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ALINA PAYNE. Le langage classique en architecture

Lornement architectural: du langage classique des temps modernes laube du XXesicleAlina PayneIl y a maintenant plus dun demi-sicle, dans un livre qui devait faire date, Espace, temps, architecture, Sigfried Giedion dfendait avec force le point de vue dune histoire engage (GIEDION, [1941] 1968). rebours de la vulgate sur lobjectivit de lcriture de lhistoire, il y affirmait que lhistorien ne pouvait examiner le pass sans avoir les deux pieds solidement plants dans le prsent, qui conditionne tout regard rtrospectif. Personne aujourdhui ne le contredirait, et il nest sans doute pas de meilleur domaine pour tmoigner de cette qualit propre lhistoire que celui de la recherche sur lornement. De fait, on ne saurait considrer la littrature sur lornement des temps modernes sans mentionner limportance considrable prise par le sujet au cours des dix dernires annes, que ce soit chez les artistes, les architectes, les thoriciens, les critiques ou les historiens, ou encore chez les critiques littraires ou les musiciens. Les raisons de ce regain dintrt sont multiples. Aprs le refus de lornement en architecture tel quil sest inscrit, pendant des dcennies, dans le programme mme du modernisme (fig. 1), la question a opr un retour en force la fin des annes 1970 et dans les annes 1980, comme partie intgrante des tactiques de relecture du postmodernisme, lorsque la couleur, le motif dcoratif, les ordres classiques et la citation historique firent leur apparition dans le vocabulaire darchitectes comme Robert Venturi, Michael Graves et James Stirling, sans tre ncessairement lis une fonction, veillant galement lintrt des historiens et des critiques (KIERAN, 1977). Finalement phmre, ce mouvement a ouvert la voie au no-modernisme, retour ostensible, voire nostalgique, aux gestes vigoureux de lesthtique moderniste. Il reste la postrit mieux comprendre pourquoi la fin des annes 1990 a fourni aux architectes loccasion dun retour lornement. Mais il est clair quaprs une distanciation du postmodernisme et de son interprtation ironique de lornement classique, le no-modernisme est venu au jour comme une rinterprtation plus libre du modernisme. De ce point de vue, la thorie de lornement, qui avait profondment marqu lesProfesseur dhistoire de lart et de larchitecture lUniversit dHarvard, Alina Payne est lauteur de The Architectural Treatise in the Italian Renaissance: Architectural Invention, Ornament and Literary Culture (1999) et de From Ornament to Object. Modern Architecture and the Rise of a Theory of Objects ( paratre). Elle est aussi ditrice de Known (2000) et co-ditrice de Antiquity and Its Interpreters (2000). Elle travaille actuellement ldition de trois volumes dessais: Vision and Its Instruments; Portable Archaeology and the Poetics of Inuence: Croatia and the Mediterranean; et Compact Artefacts: Triumphal Arches and the Paragone between the Arts. Elle a t rcompense en 2006 par le Prix de la recherche en sciences humaines Max Planck et Alexander von Humboldt.

1. Frontispice de Die Form ohne Ornament, 1924.

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2. Jean Nouvel, faade sud de lInstitut du Monde Arabe compose de 240moucharabiehs, 1987, Paris.

dbats au cours du sicle, semblait non seulement moins prilleuse mais fournissait loccasion et des pistes dune relecture. En bref, considr de lautre ct du hiatus postmoderne, le vocabulaire moderniste dsormais envisag devenait moins exclusif. Trs symptomatique du regain dintrt actuel pour lornement, et en tte de proue du mouvement, apparat le travail rcent darchitectes en exercice tels que Jean Nouvel, Farshid Moussavi ou Herzog & De Meuron, qui ont renou avec lornement tant dans leurs btiments que par leurs crits (MOUSSAVI, KUBO, 2006; fig. 2). Le motif ornemental, en particulier, est apparu comme le lieu de cet investissement nouveau. Conu comme peau ou comme voile, comme surface cintique ou comme image texture rvlant et commentant la matrialit du btiment, cet instrument ornemental longtemps dcri a su attiser les imaginations des architectes et offrir une fois encore de nouvelles possibilits expressives (Ornament, 2004). Cette rsurgence a pris dautant plus dampleur que laccompagnait un got nouveau parmi les artistes contemporains et les commissaires dexposition non seulement pour lornement en tant que tel (MORGAN, 1992; BLOOMER, 2000; Ornament und Abstraktion, 2001 ; ANGER, 2003) mais galement pour les styles historiques qui, comme le baroque, ont port lornement au sommet une tendance qui doit beaucoup Gilles Deleuze (DELEUZE, 1988) et qui voit son piphanie dans une nouvelle vague de recherches sur le Baroque (Baroque, 2009; HILLS, 2010). La recherche et les publications dans diffrents domaines touchant lornement ont accompagn le mouvement ondulatoire, avec ses hauts et ses bas, de son histoire. Ainsi lintrt des praticiens sest-il assorti, voire a t prcd, de livres et darticles dans diverses disciplines, o lchelle rduite, la miniature et le dtail taient repenss comme autant de manifestations positives et intenses de lnergie cratrice, et ouvraient en mme temps une nouvelle perspective pour une rvaluation de lornement. De la philosophie la critique littraire et lhistoire de lart, une mme proccupation du dtail rassemble Gaston Bachelard (BACHELARD, 1958), Susan Stewart (STEWART, [1984] 1993), Naomi Schor (sappuyant sur Foucault ; SCHOR, 1987), Patricia Fumerton (FUMERTON, 1991) et Daniel Arasse (ARASSE, 1992), proccupation qui, plus gnralement, a profondment influenc les lettres et les sciences humaines. En outre, renforant cette tendance, les recherches sur le cabinet de curiosits comme lieu dexaltation du minuscule et du prcieux (GROTE, 1994) et les gender studies, qui ont attir lattention sur une esthtique fminine, injustement rejete la priphrie du discours artistique pour tre trop dpendante du dtail, trop dlicate, ou pour privilgier les arts mineurs (terme pjoratif en lui-mme) comme le tissage, la poterie ou la broderie, ont jou un rle important dans la constitution dune base thorique partir de laquelle repenser lornement (ELLIOT, HELLAND, 2002). Certes, le passage des tudes sur lchelle celles sur lornement nallait pas de soi et ne sest pas produit du jour au lendemain. De plus, larchitecture moderne avait dj port son attention au dtail, aux articulations et lappareillage (FRASCARI, 1984), mais il nen demeure pas moins que cette revalorisation culturelle du minutieux, du marginal et de leurs esthtiques a cr le terrain fertile dune rvaluation positive de lornement quil faut savoir dcrypter.

