Stomoxe

3 Le programme de construction

de plusieurs centrales par an pendant dix ans a été lancé en France…a. En 1969 par le général de Gaulle, à la suite d’un référendum b. En 1974 par le Premier ministre Pierre Messmer, sans débat au Parlementc. En 1981 par François Mitterrand, après une consultation publique

Réponses : 1/Aucun. La mise en service de l’EPR de Flamanville était prévue pour 2016 mais devrait prendre du retard ; Superphénix a été arrêté en 1998 et Iter n’est pas encore sorti de terre. 2/b. 3/b. 4/c. 5/b. 6/a. L’uranium appauvri, sous-produit de l’enrichissement de l’uranium, a notamment été utilisé dans certaines munitions de l’armée américaine. 7/c. Et ce, malgré la visite de Mouammar Kadhafi à Paris en 2007. La France avait en revanche conclu un accord pour fournir de l’uranium enrichi au régime du shah d’Iran, puis vendu une centrale à Saddam Hussein. 8/c. 9/b. 10/a, b et c.

4 Quelle est la bande-son des récentes pubs d’Areva ?

a. Quand votre cœur fait boum, de Charles Trenetb. Atomic, de Blondiec. Funkytown, de Lipps, Inc.

5 Combien la France compte-t-elle de réacteurs

nucléaires ?a. 6, un dans chaque coin de l’Hexagoneb. 58 (un pour chaque million d’habitants)c. 36 000, un pour chaque commune

6 Quelle technique est indispensable pour

fabriquer des armes atomiques et pour faire fonctionner nos réacteurs à eau pressurisée ?a. L’enrichissement de l’uraniumb. L’appauvrissement de l’uraniumc. L’endettement de l’uranium

7 Avec quel pays l’industrie nucléaire française n’a-

t-elle finalement pas fait d’affaires ?a. L’Iranb. L’Irakc. La Libye

Passez au « stress test » radioactifVocabulaire, histoire, science : êtes-vous nucléo-incollable ? Attention, ce quiz est potentiellement dangereux. Merci de le manipuler avec précaution.Par SIMON BARTHÉLÉMY

8 Dans quelle centrale nucléaire américaine s’est

produit un accident majeur le 28 mars 1979 ?a. Three Little Pigsb. Shutter Islandc. Three Mile Island

9 Quel(le) scientifique a découvert la « réaction

en chaîne » provoquée par la fission de l’uranium, créé le premier réacteur français en 1948, puis signé l’appel de Stockholm pour l'interdiction de la bombe atomique ?a. Marie Curieb. Frédéric Joliot-Curiec. Freddie Mercury

10 Combien de personnes sont mortes à la suite

de l’accident de Tchernobyl ?a. 62. Et 4 000 à venir, selon l’Organisation mondiale de la santé et l’Agence internationale de l’énergie atomique (en 2005)b. Entre 100 000 et 400 000 selon Greenpeacec. Près d’un million, selon une étude de scientifiques russes reprise par l’Académie des sciences de New York

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Décrypter les étiquettes, moins gaspiller, manger local et bio… Autant de thèmes déclinés en fi ches pratiques, proposées par le site « Goûtons un monde meilleur », lancé par cinq associations : le WWF, Réseau environnement santé, Slow Food, Max Havelaar et le Comité français pour la solidarité internationale.

Le + environnemental : promotion du biohttp://goutons-un-monde-meilleur.fr

54 janvier 2012 terra eco

Crème à la noixOn connaît surtout le macadamia par sa petite noix, très savoureuse. Dans les cosmétiques, il est plus rare. Hydratante et nourrissante, cette crème à la délicate odeur est conçue par le laboratoire Body Nature. Soins du visage, du corps et même articles pour l’entretien de la maison, les produits de la marque sont exclusivement distribués lors de ventes en réunion, à domicile.

Le + environnemental et social : produits bio, fabriqués en France. Prix : 22 euroswww.body-nature.fr

56 Ils changent le monde Au Togo, le plastique tient le haut du pavé

58 Forêt du Liban : la protéger, c’est l’adopter

60 Sainte-Suzanne s’active avec l’énergie de l’espoir

62 J’ai testé La vente bio à domicile

64 Soon soon soon Déménagez dans une ville sous-marine

66 Derrière l’étiquette Le poulet bio pique sa crise d’identité

68 L’alimentation Au menu ce soir, du brocoli breveté

70 Cinéma

72 Livres

74 L’agenda 2012 Tous les événements de l’année

82 Côté couloir

AGIR

dr

L’heure du goût

L’ardoise s’il vous plaîtCette ardoise vous rappellera sans doute votre enfance, à l’époque où vous y gribouilliez vos calculs et où il fallait la lever le

plus vite possible. Celle-ci servira plutôt de

tableau pour la cuisine et est signée de la marque Reine Mère. Conçue en Franche-Comté, elle est fabriquée en bois issu des forêts jurassiennes gérées durablement et est enduite d’une peinture à l’eau. Le compte est bon.

Le + environnemental : fabriqué en France, matériau issu de forêts gérées durablement. Prix : 38 euroswww.reinemere.com

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AU COIN DU MEUBLEChez Gautier, le bois, ça ne se gâche pas. Au départ, il y a des forêts françaises gérées durablement. On en tire la matière nécessaire à la fabrication de lits, pour les enfants notamment. Les chutes, elles, sont recyclées pour la conception d’autres meubles. Restent les sciures qui sont utilisées pour le chauffage. Le tour du bois est complet.

Le + environnemental : meubles écoconçus. Prix : 504 euroswww.gautier.fr

Vertes, jaunes ou oranges. Voici des petites bourses en cuir pas comme les autres. Elles sont confectionnées à Lyon, entièrement à la main, par un artisan bottier. Pourquoi bottier ? Parce qu’il fabrique également des bottes très originales. Le petit plus : tous les accessoires et chaussures peuvent être créés sur mesure, pour des questions de coloris et de pointures, sur commande, en magasin ou en ligne.

Le + environnemental : fabrication française. Prix : 10 euroswww.art-peaux.comdr

Bleu-blanc-rouge… et vert, le T-shirtTricotage, teinture, confection et sérigraphie : les T-shirts de la jeune société « S’il vous plaît, merci ! » sont entièrement conçus dans les environs de Troyes (Aube). Plusieurs collections aux imprimés décalés – pour hommes et femmes – sont proposées, ainsi que des sacs. Tous les vêtements sont vendus via le site Internet, et expédiés, autant que possible, dans des emballages recyclés, ou recyclables.

Le + social : fabriqué en FrancePrix : 39 euroswww.silvousplaitmerci.com

Par ici la monnaie

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Au Togo, le plastique tient le haut du pavé

ALomé, impossible de rater le marché des féticheurs, les barques des pêcheurs, les crevettes à la menthe et au citron… et les montagnes de

sacs plastique qui s’élèvent, comme inexorables, dans les dépotoirs et les dr

/ dr

Pour que la capitale du pays redevienne « Lomé la belle », et plus « Lomé la poubelle », un Français et un Togolais déplacent des montagnes… de sacs. Et les recyclent pour la voirie. Par BERTRAND PORTRAT

et le Français Walter Gauvrit ont décidé de valoriser ces sales feuilles de polyéthylène. Comment ? En les recyclant en pavés ! (1)« Faire des pavés de voirie, c’est répondre à une demande de l’Etat togolais et des collectivités  territoriales,  qui  se  sont lancés dans une ambitieuse politique de  réaménagement urbain. Et ainsi assurer une viabilité au recyclage des plastiques », explique Walter, respon-sable de l’association française Aide au développement durable économique local. David dirige, lui, la structure togolaise Entrepreneurs en technologies appropriées nouvelles.

« Pape des plastiques »L’envie de « faire quelque chose ensemble pour tous » remonte aux études bor-delaises des deux amis, il y a près de vingt ans. Le déclic ? Un reportage dif-fusé sur France 24 en 2008 sur une usine situé à Mopti, au Mali. Une usine qui transforme le plastique en pavés selon le procédé Cervald (Centre d’études et de recherches pour la valorisation des déchets), né au Tchad en 1998. Concrètement, les sacs sont mélangés à du sable, et l’ensemble est chauffé progressivement. La pâte obtenue est ensuite versée dans un moule, qui est refroidi à l’eau. La technique – open source – a déjà essaimé au Niger, au Mali, et au Burkina Faso.A Lomé, une association avait bien tenté de lancer une collecte rémunérée des sacs plastique. Mais elle dépendait entièrement des subsides publics et ne valorisait pas les déchets. Il fallait donc prendre les choses en main. David Chateau-Gaïtou échange d’abord avec celui qu’il s’amuse à surnommer le « pape des plastiques », Gilles Doublier, l’initiateur du Cervald. Il part aussi étudier le projet de Mopti en 2010 et y représente officiellement son pays. A son retour dans la capitale togolaise, une équipe de collecte est montée. « L’idée, c’est de proposer une version réévaluée du procédé Cervald. D’aboutir à un process non plus artisanal mais semi-industriel », souligne-t-il.Mais le chemin est pavé de difficultés. Il s’agit de maîtriser l’étape du chauffage

ils changent le monde

décharges. Ils y stagnent un temps avant de finir leur course dans le golfe du Bénin, où ils intoxiquent les poissons. La capitale du Togo est lit-téralement asphyxiée par les déchets plastiques. L’agriculture, le tourisme et l’économie en souffrent. Si bien que « Lomé la belle » est devenue « Lomé la poubelle ». Les autorités togolaises ont bien approuvé un décret en janvier 2010 pour inter-dire ces sacs, mais faute de solutions de substitution, les résultats ne sont pas au rendez-vous. Il y a trois ans, le Togolais David Chateau-Gaïtou

A Lomé, on peut désormais vendre ses déchets plastiques.

