ORIGINE DU PEUPLE BAMILEKE

INTRODUCTIONLe Peuple Bamilk, situ lOuest du Cameroun, dans les grassfields, est un peuple trs dynamique, organis et reprsente lune des ethnies les plus importante du Cameroun, en terme de population et de reprsentation sur ltendue du territoire national. Le territoire quil occupe est situ entre le 4 et le 6 de latitude Nord, et le 9 et 10 de longitude Est, Il couvre une superficie de 6200km. Cest un vaste quadrilatre de hauts plateaux onduls, bords lEst de la valle du Noun, au Sud-ouest par la pleine deffondrement de Mbo, au Sud-est par la dpression du Dibum et au sud par le cours suprieure de la Makomb. Malgr leurs origines et histoire commune, les Bamilks parlent aujourdhui un trs grand nombre de dialectes rpartis sur une centaine de petits royaumes indpendants. Toutefois, ces diffrences nempchent pas de retrouver des lments prsents dans toutes les chefferies et villages Bamilk. Rputs dans tout le pays pour leur sens du commerce, les Bamilks se caractrisent aussi par leurs tendances expansionnistes et leur propension se reproduire trs vite. Ce qui est trs souvent source de conflit dans plusieurs rgions du pays. Nanmoins, on ne peut refuser de leur reconnaitre les qualits de peuple dynamique, organis et solidaire. Enfin, le peuple Bamilk est fortement attach ses racines. Il respecte et entretient les traditions ancestrales, il constitue un peuple paradoxal et surprenant : individualiste mais solidaire, matrialiste et expansionniste, fier mais disciplin.Notre intention est de montrer comment ce peuple, trs souvent critiqu pour tre un peuple trs secret, est organis. Pourquoi et comment cette organisation peut contribuer la paix et au dveloppement au Cameroun? Il sagira dabord de comprendre leurs origines et peuplement(I), ensuite faire ressortir les lments poignants de leur culture(II) et enfin, savoir comment ceci peut contribuer la paix et au dveloppement.TITRE 1: GENESE ET ORGANISATION DU PEUPLEMENT BAMILEKE AU CAMEROUNI. GENESE DU PEUPLEMENT BAMILEKE A-ORIGINE EGYPTIENNELa vrit brute sur les origines et lanthropologie du peuple bamilk a repos dabord sur la tradition orale, rsultante de rcits tiologiques, de rcits historiques, de souvenirs personnels, de commentaires explicatifs, de tmoignages, de notes occasionnelles, de proverbes, de lonomastique (noms de lieux et de personnes), de chansons populaires, de codes et symboles, et dassertions et autres informations dordre gnalogique et dynastique. Une vrit brute qui sera confirme par la rencontre des Baladis et des crits les concernant, ainsi que par le parcours dune partie de la probable trajectoire des Bamilk depuis lEgypte jusquau pays Tikar. Mais avant, les travaux et rflexions de lgyptologue Moustapha Gadalla, en particulier, ont permis de corroborer le lien entre Baladis dEgypte et Bamilk. En outre, des rapprochements linguistiques ont tay la thse de la littrature orale sur la trajectoire des Bamilk au cours de leurs mouvements migratoires depuis les berges du Nil[1].Les Bamilk seraient donc partis de l'gypte mdivale au IXesicle de notre re. Ils arriveront en rgion Tikar vers le milieu du XIIesicle avant de se diviser vers 1360 la mort de leur dernier souverain unique, le roi Ndh. Yend, premier prince, va refuser le trne et traverser le Noun pour fonder Bafoussam. Sa sur ira vers la rgion de Banso[2]. Deux dcennies plus tard, Nchar, le cadet, descendra dans la plaine du Noun pour fonder le pays Bamoun. De Bafoussam natront quasiment tous les autres groupements bamilk entre le XVesicle et le XXesicle (Bansoa est n en 1910 la suite de l'exil forc de Fo Taghe de Bafoussam) [3]. Dautres sources indiquent que les Bamilk parlaient une langue unique, le bamilk, jusqu' leur dmembrement au milieu du XIVe sicle, la mort de leur souverain. Du bamilk natront le Bamilk-Bafoussam et le Bamoun. Le Bamoun se ramifiera en une vingtaine de sous-variantes dialectales avant de se voir unifi par le sultan Njoya au dbut du XXe sicle. Pour sa part, le Bamilk-Bafoussam continuera se ramifier pour donner naissance, au fil du temps, de dizaines de variantes dialectales, elles-mmes possdant de sous-variantes plus ou moins ngligeables. Le Bamilk-Bafoussam est donc la langue-mre des autres dialectes bamilk, hormis le Bamoun.

