Ouest Américain

Joshua Tree NP - Road 66

19-20 Mai 2006 : Los Angeles - Williams (540 miles)

Après une première nuit passée sur le sol américain à Los Angeles, nous faisons route pour le parc national de Joshua Tree, traversant au passage une immense forêt d’éoliennes. Le Joshua Tree (l'arbre de Josué), est une espèce que l'on rencontre uniquement au sud-ouest des États-Unis. Il colonise le parc qui s'étend sur plus de 3000 km2 de désert dans un environnement écologique exceptionnel. Au milieu du XIXème siècle, les Mormons, nourris de lectures bibliques, furent les premiers à voir des Joshua Trees : ils nommèrent ainsi cet arbre car il semblait les guider vers la Californie, la nouvelle Terre Promise. Dans les années 70, ce fut, par ailleurs, un lieu de retraite privilégié dans le milieu hippie de Los Angeles.C’est au volant d’une Dodge louée que nous visitons le parc avec, entre autres curiosités, Cholla Cactus Garden, Cottonwood spring où il y avait jadis des mines d’or.

En reprenant la route en direction du Grand Canyon, à 80 miles de notre destination, la nuit nous a rattrapés et nous décidons de nous arrêter à Williams qui constitue l'une principales portes d'entrée sur le Parc national du Grand Canyon. Cette ville est surtout connue pour être située sur la mythique Road 66.Avant le XXème siècle, l’ouest des Etats-Unis était très isolé à cause de ses reliefs montagneux et ses espaces désertiques.Dans les années 20, plusieurs hommes d’affaires réussirent à convaincre le gouvernement du besoin d'une route intercontinentale reliant Chicago à Los Angeles (environ 4000 km).Elle ne fut achevée qu’en 1938 et fut appelée « La Route 66 », John Steinbeck la surnommera plus tard « The Mother Road »Elle devint rapidement très populaire et fut, pendant des décennies, la grande route commerciale et touristique qui offrait des attractions de bords de route, des boutiques de souvenirs, des lieux d'échanges avec les indiens locaux, des points de vue scéniques, des sites

historiques et des phénomènes géologiques, se forgeant ainsi une image presque mythique qui est restée dans les mémoires. Aujourd’hui, le progrès et les méga-autoroutes plus larges, plus droites et plus rapides ont eu raison de la vieille « route mère ». Les années de gloire et la plupart de son parcours ont quasiment disparus, laissant place à la nostalgie. Les plus grandes sections de la route d'origine se trouvent en Arizona et en Californie et quelques villes traversées jadis par la Route 66 ont été préservées.

Nous dormons dans un motel. Quoi de plus naturel puisque c’est sur la Route 66 que ce mot a vu le jour.

Grand canyon NP (sud)

21 Mai 2006 : Williams - Flagstaff (240 miles)

Le réveil sonne à 4h15 du matin et nous nous préparons à vivre une journée haute en couleur et un temps fort de notre voyage puisque c’est aujourd’hui que nous nous rendons dans le Grand Canyon du Colorado. Il est encore très tôt quand nous arrivons sur le site et si un cerf nous fait le plaisir de montrer le bout de son museau, en revanche l’espèce humaine et quasi inexistante à ces heures matinales. Seuls quelques écureuils affamés osent s’approcher de nous, espérant quelques aliments. Le Grand Canyon, gigantesque balafre qui traverse les paysages de l'Arizona sur plus de 400 km, nous offre un spectacle absolument sublime, « amazing ! » Il s’agit incontestablement d'une des plus grandes merveilles du monde naturel et aucune photo ne saurait retranscrire l'immensité de cet espace, pas plus que les nuances multicolores qui varient à toutes les heures du jour. Maintes fois utilisé dans des décors de films et de publicités, le Grand Canyon semblerait presque familier. Armés de nos appareils photos, nous longeons la crête à pied, s’arrêtant aux nombreux points de vue qui jalonnent le sentier et où l’étonnement et la fascination sont chaque fois au rendez-vous.

Arrivés au bout de notre balade, nous empruntons la navette qui nous ramène au village. Après avoir passé la journée dans ce cadre exceptionnel, nous reprenons la route qui traverse le Wupatki National Monument et, tout proche, le Sunset Crater Volcano National Monument, le temps de quelques photos avant de rejoindre la ville de Flagstaff.

Également parcourue par la Route 66, cette charmante petite ville, à l’atmosphère des années 60, mérite pleinement qu’on s’y arrête. Enfin, le soleil déclinant, nous décidons de nous arrêter dans un motel tenu par une vieille propriétaire pour le moins originale.

Petrified Forest NP - Canyon de Chelly

22 Mai 2006 : Flagstaff - Bluff (375 miles)

Il n’est que 6h40 quand nous sommes à l’entrée du parc national de Petrified Forest qui n’est pas encore ouvert. Nous nous sommes levés un peu tôt, négligeant le décalage horaire d’une heure entre la Californie et l’Arizona. A l’ouverture (7h) nous pénétrons dans le parc où curieusement, nous sommes seuls. Ce site, remarquable pour sa concentration de troncs d'arbres fossilisés, se divise en deux secteurs : le secteur nord, constitué d'une formation géologique appelée Painted Desert et la partie sud qui renferme la plupart des troncs pétrifiés ainsi que des pétroglyphes amérindiens. Il y a 200 millions d'années, la région était occupée par le delta d'un fleuve où poussaient des arbres géants. Déracinés par des ouragans et des inondations effroyables, une partie de ces arbres s'enlisèrent profondément dans des dépôts sédimentaires riches en silice. Sous terre, la rareté de l'oxygène stoppa le processus naturel de pourriture et les minéraux en suspension dans l'eau s'incrustèrent peu à peu dans les cellules ligneuses, changeant les troncs et les branches en blocs de pierre.Les différents points de vue nous permettent d’admirer ces surprenants paysages, dans un calme exceptionnel et à perte de vue.

