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Nutrition et démence : données épidémiologiques

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Page 1: Nutrition et démence : données épidémiologiques

© 2007. Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés Résumés des communications présentées par les Sociétés Associées 2S245

Club de Neurologie de l’Environnement (CNE)

Réunion du jeudi 12 avril 2007

Alimentation et maladies neurologiquesCoordonnateur :

J. REIS (Sarreguemines)Modérateurs :

C. STEPHAN (Mulhouse), B. ARANDA (Courbevoie)

Bases scientifiques et état d’avancement de l’étude d’intervention SU.FOL.OM3

Galan P.

U 557 Inserm/U1125 Inra/Cnam et USEN (InVS/Cnam/Paris13),CRNH Île-de-France.

L’étude SU.FOL.OM3 (« SUpplémentation en FOLates et/ouOméga-3 ») a été mise en place, en France, en avril 2003.De très nombreux travaux épidémiologiques, cliniques etphysiopathologiques ont permis d’identifier des facteursnutritionnels susceptibles de participer à la réduction ou àl’augmentation de l’incidence des maladies cardio et neu-rovasculaires. Les apports en folates/vitamines B6 et B12(par leur implication dans le métabolisme de l’homocystéine)et en acides gras polyinsaturés de la série oméga 3 (par leuraction sur les troubles du rythme, sur l’hémostase…), sontparmi les facteurs nutritionnels potentiellement protecteurs,ceux pour lesquels il existe des faisceaux d’arguments par-ticulièrement convergents.L’étude SU.FOL.OM3 vise à tester sur 2 500 sujets de 45à 80 ans, coronariens avérés ou ayant présenté un accidentvasculaire cérébral, l’impact d’un apport supplémentaire enfolates (et en vitamines B6 et B12) et/ou en oméga-3 dansla prévention de la récidive de pathologies ischémiques.Le recrutement a été rendu possible grâce à un réseau de400 cliniciens cardiologues ou neurologues qui ont sélec-tionnés les patients.La méthodologie est celle d’un essai de prévention secondairesous forme d’un essai randomisé en double aveugle. Quatregroupes de sujets ont été constitués recevant quotidienne-ment :– une association de 5-methyl THF (560 µg/j), vitamine B6(3 mg/j) et vitamine B12 (20 µ/j),

– des acides gras polyinsaturés oméga-3 (600 mg/j d’EPA etDHA dans un ratio EPA/DHA 2:1).– l’association 5-methyl THF, vitamine B6 et B12 et lesoméga-3– un placebo.Un bilan biologique est proposé chaque année aux partici-pants. La surveillance de l’état de santé est assurée en continuavec validation des événements cardio- et neurovasculaires.La durée de l’étude est fixée à 5 ans.À la date du 15 janvier 2007 ont été déjà inclus 2 464 sujets(1 957 hommes et 507 femmes) : 1 135 infarctus du myo-carde, 702 syndromes coronaire aigus sans nécrose et627 accidents vasculaires cérébraux.

Nutrition et démence : données épidémiologiques

Barberger-Gateau P.

INSERM U593, Université Victor Segalen Bordeaux 2, F-33076Bordeaux, France.

L’alimentation est une piste prometteuse de prévention dela démence, avec des hypothèses physiopathologiquespermettant d’envisager en particulier un effet protecteurdes anti-oxydants et des acides gras poly-insaturés (AGPI)omega 3. Nous ferons une revue critique des argumentscomplémentaires apportés par les études épidémiologiques.Plusieurs études épidémiologiques de cohorte (PAQUID,EVA, Rotterdam Study, Chicago Health and Aging Studyet l’étude des 3 Cités) ont trouvé une relation entre consom-mation ou statut biologique en anti-oxydants et moindrerisque de démence ou de déclin cognitif, mais avec des dis-cordances. Des essais de supplémentation en vitamine Eont montré des effets favorables chez des patients atteints

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Page 2: Nutrition et démence : données épidémiologiques

2S246 Résumés des communications présentées par les Sociétés Associées Rev Neurol (Paris) 2007

de maladie d’Alzheimer (MA) mais pas chez ceux atteintsde MCI. Les mêmes études épidémiologiques d’observa-tion ont montré un rôle protecteur de la consommation depoisson gras (riche en DHA, omega3) ou des AGPI omega3essentiels contre le risque de démence ou de déclin cognitif,et un effet délétère des omega6. Il existe des interactionsavec l’apoE. Aucune étude d’intervention évaluant l’effetdes omega3 dans la prévention primaire de la démence n’aété publiée. Le seul essai d’intervention dans la MA n’a pasmontré d’effet positif.En conclusion, les anti-oxydants et les omega3 offrent unespoir dans la prévention de la démence mais de nombreu-ses inconnues subsistent quant aux doses efficaces et auxinteractions entre nutriments et avec l’apoE. L’effet appa-rent des suppléments dans les études d’observation pour-rait être du à des facteurs de confusion mal contrôlés,notamment socioculturels. Les résultats décevants des étudesd’intervention peuvent s’expliquer par un mauvais ciblagedes bénéficiaires potentiels et une inadéquation des dosesutilisées.

