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www.ombres-blanches.fr librairie en ligne à toulouse – librairie en ville ombres blanches 139 programme sept./oct. 2018 Collage P. Marange • Collage du dimanche.

ombres blanches librairie en ligne ... · Zygmunt Miłoszewski Inavouable p. 14 samedi 13 octobre/11 h Cathy Barasc, Pour un portrait de Jane Bowles p. 23 samedi 13 octobre/16 h Shanna

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Page 1: ombres blanches librairie en ligne ... · Zygmunt Miłoszewski Inavouable p. 14 samedi 13 octobre/11 h Cathy Barasc, Pour un portrait de Jane Bowles p. 23 samedi 13 octobre/16 h Shanna

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c o n t r e l e s f a n a t i s m e s

qui observe les ravages de la pro-pagation d’une foi sectaire dans les démocraties fatiguées ?Comme dans 2084, Boualem San-sal décrit la mainmise de l’extré-misme religieux sur les zones fra-giles de nos sociétés, favorisée par la lâcheté ou l’aveuglement des dirigeants. n

BOUALEM SANSAL est né en 1949 à Theniet El Had, petit village des montagnes de l’Ouarsenis, dans le nord-ouest de l’Algérie. Économiste, en poste au ministère de l’Industrie algérien, il entre en écriture dans les années 1990. Son premier livre, Le Serment des Bar-bares (Gallimard, 1999, Prix du pre-mier roman), le propulse à l’avant de la scène littéraire francophone. Polémiste vigoureux – il a entre autres vivement critiqué l’arabisa-tion de l’enseignement en Algérie –, Boualem Sansal fait alterner dans son œuvre le genre de l’essai et celui du roman. Il a dit plusieurs fois combien il se sentait proche de Camus, et du sentiment d’amour et de culpabilité qui reliait celui-ci à la terre et à l’histoire algériennes. Parmi ses livres : Dis-moi le paradis (2003), Harraga (2005), Le Village de l’Allemand ou Le Journal des frères Schiller (2008), Rue Darwin (2011) et 2084. La fin du monde (2015), tous parus aux éditions Gallimard.

Foi sectaire« Je plaisante, je plaisante, mais la situation est affreusement déses-pérée. L’affaire était louche dès le début pourtant, l’ennemi n’est pas tombé du ciel, il sortait bien de quelque trou, verdammt, un enfant l’aurait compris. Quand avons-nous cessé d’être intelli-gents ou simplement attentifs ? »Ute Von Ebert, dernière héritière d’un puissant empire industriel, habite à Erlingen, fief cossu de la haute bourgeoisie allemande. Sa fille Hannah, vingt-six ans, vit à Londres. Dans des lettres au ton très libre et souvent sarcastique,

Ute lui raconte la vie dans Erlingen assiégée par un ennemi dont on ignore à peu près tout et qu’elle appelle « les Serviteurs », car ils ont décidé de faire de la soumission à leur dieu la loi unique de l’huma-nité. La population attend fiévreu-sement un train qui doit l’évacuer. Mais le train du salut n’arrive pas.Et si cette histoire était le fruit d’un esprit fantasque et inquiet,

Le train d’Erlingen BOUALEM SANSAL

mardi 18 septembre à 19 h Rencontre avec Boualem Sansal autour de son livre Le train d’Erlingen ou La métamorphose de Dieu paru aux éditions Gallimard.

3suivez-nous sur la nouvelle application mobile

mardi 4 septembre/16 hDédicace de Mathieu Sapinp. 36

mercredi 5 septembre/12 hRencontre FLE p. 38

samedi 8 septembre/11 hTandems linguistiques p. 38

samedi 8 septembre/17 hAmaury Cornut, Moondogp. 16

mardi 11 septembre/18 hGaby Etchebarne, Les Latinos sont là p. 18-19

mercredi 12 septembre/18 hJean Mattern, Le bleu du lacp. 17

jeudi 13 septembre/18 hJón Kalman Stefánsson, Ástap. 12

vendredi 14 septembre/18 hJean Narboni, Samuel Fuller, parcours d’un cinéma p. 18

vendredi 14 septembre/18 hCollectif Strabisme, dévernis-sage de Divergence #01 p. 39

samedi 15 septembre/16 h10 ans d’Audiolib avec Philippe Sollier p. 10-11

samedi 15 septembre/18 hJean Monod, Après le Délugep. 20-21

lundi 17 septembre/17 h 30Yves Le Pestipon, Classiquesau détail p. 38

mardi 18 septembre/17 hJean Hegland, Dans la forêtp. 13

mardi 18 septembre/19 hBoualem Sansal, Le traind’Erlingen p. 3

mercredi 19 septembre/17 hMireille Brangé, Delphine Sey-rig, une vie p. 19

mercredi 19 septembre/18 h 30Jacques BerthelotVous avez-dit libre-échange ?p. 26-27

jeudi 20 septembre/19 hGoethe Institut : Alexander Kluge p. 34

jeudi 20 septembre/18 hInès Bayard, Le malheur du basp. 8-9

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mardi 2 octobre/18 hAnnie Le Brun, Ce qui n’a pas de prix p. 21

mercredi 3 octobre/12 hRencontre FLE p. 38

mercredi 3 octobre/18 hGérard Noiriel, Une histoire populaire de la France p. 28

jeudi 4 octobre/17 hE. Fournier, Insouciancesdu cerveau p. 26

jeudi 4 octobre/19 hFabien Vehlmann et Gwen de Bonneval, Polaris p. 37

jeudi 4 octobre/20 hJ.-J. s Rassial, Manifeste déiste d’un psychanalyste juif p. 32-33

vendredi 5 octobre/18 hAdrien Bosc, Capitaine p. 6

samedi 6 octobre/10 hTable ronde « Paderewski, l’art pour la liberté » p. 24-25

samedi 6 octobre/16 h 30Icinori, Et puis p. 35

samedi 6 octobre/17 hSandrine Bouiller, Un siècleen images. Le Sud-Ouest vupar Labouche frères p. 40

lundi 8 octobre/18 hBruno Cabanes, Une histoirede la guerre p. 29

mardi 9 octobre/18 hBruce Bégout, Sauvetage p. 11

mercredi 10 octobre/18 hJavier Cercas, Le Monarquedes ombres p. 15

jeudi 11 octobre/17 hRésidence 1 + 2, L’originemanquante p. 22

jeudi 11 octobre/18 h 30G. Aubry, La Folie Elisa p. 8

vendredi 12 octobre/17 hMarie-Catherine Huet-Brichard, Maurice de Guérin p. 25

vendredi 12 octobre/18 h 30Zygmunt MiłoszewskiInavouable p. 14

samedi 13 octobre/11 hCathy Barasc, Pour un portraitde Jane Bowles p. 23

samedi 13 octobre/16 hShanna Banana et Déhlia Denoir, lecture d’albums p. 36

samedi 13 octobre/17 hDavid Diop, Frère d’âme p. 5Les rencontres se tiennent dans la salle des débats de la librairie à l’exception de :

à l’extérieurvoyage rayon jeunesse café littéraire BD

vendredi 21 septembre/12 hGilles Cantagrel, La Rencontre de Lübeck p. 16-17

vendredi 21 septembre/18 hVernissage de l’exposition de Marianne Rulland p. 39

vendredi 21 septembre/18 hI. Desesquelles, Je voudraisque la nuit me prenne p. 9

samedi 22 septembre/10 hAssociation Cause Freudienne, Les psychoses ordinaires p. 33

samedi 22 septembre/16 hR. Cazals, La fin du cauchemar. 11 novembre 1918 p. 27

samedi 22 septembre/17 hClaire Duplan, Camel Joe p. 36

samedi 22 septembre/18 hPaul Ruffié, Georges Artemoffp. 24

lundi 24 septembre/17 hIsy Morgensztern, « Leçon » de philosophie politique p. 38

mardi 25 septembre/17 hAlain Joubert, Le cinéma des surréalistes p. 20

mardi 25 septembre/18 h 30Laurent Mauduit, La castep. 30

mercredi 26 septembre/14 h 30Atelier créatif Biscoto p. 35

mercredi 26 septembre/18 hB. Schefer, Série noire p. 10

jeudi 27 septembre/18 hRoland GoriLa nudité du pouvoir p. 31

vendredi 28 septembre/17 hThomas Gilbert, Les Fillesde Salem p. 37

vendredi 28 septembre/18 hLyonel Trouillot, Ne m’appelle pas Capitaine p. 4

samedi 29 septembre/11 hSerge Vallon, Café Psy p. 38

samedi 29 septembre/16 hRencontre Vélo et qualitéde vi [ll] e p. 30-31

samedi 29 septembre/17 h 30François VallejoHôtel Waldheim p. 7

lundi 1er octobre/17 h 30La Cause Freudienne, Lire et écouter Lacan p. 32

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d u s é n é g a l à l a f r a n c ed e l a f r a n c e à h a ï t i

reur et son envie de survie. « Tant que l’homme n’est pas mort, il n’a pas fini d’être créé. » Épous-touflant ! » n

Kerenn elKaïm,Livres Hebdo

DAVID DIOP est né à Paris en 1966, et a grandi au Sénégal. Il est actuellement maître de confé-rences en littérature française du xviiie siècle à l’université de Pau.

Splendide résistanceUn matin de la Grande Guerre, le capitaine Armand siffle l’attaque contre l’ennemi allemand. Les sol-dats s’élancent. Dans leurs rangs, Alfa Ndiaye et Mademba Diop, deux tirailleurs sénégalais parmi tous ceux qui se battent alors sous le drapeau français. Quelques mètres après avoir jailli de la tran-chée, Mademba tombe, blessé à mort, sous les yeux d’Alfa, son ami d’enfance, son plus que frère. Alfa se retrouve seul dans la folie du grand massacre, sa raison s’enfuit. Lui, le paysan d’Afrique, va distri-buer la mort sur cette terre sans nom. Détaché de tout, y compris de lui-même, il répand sa propre violence, sème l’effroi. Au point d’effrayer ses camarades. Son évacuation à l’Arrière est le pré-lude à une remémoration de son passé en Afrique, tout un monde à la fois perdu et ressuscité dont la convocation fait figure d’ultime et splendide résistance à la première boucherie de l’ère moderne.

En Enfer« Nous avions seize années de vie et nous voulions rire. » Mais voilà que la Première Guerre mondiale sonne le glas d’une belle insou-ciance. Brusquement, de jeunes soldats basculent en Enfer. Parmi eux, des tirailleurs sénégalais, venus rejoindre les rangs français […]. Ce texte puissant, hypno-tique et ténébreux nous emporte comme une tornade. On désire le

lire à voix haute, afin de mieux faire résonner la litanie de cet homme osant affronter son vrai visage. Celui d’un « Soldat sor-cier », voire d’un anti-Dorian Gray qui se montre dans toute son hor-

Frère d’âme DAVID DIOP

samedi 13 octobre à 17 hRencontre avec David Diop autour de Frère d’âme, son roman paru aux éditions du Seuil.

Ne m’appelle pas Capitaine LYONEL TROUILLOT

vendredi 28 septembre à 18 h Rencontre avec Lyonel Trouillot autour de Ne m’appelle pas Capitaine (Actes Sud).

LYONEL TROUILLOT est né en 1956 dans la capitale haïtienne, Port-au-Prince, où il vit toujours aujourd’hui. Il publie en 1989 son premier roman, Les fous de Saint-Antoine. Romancier et poète, intellectuel engagé, professeur de littérature française et de littérature haïtienne, journaliste, codirecteur de la revue Cahiers du Vendredi, Lyonel Trouillot est un acteur pas-sionné de la scène francophone mondiale. Parmi ses publications, citons entre autres L’Amour avant que j’oublie (2007), Yanvalou pour Charlie (2009 – Prix Wepler), La belle amour humaine (2011), Le Doux Parfum des temps à venir (2013) et Kannjawou (2016), tous parus aux éditions Actes Sud.

Déchirer le silenceQuand Aude, aspirante journa-liste, décide de frapper à la porte de Capitaine pour enquêter sur le Morne Dédé – un quartier de Port-au-Prince en déshérence qui connut son heure de gloire à

l’époque de la dictature, lorsqu’il abritait les opposants –, elle n’est rien d’autre aux yeux du vieil homme qu’une jeune bourgeoise qui n’a connu que « des souf-frances de contes de fées », l’héri-tière d’une longue tradition de familles opulentes ayant bâti leur fortune sur le dos des pauvres gens. Mais à ce vieillard acariâtre figé dans son fauteuil, la jeune fille offre également l’occasion de déchirer le silence, provoquant d’abord sa colère, puis parvenant peu à peu à ressusciter le grand maître d’arts martiaux qu’il a autre-fois été, du temps où il se battait pour faire vivre son club, un lieu d’apprentissage, du temps où une mystérieuse élève l’avait ensorcelé et enjoint à servir « la cause », une femme dont il était tombé fou amoureux avant de la haïr.

Petite victoiredu langage« Que peuvent se dirent un vieil expert en arts martiaux vivant en

solitaire dans un quartier pourri et une jeune bourgeoise de vingt ans, dans un monde dominé par les préjugés et les écarts sociaux ?Ne m’appelle pas Capitaine se veut le roman de l’impossible conversation entre l’un et l’autre. Les confidences du vieux et le monologue de celle qui semble être à ses propres yeux une jeu-nette sans profondeur prennent l’allure d’un combat entre une mémoire torturée par les décep-tions amoureuses et les années de dictature et une légèreté sans empathie ni inquiétude qui n’a jamais appris qu’à consommer le monde. Pourtant, chaque frag-ment de récit amène l’intros-pection. Entre la belle Aude et le vieux Capitaine se met peut-être en place une petite victoire du langage sur ses propres limites, sur les déterminations et condi-tionnements qui divisent et empri-sonnent. » n

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g u e r r e f r o i d eb a t e a u d e l ’ e x i l

Inventer sa mémoire ou inventer sa vie ? C’est la question à laquelle tente de répondre François Vallejo avec Hôtel Waldheim, son roman le plus intime. n

FRANÇOIS VALLEJO est né au Mans en 1960. Après des études de lettres, il commence à enseigner les lettres classiques au Havre. Depuis Vacarme dans la salle de bal (Viviane Hamy, 1998), François Val-lejo a exploré une « dizaine d’itiné-raires singuliers ». Madame Ange-loso (2001) et Groom (2003) ont constitué quelques étapes, suivies d’un Voyage des grands hommes (2005) qui l’a emmené vers l’Italie du XVIIIe siècle, avant de retrouver l’Ouest du XIXe en 2006, puis le XXe avec Les Sœurs Brelan (2010). Parmi ses parutions récentes chez Viviane Hamy, citons, entre autres, Un dangereux plaisir (2016), Fleur et Sang (2014) et Métamor-phoses (2012).