Nous quittons Petrified Forest pour rejoindre le Canyon de Chelly situé en territoire Navajo. La pause du midi se passe au Burger King du coin pour ingurgiter un menu typiquement américain. Là, nous constatons que les jeunes indiens se sont très bien adaptés au Fast Food, d’ailleurs, l’impressionnante quantité de jeunes obèses qui nous entourent, nous interpelle.Nous accédons au sommet des falaises du Canyon, South Rim Drive. Le panorama est remarquable : des parois vertigineuses (300 m) bordent une profonde vallée verdoyante irriguée par une rivière dont la couleur contraste avec celle des roches.

Les Anasazis occupèrent le Canyon jusque vers 1300 puis désertèrent les lieux. Les Navajos s'installèrent alors à partir de 1700. Ils y faisaient paître leurs troupeaux et pratiquaient une agriculture rudimentaire. En 1805, lors d'un conflit qui les opposait aux colons espagnols, un groupe d'indiens se réfugia dans le Canyon del Muerto, où ils furent poursuivis par un détachement espagnol. Retranchés dans un abri sous la falaise, les Navajos furent massacrés par les soldats espagnols. La tuerie fit 115 victimes. L'endroit est encore connu sous le nom de «Massacre Cave» et représente un lieu sacré pour les indiens.

Après s’être appliqué à ne manquer aucun point de vue, nous descendons dans le Canyon par un sentier qui serpente le long de la falaise, le seul chemin de randonnée du parc accessible sans guide Navajos. Le fond de la vallée est un écrin de verdure et, après avoir franchi la rivière Chinle Wash, nous nous approchons des ruines indiennes assez bien conservées, accrochées à la paroi du canyon appelées White House. Il faut compter environ 2h00 pour faire l'aller-retour. Mais il y a surtout un endroit à voir : Spider Rock. Ces 2 doigts pointés vers le ciel sont le symbole de la légende de Spider Woman, la femme-araignée, qui aurait enseigné l'art du tissage aux Navajos.

A la fin de notre visite le ciel s’assombrit et un vent violent se lève soulevant des nuées de sables qui troublent l’atmosphère. Les grains de sable s’infiltrent de partout jusque dans la bouche où on peut les sentir craquer entre les dents. Nous partons… Notre prochaine étape étant Monument Valley, nous cherchons à dormir dans les environs. Un emplacement abrité dans un petit camping sur les bords de la rivière San Juan fera l’affaire pour la nuit. Nous nous couchons tôt et nul besoin d’une berceuse après une journée bien remplie.

Monument Valley - Mesa Verde NP

23 Mai 2006 : Bluff - Canyonland National Park (405 miles)

Quand la lumière du jour commence à pénétrer dans la tente, il n’y a plus un brin de vent et le ciel est d’un bleu éclatant. La journée commence bien !Pas de doute, nous sommes entrés dans le monde des cowboys et des indiens… Les décors du far west se déroulent devant nous. Notre première étape est Mexican Hat : un monument géologique marqué par l'érosion. Le vent et l'eau ont sculpté le sable en une forme étrange et le rocher plat en équilibre sur un piton fait penser de loin à un grand sombrero Cet édifice de plus de 10m de haut se situe non loin de Monument Valley et arbore la même couleur de terre rouge. La curiosité suivante s’appelle Goosenecks State Park. La rivière San Juan, progressivement enracinée au plateau du Colorado, déroule un long ruban noir sinueux qui entaille profondément le paysage de grès rose. L’observatoire au bord du précipice permet d'admirer les méandres, le spectacle est saisissant.

Faut-il essayer de décrire Monument Valley, quand le site a été la scène de tant de films et de clips publicitaires ? C’est incontestablement le plus célèbre des décors américains, celui des Westerns. C’est ici que John Wayne a fait ses débuts sous la direction de John Ford (La Chevauchée fantastique, Rio Grande, mais aussi 2001, Odyssée de l’espace, Forest Gump, Publicité de Marlboro…). Ce territoire sacré des Navajos est un désert aux buttes de grès gigantesques qui nous offre un spectacle hallucinant.Nous y arrivons par la US 163 pour pouvoir prendre ces photos qui ont fait le tour du monde avec la grande ligne droite et les buttes en fond.

Munis de nos tickets d’entrée, nous suivons la piste dans notre Dodge avec de nombreux arrêts aux différentes curiosités : The Mittens and Merrick Butte, The Three Sisters, The Hub, Totem pole…

Nous quittons ce superbe décor et après avoir longé une région désertique émaillée de nombreuses pompes qui extraient le pétrole. Vu sa proximité, nous décidons de faire un crochet par « Four corners ». Cet endroit est l'unique point du territoire des États-Unis où quatre états se touchent (Arizona, Colorado, Nouveau-Mexique et Utah).

Nous poursuivons notre itinéraire jusqu’à Mesa Verde.Devenu parc national en 1906 et inscrit au patrimoine mondial de l'Humanité de l'Unesco en 1978, ce site a été occupé entre les VIe et XIVe siècles par des Amérindiens Pueblos qui y construisent des bâtiments troglodytiques sous les falaises du canyon. Il est donc l'un des rares exemples, à ce jour, de la culture amérindienne. Les anciens ont bâti des habitations communes élaborées et fortifiées dans des cavernes abritées des falaises, et nous pouvons tout à loisir mitrailler les ruines éclairées par un soleil radieux. Le parc a subi deux gros incendies dans les années 90 et des restes d’arbres calcinés sont encore nettement visibles sur le plateau.

Puis l’aventure continue… ce soir nous vouloir atteindre Canyonland qui est encore loin d’ici. Quand nous entrons dans le parc, il fait nuit noire et le camping, limité à 10 places, est complet. Heureusement, un vaste espace non aménagé a été mis à disposition pour planter la tente, c’est ce que nous faisons à la lueur des phares.

Canyonlands NP

24 Mai 2006 : Canyonlands National Park - Moab (195 miles)

Quand le jour nous réveille, nous pointons le nez hors de la tente pour nous rendre compte que nous sommes seuls au milieu de nulle part dans une étendue sauvage et plate entourée d’immenses rochers.