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sans que le plastique brûle, et de faire en sorte que les fumées ne se composent que d’eau et de CO

2. « Nous travaillons 

sur un système de filtres pour sécuriser les émissions toxiques, détaille encore David. Notre objectif est de mettre au point un pack de production labellisé – module de chauffe, presse et protection individuelle – avalisé par une forma-tion et mobile, pour être au plus près des foyers togolais qui ont l’habitude de brûler leurs déchets ! »

Plus résistant que le cimentAu démoulage, le « pavé de Lomé » répondra à toutes les normes euro-péennes et sera – d’après les premières études – six fois plus résistant qu’un pavé en ciment. Côté longévité, tous dr

/ dr

les voyants sont également au vert : les premiers spécimens Cervald ont aujourd’hui une bonne douzaine d’an-nées et ils tiennent le choc !

Des emplois dans le sacA l’arrivée, les bénéfices à retirer sont innombrables : des déchets sont valo-risés, des habitants rémunérés pour leur collecte et d’autres pour leur recy-clage. Chaque unité de transformation devrait en effet employer une vingtaine d’ouvriers. Sans oublier la disparition d’une pollution visuelle certaine, mais aussi sanitaire, car les sacs bouchent les caniveaux et bloquent le drainage des eaux usées ; ils étanchéifient aussi les sols et favorisent inondations et maladies (malaria, choléra, etc.).

« La prochaine étape, raconte Walter, c’est la signature d’une convention entre nos structures et Appui pour la pro-tection de l’environnement au Togo. Cette association a déjà une unité de transformation pour plastiques durs. Comme notre dessein, c’est d’essaimer, nous leur apportons notre savoir-faire dans le cadre d’un transfert de compé-tences. » Fruit de ce partenariat – si les deniers rentrent –, un atelier-école devrait bientôt sortir de terre. Et un jour au Togo, peut-être battra-t-on le pavé dans des rues sans sacs plastique. —(1) Walter Gauvrit et David Chateau-Gaïtou ont reçu le « Coup de cœur pour la paix » lors de la conférence TEDx Basque Country 2011.

Les sacs sont mélangés à du sable et chauffés. La pâte est versée dans un moule, qui est refroidi à l’eau.

Les Pavés de Lomé

www.lespavesdelome.comVidéo de la Conférence

TEDx Basque Country 2011

www.bit.ly/vuxcBpReportage de France 24

sur l’usine de Mopti, au Mali

www.f24.my/uoJz7a

Pour aller plus loin

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dr

Moins d’arbres, mais toujours plus de voitures. En 1965 au Liban, la forêt recouvrait 35 % du territoire. Décimée

par les incendies, les abattages illé-gaux et quinze années de guerre – entre 1975 et 1990 –, elle n’en occupe aujourd’hui plus que 7 %. Parallèlement, à Beyrouth, le trafic routier explose – 600 000 véhicules circulent chaque jour dans la capi-tale – et représente 80 % de la pol-

lution du pays. Un constat alarmant qui fait réagir l’ONG Terre Liban (Tentons ensemble de réaliser un rêve pour nos enfants), créée en 1994.

Pousser la chansonnette« Les coupables de la pollution, ceux qui  font  du  business  et  roulent  en grosses  voitures,  ont  les  moyens  de payer. Pourquoi ne pas les responsa-biliser ? », propose Paul Abi Rached, le président de l’asso, qui pousse

Forêt du Liban : la protéger, c’est l’adopterAu pays du Cèdre, les arbres font grise mine, tandis que le trafic routier explose. Pour éviter l’asphyxie, une ONG propose aux automobilistes de parrainer des bois.Par SAMANTHA ROUCHARD

régulièrement la chansonnette pour faire passer son message. En juillet, ce diplômé en droit de l’environnement lance, avec 35 bénévoles, le projet « Carbon neutral car ». L’idée : les automobilistes adoptent des arbres pour contribuer au reboisement de la forêt. Pour le moment, une dizaine de sociétés participent. « Nous négocions actuellement avec des multinationales pétrolières », précise, confiante, Rita El Hage, bénévole de l’ONG.

Coup de pub écoloAdopter un arbre coûte 2 dollars (1,5 euro). Les entreprises fournis-sent la liste de leurs véhicules, ren-seignent la marque, la puissance du moteur et le nombre de kilomètres parcourus par jour. Terre Liban cal-cule alors combien d’arbres devront être adoptés pour compenser le rejet en CO

2 de chaque voiture. En

échange, l’automobiliste reçoit une vignette qui indique le nombre de végétaux sauvés. La société peut aussi s’abonner à l’année en parrainant une forêt entière : cela permet de financer son entretien, son équipement en matériel incendie et le gardiennage.L’ONG reconnaît que les entreprises voient le projet comme un coup de pub écolo : « On aimerait que des lois soient votées, comme en Australie, mais ici certaines taxes en vigueur ne sont déjà  pas  appliquées,  alors  on  essaie d’avancer  autrement  », se résigne Paul Abi Rached. Face à un Etat qui se désintéresse de l’écologie, le combat de Terre Liban est difficile à mener. Mais il est vital de convaincre les Libanais d’agir rapidement, s’ils ne veulent pas voir le pays du Cèdre se transformer en pays du bois mort. — www.terreliban.org

ils changent le monde

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Ala Réunion, la commune de Sainte-Suzanne a de l’énergie à revendre. Prenez un stylo et

une grande inspiration, vous en aurez besoin. Commencez par un parc de 37 éoliennes, d’une puis-sance de 10 mégawatts. Poursuivez avec 15 000 panneaux solaires de 3 mégawatts installés sur les 26 hectares d’un champ de canne à sucre. Rajoutez les toitures des collèges et des lycées équipées en photovoltaïque. Enfin, n’oubliez pas les batteries qui ont été installées pour fournir de l’énergie en cas de baisse de la production des énergies renouvelables. Des batteries qui fonctionnent grâce à deux ouvrages de stockage d’eau. Résultat, Sainte-Suzanne, dans le nord-est de l’île, a atteint l’autonomie énergé-tique fin 2010 : elle parvient à subvenir aux besoins de ses 23 000 habitants. Et comme un bonheur ne vient jamais seul, elle vient de se voir renouveler le label Rubans du développement durable, obtenu en 2009. « Notre but 

Sainte-Suzanne s’active avec l’énergie de l’espoir

était de démontrer que, même sur une île, nous pouvions mettre en place des solutions innovantes », explique Daniel Alamelou, premier adjoint au maire, délégué au développement durable.

Territoire exemplaireCette autonomie énergétique s’ins-crit dans le cadre du projet Gerri 2030 (Grenelle de l’environnement à la Réunion - Réussir l’innovation) qui ambitionne de faire de l’île un territoire exemplaire d’ici à 2030 en matière d’in-novation énergétique – avec notamment 100 % d’électricité d’origine renouve-lable. « La commune fait maintenant figure d’exemple et de référence », pour-suit Daniel Alamelou. « Beaucoup de touristes et de scolaires viennent visiter le parc des énergies renouvelables. J’espère que cela va donner des idées à d’autres villes. » Sainte-Suzanne ne compte de toute façon pas s’arrêter là. Prochaine étape : installer des chauffe-eau solaires dans tous les bâtiments collectifs. —www.rubansdudeveloppementdurable.com

60 janvier 2012 terra eco

Cette ville de la Réunion a misé sur l’éolien et le solaire, et a atteint l’autonomie énergétique en 2010.Par CLAIRE BAUDIFFIER

dr

ils changent le monde

Les bons tuyauxVous avez un projet ?

Ils peuvent vous aider.

L’APCEL’Agence pour la création

d’entreprises (APCE) est

une association loi 1901

qui a vu le jour en 1996.

Créée sous l’impulsion des

pouvoirs publics, elle a

pour objectif d’aider à la

création, à la transmission

et au développement des

entreprises. Cette agence

aide les entrepreneurs à

trouver le statut juridique

qui convient à leur structure.

Elle les oriente dans

la finalisation du projet

et la recherche de

financements. L’APCE

peut aussi donner un coup

de pouce à la réalisation

d’études de marché afin

d’aider à la mise en route

de l’activité ou à une

implantation à l’étranger.

Son site Internet permet

au porteur de projet d’être

accompagné dans

le processus de création.

www.apce.com

Vous avez un projetpour changer le monde ?

[email protected]

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62 janvier 2012 terra eco

Le « Do it yourself » a ravagé votre vie ? Après le shampoing à l’œuf, la lessive au savon de Marseille, le tabou-ret en carton et la guirlande de Noël en bouchons de liège, vous pensiez

avoir écumé toutes les possibilités de l’au-tofabrication ? Détrompez-vous, il en reste une infinité. La dernière en date, testée par mes soins, c’est « fabrique ton magasin toi-même ». En gros, une vente à domicile de produits dont je défends la nature. Ce faisant, j’ai fait d’une pierre trois coups : 1/ ça fait plaisir à la vendeuse, 2/ on papote

in vivo

avec ses copines, 3/ on est bien au chaud dans un appart sympa. Qui dit mieux ? Toi aussi, petit scarabée, tu peux organiser ta tea party avec tes amis. Mais plutôt que de vanter les joies de l’ultralibéralisme avec Sarah Palin, joue à la marchande dans ton salon. C’est ça, une vente privée.

