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«CE N'EST PÂQUES DU CHOCOLAT!» OLIVIER BAUER - UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL - [email protected] FACULTÉ DE THÉOLOGIE ET DE SCIENCES DES RELIGIONS - GROUPE DE RECHERCHE SUR L’ALIMENTATION ET LA SPIRITUALITÉ JE BLOGUE: HTTP://OLIVIERBAUER.ORG ET JE GAZOUILLE: @BAUER_OLIVIER

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« C E N ' E S T PÂQUES D U C H O C O L AT ! »

O L I V I E R B A U E R - U N I V E R S I T É D E M O N T R É A L - O L I V I E R . B A U E R @ U M O N T R E A L . C A FA C U LT É D E T H É O L O G I E E T D E S C I E N C E S D E S R E L I G I O N S - G R O U P E D E R E C H E R C H E S U R L’ A L I M E N TA T I O N E T L A S P I R I T U A L I T É J E B L O G U E : H T T P : / / O L I V I E R B A U E R . O R G E T J E G A Z O U I L L E : @ B A U E R _ O L I V I E R

P L A N D E M O N E X P O S É

• Dans 45 minutes, vous saurez:

• Que la résurrection est (aussi) célébrée avec des nourritures;

• Quelles nourritures permettent (surtout) de célébrer la résurrection;

• Pourquoi des nourritures permettent (aussi) de célébrer la résurrection;

• Pourquoi certaines nourritures permettent (mieux que d’autres) de célébrer la résurrection.

• Comment les chrétien-ne-s célèbrent-ils/elles Pâques?

• Quelles nourritures les chrétien-ne-s consomment-ils/elles à Pâques?

• Qu'est-ce qui motive le choix des nourritures de Pâques?

• Pourquoi Pâques est-il (aussi) une affaire de goût?

C O M M E N T L E S C H R É T I E N - N E - S C É L È B R E N T- I L S / E L L E S L A R É S U R R E C T I O N ?

• Par une célébration hebdomadaire, appelée culte, messe ou divine liturgie.

• Fixée au dimanche parce que Jésus est ressuscité dans la nuit qui suit le sabbat.

• Par une célébration annuelle, celle de Pâques.

• Fixée au premier dimanche après la première pleine lune de printemps (une date astucieuse qui combine des symboliques religieuse, cosmique et culturelle, chrétienne, juive et romaine);

• Plus largement dans le carême (du Mercredi des cendres au Samedi-Saint), la Semaine-Sainte (des Rameaux à Pâques), le Triduum pascal (Vendredi-Saint, Samedi-Saint, Pâques) et l'octave de Pâques (de Pâques à la Quasimodo).

D A N S S A P R E M I È R E L E T T R E A U X C O R I N T H I E N S , PA U L É V O Q U E L E R E PA S D U S E I G N E U R Q U E C É L È B R E N T ( M A L ) L E S C H R É T I E N - N E - S D E C E T T E V I L L E .

• 20Mais quand vous vous réunissez en commun, ce n’est pas le repas du Seigneur que vous prenez. 21Car, au moment de manger, chacun se hâte de prendre son propre repas, en sorte que l’un a faim, tandis que l’autre est ivre. 22N’avez-vous donc pas de maisons pour manger et pour boire? Ou bien méprisez-vous l’Eglise de Dieu et voulez-vous faire affront à ceux qui n’ont rien? Que vous dire? Faut-il vous louer? Non, sur ce point je ne vous loue pas. 23En effet, voici ce que moi j’ai reçu du Seigneur, et ce que je vous ai transmis: le Seigneur Jésus, dans la nuit où il fut livré, prit du pain, 24et après avoir rendu grâce, il le rompit et dit: «Ceci est mon corps, qui est pour vous, faites cela en mémoire de moi.» 25Il fit de même pour la coupe, après le repas, en disant: «Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang; faites cela, toutes les fois que vous en boirez, en mémoire de moi.» 26Car toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne. 27C’est pourquoi celui qui mangera le pain ou boira la coupe du Seigneur indignement se rendra coupable envers le corps et le sang du Seigneur. 28Que chacun s’éprouve soi-même avant de manger ce pain et de boire cette coupe; 29car celui qui mange et boit sans discerner le corps mange et boit sa propre condamnation. 30Voilà pourquoi il y a parmi vous tant de malades et d’infirmes, et qu’un certain nombre sont morts. 31Si nous nous examinions nous-mêmes, nous ne serions pas jugés; 32mais le Seigneur nous juge pour nous corriger, pour que nous ne soyons pas condamnés avec le monde. 33Ainsi donc, mes frères, quand vous vous réunissez pour manger, attendez-vous les uns les autres. 34Si l’on a faim, qu’on mange chez soi, afin que vous ne vous réunissiez pas pour votre condamnation. Pour le reste, je le réglerai quand je viendrai. (1 Corinthiens 11)

S E L O N L E S A C T E S D E S A P Ô T R E S , L E S PA R T I S A N S D E J É S U S C É L È B R E N T ( A U S S I ) L A R É S U R R E C T I O N E N PA R TA G E A N T D E S R E PA S .