Un pionsur l’échiquier« À l’entendre, j’étais très fort, à seize ans, pour tout effacer, et ça continue. Pourtant, à force de déblatérer sans réfléchir, j’ai com-mencé à lui prouver et à me prou-ver que je me suis fourré dans de drôles de situations. Si quelqu’un m’avait dit hier : tu t’es comporté comme le pire voyeur, pour sur-prendre un couple dans son lit, je ne l’aurais pas cru. C’est revenu tout seul, devant cette fille dans son fauteuil. Je sentais son souffle sur ma peau, incroyable ce qu’elle m’insuffle. Presque malgré moi, j’ai reconstitué la scène oubliée. Et d’autres. Elle va finir par me convaincre que je lui cache quelque chose. Que je me cache quelque chose ? Comme l’impres-sion de rencontrer un inconnu qui s’appellerait Jeff Valdera. Et dans le genre inconnu, elle se pose là aussi, avec ses questions insistantes… »

Lors de ses séjours avec sa tante à Davos, à l’hôtel Waldheim, l’ado-lescent Jeff Valdera n’aurait-il été qu’un pion sur un échiquier où s’affrontaient l’Est et l’Ouest au temps de la guerre froide ?

Hôtel Waldheim FRANÇOIS VALLEJO

samedi 29 septembre à 17 h 30 Rencontre avec François Vallejo autour de Hôtel Waldheim, son roman paru aux éditions Viviane Hamy.

Capitaine ADRIEN BOSC

vendredi 5 octobre à 18 h Rencontre avec Adrien Bosc autour de Capitaine, son roman paru aux éditions Stock.

ADRIEN BOSC est né en 1986 à Avignon. En 2014, il reçoit pour son premier roman, Constellation, le Grand Prix du roman de l’Acadé-mie française, ainsi que le Prix de la Vocation. Fondateur des éditions du Sous-Sol, il est par ailleurs édi-teur au Seuil.

Retable marinLe 24 mars 1941, le Capitaine Paul-Lemerle quitte le port de Marseille, avec à son bord les réprouvés de la France vichyste et d’une Europe en feu, les immigrés de l’est, les républicains espagnols en exil, les juifs et apatrides, les écrivains surréalistes et artistes décadents, les savants et mar-chands, les affairistes et créateurs de journaux, et des femmes et des

enfants. Ce qu’Adrien Bosc, après Constellation, imagine et ressus-cite, au terme d’une recherche de quatre années, c’est l’épaisseur historique de ce temps qu’on croit passé, d’un souvenir tel qu’il brille à l’instant d’un péril. Temps du roman où l’on croise le long des côtes espagnoles, du Maroc, puis de la haute mer, jusqu’en Marti-nique, André Breton et Claude Lévi-Strauss dialoguant, Anna Seghers, son roman et ses enfants, Victor Serge, son fils et ses révolu-tions, Wifredo Lam et sa peinture, et tant d’inconnus, tant de trajec-toires jetées là par les aléas de l’agonie et du hasard, de l’ombre à la lumière. Et croyant s’échapper, en fin de parcours, avant le saut final, face à l’Amérique si loin, si

proche, l’enfermement dans un Lazaret en face de Fort-de-France, et à la faveur d’un ruban bleu la rencontre inattendue avec Aimé et Suzanne Césaire.À la manière d’un retable marin, les chapitres s’emboîtent et com-posent une structure plus vaste, où s’illumine là un personnage, là un paysage, et découvrent comme dans un calendrier de l’avent, jour-née après journée, derrière les cases et les chiffres, les mystères d’un périple oublié.Ce qu’Adrien Bosc ressuscite, avec quelle virtuosité, c’est un temps d’hier qui ressemble aussi à notre aujourd’hui. Un passé et un pré-sent. Une joie et une souffrance. Une prison et une libération. n

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c a r e s s e r l ’ e n f a n c er é v é l e r l a c h a i r

Et si cela arrive vraiment trop tôt, on est fauché net. On peut mou-rir et vivre longtemps. » Loin du bruit du monde, Clémence gran-dit auprès de parents rivalisant de fantaisie. Mais elle n’a pas la voix d’une petite fille et ses mots sont ceux d’un mystère cruel. Que s’est-il passé pour que l’innocence se borde ainsi de noir ? Plongée vertigineuse et poétique dans l’univers de l’enfance, Je voudrais que la nuit me prenne raconte le danger du bonheur. Entre trouble et éclairs de joie, ce roman explore le lien fragile et inaltérable qui nous unit à nos plus proches. Et la redoutable force du souvenir. n

ISABELLE DESESQUELLES a commencé sa carrière dans le cinéma et la télévision, avant de travailler comme libraire à Paris et à Toulouse. Auteure de trois albums de contes pour enfants et de nom-breux récits littéraires, elle a égale-ment fondé une résidence d’écri-vains dans le Lot, la maison De Pure Fiction. Parmi ses ouvrages, citons notamment Les Hommes meurent, les Femmes vieillissent (2014), Les âmes et les enfants d’abord (2015), Un jour on fera

l’amour (2017), tous trois parus aux éditions Belfond.

Le danger du bonheur« Leur mensonge préféré aux parents, ils viennent le soir vous dire au revoir, on est à moitié endor-mis et eux vous murmurent “Je serai toujours là, mon délice, mon ange de la joie douce, merveille de l’amour enchanté”, ils caressent votre front, que ça rentre bien dans votre tête. Ce doit être pour cela que ça fait si mal le jour où ce n’est plus vrai, où la main d’un père ou d’une mère ne se posera plus sur le front d’un enfant que l’on n’est plus depuis longtemps.

Je voudrais que la nuit me prenne ISABELLE DESESQUELLES

vendredi 21 septembre à 18 h Rencontre avec Isabelle Desesquelles autour de son roman Je voudrais que la nuit me prenne paruaux éditions Belfond.

La Folie Elisa GWENAËLLE AUBRY

jeudi 11 octobre à 18 h 30Rencontre avec Gwenaëlle Aubry autour de La Folie Elisa son roman paru aux éditions Mercurede France.

GWENAËLLE AUBRY est née en 1971. Écrivain et philosophe, directrice de recherche au CNRS, elle est l’auteure de romans et d’es-sais, dont Personne (prix Femina 2009), Partages (2012) et Persé-phone 2014 (2016), tous parus aux éditions Mercure de France.

Art de la fugueintérieure« Elles cherchent la chair de la perte, la chair du vide, la chair de l’abandon, elles l’ouvrent comme un fruit, elles y plantent leurs dents. Mourir est un art, comme tout le reste : elles le savent aussi. Elles contrarient leur chute par

la vitesse. Elles se quittent avec passion. Elles ont en commun un art de la fugue intérieure, de mul-tiples tangentes. Elles sont mortes plusieurs fois (je les regarde tom-ber). Elles vont finir par se relever (je les vois qui se battent). Elles sont construites sur des sols ins-tables, glissants, poinçonnés. Leur volume intérieur est impression-nant, du dehors on ne pourrait le soupçonner. »Janvier 2015-janvier 2016. Quatre femmes quittent la scène, prennent la fuite : Emy Manifold, une rock star anglaise, Irini San-toni, une sculptrice grecque, Sarah Zygalski, une danseuse berlinoise,

Ariane Sile, une actrice française. Grandes amoureuses, « petites folles », comme Duras le disait de Lol V. Stein, elles ne se connaissent pas mais sont reliées par un graffiti énigmatique, SMA.Une maison les accueille, des chambres claires où recomposer les figures de leur vie, une chambre noire où résonne la fureur du monde. Que faire quand on porte en soi des ruines et des gravats et que la terre se couvre de murs et de barbelés ? Où est l’asile ? Com-ment construire l’hacienda ? n

Le malheur du bas INÈS BAYARD

Jeudi 20 septembre à 18 hRencontre avec Inès Bayard autour de son roman Le malheur du basparu aux éditions Albin Michel

« MARIE AVAIT DÉJÀ ENVI-SAGÉ de tuer son fils, plusieurs fois et de façons différentes. Elle était très déterminée. Jour après jour, le regard faussement inno-cent de cet enfant avait poussé sa conscience au meurtre. Mais les circonstances avaient fait qu’elle n’avait pas pu aller jusqu’au bout avant, en grande partie pour des questions pratiques. Elle avait tué son petit garçon, et ce n’était là que justice. Avant toute révélation qui provoquera les premiers jugements, prenons le temps d’apprécier un instant la silhouette de cette femme morte entourée des siens, la seule à être restée droite autour de la table. » n

INÈS BAYARD a 26 ans. Le malheur du bas est son premier roman.MARIE ET LAURENT, son mari, vivent une existence pai-sible et ordinaire, jusqu’au jour où Marie est violée par le direc-teur de l’agence bancaire où elle travaille. Elle choisit de ne rien dire. Enceinte, elle est persuadée que l’enfant est celui de son vio-leur. Piégée par son silence, iso-lée au sein de sa propre famille et de son couple, sa détresse la pousse à commettre le pire dans un quotidien d’une insoutenable banalité. Avec ce premier roman écrit au scalpel, Inès Bayard réussit la prouesse de restituer la vie conjugale d’une jeune femme d’aujourd’hui à travers le prisme du viol. Époustouflant.

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l ’ e u r o p e e n d a n g e rcinéma, roman, ciné-roman

ment l’évidence s’impose : au train où vont les choses, le travail colossal de l’inventeur de la phé-noménologie a toutes les chances de finir dans les flammes. Dès lors il n’est plus question de doctorat. Tandis que les tensions internatio-nales s’accentuent et que les chefs d’État européens se rencontrent à Munich, dans un pays qui pro-fesse une haine des catholiques presque aussi farouche que celle qu’il voue aux juifs, Van Breda n’a plus qu’une idée en tête : mettre l’œuvre d’Edmund Husserl à l’abri. Et tandis qu’il cherche une solu-tion dans la ville pavoisée de rouge et de noir, un homme le prend en chasse… n

BRUCE BÉGOUT est né en 1967. Romancier, il est notamment l’auteur de On ne dormira jamais (Allia, 2017). Également philo-sophe, et spécialiste de la phéno-ménologie de Husserl, il s’empare dans Le sauvetage d’un de ces fas-cinants détails de l’histoire, dont ce sont parfois des héros méconnus qui détournent le cours.

À l’abriLorsqu’il arrive à Fribourg-en- Brisgau en vue de consulter les manuscrits inédits d’Edmund Husserl, philosophe récemment disparu auquel il compte consa-crer sa thèse de doctorat, Herman Leo Van Breda, père franciscain et étudiant à l’Institut Supérieur de Philosophie de l’université de

Louvain, n’a aucune idée de ce qu’il va découvrir. Dans le bureau du maître, ce sont quarante mille pages qui l’attendent. L’œuvre de toute une vie. Dehors, l’histoire est en marche, mais pas dans la bonne direction. Voilà déjà plusieurs années, depuis l’accession des nazis au pouvoir, qu’en raison de ses origines juives Husserl n’a plus le droit d’enseigner ni de publier. Les quelques livres qui l’ont fait connaître dans toute l’Europe sont interdits dans son pays d’origine et sa veuve est sous surveillance. Van Breda l’ignore, mais il n’avait pas même franchi la porte du domicile du penseur que la gestapo était déjà au courant de sa présence. Nous sommes en 1938. Rapide-

Sauvetage BRUCE BÉGOUT

mardi 9 octobre à 18 h Rencontre avec Bruce Bégout à l’occasion de la parution de son ouvrage Sauvetage aux éditions Fayard.

Série noireBERTRAND SCHEFER

mercredi 26 septembre à 18 h Rencontre avec Bertrand Schefer autour de Série noire, son roman paru chez P.O.L.

BERTRAND SCHEFER est né en 1972. Philosophe de formation, il s’est d’abord consacré à la redé-couverte et de textes fondateurs de la Renaissance italienne, avant d’achever la première traduction française du Zibaldone de Gia-como Leopardi, en 2003. Scénariste et acteur, il a coréalisé avec Valérie Mréjen son premier long métrage, En ville. Écrivain, il est l’auteur de Cérémonie (2012), La photo au-dessus du lit (2014) et de Martin (2016), tous publiés aux éditions P.O.L.

