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Reconnue d’utilité publique par décret du 5 mars 1993. Sous le Haut Patronage du Président de la République Ouverture des sites de la Fondation de la Résistance, de l’association « Mémoire et Espoirs de la Résistance » et de l’Association pour des Etudes sur la Résistance Intérieure. Des sites fédérateurs au service de la Mémoire de la Résistance. N° 25 - juin 2001 - 30 F

Ouverture des sites...Maurice CHEVANCE-BERTIN * René CLAVEL Pierre COCHERY Eric CONAN Jean CUELLE* Manuel DIAZ Jean-Marie DOMENACH* Maurice DRUON Lucien DUVAL Yvette FARNOUX Marc

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Reconnue d’utilité publique par décret du 5 mars 1993. Sous le Haut Patronage du Président de la République

Ouverture des sites de la Fondation de la Résistance, de l’association « Mémoire et Espoirs de la Résistance » et de l’Association pour des Etudes sur la Résistance Intérieure.Des sites fédérateurs au service de la Mémoire de la Résistance.

N° 25 - juin 2001 -30 F

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2 La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 25 - juin 2001

Appel à souscription nationalePour atteindre ses objectifs, la Fondation de la Résistance a besoin de votre soutien. Le développement des actions en faveur de la Mémoire, lapoursuite de la constitution de la bibliothèque, la conservation des documents, l’élaboration de la documentation historique destinée aux cher-cheurs, aux étudiants, aux élèves des lycées et collèges, aux professeurs, le projet de colloque sur les Valeurs et tous ses autres projets, nécessitentun budget important qu’elle doit pouvoir dégager des revenus d’un patrimoine encore insuffisant.

Dons des Particuliers :Vos dons sont déductibles dans la limite de 6% de votre revenu imposable (LF 2000, art. 4 nouveau ; CGI, art. 200).

Dons des Entreprises :Ces versements, pris en compte dans les limites de 2,25% ou 3,25% du chiffre d’affaires, sont déductibles des résultats de l’exercice au cours duquelils sont effectués (LF 2000, art. 17 ; CGI, art. 238 bis et 238 bis A). Par ailleurs, la possibilité d’associer le nom de l’entreprise versante aux opé-rations financées, est généralisée.Sur votre demande, un reçu CERFA réglementaire vous sera adressé afin de permettre le bénéfice de ces déductions fiscales.En outre, la Fondation de la Résistance , sous les réserves légales est habilitée à recevoir tous dons et legs, espèces, biens mobiliers ou immobilierspouvant concourir à accroître son patrimoine.Pour tous renseignements complémentaires contactez le service « dons et legs » au 01.45.66.62.72

LA FONDATION DE LA RÉSISTANCE (Décret du 5 mars 1993. Reconnue d’utilité publique. Sous le haut patronage du Président de la République)

Le 18 juin 1940, le général de Gaulle lançait son appel :

« La flamme de la Résistance ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas »

C’est ce message que la Fondation est chargée de transmettre aux générations futures et qu’elle a traduit dans ses statuts :Les derniers témoins vont disparaître...

Les survivants ont, en commun, un triple devoir à assumer pendant qu’ils peuvent encore le faire:- sauvegarder, pour l’Histoire, le témoignage de leurs luttes et de leurs peines,- veiller à la permanence du souvenir de ceux qui ont payé de leur vie la fidélité aux valeurs de l’Homme,- rappeler aux générations futures que les vérités de notre Civilisation ne peuvent dépendre d’un succès ou d’un échec militaire, et leur

transmettre cette exigence de Justice et de Liberté, ouvrant la voie à la Communauté des Peuples.

Tels ont été les motifs de la création de la Fondation de la Résistance dont la tâche immense et urgente nécessite la mobilisation de tousnos compagnons et de toutes les forces vives de la Nation.

Membres fondateurs :Lucie AUBRAC ◆ José ABOULKER ◆ Général ALIBERT* ◆ Jean-Pierre AZÉMA ◆ Jean-Bernard BADAIRE ◆ Gilbert BEAUJOLIN*Général Maurice BELLEUX ◆ Général Pierre de BÉNOUVILLE ◆ Jean-Baptiste BIAGGI ◆ Marcel BLANC ◆ François BLOCH-LAINÉPierre BOLLE ◆ Claude BOUCHINET-SERREULLES* ◆ Claude BOURDET* ◆ Maurice BOURGÈS-MAUNOURY*Léon BOUTBIEN* ◆ Jean BRENAS* ◆ Jean-Jacques de BRESSON ◆ Georges CAÏTUCOLI ◆ Jacques CHABAN-DELMAS* Maurice CHEVANCE-BERTIN * ◆ René CLAVEL ◆ Pierre COCHERY ◆ Eric CONAN ◆ Jean CUELLE* ◆ Manuel DIAZJean-Marie DOMENACH* ◆ Maurice DRUON ◆ Lucien DUVAL ◆ Yvette FARNOUX ◆ Marc FERRO ◆ Marie-Madeleine FOURCADE*Pierre FOURCAUD* ◆ André FROSSARD* ◆ Geneviève de GAULLE-ANTHONIOZ ◆ Charles GONARD ◆ Alain GRIOTTERAYMichel HACQ* ◆ Claude HALLOUIN ◆ Léo HAMON* ◆ Stéphane HESSEL ◆ Raymond JANOT ◆ André JARROT* ◆ Pierre LABORIEJacques LARPENT ◆ Jean-Pierre LEVY* ◆ Général Gilles LÉVY ◆ Jacques MAILLET ◆ Yves MALÉCOT* ◆ François MARCOTJean MATTÉOLI ◆ Pierre MAUGER ◆ Daniel MAYER* ◆ Pierre MESSMER ◆ Pierre MOINOT ◆ Bernard MOREY*Lucien NEUWIRTH ◆ Henri NOGUÈRES* ◆ Denis PESCHANSKI ◆ Maurice PESSIS ◆ Jean PIERRE-BLOCH* ◆ Claude PIERRE-BROSSOLETTE ◆ Jacques PIETTE* ◆ Pierre PIGANIOL ◆ Christian PINEAU* ◆ Maurice PLANTIER ◆ Christian PONCELETSerge RAVANEL ◆ François RAVEAU ◆ René RÉMOND ◆ Henri RIOUX ◆ R.P.Michel RIQUET* ◆ Ferdinand RODRIGUEZ*Henri ROL-TANGUY ◆ Jacqueline SAINCLIVIER ◆ Général SAINT-MACARY ◆ Marie-Claire SCAMARONI ◆ Maurice SCHUMANN*Général Jean SIMON ◆ Jacqueline SOMMER* ◆ Pierre SUDREAU ◆ Pierre-Henri TEITGEN* ◆ Germaine TILLIONMarie-Claude VAILLANT-COUTURIER* ◆ Georges VALBON ◆ Amiral Charles VEDEL* ◆ Dominique VEILLON ◆ Denise VERNAYAlain VERNAY ◆ Charles VERNY* ◆ Benoît VERNY ◆ Hélène VIANNAY ◆ Henri ZIEGLER*