Maquerelle du bioFrizou est une paysanne qui cultive des fleurs et des herbes aromatiques sur 2 hectares nichés sur les hauteurs de Die (dans la Drôme). Cela fait à peine deux ans qu’elle

Huiles essentielles, baumes à lèvres, eaux florales : me voilà reconvertie dans le commerce à la maison. Mais attention, je ne distribue que des cosmétiques

faits à la main, naturels et écolos. Et tout ça pour pas un radis !Par LAURE NOUALHAT / Illustration : JULIEN COUTY pour « Terra eco »

s’est lancée dans la cosmétique artisanale. Elle a planté de vieux rosiers de Damas, des soucis (le calendula), de la carotte sauvage, du thym, du romarin, des cassissiers, des bleuets… Elle s’est aussi offert un petit alambic qu’elle a installé chez elle pour extraire les eaux florales, les huiles essentielles et le nectar des plantes. Au deuxième étage de sa maison, elle s’est aménagé un labo où elle prépare des potions magiques. En ajoutant de la cire d’abeille ou du beurre de karité à ses préparations, l’apprentie chimiste a créé une marque, « Le jardin d’Artémise »,

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Vous aussi, vous avez

testé la vente (bio, mais

pas que) à domicile, côté

client ou côté vendeur,

racontez-le-nous sur votre blog :

www.terraeco.net/blogs

Les préparations de l’apprentie chimiste fleurent bon le fait-maison, la recette de grand-mère et le bio pas certifié.

Vendeur, vos papiers SVP !Horaires souples, liberté d’organisation, autonomie, moments conviviaux, la vente à domicile a déjà séduit 200 000 personnes, dont 80 % de femmes, désireuses de trouver un emploi, d’engager une reconversion professionnelle ou une reprise d’activité. Mais attention, cette profession est réglementée : le vendeur doit signer un contrat et un bon de commande avec le client, qui, lui, bénéficie d’un délai de rétractation.

qui fleure bon le fait-maison, la recette de grand-

mère et le bio pas certifié. « Le label Cosmébio ne certifie pas que 100 % des ingrédients sont issus de l’agriculture biologique. Moi si : je laisse mes plantes tranquilles et, au moment de la confection, je n’ai besoin d’aucun conservateur car tout est fixé dans de la cire d’abeille », assure la paysanne. Baumes du jardinier ou à lèvres, crèmes « bonne mine », eaux florales, huiles de mas-sage, décoctions, etc. : on trouve (presque) tout chez l’amie Frizou. Elle fabrique ses emballages, ses étiquettes, son logo. Bref, une véritable petite entreprise tendance « Small is beautiful ».

Sauf qu’avant de trouver un réseau de distribution et des clientes ré-

gulières, Frizou peut en faire pousser, des fleurs. « Pour

l’heure, je dégage 300 eu-ros de revenus par an. » C’est là que j’interviens. Telle une maquerelle du bio, je propose mes filles à la vente ! Mais moi, je les réserve à ceux qui pourront les apprécier.

J’ai donc organisé une vente privée dont le prin-

cipe se résume à faire se rencontrer mon réseau de « biotées » et les produits de Frizou, le tout dans mon salon, le temps d’un après-midi. Ça ne vous rappelle rien ? La bonne vieille réu-

nion Tupperware, pardi ! A cette nuance près : je ne touche pas

un radis, pas même 20 % des ventes, comme chez le marchand américain de

boîboîtes. Mais Frizou me connaît, elle m’a rémunérée en Clairette de Die et en picodons, les délicieux petits fromages de chèvre du Diois.

Ferrées comme des truitesLe mail envoyé, ne restait plus qu’à attendre les chalandes. Tout ça, c’est parfait sur le papier, mais il est arrivé ce qui devait arriver : sur quinze copines bio ferrées comme des truites, seules quatre sont venues. J’en profite pour les saluer car, ce samedi-là, il faisait moche et le farniente sous la couette aurait pu avoir leurs faveurs. Amandine est venue avec sa mère, Joëlle, et sa fille Clémence, 2 ans et demi. « C’est super pour faire ses emplettes sans cohue », a convenu Joëlle, repartie avec cinq coffrets

cadeaux d’un montant total de 130 euros. Emmanuelle a acheté une « huile de massage pour mouflette » tandis que Lou, 8 ans, et Suzanne, 5 ans, s’échinaient à dessiner des « princesses-pour-papa » dans leur coin. Clémence s’est gavée de gâteau au chocolat menthe poivrée avant de réclamer qu’on lui change sa couche. Sabine a squatté tout l’aprem et Valeve est arrivée à 20 h pour faire le plein de cosmétiques juste avant la fermeture du stand. « J’ai attendu la vente pour me ravitailler en crèmes de soin. » Au total, Frizou a vendu pour environ 600 euros de produits. Je crois que c’est à ce moment-là qu’on a débouché la troisième bouteille de Clairette. —

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Vacances, j’oublie toutLoin du bruit, offrez-vous un séjour

dans un hôtel sous-marin. Au Jules’

Undersea Lodge, par exemple : un

lieu kitsch installé dans un ancien

sous-marin immergé en Floride.

Plus classe, le Huvafen Fushi, aux

Maldives, propose deux salles de

spa subaquatiques. Et si tout est

complet, rêvez devant le Sea Space

de l’architecte Jacques Rougerie,

une vraie maison sous-marine. www.huvafenfushi.peraquum.comwww.rougerie.com

Comme un poisson…Plus de 7 500 mètres cubes

d’eau dans lesquels cohabitent

raies manta, requins-baleines et

dauphins. En tout, 21 000 animaux,

et 750 espèces différentes. Non,

vous n’êtes pas perdu en pleine

mer, mais devant les images

impressionnantes du deuxième plus

grand aquarium du monde, celui

de Kuroshio, sur l’île d’Okinawa, au

Japon. Ça a du bon de vivre sous

l’eau, non ? www.oki-churaumi.jp/en/

soon soon soon

Déménagez dans une ville sous-marineC’est le moment ou jamais : jetez-vous à l’eau. Puisque le changement climatique nous obligera à migrer sous la surface des mers, anticipez… et profitez du spectacle !Par ALEXIS BOTAYA

Demain, vous vivrez peut-être à 150 mètres de profondeur, sous la surface des océans. Dans une mini-ville

sous-marine autarcique. Face à la montée des eaux due au changement climatique, mener une vie aquatique s’imposera comme

« Terra eco » vous présente tous les mois une tendance futuriste et décalée, dénichée par l’un des « éclaireurs » de Soon Soon Soon, le webmagazine des styles de vie du futur : www.soonsoonsoon.com - Pour d’autres expériences, branchez votre e-mail : www.soonsoonsoon.com/news

une évidence. Loin de la densité urbaine terrestre et des terres émergées – dont la surface aura réduit sensiblement –, vous vivrez grâce au plancton, qui vous fournira l’énergie, l’oxygène et aussi une partie de l’alimentation. Des hydroliennes

viendront compléter le tableau et assurer la production énergétique de la cité. Et quand viendra le soir, vous vous endor-mirez sous une constellation d’algues luminescentes, comme sous un ciel plein d’étoiles filantes. —

soon

soo

n so

on

Expérimentez le futur dès maintenant

Appart les pieds dans l’eauEt si, bientôt, il fallait équiper votre

appartement d’épaisses fenêtres

et de joints étanches. En attendant,

demandez à la Nasa si vous aurez

un jour la chance de voir passer

un dauphin devant vos fenêtres.

Sur la carte interactive Floodmaps,

vous pouvez voir l’évolution des

côtes en fonction de l’élévation

du niveau des océans. Il suffit

d’une montée de 7 mètres pour

que Bruxelles devienne une ville

balnéaire, d’un seul pour que

Venise soit engloutie !http://flood.firetree.net

Embarquez sur un vaisseau !Eglise, mairie, boulangerie.

Une ville classique ? Pas tout à

fait. Prenez-vous pour Gulliver

qui découvrait l’île flottante

de Laputa et jetez un œil sur

Lilypad, le projet de l’architecte

Vincent Callebaut. Lilypad est un

vaisseau marin pouvant accueillir

50 000 habitants. Autonome

en énergie et 100 % écolo, il

est destiné prioritairement aux

réfugiés climatiques. http://vincent.callebaut.org

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Le poulet bio pique sa crise d’identitéGuerre des nerfs dans la filière. Un nouveau venu, le groupe Duc, joue sur les failles réglementaires pour proposer des volailles plus jeunes. Des produits au rabais, dénoncent les acteurs « tradis » du secteur, inquiets pour l’avenir de leur macaron.Par EMMANUELLE VIBERT

Une inauguration en grande pompe. Avec du beau monde : le préfet, les élus, la Chambre d’agriculture… Fin octobre, à

Tannerre-en-Puisaye (Yonne), Duc présentait deux bâtiments flambant neufs, accueillant 4 800 poulets chacun (le maximum possible), certifiés bio. Pour le groupe, dont l’activité s’étend de la production à l’abattage, c’est le début d’un vaste programme « bio », qui prévoit 45 bâtiments d’ici à 2015, capables de produire 15 000 poulets par semaine.Sauf qu’il y a un hic, selon la Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab). Les volatiles sont abattus à 71 jours, contre 81 dans le reste de la filière bio française (et 35 à 40 pour un poulet standard). Par ailleurs, ils ne seront pas nourris avec une alimenta-tion produite sur place. Anecdotique, cette bisbille autour de quelques bébêtes à plumes ? Certainement pas. Elle pré-figure l’agriculture bio de demain et un tas de batailles à venir entre industriels et gardiens des valeurs du bio.