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Lornement par le biais du XIXesicle et des arts appliqusLe nouvel intrt scientifique pour lornement est suscit dans les annes 1990 par plusieurs tudes fondamentales parues alors, qui considrent lornement de faon trs large et dans une perspective pluridisciplinaire (COLLOMB, RAULET, 1992 ; RAULET, SCHMIDT, 1993 ; FRANKE, PAETZOLD, 1996; CECCARINI et al., 2000), mais qui se concentrent pour lessentiel sur les XIXe et XXesicles. Dans le cas de larchitecture, cela nest pas surprenant. Depuis la seconde moiti du XIXesicle et partir de Gottfried Semper (fig. 3), John Ruskin et Augustus Pugin jusqu Adolf Loos et Le Corbusier, lintrt pour lornement, dont on sest rclam pour ensuite le dnoncer, dcrit une sorte de sinusode, jamais interrompue ni brise. Tour tour considr comme un marqueur important de la vigueur dune culture et dmonis comme ftichiste et anachronique, un lien facile avec un pass dnu de sens, lornement est une des trames principales du discours sur larchitecture. Il en rsulte que le domaine le plus actif vis--vis de lornement, sinon le premier rpondre aux tendances manifestes par la pratique architecturale ainsi que par les lettres et les sciences humaines, fut celui de la recherche sur le XIXe et la premire dcennie du XXesicle. Non seulement la priode est riche en publications sur le sujet, mais, tant particulirement emblmatique de lentre dans le modernisme, elle est aussi essentielle pour la comprhension de ce courant. bien des gards, cest en analysant cette poque que la plupart des questions et des outils mthodologiques de la recherche sur lornement en architecture furent labors, bien quelle ne ft pas la premire proposer un programme de relecture dj engag par les chercheurs tudiant les temps modernes. Ce qui donne nanmoins plus de poids thorique et de pertinence aux travaux de recherche sur cette priode, cest quelle vit la formation de lhistoire de lart comme discipline et que les outils dvelopps par ses fondateurs Jacob Burckhardt, Heinrich Wlfflin, Alois Riegl et August Schmarsow tournaient autour des notions fondamentales dornement et de style importantes lpoque (BURCKHARDT, [1868] 1885 ; SCHMARSOW, 1897 ; WLFFLIN, [1888] 1967; RIEGL, [1901] 1985). Une fois encore, historiographie et modernit sentrecroisent. Cet intrt pour lhistoire de lornement lpoque contemporaine se traduit galement par une dviation de lattention scientifique. Dune part, depuis Architectural Ornament: Banishment and Return de Brent C.Brolin (BROLIN, 1985), se sont multiplis les tudes (SNODIN, HOWARD, 1996 ; IRMSCHER, 2005) et les catalogues dexposition (Ornament und Architektur, 2007), qui brossent de larges panoramas de lvolution de lornement travers les sicles ; dautre part, un domaine connexe sy taille la part du lion, en loccurrence les arts appliqus. Depuis les analyses mmorables de Semper, pour qui les objets du quotidien, leur dcor

3. Gottfried Semper, faade de la Eldgenssische Technische Hochschule (ETH), Zurich, 1853-1864.

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4. Wilhelm Wagenfeld, Carl Jacob Jucker, lampe de bureau en verre, 19231924, NewYork, The Museum of Modern Art.

5. Walter Crane, The Claims of Decorative Art, Londres, 1892.

et leur fabrication constituaient une sorte dADN de la culture et le ferment crateur des arts monumentaux au premier rang desquels, larchitecture , les deux domaines de recherche, sur lornement et les arts appliqus, se sont entremls; ils ont mme fusionn pour refaire surface un demi-sicle plus tard dans les thories qui sous-tendent ces symboles forts de la modernit que sont le Deutscher Werkbund ou le Bauhaus (fig. 4). Ainsi, bien que les travaux consacrs aux arts appliqus ne soient pas focaliss sur lornement en tant que tel, les dbats dont ils rendent compte, les sources crites et lart qui en fait lobjet sont troitement lis la question de lornement. De fait, nombre de questions qui se posent au e XIX sicle tournent autour de la place de la production industrielle dans la culture. Ce sujet fut propuls grand bruit au centre du dbat par Semper et son clbre Science, Industry and Art (SEMPER, [1852] 1966), une vaste rflexion inspire par lExposition universelle de Londres de 1851. Par la suite, le dsir dduquer le got du public en particulier des nouvelles classes moyennes et de former des designers anima tant les professeurs des coles dart que les administrations gouvernementales et conduisit constituer des collections pour les muses, organiser des expositions et crer de nouvelles coles dartisans, dont le South Kensington Museum Londres, le Museum fr Kunst und Industrie Vienne et le Muse des Arts dcoratifs Paris furent les plus clbres (BRUNHAMMER, 1992; A Grand Design, 1997; BURTON, 1999; Kunst und Industrie, 2000). Sensuivit rapidement la publication de nombreux ouvrages sur la Wohnungskultur [la culture de lhabitat] au cours des diffrentes priodes de lhistoire, en vue de fournir des exemples mme dinstruire tant le public que les stylistes (par exemple, VIOLLET-LE-DUC, 1858-1870 ; FALKE, 1871 ; BODE, 1902 ; SCHOTTMLLER, 1921; fig. 5). Cet environnement rformateur complexe, tourn la fois vers les arts et lindustrie, engendra des sommes considrables sur lornement, puisquune grande part des interrogations portait sur ltendue et la nature des dcorations que ncessitaient les objets destins la production de masse. Ces crits au spectre large, de lanalyse historique au simple manuel, taient autant destins aux artisans et aux thoriciens quaux architectes (SHAW, 1842 ; WORNUM, [1855] 2009 ; REDGRAVE, 1876 ; BLANC, 1882 ; WARD, 1897). Conue pour soutenir lampleur didactique du mouvement, cette littrature a provoqu aussi lintrt profond des modernistes pour les arts appliqus. Par la suite, cette squence de lhistoire a suscit des analyses qui lui sont propres, essentiellement consacres au dbut du XXesicle (LONG, 1997-1998; MACIUIKA, 2005). Ce mouvement a en outre install au premier plan les dbats sur lornement et les arts appliqus, et maintenu le premier dans le champ des proccupations des chercheurs, mmes lorsque ceux-ci ne travaillaient pas directement sur le sujet (ANDERSON, 1908; BUDDENSIEG, [1979] 1984). Herman Muthesius, qui fait partie de ces architectes et thoriciens presque toujours placs en tte des histoires du modernisme, na-t-il pas intitul lun de ces articles Neues Ornament und neue

