4
Nutr. Clin. Metabol. 1989 ; 3 : 29-32 Nutrition et cancer: donn es pid miologiques Catherine Hill D6partement de Statistique M6dicale, Institut Gustave-Roussy, Villejuif. R~sume Les ~tudes ~pid/~miologiques comparant la fr~quence des cancers dans diff~rentes populations, notamment apr~s migration, ont permis de mettre en evidence l'impor- tance des facteurs li~s au mode de vie. La nutrition est certainement l'un de ces facteurs, et les ~tudes de correlations g~ographiques ont permis de confirmer I'importance de son r61e. Enfin les enqu~tes ~pid6miolo- giques ont mis en ~vidence un certain nombre de fac- teurs alimentaires probablement li+s au risque de can- cer. Nous sommes aujourd'hui en mesure d'affirmer que la nutrition joue un r61e important dans r6tiologie des cancers, mais nous manquons d'evaluations rigoureuses quant /t l'efficacite des modifications de I'alimentation qui pourraient ~tre sugg/~r/~es. Mots-cles : nutrition, epid6miologie des cancers, facteur de risque, etiologie. Introduction L'epiddmiologie est l'etude de la ffequence des maladies darts les populations humaines, et de la variation de ces frequences en fonction de divers facteurs tels que la gen6tique, l'environnement ou certaines caracteristiques du mode de vie dont la nutrition. Pour un 6pid6miologiste qui centre son int6rfit sur l'etude des cancers, la nutrition est une source d'int6r6t et de frustration/t la fois. D'une part, tout ce que nous savons indique qu'elle joue un r61e tr6s important dans l'etiologie de nombreux cancers. D'autre part notre ignorance des mecanismes est telle que nous ne pouvons pas serieuse- merit faire des recommandations precises. Correspondance : C. Hill. Institut Gustave-Roussy, 94805 Villejuif. Les cancers de differentes localisations, ou les differentes histologies pour une m6me localisation sont des maladies tout /t fait differentes sous l'angle etiologique. Un des principes fondamentaux de l'epid6miologie des cancers est donc la n6cessite d'etudier s6parement les divers types de cancer. Les etudes en 6pidemiologie des cancers peuvent ~tre separ6es en deux domaines : les etudes de variation de frequence, et les enqu6tes 6pidemiologiques. Nous ddcri- rons brievement les principes et quelques resultats d'6tu- des relatives /t la variation de la frequence des cancers, puis les differents types d'enqu~tes, enfin nous resume- rons les connaissances actuelles sur ?importance globale de la nutrition comme facteur de risque de cancer. Etudes des variations de fr~quence On dispose de deux mesures principales pour etudier la frequence d'une maladie : une mesure de mortalite, qui est le taux de d6ces annuel, et une mesure de morbidite, qui est le taux d'incidence annuel. En France les donnees nationales de mortalite, recueillies sur les certificats de dec6s, sont publiees chaque annee (par I'INSEE jusqu'en 1967, par I'INSERM depuis 1968). La derniere annee disponible actuellement est l'ann6e 1983 [1]. Les donnees de morbidite proviennent en France des registres departementaux de cancer. Les plus anciens sont ceux du Bas-Rhin et du Doubs qui datent de 1975. L'Organisation mondiale de la Sante publie, dans les Annuaires de statistiques sanitaires mondiales, les don- nees de mortalite par pays (pour tousles pays ou ces statistiques sont disponibles). Le Centre international de Recherche sur le cancer (CIRC) publie dans <~ Cancer Incidence in five continents >,les donn6es des registres de cancer existant dans le monde ; le dernier volume date de 1982 [2]. 29

Nutrition et cancer : données épidémiologiques

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Nutrition et cancer : données épidémiologiques

Nutr. Clin. Metabol. 1989 ; 3 : 29-32

Nutrition et cancer: donn es pid miologiques

Catherine Hill D6partement de Statistique M6dicale, Institut Gustave-Roussy, Villejuif.

