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OFFICE DE LA RECHERCHR SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE OUTRE-i"ER Laboratoire de Microbiologie B.P. 1386 - DAKAR ANNEXE AU RAPPORr SCIENTIFIQUE PRODUCTION ENRICHIS EN A PARTIR r D'ALINENTS GLUCIDIQUES , i PROTEINES PAR FERJ'"'1ENTATION f DE SUBSTRATS Alo:1YLACES ! M. RAD1BAULT - J. C• GERMON - D. ALAZARD (avec la collaboration technique de P. DUPONT) RAPPORT INTERIEUR : avril 1976 D.G.R.S.T. - Comité P.O.U Contrat nO 74.7.1234

OFFICE DE LA RECHERCHR SCIENTIFIQUE ET ...horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...Les végétaux élaborent leurs protéines à partir de l'éner gie solaire et du CO

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  • OFFICE DE LA RECHERCHR

    SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE

    OUTRE-i"ER

    Laboratoire de Microbiologie

    B.P. 1386 - DAKAR

    ANNEXE AU RAPPORr SCIENTIFIQUE

    PRODUCTION

    ENRICHIS EN

    A PARTIR

    rD'ALINENTS GLUCIDIQUES ,i

    PROTEINES PAR FERJ'"'1ENTATION f

    DE SUBSTRATS Alo:1YLACES !

    M. RAD1BAULT - J. C• GERMON - D. ALAZARD

    (avec la collaboration technique de P. DUPONT)

    RAPPORT INTERIEUR : avril 1976

    D.G.R.S.T. - Comité P.O.U

    Contrat nO 74.7.1234

  • INTRODUCTION-=-=-=-=-

    L'étude que nous présentons se situe dans le cadre de la

    recherche de nouvelles sources de protéines alimentaires, destinées

    à remédier à la pénurie actuelle dont les effets sont particuliè-

    rement marqués dans les pays en voie de développement.

    La croissance démographique implique une augmentation de

    plus en plus importante de la consommation de viande et, par voie

    de conséquence, une intensification de l'élevage et des besoins

    accrus en protéines alimentaires. On s'accorde à penser que l'ac-

    croissement des productions de protéines d'origine végétale ne

    suffira pas à couvrir ces besoins et qu'il est nécessaire d'envi-

    sager l'utilisation des possibilités offertes par les protéines des

    microorganismes tels que les bacteries, les levures et les champi-

    gnons.

    Les végétaux élaborent leurs protéines à partir de l'éner-

    gie solaire et du CO2

    de l'air qui sont gratuits. Par contre,

    l'azote doit leur être fourni en grande partie sous forme dDengrais

    dont le prix est élevé et le rendement de transformation en protéi-

    nes médiocre dans les conditions habituelles de culture. Leur vites-

    se de croissance est faible, mais il sont capables de synthétiser

    et d'accumuler de grandes quantités de composés riches en énergie

    sous forme de cellulose ou d'amidon.

    Les microorganismes présentent plusieurs avantages par

    rapport aux végétaux supérieurs : en conditions favorables, ils

    possèdent des taux de multiplication cellulaire élev~s et transfor-

    ment l'azote minéral en azote protéique avec des rendements excel-

    lents. Leurs protéines ont des gualités nutritionnelles comparables,

    voire même supérieures, à celles des protéines végétales pour l'ali~

    mentation animale ou humaine (l, 2, 3).

    Pour permettre la croissance des microorganismes, on uti-

    lise des substances capables de fournir à la fois le carbone et

    l'énergie nécessaires à la biosynthèse des matériels cellulaires.

  • 2

    Ces substances carbonées doivent être disponibles en très grandes

    quantités pour pouvoir fonder des perspectives d'avenir; leur prix

    doit être Modéré pour obtenir des produits protéinés d'un prix de

    revient comparable à celui des produits existants. On distingue

    actuellement deux catégories de substances susceptibles d'offrir

    des perspectives intéressantes : les glucides et les hydrocarbures.

    - Les hydrocarbures paraffiniques contenus dans le pétrole

    ont déjà fait l'objet d'études approfondies et de réalisations

    pilotes et industrielles (4). Cependant le pétrole étant une subs-

    tance organique fossile, les réserves disponibles, quoique très

    importantes sont li~itées. La consorrmation rapide de ce produit

    pouvant poser des problèmes 3 long terme, il ne faut pas que les

    perspectives offertes par les paraffines fassent négliger la pos-

    sibilité d'utiliser dVautres substrats pour la production de pro-

    téines d'organismes unicellulaires.

    - Les possibilités offertes par le méthane sont également

    intéressantes car on dispose de très importantes réserves de cet

    hydrocarbure gazeux dont le prix est relativement faible. Il peut

    être produit biologiquement par la èécomposition de la matière

    organique en anérobiose. Les recherches récentes qui se sont déve-

    loppées portent sur l'utilisation directe du méthane par des bac-

    téries ou sur 1 vutilisation du !né thanol, obtenu par transformationchimique du méthane, comme substrat soluble pour des cultures de

    levures ou de bactéries.

    - Les substrats glucidiques agricoles présentent l'avan-

    tage dVêtre ~ la fois abondants et théoriquement inépuisables

    puisqu'ils sont régénérés en permanence grâce à la photosynthèse.

    L'utilisation des résidus agricoles disponibles en quantités

    importantes et parfois gènants, pourrait conduire à leur valorisa-

    tion tout en supprimant des sources de pollution.

    Les substrats gluciniques se répartissent en deux catégo-

    ries: les sucres simples et les polysaccharides. L'utilisation

    des mélasses, des liqueurs sulfitiques et du pEtit-lait pour la

    production de levure est pratiquée depuis déjà de nombreuses années.

  • 3

    La cellulose et l'amidon sont les substrats glucidiques

    les plus'abondants, et ils offrent des perspectives d'avenir inté-

    ressantes. La cellulose dont les disponibilités potentielles sont

    élevées présente l'inconvénient de nécessiter l'hydrolyse des

    liaisons glucidiques S-1-4 qui est un processus lent et difficile

    à réaliser aussi bien chimiquement que biologiquement. L'amidon,

    est, par contre, facilement et rapidement hydrolysé par de nombreux

    microorganismes. Il semble donc préférable, dans un premier temps,

    de choisir les matières amylacées pour la production de protéines

    d'organismes unicellulaires.

    Les différents travaux concernant l'utilisation de l'ami-

    dont pour la production de protéines ont porté essentiellement sur

    la culture en milieu liquide dilué de différentes souches de micro-

    organismes. La récolte et le condi"tionnement du matériel cellulaire

    synthétisé permet d'obtenir un produit sec à haute teneur en pro-

    téines. Les différentes possibilités qui ont été étudiées ont con-

    duit à l'élaboration de divers procédés dont nous rappelons ici

    les plus satisfaisants.

    Procédé SYHBA (S) - Il s'agit de la culture mixte en "batch li de

    deux levures, l'une ét~nt arnylolytique (Endomycopsis fibuliger)

    et l'autre pas (Candida utilis). Son but principal est la récu-

    pération de l'amidon contenu dans les effluents d'usines alimen-

    taires. Il peut être amélioré dans la mesure oü une fabrication

    contenue pourrait lui être appliquée.

    Procédé IRCHA (6) - Il est basé sur une fabrication en continu

    comportant deux stades successifs l'hydrolyse enzymatique en

    réacteur tubulaire à 50°C par une amyloglucosidase du commerce,

    puis la culture d'une levure alimentaire type Candida utilis sur

    l'hydrolysat glucosé. L'originalité de ce procédé réside surtout

    dans la continuité de production d'une levure à partir d'un subs-

    trat glucidique agricole; la productivité des matériels utilisés

    est de ce fait bien supérieure (4,5 9 de protéines/ l / h) à celle

    des procédés en "batch".

    Procédé Canadien (7) - Il utilise la transformation directe de

    l'amidon en protéines par une moisissure amylolytique thûrmophile

  • 4

    (Aspergillus fumigatus). L1intérêt de ce procédé vient du fait

    qu1il ne nécessite pas de conditions stériles ni de refroidissement

    important et que le mycelium produit est facile à récolter. Par

    contre, corr~e il ne fonctionne pas en continu, la productivité du

    fermenteur utilisé est assez faible (0,45 g de protéines/ 1 / h).

    La réalisation de ces différents procédés de transforma-

    tion quantitative de 19~nidon en corps microbiens fait appel à une

    technologie relativement complexe nécessitant des investissements

    élevés. L'optimisation de ces productions conduirait à la mise en

    place d'installations de taille importante. Etant donné le prix

    assez élevé de la matière première agricole et de son transport,

    et les difficultés d'approvisionnement dûes à la nature fluctuante

    des récoltes, la rentabilité de telles installations reste problé-

    matique et les protéines fabriquées risquent d1avoir un prix de

    revient trop élevé.

    Une autre possibilité de fournir de nouvelles sources de

    protéines alimentaires à partir d1amidon a été proposée par le

    Professeur J-C SENEZ. Elle consiste à produire non pas des cellules

    microbiennes, mais des aliments glucidiques enrichis en protéines

    par fermentation et destinés à être utilisés tels quels pour l'a-

    limentation animale. Il s'agit dans ce cas de développer une

    technologie simple permettant à des installations de fermentation

    situées à proximité des cultures et de llélevage, d'être économi-

    quement rentables tout en conservant une taille modeste.

    Le programme de recherche que nous présentons a donc été

    élaboré pour déterminer s'il est possible, par une technique simple

    de transformer un produit amylacé pauvre en protéines en un produit

    enrichi contenant suffisamment de protéines pour servir de base à

    une alimentation animale. La simplicité requise oriente naturel-

    lement les recherches vers la culture de germes amylolytiques sur

    des substrats amylacés solides. Peu de recherches ont été faites

    dans ce domaine. BROOK et col. (R) ont étudié l'enrichissement de

    la farine de manioc par des souches de Rhizopus et de Mucor. Leur

    technique, essentiellement inspirée de la fabrication du "tempeh"

  • 5

    (produit dDune fermentation tranitionnelle de graine de soja en

    Extrême-Orient), fournissait un produit de type fromage dont la

    teneur en protéines ne dépassait pas 3 %. Ce faible enrichissement

    est dû vraisemblablement à une mauvaise aération du produit et à

    l'utilisation d'amidon cru.

    Nous avons choisi le manioc comme matériel d'étude en

    raison de sa haute teneur en amidon, de sa pauvreté en protéines et

    de ses rendements potentiels élevés (60 tonnes / ha) dans des zones

    géographiques où les carences protéiniques sont graves. Signalons

    cependant que d'autres substrats amylacés peuvent être envisagés'

    tels que la pomme de terre, les écarts dG triage de bananes ou les

    résidus de féculeries.

    Etant donné la nature solide du substrat à enrichir, nous

    nous sornrnsintéressés surtout aux moisissures amylolytiques qui

    ont des capacités hydrolytiques importantes et qui peuvent tolérer

    des acidités permettant dVéviter les contaminations bactériennes.