Canyonlands est un parc surprenant probablement l'un des parcs les plus variés du Sud Ouest Américain. Dédale de canyons creusés par les fleuves Colorado et Green River aux contours parfaitement découpés dans la plaine, formations rocheuses, arches naturelles, nombreuses peintures rupestres. Au cœur du plateau du Colorado, cette région très sauvage, quasiment inexplorée, se divise en 3 sections :- The Needless (au Sud): rochers en forme de champignons et étendues désertiques- Island in the sky (au Nord): des canyons très étrangement découpés dans une vaste plaine ! - The Maze (à l'Ouest): de beaux panoramas au milieu des rochers escarpés. Cette partie du parc est seulement accessible en 4x4.

Nous explorons d’abord la partie sud « The Needless ».Le parcours d'Elephant Hill d’une vingtaine de kilomètres est assez accidenté, constitué de descentes dans des petits canyons, d’escalade de gros blocs de rochers, le tout sous une chaleur torride et dans un silence absolu. Nous suivons scrupuleusement les cairns jalonnant le sentier et profitons de nos arrêts pour contempler la somptuosité de ce paysage chaotique.

Nous filons vers le nord ; jusqu’à Moab nous roulons au milieu d’un paysage d’une beauté à couper le souffle. Avant d’entrer dans le parc, nous nous rendons au Dead Horse Point. Ce promontoire rocheux surplombe les méandres du Colorado qui a taillé de profondes cicatrices laissant apparaître des strates parfaitement bien dessinées. Le panorama est unique et permet d'apprécier le majestueux réseau de canyons. Une végétation étonnement verte s’étend le long des rives du fleuve. C’est à Grand View Point que nous poursuivons notre visite Ce point de vue, domine une terre déchirée par un canyon creusé par le Colorado, avec des chaînes montagneuses qui se dessinent à l’horizon.Nous restons là jusqu’au coucher de soleil, et quand la lumière s’est éteinte, il nous reste des étoiles dans les yeux de tant de beauté.

Arches NP

25 Mai 2006 : Moab (95 miles)

Le parc Arches regroupe environ 2000 arches naturelles dont seulement 90 sont accessibles au public. La nature a déployé son talent esthétique en créant ces formes harmonieuses : des pointes, des rochers en équilibre, des crêtes en grès, et autres monolithes polis par l'érosion qui contribuent à faire de cet endroit une véritable merveille visuelle.

La plupart des touristes se limitent à garer la voiture sur les parkings et ne la quitter que le temps d’une photo. Pourtant, c’est à pied que l’on peut voir certaines arches les plus célèbres. Parmi les nombreux sentiers qui y accèdent, nous empruntons celui de Devils Garden Trail avec retour par Primitive Trail qui est assez technique mais permet d’admirer : Tunnel Arch, Pine Tree Arch, Landscape Arch : la plus grande arche du parc et l'une des plus belles, Wall

Arch : cette arche n'existe plus, elle s'est effondrée en août 2008, Partition Arch, Navajo Arch, Double O Arch, Dark Angel.

Après cette randonnée d’environ 4 heures, une autre nous attend : Fiery Furnace Walk, mais celle-ci n’est faisable qu’accompagné d’un guide. Un véritable labyrinthe de passages étroits et abrupts où il est très facile de se perdre. Nous nous retrouvons dans un groupe d’une quinzaine de personnes où nous sommes les seuls français.

Enfin, nous ne pouvions pas achever cette journée sans assister au coucher du soleil sur Delicate Arch, symbole de l'Utah (souvent en image de fond sur les plaques d'immatriculations...), c’est sans aucun doute l'arche la plus célèbre des USA. Elle est impressionnante, perchée sur un socle élevé dominant la vallée. C’est seulement dans les derniers mètres d’une longue marche qu’on la découvre. Des dizaines de spectateurs sont là pour la grand messe. Un moment inoubliable.

Nous quittons l’auberge de jeunesse dans laquelle nous avons dormi et nous mettons le cap sur Capitol Reef. Ce parc, loin des foules offre des étendues sauvages à perte de vue. Au cœur de ce parc désertique, telle une oasis, se trouve le village de Fruita fondée dans les années 1880 par des familles Mormones. Situé parmi d’immenses jardins fruitiers irrigués par la Freemont River, le cadre est bucolique.Cette piste sinueuse de Scenic Drive ondule au fond de profonds canyons creusés par l'eau. Nous sommes cernés par d’immenses murs de pierre aux pieds desquels s’est développée une abondante végétation.

Bryce Canyon NP

26-27 Mai 2006 : Moab - Bryce Canyon - Page (494 miles)

Nous laissons, à présent, les roches rouges derrière nous pour franchir la région du Grand Staircase. Celle-ci aurait peut-être mérité qu’on s’y attarde, mais nous avons fait d’autres choix et notre prochain objectif est Bryce Canyon. C’est en fin d’après-midi que nous y arrivons et par chance, il reste encore des places au camping. Sitôt installés, nous nous précipitons vers le Bryce Amphitheater qui rassemble les plus beaux points de vue du parc et notamment pour les levers et couchers de soleil. Ce que nous découvrons est magique, un chef-d’œuvre de la nature, il n’existe pas de mots pour décrire cet endroit inouï. Nous restons là abasourdis, devant cette immense arène en forme de fer à cheval, regardant le soleil s’enfoncer dans un horizon légèrement voilé. Demain, nous reviendrons, c’est promis, on ne peut pas rater le lever du soleil, ici.

Quand le soleil se lève, nous sommes là, chaudement vêtus car l’air est plutôt frais à 2 600 mètres d’altitude.Déposées dans un vaste lac préhistorique, des couches sédimentaires se sont progressivement soulevées. Sous l’effet de l’érosion, les bords du plateau se sont usés formant des avancées en forme de murs. Ceux-ci ont commencé alors, à se perforer au niveau de leurs points les plus faibles et des arches se sont formées, puis se sont agrandies pour enfin se briser. Il ne reste plus, alors, que des piliers que l'on appelle hoodoos. Selon une légende indienne, ce serait un peuple ancien, changé en pierre.