« Déchaînement médiatique »« On a respecté le règlement européen, se défend Joël Marchand, directeur général de Duc. Je suis surpris par un tel déchaînement médiatique. » Restons calmes et regardons les faits. D’abord, comment est-il possible d’abattre des volatiles bio si tôt ? « Pour produire des  ga

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derrière l’étiquette

Le règlement bio européen prévoit l’abattage des poulets à 81 jours. Mais en Allemagne notamment, on préfère les volailles plus jeunes.

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poulets abattus jeunes, il faut des espèces à croissance rapide. Pour les animaux tués plus tardivement, à 81 jours, on a recours à des volailles à croissance lente, plus intéressantes au plan qualitatif, explique Juliette Leroux, spécialiste des questions de réglementation à la Fnab. Le règlement bio européen de 2009 prévoit l’abattage des poulets à 81 jours. Mais certains producteurs protestent contre cette règle parce qu’ils n’arrivent pas à vendre leurs poulets en Europe : les Allemands, par exemple, aiment la volaille jeune, à la chair plus molle. » Une dérogation a donc été instaurée, qui autorise l’abattage des poulets bio à 71 jours, mais issus d’espèces à croissance lente. Duc exploite cette faille et utilise des souches intermé-diaires, sans, pourtant, exporter sa production.Les partisans du bio « tradi » volent aussi dans les plumes de Duc pour une autre raison. Les éleveurs sélec-tionnés par le groupe sont des agri-culteurs conventionnels chez qui on vient planter un bâtiment d’élevage bio. « Des éleveurs qui font du bio sans aucune motivation particulière, à côté du conventionnel… C’est absurde ! », s’agace Juliette Leroux.

Ayatollahs du bio ?Au Syndicat national des labels avicoles de France (Synalaf) aussi, on grince des dents. Cette association défend les volailles Label rouge – elles aussi abattues à 81 jours – autant que celles siglées « agriculture bio ». « Ce projet dessert tout le monde », affi rme Eric Cachan, son président – par ailleurs vice-président des Fermiers de Loué, qui proposent du bio dans les règles de l’art. « En ne respectant pas les fon-damentaux, les producteurs discréditent l’ensemble de la fi lière, tonne-t-il. Les consommateurs attendent des poulets bio qu’ils soient goûteux, et c’est l’âge qui fait une bonne partie de la saveur. C’est mauvais aussi pour l’ensemble du marché : le segment qui regroupe les Appellations d’origine contrôlée, le Label rouge et le bio ne doit pas céder sur la qualité, au risque d’entamer une spirale à la baisse. » ga

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Et à ceux qui dénoncent une réac-tion d’ayatollahs du bio, Julien Adda, délégué général de la Fnab répond que « ce sont les consommateurs qui réclament un bio exigeant. Ils veulent une alimentation saine et différente ». Remontée, la Fédération ne reste pas les bras croisés pour lutter contre la montée en puissance du bio au rabais. Primo, elle développe sa marque Bio Cohérence, plus exigeante que le règle-ment européen de 2009. Secundo, elle tente de faire pencher l’interprétation de la réglementation actuelle dans un sens qui lui soit favorable.

Le bras de fer va continuerCar la bataille se joue aussi dans les détails. Exemple : les volailles pro-duisent des fi entes – dans le jargon on dit « effl uents » – qu’il faut, en bio, répandre sur les terres mêmes de l’exploitation. De quoi créer un cercle vertueux entre les sites. En cas d’excédent, on est autorisé à céder les fi entes à d’autres producteurs. Chez Duc, la règle est interprétée ainsi : les surfaces agricoles autour des élevages ne sont pas bio, donc on peut refi ler tous ses effl uents à d’autres. « L’esprit de ce règlement, c’est de protéger les gens qui n’ont pas assez de surface, précise

« Des éleveurs qui font du bio sans aucune motivation, au milieu du conventionnel… C’est absurde. »Juliette Leroux, de la Fédération nationale d’agriculture biologique

Juliette Leroux, pas d’encourager les élevages bio à côté de champs conven-tionnels. Il faut contraindre les éleveurs à convertir leurs terres en bio, en les menaçant de perdre leur certifi cation sur l’élevage. » Ainsi, les poulets pourraient être nourris avec des aliments produits sur place et le projet Duc renouerait avec le principe de lien au sol, si cher aux historiques du bio.Cette histoire d’effl uents n’a rien d’anecdotique. Elle marque sans doute le début d’un bras de fer entre un bio industriel montant et un bio qui campe farouchement s ur ses valeurs de base. « La question derrière tout ça, rappelle Julien Adda, c’est : quel bio veut-on pour demain ? » —

« Les apprentis Z’écolos » et le préservatifDécouvrez toutes les joies

du latex dans cet épisode

de la série de dessins animés

de « Terra eco » *.

A visionner sur : www.terraeco.net

* En coproduction avec Télénantes et Six Monstres.

Le site de Duc www.duc.fr Le site de la Fédération nationale

d’agriculture biologique

www.fnab.org Le site du Syndicat national

des labels avicoles de France

www.synalaf.comLe site de la marque

Bio Cohérence

www.biocoherence.fr

Pour aller plus loin

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68 janvier 2012 terra eco

Au menu ce soir, du brocoli breveté !Sous l’influence des géants des semences, des légumes naturellement sélectionnés commencent à être déposés, comme de vulgaires OGM. Et tant pis pour les ressources génétiques.Par ALICE BOMBOY

eur nom ? P1211926, EP1587933, ou EP1069819… Les dernières étoiles découvertes dans le système solaire ? De nouvelles

molécules chimiques ? Pas du tout. Ce sont les numéros que l’Office européen des brevets (OEB) a attribué… à certains de nos légumes. Mais attention ! Pas à ceux issus du génie biotechnologique. Non, ce sont nos melons, tomates et courges nés de im

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l’alimentation

procédés de sélection traditionnelle qui ont été brevetés ! Une affaire qui fait grincer bien des dents.«  Aujourd’hui,  on  estime  que  plus d’un quart des demandes de brevets sur le vivant concernent des plantes et des animaux conventionnels, explique François Meienberg, spécialiste de la question et porte-parole de l’association suisse La Déclaration de Berne. Cette tendance a commencé il y a dix ans, et 

s’accentue chaque année. Une centaine de brevets ont déjà été obtenus, et pour chaque type de plante, on peut trouver un brevet qui a été déposé, que ce soit le soja, le maïs, ou même le brocoli. » En 2010, pour 250 demandes dépo-sées pour des plantes génétiquement modifiées, 100 autres l’auraient été pour des plantes conventionnelles, estime un rapport réalisé pour la coalition internationale No Patents on Seeds » (« Pas de brevets sur les semences »).

Melon et ketchupComment l’institution s’y prend-elle pour affirmer que les brocolis ou les tomates sont des inventions des semenciers, quand l’homme les croque depuis des millénaires ? En la matière, les avocats des sociétés productrices de semences ne manquent pas d’imagina-tion. Prenons l’exemple du melon du groupe Syngenta, dont le brevet a été accepté en avril dernier. Ici, ce qui a été déposé, c’est la saveur du melon ! Elle est « amère-rafraîchissante-aigre-doux ». Ne vous avisez donc pas de produire un melon qui répond à ce critère, vous léseriez son « inventeur »…

Un premier végétalbreveté a fait son apparition au Royaume-Uni : le « super brocoli », censé faire fondre les graisses.

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« Le jour où je l’ai rencontré, j’ai 

été subjugué », lance l’agronome

Philippe Desbrosses. Le coup de

foudre vise une cucurbitacée potelée.

A l’époque où ce pionnier goûte au

potiron doux du Japon, vous, pauvres

consommateurs, n’avez pas idée qu’un

jour, vous vous l’arracherez. Il a fallu

que le pape de la macrobiotique,

Georges Ohsawa, s’installe dans les

Flandres, en 1957, pour que le cousin

japonais de la citrouille s’européanise.

En 1973, Philippe Desbrosses suit un

stage d’agriculture biodynamique

dans le Cher, où la petite courge est

cultivée. Elle est alors bleutée, verte

ou tachetée, avec cet incomparable

goût de châtaigne qui lui donne son

nom. « Elle courait sous le manteau,

explique l’agronome. Je sentais que 

c’était une mine d’or. » Il décide

d’implanter dans sa ferme familiale de

Sainte-Marthe (Loir-et-Cher) un labo

de cultures anciennes. Par sélection,

il finit par obtenir un petit fruit, dense

et très rouge. Un article paraît dans la

revue des jardins ouvriers de France et

des milliers de courriers lui demandent

des graines. Mais pour sortir des

potagers, il faut du lourd. A l’aube des

années 1990, un acheteur de Monoprix

passe commande. Le géant Carrefour

suit. Et c’est quelque 400 tonnes de

cucurbitacées dont 80 de potimarrons

que la ferme doit livrer chaque année.

Depuis, le tourbillon s’est apaisé,

mais le fruit est devenu un classique.

