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Nuit de Noël à Friday HarborLisa Kleypas C’est à 21 ans qu’elle publie son premier roman, après avoir faitdesétudesdesciencespolitiques.Elleareçulesplushautes récompenses,

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Lisa Kleypas

C’est à 21 ans qu’elle publie son premier roman, après avoirfait des études de sciences politiques. Elle a reçu les plus hautesrécompenses, et le prix Romantic Times du meilleur auteur deromance historique lui a été décerné en 2010. Ses livres sonttraduits en quatorze langues.

Son ton, la légèreté de son style et ses héros, souvent issusd’un milieu social défavorisé, caractérisent son œuvre.

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Nuit de Noëlà Friday Harbor

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Du même auteuraux Éditions J’ai lu

Dans la collection Aventures et Passions

Par pure provocation (Nº 3945)L’ange de minuit (Nº 4062)

Prince de l’éternité (Nº 4426)La loterie de l’amour (Nº 4915)

Un jour tu me reviendras (Nº 5263)Parce que tu m’appartiens (Nº 5337)

L’imposteur (Nº 5524)Courtisane d’un soir (Nº 5808)

Frissons interdits (Nº 6085)Sous l’emprise du désir (Nº 6330)L’amant de lady Sophia (Nº 6702)

Libre à tout prix (Nº 6990)Les blessures du passé (Nº 7614)

LA RONDE DES SAISONS

1 – Secrets d’une nuit d’été (Nº 9055)2 – Parfum d’automne (Nº 9171)3 – Un diable en hiver (Nº 9186)

4 – Scandale au printemps (Nº 9277)5 – Retrouvailles (Nº 9409)

LES HATHAWAY

1 – Les ailes de la nuit (Nº 9424)2 – L’étreinte de l’aube (Nº 9531)

3 – La tentation d’un soir (Nº 9598)4 – Matin de noce (Nº 9623)

5 – L’amour l’après-midi (Nº 9736)

Dans la collection Promesses

LA SAGA DES TRAVIS

1 – Mon nom est Liberty (Nº 9248)2 – Bad boy (Nº 9307)

3 – La peur d’aimer (Nº 9362)

FRIDAY HARBOR

1 – La route de l’arc-en-ciel (Nº 10261)2 – Le secret de Dream Lake (Nº 10416)3 – Le phare des sortilèges (Nº 10421)

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LISA

KLEYPAS

Nuit de Noëlà Friday Harbor

Traduit de l’anglais (États-Unis)par Maud Godoc

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Titre originalCHRISTMAS EVE AT FRIDAY HARBOR

Éditeur originalSt. Martin’s Press, New York

© Lisa Kleypas, 2010

Pour la traduction française© Éditions J’ai lu, 2013

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À Ireta et Harrell Ellis,qui m’apportent un si beau témoignage

de ce qu’est l’amouret le vivent chaque jour.

Avec mon éternelle affection,L.K.

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Prologue

Chére Pére Noél

Sette année, je veut juste une choseUne mamansurtou, n’oubli pas que mintenan j’abite afriday harbor.merci

Je t’enbrasse tré for

Holly

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Jusqu’au décès de sa sœur, Mark Nolan avaittraité sa nièce Holly avec l’habituelle affectiondésinvolte d’un oncle célibataire. Il la voyait detemps à autre, à l’occasion de retrouvailles lesjours de fête et veillait toujours à lui offrir unprésent pour son anniversaire et à Noël. Engénéral des bons-cadeaux. Telle était la limite deses relations avec Holly. Et cela lui suffisait.

Mais tout avait changé un soir d’avril pluvieuxà Seattle, quand Victoria avait trouvé la mortdans un accident de voiture sur la chaussée glis-sante de l’I-5. Comme elle n’avait jamais fait étatd’un testament ou de quelconques projets pourl’avenir de Holly, Mark n’avait aucune idée de cequ’il allait advenir de sa fille de six ans. Il n’yavait pas de père dans l’équation. Victoria n’avaitjamais révélé son identité, pas même à ses plusproches amis. Et Mark était à peu près certainqu’elle n’avait jamais divulgué au père l’existencede Holly.

