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7 actualités Actualités pharmaceutiques n° 491 Décembre 2009 Alors que la France avait semblé, pendant longtemps, épargnée par une forte croissance de l’obésité, l’enquête ObEpi-Roche, rendue publique tout récemment, va à l’encontre de cette optimiste certitude. Le surpoids et l’obésité touchent de plus en plus de Français et de plus en plus tôt. L ongtemps la France s’est crue épargnée par l’obé- sité, en raison de son attachement traditionnel aux repas de famille, qui auraient dû limiter les grignotages intempestifs et une alimentation désordonnée. Déjà depuis plusieurs années, les chiffres avaient fait voler en éclat cette optimiste idée reçue, indiquant que si la France n’était pas plus touchée que ses voisins (et parfois moins) une part non négligeable de sa population était cependant affectée par le surpoids. Les Français touchés à leur tour L’enquête ObEpi-Roche confirme cette constatation et met quelque peu à mal l’idée selon laquelle la progression de l’obésité aurait stagné en France. En effet, désor- mais 32 % des Français peuvent être considérés en situation de surpoids (IMC entre 25 et 29,9) et 14,5 % (IMC supérieur à 30) souf- frent d’obésité. L’enquête ObEpi-Roche, menée auprès de 25 286 adultes, observe que la prévalence de l’obésité n’était que de 8,5 % en 1997, atteignait à peine 10 % en 2000 et était estimée à 13,1 % en 2006. Concernant l’obésité massive (IMC supérieur à 40), sa préva- lence est passée de 0,3 % en 1997 à 1,1 % aujourd’hui. Paral- lèlement à cette évolution, notent les auteurs de l’étude, « la part des Français n’ayant pas de surpoids a diminué depuis 2006 : globale- ment, elle est passée de 61,7 % en 1997 à 53,9 % en 2006 ». Obèses de plus en plus tôt Outre l’IMC, l’évolution de tous les autres indicateurs ne permet guère le doute : en douze ans, le poids moyen des Français a augmenté de 3,1 kg. Ces dernières années n’ont pas été réellement marquées par un ralentissement de cette progression : en effet, entre 2006 et aujourd’hui, nos compatriotes ont gagné 900 grammes, alors qu’entre 2003 et 2006, ils n’avaient « pris » que 400 grammes ! De même, le tour de taille des Français a connu une augmenta- tion de 1,1 cm depuis 2003 (attei- gnant 89,9 cm), alors que l’écart entre 2003 et 2006 n’avait été que de 0,8 cm. La progression la plus forte avait cependant été obser- vée entre 1997 et 2000, époque à laquelle les Français avaient vu leur taille de guêpe s’agrandir de 1,7 cm ! Ces chiffres ne disent rien cepen- dant des disparités qui continuent à exister selon les régions et les classes sociales. Cependant, désormais, pas une seule région française ne connaît une préva- lence de l’obésité inférieure à 10 % et il apparaît que « ce problème touche toutes les classes d’âge et presque toutes les catégories socioprofessionnelles » indique Marie-Aline Charles, directeur de recherche à l’Inserm. Cette dernière note, en outre, comme fait marquant que « les générations actuelles de jeunes adultes connaissent une prévalence de l’obésité nette- ment supérieure à celle de leurs parents au même âge. Résultats : de génération en génération, on devient obèse de plus en plus tôt ». Aurélie Haroche © jim.fr Surpoids Obésité : pas d’exception française Bénéfices du traitement antihypertenseur Si les preuves ne manquent pas en faveur d’un effet préventif du traitement antihypertenseur à l’égard du risque de démence, la durée du traitement n’a pas été précisée. Cette étude prospective de cohorte a suivi depuis 1990- 1993 plus de 6 000 patients (âge moyen 68,4 ans, 60 % femmes) jusqu’en 2005 en colligeant les cas de démence incidente. La durée cumulée de traitement antihypertenseur a été exprimée en années, et la date de début de la démence a été estimée précéder de 4 ans celle du diagnostic. Comparativement à l’absence de traitement antihypertenseur, la prise d’un traitement a été associée à une diminution du risque de démences de tous types : de 8 % par année d’utilisation chez les sujets de moins de 75 ans, de 4 % chez les plus de 75 ans. Il n’a pas été observé de différence selon le type d’antihypertenseur. Louis Elgozi © jim.fr Source Haag M et coll. Duration of antihypertensive drug use and risk of dementia: A prospective cohort study. Neurology 2009; 72: 1727-34. Démence © BSIP/Grandjean

Obésité : pas d’exception française

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Page 1: Obésité : pas d’exception française

7 actualités

Actualités pharmaceutiques n° 491 Décembre 2009

Alors que la France

avait semblé,

pendant longtemps,

épargnée par une forte

croissance de l’obésité,

l’enquête ObEpi-Roche,

rendue publique

tout récemment, va

à l’encontre de cette

optimiste certitude.

