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Presses Universitaires du Mirail Corresponsales de guerra. (Colección Premio) by Fernando PÉREZ VALDES Review by: Jacques Gilard Cahiers du monde hispanique et luso-brésilien, No. 38, Numéro consacré aux consciences nationales dans le monde ibérique et ibéro-américain (1982), pp. 207-209 Published by: Presses Universitaires du Mirail Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40851052 . Accessed: 16/06/2014 01:27 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires du Mirail is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Cahiers du monde hispanique et luso-brésilien. http://www.jstor.org This content downloaded from 195.78.108.40 on Mon, 16 Jun 2014 01:27:35 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Numéro consacré aux consciences nationales dans le monde ibérique et ibéro-américain || Corresponsales de guerra. (Colección Premio)by Fernando PÉREZ VALDES

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Corresponsales de guerra. (Colección Premio) by Fernando PÉREZ VALDESReview by: Jacques GilardCahiers du monde hispanique et luso-brésilien, No. 38, Numéro consacré aux consciencesnationales dans le monde ibérique et ibéro-américain (1982), pp. 207-209Published by: Presses Universitaires du MirailStable URL: http://www.jstor.org/stable/40851052 .

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COMPTES RENDUS 207

mation erudite et rigueur méthodologique n'excluent pas disponibilité et même sensibilité. On ose dire que c'est un mérite rare, en une épo- que où la critique n'est trop souvent qu'un prétexte à échafaudages théoriques ou réductions illustratives.

Maurice Fraysse.

Fernando PÉREZ VALDES. - Corresponsales de guerra - . La Habana, Casa de las Americas, 1981. - 258 p. (Colección Premio).

Ce livre, dû au cinéaste cubain Fernando Pérez Valdés, a obtenu le prix Casa de « témoignage » en 1981. On y retrouve à la fois l'intérêt et les limitations de ce genre incertain, d'appellation trop récente pour que l'on puisse le considérer comme genre littéraire défini, d'autant que l'on peut penser qu'il n'est de vraie littérature que de fiction. L'intérêt (et l'identité) du témoignage consiste à recueillir et exprimer l'originalité des processus latino-américains; en cela, il vient modeste- ment à la suite du journal de Colomb et des chroniques de la Conquête. Sa limitation est qu'il n'a pas encore pu définir des règles ou des conventions propres, et qu'il reste à la remorque d'autres genres qui sont, eux, proprement littéraires, ou qu'il renvoie plus ou moins à des discours scientifiques bien déterminés (histoire, sociologie, anthropologie), ou qu'il n'est qu'une modalité amplifiée d'un travail simplement journalistique. Dans Corresponsales de guerra, le témoi- gnage ne fait que mettre à profit les apports et les réussites du roman latino-américain des trente dernières années, en adoptant une frag- mentation formelle sans narrateur principal, où cinq voix alternent, et où apparaissent de temps à autre des dépêches d'agence, des frag- ments de lettres, des photos, et même des graffiti bien connus (ceux de Paris, en mai 1968). De ce point de vue, Corresponsales de guerra est un épigone des romans de Manuel Puig ou Guillermo Cabrera Infante. Et cela, même si on doit aussi se rappeler que l'auteur est cinéaste, de même que le sont ses cinq personnages et narrateurs. Le livre est un montage de séquences essentiellement verbales.

Corresponsales de guerra porte sur les expériences de cinq membres des équipes de cinéma et photographie formées par le Front Sandi- niste dans le but de fixer en images la guerre de libération du Nicara- gua, de créer la mémoire visuelle de cet épisode historique et d'engen- drer un cinéma national; ils constituaient l'équipe chargée d'opérer sur le front méridional.

L'épisode guerrier ne représente qu'une sorte d'appendice du livre, puisqu'il couvre seulement les cinquante dernières pages, l'essentiel étant le récit de ces cinq vies qui convergent finalement vers cette

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208 C. de CARAVELLE

tâche artistique et politique : trois Nicaraguayens d'origines sociales très diverses, un Porto-ricain et un Colombien.

L'organisation générale de ces cinq récits qui alternent, s'entrelacent et convergent, démontre une réelle habileté de la part de l'auteur. Pérez Valdés a choisi de suivre une démarche strictement chronologi- que (en cela, le livre se démarque des conventions du roman) et fait apparaître ses personnages en fonction de leurs dates de naissance respectives. Chaque fragment (rares sont ceux où un seul personnage prend la parole) s'organise autour d'un axe thématique ou anecdotique précis, et il se fait une évolution rigoureuse vers la dernière partie, celle de l'action, de l'art et de l'histoire. Ces vies isolées se fondent peu à peu en une seule expérience commune. En premier lieu, ce sont les simples faits de l'existence (la petite enfance, la première communion, l'adolescence); ensuite viennent les expériences qui rapprochent de la conscience politique et de l'art; enfin ce sont les actes (des voyages, souvent) qui placent les individualités dans l'engrenage de l'engage- ment et de l'action. Quand les rencontres se produisent, l'équipe est techniquement et politiquement prête à accompagner les combattants du front sud dans l'offensive contre les forces de Somoza. Correspon- sales de guerra est donc l'histoire d'un très long et très complexe che- minement vers la fusion des cinq cinéastes en un regard qui porte témoignage sur un fait capital de l'histoire latino-américaine.