    Au cours de cette étude, nous avons donc isolé des moisis-

    sures amylolytiques que nous avons testées et classées suivant

    leurs capacités à croître en milieu liquide sur amidon de manioc.

    Toujours en milieu liquide, nous avons étudié les paramètres de

    croissance des souches les plus actives. Nous avons ensuite recher-

    ché la méthode la plus adaptée au développement du myceliurn sur le

    produit solide. Après avoir choisi la technique qui fournissait les

    meilleurs résultats, nous avons corr~encé l'étude des différents

    paramètres de cette fermentation en milieu solide en utilisant une

    souche dVAspergillus niger que nous avions sélectionnée.

    -=~=-=-=-=-=-

  • 6

    l'1l\TEHIEL ET ~JfETHODES~=-=-=-=~=~~=-=~=-

    1 0 - PREPARATION DE LA FARINE DE HANIOC

    Les farines de manioc qui ont servi de matiêre premiêre

    dans presque toutes nos expériences ont été préparées de la façon

    suivante ~

    - à partir de manioc cru ~ les tubercules de manioc lavés ont été

    séchés au soleil aprês leur arrachage, puis transformés en farine

    à liaide dOun broyeur à marteaux. Cette farine a servi essentiel-

    lement à la préparation des m.ilieux de culture liquides et gélosés.

    à partir de manioc cuit : les tubercules frais lavés ont été cuits

    à la vapeur dans un autoclave, refroidis et stockés dans un congé-

    lateur. Suivant les besoins, le manioc cuit a été décongelé, séché

    dans un courant diair chaud, et broyé. La farine obtenue a servi

    à la préparation des milieux solides.

    Les deux farines avaient une teneur en eau voisine de 10 %.

    2 0 - COHPOSITION DES !'lILIEUX DE CULTURE

    Nous avons considéré dans un premier temps que la quantité

    de sels minéraux contenue dans la farine de manioc et dans l'eau

    du robinet était suffisante pour permettre la constitution de

    milieux simples.

    Les isolements ont été faits sur boîtes de Pétri, les

    souches repiquées et conservées en tubes gélosés, et testées en

    milieux liquides. Ces différents milieux avaient la composition

    suivante.

  • 7

    Milieu Boites Tubesliquide de Pétri gélosés

    Farine de manioc cru 20 9 20 9 20 9

    (NH4 ) 2S04 3 9 3 9 3 g

    KH2

    P04 l 9 l 9 l 9

    Bacto-agar 25 9 25 g

    Chloramphénicol 100 mg

    Streptomycine 100 mg

    Eau du robinet q.s.p. l 1. g.s.p. l 1. g.s.p. l 1.

    Le pH des milieux stérilisés 30 mn à 110°C est de 5,5.

    Les antibiotiques ont été ajoutés après refroidissement à 45°C. Les

    cultures en fermenteurs ont été faites sur les milieux liquides

    dont le pH était ajusté à 4,5 avec lDacide phosphorique.

    Pour la préparation des milieux gélosés, nous avons uti-

    lisé un empois dDamidon préparé à partir de la farine de manioc

    cru, afin de pouvoir travailler sur un milieu homogène et limpide.

    Une suspension de 20 g de farine de manioc dans un peu dVeau est

    versée dans 500 ml dUeau bouillante. Après refroidissement, la

    solution est centrifugée à 3000 g nendant 10 rnn. Dans le surnageant,

    on ajoute les sels nécessaires et on ajuste à l litre.

    3° - MATERIELS DE FERMENTATION

    LUétude cinétique des paramètres de fermentation en milieu

    liquide a été réalisée dans un réacteur QUICKFIT de 2 litres équipé

    du contrôle de la température et du pH. La nispersion de lUair était

    réalisée grâce à un vibro-mixer vertical CHEM~PEK. Une agitation

    magnétique et une circulation continue du milieu par lVintermédiaire

    dUune pompe WAB ont servi à lVhomogénéisation du milieu de culture.

    LVétude des rendements de production et de transformation

    de lVamidon de manioc en protéines a été faite sur un fermenteur

    BIOLAFITTE de 20 litres muni dVune unité de régulation permettant

    de contrôler la températurG, lVaération, l'agitation et le pH.

  • Le matériel utilisé pour les fermentations en milieu solide

    sera décrit dans le chapitre traitant de cet aspect.

    4 0 -. PREPARATIon DES ECHANTILLONS

    Avant d'être analysés, les échantillons ont subi un trai-

    tement préparatoire qui dépend des conditions de culture et du

    microorganisme étudié.

    - champiqnon sur milieu liquide - Pour la séparation du mycelium

    de la phase liquide, nous avons utilisé un dispositif de filtration

    "stérifil" HILLIPORE dans lequel le filtre est remplacé par une

    fine grille dOacier ayant des mailles de 100 ~m. Le mycelium

    récolté à partir de 5 ml de milieu de culture a servi à la déter-

    mination de lOazote total par la méthode de KJELDAHL. Par ailleurs,

    20 ml de milieu ont été filtrés; le mycelium lavé deux fois avec

    5 ml d'eau a servi à la détermination du poids sec~ le filtrat

    obtenu, convenablement dilué, a servi pour les dosages de llacti~

    vité amylasique, des sucres totaux et des sucres réducteurs.

    - levures sur milieu liquid~ ~ Après homogénéisation du prélèvement

    de culture, la densité optique est mesurée à 600 nID. Par ailleurs,

    20 ml de cet échantillon sont centrifu9és pendant 10 mn à 10000 gi

    le culot est remis en suspension dans lOeau et centrifugé une nou-

    velle fois. Le culot obtenu a servi à la détermination du poids sec

    synthétisé et de l'azote total, dans les surnageants l'activité

    amylasique a été mesurée et les sucres totaux et les sucres rési-

    duels ont été dosés.

    - champignons sur milieu solide - Pour l'étude cinétique des para-'

    mètres de fermentation, nous avons utilisé les élèments dOincuba-

    tion qui sont décrits plus loin. Au moment du prélèvement, 4 élè~

    ments servant de répétitions sont pesés afin de déterminer le poids

    humide total. Sur une partie (environ 5 g) de chaque échantillon

    correctement homogénéisé, on détermine l'humidité. Par ailleurs,

    5 g de produit humide sont pesés, auxquels on ajoute 30 ml dOeau

    distillée; la suspension est homogénéisée par un broyage de quelques

    secondes à l'ULTRA-TURR~X, et le volume ajusté à 50 ml. Après avoir

  • 9

    déterminé' le pH, cette suspension est placée dans un bain-marie

    bouillant pendant 10 mn pour transformer llamidon résiduel en empois

    et favoriser la solubilisation du produit. Cette suspension conve-

    nablement diluée a servi à la détermination des protéines par la

    méthode de LOWRY, et au dosage des sucres résiduels après hydrolyse

    enzymatique.

    5° - METHODES DE DOSAGE

    dosage des protéines vraies -

    Nous avons utilisé la méthode de LOWRY (9) basée sur la

    formation d Çun complexe coloré entre le réactif de FOLIN-CIOCALTEU

    .et certains aminoacides.

    Réactifs Soude N

    Solution A Na2C03 anhydre à 2 % dans la soude O,lN

    Solution B CUS04 à l %

    Solution C tartrate double de Na et K à 2 %

    Réactif de FOLIN-CIOCALTEU 2N

    Protocole ~ A l ml de solution convenablement diluée (entre 50 et

    150 mg/l de protéines) on ajoute l ml de soude normale dans un tube

    à essais qui est placé au bain-marie bouillant pendant 5 ron afin

    de libérer les protéines intracellulaires. Après un refroidissement

    rapide, on ajoute 5 ml du mélange préparé à partir des solutions

    A, B et C dans les proportions de 50/1/1. Après 30 mn à l'obscurité,

    on ajoute l ml de réactif de FOLIN CIOCALTEU dilué de moitié. On

    laisse à nouveau 30 mn \ l'obscurité pour pernettre à la coloration

    de se développer. L'intensité de cette coloration est alors mesurée

    au colorimètre à 750 nm et comparée à celle d1une gamme étalon de

    "sérum albumin bovine" dont la concentration en protéines slétale

    entre 30 et 300 mg/le

    - dosage de lUazote total par la méthode de KJELDAHL -

    Pour accélérer la minéralisation de la matière organique

    nous avons utilisé la modification faisant intervenir lleau oxygénée

    (10) •

  • 10

    Pour 100 mg de matière sèche à analyser, on ajoute 5 ml diacide

    sulfurique concentré, et on place le matras sur la rampe de chauf-

    fage jusquià disparition des fumées blanches et ébullition à reflux.

    Le matras est alors retiré de la rampe, et après l'avoir laissé

    refroidir pendant 2 mn on ajoute environ 15 gouttes d'eau oxygénée

    à 110 volumes tout en agitant. Le chauffage est alors repris jus-

    qu'à ébullition pendant 2 mn. Si la décoloration est incomplète on

    renouvelle l'apport d'eau oxygénée. Après refroidissement complet,

    le contenu du matras est amené à 50 ml, l'a~moniac est dosé sur

    une aliquote de 10 ml par distillation dans un appareil de PARNAS

    et WAGNER.

    - Dosage des sucres totaux -

    Les glucides totaux sont dosés colorimétriquement par la

    méthode à l'anthrone qui réagit avec tous les sucres simples, mais

    également avec les polysaccharides comme la cellulose et l'amidon

    (11) .

    Réactif solution d'anthrone à 2 %0 dans l'acide sulfurique con-

    centré.

    Dans les tubes à essais placés dans un bain d'eau glacée,

    on ajoute 2,5 ml de la solution à doser, diluée de façon à avoir

    moins de 50 ~g de sucre/ml, puis 5 ml de réactif à l'anthrone préa-

    lablement réfrigéré. Après homogénéisation, les tubes sont placés

    dans un bain-marie bouillant pendant exactement 10 ron. La réaction

    est alors stoppée en plaçant les tubes dans lOeau glacée pendant

    5 mn. L'intensité de la coloration est mesurée au colorimètre à

    625 nm et comparé à une gamme étalon de glucose.

    - Dosage des sucres réducteurs -

    Les sucres réducteurs ont été déterminés par la méthode

    de SOMOGYI~NELSON, basée sur la formation d'un complexe coloré

    entre l'acide arsénomolybdique et les ions cuivreux formés par la

    réduction avec les sucres (12).

  • Réactifs Solution A

    Solution B

    Na2C03anhydre

    tartrate double de Na et K

    NaHc03

    Nël.2 SO4

    eau permutée

    Cus04 , 5H 20

    eau permutée

    H2so

    4concentré

    Il

    25 g

    25 g

    20 g

    200 g

    q.s.p. 1 litre

    15 g

    q.s.p.lOO ml

    2 gouttes

    Solution C eau permutée

    molybdate d'ammonium

    H2S04 concentré

    arséniate disodique anhydre

    dans

    450 ml

    25 g

    21 g

    1,8 g

    25 ml d'eau

    Ce réactif est incubé 24 heures à 37°C

    avant la première utilisation.