Pour Philippe Desbrosses, l’histoire

continue. « Le potimarron a été mon 

épopée. Et je suis sûr qu’il n’a pas 

encore tout donné ! » —

Epique potimarron par Miss Bouffe

terra eco janvier 2012 69

foto

lia

« Il y a plusieurs façons de breveter un végétal, mais la loi dit bien qu’une variété conventionnelle n’est pas brevetable », précise François Meienberg. C’est sans compter sur la ruse des semenciers. « Si, comme Syngenta, vous créez une ‘‘ invention ’’ bien définie, contenant par 

exemple une certaine teneur en sucre et en acide citrique, et que celle-ci peut être utilisée pour développer plusieurs variétés, alors elle est brevetable ! » En novembre dernier, un autre légume défrayait la chronique : la tomate ridée israélienne. Avec une teneur réduite en eau (parfait pour le ketchup !), les graines, plantes et tomates ont été bre-vetées par le ministère de l’Agriculture d’Israël et reconnue par l’OEB. Mais devant les protestations des concur-rents, Unilever en tête, l’affaire a été renvoyée devant la Grande Chambre de recours, sa plus haute instance. « La décision qui sera prise sera importante, car elle pourrait faire jurisprudence », poursuit François Meienberg.

« Super brocoli » antigraissesLa première victime de cette tendance, c’est l’innovation. Les petits obtenteurs de semences ne sont plus en mesure d’utiliser librement les ressources génétiques, désormais privatisées. C’est pourtant indispensable pour développer de nouvelles variétés qui s’adaptent au changement climatique et à l’évolution des pratiques agricoles. En mai 2009, l’association néerlan-daise de sélectionneurs Plantum, la plus importante d’Europe, s’insurgeait contre ces pratiques, exigeant que le matériel biologique protégé par des bre-vets reste disponible pour la recherche et la création de nouvelles variétés.Une association de sélectionneurs qui proteste ? Oui, car ces brevets se im

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concentrent entre les mains des géants Monsanto, Dupont et Syngenta. « Ces trois grands groupes se partagent pas moins de 53 % du marché ! », rappelle François Meienberg. Et imposent de fait leur loi à toute la chaîne alimentaire.Face à cette menace, l’Allemagne s’est

d’ores et déjà prononcée. Les trois prin-cipaux partis du pays – la CDU, la CSU et le FDP – ont précisé dans leur contrat de coalition ne pas vouloir de brevets sur les plantes alimentaires et les animaux d’élevage. Et appellent à une révision de la directive euro-péenne sur la protection des inventions biotechnologiques. Et la France ? « Il n’existe pas de réglementation spécifique concernant les légumes brevetés, dit-on à la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes. Ils sont commercialisables sur le territoire national dès lors qu’ils respectent la réglementation nationale. »Sur les étals de l’Union européenne, un premier végétal breveté a fait son apparition : le « super brocoli », censé faire fondre les graisses. Il vient de débarquer chez Marks & Spencers, au Royaume-Uni. Plus qu’une petite traversée de la Manche et il sera dans les assiettes des consommateurs fran-çais, qui le dégusteront sans savoir qu’ils cautionnent de bien étranges pratiques. —

« Plus de 25 % des demandes de brevets sur le vivant concernent des plantes et des animaux conventionnels. »François Meienberg, porte-parole de l’association La Déclaration de Berne

les pieds dans le plat

L’Office européen des brevets

www.epo.org Le rapport de la coalition

No Patents on Seeds

www.bit.ly/uZu5D3L’étude du Centre

des ressources génétiques

www.bit.ly/tRuVdi

Pour aller plus loin

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enrichissez-vous / cinéma

dr

Le projet NimDE JAMES MARSHEN SALLES LE 11 JANVIEREn 1973, le professeur Herbert Terrace, psychologue à l’université de Columbia, aux Etats-Unis, lance le « Projet Nim ». Derrière ce nom mystérieux se cache un programme de recherche révolutionnaire.

Son objectif : prouver qu’un animal est capable de communiquer par le langage, s’il est totalement baigné dans un environnement humain. Nim, jeune chimpanzé né en captivité, est enlevé à sa mère et confi é à une famille adoptive, qui l’élève comme un enfant. Allaité, habillé et choyé, le jeune singe vit au contact de nourrices et de professeurs – souvent les deux à la fois – qui lui enseignent le langage des signes. L’état de grâce dure cinq ans, pendant lesquels Nim apprend et reproduit des dizaines, puis des centaines

de mots… Mais l’expérience doit être interrompue lorsque le jeune mâle, diffi cilement contrôlable, devient une menace pour ses professeurs. Ce documentaire en forme de biopic s’attache plus au destin tragique du chimpanzé qu’aux résultats scientifi ques du projet. Tiré d’une cage pour grandir au milieu des humains avant d’être brutalement rendu à sa condition animale, Nim vit une succession d’expériences traumatisantes. Tout cela pour rien, puisque les conclusions du programme sont décevantes. Le singe mime et instrumentalise le langage des signes pour obtenir ce qu’il souhaite, sans jamais réellement entrer en conversation. Pourtant, le documentaire révèle que la relation entre Nim, doué d’une intuition surprenante, et les humains se joue à un autre niveau, plus passionnant peut-être. Son signe préféré, qu’il a lui-même inventé, ne sert pas à réclamer. Il signifi e : « Jouons ! » —ANNE DE MALLERAY

A VOIR SONGE SAVANT

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FreakonomicsDE MORGAN SPURLOCK, SETH GORDON ET AUTRESEN SALLES LE 4 JANVIERUn prénom forge-t-il un destin ? Quel est le lien entre le droit à l’avortement et la baisse de la criminalité ? L’économiste américain Steven Lewitt consacre sa carrière à déconstruire des idées reçues autour des faits sociaux, en montrant les calculs sous-jacents qui guident les comportements individuels. Après le best-seller écrit avec le journaliste Stephen Dubner, cette adaptation réalisée par « des documentaristes rebelles » – dont l’auteur de Super Size Me –, est bordélique et stimulante, comme cette « économie saugrenue ». — A. de M.

Sous les pavés, la terre !DE THIERRY KRUGER ET PABLO GIRAULT1 DVD , ÉDITIONS MONTPARNASSE, 15 EUROSKit de survie dans un monde hostile à la transition écologique, ce documentaire va à la rencontre de personnalités connues de nos services (Pierre Rabhi, José Bové…) et de citoyens anonymes qui ont décidé de changer de vie. Avec eux, l’on apprend qu’il est possible de construire sa maison pour 25 000 euros de matériel, que l’on peut vivre sans EDF, se nourrir sans Carrefour… sans pour cela revenir à la bougie ou se passer d’ordinateur. Un docu pratico-pratique plus qu’esthétique, qui donne envie de se retrousser les manches. — A. de M.

Take ShelterDE JEFF NICHOLSEN SALLES LE 4 JANVIERAprès la bombe atomique dans les années 1950, la catastrophe naturelle est devenue un motif cinématographique de fi n du monde. Mais ici, la tempête est intérieure. Curtis LaForche, père de famille aimant, est peu à peu envahi par les visions obsédantes d’une tornade dévastatrice. Les oiseaux tombent du ciel et la pluie, poisseuse, a la couleur du pétrole. Terrorisé, il se lance dans la construction d’un abri souterrain pour protéger les siens. Magnifi quement interprété, ce fi lm pousse la résistance de nos (infra)structures, mentales et matérielles, à leurs limites. — A. de M.

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Menaces sur nos neurones MARIE GROSMAN ET ROGER LENGLETACTES SUD, 288 P., 22 EUROS

Attention gros morceau ! Si l’on prête foi à cette enquête conduite par Marie Grosman et Roger Lenglet

– respectivement biologiste et journaliste – ce n’est pas d’un problème de santé publique qu’il faut parler, mais d’un scandale d’Etat ! Lequel ferait passer celui de la vache folle pour un mini froissement de carrosserie. Leur thèse : notre civilisation connaît une explosion des neuropathies, c’est-à-dire des maladies qui attaquent le cerveau – Alzheimer et Parkinson chez les seniors, sclérose en plaques et schizophrénie chez les adultes, autisme et hyperactivité chez les enfants… Or, l’« apparition » de ces maladies n’est due ni au vieillissement de la population

ni à un meilleur diagnostic des autorités publiques. Elle est due à un cocktail de molécules chimiques parfaitement hors de contrôle, qui nous est administré à doses de cheval par des industriels libres d’empoisonner l’humanité.

De l’alu dans les biscuitsEt là, il va falloir s’accrocher : des pesticides épandus (100 000 tonnes par an, rien que chez nous) aux particules fi nes, du mercure (dans les coquillages) à l’aluminium (dans les biscuits), en passant par le plomb, le PCB ou les ondes électromagnétiques, les auteurs ne

nous épargnent rien de la tambouille délétère que nos corps ingèrent et qui, disent-ils, transforme nos neurones en cibles mouvantes pour jeux vidéo. Mais au fait, où attrape-t-on toutes ces horreurs ? Eh bien partout ! Dans les emballages, les intérieurs de boîtes de conserve, les peintures, les plombages dentaires et à peu près tout le plastique qui nous entoure.

« Grenelle de la toxicologie »Il est tout à fait loisible de croire que les auteurs poussent le bouchon un peu loin. Le problème, c’est que leur enquête – qui aura représenté « quinze ans de travail » – paraît fort bien fi celée. Et qu’ils ne sont pas les premiers à dégainer. Souvenons-nous, entre autres, de Plastic Planet (Actes Sud), de Vous reprendrez bien un peu de pesticides ? (L’Archipel) ou du formidable docu Du poison dans l’eau du robinet (France 3), qui, tous, dépeignent un même mécanisme : des substances que l’on sait dangereuses, mais dont on minimise la nocivité, parce que le changement coûte cher et qu’il est toujours plus commode de grattouiller les lobbies sous le menton. Les assos écolos râlent. Puis un jour, un scandale sanitaire éclate, une poignée de responsables sont désignés à la vindicte populaire, et hop, on passe à l’épisode suivant. Nous nous en voudrions de jouer les alarmistes, mais Menace sur nos neurones le martèle à raison : il est temps qu’une autorité élue digne de ce nom décrète un « Grenelle de la toxicologie ». Et aille jeter un œil à ce que les Français ont vraiment dans la tête. —ARNAUD GONZAGUE

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A LIRE Vous reprendrez bien du poison ?