L’envers du décorUn jeune ouvrier, revenu de la guerre d’Algérie et recon-verti dans la vente d’électro-phones, se jette dans les nuits parisiennes où son pouvoir de séduction fait des ravages. Il rencontre une jeune reine de beauté danoise qui découvre Paris en traînant aux terrasses de Saint-Germain-des-Prés en compagnie d’Anna Karina. Tout bascule avec un escroc de 39 ans, antisocial viscéral, qui met la main sur un livre de la Série noire qui le révèle à lui-même. Au gré des rencontres, des voyages entre Copenhague et la Côte d’Azur, ces trois per-sonnages que rien ne destinait à réunir, vont se retrouver au cœur de l’affaire la plus retentis-sante du début de cette décen-nie 60.S’appuyant sur une enquête approfondie et des documents judiciaires inédits, le livre se déploie comme un roman poli-cier qui peu à peu se déplace sur une autre scène, où la litté-rature et le cinéma deviennent

les vrais protagonistes de l’his-toire. On y croise Antonioni au festival de Cannes, Anna Karina, Françoise Sagan, Kenneth Anger, Jean-Jacques Pauvert, Simenon, Histoire d’O et les tournages de Clouzot et de Truffaut. On y rencontre le monde des artistes de music-hall, des concours de beauté. Une France où les médias de plus en plus puissants prennent désormais en charge l’entier récit des événements.Une enquête autour de photos passées à la loupe et de scènes de films dont on découvre l’en-vers du décor. Une investigation sur les puissances de la fiction et les frontières de plus en plus floues entre la réalité et ses images. n

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Audiolib, des livres lusavec PHILIPPE SOLLIER, comédien

samedi 15 septembre à 16 hLes 10 ans d’Audiolib : lectures et rencontre avec Philippe Sollier.

tion de Stephanie Mailer de Joël Dicker ainsi que l’édition abré-gée des Misérables.MAISON D’ÉDITION de livres audio fondée en 2008, comptant aujourd’hui plus de 600 titres dans son catalogue, Audiolib a développé en France un nouveau mode de lecture faisant appel à un sens très subtil, l’ouïe. Dans leurs livres audio, les mots écrits s’enrichissent d’une autre dimension, artistique, vivante, incarnée, développant des émo-tions de façon étonnante, et créant un espace imaginaire différent de celui que l’on se crée seul, en silence. n

PHILIPPE SOLLIER est comé-dien. Il a prêté sa voix à grand nombre de documentaires, télé-films étrangers ou dessins ani-més. Sur les scènes de théâtre, il a joué Goldoni, Marivaux, Labiche, Tchekhov, Strindberg, Wesker… des spectacles pour enfants et des spectacles de clown. À la télévision, il a par-ticipé à de nombreuses séries, notamment policières, des télé-films et un documentaire-fiction, Otages à Bagdad. Pour Audiolib, Philippe Sollier a récemment lu Sapiens, une brève histoire de l’humanité et Homo deus de Yuval Noah Harari, La dispari-

RENTRÉE LITTÉRAIRE

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s u r v i ei m p o s s i b l e a m o u r

héroïnes, au plus noir de leur des-tin. Mais c’est surtout l’inventivité de la romancière (sa multiplica-tion des imprévus, son dynamitage des clichés) qui éblouit de bout en bout […]. Il faut se laisser happer par ce livre-refuge aussi dévorant que régénérant, qui montre qu’on peut toujours se fabriquer un nid douillet avec des broussailles. » n

marine landroT, TéLérama

JEAN HEGLAND est née en 1956 dans l’État de Washington. Après avoir accumulé les petits boulots, elle devient professeure en Californie. À vingt-cinq ans, elle se plonge dans l’écriture, influen-cée par ses auteurs favoris, Wil-liam Shakespeare, Alice Munro et Marilynne Robinson. Son premier roman Dans la forêt paraît en 1996 et rencontre un succès éblouissant. Elle vit aujourd’hui au cœur des forêts de Californie du Nord et par-tage son temps entre l’apiculture et l’écriture.

La féerie s’immiscedans l’horreurNell et Eva, dix-sept et dix-huit ans, vivent depuis toujours dans leur maison familiale, au cœur de la forêt. Quand la civilisation s’effondre et que leurs parents dis-paraissent, elles demeurent seules, bien décidées à survivre. Il leur reste, toujours présentes, leurs pas-sions de la danse et de la lecture, mais face à l’inconnu il va falloir apprendre à grandir autrement, à se battre et à faire confiance à la forêt qui les entoure, remplie d’inépuisables richesses.« Le livre s’ouvre sur une fête de Noël qui réunit deux sœurs, mimée autour d’un vide abyssal, dans une chorégraphie presque chapli-nesque. Pas de dinde à déguster, pas même la certitude qu’on soit le 25 décembre et, surtout, pas de parents à embrasser. Mère s’est éteinte la première, après avoir acheté les derniers bulbes de tulipes rouges disponibles dans le pays. Père n’a pas tardé à suivre, la cuisse pulvérisée par sa tron-çonneuse, au cours d’une impru-dente sortie en forêt. Jean Hegland

plante le décor de désolation, énonce l’hécatombe. Et pourtant, la féerie s’immisce dans l’horreur, l’imagination tue l’abomination. Un vieux chausson de danse, un sachet de thé décoloré, le souvenir même d’une musique : tout peut redémarrer à chaque instant par la magie de la pensée. La puissance du roman tient à cet art de faire surgir la beauté scintillante des

Dans la forêt JEAN HEGLAND

mardi 18 septembre à 17 h Rencontre avec Jean Hegland autour de son roman Dans la forêt paru aux éditions Gallmeister.

ÁstaJÓN KALMAN STEFÁNSSON

jeudi 13 septembre à 18 hRencontre avec Jón Kalman Stefánsson autour de Ásta, son roman paru aux éditions Grasset.

JÓN KALMAN STEFÁNSSON est né à Reykjavik en 1963. Son premier roman paraît en 1997 en Islande, mais c’est avec la trilogie romanesque composée de Entre ciel et terre, La Tristesse des anges et Le Cœur de l’homme (Galli-mard) qu’il s’impose dans le monde entier comme un écrivain de pre-mier plan. Il a reçu de nombreuses distinctions dans l’ensemble des pays où son œuvre est traduite. En France, son roman D’ailleurs, les

poissons n’ont pas de pieds (Gal-limard, 2015) a été finaliste du prix Médicis étranger.

Roman lyriqueet charnelReykjavik, au début des années 50. Sigvaldi et Helga décident de nommer leur deuxième fille Ásta, d’après une grande héroïne de la littérature islandaise. Un pré-nom signifiant – à une lettre près – amour en islandais qui ne peut

que porter chance à leur fille… Des années plus tard, Sigvaldi tombe d’une échelle et se remé-more toute son existence : il n’a pas été un père à la hauteur, et la vie d’Ásta n’a pas tenu cette pro-messe de bonheur. Jón Kalman Stefánsson enjambe les époques et les pays pour nous raconter l’urgence autant que l’impossibi-lité d’aimer. À travers l’histoire de Sigvaldi et d’Helga puis, une géné-ration plus tard, celle d’Ásta et de Jósef, il nous offre un superbe roman, lyrique et charnel, sur des sentiments plus grands que nous, et des vies qui s’enlisent malgré notre inlassable quête du bonheur.

Écrit d’avance« Si tant est que ça l’ait été un jour, il n’est désormais plus pos-sible de raconter l’histoire d’une personne de manière linéaire, ou comme on dit, du berceau à la tombe. Personne ne vit comme ça. Dès que notre premier souve-nir s’ancre dans notre conscience, nous cessons de percevoir le monde et de penser linéairement, nous vivons tout autant dans les événements passés que dans le présent. Mais voilà, le désir d’une certaine continuité est extrême-ment puissant. Cette continuité nous donne l’impression que chaque vie a son sens, qu’elle ne relève pas de simples hasards et de coïncidences, mais que tout est écrit d’avance – ce qui, en passant, donne également un sens à l’uni-vers. Voilà qui explique évidem-ment pourquoi j’ai voulu raconter la vie d’Ásta en commençant par le récit de sa conception. Mais c’était une erreur. » n

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Festival CinespañaChaque année au mois d’octobre, le festival Cinespaña fait découvrir de nombreux films à travers une compétition de longs-métrages fiction et documentaires, et un panorama des meilleures productions de l’année.Pour sa 23e édition, le festival présente, en coproduction avec La Cinémathèque de Toulouse, une rétrospective consacrée au réalisateur Álex de la Iglesia et à la Comédie Noire espagnole. Un second cycle, sera dédié au nouveau cinéma galicien, et un troisième cycle intitulé « Nous ne sommes pas des princesses, nous sommes des dragonnes », témoignera du développement actuel d’une conscience féministe en Espagne.

El autor de Manuel Martín Cuenca(112 min/2017/Espagne).Adapté de la nouvelle de Javier Cercas, El Móvil.

Une fois séparé de sa femme, écrivaine à succès, Álvaro décide de réaliser son rêve : écrire un roman. Mais il n’a pour cela ni le talent, ni l’imagination. Guidé par son professeur d’écriture, il découvre que la fiction s’inspire de la réalité. Álvaro commence alors à manipuler ses voisins et amis pour créer une histoire, une histoire vraie qui dépasse la fiction. 2 Prix Goya 2018 dont celui du Meilleur acteur.

entr e la lumièr e e t l ’ eaur i e n q u e d e l a n e i g e

dans l’Odyssée se lamentera de n’être plus que le « monarque des ombres » et enviera Ulysse d’avoir sagement regagné ses pénates.Que fut vraiment la vie de Manuel Mena, quelles furent ses convic-tions, ses illusions, comment en rendre compte, retrouver des témoins, interroger ce destin et cette époque en toute probité, les raconter sans franchir la frontière qui sépare la vérité de la fiction ?L’immense écrivain qu’est Javier Cercas affronte ici ses propres résistances pour mettre au jour l’existence du héros fourvoyé, cet ange maudit et souverain dont il n’a cessé, dans toute son œuvre, de défier la présence. n

JAVIER CERCAS est né en 1962 à Cáceres. Il enseigne la littérature à l’université de Gérone, et est l’auteur de romans, de recueils, de chroniques et de récits. Ses romans, traduits dans une trentaine de lan-gues, ont tous connu un large suc-cès international. Il a publié récem-ment chez Actes Sud Les Lois de la frontière (2014, prix Méditerranée étranger), L’Imposteur (2015), Le Mobile (2016) et Le Point aveugle (2016).

Héros fourvoyéUn jeune homme pur et coura-geux, mort au combat pour une cause mauvaise (la lutte du fran-quisme contre la République espa-gnole), peut-il devenir, quoique s’en défende l’auteur, le héros

du livre qu’il doit écrire ? Manuel Mena a dix-neuf ans quand il est mortellement atteint, en 1938, en pleine bataille, sur les rives de l’Èbre. Le vaillant sous-lieutenant, par son sacrifice, fera désormais figure de martyr au sein de la famille maternelle de Cercas et dans le village d’Estrémadure où il a grandi.La mémoire familiale honore et transmet son souvenir alors que surviennent des temps plus démocratiques, où la gloire et la honte changent de camp. Demeure cette parenté profon-dément encombrante, dans la conscience de l’écrivain : ce tout jeune aïeul phalangiste dont la fin est digne de celle d’Achille, chan-tée par Homère – mais Achille

Le Monarque des ombres JAVIER CERCAS

mercredi 10 octobre à 18 h Rencontre avec Javier Cercas autour de son livre Le Monarque des ombres (éditions Actes Sud).Cette rencontre, organisée en lien avec le Festival Cinespaña, sera suivie d’une projection du filmEl Autor, scénario d’après Javier Cercas, au cinéma ABC à 21 h 30.

Inavouable ZYGMUNT MIŁOSZEWSKI

vendredi 12 octobre à 18 h 30Rencontre avec Zygmunt Miłoszewski autour de Inavouable, son roman paru aux éditions Fleuve. Dans le cadre du festival Toulouse Polars du Sud.

ZYGMUNT MIŁOSZEWSKI est né à Varsovie en 1976. Jour-naliste, écrivain et scénariste, ses romans sont traduits en dix-sept langues. Zygmunt Miłoszewski est notamment connu pour sa trilo-gie de romans policiers mettant en scène le procureur Theodore Szacki : Les Impliqués (Mirobole, 2013), Un fond de vérité (Miro-bole, 2015) et La Rage (Fleuve, 2016). Cette trilogie a été récom-pensée par de nombreux prix lit-téraires : Grand Prix des lectrices de ELLE, Prix du polar à Cognac, Prix du polar européen du Point et Prix Transfuge du meilleur polar étranger.

Le plus grand secretZakopane, chaîne des Tatras, 26 décembre 1944.Un résistant serre contre lui un étui métallique. À ses oreilles résonnent encore les dernières instructions de l’officier nazi qui lui a confié « le plus grand secret de cette guerre »… Alors qu’il est pris dans une tempête de neige, sa formation d’alpi-niste pourrait se révéler cru-ciale. Non loin de là, dans une auberge, un homme contemple par l’une des fenêtres la même bourrasque déchaînée. Après une ultime hésitation, il croque sa capsule de cyanure.

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De la neige. Rien que de la neige. Mais pas des flocons charmants, virevoltant avec légèreté. Pas des pétales printaniers et humides qui chuteraient lourdement pour se dissoudre sur les pelouses tièdes. Non, rien que la pire neige des Tatras, des cristaux de glace microscopiques portés par les rafales de vent…

RENTRÉE LITTÉRAIRE

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Une matinée d’automne, de nos jours, à Varsovie.Chef du département de recouvre-ment de biens culturels rattaché au ministère des Affaires étrangères, le docteur Zofia Lorentz est convo-quée par le Premier ministre : le Portrait de jeune homme du peintre Raphaël, tableau le plus précieux jamais perdu et recher-ché depuis la Seconde Guerre mondiale, vient d’être localisé. Accompagnée d’un marchand d’art cynique, d’un officier des ser-vices secrets à la retraite et d’une voleuse légendaire, Zofia s’envole pour New York, étape d’une quête contrariée qui pourrait inverser la lecture de l’Histoire et la politique internationale moderne… n

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La Rencontre de Lübeck GILLES CANTAGREL

vendredi 21 septembre à 12 hRencontre avec Gilles Cantagrel autour de La Rencontre de Lübeck, paru aux éditions Desclée de Brouwer. Dans le cadre de Musique en dialogue aux Carmélites.

voyage, il le fait à pied : quatre cents kilomètres aller, et autant au retour. Un pèlerinage. Parti pour trente jours, il est resté absent quatre mois. Que s’est-il passé à Lübeck ? Aucun docu-ment ne nous l’apprend : le temps a fait son œuvre d’oubli, la guerre a cruellement mutilé la ville en 1942, des archives ont été détruites. N’empêche : l’influence de Buxtehude est si grande sur le génie de Bach qu’il s’est forcément produit là quelque chose d’essentiel, la transmission d’un savoir et d’une sagesse. Restait à imaginer

comment. C’est ce à quoi s’est plu Gilles Cantagrel, grand connais-seur des œuvres des deux musi-ciens, des documents anciens et du contexte historique. n

Musique en Dialogue aux Car-mélitesDimanche 23 septembre 16 h : Le voyage de LübeckLes Passions – Orchestre Baroque de Montauban, avec Gilles Cantagrel, narrateur.La Chapelle des Carmélites – 1, rue du Périgord – 31000 Tou-louseRenseignements : 05 62 72 23 35

GILLES CANTAGREL est musi-cologue, conférencier, ensei-gnant et producteur d’émissions de radio et de télévision. Ancien directeur de France Musique, il est l’auteur de multiples ouvrages sur la musique, notam-ment Passion Baroque (Fayard, 2015), L’émotion musicale à l’âge baroque (Seuil, 2016) et J.-S. Bach, l’œuvre instrumen-tale (Buchet-Chastel, 2018).À L’ÂGE DE VINGT ANS, Jean-Sébastien Bach se rend à Lübeck pour écouter le plus grand com-positeur allemand de son temps, le vieux Dietrich Buxtehude. Ce

Le bleu du lac JEAN MATTERN

mercredi 12 septembre à 18 h Rencontre avec Jean Mattern autour de son roman Le bleu du lac paru chez Sabine Wespieser éditeur. Proposée dans le cadre du Festival Piano aux Jacobins.