    A 1 ml de solution à doser convenablement diluée, on ajoute l ml

    du mélange des solutions A et B (25/1). Le tube est placé dans un

    bain-marie bouillant pendant 20 mn; après refroidissement, on ajoute

    1 ml de solution C et le volume est ajusté à 25 ml. La coloration

    est mesurée à 720 nm et comparée à une gamme étalon de glucose al-

    lant de 0 à 75 ~g/ml.

    - Dosage des sucres résiduels -

    Dans ce dosage, on détermine les sucres provenant de l'a-

    midon et qui n'ont pas été assimilés par les microorganismes. On

    effectue une hyàrolyse enzymatique avec une amyloglucosidase du

    commerce pour sOassurer que tout l'amidon est transformé en sucre

    réducteur. Les sucres réducteurs obtenus sont alors dosés par la

    méthode précédente.

    Réactifs : Amigase 200 AGN (Société Rapidase, 59 - SECLIN france)

    Tampon pH 4,5 : acide citrique monohydrate 5,71 g

    Na 2HP04, 12H

    20 16,31 g

    eau permutée q.s.p. 1 litre

  • 12

    L'hydrolyse est réalisée 1 partir d'un échantillon de la ml, con~

    tenant l'mnidon sous forme d'empois, auquel on ajoute 15 ml de

    tampon pH = 4,5 et environ 30 mg d'amigase, le tout placé dans unerlen de 150 ml. On incube pendant 1 heure dans un bain-marie agité

    à GOoC. La réaction est arrêtée par chauffage au bain-marie bouil-

    lant pendant la mn. Les sucres réducteurs sont alors dosés sur cet

    hydrolysat convenablement dilué.

    - Dosage de l'activité amylasique -

    LGactivité amylasique a été mesurée en faisant agir la

    solution à doser sur une solution tamponnée d'amidon qui est dosée

    avant et après la réaction.

    Réactifs tampons phosphate pH - 0,3 à 0,5 M et 0,05 M.

    solution dl amidon à 1,5 et 3 %

    acide sulfurique à 5 %

    solution iodo-iodurée N/500 0 KI 20 g0

    solution d'iode O,lN . 20 ml0eau permutée q.s.p. 1 litre

    Les solutions à doser peuvent contenir aussi de l'amidon; il faut

    donc faire un témoin pour chaque échantillon avant la réaction

    d'hydrolyse. Pour les essais, on apporte dans un tube

    · 1 ml de la solution d'amidon à 1,5 %

    • 1 ml de tampon phosphate 0,05 M

    • 1 ml de solution à doser.

    Les tubes sont placés au bain-marie à 37°C pendant 15 mn exactement,

    puis on arrête la réaction en ajoutant 1,5 ml d'acide sulfurique à

    5 %. Une gamme étalon contenant uniquement l'amidon (de 0 à 30 g/l)

    et le tampon sont incubés dans les mêmes conditions.

    Pour les tubes témoins, on apporte dans l'ordre

    · 1 ml de solution dlamiàon à 1,5 %

    · 1 ml de tampon phosphate 0,05 M

    · 1,5 ml d'acide sulfurique à 5 %

    puis . 1 ml de la solution à doser.

    Ces tubes n'ont pas ét~ incubés à 37°C.

  • 13

    Pour la mesure de llantidon résiduel; on prélève 0,5 ml des mélanges

    précédents que l'on ajoute à 15,5 ml de réactif à IViode dilué

    30 fois. Après homogénéisation, la coloration est lue à 580 nm.

    Les résultats sont exprimés en mg d'amidon hydrolysé pendant 15 mn

    à 37°C par ml de solution.

    -=-=~=~=~=-=~=-=-=~

  • 14

    RESULTA'IS ET DISCUSSION~=~=-=-=~=-=~=-=~=-

    l - SELECTION DES GBR!'1ES MWLOLYTIQUES

    1. - Isolements

    Ils ort été faits sur des boîtes de Pétri contenant un milieu

    gélosé à l'amidon de manioc auquel on a ajouté de la streptomycine

    et du chloramphénicol pour supprimer les colonies bactériennes. Les

    étalements ont été faits à partir de différents échantillons de

    sols et de manioc frais ou fermenté. Les boîtes ont été incubées

    2 à 3 jours à 30 ou 45°C puis exposées quelques instants aux vapeurs

    d'iode pour colorer l'amidon en bleu et visualiser ainsi les zones

    d' hydrolyse. Les germes pr6sc:it.ê..r.'.:. ";lne activité arnylolytique sont

    alors purifiés par plusieurs repiquages et sont conservés en tubes

    de gélose inclinée.

    Une première série d'isolements nous a permis d'obtenir 45

    souches de moisissures et également quelques levures amylolytiques.

    Par la suite nous avons refait une série d'isolements qui nous a

    fourni 30 nouvelles souches dont certaines ont été isolées à 45°C.

    2. - Classification et sélection des souches

    Les champignons ont été cultivés sur milieu liquide en erlens

    de 250 ml, contenant 50 ml de milieu de base, et ensemencés à partir

    de spores obtenues en tubes gélosés. Il ont été incubés 48 heures

    à 30°C sur une table d'agit~tion. Les levures ont été cultivées dans

    les mêmes conditions.

    Le poids sec de myceliurn synthétisé a été déterminé à partir

    de 25 ml de milieu de culture filtre sur une grille de 100 ~m d'ou=

    verture. La teneur en protéines du mycelium lavé a été estimée par

    la méthode àe Kjeldahl. L'activité arnylolytique et les sucres totaux

    à l'anthrone ont été déterminés sur le filtrat de culture. Le tableau

    l rassemble les résultats obtenus à partîr du premier lot d'isolats.

  • Nycelium Teneur en Proteines Sucres ActivitéN° Produit Protéines formées résiduels amylasique

    g/l % g/l g/l- --"'-'-""'._~'·-I 1-- - -,--_._- ,--

    _____ "'_"'• ..,....JO ___

    ..,....,...-""",..",.. __ 0''''''_-...."' __ c=o ...,.,. ___ ~.".. _ ___ IS>l>K&> •______

    10 9,69 25,6 2,48 0 ++++7 Il,27 20,0 2,25 0 +++

    12 9,83 21,0 2,07 0 ++++24 8,44 24,0 2,02 0 '-.'"Il 7,89 23,1 1,D2 2,4 +++

    8 7,92 22,4 1,77 2,5 +++45 5,07 34,7 1,76 6,7 -

    9 8,04 20,8 1,67 3,0 ++14 7,74 21,3 1,65 3,8 +51 6,39 25,8 1,65 7,6 -52 7,02 22,5 l,58 6,6 -34 7,21 20,8 l,50 5,2 ++17 5,25 22,1 1,16 9,6 -53 4,31 25,6 1,10 13,3 -46 4,62 23,4 1,08 10,7 -49 4,70 21,1 0,99 10,8 -

    6 6,37 15,

  • 15

    Il faut rerrarquer tout d'abord que les valeurs obtenues n'ont

    qu'une valeur comparative, les conditions optimales n'ayant pas

    été réalisées dans la plupart des cas. Ce test nous a cependant

    permis de classer les souches et diapprécier leur capacité à croî-

    tre sur amidon de manioc.

    Si on compare nos résultats avec ceux de BROOK et col. (12)

    nous constatons que la moitié des souches que nous avons isolées sont

    favorablement comparables aux souches amylolytiques de collection

    que ces auteurs ont cultivées dans des conditions assez voisines.

    On s'aperçoit également que pour certaines souches ayant

    transformé liamidon de façon efficace, l'activité amylasique est

    très faible, alors que pour diautres elle est très élevée. Ceci

    semblerait indiquer que chez certaines moisissures, lienzyme est

    restée liée au mycelium. Cette remarque est également valable pour

    les quelques levures que nous avons testées : les souches 35 et

    Endomycopsis fibuliger fournissent des surnageants de culture for-

    tement amylolyti0ues, mais pour toutes les autres l'activité mesu-

    rée est très faible. Cette observation rejoint les études de GALZY

    (13) selon lesquelle3 l'activité amylasiquG de certaines levures

    semble située dans la paroio

    Les nouvelles souches que nous uvons isolées récemment seront

    également testées en milieu liquide, cependant, puisque le but de

    ces recherches n'est pas de cultiver ces moisissures en milieu

    liquide, un nouveau screening devra être fait sur toutes les souches

    isolées en utilisant la méthode de culture sur milieu solide que nous

    avons mise au point et dont nous reparlerons plus loin.

    La détermination des différentes souches que nous avons isolées

    n'a pas été faite de façon systématique. Cependant parmi les plus ef-

    ficaces, on rencontre surtout des germes appartenant au groupe Asper-

    gillus et présentant des fructifications noires (nO 7, la, 12),grises (n° Il, 24) ou verdâtres (nO 24, 51, 45).

  • 16

    Les souches les plus actives ont été cultivées en fermen-

    teur pour l'étude des parronètres de croissance et des rendements

    de production. La souche nO 10 (Aspergillus niqer) présentant des

    caractéristiques intéressantes nous a été particulièrement utile

    dans la suite des travaux.

    ~=-=~=~=-=~=-=~=-

  • 17

    II - ETUDE DES P~RA~ffiTRES DE FERMENTATION EN MILIEU LIQUIDE

    1. ~ Cinétiques de croissance

    Afin de connaître de façon plus précise les paramètres de

    culture des germes amylolytiques, nous avons étudi.é la cinétique

    de croissance de quelques souches en milieu liquide. Nous avons

    pour cela utilis& un réacteur QUICKFIT de 2 litres muni de disposi-

    tifs permettant l'homogénéisation du milieu ct le contrôle de la

    température et du pH. Les cultures ont été faites à 30°C, le pH

    régulé à 3,5 par apport d'ammoniaque et le débit d'air fixé à 60

    litres/heure. Le fermenteur contenant 1,5 litre de milieu à 20 g/l

    de farine de manioc cru, a été stérilisé pendant 30 mn à 110°C.

    Après refroidissement, il a été inoculé avec 50 ml d'une préculture

    agitée de 48 heures.

    Nous avons suivi la. consom.'llation (~e sucres totaux, l' accu-

    mulation de sucres réducteurs, la formation de protéines r le poids

    sec de matériel synthétisé, ainsi que l'activité amylasique du

    milieu de culture. Les résultats concernant la souche d'Aspergillus

    niger n° 10 et la souche de levure nO 35 sont rapportés sur les

    figures 1 et 1 bis.

    En règle générale, nous observons une phase de démarrage

    assez longue (5 à 10 heures) pendant laquelle l'activité amylasique

    est faible et la quantité de sucres réducteurs présents dans le

    milieu de culture pratiquement nulle. Elle est suivie d'une ph~p,e

    de croissance pendant laquelle l'activité amylolytique devient très

    élevée et provoque un pic d'accUMulation des sucres réducteurs, ce

    qui montre que l'hydrolyse de l'amidon n1est plus un facteur limi-

    tant de la croissance. Après 20 ~ 24 heures, l'amidon est entière-

    ment hydrolysé, et les sucres réducteurs consommés; la fermentation

    est alors terminée. Ces cinétiques sont tout à fait comparables à

    celles décrites par READE et GREGORY (7) qui ont cultivé une souche

    d'Aspergillus fumigatus à 45°C sur amidon de manioc.