Si l'on s'en tient à une sorte d'intérêt informatif, ce livre vient trop tard, et il perdra rapidement toute valeur; dans les mois qui suivent sa publication, il est déjà dépassé. Sur la guerre de libération elle- même, à supposer qu'elle soit le motif central du livre, il faudrait un récit choral, nourri de multiples témoignages, pour que les faits rapportés acquièrent une valeur durable : cette vision limitée, à la manière de Fabrice del Dongo à Waterloo, n'apporte pas grand'chose, et quatre points de vue de plus ou de moins ne changent rien à l'af- faire. Sur ce point, la plastique est plus efficace que la parole : les trois photos du Portoricain, qui illustrent le livre, témoignent de façon absolue, et on ne trouve rien de plus dans son récit sur la façon dont il a été conduit à les réaliser.

La valeur documentaire du livre est ailleurs, et encore reste-t-elle limitée. On peut penser que ces bribes infimes de l'histoire du Nica- ragua contribueront modestement à sa connaissance. On peut penser qu'il y a là des éléments utiles pour une histoire et une analyse du cinéma latino-américain, de sa fonction dans un pays du Tiers-Monde, mais guère plus.

Restent les vies qui sont racontées par les cinq témoins de Fernando Pérez Valdés. Ces cinq itinéraires, en eux-mêmes, ne masquent pas d'intérêt. On reconnaît, bien sûr, cette pieuse vérité - mise en relief par le texte de présentation, en revers de couverture - que sont

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impénétrables les voies par lesquelles un individu comme beaucoup d'autres devient finalement un révolutionnaire triomphant : le témoi- gnage, lié à l'histoire du Continent, repose toujours sur une telle visée symbolique, sur la conviction que l'histoire a un sens. Mais la forme choisie pour l'organisation du récit, ce kaléidoscope de voix et souvent aussi de banalités, ne s'adapte guère au thème profond du livre, celui d'un cheminement et d'une communion vers et au service d'une grande cause. L'étape préliminaire est trop longue par rapport à celle de la guerre. Ce qui ne veut pas dire qu'elle manque toujours d'intérêt : il y a un sens politique sous-jacent à tout ce qui est rap- porté, même si bien des faits pouvaient être omis, même si le hasard a souvent joué le rôle déterminant, même si la sociologie et la littéra- ture de fiction ont déjà exprimé, beaucoup mieux, de telles vies et de telles situations. Il y a, malgré tout, le tableau d'une époque (y com- pris le 68 français), et il subsiste des moments, des évocations, grâce auxquels le livre peut justifier une lecture : ainsi les aspects picares- ques de la vie que mènent au Mexique les immigrés clandestins, ou certains épisodes de la vie du photographe portoricain.

Comme dans beaucoup de livres de ce genre, se pose le problème du langage adopté. Fernando Pérez Valdés a choisi de faire s'exprimer ses informateurs sur un ton et un rythme très proches de la conversa- tion, donc sans trop décanter ce qu'avait fixé sa bande magnétique. Le choix, en lui-même, ne doit pas être forcément mauvais, mais on peut trouver que les résultats ne sont pas toujours très heureux ici. La caractérisation des narrateurs par leur langage n'a pas été poussée bien loin. Il est certain que leur expérience militaire au Nicaragua les a dotés d'un vocabulaire commun, mais l'effort pour les individualiser dans leur expression n'a pas été fait. Mis à part quelques mots ou tour- nures (des clichés folklorisants), le Portoricain ne parle pas comme Portoricain, le Colombien ne parle pas comme Colombien.

Tant au niveau de l'enquête qu'à celui de l'organisation du matériel, ce livre représente un certain travail auquel on doit reconnaître quel- ques mérites. Certains de ses passages conserveront une modeste valeur documentaire. On regrettera cependant que la sélection du matériel n'ait pas été plus rigoureuse. Peut-être y avait-il là un bon projet, auquel il a manqué un écrivain. Il ne s'agit pas de se deman- der si c'est par cette voie du récit multiple que le témoignage accédera à une existence de véritable genre littéraire : du moment que le témoignage utilise le récit, toutes les combinaisons de narrateurs doi- vent être bonnes. L'erreur a été, ici, de faire parler des cinéastes qui s'étaient déjà exprimés à leur façon et n'avaient donc plus rien d'inté- ressant à dire, du moins dans un ouvrage qui, comme celui-ci, préten- dait à une certaine exemplarité.

Jacques Gilard.

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