En 1875, le charpentier mormon Ebenezer Bryce et sa famille s'installent dans la vallée et les habitants prirent l’habitude d’appeler l’endroit « le Canyon de Bryce » et ce nom est resté.D’abord, nous suivons un chemin qui longe le bord supérieur de l'amphithéâtre et marquons des arrêts aux divers postes d'observation (Sunrise Point, Sunset Point, Inspiration Point et Bryce Point)… Ensuite, nous décidons de prendre le sentier qui pénètre au milieu d’un dédale des colonnes sculptées par la nature. C’est superbe !

Nous quittons Bryce Canyon, le parc qui nous a procuré certainement les plus grandes émotions. La prochaine escale s’appelle Page, ville étape où beaucoup de monde s’arrête car c’est le point de départ idéal pour la visite des alentours.Dans une agence tenue par un navajo, chef tsosie, nous réservons nos activités pour les deux jours à venir.

Lake Powell

28 Mai 2006 : Page (16 miles)

Cette journée tranquille commence par une croisière de 3 heures sur le Lac Powell. Ce lac artificiel long de 305 km, totalise 3150 km de rivages (on y trouve 96 canyons). Il résulte d'un barrage, Glen Canyon Dam, construit en 1964 sur le Colorado. Une anecdote : il a fallu 17 ans pour le remplir.

En fin d’après-midi, nous nous rendons à la réserve indienne où nous attend notre chef indien, qui se prénomme Ray. Il nous conduit d’abord chez sa mère qui est la guérisseuse du village et qui nous vente les mérites de la racine de yucca. Entre autres vertus, elle sert de shampooing, une fois séchée et pilée. Nous visitons, ensuite le Hoggan, habitation traditionnelle ronde, à l’intérieur de laquelle sont pratiquées les cérémonies.La maison de Ray est un mobilhome et c’est là que nous partageons le repas en compagnie de son épouse et ses enfants. Avant de manger, nous sommes sollicités pour la prière car cette famille est de confession mormone. Bien qu’athées nous nous plions à cette règle.

Antelope Canyon - Grand Canyon NP (Nord)

29 Mai 2006 : Page - Jacob Lake (170 miles)

En ce matin ensoleillé, Ray et son agence « Antelope tour » nous prend en charge dans son méga 4X4 en compagnie d’un homme de Los Angeles venu en repérage pour les scènes d’un film de Sean Penn. Il nous décrit le sujet de film et d’après ses explications, nous comprendrons plus tard qu’il s’agissait du film « Into the wild ».La faille d’Antelope Canyon est un véritable bijou : une gorge très étroite creusée dans le grès par l'eau et le vent dont les couleurs spectaculaires laissent rêveur. Ce monument appartient aux indiens Navajo qui seuls, sont habilités à le faire visiter. C’est l'une des gorges les plus connues et les plus photographiées du Sud-ouest des États-Unis.Ray n’a pas oublié de mener sa flûte et à l’intérieur de la faille le son de sa musique procure un effet magique. Des faisceaux lumineux produits par le soleil au zénith qui pénètre par les étroites ouvertures du canyon est un spectacle féérique. Nous assistons à un véritable spectacle « son et lumière ».

Quittant Page, le point du vue très spectaculaire d'Horseshoe bend est un très beau méandre en forme de fer à cheval (d'où son nom…) creusé par le Colorado. C’est là, assis au bord du précipice, que nous déjeunons.

Une immense forêt de sapins, de grandes prairies verdoyantes, un réservoir d’eau où des biches viennent boire : nous sommes à Jacob Lake, situé tout près du Grand Canyon. Le soleil décline et nous nous dépêchons pour assister au coucher du soleil sur la North Rim. Une fois de plus le spectacle est grandiose.

Il fait presque nuit quand nous montons la tente.

Zion NP

30 Mai 2006 : Jacob Lake - Zion (81 miles)

Ce sont les cris des oiseaux qui nous réveillent. L’emplacement se situe sous les sapins, à l’orée de la forêt contre la barrière de la prairie. Le parc de Zion signifiant « refuge » en hébreu est célèbre pour ses profonds canyons creusés par la rivière Virgin, qui coule paisiblement au fond d’une vallée luxuriante. Ce parc ne ressemble à aucun autre, et surprend par son panorama très diversifié. En quelques kilomètres, le décor passe du désert à une abondante végétation des montagnes.Le parcours « Angels Landing Trail » monte de 500 mètres vers un sommet à la vue se perdant dans l’infini.

Après ces balades ressourçantes, une bonne nuit s’impose et nous regagnons notre tente plantée à l’intérieur même du parc dans un écrin de verdure où des écureuils viennent nous rendre visite.

Las Vegas

31 Mai 2006 : Zion - Las Vegas (161 miles)

Changement radical de décor avec la visite de Las Vegas. Flanquée en plein milieu du désert, ce fut d’abord une bourgade agricole fondée par les mormons. Grâce aux lois libérales en matière de jeux du Nevada, la ville a acquis une renommée mondiale pour ses casinos et ses revues. Pour nous, ce n’est pas à priori une destination qu’on affectionne mais nous sommes curieux toutefois de voir ce qui s’y passe. Nous prévoyons donc, un jour pour explorer cette ville surnommée « sin city » (la ville du péché).Après avoir traversé une région quasi désertique, nous apercevons au loin, tel un mirage, une concentration de hauts buildings dont une tour en forme d’aiguille, pas de doute, nous sommes arrivés.C’est dans une auberge de jeunesse que nous posons nos sacs pour une nuit plus confortable que d’ordinaire. En attendant que notre chambre soit disponible, nous allons flâner dans l’avenue de Fremont pour une première prise de contact avant de s’immerger dans le cœur de la ville « le strip » où se concentrent tous les célèbres hôtels et leurs machines à sous.