    Pour connaître le temps de doublement de la biomasse des

    souches que nous avons cultivées, nous avons rapporté, en coordonnées

    semi-logarithmiques, la quantité de protéines synthétisées

  • o li)Cl,) (l,)111 C111 .Q)

    "'0 '0o ...O. Cl.

    6 2

    4 1

    2

    "Il'

    ... 5

    Fig.1 Paramètres de croissance de la souche 10 . .-...... Proro;nes ......-.. Poids sec --....... Sucres totaux.

    • .. Sucres -réducteurs 1~'Amylases

  • /

    5

    E.....•(1)

    15 15 ~0

    "-li) a...Q,I"C

    Cl lI)~li) ct! CQI >.0... E:Q0:J

  • 18

    en fonction du temps dOincubation (figure 2). Nous constatons

    qu'en se basant sur ce paramètre, la phase de croissance est expo~

    nentielle et fournit une droite après la phase de démarrage. Pour

    les souches 10 et :2 le temps de doublement est pratiquement iden-

    tique (4 h 15) 0 La souche nO 7 qui est un peu plus rapide, (3 h

    45) présente une phase de latence sensiblement plus longue.

    La souche de levure n035 présente des caractéristiques

    intéressantes. Elle pousse très bien sous forme unicellulaire, son

    temps de doublement est sensiblement plus court que celui des

    champignons (3 h 15). Elle pousse à pH acide (3,5) et accumule dans

    le milieu de culture des quantités élevées daamylase (plus élevées

    qu'une souche dlEndomycopsis fibuliger que nous avons testée). Il

    serait intéressant de connaître les paramètres d'une telle souche

    en culture continue, et en se plaçant à un taux de dilution tel

    que lion obtienne le maximum de sucres réducteurs en sortie du

    fermenteur. En ajoutant alors une levure telle que Candida utilis,

    on doit pouvoir obtenir une culture mixte stable. Ceci pourrait

    éventuellement conduire à un procédé type 8yrnba, mais en fermenta-

    tion continue et avec deux levures unicellulaires, ce qui augmen-

    tLrait très sensiblement la productivité des installations.

    Dans le tableau II, nous avons rassemblé les différents

    paramètres de croissance et les rendements de transformation obtenus

    pour les différentes souches étudiées. Nous voyons que les résultats

    sont assez voisins pour les levures ou les moisissures amylolytiques.

    Les rendements de transformation des sucres consommés en protéines

    sont relativement faibles si on les compare aux 25 % obtenus couram-

    ment à partir d'une levure cultivée sur un substrat directement

    assimilable. On peut expliquer cette différence en remarquant tout

    daabord que les rendements maximum n'ont peut-être pas été obtenus

    dans le type de réacteur que nous avons utilisé. En particulier le

    coefficient de transfert de l'oxygène était sans doute insuffisant.

    Par ailleurs, il faut également noter que les souches amylolytiques

    doivent dans un premier temps réaliser l'hydrolyse de laamidon et

    donc synthétiser une enzyme spécifique en quantité importante.

    L'énergie dépensée pour cette synthèse et fournie par le substrat

    carboné, conduit nécessairement à un rendement moins élevé que si

  • og/I

    IJ)

    QIl:. --

    .C)-eQ.

    0,5

    1

    1

    1

    .,A

    • •

    5. 10. 15 20. 25 heures 30- ......Fig.2 Détermination du temps de doublement des souches

    n 7.. ..10 l't--e .12* 1'~. 35 a--II .

  • Numéro dG l'isolat 10 12 7 35

    --------~-..--~---,-·

  • 19

    le germe était cultivé sur un substrat directement assimilable.

    Il reste cependant que les rendements dé croissance observés (de

    l'ordre de 40 %) et la teneur en protéines (35 à 40 %) sont satis-

    faisants pour cette catégorie de microorganismes.

    2. - Rendements de transformation

    Afin de vérifier les résultats précédents et connaitre de

    façon plus précise les r'endements de transformation de l'amidon

    de manioc en biomasse et en protéines, nous avons cultivé une

    dizaine de moisissures et une levure amylolytique dans un fermen-

    teur BIOLAFITTE de 20 litres. Le fermenteur contenant 12 litres

    de milieu de culture à 20 g/l de farine de manioc cru a été stéri-

    lisé à l'autoclave et inoculé avec 1,5 litre d'une préculture de

    24 heures régulée dans les mêmes conditions opératoires ~ tempéra-

    ture ~ 30°C, pH : 3,5. Le débit d'air a été fixé à 4 litres/rnn et

    l'agitation à 400 tours/rnn.

    Pour savoir à quel moment il fallait stopper la fermentation,

    nous avons suivi, après 15 heures d'incubation, le poids sec synthé-

    tisé, la quantité de protéines formées et les sucres résiduels dans

    le milieu de culture. A la fin de la fermentation, la biomasse est

    récoltée par centrifugation et séchée. Dans le surnageant de cul-

    ture nous avons dosé les sucres et les protéines résiduels. A partir

    du matériel cellulaire récolté, nous avons calculé le poids sec

    synthétisé et la teneur en protéines par la méthode de Kjeldahl

    (Nx 6,25) et la méthode de LOlvRY. La quantité de sucres métaboli-

    sables apportée à été calculée et correspond à 236 9 de glucose

    dans tous les cas.

    Les résultats concernant les dosages effectués en fin de

    fermentation sont rapportés dans le tableau III. A partir de ces

    données, nous avons calculé les teneurs en protéines et les dif-

    férents rendements concernant d'une part la production de biomasse

    et de protéines, et d'autre part la transformation des sucres en

    matériel cellulaire et en protéines (tableau IV).

  • N° Durée fer~ Sucres Sucres Poids sec Protéines récoltées Protéinessouche rnentation résiduels consommés récolté ------------------- résiduelles

    N x 6,25 LONRYh g g g g g g

    __ ...""..,.."..,.,._"CJ...,.". ... _ ---------- --~--=------ C'Of._ ________ _..,... ...... __ ~____ 1nD _.·..

  • rrENEUR EN PROTEINES RENDEr1ENTS DE PRODUCTION RENDEMENTS DE TRANSFOID1ATION% % %

    N° ---------- -----_.'_.- ...-"_._------ -------------_ ..~----~- --------~._------~-~------~-----SOUCHE brutes vraies Hatière Protéines Protéines Hatière Protéines Protéines

    N x 6,25 (LOWRY sèche brutes vraies sèche brutes vraies-------~"-------------- -_.._=-----~ .,.-------_.-,..---------- --_ ..__ 0::.. ..-_..- __________

  • 20

    La différence entre les protéines brutes (Nx 6,25) et les

    protéines vraies (méthode de LOWRY) est moins importante pour les

    levures que pour les moisissures. Pour connaître l'influence d'une

    association avec une levure alimentaire type Candida utilis, nous

    avons fait des cultures mixtes de cette levure avec une autre levure

    amylolytique (nO 35) et avec une moisissure (nO 10). La présence de

    C. utilis qui se développe bien dans ces conditions semble toujours

    bénéfique, et a pour conséquence une consommation beaucoup plus

    rapide des sucres, ce qui est particulièrement net dans le cas de

    la levure 35.

    Nous constatons par ailleurs que la quantité de protéines

    résiduelles dans les surnageants nUest pas négligeable, et repré-

    sente en moyenne 10 a 15 % des protéines synthétisées. Elles repré-sentent dOune part les cellules restées en suspension, mais égale-

    ment les protéines exocellulaires et celles provenant de lVautolyse

    des cellules. Dans le cas des cultures en milieu liquide, elles ne

    sont pas récupér3bles, cependant nous en avons tenu compte pour

    pouvoir comparer par la suite les résultats obtenus en milieu liqui-

    de et en milieu solide. Les rendements de production correspondent

    donc à la biomasse et aux protéines récoltées par rapport aux sucres

    disponibles; les rendements de transformation correspondent à la

    biomasse récoltée et aux protéines totales formées par rapport aux

    sucres réellement consommés.

    La teneur en protéines des biomasses récoltées est en général

    satisfaisante. Elle varie de 38 n 54 % en ce qui concerne les pro-téines brutes (N x 6,25). Quand on considère les protéines vraies,

    on obtient des chiffres significativement plus faibles, de 22 à 35 %.

    La différence est due essentiellement aux acides nucléiques, aux

    sucres aminés et à l'ammoniacrésiduel qui sont considérés comme

    protéines avec la méthode de Kjeldahl (N x 6,25).

    Les rendements de production de biomasse sont également

    satisfaisants pour la plupart des souches étudiées et varient de 40

    à 45 %. Dans le cas des moisissures appartenant au genre Rhi20PUS

    (isolat nO 13 et souche R.O. de collection), les rendements de

  • 21

    production de matière sèche sont très faibles, malgré une bonne

    teneur de leur myceliurn en protéines. Vraisemblablement ces moisis~

    sures doivent posséder un catabolisme très élevé et accumuler des

    quantités importantes de métabolites dans le milieu de culturel du

    moins dans les conditions où elles ont été cultivées.

    Les rendements que nous avons obtenus sont en général plus.

    élevés que ceux que nous avons obtenus en réacteur QUICKFIT de 2

    litres. Ceci est sans doute lié à la meilleure oxygénation du milieu

    de cultur(~ en fermenteur BIOLAFITTE, et à la plus grande précision

    des résultats obtenus à partir de 12 litres de culture. Les résul-

    tats que nous obtenons concordent assez bien avec ceux des auteurs

    canadiens (7) qui ont travaillê sur une souche d'A3pergillus fumi-

    gatus. Ils sont sensiblement supérieurs à ceux de BROOK et col. (8)

    qui étaient contraints d'ajouter jusqu'à 2 % d'extrait de blé germé

    dans leur milieu de culture pour obtenir une teneur en protéines

    brutes de 42 %, alors qu'elle ne dépassait pas 22 % sans cet additif

    pour leurs souches de Mucor et de Rhizopus.

    3. - Composition alimentaire

    Pour avoir des renseignements plus complets concernant ces

    biomasses récoltées, nous avons fait effectuer les analyses de com-

    position alimentaire par le laboratoire de l'ORANA à Dakar. (tableau

    V). Les résultats concernant les teneurs en protéines coïncident

    assez bien avec ceux que nous avions obtenus. La teneur en lipides

    est très variable suivant la souche considérée et se situe entre

    0,8 et 9,2 % du poids sec. L'indigestible glucidique représente 10

    à 15 % de la matière sèche et est constitué essentiellement par des

    composés cellulosiques. Les teneurs en fer, calcium et phosphore

    présentent une forte variabilité suivant les souches.