(*) In memoriam

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S O M M A I R E

La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 25 - juin 2001

Éditorial

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Si nous avons décidé de consacrer ce numéro de la Lettre à l’ouver-ture du site Internet de notre Fondation et de nos deux associa-tions partenaires : l’association « Mémoire et espoirs de la Résis-

tance » (MER) et Association pour des Études sur La RésistanceIntérieure (AERI) ce n’est pas pour céder à la tentation des sirènes d’unemode éphémère et illusoiremais bien parce que nousavons conscience qu’avec cenouveau média, nous pour-rons toucher un plus largepublic et remplir encoremieux la mission qui estnôtre.

Cette opportunité, nous fai-sant entrer de plain pieddans le vingt et unième siè-cle, nous ne pouvions pas lalaisser passer ne serait-ceque pour contrecarrer lesthéories pernicieuses des négationnistes et autres falsificateurs de l’His-toire qui ont malheureusement fleuri de façon exponentielle sur « lagrande toile ».

Car comme le disait Albert Camus « Qui répondrait en ce monde à laterrible obstination du crime, si ce n’est l’obstination du témoignage? »

Conçu comme un site fédérateur permettant de mieux faire connaîtreau grand public l’Histoire de la Résistance française et donc toutes lesinitiatives entreprises par les associations dédiées à son souvenir, il vousest donc largement ouvert !

Jean MATTÉOLIPrésident de la Fondation

de la Résistance

LE MOT DU PRÉSIDENT

Éditeur : Fondation de la Résistance,Hôtel National des Invalides, Corridor de Metz,escalier K, 75700 Paris 07 S.P.Reconnue d’utilité publique par décretdu 5 mars 1993. Sous le Haut Patronagedu Président de la République.Téléphone: 0147057369Télécopie : 0153599585Site internet :www.fondationresistance.comE-mail :[email protected] de la publication: Jean Mattéoli,Président de la Fondation de la Résistance.Rédacteur en Chef : François Archambault.Rédaction: Frantz Malassis, Nicolas Theis.Maquette, photogravure et impression:SEPEG International, Paris XVe.Revue trimestrielle - Abonnement pour un an : 100 F -N° 25: 30 F - Commission paritaire n° 4124 D73AC ISSN 1263-5707

La vie de la Fondation de laRésistance p. 4, 5 et 16- L’ouverture de notre site

internet : un site fédérateur auservice de la Mémoire de laRésistance

- M. Lionel Jospin appuie laFondation de la Résistance

- Brèves - Courrier de nos lecteurs

L’activité des associationspartenaires- Mémoire et Espoirs

de la Résistance p. 6- AERI p. 8

Mémoire et réflexions- La bataille de la mémoire :

l’enjeu de la citoyenneté p. 10

Autour d’une photographie- Jean Moulin face

à l’ennemi p. 12

Livres- Vient de paraître p. 14- A lire p. 15

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OUVERTURE DU SITE INTERNET DE LA FONDATION Un site fédérateur au service de la mémoire de la Résistance.

La vie de la Fondation de la Résistance

4 La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 25 - juin 2001

Enfin le réseau vint ! On peut désormais pas-ticher les poètes à l’infini. Le réseau inter-national, traduction littérale d’« internet »,

comporte enfin un site dédié à la Résistancefrançaise. Les mots rimaient depuis longtemps,depuis l’ombre et Londres : Résistance etréseaux évoquent l’héroïsme désintéressé, larébellion humaniste…La Fondation de la Résistance, créée pourpérenniser sa mémoire et ses valeurs dans unesprit d’ouverture et de partenariat, devait toutmettre en œuvre à cette fin dans la limite deses moyens. Les outils classiques continuent àjouer leur rôle : bibliothèque, promotion duConcours national de la Résistance et de laDéportation, lettre d’information, colloquesen partenariat. Ses deux associations-filles s’em-ploient à construire des outils modernes : l’As-sociation pour des Etudes sur la RésistanceIntérieure (AERI), animée par Serge Ravanel,développe ses CD-ROMs régionaux, trèsdécentralisés ; l’association « Mémoire etEspoirs de la Résistance » (MER) diversifie sesinitiatives socioculturelles adaptées aux cir-constances et aux générations. Cette associa-tion de descendants et de sympathisants desrésistants, outre ses initiatives ponctuelles ourégulières à la Sorbonne, aux Invalides, au Palaisd’Iéna ou au Mémorial Leclerc-Moulin, a d’a-