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Kunst (MUTHESIUS, 1901)? Cest dans ce genre de texte manifestement tourn vers lornement quil devait mettre en place son programme conomique et culturel qui devint le cri de ralliement du Werkbund. Fait important, non encore relev, mais qui a largement contribu lintrt que lui a manifest la recherche du XIXe sicle, lornement sest trouv lintersection dinterrogations de plusieurs disciplines, comme lanthropologie, larchologie, lethnologie et lhistoire de lart (fig. 6): ainsi des pionniers dans ces domaines, tels que Alexander Conze (CONZE, 1862), Hjalmar Stolpe (STOLPE, 1890), Alois Riegl (RIEGL, [1893] 1992) et Alfred Haddon (HADDON, 1894), ont-ils pu changer leurs opinions sur cette question. Le style constituait le dnominateur commun de leur travail et, puisque lornement lui tait li, au moins depuis la publication du Der Stil de Semper (SEMPER, [1860-1863] 2004), il tait devenu lindispensable instrument didentification, de classification et dinterprtation des objets et des cultures qui les produisaient (anciennes ou contemporaines, primitives ou trangres dans lespace ou le temps). Ce partage des objets dtude signifie que les mthodologies traversrent elles aussi les murs encore poreux de ces jeunes champs de recherche, soulignant ainsi la place centrale quoccupa lornement au sein des sciences humaines la fin du XIXesicle. En outre, la rflexion sur lornement ne manqua pas dinfluencer la critique architecturale du sicle, dans la mesure o les dbats autour du style adopter furent en dernier lieu consacrs lornement convenable (le costume historique) des btiments de lpoque (HBSCH et al., 1992). Lintrt si largement partag, intuitivement sinon ouvertement, pour ce qui relevait de lornemental est sans doute lune des raisons pour lesquelles la recherche sur le discours au sujet de lornement au XIXesicle a rcemment pris un tel essor. Cette activit critique et ditoriale intense tient ce que le travail scientifique sur lornement a dabord essaim dans le champ des arts appliqus. De mme, les principaux thoriciens et architectes de cette priode ayant fait lobjet de nouvelles tudes et de relectures, leurs rflexions sur lornement ont elles-mmes t reconsidres : leurs crits ont t rdits et rimprims (SEMPER, [1860-1863] 2004 ; MALLGRAVE, 1996 ; FRANK, 2000 ; MACIUIKA, 2005) ; les sources auxquelles se sont abreuvs ce mouvement et dautres, comme celui des Arts and Crafts ou le Bauhaus, ont attir lattention; les manuels du XIXesicle consacrs lornement et destins aux artisans et aux architectes ont t rimprims (JONES, [1856] 2001; MEYER, [1888] 1974 ; SPELTZ, [1904] 1906 ; SCHNEIDER-HENN, 1997) et les ouvrages thoriques sur le sujet ont t traduits (RIEGL, [1893] 1992 ; fig. 7). Finalement, dans cet environnement critique favorable, des architectes comme Louis Sullivan, dont les btiments lourdement dcors ont pos problme pour la tlologie du modernisme et en sont devenus les victimes, ont vu leur toile briller

6. Ornements en carapace de tortue derivs dune forme de hameon, provenant du Dtroit de Torrs, Londres, The British Museum, dans Alfred Haddon, Evolution in Art: As Illustrated by the Life-Histories of Designs, Londres 1895 p.77.

7. Tte de femme provenant de NouvelleZlande, Chester Museum, dans JONES, (1856) 2001.

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nouveau (WEINGARDEN, 1987 ; VAN ZANTEN, 2000). Dans un article de 1959, le jeune Vincent Scully, Jr. avait dj courageusement dfi le petit monde de larchitecture sous les auspices de Philip Johnson en prenant la dfense, seul et contre tous, du travail ornemental de Sullivan (SCULLY, 1959). Mais il fallut attendre luvre de Venturi (VENTURI, [1966] 1976) pour que cette lecture positive de lornement acquire du poids. Marquant cette inflexion vers les arts appliqus, une nouvelle revue fut fonde et un programme dtudes, sanctionn par un diplme, leur fut spcifiquement consacr: Studies in the Decorative Arts est lance en 1993, tandis que le Bard Graduate Center for Studies in Decorative Arts, qui publie cette revue, ouvre ses portes NewYork. Exemple du travail qui merge de cette initiative, le catalogue de lexposition E.W.Goodwin: Aesthetic Movement, Architect and Designer couvre, malgr sa prsentation monographique, un large spectre: ornement, arts appliqus, dcors de scne et uvre architecturale (E.W.Godwin, 1999). Le travail auquel se livre Nancy Troy dans son analyse des antcdents de lExposition internationale des Arts dcoratifs et industriels modernes de 1925 se situait dans une perspective plus critique, explorant la transition avec le XXesicle, cest--dire la fin du discours sur les arts appliqus (TROY, 1991). Paralllement, des valuations plus systmatiques de la thorie de lornement au XIXesicle ont vu le jour, quoique la plupart aient eu tendance se centrer sur les milieux de langue allemands (KROLL, 1987; SCHAFTER, 2003; OCON FERNANDEZ, 2004). Elles constituent cependant un bien plus faible courant dans la recherche scientifique. Ces approches ont le mrite de stre intresses directement lornement, sans passer par le biais des arts appliqus. Ainsi Frank-Lothar Kroll brosse-t-il un vaste tableau qui comprend larchitecture mais va audel, en passant systmatiquement en revue un matriau qui stend du court essai de Goethe Von Arabesken aux derniers dbats sur lornement, en passant par Kant et Worringer. Plus cibl, le principal argument de Mara Ocon-Fernandez porte sur la place de larchitecture parmi les arts au XIXesicle, relation laquelle lornement, constate-t-elle, contribue pour une part importante. Ce discours dpasse dailleurs le cadre du XIXesicle et sinscrit dans une longue srie de dbats qui remontent la Renaissance (PAYNE, 2002). Examinant le discours philosophique du XIXesicle, lauteur retrace la manire dont larchitecture fut dabord conue comme art, notamment en raison de son rapport lornement. Puis, une fois forge son alliance avec les arts appliqus (Kunstgewerbe), elle fut inscrite parmi les arts fonctionnels ce qui dclencha une crise de lornement et, enfin, une fois que les architectes esthtisrent la technologie, elle retourna aux rangs des arts, mais cette fois, sans quil soit ncessaire de recourir lornement. Une position encore plus intressante, car elle opre un vritable renversement, est celle de Valrie Ngre (NGRE, 2006), qui sintresse lornement du point de vue de la revendication centrale du modernisme. Dans le rcit quelle en donne, la production dlments ornementaux au XIXesicle, fondus, mouls, ou constitus dune grande varit de matriaux, nest rien moins que moderne, industrielle et standardise, en clair, une production de masse.