Facteurs déclenchants nutritionnels des migraines

Pradalier A.

Service de médecine interne IV, Hôpital Louis Mourier 92700Colombes, France.

L’écoute, l’utilisation de questionnaires incriminent diversfacteurs favorisant la survenue ou la fréquence des crises.BLAU (Headache 1988) a observé que les migraineux signa-laient en moyenne 5,3 facteurs favorisants. Cependant, laplupart des études sont rétrospectives. Le signalement defacteurs favorisants n’est pas propre à la migraine, il en estde même pour les céphalées de tension épisodiques ouchroniques. Le seuil de tolérance dépend d’une part prédis-position génétique et d’autre part de facteurs extérieurs.Parmi ces facteurs, les facteurs alimentaires sont volontiers,cités. Dans notre étude de 1991 51 % des migraineuxcitaient un facteur alimentaire : boisson alcoolisée 68 %,chocolat 63 % ; graisses cuites 50 %, œuf 36 %, mayonnaise27 %, oignon 13 %, etc. D’autres facteurs peuvent interve-nir aussi, le jeûne, l’hypoglycémie, le froid, le contenu del’alimentation en bioamines, histamine, phényléthylamine,tyramine, nitrite, glutamate de sodium, théobromine,caféine… La migraine cependant ne paraît pas en relationavec une allergie de type IgE dépendante (PRADALIER etal., Cephalalgia 1983).La suspicion d’un rôle des aliments repose sur la survenuependant la crise des nausées, des vomissements. Quelquesétudes ont suggéré une plus grande fréquence de l’allergiedigestive, ou alimentaire chez les migraineux. HOLT-MANN et al., (Gastroenterology 1999) trouvent une préva-lence de 38 % des troubles fonctionnels intestinaux (TFI)

dans le groupe témoin contre 81 % dans le groupe migrai-neux.Les médiateurs impliqués dans l’hyperalgésie viscéralesont nombreux dont la sérotonine aussi certains antagonis-tes 5HT3 ont été testé dans la migraine (ondansetron, gra-nisétron).Les agonistes des récepteurs 5HT1A et surtout 5HT4 sontà l’étude dans les TFI. Rappelons la présence abondante deCGRP dans les afférences splanchniques et son rôle poten-tiel sur la motricité digestive. Ce produit est impliquédans la crise migraineuse, où les anti-CGRP semblent effi-caces. Les triptans, agonistes sérotoninergiques, ont uneactivité sur les récepteurs 5HT neurono-entériques, d’oùleur utilisation dans les dyspepsies fonctionnelles. Citonsenfin l’éventuelle relation migraine maladie cœliaque(Gabrielli et al. : AM J Gastroenterol 2003).

Contaminants alimentaires et pathologies neurotoxiques

Manzo L. (1), Castoldi A.F. (1), Coccini T. (1), Lonla E. (1),Marafante E. (2), Sarigiannis D.A. (2)

(1) Unité de Toxicologie Médicale — Université de Pavie etFondation Maugeri — Pavie — Italie.(2) Commission Européenne — Institut de Santé et Protection duConsommateur — Ispra — Italie.

Plusieurs contaminants alimentaires (ex : méthylmercure,plomb, arsénique, polychlorobiphényles, toxine botulinique,toxines marines, contaminants des boissons alcooliquescomme le méthanol) sont neurotoxiques pour les humains.Les effets toxiques et le mécanisme d’action des ces subs-tances sont assez connus grâce aux recherches sur animauxde laboratoire ou sur modèles cellulaires mais les neuro-logues les connaissent peu car les cas cliniques sont trèsrares.Plusieurs incertitudes existent sur la classification cliniquedes symptômes de l’exposition à des contaminants alimen-taires neurotoxiques. Parfois, l’exposition prolongée à defaibles doses contenues dans les aliments détermine deseffets subtils difficiles à diagnostiquer comme par exempledes petites altérations psychologiques et comportementales.Certains contaminants alimentaires sont plus nocifs pourles personnes en pleine croissance que pour des sujets adul-tes. Selon une hypothèse, mercure, plomb et aluminium peu-vent être liés aux maladies neurodégénératives chez l’homme.Un récent thème de recherche s’occupe du développementd’indicateurs biochimiques aptes à révéler la présence pré-coce d’altérations même avant l’apparition des symptomescliniques. Par exemple, un test sur la densité des récepteursmuscariniques lymphocytaires a été appliqué sur des patientsalcooliques tout comme chez une cohorte d’enfants exposésau méthylmercure dans les îles Faroe. D’autres biomarqueursde neurotoxicité pourront dériver d’une meilleur connais-sance des mécanismes moléculaires surtout à travers leprogrès de la biologie moléculaire et la toxicogénomique.