C’est à bord d’un bus étagé spécialement affrété : le Deuce, que nous nous y rendons et nous plongeons immédiatement dans une ambiance où règnent le jeu, l’illusion et le superficiel. N'étant pas joueurs nous nous amusons à voir un maximum d’hôtels : Caesar's Palace, Planet Hollywood, New York – New York, The Venetian, Treasure Island, Paris Las Vegas, Luxor, Bellagio.... nous sommes atterrés par le nombre impressionnant de personnes qui peuvent jouer. Nous restons jusqu’à la tombée de la nuit et assistons à un spectacle de pirates au Treasure Island. Spectacle grandiose et gratuit fait pour attirer les joueurs.

Death Valley NP

1 Juin 2006 : Las Vegas - Ridgecrest (303 miles)

Quittant les environs plutôt laids de Las Vegas plutôt laids, vaste chantier où poussent les immeubles, nous roulons assez longtemps pour nous affronter à la Vallée de la Mort, une des zones les plus chaudes et les plus arides de la planète.Death Valley, est la conjugaison d’un vaste dépôt de sédiments laissé par un immense lac asséché et des restes d’une grande activité volcanique passée. Il résulte de ces phénomènes anciens des formes chaotiques, des couleurs à la fois étranges et fascinantes, des étendues irréelles de couleur blanchâtre due à un gigantesque gisement de borax et des dunes de sables aux reflets brillants.Cette terre des extrêmes détient le record de la température la plus chaude sur le continent américain : 56,7 °C (mesurés en juillet 1913). Le jour de notre passage nous avons enregistré 117° F (47,2 °C) au thermomètre de la voiture. A 86 mètres sous le niveau de la mer au point le plus bas du parc mais également du continent américain, un écriteau planté dans la montagne indique « sea level ».

Zabriskie point est l'ndroit idéal pour admirer l’immensité et la solitude des lieux habité par de rares serpents, coyotes et « road runner » (Grand géocoucou) cet oiseau coureur immortalisé par le personnage de Bip Bip dans le dessin animé Bip Bip et Coyote.

Kings Canyon NP - Sequoïa NP

2-3 Juin 2006 : Ridgecrest - Kings Canyon (508 miles)

Après avoir traversé un paysage montagneux planté de pins calcinés, puis un plateau où la végétation est extrêmement sèche, et une vaste plaine où sont cultivés des orangers, des oliviers, des arbres fruitiers nous entrons dans le Kings Canyon National Park.

Kings Canyon et Sequoïa sont deux parcs nationaux contigus gérés comme un seul parc depuis 1943. Ils se situent sur le versant Est de la Sierra Nevada dans le centre de la Californie.La taille des séquoias qui nous entourent est impressionnante. Certains mesurent jusqu’à 80 mètres de haut et le plus large du monde fait 12 mètre de diamètre à la base. A chaque emplacement de camping à la vue imprenable, une armoire métallique permet de ranger tout ce qui est comestible (y compris les poubelles) pour éviter que les ours, attirés par l’odeur, ne viennent se servir. Il est même fortement déconseillé de laisser quoi que se soit dans la voiture, les photos de véhicules détériorés, exposées sur des panneaux sont plutôt dissuasives.Le canyon de la Kings River ne ressemble en rien aux canyons de l’Arizona ou de l’Utah. Ici, tout est vert, les versants sont arborés et agrémentés de nombreuses cascades qui convergent vers la rivière dont le débit est assez spectaculaire. Inattendus, de grands yuccas hérissent les flancs de la montagne arborant leurs grappes de cloches blanches, perchées au bout de leur longue tige isolée dans le brun ambiant. Nous revenons au camping et admirons l’horizon qui flamboie sous l’effet du coucher du soleil où les ombres chinoises des séquoias qui se détachent, nous rappellent que allons dormir au milieu des ces géants millénaires.

Réveil au paradis. Ici, le silence est rompu par les chants des oiseaux qui tentent, en compagnie de quelques écureuils affamés, de voler les miettes restant du repas de la veille. De nombreux sentiers permettent de se promener au pays des géants et de s'approcher de ces grands arbres et d'apprendre leur histoire. Majestueux, debout, ils sont tout aussi impressionnants quand ils sont tombés à terre ; on peut y pénétrer à l’intérieur ou y passer dessous avec la voiture.

La Giant Forest est une concentration de séquoias géants, elle abrite notamment le plus grand séquoia du monde, le General Sherman. Ce mastodonte d’environ 2500 ans a une hauteur de 83 mètres et repose sur une base de 11 mètres de diamètre.

La « Big Trees Trail », un chemin qui ceinture une prairie noyée est l'occasion d'une rencontre fortuite avec un ours brun. Un attroupement de curieux, armés de leur appareil photo tente d’immortaliser cet instant. Ce gros nounours déambule nonchalamment quand deux rangers du parc chassent le perturbateur.

En guise de balade digestive : l’ascension des 400 marches qui mènent au sommet du Moro Rock. Du haut de ce gros rocher de granit, une vue vertigineuse sur toute la région permet d’apprécier la profondeur du canyon qui, par endroit, est plus importante que celle du Grand Canyon du Colorado !

Yosemite NP

4-5 Juin 2006 : Kings Canyon - Yosemite (295 miles)

Un dernier coup d’œil sur les colosses et la route du Yosemite nous appelle. Nous longeons d’immenses plantations d’orangers et oliviers. Des mexicains cassés en deux font la cueillette de haricots dans des champs qui s’étendent à perte de vue.Le parc Yosemite très touristique est le deuxième plus visité des Etats-Unis et attire chaque année des milliers de randonneurs et de grimpeurs venant du monde entier.Ce parc est un site d'une rare beauté, un hymne à la nature sauvage !La majesté et la grandeur de ses parois de granit massif, la puissance de ses chutes spectaculaires parmi les plus hautes du monde, la beauté sereine du fond de sa vallée où poussent des séquoias géants et la diversité de ses plantes et animaux, lui ont valu d’être inscrit au patrimoine mondial de l'Humanité par l'Unesco en 1984.