L’explosion des neuropathies est due à un cocktail de molécules chimiques que les industriels nous administrent à doses de cheval.

enrichissez-vous / livres

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The Box : comment le conteneur a changé le mondeMARC LEVINSONMAX MILO, 480 P., 24,90 EUROSLes conteneurs maritimes, ce sont ces grosses boîtes en tôle colorées transportées par les bateaux et qui contiennent, eh bien, à peu près tout ce qui peut être contenu. Contre toute attente, l’histoire de ces « insipides boîtes métalliques » inventées en 1956 par un patron de Caroline du Sud, s’avère… passionnante ! Car sans conteneurs, pas de transport à bas coût d’un bout à l’autre du monde, donc pas de mondialisation, pas d’Asie du Sud-Est qui explose et pas de Chine deuxième économie mondiale. Qu’on le veuille ou non, notre époque tient tout entière dans ces boîboîtes… — A.G.

La grande aventure des animauxHENNING WIESNER ET GÜNTER MATTEIPLUME DE CAROTTE, 148 P., 22 EUROSComment chassent les lycaons ? Comment les makis de Madagascar communiquent-ils grâce à leur queue ? Pourquoi les girafes ont-elles un si long cou ? Pourquoi l’homme et le singe ont-ils évolué de manière différente ? Trop peu de textes, hélas, pour répondre à ces grandes questions et des réponses qui partent un peu dans tous les sens. Mais les magnifi ques gravures font de cet ouvrage une pure merveille visuelle devant laquelle on s’extasie. A partir de 10 ans. — A.G.Sortir du nucléaire, c’est possible !

RÉSEAU SORTIR DU NUCLÉAIRENOVA ÉDITIONS, 144 P., 11 EUROSIl est exaspérant, à mesure que le souvenir de Fukushima s’éloigne, que les écolos passent pour « irresponsables » parce qu’ils réclament une sortie du nucléaire. La lecture de cet opuscule militant bien fi chu prouve que c’est du simple bon sens : le nucléaire est une industrie ineffi cace (deux tiers de l’énergie produite ne servent à rien), hors de prix et qui produit des tombereaux de déchets dangereux dont on ne sait que faire. Bref, comme l’a dit le philosophe Ulrich Beck, c’est « un avion pour lequel aucune piste d’atterrissage n’a été construite à ce jour ». Il est temps d’atterrir. — A.G.

Cradle to Cradle : créer et recycler à l’infi niWILLIAM MCDONOUGH ET MICHAEL BRAUNGART ALTERNATIVES, 240 P., 15 EUROSNotre société s’impose une absurdité : extraire des matières premières non renouvelables, les consommer fugitivement et les rejeter dans la nature, inutilisables. Pourquoi ne pas faire des déchets des « nutriments potentiels » pour d’autres industries, ce qui rapporterait beaucoup d’argent en sauvant la planète ? C’est la thèse cradle to cradle (« du berceau au berceau ») de deux concepteurs qui, dans la vie, la proposent à de vraies entreprises. Bavard, très optimiste et un brin fourre-tout : ce qui fait les limites de ce manifeste, best-seller en 2002, en fait aussi tout le charme. — A.G.

Toutes les chroniques culturelles sur

La grande aventure

Toutes les chroniques culturelles sur

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74 janvier 2012 terra eco

L’agenda durable 2012

1er janvier au 31 décembre

Année internationale de l’énergie durable pour tous1,4 milliard de personnes n’ont

pas accès à une énergie moderne

et 3 milliards dépendent de la

« biomasse traditionnelle » et du

charbon comme source principale

de combustible. Cette année est

donc placée sous le signe de l’accès

durable à l’énergie renouvelable au

niveau local, régional et international

(partout dans le monde).

www.un.org

1er janvier au 31 décembre

Année internationale des coopérativesLes Nations unies veulent

promouvoir la contribution

des coopératives pour

le développement économique,

la lutte contre la pauvreté,

la création d’emplois et l’intégration

sociale (partout dans le monde).

www.un.org

Jusqu’à fi n juin

Océan, climat et nousL’exposition

« Océan, climat

et nous »,

réalisée en

partenariat

avec l’Ifremer,

s’intéresse à

la question

fondamentale

des relations entre l’océan, le climat

et les hommes. Plein tarif : 8 euros

(Cité des sciences et de l’industrie,

Paris).

www.cite-sciences.fr

Janvier

18 au 22 janvier

Entrepreneuriat et écologieLe forum « Ecologie et coopération :

créer une transition entrepreneuriale

écologique » est un séminaire

innovant dédié aux entrepreneurs,

managers, consultants et citoyens.

(La-Roche-sur-Grâne, Drôme).

www.entrepreneursdavenir.com

19 au 20 janvier

Assises nationales des risques naturels« Dépasser les contradictions

pour mieux agir ensemble »

sera le fi l conducteur de

ces premières assises organisées

par le ministère de l’Ecologie

(Bordeaux, Gironde).

www.assises-risques-naturels.fr

20 au 23 janvier

Vivez natureSalon de

l’agriculture

biologique, de

l’environnement

et des produits

au naturel. Entrée : 5 euros ou

invitation à imprimer sur le site

(Grande halle de la Villette, Paris).

www.vivez-nature.com

22 janvier

Salon économie d’énergie et développement durableCe salon réunit des professionnels

du secteur et accueille une maison-

exposition grandeur nature. Entrée :

5 euros (Perpignan, Pyrénées-

Orientales).

www.congres-perpignan.com

24 au 26 janvier

Assises de l’énergie, du climat et de l’airCes 13es rencontres s’adressent

aux collectivités territoriales, élus

et acteurs locaux de l’énergie, de

l’urbanisme et de la mobilité. Elles

à venir

20 au 22 juin

Rio+20, Conférence des Nations unies sur le développement durableLe sommet de la terre des Nations

unies sur le développement

durable aura lieu vingt ans après

la conférence historique de 1992

et sera centré sur la transition vers

une économie verte et la lutte

contre la pauvreté (Rio, Brésil).

www.uncsd2012.org/rio20

Evénement français

Evénement mondial

Exposition

Salon

Colloque, congrès, conférence…

Festival ou manifestation extérieure

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terra eco janvier 2012 75

sont co-organisées par Dunkerque

Grand littoral et Grenoble

(Dunkerque, Pas-de-Calais).

www.assises-energie.net

23 au 25 janvier

Millésime Bio 201219e édition

de ce salon

mondial et

professionnel

des vins issus

de raisins de

l’agriculture

biologique. Une

conférence sur

le marché du vin bio est également

organisée par l’Agence bio

(Montpellier, Hérault).

www.millesime-bio.com

25 au 29 janvier

Forum économique mondial et Forum social mondial Le thème de la rencontre

pour les grands de ce monde est

« la grande transformation : façonner

de nouveaux modèles »

(Davos, Suisse), tandis que

le Forum social mondial est

consacré à la préparation

de Rio+20 (Porto Alegre, Brésil).

www.weforum.org

www.rio2012.org.br

Février

2 et 3 février

Forum des ressources pour l’éducation au développement durableCe séminaire permet aux cadres

de l’Education nationale chargés

des questions de développement

durable d’échanger sur les bonnes

pratiques à instaurer dans les

établissements (Amiens, Somme).

http://crdp.ac-amiens.fr/foredd

6 au 10 février

Semaine du microcréditCinq jours de réunions et forums

organisés chez les partenaires de

l’Adie, notamment les Pôles emploi,

autour de la création d’entreprises

comme outil de lutte contre le

chômage (partout en France).

www.adie.org

7 février

Colloque du syndicat des énergies renouvelablesCette journée, qui réunit chaque

année plus d’un millier de

participants, sera placée sous le

thème « Energies de notre siècle ». A

la veille des élections présidentielles,

un livre blanc pour les énergies

renouvelables sera présenté (Maison

de l’Unesco, Paris).

www.enr.fr

5 au 7 février

Les forêts dans l’économie verteColloque de l’Organisation

internationale de la francophonie

sur le thème « Les forêts dans

l’optique de l’économie verte pour le

développement durable »

(Lyon, Rhône).

www.iepf.org

15 au 18 février

Biofach et VivanessCes deux salons internationaux

attirent chaque année plus de

2 500 exposants et près de

45 000 visiteurs : Biofach pour

les aliments bio et les produits de

commerce équitable, Vivaness pour

les professionnels du « soin naturel

et du bien-être ». Entrée : 30 à

48 euros (Nuremberg, Allemagne).

www.biofach.de

www.vivaness.de

24 au 26 février

Salon Primevère26e édition de ce rendez-vous

incontournable de l’écologie.