• 42Ils étaient assidus à l’enseignement des apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières. 43La crainte gagnait tout le monde: beaucoup de prodiges et de signes s’accomplissaient par les apôtres. 44Tous ceux qui étaient devenus croyants étaient unis et mettaient tout en commun. 45Ils vendaient leurs propriétés et leurs biens, pour en partager le prix entre tous, selon les besoins de chacun. 46Unanimes, ils se rendaient chaque jour assidûment au temple; ils rompaient le pain à domicile, prenant leur nourriture dans l’allégresse et la simplicité de cœur. 47Ils louaient Dieu et trouvaient un accueil favorable auprès du peuple tout entier. Et le Seigneur adjoignait chaque jour à la communauté ceux qui trouvaient le salut. (Actes 2)

• 33En attendant le jour, Paul a engagé tout le monde à prendre de la nourriture: «C’est aujourd’hui le quatorzième jour que vous passez dans l’expectative sans manger, et vous ne prenez toujours rien. 34Je vous engage donc à reprendre de la nourriture, car il y va de votre salut. Encore une fois, aucun d’entre vous ne perdra un cheveu de sa tête.» 35Sur ces mots, il a pris du pain, a rendu grâce à Dieu en présence de tous, l’a rompu et s’est mis à manger. 36Tous alors, reprenant courage, se sont alimentés à leur tour. 37Au total, nous étions deux cent soixante-seize personnes à bord. 38Une fois rassasiés, on a allégé le bateau en jetant le blé à la mer. (Actes 27)

L E S P R E M I È R E S C O M M U N A U T É S C H R É T I E N N E S O N T C O N S O M M É D I V E R S E S N O U R R I T U R E S D A N S L E U R S R E PA S R I T U E L S .

• «Les aliments et les boissons sacrés des chrétiens ont été fort peu nombreux et peu variés; les viandes et les légumes n’en ont jamais fait partie.» Vogel, C. (1980). Symboles cultuels chrétiens: Aliments et boissons. Concilium 83-89. 84

• En forme de trinôme: pain, vin et eau; pain, poisson et coupe; laitages, pain, miel; laitages, pain, eau;

• En forme de binôme (première association): pain et vin; pain et eau; poisson et pain ou poisson et miel;

• Sous forme isolée: coupe; pain; lait et laitages, huiles et olives; poisson; sel (cérémonie baptismale);

• «Les nourritures obscènes (sperma, menstruum) utilisées dans certains cercles gnostiques»

AVA N T PÂ Q U E S , L E S É G L I S E S C AT H O L I Q U E S E T O R T H O D O X E S O N T F I X É D E S T E M P S O Ù L E S C H R É T I E N S -N E - S D O I V E N T P E U O U PA S M A N G E R .

• Le temps de «Charnage» se divise en jours gras et jours maigres:

• Les jours gras, tout est permis. «Il faut ces jours-là montrer sa liesse, manger sans retenue (en particulier de la viande), boire beaucoup, abandonner un temps les consignes habituelles de modération et d'économie dictées par la pénurie ambiante et par hausse des prix.» Gautier, A. (2009). Alimentations médiévales Ve-XVIe siècle. Paris: Ellipse. 105

• Durant les jours maigres (mercredi et vendredi) sont notamment interdit la viande, le lard, le saindoux et le beurre.

• Durant les temps de carême, sont interdits les œufs, la crème et le fromage.