Dans le camping réservé aux petites tentes nous avons des français pour voisins. Ils sont venus pour escalader « El Capitan » cette formation rocheuse verticale de 1 000 m très connue dans le monde de l'escalade. D’en bas, on distingue les bivouacs de ceux qui vont passer la nuit suspendus à la paroi. C’est également ici qu'eurent lieu les premiers sauts de « base jump » moderne. Divers points de vue : Glacier Point où on peut admirer le Half Dome, Valley View qui nous offre la vallée avec la Merced River au premier plan, Tunnel View qui domine le fond de la vallée, avec El Capitan, Bridalveil Fall et Half Dome au fond montre la beauté du YosemiteVoir ces merveilles de loin, nous engage à les voir de plus près.

Le Half Dome – 1500 m de dénivelé (donné pour 12h dans les brochures). Nous commençons l’ascension à 7h20 mais l’allure de l’un n’étant pas celle de l’autre, ce sera chacun pour soi. Nous nous séparons donc et rendez-vous au sommet à 2700 mètres. Au cours de la montée, des haltes rafraîchissantes s’imposent, l’une à Vernal Fall et l’autre à Nevada Fall. La fin du parcours ressemble plus à de l’escalade que de la randonnée. La récompense c’est cette vue sur 360°, grandiose, sublime et on mesure tout le sens du mot « mérité ». Après une rapide descente, nous arrivons à 15h30 au point de départ du matin. 8h00 aller-retour : pas mal !Après un bref passage au Swinging Bridge, nous rentrons.

Le lendemain le parc continue de dévoiler ses merveilles. Le Yosemite Fall, ce trail éprouvant, avec très peu de portions de sentier pour récupérer, grimpe de plus de 820 mètres pour atteindre l'altitude de 2100 mètres. La balade reposante autour de Mirror Lake offre de superbes points de vue.

Mono Lake

6 Juin 2006 : Yosemite - Mono Lake (197 miles)

Après s’être progressivement engagés dans la « Toiyabe National Forest » nous grimpons jusqu’au « Sonora pass » à 2 933 mètres d’altitude où la neige est encore bien présente. S'ensuit une vaste plaine herbeuse où coule tranquillement une large rivière.

Ce lac était alimenté par plusieurs cours d’eau dont certains ont été détournés vers le grand aqueduc de Los Angeles en 1941. Cela a provoqué une baisse du niveau du lac qui a atteint son minimum en 1982 (son niveau avait baissé de près de quatorze mètres) et fait apparaître des formations calcaires appelées «Tufs». Ces concrétions émergent de l’eau, telles des fontaines pétrifiées, et le spectacle de ces silhouettes étranges fait le bonheur des photographes.Aucun poisson ne vit dans cette eau fortement salée (2 fois plus que l’océan). Seule une espèce de crevette nourrit la plupart des oiseaux migrateurs qui font de ce lieu leur point de passage privilégié.Assis sur les rives du lac nous contemplons le va et vient des oiseaux avec, en arrière plan, le soleil qui descend derrière les montagnes.

Bodie

7 Juin 2006 : Mono Lake - San Francisco (337 miles)

Bodie, cette ville fantôme qui se situe au milieu de nulle part fût construite durant la Ruée vers l'or. Cette ville atteignit une population de 10 000 habitants en 1880 (deuxième ville de

Californie à l'époque), avant d'être progressivement abandonnée dans les années 30 à la suite de deux incendies. Aujourd’hui on peut en visiter une partie conservée par miracle. Les maisons sont restées les mêmes, dans les moindres détails, comme il y a un siècle.Bodie, avait une très mauvaise réputation. Les assassinats, les bagarres et les hold-up étaient monnaie courante. Une légende raconte qu'une petite fille, apprenant qu'elle et sa famille partaient pour Bodie, fit une nuit cette prière : « Au revoir Seigneur, nous allons à Bodie. » Une impression étrange nous envahit en arpentant les rues vides de cette émouvante ville mystérieuse. Parmi les 170 bâtiments en bois, il reste l’église, l’école, la caserne de pompiers, les échoppes, les saloons (A son apogée, on ne comptait pas moins de 65 sur la route principale), les restes d’une banque et même… la prison.

Nous achevons la visite par les bâtiments de la Standard Company, la société qui exploitait le filon d’or.

Nous quittons les lieux, notre prochaine escale : San Francisco.

San Francisco

8-9 Juin 2006 : San Francisco (0 mile)

Il est 18 heures et le temps est très lourd quand nous arrivons dans la Baie de San Francisco. C’est un grand moment d’émotion que de pénétrer dans la ville en roulant pendant environ 2 kilomètre par le mythique et majestueux Golden Gate Bridge. Ce pont, achevé en 1937, a été jusqu’en 1964 le pont suspendu le plus long du monde, et constitue aujourd’hui le monument le plus célèbre de San Francisco, aisément reconnaissable par sa couleur « orange international » et par l’architecture de ses deux tours. Nous sommes immédiatement séduits par cette très belle ville, tous ceux qui l’ont connue, sont d’ailleurs unanimes. Notre hôte, Rob, membre hospitality club nous accueille chez lui, et nous partageons un repas de « fusion

cuisine », cette nouvelle tendance qui consiste à mélanger les saveurs d’origines diverses donne des résultats étonnants et succulents.Le lendemain, le premier transport que nous avons hâte de prendre c’est le « Cable car ». Ce célèbre tramway tracté par un câble a été conçu en 1873 et maintes fois rénové. Nous sommes surpris par le système archaïque de ses wagons en bois où un machiniste actionne un levier métallique datant d’une autre époque. Le trajet d'une durée 20 minutes mène jusqu’à Fisherman’s Wharf. De là des bateaux partent pour l'île d’Alcatraz au milieu de la baie de San Francisco. Cette île hébergea une prison fédérale de haute sécurité jusqu’en 1963.