    Sur la base des différents résultats obtenus à ce stade des

    recherches, nous avons sélectionné, dans un premier temps, la souche

    d'Aspergillus niger nO 10 pour la suite de nos travaux sur milieux

    solides. En effet, cette souche possède une croissance relativement

    rapide, elle produit de grand~quantités d'amyloglucosidase, la

  • N° de Protéines Indiges- Jla N x 6,25 Lipides Cellulose tible glu Cendres Fer Phosphore Calcium

    souche cidiqueg % g % g % g % g % mg % mg % mg %

    ---..,.--~----....,.I--~~--~._~." .-..--"- ..... - ..- .... - 1-------_._--- .~-_.~----- ----------- ._-------- ----,.,..--"'---- ----------

    7 3'~ .1 2,11 11,77 14,59 5,03 6,84 1 047 912b, •

    10 41,2 l,Il 10,85 13,19 5,53 9,25 1 377 172

    Il}f

    39,0 0,85 7,66 9,36 5,23 7,88 1 384 87

    12 40,6 2,36 12,42 13,05 5,84 8,79 1 428 172

    13}f

    46,8 9,17 13,34 15,00 5,52 7,02 948 137

    24 40,9 7,86 7 , ,15 16,39 4,98 3,32 311 86

    1

    35 37,8 2,24 _. - 3,50 4,44 609 4651 37,8 B,ge 7,56 8,36 7,01 7,68 1 953 105

    1

    R. o. 52,3 6,32 .- - 4,77 5,17 785 8910 + C.u. 43,6 2,24 8,48 Il,56 7,14 7,37 1 798 135

    135 + C.u. 37,6 2,02 - ,~. 5,02 5,98 991 91

    TABLEAU V o. COf1POSITION ALIMENTAIRE DES SOUCHES CULTIVEES EN FEID-1ENTEUR

    C. u.

    xCandida utilis

    contaminée par une levure

  • Alanine 7,67 100 de protéinesx

    g pour g

    Arginine 5,08 9li iD

    Ac. Aspartique 7,51 9 " "1/2 Cystine 0,48 9 " "Ac. Glutarniq1.ll:l 10,71 9 n

    Il

    Glycocolle 4,62 9Ui "

    Histidine 2,79 9QU li

    Isoleucine 3,70 9 " "Leucine 6,52 9

    li "Lysine 7,28 9 " "Méthionine 1,44 g li "Phénylalanine 3,47 9 n "Proline 2,46 9 " n

    Sérine 4,36 9 " "Théonine 4,'17 9 " "'1' ryptophane

    Tyrosine 3,40 9 Il "Valine 4,72 9 " "

    x protéines N 6,25x

    TABLEAU VI - CŒ'!POSI'l'ION EN ACIDES AMINES

    DES PROTEINES DE LA SOUCHE N° 10

  • 22

    teneur de son mycelium en protéines est satisfaisante, et la quan-

    tité de lipides intracellulaires est faible. La composition en

    acides aminés de cette moisissure a été déterminée dans le labora-

    toire ne M. DESCHAMPS à liIRCHA (tableau VI). Sa teneur en aminoa-

    cides essentiels est bonne et favorablement comparable à celle

    dUautres microorganismes utilisés pour lUalimentation.

  • 23

    III - RECHERCHE ET MISE AU POINT D'UNE METHODE D'ENRICHISSEMENT

    EN MILIEU SOLIDE

    Le but de nos recherches n'étant pas de produire une biomas-

    se en milieu liquide, mais d'effectuer un enrichissement direct du

    manioc en protéines par fermentation, nous avons été amenés à recher-

    cher la technique la plus adaptée à la culture de microorganismes

    sur des milieux concentrés en amidon. Nous avons utilisé essentiel-

    lement une souche de moisissure amylolytique (A. niger nO 10) étant

    donné l'aptitude de cet organisme à pousser sur de tels substrats.

    Le premier problème qui se pose alors est celui de l'aéra-

    tion. Le transfert d'oxygène dans un produit concentré et épais

    semble au premier abord difficile à résoudre, et les risques de

    fermentation anaérobie sont importants. Pour éviter cela, le subs-

    trat ~ enrichir devra donc se présenter sous une forme telle qu'il

    permette aux microorganismes en croissance de s'approvisionner

    correctement en oxygène, tout en adoptant une technique d'aération

    simple pour ne pas entrainer des dépenses d'énergie trop importantes.

    Pour répondre à ces impératifs, nous avons essayé la culture de la

    moisissure sur un milieu pâteux en couche de faible épaisseur, sur

    un milieu pâteux agité dans un malaxeur et sur des milieux plus

    concentrés en amidon, mais structurés et poreux (substrats "solides").

    Le développement du myceliurn de la moisissure dépendre éga~

    lement de l'homogénéité de la répartition de l'inoculurn et des sels

    minér~ux ajoutés dans la masse du substrat; il dépendra également

    du degré de digestibilité de l'amidon par le germe ou son amylase.

    Ces paramètres dépendent des traitements physiques et du mode de

    conditionnement du produit avant la phase d'enrichissement: cuis-

    son, séchage, malaxage, extrudation.

    Un autre point capital à considérer est celui des risques

    de contaminations par des bacteries ou des levures, ou par d'autres

    souches de moisissures. On doit pouvoir les éviter en se plaçant

    dans des conditions de culture favorables au développement du myce-

    liurn et défavorables à celui d'autres microorganismes: faible teneur

  • 24

    en eau du produit, pH acide, température assez élevée. Quant à la

    contamination par diautres moisissures, c1est essentiellement un

    problème de taille de l~inoculum et de sélection de souches compé-

    titives.

    Il faudra enfin résoudre le difficile problème du contrôle

    du développement du myceliurn et celui de la sporulation. En effet,

    puisque le produit enrichi est destiné à lialimentation, ses quali-

    tés organoleptiques devront être satisfaisantes. Or un produit for-

    tement sporulé serait vraisemblablement inutilisable. Diautre part

    tant que le mycelium se trouve dans une phase de croissance végéta-

    tive, sa composition diffère peu de celle diune levure ou d'une

    bacterie, et il accumule peu de métabolites exocellulaires. Par

    contre, quand il entre dans une phase de dégénérescence et de fruc-

    tification, les métabolites sont beaucoup plus nombreux et les

    risques de production de substances toxiques augmentent rapidement.

    A partir des considérations que nous venons d1indiquer, nous

    avons effectué une première série diexpériences ayant pour but le

    choix de la technique d'enrichissement la plus appropriée. Pour

    cela nous avons testé plusieurs possibilités : milieu pâteux en

    couche de faible épaisseur, milieu pâteux malaxé en permanence,

    manioc cru coupé en petits morceaux et aéré et substrats solides

    aérés.

    1. - Choix de la technique dienrichissement

    Rappelons d1abord les différents modes de conditionnement

    et les conditions d'incubation que nous avons utilisés:

    Milieu pâteux - A 1 kg de tubercule de manioc cuit à la

    vapeur (à 70 % dieau environ) nous avons ajouté 45 g de sulfate

    d'ammonium, 15 g de phosphate monopotassique et 1 litre d1eau du

    robinet. Le produit a été broyé dans un mixer. On a alors ajouté

    50 ml d'une préculture diA. niger nO 10 et de llacide phosphorique

    dilué au 1/10e pour amener le pH de la pâte à 3,5. Lihumidité du

    produit était alors de no % environ.

  • 25

    Pour les cultures en couche de faible épaisseur, la pâte

    a été versée dans des boîtes de Pétri de 4 mm et 8 mm de profondeur

    qui n'ont pas été recouvertes. Elles ont été incubées en atmosphère

    saturée d'humidité à 30°C pendant 48 heures.

    Pour les cultures en milieu pâteux agité, la pâte a été

    versée dans un malaxeur thermostaté à 30°C. LOagitation était ef-

    fectuée au moyen d'une pale permettant d'homogénéiser et d'aérer

    le produit, sur une profondeur de 10 à 15 cm environ. L'incubation

    a duré également 48 heures.

    _. Manioc cru - Le manioc frais a été coupé en fines lamel-

    les de 1 à 2 cm de long. A 500 g du produit obtenu, nous avons

    ajouté par aspersion 100 ~l d'une solution à pH : 3,5 contenant

    22,5 g de sulfate d'ammonium, 7,5 g de phosphate monopotassique et

    l'inoculum d'A. niger sous forme de spores.

    La moitié du produit obtenu a été placée sur un plateau en

    couche de 1 cm et . incubé à 30°C pendant 72 heures en atmosphère

    saturé d'eau.

    L'autre moitié du produit a été placée dans un flacon laveur

    dont le fond était muni d'une plaque de ve~re fritté. Le produit

    formait ainsi une colonne de 5 cm de diamètre et 15 cm de hauteur

    environ. Le flacon a été placé dans un bain-marie thermostaté à

    30°C, et aéré par un courant d'air ascendant préalablement

    humidifié. L'incubation a duré également 72 heures.

    - Produits "solides~ - Pour la fabrication de ces produits

    nous avons utilisé de la farine de manioc séché, cru ou cuit. L'uti-

    lisation d'une farine permet une répartition homogène de l'inoculum

    et des sels dans la masse du produit. Pour 100 9 de farine, nouS

    avons ajouté de façon homogène une solution à pH ~ 3,5 contenant

    l'inoculum de spores d'A. niger nO 10, 15 9 de sulfate d'ammonium

    et 5 9 de phosphate monopotassique. Dans le cas de la farine de

    manioc cuit, le volume de cette solution est de 150 ml, ce qui

    fournit un produit à 55 % d'eau environ. Dans le cas de la farine

    de manioc cru, cette quantité d'eau est trop importante et ne

  • 26

    permet pas d'obtenir une structuration par la suite, étant donné que

    la capacité d'absorption de l'eau par cette farine est plus faible.

    Nous avons donc ajouté seulement 100 ml d'eau dans ce cas, ce qui

    fournit un produit à 45 % d'eau environ.

    La pâte solide obtenue est pétrie vigoureusement et passée

    à travers un tamis ayant des mailles de 4 ~~. On obtient alors un

    produit finement granuleux qui est versé dans des flacons laveurs

    dans les mêmes conditions que précédemment. L'incubation à 30°C a

    duré 48 heures.

    A la fin des incubations, les protéines ont été dosées par

    la méthode de LOWRY et les sucres résiduels suivant le protocole

    décrit dans le chapitre des méthodes. Des observations microscopiques

    ont été faites sur les produits obtenus pour avoir une estimation

    du taux de contaminations. Les résultats obtenus sont rapportés

    dans le tableau VII.

    Les teneurs en protéines obtenues à partir du milieu pâteux

    en couches minces ont été satisfaisantes, mais la sporulation se

    produit facilement et on observe une très forte proportion de con-

    taminants bactériens. Il semble donc raisonnable d'écarter ce type

    d'enrichissement.

    Le produit obtenu en malxeur est essentiellement le résultat

    d'une fermentation par un mélange de levures qui supplantent spon-

    tanément la moisissure, montrant ainsi que les conditions de cul-

    ture sont favorables aux levures et défavorables au dfveloppement

    du mycelium. Ce type d'enrichissement doit donc être également écarté.