Ornement et architecture par le prisme de lhistoriographieLornement na pas toujours fait figure de parent pauvre de lhistoire de lart. En outre, et cest peut-tre le point le plus important, les proccupations du XIXesicle concernant les arts appliqus et lornement ont laiss leur empreinte sur le champ en dveloppement de lhistoire de lart dans les annes mme o il se formait. Et cest justement dans les crits fondateurs de la discipline portant majoritairement sur la Renaissance que ces proccupations se ressentent avec le plus de force. Ainsi, dans Die Baukunst der Renaissance

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de 1867 (qui est en fait une histoire de larchitecture la Renaissance), Jacob Burckhardt divise son sujet en deux parties : larchitecture et la dcoration (BURCKHARDT, 1867). Bien quil ne sagisse que des fragments dun livre rest inachev quil prparait sur les arts de la Renaissance dans leur ensemble, et que Wilhelm Lbke russit a lui faire publier en partie, le volume accordait aux deux subdivisions une gale importance, tmoignant ainsi de lintrt manifest pour lornement la fin du XIXesicle. Aprs tout Burckhardt tait le collgue de Semper la Eldgenssische Technische Hochschule (ETH) de Zrich et lui aussi rpondait aux grandes questions de son poque. Dailleurs, Semper ntait pas le seul qui se rfrait Burckhardt. Son ami et correspondant de toute une vie, Heinrich von Geymller, architecte et rudit, ainsi que Max Alioth, autre architecte et ami proche, furent ses yeux et ses oreilles tourns vers les monuments, et laiguillon des proccupations dans la profession. De fait, Geymller, avec sa somme monumentale et exceptionnellement illustre, Die Architektur der Renaissance in Toscana, offre presque un pendant au volume de Burckhardt (STEGMANN, GEYMLLER, 1885-1908; fig. 8). Les deux ouvrages comprennent tout un ventail de formes ornementales, des plus simples, comme les arabesques associes tel ou tel matriau (par exemple, incrustations dans le marbre ou marqueteries), jusquaux assemblages complexes qui constituent de fait un moyen terme entre sculpture et architecture (par exemple, fonts baptismaux ou monuments funraires) ; ils lancent mme des incursions vers les arts appliqus (par exemple, torchres et arabesques) et le mobilier. Plus attach aux carrires individuelles des artistes, Geymller inclut dans son tude de larchitecture des sculpteurs comme Giuliano et Benedetto Da Maiano, Donatello et dautres, qui produisirent ce type duvres. Investis dans larchitecture, ils en faisaient partie ; Geymller comme Burckhardt surent reconnatre ce rapport entre sculpture et architecture. Plus important encore, Burckhardt dfinit un domaine de lornement la Renaissance qui tend vers une certaine autonomie et le prsente explicitement comme tel, le distinguant clairement de ce quil tait au Moyenge. Quelques dcennies plus tard Heinrich Wlfflin et Alois Riegl signalent eux aussi limportance de lornement dans larchitecture moderne. Dans Sptrmische Kunstindustrie (RIEGL, [1901] 1985) et dans Stilfragen (RIEGL, [1893] 1992), cest par lornement que Riegl parvient son concept de Kunstwollen, tandis que chez Wlfflin lornement, en tant que dtail et geste artistique infime, est la localisation mme du style, ce qui devint le point central de son argumentation dans Renaissance und Barock (WLFFLIN, [1888] 1967). Ses travaux ultrieurs font trop facilement oublier que Wlfflin labora sa conception du style en rfrence larchitecture et

8. Donatello, Michelozzo, chaire extrieure de la cathdrale de Prato, entre 1428 et 1438 [STEGMANN, GEYMLLER, 1885-1908].

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que lornement y reprsentait ses yeux un point sensible o pouvaient se dtecter les premiers signes dun changement de style. Intimement li au corps, affirme Wlfflin, il est le lieu o se joue linteraction principale entre le spectateur et larchitecture. Sans engager directement la thorie de lempathie comme le fait Wlfflin, la dsormais clbre dialectique optique/tactile que Riegl met en uvre dans son analyse de lart romain tardif sappuie sur une conception similaire du corps et de son importance pour la comprhension de lornement et de la Kunstindustrie, l industrie dart . Par la suite, tant la thorie de lempathie que la lecture formaliste (auxquelles Wlfflin et Riegl sont tous deux troitement associs) ont t discrdites par tout un courant de la recherche scientifique qui sest attach replacer le phnomne artistique dans son contexte politique, culturel et conomique. Avec cette nouvelle gnration, lornement aussi disparaissait de la scne des investigations en histoire de lart. Ernst Gombrich, form lcole de Vienne, fut peut-tre lultime reprsentant de cette tradition et celui qui en assura la postrit dans la recherche contemporaine, avec The Sense of Order: A Study in the Psychology of Decorative Art (GOMBRICH, 1979), vertigineuse tude, qui entrelace espace, temps et supports, o se mlent psychologie, vision, arts dcoratifs et ornement. Lhistoire de ce livre rvle par ailleurs clairement la position ambivalente lgard de lornement qui fut celle de la fin des annes 1970: dj en 1982 le titre de la traduction allemande (Ornament und Kunst: Schmucktrieb und Ordnungssinn in der Psychologie des dekorativen Schaffens) mentionne non seulement le mot lui-mme, mais utilise en tout trois termes du mme registre lexical quand langlais nen compte quun. Contrepoint LArt et lIllusion (GOMBRICH, (1960) 1971), louvrage relevait peut-tre dune conception trop large pour prtendre faire cole ou indiquer une voie prcise dans la recherche consacre larchitecture (bien quil ait t rdit en 1984). Venu trop tt, avant le regain dintrt suscit par le discours des arts appliqus, trop exclusivement centr sur ces derniers pour retenir lattention de ceux qui revenaient lornement, ports par la vague de fond du postmodernisme, son livre demeura sans descendance.