JEAN MATTERN est né en 1965 dans une famille originaire d’Europe centrale. Il vit à Paris et travaille dans l’édition. Chez Sabine Wespieser éditeur, il a déjà publié trois romans : Les Bains de Kiraly (2008), De lait et de miel (2010) et Simon Weber (2012).

Jouerune dernière foisQuand un soir elle a remplacé au pied levé Pogorelich à Wigmore Hall, la salle de concert londo-nienne, celle qui allait devenir la grande pianiste Viviane Craig ne savait pas encore que sa gloire soudaine ne serait pas son défi le plus difficile à relever. Si sa vie tranquille de professeur de piano,

mariée au directeur du service culturel de la BBC, a certes changé après ce succès inaugural, sa ren-contre avec James, l’évidence avec laquelle elle a cédé au désir de ce charismatique critique musical, boxeur à ses heures, a profondé-ment bouleversé son équilibre intime.Des années plus tard, alors que leur passion va grandissant, Viviane apprend, par un appel de son exécuteur testamentaire, le décès brutal de James. Sans mesurer le sens ni la portée de la requête posthume qu’il transmet, l’homme invite la pianiste, retirée depuis cinq ans déjà de la scène musicale, à jouer une dernière fois lors de la messe de funérailles.Pendant le long trajet en métro qui va la conduire de sa demeure de Wimbledon au quartier de Hol-born, Viviane, elle-même stupéfaite d’avoir accepté sans réfléchir cette

épreuve, laisse libre cours aux émotions qui l’assaillent. L’église choisie par James, minutieux ordonnateur de la cérémonie, est voisine de son appartement, refuge de leurs amours, de leurs conversations, des après-midi pen-dant lesquelles Viviane répétait ses concerts sur le Yamaha ou le Steinway dont elle se demande ce qu’il va bien advenir.L’angoisse de ne réussir à dissi-muler son violent chagrin, voué lui aussi à la clandestinité, le res-sac des souvenirs heureux, les confidences arrachées à l’homme secret qu’était James – et notam-ment les raisons de sa fascination pour le tableau de Cézanne repré-sentant le lac d’Annecy, le bleu du lac – cohabitent, à mesure que défilent les stations de la Piccadilly line, en un fiévreux et hypnotique monologue intérieur. n

MoondogAMAURY CORNUT

samedi 8 septembre à 17 hRencontre avec Amaury Cornut, auteur de Moondog paru aux éditions Le Mot et le Reste. Dans le cadre « The Story of Moondog », saison du festival Piano aux Jacobins consacrée à l’Américain Louis Thomas Hardin (1916-1999), dit Moondog.

AMAURY CORNUT est né en 1988. Depuis 2009, il travaille avec passion sur la vie et l’œuvre du compositeur de Moondog. Il anime le site www.fr-moondog.com et organise des concerts-hommages. Disposant du plus important fonds français de partitions du compo-siteur, Amaury Cornut a fondé en 2013 l’ensemble Minisym, qu’il dirige, destiné à jouer la musique de Moondog.

Personnage uniqueMusicien aveugle, clochard céleste de la première heure prenant l’apparence d’un Viking, Louis Thomas Hardin (1916–1999), dit

« Moondog », est une figure musi-cale singulière et majeure. Son pre-mier public sera celui de la rue et son succès grandissant l’amènera à se produire dans le quartier des clubs de jazz, devenant ainsi le « Viking de la 6e Avenue ».Guerrier du grand Nord au milieu des cols blancs, il mélange habile-ment un minimalisme contempo-rain – il est sacré « fondateur du minimalisme » par Steve Reich, Phil Glass et Terry Riley – et des schémas d’écriture du Moyen-Âge et de la Renaissance. Inclassables, ses compositions empruntent à l’écriture classique tout en renou-velant les procédés rythmiques.

Trop écrite pour être assimilée simplement au jazz, trop complexe pour considérée comme de la pop, la musique de Moondog s’est épanouie avec des géants comme Charlie Parker, Benny Goodman ou Charles Mingus et a inspiré une diversité d’artistes allant de Bob Dylan à The Avalanches en pas-sant par Tom Waits. Amaury Cor-nut, passionné et admirateur de ce personnage unique, décrypte pour nous le trajet, l’univers et la discographie de ce musicien hors normes. nÀ 20 h, récital Moondog par Nicolas Horvath, pianiste, à l’Auditorium Saint-Pierre des Cuisines.

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comédienne et paradoxaleé c r i r e l e c i n é m a 1918

romanesque. C’est cette vie riche et inspirante que retrace, pour la première fois, cette biographie passionnante et richement docu-mentée, qui a pour fond la vie sociale, intellectuelle, théâtrale et cinématographique de son époque. Un très beau portrait de femme, par la plume tout en finesse de Mireille Brangé. n

MIREILLE BRANGÉ, nor-malienne, docteur en littérature générale et comparée, enseigne à l’université Paris Nord. Spécialiste des relations entre les écrivains et le cinéma, elle leur a consacré un livre, La Séduction du cinéma (Champion, 2014).

S’inventer, se trouver,se réinventerActrice, réalisatrice, femme enga-gée, Delphine Seyrig (1932-1990) refuse toute sa vie de se laisser enfermer dans un rôle ou une image. S’inventer, se trouver, se réinventer fut sa raison de vivre. Égérie de Resnais, reine du théâtre parisien dans les années soixante, admirée de Truffaut comme de

Duras, fée des Lilas dans Peau d’âne de Demy ou Jeanne Diel-man d’Akerman, Delphine Seyrig a un parcours hors du commun.Au faîte de sa gloire, elle s’engage dans les luttes féministes. Digne d’une héroïne de Stendhal, prête à toutes les aventures, son goût de la liberté, son audace, son refus du tiède, son exigence et son élé-gance donnent à sa vie tout son

Delphine Seyrig, une vie MIREILLE BRANGÉ

mercredi 19 septembre à 17 h Rencontre avec Mireille Brangé autour de Delphine Seyrig, une vie, son ouvrage paru aux éditions Nouveau Monde. Ce débat précédera la projection du film de Chantal Akerman, Jeanne Dielmann (1975), avec Delphine Seyrig, dans le cadre du cycle Les films qu’il faut avoir vus.

Samuel Fuller. Parcours d’un cinémaJEAN NARBONI

vendredi 14 septembre à 18 hSamuel Fuller. Parcours d’un cinéma. En compagnie de Jean Narboni, auteur du livre Samuel Fuller, Un homme à fables (éditions Capricci). À 21 h à la Cinémathèque, Jean Narboni présentera le filmde Mikio Naruse, Une Femme dans la tourmente (1964), dans le cadre du cycle Les films qu’il faut avoir vus.

JEAN NARBONI est critique, éditeur et enseignant de cinéma. Ancien rédacteur en chef des Cahiers du cinéma, il y a fondé et dirigé les éditions qui ont notam-ment publié Roland Barthes, Serge Daney ou Samuel Fuller. Chez Capricci, Jean Narboni est l’auteur de : …Pourquoi les coiffeurs ? Notes actuelles sur Le Dictateur (2010) et de La nuit sera noire et blanche (2015).

Rageur, lyrique,tendre…Le Port de la drogue, Shock Corri-dor, Dressé pour tuer… Les films de Samuel Fuller, à l’instar de sa vie, ont prêté à bien des malenten-dus : sur la violence, la politique, la guerre, les hommes, les femmes,

les États-Unis. Des cinéastes de sa génération (Robert Aldrich, Richard Brooks ou Nicholas Ray), Fuller est en effet celui qui a sus-cité au fil du temps les évaluations et les jugements les plus contra-dictoires.Il y a superbement survécu : indé-pendant jusqu’à l’intransigeance, rageur, lyrique, tendre, conteur fabuleusement inventif, inconve-nant, drôle, en un mot libre. S’il revendiquait un cinéma de basse extraction quant à ses budgets et au matériau qu’il privilégiait, il tenait avec orgueil à inscrire au fronton de ses films qu’il les écrivait, les réalisait et souvent les produisait lui-même. L’éner-gie extrême que tout le monde s’accordait à lui reconnaître a

longtemps fait elle-même l’objet d’une méprise. Loin d’être une force brute et aveugle, elle doit s’entendre, ainsi que chez Balzac dont il était fou, comme ultime puissance créatrice.Jean Narboni donnera une lecture de l’œuvre du cinéaste américain, accompagnée de projections d’extraits de films. Rappelons ici la récente rétrospective des films de Fuller à la Cinémathèque en janvier février 2018. Jean Nar-boni prolongera son séjour à Toulouse par une intervention à la Cinémathèque, avant la projec-tion du film : Une Femme dans la tourmente, de Mikio Naruse (1964). n

Les Latinos sont là GABY ETCHEBARNE

mardi 11 septembre à 18 hRencontre avec Gaby Etchebarne autour de son ouvrage Les Latinos sont là ; paroles d’artistes du cirque, paru aux éditions Karthala. Avec la partici-pation d’Alumine, chanteuse mapuche (Argentine).

circassiens, comme ils aiment se définir, nous font toucher à l’universel à travers la richesse de chacun de leurs itinéraires. Ces artistes sont non seulement d’extraordinaires acrobates, mais ils témoignent d’un regard sur l’humanité qui vaut bien des discours… Ce n’est pas sans raison que la réponse à la ques-tion : « Qui suis-je ? » constitue l’élément essentiel du concours d’entrée au Lido, l’école du cirque de Toulouse, dont font partie ces treize individus. n

GABY ETCHEBARNE a vécu de 1962 à 1968 en Argentine, avant de s’installer au Laos en 1971. Depuis 1975, elle vit à Toulouse où elle a écrit plusieurs livres dont Sur les pas des disparus d’Argentine (1976-1983) paru aux éditions Karthala (2015).LES LATINOS SONT LÀ : treize personnages de différents pays latino-américains et tous artistes du cirque. Nés de familles d’émi-grés des XIXe et XXe siècles, tous portent un regard critique sur leurs pays d’origine. Les Latinos,

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c o n t r e l a m a r c h a n d i s er ê v e s e n m o u v e m e n t

Après le DélugeJEAN MONOD

samedi 15 septembre à 18 hRencontre avec Jean Monod autour de son ouvrage Après le Déluge ; Le mythe de la catastrophe salvatrice paru chez ABC’éditions. Rencontre proposée et animée par Monique Lauret, psychanalyste.

prendre le parti de ne pas y pen-ser n’empêche pas d’autres de le faire, à leur avantage éventuel-lement. En préparant la catas-trophe. Et en la mythifiant.La catastrophe est difficile à pen-ser parce que, par définition, une catastrophe est un accident, une rupture dans le cours du temps. Celle qui nous arrive aujourd’hui comme catastrophe écologique n’avait pas été prévue par la science jusqu’à récemment. Nous vivons cependant depuis dans un temps où le pire est considéré non seulement comme prévisible, mais comme inévitable, par un

courant de pensée en train de devenir dominant.Ce courant de pensée – le catas-trophisme – montre bien que nous sommes passés du temps de l’idéologie du « progrès indéfini » qui prévalait au XXe siècle à un « temps de catastrophes ».S’il est difficile de penser les catas-trophes, à partir du moment où un courant existe qui prétend les inclure dans un nouveau temps, il n’est pas impossible de penser ce nouveau temps. » n

Jean Monod

JEAN MONOD est ethnologue, cinéaste, peintre, poète, acteur, écrivain. Ancien assistant au Col-lège de France sous la direction de Claude Lévi-Strauss et maître-assistant à l’Université Paris 7, il est l’auteur de nombreux récits, essais et livres de poésie. Il a récemment publié Ouranos ou les trois fonctions de la religion dans l’État (ABC’éditions, 2015) dans la collection d’anthropo-logie historique « Éclipses » qu’il dirige.« PEUT-ON PENSER la catas-trophe ? À quoi cela peut-il servir ? À rien peut-être. Mais

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est évident que beauté et laideur constituent un enjeu politique.Jusqu’à quand consentirons-nous à ne pas voir combien la violence de l’argent travaille à liquider notre nuit sensible, pour nous faire oublier l’essentiel, la quête éper-due de ce qui n’a pas de prix ? n

ANNIE LE BRUN est écrivain, poète et critique littéraire. Elle rencontre André Breton en 1963 et participe aux dernières années du mouvement surréaliste, avant l’auto-dissolution du groupe en 1969. Parmi ses parutions récentes, citons notamment Cibles (Galli-mard, 2013), Sade : attaquer le soleil (Musée d’Orsay/Gallimard, 2014) et Radovan Ivsic et la forêt insoumise (Musée de Zagreb/Galli-mard, 2015).

Dominationsans répliqueC’est la guerre, une guerre qui se déroule sur tous les fronts et qui s’intensifie depuis qu’elle est désormais menée contre tout

ce dont il paraissait impossible d’extraire de la valeur. S’ensuit un nouvel enlaidissement du monde. Car, avant même le rêve ou la pas-sion, le premier ennemi aura été la beauté vive, celle dont chacun a connu les pouvoirs d’éblouisse-ment et qui, pas plus que l’éclair, ne se laisse assujettir.Y aura considérablement aidé la collusion de la finance et d’un cer-tain art contemporain, à l’origine d’une entreprise de neutralisation visant à installer une domination sans réplique. Et comme, dans le même temps, la marchandisation de tout recours à une esthétisa-tion généralisée pour camoufler le fonctionnement catastrophique d’un monde allant à sa perte, il

Ce qui n’a pas de prixANNIE LE BRUN

mardi 2 octobre à 18 h Rencontre avec Annie Le Brun autour de Ce qui n’a pas de prix. Beauté, laideur et politique, son essai paru aux éditions Stock.

Le cinéma des surréalistes ALAIN JOUBERT

mardi 25 septembre à 17 h Rencontre avec Alain Joubert autour de son ouvrage Le cinéma des surréalistes paru aux éditions Maurice Nadeau. La rencontre sera suivie à 21 h d’une projection de Gun crazy (Le Démon des armes) de Joseph Lewis (1949, avec John Dall et Peggy Cummins) à la Cinémathèque de Toulouse, présentée par Alain Joubert.

ALAIN JOUBERT est né à Paris en 1936. En 1955, il rejoint André Breton et le Groupe Sur-réaliste, et participe dès lors à toutes les activités de ce groupe jusqu’à son auto-dissolution en 1969. Alain Joubert est l’auteur d’une quinzaine d’ouvrages, nouvelles, poèmes, essais, chro-niques, dont Le Mouvement des surréalistes ou le fin mot de l’histoire (2001), Une Goutte d’éternité (2007) et La Clé est sur la porte – pour le Grand

Surréalisme (2016), tous trois publiés aux éditions Maurice Nadeau.