Au menu : 470 stands dont

150 assos de l’économie sociale et

solidaire, 150 producteurs bio et

120 animations (Eurexpo, Lyon).

http://primevere.salon.free.fr

25 février au 4 mars

Salon international de l’agricultureLa plus grande foire agricole

de France a accueilli près de

700 000 visiteurs l’an dernier. Vous

pourrez y retrouver les lauréats des

trophées de l’agriculture durable

organisés par le ministère de

l’Ecologie (Porte de Versailles, Paris).

www.salon-agriculture.com

27 février au 9 mars

Commission sur le statut des femmes Cette 56e session sera axée sur

le rôle des femmes rurales dans

l’éradication de la pauvreté et la

façon pour elles de relever les défi s

d’aujourd’hui. Cet événement réunira

les représentants d’Etats membres,

d’entités de l’ONU et d’ONG du

monde entier (New York, Etats-

Unis).

www.unwomen.org

Mars

1er mars

Séminaire international de la bioPour la 7e année consécutive,

l’Agence bio organise ce séminaire

international sur l’agriculture

biologique dans le cadre du Salon

de l’agriculture (Porte de Versailles,

Paris).

www.agencebio.org

2 au 4 mars

Ethical Fashion ShowCette

manifestation

est le salon de la

mode éthique :

showrooms,

tables rondes

et défi lés de

créateurs

dont l’idéal est

une mode tendance qui respecte

l’homme et l’environnement (Espace

Pierre Cardin, Paris).

www.ethicalfashionshow.com

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76 janvier 2012 terra eco

6 au 13 mars

Festival international du fi lm des droits de l’homme80 projections sont programmées

chaque année lors de ce rendez-

vous. Le public peut également

débattre avec des réalisateurs du

monde entier (Cinéma Le Nouveau

Latina, Paris).

www.festival-droitsdelhomme.org

7 au 9 mars

Ecobat Lors de ce

salon national,

150 exposants

présenteront

des solutions

sur les énergies

renouvelables,

la performance

énergétique,

l’écoconstruction et l’écorénovation.

(Porte de Versailles, Paris).

www.salon-ecobat.com

8 mars

Journée internationale de la femmeCette journée est organisée par

l’ONU pour faire avancer les droits

des femmes dans le monde et pour

la paix (partout dans le monde).

www.un.org/fr/events/women/iwd/

12 au 17 mars

Forum mondial de l’eau

Depuis 1997, le

Forum mondial

de l’eau

mobilise tous

les trois ans

les savoir-faire

pour la cause

de l’or bleu

(Marseille, Bouches-du-Rhône).

www.worldwaterforum6.org

12 au 18 mars

Climate weekUne semaine d’échanges et de

débats autour du thème des

énergies renouvelables organisée

par la fondation GoodPlanet,

la Fondation pour la Nature et

l’Homme, le Réseau Action Climat, la

Société météorologique de France

et le WWF (partout en France).

www.wwf.fr

16 au 19 mars

Vivre autrement : éthic, chic et bio

Ce salon se

focalise sur

les produits

biologiques

et les services

respectueux de

la nature et des

hommes (Parc

fl oral, Paris).

www.salon-vivreautrement.com

22 mars

Trophées Handi-FriendsCes prix récompensent des

établissements d’enseignement

supérieur pour leurs efforts en

faveur de l’intégration des étudiants

handicapés. Date limite de dépôt

des dossiers : le 5 mars (Stade de

France, Saint-Denis).

www.trophees-handi-friends.com

22 au 25 mars

Ever Monaco7e édition du Salon international

des véhicules écologiques et des

énergies renouvelables (Monaco).

www.ever-monaco.com

27 au 29 mars

BiovisionForum mondial des sciences

du vivant : 180 intervenants

échangeront sur les grands enjeux

scientifi ques et économiques des

sciences de la vie (Shanghaï, Chine).

www.biovision.org

29 mars au 1er avril

1.618A la fois salon et exposition d’art

contemporain, ce rendez-vous du

luxe et du développement durable

est soutenu par le ministère de la

Culture et le WWF (Cité de la mode

et du design, Paris).

www.1618-paris.com

29 mars au 1er avril

Salon européen du bois et de l’habitat durable300 exposants proposeront des

solutions pour des constructions

durables et à basse consommation

d’énergie (Grenoble, Isère).

www.alpexpo.com

31 mars

Earth HourLe WWF appelle tous les citoyens

à faire un geste symbolique pour

la planète en éteignant la lumière

pendant une heure, de 20 h 30 à

21 h 30 (partout dans le monde).

www.earthhour.fr

Avril

1er au 7 avril

Semaine du développement durableOrganisé par le ministère de

l’Ecologie et du Développement

durable, cet événement fait la

promotion d’un changement des

comportements en faveur du

développement durable (partout

en France).

www.semainedudeveloppement

durable.gouv.fr

Trophées du développement

durable en BretagneA l’occasion de la semaine du

développement durable, la région

Bretagne, le ministère de l’Ecologie

et l’Ademe récompensent les

initiatives les plus remarquables en

la matière (Rennes, Ille-et-Vilaine).

www.tropheesdd-bretagne.org

3 au 5 avril

Salon des énergies renouvelablesCe salon réunira tous les acteurs

à venir

mondial de l’eau

éthic, chic et bio

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En vente chez votre marchand de journaux ou sur [email protected]

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78 janvier 2012 terra eco

du secteur et prônera une

production d’énergie décentralisée

et le développement des énergies

renouvelables dans le bâtiment

(Porte de Versailles, Paris).

www.energie-ren.com

4 au 5 avril

Congrès international sur la sécurité énergétiqueChercheurs, experts de renom

et acteurs du monde entier se

réuniront pour discuter des solutions

pour une croissance économique

durable qui assure la sécurité

énergétique (Genève, Suisse).

www.energysecuritycongress.com

22 avril

Journée de la TerreCélébré par plus de 500 millions

de personnes dans le monde, cet

événement créé en 1970 encourage

les projets de sensibilisation et

souhaite développer le mouvement

environnemental (partout dans le

monde).

www.earthday.org

23 au 27 avril

Conférence océanographique et météorologique de l’hémisphère Sud Cette 10e conférence est organisée

par l’Institut de recherche pour le

développement, Météo France et

l’AMS, l’American meteorological

society (Nouméa, Nouvelle-

Calédonie).

www.colloque.ird.fr/icshmo-2012

27 avril au 8 mai

Salon Energies et confort de demainDans le cadre de la foire de Paris,

pas moins de 90 exposants

proposeront au public des

solutions durables de chauffage

et des innovations en matière de

de production d’électricité et de

traitement de l’eau. Entrée : 12 euros

(Porte de Versailles, Paris).

www.foiredeparis.fr

Mai

9 au 15 mai

Journées européennes du solaireCe rendez-vous appelle à organiser

des événements dans le but de faire

connaître l’énergie solaire au grand

public (dans toute l’Europe).

www.journees-du-solaire.fr

12 au 27 mai

Quinzaine du commerce équitableDes marchés et des manifestations

seront organisés pour sensibiliser

le public à une consommation

plus respectueuse des hommes.

La quinzaine démarrera par la

célébration de la Journée mondiale

du commerce équitable, le 12 mai

(partout en France).

www.quinzaine-commerce-equitable.fr

2 mai au 12 août

Exposition Internationale La Corée du Sud accueille

les pavillons de plus de 100 pays

et organisations internationales

sur le thème « Les côtes et

les océans vivants : diversité

des ressources et activités

durables » (Yeosu, Corée du Sud).

fra.expo2012.kr/main.html

13 au 19 mai

The World Renewable Energy CongressL’édition 2012 de la Conférence

internationale sur les énergies

renouvelables souhaite replacer la

stratégie énergétique au centre des

agendas économiques, fi nanciers et

politiques (Denver, Etats-Unis).

www.wrenuk.co.uk

22 mai

La vague verteCette campagne mondiale organisée

par la Convention sur la diversité

biologique est organisée lors de

la Journée internationale de la

biodiversité. Son but : éduquer les

enfants et les jeunes (partout dans

le monde).

www.greenwave.cbd.int/fr

22 au 25 mai

Green weekCette conférence annuelle

européenne sur la biodiversité

réunit institutionnels, représentants

des secteurs du commerce et de

l’industrie, ONG et communauté

scientifi que autour du thème de

l’eau. Réunion ouverte au public

et gratuite (Bruxelles, Belgique).

http://ec.europa.eu/environment/

26 et 27 mai

PandathlonLe réseau WWF-

France organise

chaque année

un week-end

de défi sportif.

Les équipes

concourent

pour réunir des

fonds en faveur

de la biodiversité (mont Ventoux,

Vaucluse).

www.pandathlon.fr

27 au 30 mai

Slow FishTous les deux ans, cet événement,

organisé par le mouvement

Slow Food, promeut les bonnes

pratiques pour une consommation

responsable et gourmande des

produits de la mer et d’eau douce

(Gênes, Italie).

www.slowfi sh.it

Juin

1er au 15 juin

Printemps bioPendant la première quinzaine du

mois, les acteurs de l’agriculture

biologique organisent des

événements pour se faire connaître

du grand public. L’Agence bio est

à l’origine de cette manifestation

(partout en France).

www.printempsbio.com

à venir

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80 janvier 2012 terra eco

1er au 3 juin

Rendez-vous au jardinLes parcs et jardins proposeront

des animations sur le thème des

images du patrimoine. Une initiative

du ministère de la Culture en

collaboration avec le Comité des

parcs et jardins de France (partout

en France).

www.rendezvousauxjardins.culture.fr

1er au 3 juin

Salon des solidaritésCe salon regroupe l’ensemble

du secteur de la solidarité.