R~sume

Les ~tudes ~pid/~miologiques comparant la fr~quence des cancers dans diff~rentes populations, notamment apr~s migration, ont permis de mettre en evidence l'impor- tance des facteurs li~s au mode de vie. La nutrition est certainement l'un de ces facteurs, et les ~tudes de correlations g~ographiques ont permis de confirmer I'importance de son r61e. Enfin les enqu~tes ~pid6miolo- giques ont mis en ~vidence un certain nombre de fac- teurs alimentaires probablement li+s au risque de can- cer. Nous sommes aujourd'hui en mesure d'affirmer que la nutrition joue un r61e important dans r6tiologie des cancers, mais nous manquons d'evaluations rigoureuses quant /t l'efficacite des modifications de I'alimentation qui pourraient ~tre sugg/~r/~es.

Mots-cles : nutrition, epid6miologie des cancers, facteur de risque, etiologie.

Introduction

L'epiddmiologie est l 'etude de la ffequence des maladies darts les populations humaines, et de la variation de ces frequences en fonction de divers facteurs tels que la gen6tique, l 'environnement ou certaines caracteristiques du mode de vie dont la nutrition.

Pour un 6pid6miologiste qui centre son int6rfit sur l 'etude des cancers, la nutrition est une source d'int6r6t et de frustration/t la fois. D 'une part, tout ce que nous savons indique qu'elle joue un r61e tr6s important dans l'etiologie de nombreux cancers. D'autre part notre ignorance des mecanismes est telle que nous ne pouvons pas serieuse- merit faire des recommandations precises.

Correspondance : C. Hill. Institut Gustave-Roussy, 94805 Villejuif.

Les cancers de differentes localisations, ou les differentes histologies pour une m6me localisation sont des maladies tout /t fait differentes sous l'angle etiologique. Un des principes fondamentaux de l'epid6miologie des cancers est donc la n6cessite d'etudier s6parement les divers types de cancer.

Les etudes en 6pidemiologie des cancers peuvent ~tre separ6es en deux domaines : les etudes de variation de frequence, et les enqu6tes 6pidemiologiques. Nous ddcri- rons brievement les principes et quelques resultats d'6tu- des relatives /t la variation de la frequence des cancers, puis les differents types d'enqu~tes, enfin nous resume- rons les connaissances actuelles sur ?importance globale de la nutrition comme facteur de risque de cancer.

Etudes des variations de fr~quence

On dispose de deux mesures principales pour etudier la frequence d 'une maladie : une mesure de mortalite, qui est le taux de d6ces annuel, et une mesure de morbidite, qui est le taux d' incidence annuel.

En France les donnees nationales de mortalite, recueillies sur les certificats de dec6s, sont publiees chaque annee (par I ' INSEE jusqu'en 1967, par I ' INSERM depuis 1968). La derniere annee disponible actuellement est l 'ann6e 1983 [1]. Les donnees de morbidite proviennent en France des registres departementaux de cancer. Les plus anciens sont ceux du Bas-Rhin et du Doubs qui datent de 1975.

L'Organisation mondiale de la Sante publie, dans les Annuaires de statistiques sanitaires mondiales, les don- nees de mortalite par pays (pour t ous l e s pays ou ces statistiques sont disponibles). Le Centre international de Recherche sur le cancer (CIRC) publie dans <~ Cancer Incidence in five continents >, les donn6es des registres de cancer existant dans le monde ; le dernier volume date de 1982 [2].

29

Page 2: Nutrition et cancer : données épidémiologiques

C. HILL

Tableau I : Comparaison des incidences chez les migrants et dans les populations des pays d'origine et d'accueil.