Non-sensBuñuel, Ferreri, Fields, Forman, Greenaway, Hitchcok, Jarmusch, Kubrick, Polanski, Prévert, Renoir, Sternberg, pour ne citer que ceux-là… S’il n’y a pas à proprement par-ler de cinéma surréaliste, ces réali-sateurs ont reflété cependant l’état d’esprit des surréalistes. Alain Jou-bert a choisi de présenter dans cet

ouvrage cent soixante-deux films des années vingt du siècle dernier à 2015, – célèbres ou moins connus – où percent le désir de révolu-tionner l’entendement humain. Les 29 photocollages en noir et blanc de Pierre-André Sauvageot interprètent en les illustrant, les thèmes de la révolte, la subversion, l’amour fou, la passion, le merveil-leux, l’onirisme, la force du mythe, l’exaltation d’un sacré non reli-gieux, éros et thanatos, l’humour noir ou le non-sens, tout ce sur quoi se fondent les forces psychiques, automatisme, rêve, inconscient libérées du contrôle de la raison et en lutte contre les valeurs reçues. n

Avec la Cinémathèque de Toulouse

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photographes en résidence au théâtre de la cité

L’origine manquanteSMITH, C. CARBONARO, P. PHI, ET PH. GUIONIE

jeudi 11 octobre à 17 h La Résidence 1+2 et les Éditions Filigranes présentent L’origine manquante. En présence des artistes SMITH, Camille Carbonaro, Prune Phi, et Philippe Guionie, directeur de la Résidence 1+2. Rencontre présentée par Dominique Roux, enseignant, critique et historien de la photographie.

Résidence 1+2La Résidence 1+2 et les Éditions Filigranes co-produisent chaque année un coffret comportant les trois ouvrages des photographes en résidence. Cette édition, iné-dite dans son concept, est pré-sentée en deux langues (français & anglais) et structurée au sein d’une collection « Toulouse ».Dirigée par Philippe Guionie, la Résidence 1+2, labellisée ESOF 2018 (EuroScience Open Forum dans le cadre de Toulouse, « Cité européenne de la Science »), est un programme photographique à vocation européenne, ancré à Tou-louse. Chaque année, la résidence rassemble trois photographes (1 photographe de renom + 2 jeunes photographes), trois villes (Toulouse, Bruxelles, Barcelone)

et trois supports (une exposition, un coffret de trois ouvrages, un docu-mentaire). Durant deux mois, les trois photo-graphes produisent une création artistique inédite en partageant leurs savoirs respectifs.Cette année, la quête d’une origine man-quante relie les tra-vaux des trois rési-dentes : SMITH, artiste de renommée inter-nationale, Camille Carbonaro et Prune Phi. Sous la forme d’une enquête pho-tographique, elles explorent la part introuvable de leur

identité, localisée dans le cos-mos, les migrations italiennes ou la diaspora vietnamienne.Soutenues dans leurs recherches par des institutions scientifiques basées à Toulouse et sa métropole ainsi qu’en Occitanie, les artistes travaillent auprès d’astrophysi-cien.nes, neuroscientifiques ou historien.nes. Ces chercheurs les accompagnent dans le prologue de cette enquête au long cours dont la Résidence 1+2 leur per-met de poser les premiers jalons sous la forme d’images, fanzines, collages, diaporamas ou vidéos. Pour cette édition, l’artiste améri-cain Noé Cuellar (Nestor) réalise un documentaire-fiction sur les trajectoires convergentes de leurs recherches respectives. n

EXPOSITIONDE LA RÉSIDENCE 1+2 #2018

Galerie Barrès-Rivet • 1, Place Saintes Scarbes • Toulousewww.galeriebarresrivet.comDu 13 oct. au 30 nov. 2018Vernissage vendredi 12 oct. à 18 h 30. En présence de SMITH, Camille Carbonaro, Prune Phi et de l’astronaute Jean-Fran-çois Clervoy parrain de l’édi-tion 2018.

COLLOQUE ANNUEL 2018Résidence 1+2 « Photographie & Sciences »Samedi 13 oct. de 9 h à 18 hMusée d’art moderne et contemporain • Les Abattoirs • Toulouse

Plus d’informations sur : www.1plus2.fr

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CATARACT VALLEYDU 09 AU 19 OCTOBRE AU THÉÂTREDE LA CITÉ

D’après la nouvelle Camp Cataract de Jane Bowles, extraite du recueil Plaisirs Paisibles écrit en 1948. Adaptation et mise en scène : Marie Rémond et Thomas Quillardet. Avec Caroline Arrouas, Caroline Darchen,Laurent Ménoret Marie Rémond

« Jane Bowles dépeint des per-sonnages incapables de s’accli-mater au monde qu’on leur pro-pose. Harriet a trouvé refuge dans ce camp pour touristes près des chutes d’eau pour soigner ses crises nerveuses. L’une de ses sœurs, Sadie, va entreprendre un voyage vers celle sans qui elle ne peut vivre. Le chaos intérieur des personnages fait écho au grondement des cascades (les cataractes) qui les attirent et les fascinent. Dans un climat moite et fiévreux, en équilibre entre humour et âpreté, nous dres-serons le portrait sensible de femmes imprévisibles. »Marie Rémond et Thomas Quil-lardet

Théâtre de la Cité • 1 rue Pierre Baudis, ToulouseInformations et réservations : www.theatre-cite.com05 34 45 05 05

TOUS DES OISEAUX, DE WAJDI MOUAWADDU 30 SEPTEMBRE AU 6 OCTOBRE • THÉÂTRE DE LA CITÉ

Texte et mise en scène : Wajdi Mouawad. Avec Jalal Altawil, Jéré-mie Galiana, Victor de Oliveira, Leora Rivlin, Judith Rosmair, Darya Sheizaf, Rafael Tabor, Raphael Weinstock et Souheila Yacoub.

Après avoir abordé des récits qui mettent en scène la guerre civile libanaise, Wajdi Mouawad écrit les douleurs de l’ennemi, à travers l’histoire d’Eitan, jeune scienti-fique allemand d’origine israélienne confronté à un violent conflit avec son père. Dans une histoire où l’intime des vies est dynamité par la violence du monde, il n’existe aucune réalité qui puisse en dominer une autre. Tout conflit fratricide cache un labyrinthe où va, effroyable, le monstre aveugle des héritages oubliés.

LUNDI 1ER OCTOBRE À 18 H AU THÉÂTRE DE LA CITÉSous réserves. Rencontre avec Wajdi Mouawad autourde son œuvre littéraire et artistique.

Un côté sale gosse« Les femmes qui peuplent ses textes sont à l’image de Jane Bowles, désaxées et imprévisibles. Veuve borderline, prostituées, mères étouffantes, elles se pro-mènent toutes au bord de l’abîme avec une attitude frondeuse, comme si, à travers elles, Jane Bowles narguait son lecteur : “À ton avis, sautera, sautera pas ?” Il y a un côté sale gosse chez celle qui se définissait comme “une enfant précoce” à défaut, selon elle, d’être un véritable écrivain. La sortie de l’enfance, avec sa cohorte de désil-

lusions et d’incompréhensions, constitue la pierre angulaire de son œuvre, peut-être plus encore que la folie.[…]Jane Bowles exploite jusqu’à la corde le couple eros/thanatos, elle qui a presque toujours associé l’écriture à ses conquêtes amou-reuses, à la fois sources d’exalta-tion et de douleur. L’ombre de la religion, de la culpabilité, plane étrangement sur ses textes. Ainsi, cette scène d’une inquiétante beauté onirique dans laquelle, après avoir fait l’amour, la Señora Ramirez donne à croquer une petite Sainte Vierge en sucre rassis à ses deux filles somnolentes.Héritière déviante de Virginia Woolf, Jane Bowles suit le cours méandreux de la conscience de ses personnages, femmes sorcières, ensorceleuses et monstrueuses, souvent en “crise”, dépressives telle la Harriet de Camp Cataract, fragiles comme du cristal près de se briser.À ce flux chaotique, détraqué, l’écrivaine donne une forme d’une implacable méticulosité. Mais le style de Bowles se révèle lui aussi curieux, “oblique”, comme le qualifiait Carson McCullers, envahi de non-dits dérangeants. On devine un viol, un suicide, un meurtre. Mais jamais ils ne sont évoqués directement. Comme s’il fallait nier le réel dans ce qu’il a de plus violent pour rester coûte que coûte dans l’enfance, dans le jeu. » nÉlisabeTh PhiliPPe in Les inrocks.

Pour un portrait de Jane BowlesCATHY BARASC

samedi 13 octobre à 11 h Rencontre avec Cathy Barasc. Pour un portrait de Jane Bowles. Autour de ses livres (publiés par les Éditions Bourgois) et de l’essai biographique : Jane Bowles, une femme

accompagnée, de Millicent Dillon (Tierce 1989, trad Michèle Causse).

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u n e x i l i n t é r i e u rv i o l e n c e , e x i l , p e i n t u r e

nalisme sous l’égide d’Hippolyte de La Morvonnais et de son cercle d’amis catholiques et bretons. Il se fit dandy et sceptique sous la tutelle de Jules Barbey d’Aurevilly, celui qui le surnomma Somegod, « le quelque dieu ». Le « tyran » de son imagination fut « le mot de vie ». Il écrivit ses ivresses et son mal-être dans son Cahier vert et dans des poèmes d’une étrange beauté. George Sand lui apporta une renommée posthume.Qui fut donc Maurice de Gué-rin (1810-1839), né la même année qu’Alfred de Musset ? Quel homme se cache derrière les textes rares et précieux qui nous sont demeurés : un fils insoumis, un frère impatient, un ami pas-sionné, un amant insatisfait, un mari indifférent, un poète secret tué moins par la phtisie que par un idéal exigeant ?

Double vie« Ici pourrait commencer le récit d’une vie miniscule, une vie sans événements, anonyme, étrangère à la grande histoire, dénuée même de romanesque, s’il n’y avait les Reliquiæ et si celui qui l’avait vécue n’avait mené une double vie : d’un côté, une “vie pratique”, circonscrite dans un cercle res-treint de réalité ; de l’autre, une “vie intime”, celle de l’imagina-tion et de la pensée, d’une pen-sée qui “n’a d’autre guide qu’un infatigable instinct de fuite loin de la demeure commune, comme si la liberté était dans l’évasion et la vérité au bout d’un voyage infini” ». n

marie-CaTherine hueT-briChard

MARIE-CATHERINE HUET-BRICHARD est professeur émérite de littérature française du XIXe siècle à l’université Tou-louse-Jean Jaurès, et spécialiste de Maurice de Guérin auquel elle a consacré plusieurs ouvrages, et dont elle a procuré une édition aux classiques Garnier.Elle a publié de nombreux articles et travaux universitaires portant sur la poésie romantique. Parmi ses ouvrages, citons notamment Littérature et mythe (Hachette, 2001), Dionysos et les Bacchantes (éditions du Rocher, 2007) et Vic-tor Hugo – Le génie, l’insoumi, le visionnaire (Le Figaro Éditions, 2012).

Il se rêva poèteIl n’a pas même vécu vingt-neuf ans. Sa famille le désirait prêtre, il se rêva poète. Sa sœur Eugénie le couva d’une tendresse exigeante et inquiète. Il crut pouvoir trouver un asile dans la communauté de Félicité de Lamennais à La Chê-naie. Il tenta d’entrer dans le jour-

Maurice de GuérinMARIE-CATHERINE HUET-BRICHARD

vendredi 12 octobre à 17 h Rencontre avec Marie-Catherine Huet-Brichard autour de Maurice de Guérin, son ouvrage paruaux éditions Pierre-Guillaume de Roux.

Georges Artemoff, 1892-1965 PAUL RUFFIÉ

samedi 22 septembre à 18 h Rencontre avec Paul Ruffié autour de son ouvrage Georges Artemoff, 1892-1965 paru aux éditions Privat.

PAUL RUFFIÉ est diplômé de l’École du Louvre. Il est conserva-teur du patrimoine et responsable du musée de Lavaur depuis 1996. Auteur de catalogues d’exposition, il a publié aux éditions Privat : Lavaur, une nouvelle capitale aux portes de Toulouse (2010), Yves Brayer, les années romaines (2013), Henri Rousseau, le dernier orientaliste (2015) et Paul Sibra, peintre du Languedoc et Castel-naudary (2016).

Dons innés« Georges Artemoff a conquis dans son enfance, sur les rives du Don, un caractère sauvage et une âme de cosaque, d’abord tournée vers la nature. Ses dons innés pour le dessin, aiguisés par une mère sensible au beau, en font très vite un artiste. Le nomade trouve dans cette chimère sa boussole, son étoile. Les femmes – sa mère, ses épouses et plus tard sa fille – seront toujours les médiatrices de ce destin. Hormis cette cer-titude tôt forgée, il est aussi vrai qu’avec le fier cosaque tout ne va pas toujours droit… Dans la vaste plaine, le cavalier choisit souvent ses propres itinéraires. Il les subit aussi parfois. Avec la guerre qui éclate au seuil d’une prometteuse carrière, débutent les chemins de l’exil du blessé, qui roule d’une Russie révolutionnaire dévastée vers l’ambiance fin de règne d’une capitale ottomane grouillantes de Blancs désorientés.La force puisée dans ces épreuves électrisera les années 1920 et 1930, passées à sculpter entre Paris et la Corse. Lydia sera l’égé-rie de ces années fortes. Mais ce

firmament se dérobe une nouvelle fois sous l’ombre de l’aile noire qui menace à nouveau l’Europe. L’amour perdu, Artemoff, « trop russe en France, trop français en Russie », comme le dit justement Jean-Louis Augé, prend la route de l’exil. Conduit par Jeanne Astre, notre apatride est guidé vers un Sud-Ouest rural et nourricier où le chasseur retrouve un peu l’énergie de l’enfance. Un passage qui signe également la fin de la sculpture et lance définitivement le Russe dans la voie de la peinture. » n

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Exposition « Georges Arte-moff : les années d’avant-guerre » au Musée de Lavaur jusqu’au 16 septembre 2018. Cette exposition, première en son genre en France, présente des œuvres de l’artiste réali-sées à Istanbul, Paris, Ajaccio et Sorèze entre 1913 et 1940.