Équipés d’un casque dans lequel un guide commente la visite en français, nous évoluons dans cette célèbre prison, où on été incarcérés entre autres, Al Capone.Au retour de cette troublante expérience, nous flânons dans les rues de San Francisco : le quartier italien, Chinatown qui est la plus grande communauté chinoise hors d'Asie, la Lombard Street, cette petite rue très pentue mondialement connue pour ses huit virages très serrés qui lui ont valu d'obtenir la distinction de "la route la plus sinueuse des États-Unis".Sur les hauteurs de la ville, le quartier d'Haight-Ashbury composé de demeures victoriennes et du Buena Vista Park fût l’épicentre du mouvement hippie des années 60. Du parc, a travers les branches, apparaissent les deux tours du Golden Gate Bridge derrière la brume. Ce voile opaque enveloppe doucement la baie qui s’endort et tamise délicatement le soleil qui décroit.

Les réveils sont de plus en plus difficiles et la fatigue de ce voyage au programme soutenu commence à se manifester. Néanmoins, l’idée de faire de nouvelles découvertes dans San Francisco aiguise notre curiosité, et c’est d’un pas décidé que nous partons à l’assaut d’une deuxième journée.Nous ne nous lassons pas de monter dans les Cable car, heureux comme des enfants embarquant dans un manège. Enfourchant des vélos nous explorons l’immense Parc du Golden Gate, situé en pleine ville et s’ouvrant sur l’océan. Il abrite le conservatoire des fleurs, une gigantesque serre victorienne, un jardin japonais, des lacs artificiels avec leur chute d’eau et un parcours de plus de 10 kilomètres de pistes cyclables sur lesquelles nous pédalons avec beaucoup d’enthousiasme. Après avoir longé l’océan nous apercevons le Golden Gate Bridge et en quelques coups de pédales, nous voilà sur ce colosse d’acier et de béton. Le découvrir en voiture, deux jours auparavant, nous avait procuré une vive émotion mais l’excitation de le parcourir à vélo a fait naître une puissante sensation de liberté. Un aller-retour avec plusieurs haltes, des photos sous tous les angles et nous rentrons.

Dans le quartier hippie dont il ne reste pas grand-chose, quelques commerçants dans Haight Street vendent tout l'attirail du parfait hippie : T-shirts, lunettes rondes, bâtons d'encens, drapeaux de prière tibétains, statues de Bouddha et d'éléphants du Népal, bijoux des Indes. La visite du Musée du Cable Car termine cette visite de l'attachante ville de San Francisco.

Highway 1 : Monterey – Santa Barbara

10-11 Juin 2006 : San Francisco - Santa Barbara (396 miles)

Dernier regard sur la longue plage de sable où les vagues de l’océan viennent mourir. L’horizon est bouché, ce matin San Francisco s’est emmuré dans une épaisse brume.La Route N°1 (Pacific Coast) qui sillonne toute la côte californienne à flanc de falaise, s’étire sur 900 kilomètres entre San Francisco et Los Angeles. Le brouillard matinal s’est dissipé laissant la place à un radieux soleil qui nous incite à nous arrêter fréquemment pour perdre notre regard au large et se laisser transporter par la beauté des lieux. Monterey, un port bien agréable vécut principalement de la pêche jusque dans les années 50 et fut longtemps le centre mondial de l'industrie sardinière. Sa Cannery Row (La Fabrique de conserve) a été immortalisée par John Steinbeck. L’aquarium dont est dotée la ville, et qui serait l’un des plus grands au monde est certes impressionnant mais il ne restera pas notre plus

beau souvenir de la Californie. Le quartier des anciennes conserveries borde le front de mer où nous pouvons observer des cormorans, plusieurs otaries et une loutre qui ne semble pas perturbée par notre présence et se donne en spectacle pour notre plus grand plaisir. La baie de Monterey est un sanctuaire marin qui recèle de nombreuses espèces de mammifères et d'oiseaux marins.

Le lendemain direction Carmel ; cette ville est célèbre pour avoir eu Clint Eastwood comme maire, mais surtout pour abriter l’une des plus belles et plus complètes missions de Californie : La mission San Carlos Borromeo fondée en 1770 par les Franciscains. Les missions abondaient dans cette région, elles avaient pour but de répandre la religion chrétienne parmi les amérindiens locaux.

L'highway N°1 continue à nous émerveiller devant les spectaculaires reliefs découpés. Au niveau de Big Sur la route atteint son apogée : une côte abrupte et déchiquetée, battue par la houle qui fait face à des montagnes couvertes de hautes et épaisses forêts. Ce spectacle est à couper le souffle. Dans les environs de San Siméon, sur les hauteurs de dresse le délirant Hearst Castle, le domaine somptueux du magnat de la presse William Randolph Hearst. Au détour d'une plage fourmillent des éléphants de mer qui ont envahi l’espace.

La ville Santa Barbara semble à première vue un rendez-vous de la jet-set sur les larges plages bordées de palmiers. Sur la jetée en bois s’activent de nombreux pécheurs.

Venice Beach - Long Beach

12 Juin 2006 : Santa Barbara - San Diego (248 miles)

La route longe de larges plages de sables blancs qui s’étirent à l’infini sont parsemés de cabane d’un « lifeguard ». Il ne manque que les sirènes d'alerte à Malibu.

Le quartier de Venice Beach doit son nom à un riche propriétaire,qui de retour d’un voyage à Venise au début du XXème siècle, fit construire des canaux. Par la suite, il devint le haut lieu du mouvement hippie à Los Angeles et les traces de cette époque sont encore imprégnées avec de nombreux artistes de rue, marginaux, excentriques et anciens hippies qui animent le quartier. C’est un spectacle permanent où des amuseurs publics distraient les passants dans une ambiance très sympathique. On retrouve des musiciens, orateurs, danseurs… Sans oublier les superbes femmes qui passent en roller et les corps bodybuildés des hommes qui exhibent leurs muscles dans la salle de musculation en plein air... C’est l’endroit où il faut voir et être vu.

En passant par Long Beach, une idée nous trottait dans la tête d’aller voir « la vieille anglaise qu’on appelait le Queen Mary … échoué si loin de ses falaises dans un port de Californie… »Long Beach est un port de commerce et une banlieue industrielle, riche de son pétrole. En quête de touristes, elle acheta le navire et le fit mettre à quai dans une de ses darses. La route qui y conduit traverse un secteur où pullulent des usines sur plusieurs kilomètres. Quand nous sommes devant ce géant des mers nous sommes bien sûr émus, mais, le spectacle de ce somptueux bâtiment qui a connu ses jours de gloire venant finir sa vie dans un décor terne nous laisse une impression désagréable.