Le surpoids et l’obésité

touchent de plus

en plus de Français

et de plus en plus tôt.

Longtemps la France s’est crue épargnée par l’obé-sité, en raison de son

attachement traditionnel aux repas de famille, qui auraient dû l imiter les grignotages intempestifs et une alimentation désordonnée. Déjà depuis plusieurs années, les chiffres avaient fait voler en éclat cette optimiste idée reçue, indiquant que si la France n’était pas plus touchée que ses voisins (et parfois moins) une part non négligeable de sa population était cependant affectée par le surpoids.

Les Français touchés à leur tour L’enquête ObEpi-Roche confirme cette constatation et met quelque peu à mal l’idée selon laquelle la progression de l’obésité aurait stagné en France. En effet, désor-mais 32 % des Français peuvent être considérés en situation de surpoids (IMC entre 25 et 29,9) et 14,5 % (IMC supérieur à 30) souf-frent d’obésité.

L’enquête ObEpi-Roche, menée auprès de 25 286 adultes, observe que la prévalence de l’obésité n’était que de 8,5 % en 1997, atteignait à peine 10 % en 2000 et était estimée à 13,1 % en 2006. Concernant l’obésité massive (IMC supérieur à 40), sa préva-lence est passée de 0,3 % en 1997 à 1,1 % aujourd’hui. Paral-lèlement à cette évolution, notent les auteurs de l’étude, « la part des Français n’ayant pas de surpoids a diminué depuis 2006 : globale-ment, elle est passée de 61,7 % en 1997 à 53,9 % en 2006 ».

Obèses de plus en plus tôt Outre l’IMC, l’évolution de tous les autres indicateurs ne permet guère le doute : en douze ans, le poids moyen des Français a augmenté de 3,1 kg. Ces dernières années n’ont pas été réellement marquées par un ralentissement de cette progression : en effet, entre 2006 et aujourd’hui, nos compatriotes ont gagné 900 grammes, alors qu’entre 2003 et 2006, ils n’avaient « pris » que 400 grammes ! De même, le tour de taille des Français a connu une augmenta-tion de 1,1 cm depuis 2003 (attei-

gnant 89,9 cm), alors que l’écart entre 2003 et 2006 n’avait été que de 0,8 cm. La progression la plus forte avait cependant été obser-vée entre 1997 et 2000, époque à laquelle les Français avaient vu leur taille de guêpe s’agrandir de 1,7 cm ! Ces chiffres ne disent rien cepen-dant des disparités qui continuent à exister selon les régions et les classes sociales. Cependant, désormais, pas une seule région française ne connaît une préva-lence de l’obésité inférieure à 10 % et il apparaît que « ce problème touche toutes les classes d’âge et presque toutes les catégories socioprofessionnelles » indique Marie-Aline Charles, directeur de recherche à l’Inserm. Cette dernière note, en outre, comme fait marquant que « les générations actuelles de jeunes adultes connaissent une prévalence de l’obésité nette-ment supérieure à celle de leurs parents au même âge. Résultats : de génération en génération, on devient obèse de plus en plus tôt ». �

Aurélie Haroche

© jim.fr

Surpoids

Obésité : pas d’exception française

Bénéfices du traitement antihypertenseurSi les preuves ne manquent pas

en faveur d’un effet préventif

du traitement antihypertenseur

à l’égard du risque de démence,

la durée du traitement

n’a pas été précisée.

Cette étude prospective

de cohorte a suivi depuis 1990-

1993 plus de 6 000 patients

(âge moyen 68,4 ans,

60 % femmes) jusqu’en 2005

en colligeant les cas de démence

incidente. La durée cumulée de

traitement antihypertenseur a été

exprimée en années, et la date

de début de la démence a été

estimée précéder de 4 ans celle

du diagnostic.

Comparativement à l’absence

de traitement antihypertenseur,

la prise d’un traitement a été

associée à une diminution

du risque de démences de tous

types : de 8 % par année

d’utilisation chez les sujets

de moins de 75 ans, de 4 %

chez les plus de 75 ans.

Il n’a pas été observé

de différence selon le type

d’antihypertenseur.

Louis Elgozi

© jim.fr

SourceHaag M et coll. Duration of antihypertensive drug use and risk of dementia: A prospective cohort study. Neurology 2009; 72: 1727-34.

Démence

© B

SIP

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