Ainsi, les Bamilks sont les frres du groupe des Bamouns qui ont dcid de traverser la rivire du NUN , en dpit de leur connaissance du mythe de l'Egypte antique qui disait que L'eau de couleur noire apporte le chaos, les malheurs, la malchance . Plusieurs faits montrent qu'ils ont traverss cette rivire l'eau noire malgr tout car ils ne voulaient pas tre rattraps par les musulmans. Contrairement aux Bamouns, qui s'identifient au Dieu Amon, les Bamilks s'identifient par leur origine, celle de la Haute Egypte antique. La signification figurative des Bamilks est la suivante : descendants des anciens gyptiens. Le mot Bamilk est une appellation moderne, pour faciliter la lecture dans les langues occidentales. BA' Mieh Lah Ke' est l'appellation la plus proche de la prononciation originale gutturale[4]. La signification littrale du mot Bamilk son par son est la suivante:BA' : Les, ceux de (Pour designer l'origine gographique de quelqu'un)

Mieh : les frres

Lah : le pays, la rgion

Ke' : Haut, le haut, ce qui est en haut d'un endroit, une rgion, d'une terre. Haut en parlant d'un pays ou d'une rgion en Afrique, il s'agit de la Haute Egypte.

Rappelons que les gyptiens anciens n'appelaient pas leur pays Egypte . Ils appelaient leur pays, Haut pays et Bas -pays ou KEMET pour les gyptologues modernes.

Nous sommes fonds penser travers le Bamilk que l'on peut dire que Khe'Mieh= KEMET. Cela impliquerait donc que KEMET veut dire: Les frres du Haut Pays, ou les frres de la rgion haute, renvoyant la Haute Egypte. Le haut chez les gyptiens anciens tait le bas (dans l'entendement actuel), et le bas dsignait le haut. Le haut dans l'entendement des gyptiens anciens dsignaient donc le Sud. On sait qu'ils ont toujours dsigns le Sud comme le point cardinal originel de toute leur culture et source. La signification actuelle de Kemet voulant dire : le pays des noirs, ou le pays de ceux qui sont noirs, brls .

KEMET avec pour signification les frres du haut pays ou les frres de la Haute rgion, Haute Egypte, correspond mieux l'esprit et au mode de pense des anciens gyptiens. Un mot gyptien ancien comme un mot africain possde plusieurs significations dont la graphie ou son Khe a plusieurs significations et interprtations selon le contexte. Khe veut dire aussi en Bamilk : brl, noircir, noir, etc[5].Deux hypothses diffrentes, datant de l'poque de la colonisation du Cameroun, expliquent une fois de plus l'origine de ce nom. La premire affirme qu'un interprte Douala serait l'origine du mot Bamilk. Selon cette version, le mot Bamilk vient du terme "Babot Ba lek" qui signifierait "les porteurs de masque au visage". La seconde soutientque le mot "Bamilk" vient de l'expression de la langue Foto (rgion de Dschang) "Pe me leke" qui signifie "les habitants des montagnes et des ravins". C'est cette dernire qui est le plus souvent retenue.Les Bamilks forment une communaut base dans la rgion camerounaise de l'Ouest et parlent des langues semi-bantou plus ou moins proches les unes des autres (dont le yemba, le Ghomala, le Fefe et le Medumba)[6]. Ils reprsentent environ 20% de la population du Cameroun. Comme mentionn plus haut, les langues Bamilks prsentent plusieurs similitudes avec la langue de l'gyptePharaonique. Les toitures des chefferies Bamilks sont obligatoirement en structure pyramidale[7]. Ils sont particulirement impliqus dans la vie conomique du Cameroun et ont migr en masse vers les deux grandes villes camerounaises Douala et Yaound.