de maîtrise, DESS, DEAou doctorat. Cette tâchea été relayée par MMMarc Fineltin et JeanNovosseloff, de façoncourageuse et désinté-ressée. Après le succèsdu premier Festivalnational du film de laRésistance, animé parMme Nicole Dorra en1998, M. Maurice Lévy,Président de Publicis,qui avait aidé la Fonda-tion pour la Mémoire dela Déportation à créerson propre site, conseillaà M. Jean Mattéoli, Pré-sident de la Fondation,

d’ouvrir un site sur la Résistance. Il fut alorsdécidé de confier cette mission à « MER » enprenant pour point d’appui la base de donnéesuniversitaires. C’est ainsi que naquit en mai2001 le sous-site www.memoresist.org, ouvertau public éclairé (cf article p. 6 et 7).Préalablement, l’AERI avait ouvert son site intranet www.aeri-resistance.com (cf article p.8 et 9) pour relier ses antennesrégionales. Et début juin le site portailwww.fondationresistance.com a été ouvert.Il est en liaison avec les sites amis de la Dépor-tation et de la Fondation Charles de Gaulle àqui nous devons beaucoup. En effet, l’expé-rience et l’hospitalité de nos collègues du 5 dela rue de Solférino nous ont encouragés et aidésà aboutir à notre entrée sur « la toile ».

Internet n’est pas une fin en soi.C’est une galaxie nouvelle, comme « la galaxieGutenberg », chère au sociologue canadien MacLuhan et au comité franco-allemand « Fichet-Simon », vers lequel maître Maurice Druon,alors Secrétaire Perpétuel de l’Académie Fran-çaise, nous avait orientés. Face aux sites révi-sionnistes et autres médias destructeurs, la Résis-tance française se devait d’entrer dans le mondesans frontières des internautes.Nous devons aussi à la générosité de l’Uniondes Blessés de la Face et de la Tête, dite « LesGueules Cassées », que préside le général JeanSalvan, d’avoir réussi cet investissement intel-lectuel et moral. Il nous faut former mainte-nant des jeunes pour pérenniser cette cons-truction ouverte au « grand large », commedisait Churchill.

François ArchambaultSecrétaire général de

la Fondation de la Résistance

débats sur ces années sombres. Animées, depuisle début, par les valeurs de la Résistance, ellescontribuent à les faire vivre encore aujourd’-hui et à les transmettre aux jeunes générations.Conscient de leur contribution majeure aunécessaire travail d’élucidation du passé, leGouvernement a décidé de mieux soutenir cesinstitutions. Le Musée de la France Libre,inauguré l’an dernier par le Président de laRépublique, a été créé pour conserver les témoi-gnages d’un grand chapitre de notre histoire.Aujourd’hui, le Gouvernement souhaite ren-forcer son soutien à la Fondation de la Résis-tance et à la Fondation pour la Mémoire de la Déportation, afin de mieux garantir lapérennité de leur mission. Il a décidé d’ac-croître, dès l’an prochain, et de façon très sub-stantielle, la dotation en capital de ces deuxfondations. (...) »

Le 26 avril 2001, en l’Hôtel national desInvalides, lors de l’inauguration du hallGeorges Morin, résistant mort en dépor-

tation, sous-chef de bureau de l’Office Natio-nal des Anciens Combattants ; le Premierministre, M. Lionel Jospin, a souligné le rôlede la Fondation de la Résistance. Il a en cette occasion précisé que le Gouver-nement augmentera en 2002 sa dotation encapital afin de pérenniser notre institution.« (...) Au moment où disparaissent les témoinsde ces moments tragiques de notre histoire, ilme paraît nécessaire de renforcer le rôle desfondations qui oeuvrent à la perpétuation dusouvenir de la Seconde Guerre mondiale.Depuis leur création, la Fondation pour laMémoire de la Déportation, la Fondation dela Résistance et la Fondation de la FranceLibre ont alimenté la réflexion et nourri les

M. Lionel Jospin, Premier ministre,annonce son souhait de renforcer

son soutien à la Fondation de la Résistance

Genèse d’un site dédié à la Résistance ou comment l’esprit vint sur la toile !

Page d’accueil du site de la Fondation de la Résistance www.fondationresistance.com

bord mis en œuvre un repérage des mémoireset thèses universitaires sur la Résistance. Cetteidée de la première Vice-Présidente de« MER », Mme Elisabeth Helfer-Aubrac, a étéréalisée par Mme Colette Galleron qui, pen-dant des années de travail, a enregistré sur sonordinateur des centaines de travaux d’étudiants

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DE LA RÉSISTANCE

Adresse du site : www.fondationresistance.com

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Depuis son ouverture en juin 2001, ce site vamonter en puissance progressivement, l’arrivéed’un « docmaster » étant prévue à l’automne.

Les rubriques accessibles dès maintenant surla page d’accueil sont les suivantes :

• La Fondation :- présentation de la Fondation, de ses mis-

sions et réalisations ;- présentation des membres du conseil d’ad-

ministration, du Comité historique et péda-gogique et du personnel ;

- horaires d’ouverture et plan d’accès auxInvalides ;- dons et legs : une brochure d’information

sur les modalités de versement peut êtretéléchargée et un formulaire imprimable estaccessible.

• MER et AERI : accès direct aux sites de cesdeux associations liées à la Fondation.

• Agenda : calendrier des manifestations,expositions, colloques consacrés à la Résis-tance durant le second semestre 2001, quisont signalés à la Fondation.