    L'enrichissement direct sur manioc cru est assez faible,

    malgré une durée d'incubation importante. De plus la sporulation

    est alors très rapide. Le principal obstacle dans ce cas, vient du

    fait que le mycelium a de la difficulté à pénétrer dans ce substrat

    très solide et au fait que l~amidon cru est peu accessible aux amy-

    lases.

  • --------~---------I------_._-- -----.----PROTEINES

    _._~--_._-~--------------I-....._----~--

    g pour g pour100 9 de % du 100 g demanioc poids sec maniocsec au sec audépart départ.---------I----------I----------I--_._-_.-----~-------_.---------

    OBSERVATIONSSUCRES RESIDUELS

    % du'poids

    secfinal

    CONDITIONNEMENT

    · l1ILIEU PATEUX.- en couche de 4 mm 10,9- en couche de 8 mm 8,5- en malaxeur 6,5

    9,4

    7,5

    6,2

    61,8

    77,4

    nd

    53, ~-:;

    67,7

    nd

    - sporulation en surface,très fortes contamina-tions bactériennes.

    - faible développementmycelium supplanté parun mélange de levures

    · MAN'IOC CRU- sur plateau 7,4 nd 65,1 nd - très forte sporulation.- en fiole aérée 5,1 nd 74,0 nd - sporulation

    · PRODUIT IIS0LIDE"AERE~-

    - farine crue 6,1 5,9 44,5 42,7 - sporulation~ farine qu~te 10,2 10,1 46,7 46,3 - faible tendance à la

    sporulation tardive,bon développement myce-lium.

    TABLEAU VII - RESULTATS CONCERNANT LES DIFFERENTS TYPES DE CONDITIONNEMENT

  • 27

    Les meilleurs résultats ont été obtenus à partir des produi.ts

    "solides" conditionnés à partir de farines séchées. La consommation

    des sucres a été en effet très nettement supérieure ici à ce qu'elle

    est dans les autres types de fermentation. La teneur en protéines

    obtenue à partir de farine de manioc cuit (10 %) est encourageante.

    Celle plus faible obtenue à partir de farine de manioc cru, était

    peut être dûe à la faible teneur en eau du produit (43 %). On remar-

    que de plus que dans ce type d'enrichissement, la tendance à la spo-

    rulation est beaucoup plus faible, et que le taux de contaminations

    bactériennes est très réduit.

    Nous avons donc poursuivi les expériences dans cette direc-

    tion et nous avons mis au point une méthode d'enrichissement en uti-

    lisant la technique de conditionnement de farine de manioc cuit.

    2. - Mise au point d'une méthode d'enrichissement

    Les différents essais que nous avons faits nous ont conduits

    à l'élaboration d'une méthode d'enrichissement dont nous rappelons

    ici les principales caractéristiques.

    Cette méthode est bas8e sur le conditionnement du substrat

    amylacé en petits agrégats de diamètre inférieur à 4 mm, possédant

    une teneur en eau déterminée et uniformément inoculés dans leur masse

    par des spores de champignons.

    Cette structure granuleuse permet à un flux d'air humidifié

    de traverser aisément la masse du produit pendant toute la durée de

    l'incubation, ce qui a pour conséquence d'apporter l'oxygène néces~

    saire à la croissance du myceliurn tout en évitant une dessiccation

    rapide du produit. Grâce à l'échauffement de l'eau contenue dans l'&ir,

    une partie des calories dégag2€s lors de la fermentation peut être

    transportée à l'extérieur.

    Etant donné la structure fineQent granuleuse du produit, la

    surface de contact avec le flux d'air est très importante, ce qui

    permet un bon transfert de l'oxygène. Par ailleurs, un tassement

  • 28

    régulier du produit dans l'incubateur permet d'éviter la sporulation,

    même avec des moisissures comme A. niqer qui ont une très forte

    tendance à sporuler sur un milieu solide.

    Au cours de l'incubation, le produit amylacé est peu à peu

    envahi par le mycelium. Celui-ci se développe aussi bien à l'inté-

    rieur qu'à la surface des grains qui se trouvent ainsi. reliés entre

    eux. Ceci provoque une prise en masse du produit enrichi qui acquiert

    une consistance solide spongieuse et aérée.

    Pour obtenir le conditionnement granuleux du produit nous

    opérons de la façon suivante. Les tubercules de manioc sont cuits

    à la vapeur 15 mn à 110°C, puis séchés dans un courant d'air chaud

    et réduits en poudre. Dans le volume d'eau nécessaire pour amener

    le produit à l'humidité désirée, on dissout les sels minéraux indis-

    pensables à la croissance du myceliurD (phosphate de potassium, sul-

    fate d'ammonium, urée) et on ajoute l'inoculum de spores. Le pH est

    ajusté convenablement et le liquide obtenu est ajouté progressivement

    à la farine qui est malaxée de façon à obtenir une pât8 très consis-

    tante bien homogène. Celle-ci est passée à travers un ta~is dont

    l'ouverture des mailles est de 1 mm. On obtient alors un produit

    granuleux que l'on transfère dans liincubateur.

    Au cours des expériences préliminaires, nous avons utilisé

    co~me incubateurs, des flacons laveurs de 500 ml munis d'une plaque

    de verre fritté. Cependant leur utilisation présentait un certain

    nombre d'inconvénients. Le remplissage de ces flacons nécessitait

    la préparation de quantités importantes de produit. Pour suivre les

    cinétiques de croissance, il était nécessaire de vider entièrement

    le flacon, d'homogénéiser son contenu, de faire les prélèvements

    et de le remettre dans le flacon. Ceci entrainait des perturbations

    importantes de la croissance du myceliurn. Bnfin, ce dispositif ne

    permettait pas une bonne régulation de la température.

    C'est pourquoi, nous avons mis au point, pour les besoins

    des analyses de laboratoire un dis~ositif d'incubation simple dont

    nous donnons une représentation schématique sur la figure 3.

  • 1 rn f'I""\

    " t t c

    a 22 l'

    C lJn d itiO!1f'é

    1 ~, C !l f' (J f~

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    EE

    or--

    ') 1 0::: P 0 si t d i "1 ~_. li bai 0 n po u (' a n 3 Il, s f' S de lilbc atoire

  • 29

    Ces tubes peuvent contenir chacun 20 g de produit granuleux,

    ce qui est largement suffisant pour les analyses que nous avons à

    effectuer. Leur faible diamètre permet un bon échange thermique

    avec l'eau du bain-marie dans lequel ils sont immergés. La tempé-

    rature du produit est alors remarquablement stable tout au long de

    la fermentation et est égale à celle du bain-marie.

    L'aération de chaque tube est réglée par une vanne à un

    débit constant, ce qui rend les éléments indépendants et permet

    d'en prélever certains sans perturber les autres.

    LUair est préhumidifié par passage dans un flacon laveur à

    température ambiante, puis saturé à la température du bain-marie

    par barbotage dans le réservoir d'eau placé à la base de chaque

    tube.

    Nous disposons actuellement d'une série de 24 éléments

    d'incubation. Cela permet en particulier d'effectuer des études

    cinétiques de la croissance, en faisant des analyses sur quatre

    répétitions à six temps d'incubation. Ou bien en fixant une durée

    d'incubation identique pour tous les tubes, il est possible d'ef-

    fectuer des expériences permettant d'apprécier l'influence de cer-

    tains paramètres.

    La réalisation de systèmes d'incubation de taille plus

    importante posera sans doute un certain nombre de problèmes et fera

    l'objet d'une étude séparée. La température, en particulier devra

    être contrôlée. En effet, une étude préliminaire sur un dispositif

    contenant 2 kg de produit a montré que la température au sein du

    produit pouvait s'élever jusqu'à 48°C. Une possibilité de régula-

    tion pourrait être fournie par l'adjonction contrôlée, au sein du

    produit, de petites quantités d'air froid.

    Il reste c~pendant qu'un tel type d'incubateur fait appel

    à une technologie très simple, puisqu'il ne nécessite pas, comme

    c'est le cas pour la plupart des fermenteurs liquides, de conditions

    stériles et d'agitation mécanique importante.

  • 30

    IV - ETUDES DES PARANETRES DE FEroqENTATION EN MILIEU SOLIDE

    Nous n 8 avons. que peu de données concernant les paralnètres

    de croissance des moisissures en général, et pratiquement aucune

    dans les conditions où nous opérons. Nous avons donc été amenés à

    étudier l'influence des paramètres que nous pouvons facilement

    contrôler, afin de pouvoir définir les conditions permettant de

    synthétiser le maximum de protéines pour la consommation minimum de

    sucres. Par ailleurs, au cours de cette étude nous nous somm~ef

    forcés de déterminer les conditions permettant dUobtenir un produit

    enrichi présentant des garanties suffisantes pour une utilisation

    en alimentation animale. En particulier nous avons veillé à sup-

    primer ou à réduire au maximum la sporulation et les risques de

    contaminations bactériennes.

    Nous avons donc effectué des études cintiques de la crois-

    sance du mycelium et de l'enrichissement en protéines, en faisant

    varier chacun des paramètres pris isolément. Cette méthode est

    critiquable dans la mesure où elle ne tient pas compte des interac-

    tions éventuelles entre ces différents paramètres. Cependant ellenous a permis de progresser rapidement.

    Nous nous sommes efforcés dans la mesure du possible, de

    standardiser au maximum les conditions expérimentales, afin de ne

    pas introduire des causes de variations indépendantes du paramètre

    étudié. En particulier, nous avons veillé à utiliser des inoculums

    de spores préparés toujours dans les mêmes conditions.

    LVinoculum a été préparé à partir dVun erlenmeyer de 250 ml

    contenant 10 g de milieu pâteux ~ 70 % dVeau,stérilisé , et qui a

    été ensemencé une semaine à IV avance. On ajoute 200 ml d 8 eau du

    robinet et une goutte de détergent. Les spores sont mises en suspen-

    sion par agitation magnétique pendant 10 Ininutes. Le contenu de 11

    lUerlenmeyer est alors passé à travers un fin tamis de 0,5 mm pour

    éliminer le mycelium et est à ajusté à l litre. Cette quantité de

    spores peut servir à inoculer 2 kg de farine.

  • 31

    En fonction de la quantité de farine utilisée, on prélève

    donc le volume de suspension de spores nécessaire auquel on ajoute

    la quantité d'eau permettant d'obtenir l'humidité requise du pro-

    duit. On dissout alors les sels minéraux et on ajuste le pH à la

    valeur désirée avec de l'acide phosphorique ou sulfurique dilué

    au liSe.

    Le liquide obtenu est alors ajouté progressivement à la

    farine. Cet instant est compté comme temps zéro. Après homogénéi-

    sation énergique, on laisse la pâte reposer pendant 10 mn, puis

    on la passe à travers le tamis de 4 mm. Le produit obtenu est

    placé dans les tubes en quantité déterminée (en général 20 g) et

    en effectuant un tassement très modéré. Les tubes sont alors placés

    dans le bain thermostaté jusqu'à leur prélèvement pour analyse. Le

    débit d'air est réglé grâce à l'emploi d'un débit-mètre.