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Lorsque Victoria s’était installée à Seattle, elles’était mise à fréquenter une bande de musicienset créateurs bohèmes. En avait résulté une succes-sion d’aventures sans lendemain qui lui avaitapporté tout le foisonnement artistique un peutape-à-l’œil dont elle rêvait. Au bout du compte,cependant, elle avait été forcée d’admettre quela quête de l’épanouissement personnel néces-sitait la contrepartie de revenus réguliers. Elleavait posé sa candidature dans une entreprised’informatique et avait décroché un poste aux res-sources humaines, avec un salaire confortable etdes avantages substantiels. C’était à cette époque-là, malheureusement, que Victoria avait apprisqu’elle était enceinte.

— Crois-moi, c’est mieux pour tout le mondes’il n’est pas impliqué, avait-elle répondu à Markquand il s’était enquis de l’identité du père.

— Tu vas avoir besoin d’aide, avait-il protesté.Au strict minimum, ce type devrait assumer sesobligations financières. Élever un enfant n’estpas donné.

— Je m’en sortirai toute seule.— Vick, sois raisonnable… Je ne souhaite à

personne d’être un parent célibataire.— Toute responsabilité parentale quelle

qu’elle soit te fiche la frousse, avait rétorquéVictoria. Ce qui est parfaitement compréhensi-ble, vu nos antécédents familiaux. Mais je veuxcet enfant. Et je me débrouillerai très bien, net’inquiète pas.

Et ce fut le cas. Victoria s’était révélée une mèreresponsable, patiente et douce avec sa fille uni-que, protectrice et aimante sans excès d’autorité.

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D’où lui venait cette fibre maternelle ? Mystère.Elle était forcément instinctive, car elle ne pouvaiten aucun cas la tenir de leurs parents.

Mark se savait dépourvu d’un pareil don. Lechoc fut d’autant plus rude lorsqu’il apprit qu’ilvenait non seulement de perdre une sœur, maisallait se retrouver avec une enfant sur les bras.

Jamais il ne se serait attendu à être nommétuteur légal de Holly. Il connaissait ses apti-tudes dans la plupart des domaines et avait uneidée assez précise de la façon dont il affronteraitsans doute certaines situations encore inédites.Mais prendre soin d’une enfant… l’éduquer…cette charge était au-delà de ses capacités.

Avec un garçon, il aurait peut-être été moinsdémuni. Les garçons n’étaient pas si difficiles àcerner. Par contre, la gent féminine dans sonensemble représentait une énigme à ses yeux.Mark avait accepté depuis longtemps que lesfemmes étaient des êtres compliqués. Elles pro-nonçaient des phrases sibyllines telles que « si tune le sais pas déjà, ce n’est pas moi qui vais te ledire ». Elles ne choisissaient jamais elles-mêmesleurs desserts au restaurant et quand elles vousdemandaient votre opinion en matière vestimen-taire, elles choisissaient toujours la tenue quevous aviez écartée. Néanmoins, sans jamaisaffirmer les comprendre, Mark adorait lesfemmes – leur nature insaisissable, les surprisesqui en résultaient, leurs sautes d’humeur aussiincompréhensibles que fascinantes.

Mais de là à en élever une… par pitié, non !Les enjeux étaient bien trop importants. Pour

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commencer, il était tout bonnement incapablede donner un exemple digne de ce nom. Quant àguider une fille à travers les méandres traîtres etépineux d’une société qui recelait une infinité depièges en tout genre… Dieu lui était témoin qu’iln’avait pas la moindre qualification pour pareillemission de haute volée.

Ses frères, sa sœur et lui avaient été élevés pardes parents dont la conception du mariage étaitune guerre d’usure impitoyable dans laquelle lesenfants servaient de pions. En conséquence,les trois frères Nolan – Mark, Sam et Alex –s’étaient empressés de s’envoler du nid sans étatd’âme dès leur majorité. Victoria, en revanche,avait toujours recherché la symbiose familialeque leurs parents n’avaient jamais su créer. Cebonheur, elle avait fini par le trouver avec Holly,une chance inestimable à ses yeux.

Une seconde d’inattention, un coup de volantmalencontreux sur un tronçon de route mouil-lée et la vie de Victoria Nolan avait connu une finaussi cruelle que prématurée.

Elle avait laissé une lettre cachetée adresséeà Mark, conservée dans un dossier avec letestament.

J’écris ces mots en espérant que tu n’aurasjamais à les lire, mais si c’est le cas… prends biensoin de ma fille, Mark. Aide-la. Elle a besoin de toi.Il n’y a pas d’autre solution que toi. Holly neconnaît pas du tout Sam ou Alex. Tu n’as pasdemandé une responsabilité pareille et je saiscombien elle doit te paraître écrasante. J’en suis

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désolée. Mais tu y arriveras. Tu t’adapteras au furet à mesure.