• Concours national de la Résistance et dela Déportation :

- renseignements utiles aux candidats ;- informations sur la brochure pédagogique de

l’année (qui peut être téléchargée) et sur lesbrochures précédentes encore disponibles ;

- dernier palmarès.

• Documentation :- Bibliothèque de la Fondation: présentation

du fonds (avec notamment la liste détailléedes périodiques et des dossiers pédago-giques accessibles) et renseignements uti-

Au centre de la page d’accueil sont mises enexergue trois rubriques :

• Actualité : présentation détaillée d’une desmanifestations signalées dans l’Agenda.

• La lettre de la Fondation : mise en ligne desprincipaux articles du numéro le plus récent. Parailleurs, le numéro entier peut être téléchargé.

• Nous avons lu : compte-rendu d’un ouvragerécent sur la Résistance.

Pour ces trois dernières rubriques, appelées à serenouveler constamment, un accès aux « archi-ves » de chaque rubrique permettra de consulterles contenus précédents mis en ligne.

Ce contenu va être progressivement enrichi,en plusieurs étapes :

• Dans les prochaines semaines :- mise en ligne du catalogue de la bibliothèquede la Fondation (1600 ouvrages) ;

- mise en ligne d’un formulaire permettant aux associations, musées, collectivités locales,de signaler les manifestations susceptibles defigurer dans la rubrique Agenda.

• Durant l’année scolaire 2001-2002 : - élaboration d’une rubrique destinée à

présenter, région par région, tous les muséesdédiés totalement ou partiellement à la Résis-tance française ;

- mise en ligne de dossiers historiques sur la Résistance : chronologie, biographies,dossiers thématiques.

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Rubrique « nous avons lu »

Un exemple du caractère fédératif de notre site : le calendrier des manifestations,

expositions, colloques consacrés à laRésistance signalés à la Fondation.

Notre site comporte aussi des pages pratiques comme les horairesd’ouverture de nos bureaux et le plan

d’accès aux Invalides

les sur les principales bibliothèques de la régionparisienne, dont la Bibliothèque de la Fonda-tion se veut complémentaire. Informations surle prêt entre bibliothèques (PEB).

- Base des travaux universitaires réalisée parMER : accès direct à la base de données desmaîtrises, DESS, DEA et thèses sur la Résistance,accessible par ailleurs sur le site de MER.

• Liens : adresses de sites Internet institu-tionnels intéressant la Résistance : Fonda-tions et associations, bibliothèques et cen-tres documentaires, musées et lieux dusouvenir.

La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 25 - juin 2001

Les rubriques de notre site

Un aspect des pages de notre sitedédiées au Concours national de laRésistance et de la Déportation : lesrenseignements utiles aux candidats

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Adresse du site : www.memoresist.org

Le site de l’association « Mémoire et Espoirsde la Résistance », (MER) est né poten-tiellement il y a 6 ans lors d’une discussion

entre Elisabeth Helfer-Aubrac et Laurent Dou-zou «Et si dans les tâches que nous pourrionsassigner à “ MER ” nous faisions un fichier detous les travaux universitaires concernant laRésistance » avec l’idée que ce fichier seraitconsultable sur l’ordinateur de « MER ».Une équipe de bénévoles est bientôt consti-tuée autour de Colette Galleron-Julienne, doc-teur ès-sciences, qui met en forme le fichier enl’étendant aux articles de journaux et aux publi-cations clandestines, ces voies seront vite aban-données au profit des travaux universitaires sur-tout des mémoires de maîtrise, de DESS ou deDEA pour lesquels il n’existait auparavantaucun regroupement.

Le format informatique choisi,limitant les possibilités, ColetteGalleron-Julienne fait unénorme travail de mise aupoint informatique. Par sesrelations avec les universitésfrançaises et étrangères elleconstitue le noyau de la baseactuelle. Après son départ en

retraite vers sa Provence, Marc Fineltin prendle relais et a la chance, avec l’aide efficace deJean Novosseloff et Bruno Leroux de réaliserle rêve d’Elisabeth Helfer-Aubrac en mettantsur le « net » le site de l’association « Mém-oire et Espoirs de la Résistance » avec la par-ticipation technique efficace de Publicis-Tech-nology. Aujourd’hui ce sous-site pratique dusite fédérateur de la Fondation de la Résistancewww.fondationresistance.com comprend :

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Mémoire et Espoirs de la Résistance

L’OUVERTURE DU SITE DE « MER »

L’activité des associations partenaires

Pour ceux qui ne le sauraient pas, Guillaume Fichet fut le premier àintroduire en France cette révolution de la communication quefut l’imprimerie, inventée peu avant par Gutenberg.

Octave Simon, quant à lui, lointain descendant de Guillaume Fichetet sculpteur de talent, avait, avant la guerre, fait des esquisses d’unestatue dédiée à son ancêtre. Sans suite.Membre d’un réseau Buckmaster, grand résistant, il est arrêtépar la Gestapo à son atterrissage en France. On ne le reverrajamais. Sa mère et son épouse sont arrêtées et déportées.Seule son épouse reviendra. Sa fille, bébé, est confiée àune amie, qui sera d’ailleurs arrêtée plus tard. C’est cettepetite fille, devenue Madame Ghislaine Richard-Vitton,qui est devenue l’âme du projet auquel l’association« Mémoire et Espoirs de la Résistance » a été heureusede s’associer afin de réaliser et d’ériger à Paris puis àMayence, patrie de Gutenberg, la statue de Guillaume Fichetpar Octave Simon.A Paris, elle a été inaugurée le 14 décembre dernier à la Mai-son Heinrich Heine de la Cité universitaire internationale,en présence de nombreuses personnalités, à commencerpar Pierre Messmer, chancelier de l’Institut de France,ancien Premier Ministre et le Docteur Von Thadden,conseiller du Chancelier Schroder pour les relations avecla France.A Mayence, elle vient d’être inaugurée dans les jardins del’Université, le 9 mai 2001, en présence de l’ambassadeur

Jacques Morizet, Président du comité Fichet-Simon, et de nombreusespersonnalités allemandes dont MM Kurt Beck et Jens Beribel.Il faisait beau à Mayence, ville ancienne et ville nouvelle à la fois,puisqu’elle a été rasée par les bombardements de la guerre etreconstruite. L’atmosphère était très …franco-allemande.