Localisation du cancer

Incidence annuelle par million*

Japon Japonais Caucasiens Nigeria Noirs Blancs d'Hawai (Ibadan) USA** USA**

(Esophage 131 46 75 Estomac 1 311 397 217 C61on 83 371 368 34 351 315 Rectum 93 297 204 34 204 225 Foie 272 77 36 Pancreas 55 225 124 Larynx 37 193 141 Poumon 268 379 962 27 1 532 981 Prostate 14 154 343 134 651 275 Sein + 315 1 221 1 869 337 1 187 1 650 Col uterin + 364 149 243 559 569 276 Corps uterin + 26 407 714 42 222 568 Ovaire + 53 160 274 Lymphomes non hodgkiniens 133 8 4

* Taux standardisds entre 35 et 64 ans, population masculine si non prdcisd. Seules sont indiquees les localisations pour lesquelles les incidences sont diffdrentes dans les pays d'origine et d'accueil.

+ Sexe feminin ** Moyenne des taux de deux regions D'apres ref. 3

La decouverte de gigantesques variations entre popula- tions a etd le point de .depart de l 'affirmation qu'une grande partie des cancers devrait pouvoir 6tre evitde. Le fait qu'il existe des populations darts lesquelles certains cancers sont tres peu frequents demontre que l 'appari t ion 2s]- des cancers n 'est pas un phenomdne ineluctable. Ceci n 'est pas contradictoire avec le fait que nous ne sachions pas encore tres bien comment les eviter. Les etudes sur les populations migrantes ont confirme le ~ 20 fair que la plupart des cancers avaient une origine fide au ~. mode de vie et etaient, de ce fait, potentiellement evita- 8 -~. 15 bles. En effet, ces etudes montrent que les migrants ont, en rdgle gendrale, des incidences de cancer intermediaires entre l ' incidence du pays d 'origine et l ' incidence du pays d'accueil. Le tableau I montre que les Japonais ayant ~ ~0

Hawa'i ont des risques de cancer intermediaire .~ 6migrd entre ceux des Japonais restes au Japon et ceux de la populat ion blanche de HawaL Le tableau I montre aussi ~ s que l ' incidence des cancers chez les noirs americains est, en general, intermddiaire entre l ' incidence au Nigdria (region d'Afrique de l 'Ouest d'ofi les noirs americains sont originaires) et chez les blancs des Etats-Unis. Les 0 variations d ' incidence entre populations ne peuvent donc s 'expliquer par des facteurs gendtiques. I1 existe, au niveau des populations, des associations tres fortes entre certains facteurs et la frequence de cancers. Les figures 1 et 2 montrent, par exemple, de fortes

• Nethedands

eUK • Denmark

Canada • ~O=~e w Zealand

• Switzerland r e a n o e • I U S

Belgium Australi~

~ Sweden Auslri8 • •e Germany

Norway • F~ance Ilaly •

• Czechoslovakia

Hun0a~ • • Finland Poflugal •

Hong K O ~ • Poland

Chile • Bulgaria e Spsin Venezuela• • Romania = . •Greece Paname e ~ Yugoslavia

• puerto Rmo Philippines • Columbia

• • • Mexico Japan • TeXan

• Ceylon

"rneJland O • El Salvador I I I I I I

20 40 60 80 100 120

Tota l dietary fat intake (g/day)

I I I 140 160 180

Figure 1: Relation entre consommation de graisse par pays (g/jours) et mortalit~ par cancer du sein (taux pour 100 000 habitants, standardisOs sur l~ge). D'apr~s r6£ 4

30

Page 3: Nutrition et cancer : données épidémiologiques

EPIDEMIOLOGIE DES CANCERS ET NUTRITION

correlations entre la consommation moyenne de graisse dans ttrl pays et la mortalite par cancer du sein dans le m6me pays, et entre la consommation de viande et la mortalite par cancer du c61on. Ceci ne permet nullement de conclure que des consommations elev6es de graisse ou de viande sont des causes de cancer du sein ou de c61on. Ce que l 'on peut en tirer est l'existence probable de causes, li6es fi la consommation de graisse ou de viande, expliquant en pattie les variations de frequence des cancers du sein et du c61on entre pays.