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LA SEMAINE POLONAISE À TOULOUSE. CLÔTURE.SAMEDI 6 OCTOBRE À 10 HTable ronde « Paderewski, l’art pour la liberté », organisée dans le cadre de la Semaine Polonaise de Toulouse. Séance animée par Jésus Aguila et Stefan Keym. Avec la participation de Aleksandra Kłaput-Wiśniewska, Marek śebrowski et Daniel Artymowski.

L’année 2018 est celle des commémorations du centième anniversaire de l’événe-ment majeur de l’Histoire, celui de la fin de la Première Guerre. Cette date est éga-lement capitale dans l’histoire de la Pologne, non seulement parce qu’elle marque la fin de la guerre dont le pays fut le théâtre, mais aussi parce qu’elle correspond à sa renaissance après une période de sujétion, longue de plus d’un siècle.Ignacy Jan Paderewski incarne à la fois l’engagement politique et le rayonnement de la culture polonaise. Compositeur, pianiste et homme d’État, il a consacré sa vie à la cause polonaise, menant de nombreuses actions philanthropiques, finan-çant musées, monuments, salles de concert, bourses aux étudiants et secours aux soldats polonais. Délégué – en tant que chef de l’État polonais à peine ressuscité – à la Conférence de Paix, il a plaidé la reconstruction et la configuration territo-riale du pays conforme aux aspirations des Polonais et aux propositions des alliés.

La semaine polonaise est un événement culturel annuel proposé par le dépar-tement de polonais de l’université Toulouse Jean-Jaurès.Conférences, débats, expositions, projections de films, concerts de piano et de chant.Tout le programme sur www.semainepolonaise.webnode.fr

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l e g r a n d d é s a s t r et y r a n n i e d u p r o g r è s

ennemie, aux prisonniers de l’Alle-magne ou aux soldats continuant encore à se battre à Arkhagelsk et à Odessa.Un livre-hommage aux Français ordinaires qui ont vécu la fin de la Grande Guerre. n

RÉMI CAZALS est professeur émérite d’histoire à l’université Toulouse Jean-Jaurès. Il a beaucoup travaillé sur la question du témoi-gnage populaire et a publié plu-sieurs textes de ce type, en particu-lier Les Carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier (La Découverte, 1997).

TémoignagesLe 11 novembre 1918, 11 h, signa-ture de l’armistice… Comment ont réagi, après tant d’annonces diffé-rées d’une fin proche et d’espoirs déçus, les Français ordinaires ? Oscillant entre incrédulité, soula-gement, joie intense ou volonté de fraternisation, une centaine

de témoignages authentiques et inédits, issus de correspondances ou des carnets personnels, donne la parole, un siècle plus tard, aux soldats, fantassins ou artilleurs, hospitalisés ou en permission, aux civils de France ou habitants des territoires occupés par l’armée

La fin du cauchemar RÉMI CAZALS

samedi 22 septembre à 16 h Rencontre avec Rémi Cazals autour de La fin du cauchemar. 11 novembre 1918, son ouvrage paruaux éditions Privat.

Insouciances du cerveau EMMANUEL FOURNIER

jeudi 4 octobre à 17 hRencontre avec Emmanuel Fournier autour de Insouciances du cerveau, son ouvrage paru aux éditions de l’Éclat.

EMMANUEL FOURNIER est l’auteur d’une œuvre complexe qui

interroge les conditions formelles et matérielles de la pensée par des recherches philosophiques autour de l’infinitif (Croire devoir penser, 1996 ; L’infinitif des pensées, 2000 ; Philosophie infinitive, 2014), des essais sur le cerveau (Creuser la cervelle, 2012), ou des investiga-tions au trait qui proposent une grammaire du dessin (La même chose, 1993 ; 36 morceaux & Mer à faire, 2005). Il est par ailleurs pro-fesseur à Sorbonne, où il enseigne l’éthique et la physiologie.

Carte du cerveauDepuis quelques années, avec le développement exponentiel de la neuroscience cognitive, de la neuroimagerie, de la neuropsy-chologie, on accorde une place toujours plus grande au cerveau, qui régenterait désormais non seulement notre pensée, mais aussi nos émotions, nos doutes, nos amours, etc., au point que ce n’est plus tant l’humain qui pense, est ému, doute, aime etc., mais la « matière cérébrale », promue au rang d’ordonnatrice despotique de nos vies et de nos espérances.La rumeur neuroenthousiaste emboîte le pas et suit la science sur une carte du cerveau qui res-semble de plus en plus à la carte du Tendre d’une Mademoiselle de Scudéry devenue « neurolo-gienne ».Après Creuser la cervelle (PUF, 2012), Emmanuel Fournier, avec cet « esprit » si particulier qui n’a été repéré sur aucune image du cerveau, dresse un réquisitoire d’insouciance contre ce nouvel ordre cérébral qui, à force de neu-rocertitudes, nous prépare, à nous

écervelés, un monde d’encervelés à la merci des Pères Ubu de la neu-roquelquechose.« À partir de cette insouciance qu’on pourrait appeler « de décharge », le livre développe toute une gamme d’insouciances à jouer, insouciances de dédouble-ment, de retournement, de distan-ciation… qui comprennent l’idée de cerveau comme un refuge d’imaginaires et d’aspirations très peu scientifiques, et qui acceptent affectueusement les raisons que nous avons de nous représenter de cette manière. Pour autant, ces insouciances ne dispensent pas de penser. » Emmanuel Fournier, Insouciances, mode d’emploi. n

Vous avez dit libre-échange ?JACQUES BERTHELOT

mercredi 19 septembre à 18 h 30Rencontre avec Jacques Berthelot autour de son ouvrage Vous avez dit libre-échange ? paru aux éditions de l’Harmattan. Rencontre animéepar Jean-Pierre Crémoux, en partenariat avec Les Amis du MondeDiplomatique.

dont le PIB par tête est vingt-et-une fois inférieur au sien. Cet accord de « Partenariat » Éco-nomique (APE) lui ferait perdre 76 % de ses recettes douanières sur ses importations de l’UE et entraînerait une forte montée du chômage par la perte de compé-titivité de ses entreprises. Dans ce contexte il est très utile d’ana-lyser les multiples manœuvres et contre-vérités utilisées par la Commission européenne pour imposer l’APE de l’AO et les APEi de Côte d’Ivoire et du Ghana. n

JACQUES BERTHELOT est membre du conseil scientifique d’ATTAC. Maître de conférences en économie retraité de l’École Nationale Supérieure Agrono-mique de Toulouse, il analyse les politiques agricoles au profit d’organisations paysannes, dont le ROPPA en Afrique de l’Ouest et des ONG qui les assistent, dont SOL qui publie ses analyses.LA FUITE EN AVANT de l’Union européenne (UE) dans des Accords de libre-échange atteint le summum de l’absurdité en les imposant à l’Afrique de l’Ouest

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r e v i s i t e r l e s c o n f l i t sé c r i r e l ’ h i s t o i r e

lences sexuelles, l’engagement des femmes et des enfants, la méde-cine de la guerre, l’enrôlement des soldats coloniaux, l’expérience de la captivité, les deuils, etc.Cet ouvrage reflète une approche globale et interdisciplinaire du « phénomène guerrier ». Des histo-riens, mais aussi des politologues, des sociologues ou des anthropo-logues (en tout 55 chercheurs et chercheuses de 6 nationalités dif-férentes) livrent ainsi un ouvrage de référence tourné vers le grand public.Coordination de l’ouvrage : Tho-mas Dodman, Hervé Mazurel et Gene Tempest. n

BRUNO CABANES est profes-seur d’histoire contemporaine à Ohio State University, où il occupe la chaire Donald et Mary Dunn d’histoire de la guerre. Il est l’auteur notamment de La victoire endeuil-lée (Seuil, 2004), de Août 14. La France entre en guerre (Gallimard, 2014) et de Les Américains dans la Grande Guerre (Gallimard, 2017).

Phénomène guerrierUne somme sans équivalent sur la guerre, dans tous ses aspects et toutes ses dimensions, et sur ses transformations à l’âge des États-nations. L’histoire de la guerre proposée ici est une histoire de

la guerre, et non l’histoire de la guerre. Sans négliger la stratégie et les chefs de guerre, cet ouvrages explore à parts égales les mondes combattants et civils, le front et l’arrière, les événements militaires et leur impact sur les sociétés et les cultures, la mobilisation des institutions politiques et mili-taires ou de l’économie comme celle des affects et des croyances, ou encore les effets de la guerre sur les corps et les esprits, à tra-vers de grandes thématiques étudiées dans la durée : la guerre et l’environnement, l’évolution des technologies, le prix de la guerre, la conscription, le volon-tariat, l’arme de la faim ou les vio-

Une histoire de la guerre BRUNO CABANES

lundi 8 octobre à 18 h Rencontre avec Bruno Cabanes autour de Une histoire de la guerre. Du XIXe siècle à nos jours, ouvrage collectif dont il est le directeur, paru aux éditions du Seuil.

Une histoire populaire de la FranceGÉRARD NOIRIEL

mercredi 3 octobre à 18 h Rencontre avec Gérard Noiriel autour de son ouvrage paru aux éditions Agone, Une histoire populaire de la France. De la guerre de Cent Ans à nos jours.

GÉRARD NOIRIEL est historien et directeur d’études à l’E.H.E.S.S. Il a notamment travaillé sur l’arti-culation de l’immigration, de la nation et des sentiments xéno-phobes. Gérard Noiriel a collaboré à de nombreux ouvrages publiés aux éditions Agone et est l’auteur de Chocolat, La véritable histoire d’un homme sans nom (2012)

et de Qu’est-ce qu’une Nation ? (2015), tous deux parus aux édi-tions Bayard.

Domination/résistanceCette histoire se veut « popu-laire » au sens où elle s’adresse au grand public, mais aussi en raison de son objet. Le but est de mon-

trer, preuves historiques à l’appui, que ce ne sont pas les « grands hommes » (ni « les grandes femmes ») qui font l’histoire, mais le peuple. Pour que « ceux d’en bas » puissent constituer un véri-table « peuple » (au sens politique du terme) et non plus une simple population d’individus répartis sur un territoire, il faut qu’ils soient liés entre eux. Ce lien, ce n’est pas le « sentiment d’appartenance à la nation » – comme veulent nous le faire croire les idéologues républi-cains – mais la domination exercée par le pouvoir d’État et les résis-tances de ceux qui la subissent.Dans cette perspective, l’histoire populaire de la France débute avec le prélèvement des impôts directs sur ses sujets, coup de force qui suscite un immense mouvement de révolte au cours duquel s’opère la jonction du peuple des villes et du peuple des campagnes.En prenant comme fil conduc-teur ce processus de domination/résistance, l’ouvrage éclaire sous un jour nouveau tous les grands événements qui ont scandé l’his-toire de la France depuis la fin du Moyen-Âge (l’esclavage, la coloni-sation, les migrations, les révoltes et les révolutions, les guerres, les crises économiques et politiques).« La France » étant ici définie comme l’ensemble des territoires qui ont été placés, à un moment où un autre, sous la coupe de l’État français (ce qui inclut toutes les possessions coloniales), cet ouvrage est aussi un monument élevé aux multiples compo-santes des classes populaires qui ont construit ce pays, depuis le XIVe siècle jusqu’aujourd’hui. n

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a c c é l é r a t i o nv e r t i c a l i t é

la politique. Emmanuel Macron est le personnage héroïque d’une modernité où les élites ont déserté les valeurs de dette, de justice et d’égalité au profit de la perfor-mance et de l’efficacité. Il est le miroir de cette époque, de son éthique et de ses mœurs. Par un tour de prestidigitateur dont l’His-toire réserve quelques surprises, il est parvenu à se présenter comme un homme nouveau, surfant sur une vague de dégagisme, alors même que dès son accession à la magistrature suprême, il s’em-presse de mettre en œuvre les vieilles « recettes » néolibérales dont le rejet populaire avait favo-risé son élection. » n

ROLAND GORI est professeur émérite de psychopathologie cli-nique à l’université d’Aix-Marseille et psychanalyste. Il a été en 2009 l’initiateur de l’Appel des appels. Il est l’auteur de nombreux livres, parmi lesquels La dignité de pen-ser (2011), La fabrique des impos-teurs (2013) et Un monde sans esprit (2017), tous trois publiés aux éditions Les Liens qui Libèrent.

Les contradictionset les périlsNous vivons un moment politique complètement inédit dont l’élec-tion de Macron est à la fois le sym-bole et l’accélérateur. Une vertica-lité renforcée du pouvoir qui défie tous les corps intermédiaires ou les institutions et une horizontalité

accrue de la société par les forces conjuguées du libéralisme écono-mique, fondées exclusivement sur l’efficacité et la rentabilité, et du numérique. Cette disjonction est-elle tenable ?… Voici une remar-quable analyse du temps présent de Roland Gori qui en démontre toutes les contradictions et les périls.« Les hommes politiques res-semblent plus à leur époque qu’à l’idéologie dont ils se réclament. La nôtre ne fait pas exception. Il fallait à notre pays un certain culot pour élire à la magistrature suprême un jeune homme quasiment inconnu, séducteur autant que travailleur, sympathique et chaleureux autant que profondément autoritaire, négociateur habile du compromis autant que “traître” méthodique, homme d’affaires autant que phi-losophe, bousculant allégrement tous les échelons traditionnels de

La nudité du pouvoir ROLAND GORI

jeudi 27 septembre à 18 h Rencontre avec Roland Gori autour de La nudité du pouvoir, son ouvrage paru aux éditions Les Liens Qui Libèrent.

La caste LAURENT MAUDUIT

mardi 25 septembre à 18 h 30 Rencontre avec Laurent Mauduit autour de La caste, son essai paruaux éditions La Découverte.

LAURENT MAUDUIT com-mence sa carrière de journaliste en 1979 au Quotidien de Paris. Chef du service économique de Libé-ration jusqu’en 1994, il entre au Monde pour une quinzaine d’an-nées. Cofondateur de Mediapart, Laurent Mauduit a déjà publié une quinzaine d’ouvrages, principale-

ment des essais sur la gauche fran-çaise et des livres d’enquête, dont le récent Main basse sur l’infor-mation (Don Quichotte, 2016).