Il faut en effet se souvenir des lettres de la Palatine à Louis XIVparlant des ravages des troupes françaises dans ce pays, deceux ensuite des troupes de Napoléon Ier, de l’occupationde cette ville pendant près de cinq ans après 1918 et à nou-veau après 1945. Evénements que, j’imagine, l’on apprenddans les écoles allemandes mais pas dans les écoles fran-çaises. Les Allemands et les Français, intéressés à divers tit-res par ce projet, étaient heureux de s’associer, de lever

leur verre de vin blanc et de faire de beaux discours. Il estvrai que la grande zone piétonnière ducentre ville, la Gutenberg platz, étaitencombrée de jeunes gens et de jeunesfilles, bras-dessus bras-dessous, heureuxde profiter des premiers rayons d’un soleiltardif, pour qui tous les événements d’ily a un demi-siècle sont de l’histoireancienne.

Jean–Pierre Renouard Résistant et déporté

Trésorier de « MER »

L’inauguration de la statue de Guillaume Fichetà Mayence le 9 mai 2001 :

un symbole fort des liens culturels unissant l’Allemagne et la France.

La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 25 - juin 2001

Page d’accueil du site del’association « MER »

Une page web présente les différentespublications de « MER » encore disponibles

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La statue du RecteurGuillaume

Fichet à la Citéuniversitaire

internationale de Paris.

(agrandissement et réalisation

Lionel Auvergne).

Ce site, comprenant la base des travaux universitaires sur la Résis-tance réalisée par des bénévoles,est conçu comme un espace degénérosité et de partage.

▲▲▲

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La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 25 - juin 2001 7

Débat sur l’héritage juridique de laRésistance animé par les Bâtonniers Fran-cis Teitgen (Barreau de Paris) et François-Xavier Mattéoli (Hauts-de-Seine). Cedébat vient de se tenir lundi 2 juillet2001 à 18h45 à la Maison du Barreau (2-4 rue de Harlay 75001 Paris) juste aprèsl’Assemblée générale annuelle de l’asso-ciation « Mémoire et Espoirs de la Résis-tance ». (MER). Un hommage y a étérendu à cette occasion à la mémoire du Professeur Pierre-Henri Teitgen, fon-dateur du mouvement « Liberté » par M. Roland Sadoun, son ancien étudiant en droit , garde du corps et ami de « Combat ».

Programme des soirées théma-tiques (1)« une soirée, un auteur » orga-nisées par le Mémorial du MaréchalLeclerc de Hauteclocque et de la Libé-ration de Paris et Musée Jean Moulin(ville de Paris) avec le soutien de l’as-sociation « MER ».

Entrée libre. Les conférences débutent à 18hJeudi 4 octobre 2001André BESSIÈREDestination Auschwitz avec Robert Des-nos, l’Harmattan, 2001

Jeudi 8 novembre 2001Olivier WIEVIORKALes Orphelins de la République, Seuil, 2001

Jeudi 6 décembre 2001Jean-Pierre RENOUARDUn uniforme rayé d’enfer, coll. RésistanceLiberté-Mémoire, éditions du Félin, 2001

Jeudi 10 janvier 2002Georges BROUSSINEL’évadé de la France Libre, le réseauBourgogne, Tallandier, 2000

Colloque « Du nazisme à la purificationethnique. Evolution du crime contrel’Humanité »A l’initiative des Fondations « de Gaulle »que préside par M. Yves Guéna, « de la

Résistance » présidée par M. JeanMattéoli, « pour la Mémoire de la Dépor-tation » présidée par Mme Marie-JoséChombart de Lauwe, ainsi que des asso-ciations « Mémoire et Espoirs de la Résis-tance » (MER) présidée par M. FrançoisArchambault et « des Amis de la Fonda-tion pour la Mémoire de la Déportation »(AAFMD) présidée par M. Dany Tetot ;ce colloque se déroulera le lundi 10décembre 2001 de 14h 30 à 17h 30dans la salle des audiences de la Courde Cassation de Paris.

Conçue comme une rencontre pluridis-ciplinaire, ce colloque réunira de grandsjuristes (M. Pierre Truche, Premier Prési-dent honoraire de la Cour de Cassationet M. Jacques Patin, avocat général hono-raire à la Cour de Cassation, ancien col-laborateur du général de Gaulle, admi-nistrateur de la Fondation Charles deGaulle), des témoins (Mme Marie-JoséChombart de Lauwe, au nom de la Dépor-tation, M. Jean Mattéoli pour laRésistance, et une historienne (Mme Chris-tine Levisse-Touzé, directeur du Mémo-rial du Maréchal Leclerc de Hauteclocqueet de la Libération de Paris et Musée JeanMoulin). Le modérateur sera M. François-René Cristiani-Fassin, journaliste à FranceCulture.