• Vendredi saint: «Et puis nos livres de cuisine du XVIIe siècle nous font découvrir un régime plus dur encore: celui du Vendredi saint d'où le poisson était également exclu et où l'on n'avait donc à manger que des légumes.» Flandrin, J.-L. (2002). L' ordre des mets. Paris: O. Jacob. 60

• «Les étaux de boucherie fournissent de la chaire fraîche les seuls jours ouvrables qui sont les jours gras, environ 215 jours dans l’année, et les poissonniers travaillent surtout en Carême et les jours maigres, soit 150 jours l’an.» Ferrières, M. (2002). Histoire des peurs alimentaires: du Moyen Âge à l'aube du XXe siècle. Paris: Ed. du Seuil.48

À PÂ Q U E S , L E S C H R É T I E N - N E - S M A N G E N T D E S A L I M E N T S S P É C I F I Q U E S . 1 / 2

• Des œufs à manger, à trouver, à taquer, à offrir.

• Mais pas toujours ni partout: «A [presbyterian] woman living at Isle of Whithorn [Scotland] said her grandfather would not even allow her to cook eggs for breakfast on Easter Day, “lest she be doing something that savours of Popery.”» Newall, V. (1971). An egg at Easter; a folklore study. Bloomington: Indiana University Press. 177.

• Des œufs rouges: «One [legend] recounts how [the Blessed Virgin Mary] made up a basket of eggs and took it to the soldiers sitting at the foot of the Cross, in the hopes that it would rouse in them some pity for the sufferings of Our Lord. But they ignored her, and the basket remained beneath the Cross, where she had left it. After a time, the blood of Our Lord flowed down — as, in early art, it does over Adam's skull, in token of man's redemption — and stained the eggs their characteristic color.» 215.

À PÂ Q U E S , L E S C H R É T I E N - N E - S M A N G E N T D E S A L I M E N T S S P É C I F I Q U E S . 2 / 2

• Des pains gonflés et briochés:

• Colomba di Pasqua en Italie (en forme de colombe);

• Kulich en Russie, Paska dans les pays slaves;

• Lämmele en Alsace (en forme d'agneau);

• Tsoureki en Grèce (une tresse avec un œuf dur à l'intérieur).

• Des viandes: agneau, cabri ou jambon (au Québec, les anglophones mangeraient de l'agneau et les francophones du jambon);

• En Haïti, des betteraves rouges (rouge, oui, mais pourquoi des betteraves?);

• Un peu partout (?) du chocolat.

D A N S L’ É VA N G I L E S E L O N L U C , L E S D I S C I P L E S S AV E N T Q U E J É S U S E S T R E S S U S C I T É ( A U S S I ) Q U A N D I L L E S N O U R R I T E T Q U ' A P R È S S A M O R T, I L M A N G E D E VA N T E U X .

• 28 [Jésus et les deux disciples] approchèrent du village où ils se rendaient, et lui fit mine d’aller plus loin. 29Ils le pressèrent en disant: «Reste avec nous car le soir vient et la journée déjà est avancée.» Et il entra pour rester avec eux. 30Or, quand il se fut mis à table avec eux, il prit le pain, prononça la bénédiction, le rompit et le leur donna. 31Alors leurs yeux furent ouverts et ils le reconnurent, puis il leur devint invisible. 32Et ils se dirent l’un à l’autre: «Notre cœur ne brûlait-il pas en nous tandis qu’il nous parlait en chemin et nous ouvrait les Ecritures?» 33A l’instant même, ils partirent et retournèrent à Jérusalem; ils trouvèrent réunis les Onze et leurs compagnons, 34qui leur dirent: «C’est bien vrai! Le Seigneur est ressuscité, et il est apparu à Simon. » 35Et eux racontèrent ce qui s’était passé sur la route et comment ils l’avaient reconnu à la fraction du pain. 36Comme ils parlaient ainsi, Jésus fut présent au milieu d’eux et il leur dit: «La paix soit avec vous.» 37Effrayés et remplis de crainte, ils pensaient voir un esprit. 38Et il leur dit: «Quel est ce trouble et pourquoi ces objections s’élèvent-elles dans vos cœurs? 39Regardez mes mains et mes pieds: c’est bien moi. Touchez-moi, regardez; un esprit n’a ni chair, ni os, comme vous voyez que j’en ai.» 40 A ces mots, il leur montra ses mains et ses pieds. 41Comme, sous l’effet de la joie, ils ne croyaient pas encore et comme ils s’étonnaient, il leur dit: «Avez-vous ici de quoi manger?» 42Ils lui offrirent un morceau de poisson grillé [et un rayon de miel]. 43Il le prit et mangea sous leurs yeux. (Luc 24)

L E S Q U AT R E É VA N G I L E S P R E N N E N T S O I N D E R A C O N T E R L E D E R N I E R R E PA S D E J É S U S .