SystèmeoligarchiqueLa victoire d’Emmanuel Macron à l’élection présidentielle n’est pas seulement la conséquence acci-dentelle d’un séisme historique qui a vu l’implosion du Parti socia-liste et du parti Les Républicains. C’est aussi et surtout l’aboutisse-ment d’une histoire longue, celle de la haute fonction publique fran-çaise, notamment l’Inspection des finances, qui a progressivement cessé de défendre l’intérêt général au profit de ses seuls intérêts, ceux de l’oligarchie de Bercy. Pour com-prendre cette trahison des élites publiques et décrypter les débuts de ce quinquennat qui en résulte, il faut se plonger dans l’histoire de cette caste.Dans les années 1980, d’abord, lorsqu’elle réalise grâce aux pri-vatisations un hold-up sur une bonne partie du CAC 40 et de la vie française des affaires. Puis peu à peu s’installe, par le biais de pan-touflages ou de rétro-pantouflages de plus en plus fréquents, en consanguinité constante avec le monde de la finance pour lequel elle privatise quelques-uns des postes-clés de la République. En servant alternativement la gauche et la droite, mais en défendant perpétuellement les mêmes poli-tiques néolibérales, elle est fina-lement parvenue à installer une tyrannie de la pensée unique, rui-nant la notion d’alternance démo-cratique.

C’est cette enquête que cet essai sur la caste s’applique à mener : en dressant un méticuleux état des lieux du système oligarchique français ; en se replongeant dans les innombrables combats menés par les défenseurs de la Répu-blique – en 1848, en 1936 ou encore en 1945 – afin que celle-ci dispose d’une haute fonction publique conforme à ses valeurs. L’élection de Macron atteste que ce combat démocratique, si sou-vent perdu, est plus urgent que jamais. n

Des vélos dans la villeLAURENT CHAMBAUD

samedi 29 septembre à 16 hRencontre : Vélo et qualité de vi [ll] e, la transition écologique au service de notre santé ? Exposition de photographies extraites du livreDes vélos dans la ville de Laurent Chambaud (Presses de l’EHESP)et dédicace de l’ouvrage.

Conférences UT2J LISST-Cieu. Hugues Bernard, Président de la Maison du Vélo, Nicolas Carrié, Responsable de la Vélo-École à la Maison du Vélo. Thierry Suaud, Conseiller régional, Transition écologique et énergétique. Jac-queline Winnepenninckx-Kieser, Conseillère métropolitaine de Toulouse Métropole, déléguée aux modes doux. En partenariat avec l’Atelier Santé Ville et REP-POP, la Maison du Vélo. n

IL EXISTE UN LIEN complexe entre la santé, le climat et nos espaces de vie. L’aménagement de nos centres urbains doit répondre à des exigences multiples : den-sifier les zones d’habitation tout en privilégiant la santé publique, la mobilité urbaine et le respect des exigences environnementales comme la qualité de l’air.Laurent Chambaud, Médecin, Directeur de l’École des Hautes Études en Santé Publique. Sinda Haoues-Jouv, maîtresse de

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v e r s l e s i g n i f i a n tl e c h a m p d e l a p a r o l e

nant une esquisse de définition pour attirer les différents sens, les différents reflets de sens autour de ce signifiant. Je n’ai pas livré de savoir-faire sur l’utilisation de ce signifiant. J’ai fait le pari que ce signifiant pouvait provoquer un écho chez le clinicien, le pro-fessionnel. Je voulais qu’il prenne de l’ampleur et voir jusqu’où cette expression pouvait aller […]Vous dites psychose ordinaire, quand vous ne reconnaissez pas des signes évidents de névrose, et ainsi, vous êtes conduit à dire que c’est une psychose dissimu-lée, une psychose voilée. Une psy-chose difficile à reconnaître telle quelle, mais que je déduis de petits indices variés. » n

JaCques-alain miller, exTraiT

de effeT reTour sur la PsyChose ordinaire, QuarTo n° 94-95

(2009).

Psychosesau xxie siècleLa psychose ordinaire ? C’est-à-dire ? À savoir ? Scilicet ? À partir de leur expérience clinique, deux Analystes de l’École de la Cause Freudienne s’entretiennent devant nous, s’entretiennent avec nous de ce livre « incomplet » et « incohé-

rent » qui cherche à faire entendre « le réel en jeu dans la langue de la psychanalyse. »Ce volume n’est pas ordinaire, ce n’est pas un dictionnaire sur les psychoses, ordinaires ou extraordi-naires, ce n’est pas un manuel sur leur usage sous transfert, c’est une élaboration faite au un par un par 109 psychanalystes de l’associa-tion mondiale de psychanalyse sur 108 termes choisis très divers qui font apercevoir un paysage inédit : celui des psychoses au XXIe siècle et leur traitement avec la psycha-nalyse lacanienne.« La psychose ordinaire n’a pas de définition rigide. Tout le monde est le bienvenu pour donner son sentiment et sa définition de la psychose ordinaire. Je n’ai pas inventé un concept avec la psy-chose ordinaire. J’ai inventé un mot, j’ai inventé une expression, j’ai inventé un signifiant, en don-

Les psychoses ordinaires et les autresHÉLÈNE GUILBAUD, BÉNÉDICTE JULIEN

samedi 22 septembre à 10 hL’Association Cause Freudienne Midi-Pyrénées rencontre Hélène Guilbaud et Bénédicte Julien,Analystes de l’École de la Cause Freudienne, autour de l’ouvrage collectif Scilicet 2018 :les psychoses ordinaires et les autres.

Lire et écouter Jacques LacanLA CAUSE FREUDIENNE

lundi 1er octobre à 17 h 30 #1 : Dominique HermitteLire et écouter Jacques Lacan : quatre lundis d’échanges proposées par l’Association CauseFreudienne Midi-Pyrénées. Dominique Hermitte : « Le corps qu’on a et le genre que l’on se donne ».

Pourquoi lire etécouter JacquesLacan aujourd’hui ?Parce que « c’est le monde des mots qui crée le monde des choses » (Lacan J, “Fonction et champ de la parole et du langage” Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 276) les remaniements qui affectent les discours sur lesquels se fondent le lien social, transforment le goût de la vie.Parce que de « démocratie illibé-rale » en renvoi des « fugitifs » (ren-dons à Le Clézio ce qui lui revient d’avoir nommé si justement) à la

mer, de ségrégation en promotion de faits alternatifs, de Vérité majus-cule en gangrène de nos discours par l’idéologie de l’évaluation, de dépeçage du sujet et de sa vie en comportements rééduqués à la découpe, le « malaise dans la civi-lisation » menace de virer à l’im-passe.Trois psychanalystes, chacun à leur manière, s’emploient à puiser dans les textes et les paroles de Jacques Lacan des ressources pour concevoir le mouvement qui nous emporte. n

PROCHAINES RENCONTRES DU CYCLE LIRE ET ÉCOUTER JACQUES LACAN• 5 novembre : Christiane Alberti, Paroles de femmes• 3 décembre : Francis Ratier,

l’Histoire, l’histoire• 14 janvier :Échanges croisés

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JEUDI 4 OCTOBRE À 20 H.AU CENTRE DES JUIFS LIBÉRAUX DE TOULOUSERencontre avec Jean-Jacques Rassial autour de Manifeste déiste d’un psychanalyste juif, paru aux éditions érès. Au Centre communautaire et culturel de l’Association des Juifs Libéraux de Toulouse, en présence du Rabbin Stephen Ber-kowitz, en dialogue avec l’auteur.

JEAN-JACQUES RASSIAL est psychanalyste, membre d’Espace Analytique, et Pro-fesseur des universités. Il est notamment l’auteur, aux éditions érès du Passage adolescent (1996), Cours traité de pratique psychanalytique (2011), Le sujet en état limite (1999, réédition poche 2017).La question de Dieu est relancée, dans le monde contemporain, par les religions et les limites des athéismes. L’auteur développe une conception déiste, donc ni religieuse ni athée, issue du judaïsme, qui serait pertinente pour penser le statut de l’Autre et de l’altérité dans la psychanalyse.L’influence des religions, en particulier sous une forme intégriste voire sectaire, et les limites des athéismes associés à des sociétés totalitaires relancent la question de Dieu dans le monde contemporain. Depuis Freud, « juif infidèle », comme il se définit, jusqu’à Lacan, pour qui la « religion vraie », c’est la catholique, la ques-tion de la religion, de la religiosité mais aussi de la fonction psychique et sociale de Dieu traverse la psychanalyse, à partir du fondement de la relation à l’Autre, qu’il soit représenté par la Mère, le Père ou le Maître. La dimension juive de la psychanalyse s’inscrit dans une orientation déiste (un dieu en retrait du monde) en rapport avec la tradition juive et ses conceptions modernes, depuis Spinoza jusqu’à Hans Jonas.« L’essence de cet Autre reste énigmatique chez Lacan, se prêtant à de multiples interprétation. Il en est proposé une ici, qui associe cette figure de l’Autre au Dieu paradoxal des juifs, conçu comme irrémédiablement à la fois immanent et retiré du monde, c’est-à-dire lui aussi marqué d’une barre. Dieu serait alors le nom de l’Autre en tant qu’il n’a pas besoin d’existence ni de présence et sans incarnation possible ». Jean-Jacques RassialLe Centre communautaire et culturel de l’Association des Juifs Libérauxde Toulouse • 4 rue des Feuillants • 31300 ToulousePa

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j eunesse 35mercredi 26 septembre 14 h 30-16 h

Atelier créatif Biscoto : « Créer un pos-ter », avec Zelda Pressigout, artiste et illustratrice de bandes dessinées.

Les enfants feront leur autoportrait et s’intervieweront pour faire un poster mixte dessin/texte qui les présen-tera au lecteur de manière drôle.Biscoto, le journal indépendant de bande dessinée pour les enfants, propose des ateliers tout au long de l’année pour créer un journal entièrement imaginé et dessiné par les enfants ! À chaque atelier, une rubrique sera réalisée, pour qu’à la fin de l’année, le journal soit complet. C’est aussi l’occasion de rencontrer plusieurs membres de l’équipe de Biscoto, jeunes auteurs et autrices de bande dessinée et éditrice… Dessin, écri-ture, photo, ça va remuer les méninges, les yeux, et les mains, un vrai travail d’équipe !

PARTICIPATION : 15 euros par atelier ou 70 euros pour les 6 ateliers hors vacances. 15 euros par atelier pendant les vacancesscolaires.

Prochains rendez-vous les mercredi 21.11, 16.01, 20.03, 15.05, 05.06 (hors vacances), et les mercredi 31.10, 06.03 et le jeudi 02.05 (vacances scolaires).

ÂGE : de 7 à 12 ans

NOMBRE DE PARTICIPANTS : 10

Inscription obligatoire auprès du rayon Jeunesse 05 34 45 53 37 ou à [email protected]

samedi 6 octobre 16 h 30Rayon jeunesseLecture d’albums par le duo d’artistes Icinori à l’occasion la sortie de l’album jeunesse Et puis aux éditions Albin Michel. À partir de 5 ans.

MAYUMI OTERO et RAPHAEL URWILLER sont diplômés des arts décoratifs de Strasbourg. Ces deux illustrateurs ont fondé les éditions expérimentales Ici-nori, au sein desquelles ils développent leurs univers, travaillant en duo ou de façon indépendante. Passion-nés d’estampes, nourris d’imagerie populaire et de des-sin contemporain, ils travaillent avec autant de plaisir pour la presse, pour l’édition (Sarbacane, Actes Sud Junior, Thierry Magnier, etc.) que pour tout autre type de média.Et puis se construit en douze tableaux, comme une pièce de théâtre divisée en douze actes. Cinq person-nages-outils transforment le décor au fil des mois et des saisons. Chaque mois est marqué par de nouveaux changements et, selon le personnage que l’on suit, c’est une histoire différente qui est racontée, tandis qu’en arrière plan le décor évolue.Les lectures d’albums seront suivies d’un goûter et d’une dédicace dans le rayon Jeunesse.

LECTURES ET CONFÉRENCES AU GOETHE-INSTITUTDANS LE CADRE DE LA QUINZAINEFRANCO-ALLEMANDE EN OCCITANIE

Dans le cadre de la Quinzaine franco-allemande en OccitanieGoethe-Institut • 4, Bis Rue Clémence Isaure • 31000 Toulouse 05 61 23 08 34Toute la programmation sur www.15francoallemandeoccitanie.fr

Dans l’ombre de la réconciliationLes médiateurs entre la France et l´AllemagneJEUDI 20 SEPTEMBRE à 19 h / Goethe-Institut

Pierre Boulez, Ariane Mnouchkine et Peter Slo-terdijk sont des médiateurs culturels entre la France et l’Allemagne. Dans leur publication Dans l’ombre de la réconciliation, Nicole Colin et Joachim Umlauf examinent le phénomène du médiateur comme traducteur culturel après 1945, à l’exemple de la coopération franco-allemande.

AVEC LE PRINTEMPS DE SEPTEMBRE

Alexander Kluge : La chronique des sentimentsJEUDI 20 SEPTEMBRE à 20 h 30 / Goethe-Ins-titut

Alexander Kluge est connu pour sa filmo-graphie abondante et variée. Il est un acteur important de la littérature allemande actuelle. Son originalité réside dans une manière de par-ler de la réalité contemporaine en s’appuyant à la fois sur son immense culture classique et sur un maniement très original de la fiction, à tra-vers, le plus souvent, de brèves séquences qui sont autant d’apologues. À travers un ciné-lec-ture, présentation de cette œuvre monumen-tale, qui paraît aux éditions P.O.L sous le titre de Chronique des sentiments.

Mémoires allemandes en OccitanieLUNDI 24 SEPTEMBRE 2018 à 18 h 30 / Goethe-Institut

La publication du dictionnaire-anthologie Le Sud-Ouest de la France et les Pyrénées dans la mémoire des pays de langue allemande au XXe siècle (dir. Hélène Leclerc, Le Pérégrinateur éditeur) est l’occasion d´un voyage à travers le temps sur les traces d’écrivains allemands ayant découvert le Sud-Ouest et les Pyrénées. Lecture bilingue en français et en allemand par Antje Cornelissen et Thomas Niklos.

Heinrich Mann, La Dépêche et Henri IVLUNDI 1er OCTOBRE 2018 à 19 h / Goethe-Institut

Éminente figure de la littérature allemande moderne, Heinrich Mann (1871-1950) aimait pro-fondément la France: artistiquement, politique-ment, intellectuellement. Dès 1933, elle devenait une terre d’exil où il créa son œuvre Le roman d’Henri IV et prit régulièrement la parole dans La Dépêche pour critiquer l’Allemagne fasciste. À l’occasion des rééditions par Hans Hartje (Pau) et Wolfgang Klein (Berlin) de cette importante créa-tion romanesque et journalistique, nous invitons les deux chercheurs afin de mettre la lumière sur l’engagement littéraire et politique de Heinrich Mann dans les années 1920 et 1930 en faveur du rapprochement et de l’amitié franco-allemands.