    Au moment de leur prélèvement les tubes sent vidés de

    leur contenu qui est pesé, puis après une homogénéisation correcte,

    des échantillons sont prélevés pour la détermination de l'humidité,

    de la teneur en protéines vraies, de la quantité de sucres résiduels,

    du pH, etc •.•

    Pour les études suivantes, nous avons toujours utilisé

    la souche d'Aspergillus niger nO 10 que nous avons sélectionnée

    précédemment.

    1° _0 Influence de la teneur en eau initiale du produit

    L'humidité du produit joue un rôle capital dans ce type

    de fermentation. En effet, elle influence fortement la vitesse

    de croissance du mycelium, mais également la germination et la

    sporulation (14). Il ne faut cependant pas confondre l'humidité

    relative et la teneur en eau du substrat. En effet, pour une tem-

    pérature donnée, à chaque teneur en eau du substrat correspond une

    certaine humidité relative représentant l'état de liberté de l'eau

    dans le substrat. C'est ce dégré de liberté de l'eau, variant donc

    avec la température qui aura une influence déterminante sur la

    croissance du mycelium.

  • 32

    Par ailleurs, lihumidité du produit est en relation avec

    la pression osmotique qui joue un rôle sélectif sur la croissance

    des microorganismes. En effet, contrairement aux levures et aux

    bactéries, les moisissures tolèrent et même préfèrent en général,

    des milieux à pression osmotique élevée (très riches en glucides

    par exemple). Ce facteur, lié à liutilisation diun pH acide, permet

    dieffectuer des enrichissements dans des conditions non stériles,

    sans avoir de contaminations importantes.

    Enfin, la teneur en eau aura également une influence sur

    la porosité du produit, une humidité excessive pouvant être un obs-

    tacle à la diffusion des gaz au sein des agrégats.

    Pour ces différentes raisons, nous avons été amenés à

    déterminer le seuil d'humidité qui permet le meilleur enrichissement

    en protéines.

    Dans un premier temps nous avons étudié les cinétiques

    d'enrichissement obtenues à partir de teneurs en eau allant de 35

    à 60 %. Après avoir déterminé une durée d'incubation optimale

    (30 heures) nous avons alors réalisé une expérience de contrôle avec

    six humidités étalées de 42 à 60 % (figures 4 et 5) •

    Les sels minéraux ont été ajoutés dans les proportions

    suivantes : pour 100 g de farine de manioc, on a apporté 5 g de

    phosphate monopotassique; Il,25 g de sulfate d'ammonium et 1,7 g

    d'urée; ceci correspond à une dose de 25 % d'azote apportée sous

    forme d'urée. La solution obtenue et contenant lUinoculum de spores

    a été ajustée à pH : 3,0. Les incubations ont été réalisées à 30°C

    avec une aération de 4 litres d'air par heure et par tube.

    Les résultats obtenus montrent qu'il existe un optimum

    d'humidité se situant entre 50 et 55 % dieau. Avec un produit trop

    sec la phase de germination est très longùe et la croissance du my-

    celium est ralentie. Avec nes teneurs en eau initiales supérieures

    à 55 %, lienrichissement en protéines n'augmente pas sensiblement,

    par contre les risques de contaminations bactériennes sont plus

  • Protéines (grammes pour100 g de farine demanioc)

    Sucres résiduels (grammes

    pour 100 g de farinede manioc)

    Rendement

    71,(

    1

    !54111 23 ,5%

    1 3,0

    1

    ,

    III 7,

    '------..........,1

    60,1 % !--------1

    1jj

    1

    1

    1

    1

    13,0

    71,1

    23,9%

    13,8

    50,9

    3,1

    23,2%

    70,4

    1 13,6j

    1

    1j

    50,31

    1

    1!

    53,51

    1 25,7%

    1 3,211

    4,1

    28,6%

    63,6

    ,1

    125,7%1

    581, 1

    i

    11

    11 76,71

    111lt

    secinitial)

    1

    1! pH11L

    111

    î

    1 Poids sec (% du poids

    1

    111

    TABLEAU VIII - INFLUENCE DE LA TENEUR EN EAU INITIALE DU PRODUIT AMYLACE 1APRES 30 HEURES D'INCUBATIONo

    Les résultats concernent l'expérience de contrôle représentée sur lafigure 5. Le rendement correspond à la quanti té de Yirotéines néoforméessur la quantité de sucres consommés.

  • g 100 9 de farine

    au départ .

    5

    /'

    10. 20• 30. 40heures+ ....Fig.4 Cinétiques de production de protéines avec différentes

    humldi tés in iLales.

    l

    l------f------t------~-----1

    -

    15t1

    lJlL100li)!lJl.Ë! ~.G)" U.... 1:"

    ~~I

  • 33

    élevées, surtout pendant les quelques premières heures d'incubation

    représentant la phase de germination des spores. L'expérience de

    contrôle que nous avons réalisée confirme ces résultats. On notera

    (Tableau VIII) que nous avons obtenu des rendements de transfor-

    mation des sucres consommés en protéines particulièrement élevés

    dans cette expérience.

    Nous noterons également qu'au cours de l'incubation il se

    produit une humidification progressive du produit. En partant d'une

    teneur initiale de 50 % d'eau, on obtient un produit enrichi conte-'

    nant environ 63 % d'eau. Cette humidification n'est pas liée à la

    seule perte de poids sec, car la quantité d'eau totale dans l'échan-

    tillon augmente en fonction de l'enrichissement en proteines et de

    la croissance du myceliurn. Elle est dûe vraisemblablement à l'eau

    métabolique produite lors de la dégradation du glucose.

    Malgré cette augmentation de la teneur en eau totale, on

    peut se demander si la quantité d'eau dans le produit amylacé rési-

    duel est suffisante en fin d'incubation. En effet, le myceliurn de

    la moisissure cultivée en milieu liquide, possède une teneur en

    eau voisine de 80 %. Cet-te eau de ~onstitution cellulaires n'étant

    pas de l'eau libre, la teneur en eau dans le produit amylacé rési-

    duel peut être inférieure à 40 %, ce qui pourrait être une des

    causes de l'arrêt de la croissance. Des expériences complémentaires

    devraient être réalisées pour vérifier cette hypothèse.

    2. - Influence de la température

    La température joue un rôle prépondérant sur la croissance,

    la germination et la sporulation des moisissures, mais aussi leur

    métabolisme. En fait l'influence de la température sur les moisis-

    sures est complexe. En particulier, les températures extrêmes de

    croissance, de germination et de sporulation peuvent être très

    différentes (14). La thermotolérance est très variable suivant les

    espèces; A. niger tolère une température de croissance de 50o e,mais pousse encore à 20°C. Sans avoir étudié tous les aspects de

    ce problème, nous avons voulu déterminer pour la souche diA. niger

  • 9/1009 de farine

    fi)

    QIc::-.C)....o..0.

    au départ.

    1

    ~1O1

    5

    . ....30 heures20,10.Fig.6 Cinétiques de production de protéines à différentes

    températures d'incubation.

  • 34

    que nous utilisons, les meilleures conditions d'incubation et savoir

    en particulier quelle était la température qui fournissait le meil-

    leur enrichissement pour une durée minimum.

    Pour cela nous avons réalisé des études cinétiques de la

    croissance à 30, 35, 40 et 45°C dans les conditions standard décrites

    plus haut, en utilisant un produit initial à 50 % d'eau. Les résul-

    tats qui sont rapportés sur la figure 6 montrent que les meilleurs

    enrichissements sont obtenus pour une température située entre 35

    et 40°C. A partir de 45°C, nous avons observé une augmentation im-

    portante de la phase de germination; cependant, une fois commencée,

    la croissance du mycelium semble aussi rapide qu'à une température

    plus basse. Ceci indique que la souche que nous avons utilisée peut

    supporter des variations de température importantes sans que la

    croissance de son mycelium 8n soit très sensiblement modifiée. Par

    contre, la germination des spores est ralentie lorsque la tempéra-

    ture dépasse 40°C. La température optimale apparemment élevée pour

    la germination peut s'expliquer par le fait que l'élévation de la

    température nUa pas qu'un effet thermique, mais qu'elle agit égale-

    ment sur le degré de liberté de l'eau dans le produit, facteur très

    important pour la germination.

    La thermotolérance d'une telle souche permet donc d'envi-

    sager un enrichissement ne nécessitant qu'un contrôle grossier de

    la température, avec un démarrage vers 35°C et un refroidissement

    partiel empêchant celle-ci de s'élever au dessus de 45°C.

  • 35

    3. - Contrôle "autogène" du pH

    Le pH du milieu est un facteur essentiel dans ce type de

    fermentation. Il doit être suffisamment acide dès le début pour

    éliminer les risques de contaminations. Cependant lors de la crois-

    sance, il se produit une acidification très importante qui amène

    rapidement le pH en dessous de 3, quand on part d'un mélange de

    phosphate monopotassique et de sulfate d'ammonium. Cette forte aci-

    dification tend à ralentir et même à stopper la croissance du myce-

    lium et l'enrichissement en protéines. C'est pour cette raison que

    nous avons cherché un moyen simple de contrôler le pH, en apportant

    l'azote sous forme d'un mélange de sulfate d'ammonium et d'urée.

    READE et GREGORY (7) ont observé qu'en partant d'un milieu

    liquide à pH: 3,5 et en apportant tout l'azote sous forme d'urée,

    le pH était pratiquement stable tout au long de la phase de crois-

    sance d'A. fumigatus, ce qui leur permet de supprimer les appareils

    de contrôle et de régulation de ce. paramètre.

    L'urée présente l'avantage de ne pas libérer d'acide minéral

    fort dans le milieu lors de son assimilation, comme c'est le cas

    avec le sulfate d'ammonium. En léger excès, son hydrolyse conduit à

    l'accumulation d'ammoniac qui peut compenser une éventuelle acidi-

    fication par des métabolites acides. Cependant si l'excès est trop

    important, il peut entrainer une alcalinisation trop forte, favora-

    ble aux cont~ninations.

    Il apparaît donc qu'un mélange de sulfate d'ammonium et

    d'urée peut avoir un effet tampon sur le pH du milieu et donc favo-

    riser la croissance du myceliQm. Nous avons fait des expériences

    dans cette voie pour déterminer les conditions optimales d'utilisa-

    tion de l'urée.

    Une série d'expériences préliminaires a été effectuée en

    utilisant les dispositifs d'incuhation en flacons laveurs. Des études

    cinétiques de croissance ont été faites sur des produits ayant reçu

    des doses croissantes d'urée, la quantité d'azote total étant cons-

    tante.

  • • Protéines"'Ji(9 1009 de farine au départ)

    12

    9

    6

    3

    11Sucres1résiduels1(9 .·100g del.! farîneaudépart)11

    i\.50

    1

    11

    24 40 48 62

    Fig 7 Cinétiques avec différentes doses d 'azote sous forme d ·urée.