Commence par l’aimer. Le reste viendra toutseul.

— Tu vas vraiment la recueillir ? demandaSam à Mark le jour des obsèques, après la récep-tion à la maison de Victoria.

Quelle impression sinistre de constater quetout était resté comme elle l’avait laissé : leslivres dans la bibliothèque, une paire de chaus-sures abandonnée négligemment au bas de lapenderie, un tube de brillant à lèvres au bord dulavabo dans la salle de bains.

— Évidemment, répondit Mark. Que puis-jefaire d’autre ?

— Il y a Alex. Il est marié. Pourquoi Vick neleur a-t-elle pas confié Holly, à Darcy et lui ?

Mark le gratifia d’un regard éloquent. Le cou-ple de leur benjamin était comme un ordinateurcontaminé par un virus – impossible de l’ouvriren mode sans échec et il contenait des pro-grammes inoffensifs en apparence qui effec-tuaient toutes sortes de fonctions malveillantes.

— Franchement, tu leur laisserais ton enfant ?interrogea-t-il, incrédule.

Sam secoua la tête avec lenteur.— J’imagine que non.— Alors, tu vois bien. Holly n’a que nous deux.Sam lui lança un regard circonspect.— C’est toi qui signes, pas moi. Il y a une

bonne raison pour laquelle Vick ne m’a pas dési-gné comme tuteur. Je ne suis pas doué avec lesenfants.

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— Tu n’en es pas moins son oncle.— Justement, son oncle. Mes responsabilités

se limitent à faire des blagues sur les fonctionscorporelles et à boire trop de bière aux barbe-cues familiaux. Je ne suis pas du genre papapoule.

— Moi non plus, fit remarquer Mark d’un airsombre. Mais nous n’avons pas le choix. À moinsque tu veuilles que je la place en famille d’accueil.

La mine renfrognée, Sam se frotta le visage àdeux mains.

— Qu’en pense Shelby ?À l’évocation de sa petite amie, une décoratrice

d’intérieur qu’il avait rencontrée alors qu’elles’occupait d’aménager la luxueuse maison d’unami à Griffin Bay, Mark fit non de la tête.

— Nous ne sortons ensemble que depuis deuxmois. Soit elle accepte la situation telle qu’elleest, soit elle en tire les conséquences. À elle dedécider. Mais pas question que je lui demandeson aide. C’est ma responsabilité. Et la tienne.

— Je pourrais peut-être faire du baby-sittingde temps en temps. Mais ne compte pas sur ungrand soutien de ma part. J’ai englouti tout ceque je possède dans le vignoble.

— Exactement ce que je t’avais déconseillé defaire, petit génie.

Sam plissa les yeux, du même bleu-vert que lessiens.

— Si j’avais suivi ton conseil, je ferais teserreurs au lieu des miennes. Où Vick rangeait-elle ses bouteilles ? s’enquit-il après un silence.

— Dans le cellier.

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Mark alla ouvrir un placard et en sortit deuxverres qu’il remplit de glaçons.

Sam passa les provisions en revue.— Ça fait bizarre de boire son alcool alors

qu’elle n’est… plus là.— Elle serait la première à nous dire de nous

servir.— Tu as probablement raison, approuva Sam

qui revint à table avec une bouteille de whisky.Avait-elle une assurance vie ?

Mark secoua la tête.— Elle a laissé passer la date d’expiration.Sam lui adressa un regard préoccupé.— Tu vas mettre la maison en vente, j’imagine.— Oui. Je doute qu’on en tire grand-chose vu

le marché immobilier actuel, fit remarquer Marken lui tendant un verre. Ne lésine pas.

— Tu me connais.Sam versa une dose généreuse de whisky dans

chaque verre.Ils se rassirent à table face à face, levèrent leurs

verres en un toast muet et burent en même temps.L’alcool haut de gamme glissa en douceur dans lagorge de Mark, diffusant une chaleur veloutée.

La présence de son frère lui procurait unréconfort inattendu. Il semblait que leur enfanceacrimonieuse, faite d’incessantes querelles, depetites trahisons, ne constituait plus un obstacledésormais. Les deux adultes qu’ils étaientdevenus possédaient aujourd’hui un potentield’amitié fraternelle qui n’avait pu exister tantque leurs parents étaient encore en vie.