Lcran moderniste et le biais des ordresPeut-tre ne faut-il pas trop stonner que lesthtique de larchitecture postmoderniste, avec son engouement renouvel pour les ordres des colonnes et leurs ornements, ait immdiatement laiss sa marque sur la recherche portant sur le vocabulaire classique, quil sagisse des tudes consacres larchitecture antique ou bien celle des temps modernes. La recherche scientifique sur la Renaissance avait une histoire commune avec lessor du modernisme lui-mme et la prsentation de lornement comme un des enjeux primordiaux posait des problmes de fond. Comme je lai ailleurs soulign (PAYNE, 1994), la lecture de la Renaissance que donne Rudolf Wittkower dans son justement clbre ouvrage Principes de larchitecture la Renaissance (WITTKOWER, [1949] 1996), qui a orient et influenc depuis la recherche, est profondment marque par les courants intellectuels et par le got de larchitecture de son temps. Limportance quil accorde une conception rationnelle, mathmatique, abstraite de larchitecture la Renaissance, ainsi quune analyse qui privilgie les organisations en damier, les proportions et les rapports plan/volume entre les espaces doit beaucoup aux tendances de larchitecture moderne, contemporaine de la conception du livre dans les annes 1940. Il nest pas anodin que louvrage laisse prcisment de ct la catgorie de lornement. Certes, le thme revient de faon dtourne lorsque Wittkower se

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penche sur la redcouverte de lAntiquit par les humanistes et notamment sur leur got pour la citation souvent fond sur lincorporation de formes ornementales prises comme lments diconographie , mais lornement en tant que tel ny apparat pas comme lun des axes qui permettraient dapprhender larchitecture de la Renaissance. La mthode qui prvalait alors, dans la phase la plus moderniste de la recherche sur larchitecture moderne, nencourageait gure un changement de perspective, pas plus que les courants dominant lcriture de lhistoire, influencs par lcole des Annales (frue de vastes gographies et des abondantes bases de donnes fournies par les sciences sociales), ou que lhistoire sociale elle-mme, qui marqua profondment la discipline. tant donn la constellation de problmes qui circonscrivaient les champs dtude et les mthodes utilises pour les rsoudre, lornement se trouva invitablement orphelin. Dpourvu de soutien thorique ou mthodologique, le travail sur lornement savrait difficile; il fut relgu la marge. Mme dans les rares occasions o, en tant que tel, il parvenait concentrer lattention, la recherche le ddaigna-t-elle bien vite : les faades Renaissance dites en sgraffito ( graves dans le mortier, selon un procd qui se prte remarquablement aux motifs vgtaux ou aux entrelacs; fig. 9), publies en 1964 par Gunther et Christel Thiem restrent sans cho ou presque durant prs de quarante ans (THIEM, 1964; SCHMITTER, 2002; PAYNE, 2009). De la mme manire, Sule und Ornament dErik Forssmann (FORSSMAN, 1956; voir galement ZLLNER, 1959 et FORSSMAN, 1961), neut de relle descendance qu partir des annes1980. Le travail de Forssman, lapoge du modernisme, ne fut possible que parce quil se situait dans une perspective mthodologique plus vaste : originellement prsent comme une contribution un effort dinscription du manirisme dans les styles architecturaux, son livre sintressait aux formes architecturales dEurope du Nord lies aux ordres des colonnes et aux grotesques. Lornement excentrique ntait gure analys que de ce point de vue, qui dterminait, de fait, lattention de la plupart des chercheurs lorsquil leur arrivait de considrer la question: il sagissait surtout dtablir une voie de liaison et celle-ci tait prometteuse entre architecture et arts visuels, o le manirisme, utilement insr entre Renaissance et baroque, permettait de subdiviser et de nuancer un sicle dactivit artistique, entre environ 1520 et 1620. Une fois le manirisme cart du domaine de larchitecture (LOTZ, 1963), lattachement des chercheurs pour lornement en tant que champ dtude se relcha. La postrit de ce travail surgit finalement dune perspective tout fait diffrente, motive par le regain dintrt des praticiens pour lornement dune part et par lessor du postmodernisme dautre part. Dans lintervalle, le changement ne vint pas dun nouveau dveloppement thorique excepte lattention accorde au dtail dans dautres champs des sciences humaines et des lettres, encore

9. Bernardino Poccetti, sgrafto en faade du Palazzo Montalvo, Florence, 1573.

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10. Mimar Koca Sinan, vue intrieure de la coupole de la Mosque ehzade Mehmet, Istanbul (Eski Odalar), 1543-1548.

11. Andrea Palladio, lordre dorique, dans I Quattro Libri dellArchittetura, Venise, 1570, livreI, p.40.

distants de la recherche en architecture mais, une fois de plus, dun dplacement du point de vue de larchitecture contemporaine, en bref de lessor du postmodernisme et avec lui de tout ce qui avait t marginalis, lid, voire ouvertement condamn par les thoriciens et apologistes du modernisme. Les recherches sur lornement dans lIslam portent galement sur une priode qui correspond au dbut des temps modernes, et elles se sont attach des travaux importants et constants, bien que ceux-ci soient rests sans cho dans les courants principaux de lhistoire occidentale de lart. Peut-tre parce quelle sest maintenue lcart de la tempte moderniste et de son centre, ltude de lornement en Islam fut moins accable par lorthodoxie moderniste et ne fut donc pas juge laune de ses sousentendus (ou de ses effets potentiellement dstabilisants sur la pratique contemporaine). Mais elle na pas non plus connu de grand retentissement. Dune certaine faon, cela semble tre le destin de toute rflexion sur lornement hors de lOccident (fig. 10), depuis les travaux dAnanda Kentish Coomaraswamy consacrs lInde (COOMARASWAMY, 1995), jusqu louvrage dOleg Grabar The Meditation of Ornament (GRABAR, 1992) ou celui de Glru Necipolu, Topkapi Scroll (NECIPOLU, 1995), qui, quelque importante quait t leur contribution dans leur propre champ, demeurent peu ou prou ignors des bibliographies consacres larchitecture des temps modernes. Seule la relation entre lornement islamique, en tant que motif gomtrique, et les origines de lart abstrait au XIXesicle chappe ce type de schma. La rcente exposition du Muse des Arts dcoratifs Purs dcors? Art de lIslam, regards du XIXesicle (Purs dcors?, 2007), qui sintresse aux passerelles quon peut tablir entre lornement islamique et lessor de labstraction (NECIPOLU, 2007), atteste de linterdpendance de la recherche dans les deux domaines. Lart de lIslam a invit ltude du motif et de lornement gomtrique, tablissant ainsi des liens avec les questions dbattues lors de la rforme des arts dcoratifs au XIXe sicle, tandis que les recherches sur larchitecture moderne navaient pas de rapport direct avec ces discussions ni avec leur suite dans la thorie architecturale au XXe sicle ; par consquent elles furent plus lentes se frayer un chemin. Pourtant lintrt pour les ordres classiques, tel que le connut larchitecture des annes 1980, provoqua aussi une littrature scientifique, bien que celle-ci se limitt invitablement la colonne et aux ornements qui laccompagnent, lexclusion de tout autre dispositif ornemental. Ltroitesse du champ envisag est galement due au fait que les carnets de dessins conservs (taccuini), comme les traits, commencer par le texte paradigmatique de la Renaissance, le De architectura de Vitruve (VITRUVE, 1992), sont essentiellement consacrs aux ordres quand ils se penchent sur lornement, et ont donc encourag les chercheurs se concentrer sur cet aspect lexception ou presque de tous les autres (fig. 11).