Alexander Kluge.

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b djeunesse / b d 3736vendredi 28 septembre à 17 h

Rayon BDDédicace de Thomas Gilbert pour Les Filles de Salem – Comment nous avons condamné nos enfants, son album paru aux éditions Dargaud.

THOMAS GILBERT est né en 1983. il commence sa carrière d’auteur en 2009, avec la sortie du premier tome de deux séries, Oklahoma Boy (Manolosanctis) et Bjorn le Morphir (Casterman).Aujourd’hui, il a dessiné plusieurs albums jeunesse et signé en solo des projets plus personnels pour adultes. Dans ses albums, Thomas recherche un lien fort avec le lecteur en creusant des questionnements qui l’in-terpellent, en espérant le remuer, lui faire partager ses émotions, son énergie. Il travaille à l’atelier Mille, à Bruxelles, un endroit qu’il partage avec d’autres auteurs de bandes dessinées.Abigail Hobbs a 17 ans. Elle habite Salem. Demain, elle sera morte, pendue avec vingt autres jeunes femmes de sa ville pour sorcellerie… Une plongée passion-nante et terrifiante dans l’univers étriqué et oppres-sant de la colonie de Salem, en Nouvelle-Angleterre, au XVIIe siècle. Un village dont le nom restera tristement célèbre pour l’affaire dite des « Sorcières » qu’Abigail nous raconte, elle qui fut une des victimes de l’obscu-rantisme et du fanatisme religieux à l’œuvre. Tout com-mence quand un jeune garçon lui offre un joli petit âne en bois sculpté…Un roman graphique percutant sur les dérives de l’ex-trémisme.

jeudi 4 octobre à 19 hRencontre avec Fabien Vehlmann et Gwen de Bonneval autour de Polaris. La nuit de Circé, leur album paru aux éditions Delcourt. En conversation avec Capucine Moreau, sexologue.

FABIEN VEHLMANN est né en 1972 à Mont de Mar-san. Il vit près de Nantes. Après des études à l’École Supérieure de Commerce de Nantes, il s’oriente vers la bande dessinée en qualité de scénariste, n’hésitant pas à jongler avec les thèmes et les styles (jeunesse, histoire, fantastique, polar, humour noir, SF, conte...). Il a signé les scénarios du Diable amoureux et autres films jamais tournés par Méliès (Dargaud, 2010), de L’Île aux cent mille morts (Glénat, 2011) et de L’Her-bier Sauvage (Soleil, 2016).GWEN DE BONNEVAL est dessinateur et scénariste. Il est né en 1973 à Nantes, où il vit aujourd’hui. Muni d’un bac littéraire, il monte une boîte de communica-tion, sans grand succès, fait de la maquette puis dessine pour Disney. Sa rencontre avec Fabien Velhmann don-nera naissance à la série Samedi et Dimanche (Dar-gaud). Il a également été rédacteur en chef de la revue Capsule Cosmique et directeur de collection des édi-tions Sarbacane. Il a récemment signé les scénarios des trois tomes de Bonneval Pacha (Dargaud ), de Varulf (Gallimard, 2013) et de Adam et Elle (Glénat, 2013).Fabien Vehlmann et Gwen de Bonneval ont réalisé ensemble Les derniers jours d’un immortel (Futuro-polis), prix du meilleur album, Utopiales 2010.Jeanne sépare soigneusement sa vie de flic et ses acti-vités libertines nocturnes. Mais cette frontière vole en éclats quand elle va devoir enquêter sur le meurtre d’une jeune femme impliquant Circé, un cercle mys-térieux cherchant à réinventer l’art érotique grâce à d’étonnants jeux sous contraintes, comme l’Oulipo le fit jadis avec la littérature..

samedi 13 octobre 16 h0Rayon jeunesseLecture d’albums pour les enfants de 4 à 7 ans par Shanna Banana et Déhlia Denoir, drag-queens.

Avec humour, sans gêne, décalage et bienveillance, Shanna Banana et Déhlia Denoir proposent d’aller au-delà des apparences et despréjugés en présentant aux enfants des albums qui bousculent les idées reçues et aident à penser la diffé-rence. Cette lecture, en lien avec la venue des éditions Talents Hauts le jeudi 18 octobre et s’inspirant d’un projet américain né à San Francisco en 2015, a pour but d’aider les enfants à trouver la force et le plaisir d’être vraiment eux-mêmes, et à accepter les autres tels qu’ils ou elles sont.Artistes habituées aux scènes de l’hexagone, Shanna Banana et Déhlia Denoir ont décidé de se prêter au jeu de cette rencontre inattendue, mais aux échanges riches et surprenants. Elles seront accompagnées par Jul Nespoulous, enseignante, pour répondre aux ques-tions des enfants sur les différents textes lus.

samedi 4 septembre à 16 hRayon BDDédicace de Mathieu Sapin à l’occasion de la projection en avant-première de son film Le Poulain à Toulouse.

MATHIEU SAPIN est né en 1974. Avec une quaran-

taine de livres à son actif, il est l’un des auteurs les plus insaisissables de sa génération. Aucun style n’effraie celui qui partagea l’atelier de la Société nationale de bande dessinée avec Christophe Blain, Riad Sattouf et Joann Sfar.

Arnaud Jaurès, 25 ans, novice en politique, intègre par un concours de circonstances l’équipe de campagne d’un candidat à l’élection présidentielle. Il devient l’as-sistant de Agnès Karadzic, directrice de la communica-tion, une femme de pouvoir et d’expérience qui l’attire et le fascine. Sans l’épargner, elle l’initie aux tactiques de campagne, et à ses côtés il observe les coups de théâtre et les rivalités au sein de l’équipe, abandonnant peu à peu sa naïveté pour gravir les échelons, jusqu’à un poste très stratégique. Le Poulain de Mathieu Sapin. Avec Alexandra Lamy, Finnegan Oldfield, Gilles Cohen, Valérie Karsenti et Phi-lippe Katerine. Sortie officielle mercredi 19 septembre. Lieu de projection de l’avant-première à confirmer.

samedi 22 septembre à 17 hRayon BDDédicace de Claire Duplan pour Camel Joe, son album paru aux éditions Rue de l’Échiquier.

CLAIRE DUPLAN est née à Paris en 1992. Elle est illustratrice et auteure de bande dessinée. En 2016, elle est diplômée de l’École nationale supérieure des Arts décoratifs avec son projet de fanzine fémi-niste None of my Jelly Roll, qui, sous forme de bandes dessinées et de photos-romans, compile récits, témoignages et regards sur l’actualité. Elle s’efforce de créer une imagerie féministe contemporaine qui conjugue armation radi-cale, couleurs et légè-reté. Elle est fermement convaincue que l’émancipa-tion réside dans le partage, la dérision et l’empathie.Jeune illustratrice d’aujourd’hui, Constance se venge des mille et une agressions quotidiennement subies par les femmes dans une bande dessinée de son cru, intitulée Camel Joe, qui célèbre la vie trépidante d’une justicière anti-macho. Une forme de défoulement qui pourrait se concrétiser par une publication profession-nelle… Mais encore faudrait-il que la jeune femme, par-fois traversée par le doute, ose s’armer davantage. Heu-reusement, il y a sa bande de copines, son petit ami, les concerts de Worst Coast, son groupe préféré, sans oublier Camel Joe elle-même : qui sait si cette bombe de papier n’existe pas pour de vrai ?Du bon usage des leggings, du camel toe, du sang mens-truel et des emportements contre tous les relous…

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A U C A F É C Ô T É C O U R> mercredi 5 septembre à 12 hLes rencontres FLE.

Chaque 1er mercredi du mois, le Café des Langues vous accueille pour une rencontre entre formatrices et forma-teurs de FLE, alpha, FLI… afin d’échanger sur nos pra-tiques et nos problématiques dans la convivialité, l’écoute et le partage.Prochaine rencontre : mercredi 3 octobre à 12 h

> samedi 8 septembre à 11 hInformations tandems linguistiques.

Je t’apprends ma langue, tu m’apprends la tienne ! Venez vous renseignez sur les tandems linguistiques ! Les bénévoles de l’association Toulangues vous accueillent et vous informent.Plus d’infos sur www.toulangues.org

> lundi 17 septembre à 17 h 30Classiques au détail avec Yves Le Pestipon.

Madame de La Fayette, La Princesse de Clèves : du début à « l’admiration de leur siècle »Chacun connaît La Princesse de Clèves, mais ses secrets sont bien gardés. On a récemment pu manifester pour la défendre. On a même pu tourner un film intitulé Nous, princesses de Clèves. Cette étonnante histoire, écrite par Marie-Madeleine Pioche de La Vergne, comtesse de La Fayette, qui veilla à ne pas certifier l’avoir écrite, est un monument national. On le dit sublime, mais son héroïne, qui donna jusqu’à sa mort « des exemples de vertus inimitables », produisit la mort de son mari, celle de sa mère, fit le désespoir d’un homme au temps d’un roi qui eut pour maîtresse adorée, l’ex maîtresse de son père, et qui finit dramatiquement avant que ne commencent vraiment d’épouvantables guerres de religion. Voilà une œuvre terrible, et miraculeuse. Nous commencerons par tenter de lire sa première page : nous serons loin de tout comprendre.Ouvrages : Madame de La Fayette, La Princesse de Clèves (Flammarion). Valincour, Lettres à Madame la Mar-quise sur la Princesse de Clèves (Flammarion). Henriette Levillain, La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette (Folio).

> lundi 24 septembre à 17 h« Leçon » de philosophie politique avec Isy Morgensztern. Qu’en est-il du religieux ?

Le retour du religieux est largement vécu comme un cauchemar. Sans doute à juste titre. Ce cauchemar tou-tefois ne sera pas notre propos direct. Nous nous propo-sons depuis plusieurs cycles de « leçons » de nous pencher – dans notre sphère géopolitique et au-delà – sur des moments où des idéologies se sont cristallisées ou détri-cotées au sein des collectivités dont nous sommes les héri-tiers. Cette fois, nous abordons le « fait religieux ».Émile Durkheim a écrit « Dieu, c’est-à-dire la société ». Ce sera là le cadre de notre investigation. Le projet reli-gieux, l’élaboration des récits, le choix des rituels, les mys-tiques, etc. Qui a produit le matériau religieux et pour-quoi (pour quel usage ?). Qu’en attendent les sociétés et dans une certaine mesure les fidèles ? Et incidemment : pourquoi il y a-t-il des religions différentes et non pas une seule ?Les religions dites « premières ». L’énigme anthropolo-gique.Dans le domaine des sciences humaines rien n’a été plus étudié que les religions des peuples dits « primitifs ». Durkheim, Mauss, Lévi-Strauss, Marc Augé. Et beau-coup d’autres. Si l’on étend l’enquête aux images et aux représentations il faut ajouter Jean Clottes. Un survol de leurs hypothèses mais aussi – et surtout – une tentative de « dire » le religieux au-delà – ou en deçà – de la seule interrogation sur les formes.

> samedi 29 septembre à 11 hCafé psy avec Serge Vallon.

« La Folie dans l’Ordinaire »Comment l’appréhender entre théorie et poésie ? Entre cadre thérapeutique et avatars du social ? Des proposi-tions de lecture seront soutenues par des praticiens psy, commentées et discutées avec le public-acteur du Café psy.

A U C A F É D E S L A N G U E S> jusqu’au 15 septembreDivergence #01 Exposition de photographies par le collectif Strabisme. « Dé-vernissage » vendredi 14 sept. à 18 h

Après un premier évènement éphémère rassemblant le travail de 6 artistes : Myrtille Visscher, Elie Monteferrier, Suzanne Crequy, Armelle Sevre, Pernelle et Tianyu Zhang, présenté en juin dernier, à Microgroove, le col-lectif Strabisme présentera Divergence #01, une exposi-tion mêlant photographie et l’univers scénographique du collectif.

> du 19 septembre au 20 octobreExposition au Café Côté Cour Marianne Rulland – illustratrice, graphiste vernissage vendredi 21 sept. à 18 h

Issue du design graphique et passionnée par les tech-niques d’impression par couches, Marianne Rulland à d’abord ouvert, à la sortie de ses études en 2011, un atelier de sérigraphie à Orléans. Cet atelier a confirmé sa passion pour la couleur, a développé son amour pour l’impres-

sion et la matière, et a affiné son goût et son savoir-faire. C’est après trois années de sérigraphie où elle imprimait sur textile, et deux ans à l’École nationale supérieure de Limoges à l’atelier Édition et impression en tant que responsable d’atelier, qu’elle décide de se tourner vers le dessin, la narration et le livre.Aujourd’hui installée à Toulouse, elle développe un des-sin à mi-chemin entre dessin contemporain et dessin nar-ratif, tout en continuant en parallèle d’enseigner.

Page 21: ombres blanches librairie en ligne ... · Zygmunt Miłoszewski Inavouable p. 14 samedi 13 octobre/11 h Cathy Barasc, Pour un portrait de Jane Bowles p. 23 samedi 13 octobre/16 h Shanna

occitanie en noir et blanc40Un siècle en imagesSANDRINE BOUILLER

samedi 6 octobre à 17 hRencontre avec Sandrine Bouiller autour de son ouvrage Un siècle en images. Le Sud-Ouest vu par Labouche frères, paru aux éditions Privat.

SANDRINE BOUILLER est archiviste iconographe, respon-sables des fonds photographiques aux archives départementales de la Haute-Garonne.

Carte postaleL’histoire de la maison Labouche commence en plein cœur de Toulouse, place du Capitole, et se poursuit, un siècle plus tard, dans le bâtiment des archives dépar-tementales de la Haute-Garonne, où sont conservés plus de 50 000 supports photographiques (des terres basque, catalane, gasconne, occitane, etc.) de la collection Labouche. Ce livre est à la fois une cartographie complète des mœurs et de la vie des départements du Sud-Ouest du siècle dernier, et un hommage à cette maison qui a su passer maître dans l’art de la carte postale. n

Les 10 ans d’Audiolib avec PHILIPPE SOLLIER, comédiensamedi 15 septembre à 16 h (voir page 10-11).