Présentation annuelle du ConcoursNational de la Résistance et de laDéportation le vendredi 25 janvier 2002à 14 heures à l’université de la Sor-bonne organisée par « MER » etl’« AAFMD » avec des résistants, desdéportés et des spécialistes du nouveauthème du concours : « Connaissance dela déportation et production littéraireet artistique »

(1) Renseignements et réservationsMémorial du Maréchal Leclerc de Haute-clocque et de la Libération de Paris et MuséeJean Moulin (ville de Paris)Jardin Atlantique 23, allée de la 2ème DB75015 ParisTél. : 01 40 64 39 44

Calendrier des prochaines manifestations

DR

Masque de saisie permettant d’opérer desrecherches dans la base des travaux universitairescomprenant près de 1800 fiches.

• une page d’accueil donnant le pourquoi de l’as-sociation « MER », ses buts, ses moyens, sondevoir de mémoire, ses espoirs de transmissionde cette mémoire aux jeunes générations ;

• une page rappelant les événements actuelsen rapport avec la Résistance et les manifes-tations organisées par « MER » ;

• une page détaillant les publications de« MER », à disposition du public ;

• une page nommant les femmes et les hom-mes actifs dans l’association « MER », avecl’indication de leur secteur d’action ;

• une page contacts, avec tous les moyens dejoindre l’association ;

• une page liens avec les autres organismesayant des buts voisins ;

• une page « devenez adhérents », avec un cou-pon d’inscription à imprimer ;

• Enfin, le fichier des travaux universitairesdont le sujet est la période 1939-1945 met-tant en exergue la Résistance intérieure etextérieure, la Déportation, l’Occupation,Vichy et la vie quotidienne.

Aujourd’hui la bibliographie comprend prèsde 1800 fiches accessibles par : - le nom d’auteur : une partie de mot permet

de retrouver la fiche.- le titre : un mot ou une séquence de mots

suffisent.- thème : les sujets sont regroupés par grandes

catégories pour simplifier la recherche.- lieux : ce sont les lieux où se passe l’action,

déclinés en pays, régions, départements etvilles suivant le cas.

- lieu de dépôt et de consultation : ce sont lesbibliothèques universitaires, archives dépar-tementales ou municipales, et tous les autresorganismes de mémoires.

La possibilité est offerte aux internautes decombiner ces critères. Enfin, une large partie est consacrée à la com-munication avec les utilisateurs du site soit aumoyen d’une liaison directe avec les gestion-naires du site pour éventuellement ajouter destravaux ou par un lien permettant de faire d’au-tres remarques.

François ArchambaultPrésident de « MER »

AdhésionSi vous voulez donner un avenir au devoir de mémoire, adhérez à « Mémoire et Espoirs de la Résistance » ! Cotisation 100 F (+ 40 F pour «Résistance et Avenir»).

Chèque à libeller à «Mémoire et Espoirs de la Résistance», Place Marie-Madeleine Fourcade, 18 place Dupleix, 75015 ParisTél./Fax : 01 45 66 92 32e-mail : [email protected] et [email protected] internet : www.memoresist.orgInformations complémentaires sur les sites internet : www.charles-de-gaulle.org www.fondationresistance.com

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La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 25 - juin 2001

L’activité des associations partenaires

Association pour des Études sur la Résistance Intérieure

LA MISE EN LIGNE DES SITES INTRANET ET INTERNET DE L’AERI

La recherche dans cetannuaire se fait à troisniveaux : • recherche par départe-ment ou région,• recherche par nom,• recherche par fonction

dans les projets (chefde projet, historien co-auteur, archiviste, infor-maticien, etc.).

un « espace docu-mentation » où sontclassés les documentsutiles aux projets :

• des documents sur le travail de l’AERI : notesde réflexion sur l’évolution du projet, lecompte-rendu des Journées nationales d’é-tude des 11 et 12 novembre 2000.

• des documents pratiques pour aider les asso-ciations dans leur fonctionnement : déclara-tion de constitution d’une association, modè-les de statuts, demande de subvention…

• des documents pour aider les équipes sur laméthodologie à employer :

- dans la recherche historique : notes sur diffé-rents fonds d’archives nationaux (ArchivesNationales, Service Historique de l’Armée deTerre, ...) et internationaux (Archives alle-mandes, archives du SOE, ...), bibliographiesur la Seconde Guerre mondiale, etc.

- dans la réalisation technique des CD-ROMs(la numérisation, les droits des documents,etc.).

• des documents utiles pour le contenu des CD-ROMs : chronologie générale de la guerre,fiches utiles à tous les projets (biographies degrands résistants, fiches sur les grands mou-vements, cartes...).

La plupart de ces documentssont téléchargeables. Sinon,ils sont disponibles à l’AERI.

un « espace débat » oùles équipes peuvent poserdes questions au reste duréseau, débattre sur tel outel sujet. C’est un lieu dediscussion, d’échangepermanent qui donne àl’opération un aspect trèsdynamique.

Adresse du site : www.aeri-resistance.com

Dans la dernière Lettre de la Fondation de laRésistance (n°24 de mars 2001), une dou-ble page était consacrée aux « Journées

nationales d’étude », organisées par l’AERI les11 et 12 novembre 2000 à Paris.Ces rencontres ont été une grande réussite. Ellesont permis aux équipes qui travaillent dans toutela France sur « l’Opération CD-ROMs sur laRésistance dans les régions », de se rencontrer Des débats fructueux se sont engagés. Il fallaitdonc les poursuivre au-delà de ces deux journées.Pour cela, l’AERI a décidé d’utiliser l’outil inter-net en créant un double site : • Dans un premier temps, elle a créé un site intra-

net : espace sur internet réservé aux membresdes équipes qui travaillent sur les projets de CD-ROMs sur la Résistance locale. Les équipes accè-dent à ce site intranet par la page d’accueil dusite internet, à l’aide d’un code d’accès. Ce siteintranet est en ligne depuis début avril.