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La colonne napparat pourtant pas dpourvue de tout bagage moderniste, bien quelle provienne de larchitecture antique. Il sagit mme dun concept charg, puisque les modernistes lont utilise (quelle soit en bton ou en acier) comme signifiant dune approche rationaliste moderne de lconomie structurelle, de la fonctionnalit et de llgance mathmatique. Par la suite, son traitement par la recherche sattacha moins son rle ornemental qu sa fonction en tant qulment syntaxique ou dordonnancement, comme chez Wittkower (WITTKOWER, [1949] 1996). Les proccupations tectoniques du discours architectural contemporain ont en outre contribu resserrer le cadre des tudes sur la structure des btiments, de plus en plus considre comme support dune valeur smiotique (TZONIS, LEFAIVRE, 1986). En ce qui concerne les ordres, le point culminant de cette tendance (clairement luvre dans les annes1980 et notamment dans larchitecture de Peter Eisenmann) fut atteint avec louvrage de Joseph Rykwert Dancing Column (RYKWERT, 1997), tude verticale consacre liconographie de la colonne, depuis la Grce archaque jusquaux modernes. Un tel intrt du monde savant rsulte peut-tre aussi dune lecture trop partiale et trop fidle tout la fois de Leon Battista Alberti, pour qui la colonne constituait le plus noble des ornements alors mme quil naccordait pas moins dimportance au revtement et aux surfaces matrielles (SMITH, 1994). Le rle dAlberti, en arrire-plan, comme minence grise du retour aux ordres, fut encore soulign par la parution dune nouvelle traduction en anglais (ALBERTI, [1485] 1988) et par les travaux attachs mettre en valeur la dimension smiotique de sa conception de larchitecture (CHOAY, [1974] 1980). Cette intense activit savante sest poursuivie dans les annes 1990 avec la fondation de la revue Albertiana (1998) et des travaux de plus en plus centrs sur la dfinition de lornement par le matre italien (SYNDIKUS, 1996; BIERMANN, 1997) soutenue par de nouvelles monographies (TAVERNOR, 1998; GRAFTON, 2000). Sil sintressait la fois au manirisme et larchitecture de lEurope du Nord (un rapprochement qui devint de rigueur par la suite), Forssman (FORSSMAN, 1956) distinguait ornement et ordres des colonnes. Quil ait eu tort ou raison car dans la dfinition dAlberti, ils sont runis , en agissant de la sorte il attirait lattention sur un domaine de dfinition de lornement plus vaste que celui de la seule colonne, mais cette approche de plus grande envergure na pas t suivie par les travaux de recherche ultrieurs. Cela ne diminue en rien limportance dune distinction entre les classes ornementales et leurs fonctions, dont on risque de confondre les termes si lon ne parvient pas lenvisager. Cest lun des grands mrites du livre de Grabar que de considrer la catgorie de lornement dans son ensemble et de chercher analyser son mode opratoire (GRABAR, 1992), la diffrence des publications sur les ordres qui se sont multiplies entre les annes 1980 et 1990, mais qui nont que rarement pris en compte lornement en tant que tel. Ainsi Grabar a-t-il distingu ornement et dcoration (selon lui lun relevant de la classification des formes, et lautre de laction qui les dploie), distinction que lon ne retrouve gure dans la plupart des tudes et qui aurait pourtant d tre prise en compte. Les nuances quil apporte au dbat, se concentrant essentiellement sur lart et larchitecture de lIslam (bien quaux sicles caractriss en Occident comme la fin du Moyenge), sont restes sans grand cho. Certes, on a vu fleurir, selon les langues des auteurs, de nombreux termes, surtout au XIXesicle, o le sujet tait en vogue, mais sans dfinitions prcises. la Renaissance, pourtant, le terme ornement dsignait la catgorie indubitablement prdominante dans la tradition tant de Vitruve (qui parle dornamentum) que de

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12. Plan et lvation illustrant lordre ionique, dans Claude Perrault, Les dix livres darchitecture de Vitruve, Paris, 1673, livreIII, p.65.

la rhtorique antique, lune et lautre ayant servi de modle aux premiers thoriciens, dont bien sr Alberti. Lornatus tait un lment stable et trs structur (qui regroupait les figures du discours et les tropes) des traits de rhtorique, comme ceux de Cicron ou de Quintilien, un des traits fondamentaux de lloquence, lune des voies vers la delectatio. Occupant presque toujours un chapitre ou un livre entier du trait, lornement rappelait au lecteur la place cardinale qui lui revenait. Mme si la dfinition des termes a longtemps sembl ne pas constituer une tche prioritaire, toutefois parmi les questions urgentes dmler figurait celle de la distinction entre les conceptions des ordres dans lAntiquit et celles de la Renaissance, car entre Vitruve et ses commentateurs souvrait un abme hermneutique (THOENES, GNTHER, 1985; GUILLAUME, 1992; ROWLAND, 1994, tout comme dans la plupart des articles publis dans les Annali di architettura, anciennement intitules Bollettino del Centro internazionale di architettura Andrea Palladio). Un travail soutenu sur le De architectura de Vitruve (tant sur sa rception par les spcialistes de lAntiquit que par ceux de la Renaissance) a marqu cette phase dapprhension de lornement. La contribution la plus importante sur les ordres quaient livre les annes1980 et1990 fut une valuation serre des traits de la Renaissance (GUILLAUME, 1988; HART, HICKS, 1998; PAYNE, 1999). Linfluence de ltude du texte sur cette priode compte parmi les axes sur lesquels se dveloppa cette orientation. Elle eut en outre une autre consquence: elle encouragea ldition en fac-simil de nombreux traits, alimentant ainsi le champ de la recherche en matriaux accessibles de premire main. John Onians est un des premiers auteurs, avec Bearers of Meaning (ONIANS, 1988), qui ouvrit la voie de ltude iconographique pour la recherche sur les ordres: il sintresse galement aux traits, mais consulte en outre le contenu ornemental, mettant en lumire le sens iconographique des ordres et leurs implications sociales. Pour cette lecture, quont poursuivie dautres chercheurs au cours de la dcennie qui sensuivit, la rhtorique apparat galement comme un axe important de comprhension de lornement, dans la mesure o elle permet dtablir des quivalences entre les ordres et les styles du discours: les comparaisons entre Cicron et Alberti, Quintilien et Serlio ouvrent la possibilit de penser lornement comme langage et tropes rhtoriques (PAUWELS, 2000). Les catgories du dcor et celle de la convenance/biensance se correspondent dans la thorie classique franaise de lornement et sont envisages la plupart du temps soit par rapport leurs consquences philosophiques, soit, plus directement, en rfrence larchitecture de Claude Perrault commentateur de Vitruve (HERRMANN, 1973 ; Claude Perrault, 1988 ; CAYE, 1999 ; PETZET, 2000 ; fig. 12). Les travaux antrieurs, savoir lornement architectural la Renaissance, ont pos des problmes aux spcialistes de larchitecture franaise, et la frquente hybridit des formes comme Saint-Eustache, o se mlent le gothique et la Renaissance a entran le rejet de lun ou lautre langage comme douteux ou mal compris . La distinction moderne entre structure (intrinsque) et ornement (rajout) se tlescope dans ces btiments, et leur composante ornementale en tant que telle fut essentiellement limine de leurs histoires (SANKOVITCH, 1998).