Puis direction San Diego où un ami Français (Mehdi et sa famille) nous attends. Ils vivent dans une résidence cossue, avec portail de sécurité, piscine commune, jacuzzi, barbecue.

San Diego - Tijuana

13 Juin 2006 : San Diego (72 miles)

San Diego étant très proche de la frontière mexicaine, nous décidons de faire une petite incursion à Tijuana, qui se trouve à seulement une quinzaine de minutes. La frontière se passe sans aucune difficulté par un simple tourniquet métallique. Le contraste est immédiat et saisissant, deux mondes se touchent : d’un côté les riches et de l’autre les pauvres, la frontière étant la ligne de fracture. Nous traversons un pont qui enjambe une rivière ou ce qu’il en reste, car les immondices ont remplacé l’eau. Les marchands qui bordent les rues regorgent d’articles en tout genre : poteries, tapis, cuirs, souvenirs, bibelots… mais ce qui frappe le plus ce sont les gigantesques pharmacies qui foisonnent. Les américains n’ayant pas de Sécurité Sociale viennent ici s’approvisionner en médicaments à prix discount.

Puis demi-tour en suivant la flèche qui indique « USA ». Cependant, si entrer au Mexique des Etats-Unis est d’une facilité déconcertante, il n’en est pas de même dans l’autre sens et nous devons prendre notre mal en patience dans une queue interminable à l’issue de laquelle des fonctionnaires américains filtrent les nouveaux arrivants.De retour sur le territoire américain,le quartier historique de La Old Town, haut en couleur, se compose de maisons construites vers 1840.

Los Angeles : Hollywood et Universal Studios

14-15 Juin 2006 : San Diego - Los Angeles (166 miles)

La boucle semble bouclé avec le retour sur Los AngelesMondialement connue pour son activité scientifique et culturelle, elle est la deuxième plus grande ville des Etats-Unis après New-York. Cosmopolite, elle attire les populations grâce à son climat méditerranéen, son style de vie et l'opportunité d'y réaliser son rêve américain. On y trouve 140 nationalités différentes : c'est l'un des principaux foyers d'immigration du pays. Elle est surtout célèbre pour sa production cinématographique la plus rentable au monde. Le nom d'Hollywood, le quartier dans lequel cette production a lieu, est devenu synonyme de cette industrie. Sur Hollywood Boulevard se trouve le Walk of Fame, ce fameux trottoir recouvert de plus de 2000 étoiles roses sur lesquelles figurent les noms de célébrités de l'industrie du spectacle. Devant le Grauman's Chinese Theatre, une salle de cinéma qui présente en avant-première la plupart des grandes productions hollywoodiennes, les plus grandes stars du cinéma immortalisent leur passage en signant et en laissant leurs empreintes de pieds et mains dans le ciment. Tous les touristes présents sur ce parvis marchent la tête baissée à la recherche d'acteurs connus.

Le quartier financier envahi de gratte-ciel, la Spring Street et ses rues adjacentes impressionnantes avec leurs anciens bâtiments des années 1920 en style Art Déco compose le centre de la ville. La plus impressionnante de toutes ces rues, reste Broadway avec tous ses vieux cinémas de l'Entre-Deux-Guerres dont la plupart ont progressivement fermé leurs portes. Les bâtiments, reconvertis ou vides, rappellent un passé glorieux. Quand la nuit tombe et que la foule déserte les lieux, Downtown fantôme, devient le repère des sans-abris.

Nous consacrerons notre dernière journée à l’une des visites incontournables d'Hollywood « Le parc d'attractions Universal studios » qui retrace l'histoire du cinéma aux USA et la réalisation des plus grandes productions d'Hollywood.Le parc se divise en trois parties et nous commençons par la partie basse en nous plongeant, entre autre, dans le monde de Jurassik Park. L'attraction immanquable du parc, est le Studio Tour, qui permet aux spectateurs d'accéder à la face cachée des films assis dans un petit train. A travers cette visite nous nous émerveillons, tels des enfants, devant les multiples décors qui vont du village mexicain, à la rue de Londres ou aux immeubles new-yorkais. Ces attractions permettent de se placer au cœur même des films en découvrant les nombreux effets spéciaux et tous les trucages utilisés dans le monde du cinéma. Dans l'explosion d'une station de métro. Rien ne manque : explosion, route effondrée, sur-accident avec l’arrivée d’un second métro, inondation… Après cette expérience excitante, nous déambulons parmi les attractions proposées, Shrek, Backdraft, Retour vers le futur ou Waterworld.

ConclusionAinsi prend fin notre circuit…Tel le fermier qui engrange le foin pour l’hiver, nous avons stocké des souvenirs pour une vie entière. Des centaines de photos ne sont que le pâle reflet de ce que nos yeux ont pu voir.Car, aucune technologie, fut-elle la plus évoluée, aucun appareil fut-il le plus sophistiqué, ne pourra reproduire les profondeurs vertigineuses du Grand Canyon du Colorado, les majestueuses colonnes sculptées par l’eau et le vent de Bryce Canyon, l’imposant et solennel Half Dome dans le Yosemite ou la sublime perspective dans la Vallée de la mort. Au cours de ce périple, le mot « démesure » a pris tout son sens. Et puis, les rencontres… Rencontres ordinaires avec ces américains dont beaucoup sont à l’opposé de ce que nous avions pu imaginer. Rencontre insolite avec ce chef indien Navajo de confession mormone qui nous a invités dans sa réserve. Rencontre avec les différents hôtes qui nous ont ouvert leur porte. Enfin et surtout, rencontre avec la nature. Nous avons vécu l’aventure d’un fils et de sa mère partis ensemble pour un remarquable voyage dont nous n’oublierons jamais les moments partagés.