Avec Alex, c’était une autre histoire. Il gardaittoujours ses distances, si bien qu’on ne pouvait

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l’apprécier ou le trouver antipathique. Sa femmeDarcy et lui avaient assisté aux obsèques etétaient restés environ un quart d’heure à laréception avant de s’éclipser sans dire un mot àquiconque.

— Ils sont déjà partis ? s’était étonné Mark,incrédule, en découvrant leur absence.

— Si tu voulais qu’ils restent plus longtemps,tu aurais dû organiser la réception à Nordstrom,avait ironisé Sam.

Les gens se demandaient comment les troisfrères pouvaient résider sur une île qui ne comp-tait pas plus de sept mille habitants et se fré-quenter aussi peu. Alex vivait avec Darcy àRoche Harbor sur la côte nord. Quand il ne tra-vaillait pas à ses projets immobiliers, il emme-nait sa femme à des événements mondains àSeattle. Mark, quant à lui, faisait tourner lapetite entreprise de torréfaction de café qu’ilavait fondée à Friday Harbor. Et Sam, qui pas-sait tout son temps dans son vignoble à entrete-nir et bichonner ses vignes, ressentait un lienplus profond avec la nature qu’avec les humains.

Leur unique point commun était leur amourde San Juan Island. Elle faisait partie d’un archi-pel constitué d’environ deux cents îles, dont cer-taines appartenaient aux comtés continentauxde Whatcom et Skagit. Les Nolan avaient passéleur enfance dans ce microclimat sous le vent dumont Olympe, protégé en grande partie de la gri-saille qui noyait bien souvent le littoral du Nord-Ouest pacifique.

Les Nolan avaient grandi au bon air marin, lespieds nus enrobés par la vase des flaques d’eau

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laissées sur les plages par la marée. Ils avaientprofité des matins qui embaumaient la lavandehumide, de journées magnifiques au ciel bleuazur et des plus sublimes couchers de soleil surterre. Rien ne pouvait se comparer au spectacledes escadrilles de bécasseaux vifs comme l’airpourchassant les vagues. À celui des aigleschauves fondant en piqué sur une proie à unevitesse vertigineuse. Ou au ballet des épaulardsaux lignes pures qui jaillissaient de l’eau avantd’y disparaître à nouveau en de puissants plon-geons, sillonnant la mer de Salish pour se nour-rir des abondants bancs de saumons à la saisonde la montaison.

Les frères avaient parcouru chaque recoin del’île, descendu et remonté chaque pente battuepar le vent en surplomb du littoral, écumé lesprofondeurs sombres des forêts et les prairiesriches en graminées et fleurs sauvages aux nomsévocateurs tels que le lys chocolat ou l’étoilefilante. Jamais sable, mer et ciel n’avaient étéassociés en une harmonie aussi parfaite.

Bien qu’ils aient fait leurs études sur le conti-nent et essayé de vivre ailleurs, ils avaient tou-jours fini par succomber au pouvoir d’attractionqu’exerçait l’île. Même Alex, avec toute sonambition chevillée au corps, était revenu luiaussi. Sur San Juan, on connaissait les fermierslocaux qui cultivaient la plupart des produitsqu’on consommait, le fabricant du savon aveclequel on se lavait et on était à tu et à toi avec lespatrons des restaurants qu’on fréquentait. Onpouvait y faire de l’auto-stop en toute tranquil-lité : chaleureux par nature, les îliens étaient

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toujours prêts à vous déposer quelque part encas de besoin.

Victoria était la seule de la famille à avoirtrouvé son bonheur ailleurs. Elle était tombéeamoureuse des tours de verre et de béton des val-lées de Seattle, de sa culture urbaine avec sescafés, ses restaurants à l’élégance discrète quisavaient séduire les papilles et le labyrinthe sen-soriel de Pike Place Market.

En réponse à un commentaire de Sam selonlequel tout le monde parlait et pensait trop enville, Victoria avait répliqué que Seattle la ren-dait plus intelligente.

— Moi, je n’ai pas besoin d’être plus intelli-gent, avait fait remarquer Sam. Plus on l’est, pluson a de raisons d’être malheureux.

— Voilà qui explique pourquoi les Nolan sonttoujours d’humeur si enjouée, avait dit Mark àVictoria qui s’était esclaffée.

— Sauf Alex, avait-elle répondu avec une sou-daine gravité. Je ne pense pas qu’il ait été heu-reux un seul jour dans sa vie.

— Alex ne veut pas du bonheur, avait répliquéMark. Il se contente de ses substituts.