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La thorie littraire (PAYNE 2000a, 2002) offre une autre possibilit dinterprtation. Puisque les ordres ont t conus limitation du corps humain et de lhabitat des divinits qui ils sont ddicacs lorigine, la thorie de limitation (de la mimesis) des arts littraires (la posie) et de leurs stratgies narratives est galement apparue comme une ressource thorique importante de larchitecture. Lue de ce point de vue, la composition de lornement architectural la Renaissance rvle la prsence dun lment narratif ou dun istoria propre larchitecture la transmission de la charge par un rseau de membres porteurs comprenant tant des formes abstraites que figuratives. En outre, la participation des architectes la culture littraire et textuelle de la priode, que renforait la rappropriation collective de Vitruve dans les milieux humanistes, permit la thorie des nologismes dans le langage, sujet central de la questione della lingua, dinfluencer celle de la formation de nouveaux ornements. La thorie de linvention, autant que les principales mtaphores qui lui sont associes (les monstres, par exemple), traverse ainsi la thorie architecturale, proposant une logique discursive du dploiement de lornement (PAYNE, 1998, 2000b; PAUWELS, 2002). Un tel lien avec le littraire paraissait rvolutionnaire voire hrtique dans un contexte architectural do le littraire a t chass, dnonc comme rtrograde, tant par les modernes que par les classiques au motif quil tait un anachronisme romantique et perturbait lautonomie de larchitecture en tant quart (SCOTT, 1914; COLLINS, 1965). Toutefois, ce lien permit denvisager des changes avec les arts dits figuratifs qui navaient pas t possible avant. Parmi ces recherches, Venise fait figure dexception. Signale dabord par Ruskin, dont le succs de Stones of Venice ne se dment pas, Venise et son ornement retiennent sans lasser lattention (RUSKIN, [1851] 1906; voir, entre autres, SCHULZ, 1968). La rcente vogue pour les cultures mditerranennes a conduit mettre laccent sur la nature hybride de son architecture (HOWARD, 2000). De mme, Wolfgang Wolters, qui intitule son dernier livre Architektur und Ornament (WOLTERS, 2000) et forge le terme Bauschmuck [parure architecturale] pour une classe dornements qui ne se limiterait pas aux ordres, sest particulirement intress Venise, dpassant les limites traditionnelles de la recherche sur lornement architectural. Peut-tre Venise constitue-t-elle cet gard un bastion isol dintrt inpuisable pour lornement, dont le thme napparat pourtant pas dans les ouvrages publis chez Electa (par exemple, Secondo Cinquecento, 2001; Primo Cinquecento, 2002), qui, quoique magistralement conus, demeurent centrs sur les thmes traditionnels (les architectes, les types de construction et les rgions). Autre bastion isol, clos dans son monde mdival, Sienne aussi a attir rcemment lattention des chercheurs travaillant sur lornement (fig. 13).

13. Antonio Federighi, loggia en marbre de la Cappella di Piazza, Sienne, vers 1470.

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14. Intrieur dun palais baroque, dans Richard Dohme, Geschichte der deutschen Baukunst, Berlin, 1887.

Cependant, mme si lornement est un axe important de cette relecture, la discussion est conue du point de vue de la sculpture et non de larchitecture; les changes entre les arts que lornement facilite ne sont pas signals ni abords (ANGELINI,2005). Paradoxalement, le lieu le plus vident pour une recherche sur lornement avant 1800 est peut-tre le moins prsent dans la littrature scientifique actuelle : le rococo et, plus largement, le XVIIIe sicle ont peu attir lattention, du moins jusqu rcemment. Non seulement, les ordres nont pas t un sujet trs pris lpoque du rococo, mais de plus lombre porte par Marc-Antoine Laugier et par les noclassiques, qui jourent un rle si important dans lauto-construction du modernisme, augurait que le rococo serait plong dans loubli. Lentreprise de redcouverte ce qui nest gure surprenant est venue de la recherche sur les intrieurs, conus comme ce que la culture rococo offre de plus emblmatique. Il en rsulte que laccent mis sur les arts appliqus, qui caractrise la recherche sur le XIXesicle, a ici aussi laiss son empreinte: lornement architectural en tant que tel occupe donc peu les analyses qui portent sur le XVIIIe sicle. ce stade, il sagit encore dtablir un corpus et une typologie. Quils soient allemands ou franais, provenant de labbatiale dOttobeuren, de la rsidence de Wurtzbourg ou de lhtel Mazarin, les dessins des dcorateurs et des architectes sont collects et publis, rassemblant ainsi entre deux plats de couverture des objets et des scnes peintes, des tapis, des cartouches, des motifs et des ensembles ornementaux pour la dcoration intrieure (French Architectural, 1991; fig.14). Pourtant, linverse de ce qua connu la recherche sur la Renaissance, lartisanat dart la sculpture, la taille ou la dcoupe du bois, du mtal et du papier pour la ralisation dobjets ou de formes sculpturales destines orner les intrieurs permanents ou phmres, durables ou prissables (METKEN, 1978; FRIEDRICH, 2004; Taking Shape, 2009) a beaucoup plus retenu lattention. La relecture des questions conomiques et sociales dans le dploiement et la ralisation des ensembles ornementaux (quil sagisse de la clientle ou de lorganisation du travail sur ces projets, de lapparition de directeurs de travaux ou de la disparition du rle autrefois jou par les tapissiers pour coordonner les projets, etc.) sest avre lune des voies les plus intressantes empruntes par la recherche sur le XVIIIesicle dans le domaine de lornement, mais aussi le lieu o la thorie littraire et la recherche historique ont crois leurs chemins avec le plus de profit (SCOTT, 1995; PORTER, 2002). Probablement clipse par ce que devaient en faire les noclassiques, la thorie sous lAncien Rgime na pas vritablement intress. Ici encore, lAllemagne, et sa traditionnelle inclination mler thorie et esthtique, est une exception. Des figures du XVIIIesicle, comme larchitecte et professeur dart dcoratif Karl Philip Moritz, dont les Vorbegriffe einer Theorie der Ornamente (MORITZ, [1793] 1986) traduisent probablement lesthtique kantienne et anticipent les lectures empathiques de Semper et de sa gnration, ont suscit une recherche assidue (FRANKE, PAETZOLD, 1996).