180 exposants sont attendus et pour

cette 4e édition, des trophées seront

décernés (Porte de Versailles, Paris).

www.salondessolidarites.org

5 juin

Journée mondiale de l’environnementLors de cette journée lancée par le

Programme des Nations unies pour

l’environnement, chacun est appelé à

faire un geste pour l’environnement

(partout dans le monde).

www.unep.org

26 juin

La Course des hérosSur 6 km, les participants de cet

événement européen courent

au profi t d’une cinquantaine

d’associations caritatives et

d’ONG (Paris, Lille, Marseille, Lyon,

Bruxelles).

http://coursedesheros.com

26 au 29 juin

Velo-cityEvénement international sur les

thèmes de la santé, de l’éducation,

de l’effi cacité et de l’impact

économique de l’utilisation du vélo

(Vancouver, Canada).

www.velo-city2012.com

30 juin et 1er juillet

Planète en fêteUne manifestation pour la protection

de l’environnement qui mêle

conférences, animations et un

marché bio. 6 000 visiteurs s’y sont

retrouvés en 2011 (Bouère, Mayenne).

www.planete-en-fete.fr

Juillet

6 au 8 juillet

Dialogues en humanitéCe forum sur la question humaine

est organisé pour la 11e année par le

Grand Lyon autour des liens entre

l’humain, le bien-vivre et l’écologie

(Parc de la Tête-d’Or, Lyon).

www.dialoguesenhumanite.org

13 au 19 juillet

Les Tonnerres de BrestCe

rassemblement

maritime et

populaire fête

ses 20 ans !

A l’honneur

cette année,

cinq pays :

l’Indonésie, le

Mexique, le

Maroc, la Russie

et la Norvège (Brest, Finistère).

www.lestonnerresdebrest2012.fr

14 et 15 juillet

Au bord de l’Aune5e édition de ce festival bio aux

couleurs locales. Au programme :

détente et animations (Pontvallain,

Sarthe).

www.aubordelaune.com

Août

26 au 31 août

Semaine mondiale de l’eauSur le thème de la sécurité

alimentaire, cette semaine

internationale conjugue colloques

scientifi ques, expositions et

remises de prix, dont le prestigieux

Stockholm Water Prize

(Stockholm, Suède).

www.worldwaterweek.org

Septembre

Septembre

Communication pour le développement durableLa 9e édition de l’Université d’été

de l’Association communication et

information pour le développement

durable réunira des professionnels

de la communication d’entreprise et

de collectivités autour d’ateliers et

de conférences.

www.acidd.com

6 au 15 septembre

Congrès mondial de la natureOrganisé par l’Union internationale

pour la conservation de la nature,

le congrès intitulé « Nature+ »

questionnera des thèmes nommés

« nature+climat », « nature+moyens

d’existence » , « nature+énergie » ou

encore « nature+économie » (Jeju,

Corée du Sud).

www.iucnworldconservation

congress.org/fr/

16 au 22 septembre

Semaine européenne de la mobilitéUne occasion de redécouvrir les

transports dits doux, qui n’émettent

pas ou émettent moins de gaz à

effet de serre (partout en Europe).

www.bougezautrement.gouv.fr

Octobre

Octobre

Coupe du monde de football des SDF10e édition de ce tournoi qui

rassemble des équipes nationales

de sans-abris (Mexico, Mexique).

www.homelessworldcup.org

11 au 13 octobre

8e Forum des femmesSurnommée le « Davos des

femmes », cette rencontre

internationale de femmes infl uentes

du monde socio-économique a

réuni en 2011 près de 1 300 femmes

à venir

l’environnement, chacun est appelé à

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terra eco janvier 2012 81

venues de 80 pays (Deauville,

Calvados).

www.womens-forum.com

12 au 14 octobre

Zen et bioUn salon pour consommer

responsable, des gourmandises

jusqu’aux cosmétiques (Nantes,

Loire-Atlantique).

www.salon-zenetbio.com

16 octobre

Journée mondiale de l’alimentationAvec près d’un milliard de

personnes qui souffrent de la faim

et des prix qui augmentent, la FAO,

l’organisation des Nations unies

pour l’alimentation et l’agriculture,

soulève ce jour le problème de

la malnutrition (partout dans le

monde).

www.fao.org

Novembre

1er au 30 novembre

Mois de l’économie sociale et solidaire Pendant un mois, des marchés,

débats, ateliers et conférences

font connaître l’économie

sociale et solidaire au grand

public (partout en France).

www.lemois-ess.org

12 au 18 novembre

Semaine pour l’emploi des personnes handicapéesL’objectif de cette semaine est

de favoriser le recrutement des

travailleurs handicapés (partout en

France).

www.ladapt.net

26 novembre au

7 décembre

Sommet de l’ONU sur le climatLa 18e conférence des Nations unies

sur le climat aura lieu cette année

au Qatar, le plus grand pays

émetteur de CO2 par habitant, pour

tenter d’agir sur le changement

climatique (Qatar).

http://unfccc.int

27 au 30 novembre

PollutecSalon international des équipements,

des technologies et des services de

l’environnement. L’événement réunit

plus de 2 000 exposants chaque

année pour plus de 70 000 visiteurs

professionnels (Eurexpo, Lyon).

www.pollutec.com

Décembre

Les Rubans du développement

durable Les prix des lauréats 2012 de

ce trophée récompensant des

collectivités seront remis ce jour.

Cette distinction est décernée par

l’Association des maires de France,

l’Association des maires des grandes

villes de France, le Comité 21 et

Dexia (Cité de l’architecture, Paris).

www.rubansdudeveloppementdurable.

com

6 décembre

Innov’ecoPour boucler le cycle 2012 de

conférences sur les « cleantechs » et

l’éco-développement, Innov’Eco se

penchera sur le défi de l’hydrogène

(Paris).

http://innoveco-paris.com

10 décembre

Terra Madre DayFêté chaque année par le réseau

mondial issu du Slow Food, ce jour

célèbre la diversité alimentaire et

affirme le droit à une alimentation

bonne, propre et juste (partout dans

le monde).

www.terramadre.org

21 décembre

Fin du mondeDernier événement de notre bonne

vieille Terre… si les Mayas ont vu

juste (partout dans le monde).

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82 janvier 2012 terra eco

François Hollande

S’il y en a un qui me les brise,

c’est bien notre Monsieur gouda

national, j’ai nommé François

Hollande. Il me les brise avec ses

plans d’austérité en bandoulière,

mais surtout, je lui en veux, en bon

républicain qu’il est, d’être en train

de me confisquer mon premier tour

de l’élection présidentielle. Dix ans

après le traumatisme d’avril 2002,

le camp Hollande a choisi la

stratégie du bonobo : « Baisons-

nous les uns les autres. » En langue

politique, on dit : « Rassemblons-

nous. » Après Europe Ecologie -

Les Verts, il tend la main à François

Bayrou ? Le candidat de la gauche

veut acculer Eva Joly, la pousser

à l’abandon ? C’est de la politique

politichienne : les Verts n’ont plus

le sou, il leur faut des députés,

alors vite, un accord qui n’engage

que ceux qui y croient, et on n’a

plus besoin de candidate !

On va me dire : « Pour une fois

qu’il y a un accord Verts-PS ! »

J’ai envie de répondre que le rose

et le vert, ça donne du caca d’oie.

D’abord, Hollande se fout de la

question nucléaire, comme il se

fout des questions écologiques

tout court. Il a dit un truc sur

Durban ? Non. Ah, pardon ! Il est

allé visiter le salon Pollutec ! Sur

l’agriculture ? La biodiversité ? Ce

n’est pas sérieux. Comment peut-il

concilier sa culture, profondément

« croissanciste », et défendre

une transition énergétique et

sociétale basée sur la sobriété ?

Il n’y a pas à tortiller : Hollande est

un homme politique du XXe siècle,

avec des réseaux du XXe siècle

– Oursel, Proglio, Margerie –

et un logiciel du XXe siècle. —

Si vous détestez Bridget Kyoto

(ou si vous l’aimez), dites-le-lui ici :

www.terraeco.net/a40501.html

Bridget Kyoto déteste

C’est bon ? Le kit anticharlatan de l’atome est bien digéré ? Vous êtes capable en deux temps trois mouvements de démonter les arguments des affabulateurs, qu’ils militent pour ou contre l’industrie nucléaire ? C’était l’objectif compliqué

du dossier de ce numéro de Terra eco : vous aider à démasquer la mauvaise foi et à vous faire votre opinion sur la question énergétique. Cette ambition de la rédaction de décortiquer l’info est naturelle. C’est le casse-tête permanent de chacun des journalistes œuvrant dans les colonnes de votre magazine. Certains en ont perdu leurs

cheveux, d’autres leur patience et ont filé sous de nouveaux cieux, d’autres même la foi en ce métier obsédé par la vitesse. Soyons honnêtes. La presse ne peut ni ne sait tout. Elle n’a pas vocation à jouer les guides ou les faiseurs de rois. Tout au plus est-elle un messager. C’est en tout cas l’idée que nous revendiquons à Terra eco. Et tant pis si, pour cela, nous devons envoyer nos meilleurs enquêteurs tester une vente de produits bio à domicile, explorer la réalité d’un monde sans pétrole ou pousser les portes d’un Jardin de Cocagne où le monde se réinvente au quotidien. —

Vous guider, humblement mais avec persévérance, à travers les mers agitées de l’info. Voilà notre ambition. Par DaviD Solon, directeur de la rédaction

en direct de terra eco

« Battlefield »,dessin de Joep Bertrams, paru le 22 novembre 2011 dans l’hebdomadaire néerlandais De Groene Amsterdammer.

eN parler c’est BieN, agir c’est mieux

côté couloir

le croBard de la rédac

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