• 12Le premier jour des pains sans levain, où l’on immolait la Pâque, ses disciples lui disent: «Où veux-tu que nous allions faire les préparatifs pour que tu manges la Pâque?» 13Et il envoie deux de ses disciples et leur dit: «Allez à la ville; un homme viendra à votre rencontre, portant une cruche d’eau. Suivez-le 14et, là où il entrera, dites au propriétaire: “Le Maître dit: Où est ma salle, où je vais manger la Pâque avec mes disciples?” 15Et lui vous montrera la pièce du haut, vaste, garnie, toute prête; c’est là que vous ferez les préparatifs pour nous.» 16Les disciples partirent et allèrent à la ville. Ils trouvèrent tout comme il leur avait dit et ils préparèrent la Pâque.17Le soir venu, il arrive avec les Douze. 18Pendant qu’ils étaient à table et mangeaient, Jésus dit: «En vérité, je vous le déclare, l’un de vous va me livrer, un qui mange avec moi.» 19Pris de tristesse, ils se mirent à lui dire l’un après l’autre: «Serait-ce moi?» 20Il leur dit: «C’est l’un des Douze, qui plonge la main avec moi dans le plat. 21Car le Fils de l’homme s’en va selon ce qui est écrit de lui, mais malheureux l’homme par qui le Fils de l’homme est livré! Il vaudrait mieux pour lui qu’il ne soit pas né, cet homme-là!» 22Pendant le repas, il prit du pain et, après avoir prononcé la bénédiction, il le rompit, le leur donna et dit: «Prenez, ceci est mon corps.» 23Puis il prit une coupe et, après avoir rendu grâce, il la leur donna et ils en burent tous. 24Et il leur dit: «Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude. 25En vérité, je vous le déclare, jamais plus je ne boirai du fruit de la vigne jusqu’au jour où je le boirai, nouveau, dans le Royaume de Dieu.» (Marc 14)

L E R E PA S D U S E I G N E U R E S T I N S P I R É PA R L E R E PA S J U I F D U S E D E R .• « Le plat du Séder est garni [...] Ce sont trois mazzoth dans les trois rayons du

plat. En l’absence d’un tel plat, les trois mazzoth sont placés l’une sur l’autre et couvertes, chacune séparément, des herbes vertes, du persil, des radis, etc., un petit vase avec de l’eau salée, des herbes amères, un mélange fait avec de la pomme, des noix et de la cannelle délayées dans du vin, un os avec un peu de viande adhérente, grillée sur des braises, un oeuf dur. La table pour le Séder doit être dressée avant la brume. C’est une obligation pour chacun de boire le soir du Séder successivement 4 verres de vin. Le verre doit contenir au minimum 1/10 de litre; toutefois on ne dépassera pas cette mesure, parce qu’il faut vider chaque fois la plus grande partie du verre. Pendant que l’on boit, on s’accoude sur le côté gauche à l’instar des grands personnages de l’antiquité quand ils mangeaient assis sur leurs sièges. Une coupe rempli auquel [sic] il n’est pas touché garnit le milieu de la table, il est réservée au prophète Élie. » Güns, J. (1930). La Haggadah de Pessach à l'usage du rite séfardi. Vienne: Joe Schlesinger. 12

M A I S L E R E PA S D U S E I G N E U R E S T ( P R O B A B L E M E N T ) A U S S I I N S P I R É PA R L E S B A N Q U E T S G R É C O - R O M A I N S .

• «There were two major courses in a banquet, the dipnoan (“super“ or “banquet”), which was the meal proper, followed by the symposium (“symposium”), which was the drinking party. This form is reflected in the Lord’s Supper traditions in the New Testament in which the wine is drunk “after supper” [dipnoan].» Smith, D. E., & Taussig, H. (1990). Many tables: the Eucharist in the New Testament and liturgy today. London; Philadelphia: SCM Press; Trinity Press International. 25

• «This text [1 Corinthians 11: 20-21] provides explicit evidence for the thesis of this chapter, that early Christian meals were all variations of the Greco-Roman banquet and should be studied from that perspective. For when we apply to the evidence the model of the Greco-Roman banquet, we are able to understand much more clearly how the banquet functioned as the centrepiece of early Christian worship and liturgy.» 36

L A R É S U R R E C T I O N E S T- E L L E ( A U S S I ) C É L É B R É E AV E C D E S N O U R R I T U R E S ?

• Oui!

Q U E L L E S S O N T L E S N O U R R I T U R E S Q U I P E R M E T T E N T ( S U R T O U T ) D E C É L É B R E R L A R É S U R R E C T I O N ?