Ramenant ses pensées au présent, Mark sedemanda ce que Victoria dirait si elle savait qu’ilallait élever Holly sur San Juan. Il ne s’était pasrendu compte qu’il avait exprimé cette pensée àvoix haute jusqu’à ce que Sam lui réponde :

— Comme si Vick pouvait être surprise. Ellesavait que tu ne quitterais jamais l’île. Ton entre-prise est ici, ta maison, tes amis. Je suis sûrqu’elle savait que tu emmènerais Holly à FridayHarbor si quelque chose lui arrivait.

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Mark hocha la tête avec un sentiment profondde vide et de tristesse. L’ampleur de la perte quevenait de subir la fillette n’était pas une penséesur laquelle il pouvait s’attarder longtemps.

— A-t-elle dit quelque chose aujourd’hui ?s’enquit Sam. Je n’ai pas entendu un mot sortirde sa bouche.

Depuis qu’elle avait appris le décès de sa mère,Holly gardait le silence, ne répondant aux ques-tions que par signes de tête. Arborant uneexpression distante, butée, elle semblait s’êtreretirée dans un monde intérieur interdit à toutintrus. Le soir de la mort de Victoria, Marks’était rendu tout droit de l’hôpital au domicilede sa sœur où une baby-sitter s’occupait de lapetite. Il lui avait appris la nouvelle le matin etne l’avait pour ainsi dire plus quittée depuis.

— Rien, pas un mot, soupira Mark boule-versé. Si elle ne se remet pas à parler demain, jel’emmène voir le pédiatre… Je ne sais même pasqui c’est.

— Il y a une liste sur le frigo. Avec plusieursnuméros de téléphone, dont celui du médecin deHolly. J’imagine que Vick l’avait mise là en casd’urgence pour la baby-sitter.

Mark s’approcha du réfrigérateur et décolla lepost-it qu’il glissa dans son portefeuille.

— Génial, dit-il d’un ton ironique. Maintenantj’en sais au moins autant que la baby-sitter.

— C’est un début.Revenant à table, Mark but une longue gorgée

de whisky, songeur.— Il y a un truc dont il faut que je te parle,

dit-il à son frère. Mon appartement de Friday

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Harbor ne va plus convenir avec Holly. Il n’y aqu’une chambre. Et pas de jardin où elle puissejouer.

— Tu vas le vendre ?— Le louer peut-être.— Et où iras-tu ?Mark marqua une longue pause délibérée.— Tu ne manques pas de place chez toi.Sam ouvrit de grands yeux effarés.— Pardon ?Deux ans plus tôt, Sam avait acheté près de

huit hectares à False Bay, réalisant son rêvede toujours – fonder sa propre maison vinicole.Avec son sol bien drainé, sablonneux et riche engravier et son climat frais, la propriété consti-tuait le terroir idéal pour un vignoble. Sur le ter-rain se dressait une ancienne maison decampagne victorienne immense et délabrée,ceinte d’une terrasse couverte sur ses quatrecôtés, avec des baies vitrées à panneaux multi-ples, une grande tour ronde sur un côté avec desardoises sur le toit.

« Pour bricoleur averti ». L’expression était bientrop faible pour l’endroit, en proie à d’innombra-bles fissures, affaissements, fuites étranges et fla-ques sans origine apparente. Les précédentspropriétaires avaient laissé leur empreinte sur lamalheureuse bâtisse, installant des sanitaireslà où aucun raccordement n’était prévu, massa-crant les beaux volumes avec de vulgaires cloi-sons bas de gamme en aggloméré, montant despenderies premier prix aux portes coulissantesbrinquebalantes et tartinant de peinture blanchebon marché les étagères en merisier et les

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Et toujours la reine du roman sentimental :

Le 4 décembreUn baiser pour le roi

« Les romans de Barbara Cartland nous transportent dans un mondepassé, mais si proche de nous en ce qui concerne les sentiments.L’amour y est un protagoniste à part entière : un amour parfoiscontrarié, qui souvent arrive de façon imprévue.Grâce à son style, Barbara Cartland nous apprend que les rêves peuvent toujours se réaliser et qu’il ne faut jamais désespérer. »

Angela Fracchiolla, lectrice, Italie

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10542CompositionFACOMPO

Achevé d’imprimer en Italiepar GRAFICA VENETA

le 7 octobre 2013

Dépôt légal : octobre 2013EAN 9782290079515

L21EPSN001110N001

ÉDITIONS J’AI LU87, quai Panhard-et-Levassor, 75013 Paris

Diffusion France et étranger : Flammarion