Enqu~tes epid~miologiques

Les differents types d'enqu6tes epid6miologiques sont les enqu6tes cas-temoins, les enqu6tes de eohorte et les essais d'intervention. On peut comparer les caracteristiques personnelles, de sujets ayant un cancer d 'une localisation donnee fi celles de sujets indemnes de ce cancer. Ce type d'etude s'ap- pelle enqu6te cas-temoin. On peut par exemple comparer la consommation de cafe de sujets ayant un cancer du pancr6as a celle de sujets temoins. On peut recueillir un certain nombre d'informations sur tousles sujets appartenant a un groupe dont les caracteris- tiques sont definies /t l'avance, et suivre ces sujets pros- pectivement. On etudie ensure l ' incidence du cancer dans chaque sous-groupe defmi par les informations enregis- trees. Ce type d'etude s'appelle enqu6te de cohorte. Une etude ayant suivi pendant dix-neuf ans une cohorte de pres de 2 000 hommes d 'une entreprise de Chicago a par exemple montre une incidence de cancer du poumon inversement lice a la consommation de carotene [5].

50

8 ~= 30

8

10

New Zealand e

•Canada

Denmark •

•UK Sweden •

e Netherlands

Norway • • Israel • FDR • Iceland

eDDR Jamaica • Finland Franc Yugoslavia • • • Poland • %;

• China e Romania Hungary apart

• Columbia •Nigeria

, , , I I [ I 1 40 80 120 160 200 240

Per capita meat consumption (g/day)

• USA

I I 280 320

Figure 2 : Relation entre consommation de viande par pays (g/jours) et incidence du cancer du c6lon (taux pour 100 000 habitants, standardisks sur l'6ge). D'apr6s r6f. 4

On peut verifier une hypothese sugg6ree par d'autres etudes en faisant un essai d'intervention comparant deux groupes de sujets tires au sort l 'un des groupes etant incite

modifier son alimentation d 'une maniere precise et l 'autre non.

Importance globale de la nutrition

Les donnees 6pid~miologiques disponibles permettent de conclure que les caracteristiques de l 'alimentation expli- quent une proportion importante de la variation de la frequence des cancers entre pays, entre sous-population,

Tableau H : Proportion des dOcOs par cancer attribuables diffOrents facteurs

Facteur Estimation du % des d6c6s par cancer

ponctuelle intervalle

Tabac 25 % 20 %-35 % Alcool l0 % 6 %-14 % Nutrition 35 % l0 %-70 % Additifs alimentaires < 1 % -5 %-2 % a Caract. vie

reproductive 7 % 1%- 13 % Exp. professionnelles 4 % 2 %-8 % Pollution 2 % < 1 % - 5 % Produits industriels < 1 % < 1%-2 % Pratiques medicales 1 % 0,5 %-3 % Facteurs geophysiques 3 % 2 %-4 % Infection 10 % ? 1%-? Inconnus ? ?

a En tenant compte de possibles effets protecteurs d'antioxydants et autres conservateurs. Ces pourcentages ne peuvent pas s'aditionner car un m~me cancer peut 6tre lie a plusieurs facteurs, eviter un seul des facteurs r6duit consid6rablement le risque.

Adapte/t la situation fran~aise a partir de la ref. 6

dans les populations migrantes, etc. Certains types d'ali- mentation ou aliments (comportant beaucoup de graisses, ou une consommation frequente d'aliments fumes ou sales par exemple) tendent /t augmenter le risque de certains cancers. D'autres (peu de graisses, consomma- tion frequente de certains fruits ou legumes par exemple) tendent file diminuer. Les mecanismes sous-jacents sont, darts l 'ensemble, tres mal connus. En l'etat actuel des connaissances, il semble difficile de faire des recomman- dations antres qu'une reduction des graisses, surtout saturees. Si l'effet de cette recommandation n 'est pas certain en ce qui concerne la prevention des cancers, elle aura en tous cas un effet de pr6vention des maladies cardio-vasculaires.