• Depuis le 18 juin dernier le site de l’AERI est en ligne (aeri-resistance.com ou aeri-resistance.asso.fr).

Le site intranet

Le site intranet doit avant tout être utile auxéquipes pour la réalisation des CD-ROMs. Ila donc été conçu autour de quatre outils dontle rôle est de faciliter le travail et surtout leséchanges. Les équipes ont à leur disposition :

un « annuaire » qui répertorie tous lesgroupes de travail, leur localisation géo-graphique, les associations porteuses duprojet, la composition des équipes avec lescoordonnées des uns et des autres.

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Conçus comme des espaces d’information et d’échange, ces sites resserrent les liens des équipes locales dans les départements

Page d’accueil intranet

Page d’accueil internet

Cet « espace » s’organise autour de deuxpôles :

• un forum qui reste ouvert en permanenceet permet à chacun d’intervenir librementquand il le souhaite.

• des espaces de discussion limités dans le temps,sur des thèmes précis.

Par exemple, depuis mi-avril a lieu un débat surla coopération entre les équipes. Il doit se ter-miner fin juin. Ces espaces permettent de pro-longer les discussions engagées lors des « Jour-nées nationales d’étude ». Des débats surl’éthique historiographique, la signature desfiches … sont prévus prochainement. Chaqueéquipe peut proposer et animer des discussions.

un « chat » où seront organisées des discus-sions en temps réel, dans un espace tempslimité (une ou deux heures maximum). Cetoutil est intéressant à deux niveaux. Il permetd’organiser facilement des réunions régiona-les, sans être obligé de se déplacer. Au lieu dese retrouver dans telle ou telle ville, les équi-pes peuvent se donner rendez-vous sur le chat.Il est ainsi possible d’organiser, pendant uneou deux heures des rencontres avec tel ou telrésistants, historiens.

Le site internet

Le site internet, outil de communication vers l’ex-térieur (« vitrine » de l’AERI), a un double objec-tif : faire connaître le travail du réseau à ceux quis’intéressent à l’histoire de la Résistance et aux valeursqu’elle a défendues et informer nos différents par-tenaires sur l’état d’avancement de l’Opération CD-ROMs sur la Résistance dans les régions.

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La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 25 - juin 2001 9

RenseignementsAERI (association loi 1901 d’intérêt général)Association pour des Etudes sur la RésistanceIntérieure, affiliée à la Fondation de la Résistance

Siège social et bureaux : 16-18 place Dupleix75015 ParisTél. : 01 45 66 62 72Fax : 01 45 67 64 24E-mail : [email protected]

Les visiteurs trouveront sur ce site :

une présentation de l’AERI (« Qui nous som-mes?»), avec :

• un historique de l’association : la participa-tion à l’exposition Ensemble, ils ont libéré laFrance au Musée de l’Armée en 1995, le CD-ROM La Résistance en France, une épopée dela liberté, et depuis 1997 « l’Opération CD-ROMs sur la Résistance dans les régions ».

• les membres du Bureau avec leurs titres, par-fois une courte bibliographie des ouvragesqu’ils ont écrits.

• notre localisation (coordonnées de l’AERIavec les différents contacts, plan où se situentnos bureaux).

une présentation des projets (« OpérationCD-ROMs sur la Résistance dans lesrégions ») : plus de 80 équipes travaillent danstoute la France sur la Résistance dans leurdépartement. Il est donc intéressant de pré-senter ce travail.

Le visiteur du site trouvera : • une description générale de l’opération

pour mieux comprendre comment le pro-jet s’organise à l’échelle nationale : lesobjectifs, l’organisation du travail, le rôlede l’AERI par rapport aux équipes locales,l’outil informatique pour faire le CD-ROM…

• une description des équipes qui travaillentdans toute la France : il sera possible au visi-teur de regarder ce qui se passe dans tel outel département ou région. Il suffira de cli-quer sur une carte de France interactive poursavoir ce qui se passe en Isère ou dans le Tarn-et-Garonne. Chaque département aura unefiche descriptive sur l’état d’avancement destravaux, un contact …

un agenda signalant un certain nombred’événements liés à la Résistance organiséspar les équipes locales de l’AERI dans lesdépartements.

un espace archives (« Carnet d’adresses »)où sera indiqué une série de renseignementsutiles pour ceux qui s’intéressent à la période.

Vous y trouverez :• des liens vers des sites utiles comme celui de

la Fondation Charles de Gaulle, l’IHTP (Insti-tut d’Histoire du Temps Présent)…

• des indications sur des fonds d’archivescomme le Service Historique de la Gendar-merie, le Centre d’Accueil et de Recherchedes Archives Nationales (CARAN)…

• une bibliographie sur la Seconde Guerre mon-diale.

Sur la page d’accueil internet, se trouvent desliens vers les sites de la Fondation de la Résis-tance et de l’association « Mémoire et Espoirsde la Résistance ».