• Si « Ce n’est PÂQUES du chocolat », c’est que la résurrection est (aussi) transmise par d’autre nourritures;

• Des nourritures réconfortantes mais typiques de ce qui est aujourd'hui considéré comme une mauvaise alimentation.

• Quant à leur type: «légumes et fruits»: betterave; «produits céréaliers»: brioche; «laits et substituts»: aucun; «viande et substituts»: agneau, porc, œuf; «aliments et boissons dont il faut limiter la consommation»: chocolat et vin. Santé Canada (2007). Bien manger avec le Guide alimentaire canadien. Ottawa: Sa Majesté la Reine du Canada.

!

• Quant à leur goût: plutôt sucrés et plutôt gras.

P O U R Q U O I D E S N O U R R I T U R E S P E R M E T T E N T- E L L E S ( A U S S I ) D E C É L É B R E R L A R É S U R R E C T I O N ? 1 / 2

• Parce que cela permet d'en faire goûter la nécessité de la résurrection:

• «À la différence des décrets concernant les pèlerinages, les offices ou d’autres obligations, les religions s’arrogent avec l’alimentation le loisir de statuer sur des besoins. Le choix de l’alimentation comme objet des lois divines n’est donc pas le fait du hasard. En incorporant le sacré à la sphère quotidienne des besoins, les religions s’assurent une mainmise sur un aspect absolument essentiel – parce que vital – de l’existence humaine.» Assouly, O. (2002). Les nourritures divines essai sur les interdits alimentaires. Arles: Actes Sud. 229

P O U R Q U O I D E S N O U R R I T U R E S P E R M E T T E N T- E L L E S ( A U S S I ) D E C É L É B R E R L A R É S U R R E C T I O N ? 2 / 2

• Parce que cela permet d'en faire goûter l'immédiateté de la résurrection:

• «Mais il y a ceci en outre de décisif en cette même rencontre: qu'elle nous révèle le plus simplement du monde, et par là-même de manière irréfutable, qu'on n'accède pas à l'éternité vivante après notre mort, mais bien dès maintenant, dans cette vie-ci, ou encore, comme on n'a cessé de nous le ressasser de manière culturelle et par là esthétique en se servant du latin hic et nunc: “ici et maintenant.”» Haldas, G. (1991). Mémoire et résurrection: chronique extravagante. [Lausanne]: L'Age d'homme. 83

P O U R Q U O I C E R TA I N E S N O U R R I T U R E S P E R M E T T E N T ( M I E U X Q U E D ' A U T R E ) D E C É L É B R E R L A R É S U R R E C T I O N ?

• Parce que ce sont des nourritures à forte valeur symbolique:

• Symbolique religieuse: nourritures sur- ou dé-valorisées par le judéochristianisme;

• Symbolique cosmique: nourritures naturellement ou culinairement de saison;

• Symbolique culturelle: cohabitation des nourritures locales et universelles; levain, «pourriture noble», additif vivant qui fait revivre ce qui est mort;

• On peut tirer des parallèles avec les critères ayant présidé au choix de la date de Pâques (selon les calendriers chrétien, juif et romain).

PÂ Q U E S C ’ E S T ( A U S S I ) D U C H O C O L AT !

• Bien entendu, la Bible ne connaît pas le chocolat, puisque la boisson sacrée chez les Aztèques n’arrive en Europe qu’au 16e s. Mais cette absence n’a pas empêché que le cacao — dont le principe actif s’appelle théobromine, du grec Théobroma «don de Dieu» — devienne un important symbole chrétien. Nourriture trop riche, soupçonnée d’être aphrodisiaque, interdite en temps de carême, fortement déconseillée aux jeunes femmes — rappelez-vous le film Le Chocolat et les malheurs de Viviane Rocher! —, le chocolat est associé aux jours de fêtes, aux anniversaires, à Noël ou à Nouvel An. Mais présenté sous des formes diverses, plutôt des cloches dans les régions catholiques, des poules, des œufs ou des lapins dans les contrées protestantes, il est surtout devenu le symbole de Pâques. J’aime à croire que l’amertume du cacao pourrait rappeler la Passion du Christ et la douceur du sucre évoquer les prémices alléchantes du Royaume de Dieu. L’une ne va jamais sans l’autre et la Résurrection n’efface pas la crucifixion. Elle la sublime!

J E N N I F E R S M A L L

I F O U N D J E S U S A T T H E F L E A M A R K E T