31

Page 4: Nutrition et cancer : données épidémiologiques

C. HILL

Tableau l l I : Strat#gies pour limiter la survenue des cancers

Strategies realisables, au moins en partie

Fraction << ~vitable >> de la mortalit~

par cancer en France

En 1984 Dans + l'avenir*

Eviter seulement le tabac - 35 000 (25 %) en 1984, p l u s / t l 'avenir sauf chgt

25 % 35 %

Eviter seulement l 'a lcool 14 000 (10 %) en 1984,

p l u s / t l 'avenir saul chgt

10 % 10-15 %

Eviter le tabac et l 'a lcool (si un cancer a deux causes, eviter seulement une des deux reduit considerable- men t le r isque)

26 % 36 %

Eviter l 'ob6site** - 2 % - 2 %

Eviter les partenaires sexuels mult iples c o m m e sources d ' infect ion (ou frottis t o u s l e s 5-10 alas) - 2 % - 1%

Eviter le soleil excessif < 1% 1% ?

Eviter certains actes medi- caux non necessaires (ra- diologie, t rai tements hor- monaux ou cytotoxiques) < 1% 1% ?

E l iminer to ta lement les carc inogenes humains con I lu s

(a) clans l ' env i ronnement industriel - 4 % < 1% (b) dans l ' env i ronnement en gen6ral - 2 % < 1%

El iminer l 'hepat i te B < 1% < 1%

El iminer les taux actuels des radiat ions militaires et industrielles < 0 ,01% 0 ,01%

+ ef[~ts des expositions du passe

Les moyens listes sont des alterations de l'environnement ou du mode de vie qui sont, au moins en pattie, realisables, et non des alterations du corps humain comme, par exemple, grossesse, mastectomie prophylactique, prostatectomie, hyst6rectomie, m6nopause, etc.

** Une reduction de la consommation de lipides (surtout satures, d'origine animale) reduira les risques cardiovasculaires, et peut-~tre aussi la mortalite pour certains cancers.

D'apres r6£ 4

Nos conclus ions peuvent 6tre resumdes par les deux tableaux suivants. Le tableau II, adapte de Dol l et Peto [6], resume ce que l ' on peut deduire des donnees 6pide- mio log iques sur l ' impor tance des differents facteurs de risque de cancer identifies. C e tableau met en evidence l ' impor tance des facteurs nutri t ionnels. Le tableau III resume l ' impor tance relative de ce que l ' on sait aujour- d 'hu i p roposer pour eviter les cancers. La difference entre les deux est la mesure de not re ignorance. En ce qui conce rne la nutr i t ion on vol t qu ' i l y a beaucoup / t etudier.

D i e t and cancer : general i t i es

Summary: Epidemioiogical studies comparing the frequency of cancers in different populations, particu- larly before and after migration, have shown the impor- tance of environmental factors in the causation of cancer. Diet is one of these factors. Ecological studies of the association between nutritional factors and the frequency of cancer have confirmed the importance of diet. Lastly epidemiological cohort and case-control studies have identified a number of nutritional factors possibly related to the risk of cancer. There is good evidence that diet plays a major role in the etiology of cancer, but the efficacy of specific dietary recommenda- tions remains to be evaluated.

Key words : diet, cancer epidemiology, risk factor, etiology.

Bibliographie 1. Statistiques des causes medicales de d6ces 1983. Paris: IN-

SERM 1988.

2. Cancer Incidence in Five Continents. Lyon : IARC 1982.

3. Doll R, Peto R. Epidemiology of cancer. Oxford: Oxford textbook of medicine, 1988.

4. Peto R. Why cancer? The Times Health Supplement 6-11-1981 ; 12-14.

5. Shekelle RB, Lepper M, Liu S, Maliza C, Raynor WJ, Rossof AH. Dietary vitamin A and risk of cancer in the Western electric study. Lancet 1981 ; 2 : 1185-1189.

6. Doll R, Peto R. The causes of cancer. Oxford : Oxford Univer- sity Press 1983.

32