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Où en est-on de l’entraînement des muscles périphériques en 2014 ?

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Page 1: Où en est-on de l’entraînement des muscles périphériques en 2014 ?

© 2014 SPLF. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Revue des Maladies Respiratoires Actualités (2014) 6, 274-277

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com

LE MUSCLE PÉRIPHÉRIQUE

Où en est-on de l’entraînement des muscles périphériques en 2014 ?Where are we today about peripheral muscles training?

A. DucrocqD’après la communication d’E. Villiot-Danger (Briançon)

Service de pneumologie et soins intensifs respiratoires, CHU de Rouen, 76031 Rouen Cedex, France

RésuméLa fatigue des membres inférieurs étant le principal facteur limitant de l’exercice, le muscle locomoteur a une place centrale dans le réentraînement des patients atteints de BPCO. Une amélioration de la fonction musculaire est possible par un entraînement spéci que. L’évaluation de la fonction musculaire périphérique permet d’individualiser les interventions thérapeutiques pour s’adapter au mieux aux patients et favoriser ainsi l’adhésion à long terme. La méthode doit être standardisée et l’outil validé. Le réentraînement doit être varié, pouvant se faire soit en continu, soit en interval training, contre résistance ou à l’aide de l’électrostimulation neuromusculaire.© 2014 SPLF. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

SummaryLower legs fatigue is the most important limiting factor during exercise. Therefore, peripheral muscles reeducation has an important role when rehabilitating COPD patients. A peripheral muscle improvement is possible by a speci c training. A previous muscular evaluation is required in order to individualize the therapeutic interventions and to improve long-term adherence. The methodology should be standardized and each tool should be evaluated. Training methods should vary and performed continuously or as by interval trainings against load, with or without muscular electrostimulation.© 2014 SPLF. Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Correspondance. Adresse e- mail : [email protected] (A. Ducrocq).

MOTS CLÉS Exercice ; Réhabilitation respiratoire ; Muscle périphérique ; Interval training ; Électrostimulation

KEYWORDS Exercice; Pulmonary rehabilitation; Peripheral muscle; Interval training; Electrostimulation

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Évaluation de la fonction musculaire

Pourquoi ?

D’abord pour pouvoir parler le même langage entre kiné-sithérapeutes, médecins et chercheurs. Par ailleurs pour pouvoir cibler le patient en précisant son statut fonctionnel et pathologique, adapter l’entraînement en individualisant la prescription d’exercice devant une grande variabilité des patients et des soins et en n pour pouvoir suivre l’évolution des patients et donc évaluer les effets des interventions.

Comment ?

Il existe de nombreuses sortes d’outils ables, simples et valides (Fig. 1).

À l’initiative du groupe Fonction de la société de pneumologie de langue française et avec l’aide du groupe Alvéole et du groupe de kinésithérapie respiratoire GTK, un travail de standardisation de la mesure de la force maximale volontaire du quadriceps a été proposé [5]. L’outil choisi a

Introduction

Nous savons aujourd’hui que le muscle périphérique a une place centrale dans la prise en charge des BPCO. Les travaux ont montré depuis maintenant plus d’une vingtaine d’années que la limitation à l’exercice des BPCO était due pour un tiers à la dyspnée et pour un tiers à une fatigue des muscles périphériques. Dans la majorité des cas, cette limitation était due à une fatigue des jambes [1]. C’était la première fois que le muscle périphérique apparaissait comme important dans la prise en charge du BPCO.

Après avoir démontré que le muscle pouvait en partie limiter l’effort chez le BPCO, des études ont été menées a n de mettre en évidence une véritable dysfonction musculaire chez le BPCO [2]. Puis dans un second temps, il a été démontré le fondement physiologique de l’entraînement à l’exercice avec une amélioration de la fonction musculaire locomotrice chez les patients atteints de BPCO grâce au réentraînement à l’exercice [3]. En 2008, Debigaré et Maltais ont montré que cette dysfonction musculaire était la principale cause de la limitation à l’exercice, devant la dyspnée [4].

Figure 1. Outils ables, simples et valides pour la mesure de la fonction musculaire périphérique (liste non exhaustive). Reproduit avec l’autorisation d’E. Villiot-Danger.

Nom commercial Dynamomètre industriel Kern

DynatracElectronic conseil

BaselineFabricationEnterprisesIncorporated

ManualMuscle TesterLafayette

MicroFetHoggan HealthIndustries

Norme CE médicale

Non Non Oui Oui Oui

Type de capteur Traction mécanique

Traction électronique

Pression hydraulique

Pression électronique

Pression électronique

Écran Digital Digital Analogique Digital Digital

Utilisation installation :système d’accroche nécessaire

installation :système d’accroche nécessaire

ambulatoire ambulatoire ambulatoire

Prix 95 € 1 200 € 1 100 € 1 600 € 1 300 €1 600 € + logiciel

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276 A. Ducrocq

Entraînement contre résistance

Il contribue à améliorer les muscles périphériques et s’adresse aux patients qui ont une diminution de la masse et de la force musculaires [16]. Il diminue le risque de chutes, surtout chez les patients atteints de BPCO [17].