  • 36

    Pour 100 g de farine de manioc on a ajouté 5 g de phos-

    phate monopotassique et l'azote suivant le tableau ci-dessous:

    % d'azote sousforme d'urée

    , Sulfate d'ammoniumg/100 g de farine

    Uréeg/100 g de farine

    0 15,0 0

    10 13,5 0,68

    20 12,0 1,35

    40 9,0 2,70

    60 6,0 4,05

    Le produit initial contenait 50 % d'eau. L'inoculurn était

    constitué par du mycelium d'A. niger provenant d'une culture liquide

    de 48 heures, ce qui explique la teneur initiale en protéines rela-

    tivement élevéeo Le liquide contenant les sels minéraux et l'inocu-

    lurn a été ajusté à pH : 3,50 Chaque flacon contenant 140 g de pro-

    duit a été incubé à 30°C et aéré à raison de 10 litres/heure/flacon.

    Comme nous ne disposions que d'un dispositif par dose d'urée, à

    chaque prélèvement le contenu est homogénéisé, les échantillons

    prélevés et le reste replacé dans le flacon.

    Malgré les perturbations ainsi apportées, nous avons obser-

    vé (figure 7) une influence très nette de la dose. d'urée sur l'évo-

    lution du pH du produit et sur sa tGneur en protéines, montrant ainsi

    l'effet bénéfique de l'apport d'urée jusquQà une certaine dose. La

    dose optimale d'urée dans ce cas est assez basse car le pH initial

    du produit était relativement élevé.

    Nous avons par la suite fait une seconde série d'expérience,

    dans les conditions standard en utilisant les 24 dispositifs d'in-

    cubation dont nous disposons, et en abaissant plus fortement le pH

    initial du produito

  • 37

    Après une série d'études cinétiaues portant sur des produits

    ayant reçu des doses croissantes d'urée, qui ont confirmé les

    résultats que nous avions observés dans les expériences préliminaires,

    nous avons effectué une exnérience de contrôle portant sur 6 doses

    d'urée allant de 0 3 100 %. Tous les prélèvements ont été faits

    après 30 heures d'une incubation ~ 35°C et comportant une aération

    de 4 litres/heure/tube. Cette durée d'incubation correspond au pic

    de production de protéines, qui a été déterminé grâce aux études

    cinétiques. Pour obtenir un pH initial du produit contenant 50 %

    d'eau de 3,5, la solution contenant les sels minéraux et l'inoculum

    de spores a été ajusté à pH ~ 2,25 avec de l'acide sulfurique.

    Les résultats qui sont rapportés sur la figure (8) montrent

    que dans ces conditions, la quantité d'urée à apporter pour obtenir

    le meilleur enrichissement en protéines correspond à 50 - 60 % de

    l'azote total. Au delà de cette dose, la quantité de protéines

    synthétisées n'augmente pas, et on assiste à une nette augmentation

    du pH.

    On remarque que le fait d'apporter le mélange d'urée et

    d'ammoniaque dans les proportions optimales a pour conséquence de

    doubler la quantité de protéines synthétisées par rapport à celle

    obtenue lorsqu'on n'utilise que du sulfate d'ammonium, tout en

    évitant les contamin2tions.

    Il faut toutefois remarquer que l'apport d'urée favorise

    également la consommation des sucres, et que pour des doses élevées,

    si la quantité de protéines n'augmente pas, la consommation des

    sucres est pratiquement totale. Ceci a pour conséquance d'abaisser

    le rendement global de transfornation en protéines. On peut alors

    se demander si on a intérêt R augmenter au maximum la quantité de

    protéines formées, ou si on peut se contenter d'en produire un peu

    moins, mais avec un bon rendement de transformation et obtenir un

    produit enrichi contenùnt encore une quantité plus importante de

    sucres résiduels.

  • l/lq)

    l/l :J~ ~c: l/l

    ,q) ,q).... .. c.0 l/l.. q)c. ..

    (Jjl/l

    10 100

    B

    5~50

    6

    --..--..... --

    % uréeo'-----::-------="=:------~~-----~------~'~-----1':":0~·0~............o 20 40 60 80

    Fig.B Protéines. sucres rés iduels (g 100 9 de fa rine au départ)

    et pH en fin dïncubation avec différentes doses d'urée.

    ••--e. Protéi nes .....-_..... Sucres résiduels

  • 38

    Des expériences complémentaires devront être faites, mais

    nous avons montré qu'il est possible de contrôler et d'orienter

    l'enrichissement en jouant à la fois sur le pH du produit et sur

    la dose d'urée.

    4° - Influence de l'aération

    La quantité d'oxygène mise à la disposition des moisissures

    pour leur respiration est un facteur important de leur développement.

    La plupart des moisissures sont a8robies, mais les besoins en

    oxygène varient suivant les espèces, certaines étant même capables

    de se développer en atmosphère d'azote.

    Par ailleurs de faibles quantités de CO2

    sont nécessaires

    à la germination des souches d'A. niger, alors que des concentra-

    tions trop importantes inhibent leur développement (14).

    On voit que l'aération du produit amylacé est un facteur

    très important puisqu'elle agit au niveau de la germination des

    spores, et lors de la croissance du mycelium en apportant l'oxy-

    gène nécessaire, et en transportant une partie des calories dégagées.

    Nous n'avons pas étudié en détail tous les aspects de cette

    question qui sera reprise de façon plus approfondie dans une étude

    séparée, sur un dispositif d'incubation de taille plus importante,

    le matériel dont nous dis?osons actuellement ne nous permettant

    pas d'effectuer des réglages de déhits avec une assez grande pré~

    cision.

    Nous avons seulement voulu vérifier que le débit d'air que

    nous avions fixé arbitrairement était suffisant pour apporter

    l'oxygène nécessaire à la croissance du mycelium dans les disposi-

    tifs d'incubation que nous utilisons.

    Pour cela nous avons effectué une expérience sur de la

    farine de manioc prGparée dans les conditions standard décrites

  • 19/ 1 oog de ,farine ...1au depart. 1III T Tcp •

    c: 1 1.«> 1

    -ft- 1 i0 10...1Q. l1

    5

    o 0.5 2 4 6 Il h 8

    10

    9 11009 de farineIII«> au départ.c:

    -QI15tt

    Fige9 Production de protéines avec différentes aérations après

    22heures ........ et 30 heures .. •• d'incubation.

    10 20 30 heures. .......

    Fig.10 Product ion de protéines avec différentes concentrations de

    lïnoculum.

  • 39

    précédemment: 50 % dOeau, 25 % d'urée, 30°C. Nous avons utilisé

    5 débits d'air allant de 0 à 8 litres par heure par tube. Nous

    avons fait les analyses après 22 heures et 30 heures d'incubation,

    en prélevGnt 3 tubes, servant de répétitions, pour chaque débit.

    Les résultats sont rêpportés sur la figure 9.

    Les produits qui n'ont pas été aérés présentent une teneur

    en protéines nettement plus faible que les autres montrant ainsi

    la nécessité d'une oxygénation continue du·produit pendant l'in-

    cubation.

    Les produits aérés avec 0,5, 2 et 4 litres/heure donnent

    des résultats identiques. Le produit qui a reçu un débit d'air de

    8 litres/heure, semble par contre acquérir une teneur en protéines

    plus élevée. Il est possible que la prolifération du mycelium gène

    la diffusion de l'oxygène et qu'un débit d'air élevé, en fin d'in-

    cubation soit favorable au développement du mycelium.

    Nous n'avancerons pas plus dans nos conclusions, cette

    expérience devant être reprise ultérieuremont de façon plus com-

    plète, et en particulier en relation avec la régulation thermique

    du produit par le transport des calories dégagées.

    5° - Densité de l'inoculum de spores

    L'inoculum doit être suffisant pour assurer un ensemen-

    cement homogène du produit et un démarrage rapide de la croissance.

    Il ne doit cependùnt pas être trop important, d'abord pour des

    raisons pratiques et économiques, ensuite parce qu'une densité

    trop élevée de spores peut entraîner des phGnomènes d'inhibition

    et gèner 1~ germination d'un certain nombre d'entre elles. Il ne

    serait pas judicieux d'introduire une quantité de spores qui ne

    germeraient pas et que l'on retrouverait intactes et gènantes dans

    le produit enrichi. Par ailleurs, avec un souche d'A. niger un

    inoculum trop dense fournit au produit une couleur grise peu at-

    trayante qui persiste en fin de fermentation.

  • 40

    Pour déterminer la quantité adéquate de spores à apporter,

    nous avons fait des études cinétiques d'enrichissement de produits

    ayant reçu 3 doses de sporeso

    L'inoculum de base est constitué ?ar une fiole contenant

    10 g de produit pâteux, ensemencée à l'anse avec des spores et

    incubée une semaine à 30°C. Le produit obtenu est alors fortement

    sporulé. Des comptages microscopiques effectués sur les suspensions

    de spores pr&parées suivant le protocole que nous avons décrit au

    début de ce chapitre, montrent qu'une telle fiole renferme approxi~

    mativement 401010 spores. Les inoculuns ont été préparés à partir

    d'une telle fiole de façon ~ obtenir 4 x 108 ,4 x 107 ou 4 x 106

    spores par gra~~e de farine. Nous avons par ailleurs adopté les

    conditions standarŒ de prépnration et d'incubation du produit (50 %

    d'eau., 25 % d'urée, 30°C et débit de 4 litres par heure par tube) 0

    Les résultats sont rasse~blés sur la fiqure (10) 0

    Le produit ayant reçu l'inoculum le plus concentré démarre

    plus rapidement, cependant la croissance s'arrête plus tôt et

    brusquement. Par ailleurs un examen rnicroscopique du produit final

    révêle qu'une proportion importante de spores n'ont pas gerrn&. Les

    cinétiques correspondant aux deux autres inoculations sont voisines,

    le produit ayant reçu la dose movenne de spores fournissant un

    enrichissement légèrement supérieur. L'examen microscopique montre

    que très peu de spores n'ont pas germé dans le produit inoculé â

    4.107 spores/g, et aucune spore n'a pu être observée dans le pro-

    duit final ayant reçu 4.106 spores/gramme. Par ailleurs dans les

    deux cas, le produit obtenu Gtait bien blanc et présentait un aspect

    très favorable, alors que dans le premier cas le produit obtenu

    était gris.

    J:·Jous pouvons donc conclure que la dose d' inoculum habi~

    tuellement utilis8e lors des expériences précédentes, qui corres-

    pondait à un ensemencenent de 2 kg de farine pour une fiole d'ino-

    culurn soit environ 2 x 107 spores par gramme de farine était large-

    ment suffisante, pour obtenir un enrichissement correct, mais

    qu'elle n'était cepenàant pas excessive.

  • 41

    6. - Conclusion

    La méthode d'enrichissement que nous avons mise au point

    nous parait très satisfais~nte et le dispositif d'incubation que

    nous avons utilisé pour les analyses de laboratoire d'un emploi

    simple et pratique. Il nous a nermis d'effectuer un grand nombre

    d'expériences d'enrichissement, montran