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Questions en suspenstant donn le chemin compliqu et trs slectif qua dessin la recherche sur lornement au cours des dernires dcennies, beaucoup daspects nont videmment pas t inclus dans les dbats: lornement organique, les coquilles, les cadres, les frises sculptes et les mdaillons, lornement figuratif, les consoles, les volutes, etc. napparaissent que rarement dans les crits sur larchitecture et ne figurent vritablement encore que dans ceux qui concernent lornement au XVIIIesicle. En outre, peu voqus dans la littrature des traits classiques, comme je lai not ailleurs, ils ont aussi t tenus pour la plupart en dehors de la recherche scientifique, mme si les formes sont prsentes partout, dans tous les difices (ZERNER, 1996). Dautres questions dcoulent de la faon dont lornement a ou na pas t trait. Ainsi le modle de recherche ici dcrit a-t-il favoris certaines gographies et certains dcoupages temporels. Laccent mis sur les ordres privilgie la Renaissance au dtriment du Moyen ge et cre une hirarchie non seulement pour les temps modernes (la Haute Renaissance en constituant lapoge, le XVesicle le plaisant prlude, et le XVIIesicle une mtamorphose), mais relgue en quelque sorte le XIVesicle dans les limbes (PAYNE, 2009). Lvaluation de lornement (et des ordres) en Europe du Nord du point de vue de lEurope mridionale est tout autant problmatique; un peu comme si lon lisait VanEyck avec un il sur Masaccio ce qui a souvent t dnonc dans la peinture, mais plus rarement analys dans le domaine de larchitecture. Des efforts concerts pour saisir les formes architecturales dans leurs propres termes (cest--dire dans leur cadre national) tels ceux que poursuit dsormais depuis quelques annes le Centre dtudes suprieures de la Renaissance, Tours, ont port leurs fruits, mais il reste encore beaucoup faire (GUILLAUME, 1988, 1992; HECK, LEMERLE, PAUWELS, 2000; GUILLAUME, 2003). Doit-on tenir le rejet de lornement pour responsable de lignorance dans laquelle ont t confins pour la plupart les architectes sculpteurs, linverse des purs architectes comme Palladio ou des thoriciens comme Alberti, au dtriment cette fois de ceux qui suivirent des carrires mixtes ? Les prjugs en faveur dun vocabulaire restreint, tellement vidents chez Burckhardt malgr la sympathie quon sent dans ses considrations sur lornement, sont demeurs et ont conditionn la recherche du XXesicle, ce sicle modernistequi a cherch lire le squelette des btiments, laissant de ct ce qui tait superflu . Les hybrides patents dans lornement ont t vits. Lornement dans larchitecture du Nord Milan, Bergame, en Italie, mais plus gnralement en Europe du Nord a t nglig et lintrt quil mrite ne lui est toujours pas accord, pas plus qu larchitecture espagnole ou de lItalie du Sud (lorsque la premire est analyse, les ordres demeurent privilgis, alors mme que lornement plateresque reste dans lombre ; fig. 15) ; quant lornement de la priode coloniale espagnole ou portugaise, il ne commence

15. Philibert Delorme, chtelet dentre, Anet, 1547-1555.

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quaujourdhui attirer lattention. Finalement, les lments de construction essentiellement ornementaux (sols, plafonds, stucs et autres dcorations murales permanentes) ont, eux aussi, difficilement capt lintrt. Ainsi les sols ornementaux, lments importants de larchitecture des dbuts des temps modernes, nont-ils pratiquement pas t tudis; ce nest que trs rcemment que sont parus des ouvrages consacrs aux ornements des marbriers cosmatesques et leur rception (PAJARES-AYUELA, 2002; DEL BUFALO, 2003). Peut-tre le plus important retenir de ce foisonnement dcrits sur lornement, quils datent du XIXeou du XXesicle et quils soient luvre de scientifiques ou darchitectes/thoriciens, est le fait que lune des caractristiques principales de lornement est quil transcende les arts, indpendant des lieux, des matriaux ou des conventions. Motif facilement dtachable de son support, lornement circule, libre, au plaisir des artistes, dun tissage une boiserie, dune frise de temple un dtail de peinture, dun plat de faence un traitement de faade. Et cest aussi cette position cheval entre les arts qui a compromis lcriture de son histoire: chaque fois que la critique artistique se penchait sur la spcificit des diffrents arts et non sur leur dialogue, et que les frontires sparant les arts occupaient les penseurs plus que les liens les unissant que ce ft dans les dbats autour de Lessing et de son Laocoon au XVIIIe, ou dans ceux autour de Wlfflin et du malerisch au XIXe ou encore autour de Greenberg et de sa dfinition du modernisme au XXe sicle (PAYNE, 2008) une clipse de lornement en rsulta. En revanche, lattention des architectes pour les motifs, les surfaces, la sculpture on pense Semper ou Herzog & De Meuron rtablit lquilibre aussi souvent que la problmatique des arts le dstabilise. Et cest ce va-et-vient qui cause la courbe sinusodale de lintrt pour lornement, illustrant ses hauts et ses bas, mais faute desquels ni ses victoires ni ses chutes ne creraient autant de drame dans le monde des arts.

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