Il existe une grande variabilité d’exercices, ce qui augmente l’adhésion à l’entraînement [18]. Ce sont des exercices peu dyspnéisants [19] qui peuvent être réalisés pendant les exacerbations [20]. L’American College of Sports Medecine recommande tout type de machines, 1 à 3 séries de 8 à 12 répétitions, 2 à 3 fois par semaine avec une puissance maximale entre 60 et 70 % de la puissance maximale initiale, sachant que la puissance augmentera au fur et à mesure des entraînements [7].

Il faut également entraîner les membres supérieurs car ils contribuent à un maintien de l’autonomie, même s’ils sont les derniers touchés dans le handicap [21]. Les formes d’entraînement sont variées [22], sans résistance comme le lancer de ballon [23] ou avec résistance [24]. On ne connaît pas aujourd’hui l’impact sur la qualité de vie d’un tel réentraînement des membres supérieurs.

Électrostimulation neuromusculaire

Alternative intéressante par rapport aux exercices conven-tionnels car l’électrostimulation n’est pas dyspnéisante, la demande cardiocirculatoire est faible et la stimulation ne doit pas être maximale. Elle concerne les patients très décondi tionnés avec une limitation cardioventilatoire sévère. Elle peut être réalisée pendant les périodes d’exacerbation, en hospitalisation, à l’USIR mais aussi au domicile [25]. Elle est également utilisée dans la prévention de la neuromyo-pathie de réanimation.

L’intensité initiale est celle tolérée par le patient avec une augmentation progressive. La fréquence est entre 35 à 50 Hz, soit en haute fréquence. La séance dure entre 20 à 35 minutes. La durée d’impulsion est de 200 à 400 s avec un temps de relâchement supérieur au temps de contrac-tion. Les stimulations neuromusculaires s’accompagnent de contractions volontaires simultanées. Il en résulte un gain de force, un gain de la capacité d’exercice, un gain de la masse musculaire et une amélioration de la dyspnée.

Une méta-analyse publiée en 2014 et comprenant 8 études ayant inclus 156 patients conclut à un manque d’ef cacité de l’électrostimulation. Cette conclusion sou-ligne une hétérogénéité des modalités et des mesures entre ces différentes études. De plus, ces études incluaient un trop petit nombre de patients et par conséquent manquaient de puissance.

Conclusion

Les outils de renforcement des muscles sont variés, permet-tant de s’adapter à la grande hétérogénéité des patients. Il faut être créatif, individualiser les traitements pour s’adapter au mieux aux patients a n de favoriser l’adhésion à long terme. Dans ce sens, l’évaluation de la force musculaire avant le réentraînement est indispensable.

été un dynamomètre portable avec une adaptation rigide a n d’effectuer des mesures plus ables (Fig. 2). Le test a été standardisé : position du sujet, position de l’appareil, consignes de réalisation. L’interprétation du test et les valeurs de références ont été proposées par J.-Y. Hogrel [6].

Entraînement musculaire

Entraînement à l’exercice continu = endurance

Cet entraînement s’effectue 3 à 5 fois par semaine [7] avec un haut niveau d’intensité (> 60 % max) pendant 20 à 60 minutes. À noter une adaptation possible chez le patient atteint de BPCO, pour qui un bas niveau d’intensité a égale-ment montré ses preuves [8]. Les outils validés sont le vélo en intérieur ou en extérieur [9,10], la marche en intérieur ou en extérieur [11] et la marche nordique [12].

Interval training

Cette technique correspond à une période d’exercice de haute intensité, alternée par des périodes de basses intensités ou de repos [13]. Elle est intéressante pour les patients ayant une dysfonction musculaire sévère ou une grande fatigabilité à l’effort, car mieux tolérée. Elle est essentiellement réalisée sur vélo et nécessite d’être super-visée. Les résultats en interval training sont comparables à ceux d’un entraînement continu [14,15] mais les études réalisées jusqu’à ce jour jugent l’effet à court terme et non à long terme.

Figure 2. Exemple de dynamomètre portable avec mise en place du dispositif. Reproduit avec l’autorisation d’E. Villiot-Danger.

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Liens d’intérêts

A. Ducrocq déclare n’avoir aucun lien d’intérêts en rapport avec cet article.

E. Villiot-Danger déclare n’avoir aucun lien d’intérêts en rapport avec cet article.

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