Espace documentation

intranet

Page annuaire intranet

Présentation des projets sur internet

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doit éviter une distorsion entre la réflexion et lespratiques. Car ce qui se joue d’essentiel à l’Ecolene relève pas seulement de l’ordre du savoir, maisaussi du savoir-être.C’est pourquoi tout au long de nos débats, nousavons fait le pari de l’éducation. C’est qu’il nousparaît essentiel, en effet, de fonder les rapportsentre l’histoire et la mémoire sur une logique del’éducation à la citoyenneté à partir du concept demémoire active. Nous entendons par là unemémoire qui débouche sur la prise de consciencedes responsabilités personnelles et collectives et surdes pratiques sociales susceptibles de faire évoluerle milieu de vie vers plus de démocratie, de soli-darité et de justice.L’éducation à la citoyenneté est une exigenceéthique qui interpelle tout acteur de mémoirechaque fois que, dans sa vie quotidienne, il estamené à remettre en question le rapport qu’il éta-blit avec lui-même, avec les autres et avec l’envi-ronnement. Cette démarche qui s’appuie sur lesvaleurs de la Résistance, est ancrée sur les défis dutemps présent et se veut résolument tournée versl’avenir. Elle contribue à rendre toujours plus actuel le com-bat pour la dignité de la personne humaine, lavaleur centrale de l’existence. C’est là que résidel’enjeu de la mémoire active qui s’inscrit dans une

culture de la communication permettant des’élever à la conscience universelle qui faitde chacun d’entre nous un citoyen dumonde, capable de défendre la« terre-patrie» autant que la mère-patrie.C’est là aussi que se joue la crédibilité del’acteur de mémoire.La pédagogie de l’histoire sans l’éducationà la citoyenneté revient à construire sur dusable mouvant. Le rôle de l’historien est

d’aider à repérer les interactions souvent com-plexes entre les faits et les événements, pour

se prémunir contre les dérivesd’une mémoire sélective etpartisane pervertie par lenégationnisme ou la fal-

L a semaine dernière s’est tenu au centre uni-versitaire de Montauban, le premier congrèsnational des associations de lauréats du

concours de la Résistance et de la Déportation, àl’initiative de l’association des lauréats de Tarn-et-Garonne. Cette rencontre, particulièrement sym-bolique à l’aube du troisième millénaire, a été vécuecomme un événement fondateur non pas tant parle nombre des participants que par la qualité deséchanges et la dynamique associative impulsée àcette occasion, pour favoriser l’évolution des repré-sentations sur le devoir de mémoire, pour faciliterl’adaptation des structures existantes aux enjeux denotre temps et pour relancer le fonctionnement duconcours national de la Résistance et de la Dépor-tation. Il s’agissait de réfléchir aux moyens d’ac-tualiser les idéaux de la Résistance à la lumière del’humanisme contemporain.Nous avons dédié notre congrès à Monsieur Mau-rice Rolland, Compagnon de la Libération et Justeparmi les Nations, né à Montauban le 2 septem-bre 1904. Ce résistant de la première heure, grandefigure de la magistrature, avait lancé un appel auxmagistrats de France en février 1944, pour les inci-ter à désobéir aux lois arbitraires de Vichy.Les travaux de groupe ont permis aux associationsde lauréats, dont des délégations étaient venues del’Aisne et de la Marne, de découvrir leur mode defonctionnement, et de faire le point surles difficultés rencontrées. Elles ont étésollicitées pour représenter dans leurdépartement l’association Mémoire etEspoirs de la Résistance. C’est unrésultat tangible et en tout cas uneébauche de mise en réseau de bonaugure pour une plus grande recon-naissance de la spécificité des associa-tions de lauréats. Nous espérons qued’autres exemples suivront dans les mois qui vien-nent.C’est une tâche qui peut être

exaltante à condition queles jeunes puissent occu-per leur place sans avoir

Mémoire et réflexions

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Depuis sa création à Montauban en novembre 1996, l’association dépar-tementale des lauréats du concours national de la Résistance et de laDéportation de Tarn-et-Garonne s’est fixée pour objectif de valoriserla contribution des générations montantes au devoir de mémoire. Lesactions qu’elle mène en collaboration avec les instances éducatives,les associations et les institutions représentatives du monde combat-tant visent essentiellement à inscrire la sauvegarde et la perpétuationde la mémoire historique dans une perspective d’éducation à la citoyen-

neté. Cette exigence est fondée sur une mémoire d’espoir en l’avenirde l’homme. Elle implique l’intégration de la dimension européennedans la démarche commémorative, pour une Europe réconciliée.C’est le sens des propos tenus par Robert Badinier, professeur de let-tres modernes et président de l’association des lauréats tarn-et-garon-nais, lors de la communication qu’il a présentée à Montauban, le 8 octo-bre 2000, au congrès national des Combattants Volontaires de laRésistance.

LA BATAILLE DE LA MÉMOIRE : L’ENJEU DE LA CIT

“ l’impression d’être de simples figurants, mais aussique les membres de ces associations aient la pos-sibilité de se former dans le domaine de l’éduca-tion à la citoyenneté.Dans l’institution scolaire, il faut bien reconnaîtrequ’aujourd’hui, face aux contraintes auxquellessont confrontés les enseignants, en particulier lescontenus des nouveaux programmes d’histoire, etcertaines pesanteurs administratives, la préparationdes élèves au concours de la Résistance et de laDéportation ne va pas de soi.De plus, l’enseignement de l’histoire ne peut passe réduire à une exploitation de données histo-riques, il prend tout son sens lorsqu’il parvient àse situer au centre de l’action éducative, c’est-à-dire à susciter une réflexion approfondie sur lescomportements à favoriser pour aider les élèves àadopter une attitude citoyenne. Cette exigencedépasse bien sûr l’enseignement de l’histoire : tou-tes les disciplines portent en elles une chargecitoyenne. Celle-ci ne peut pas reposer sur unmonopole disciplinaire ou une dilution interdisci-plinaire. Pour être activée, cette charge citoyenne

Mémorial de la FranceCombattante au Mont-Valérien(Hauts-de-Seine)

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La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 25 - juin 2001

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TOYENNETÉ

La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 25 - juin 2001

nous sommes capables de cons-truire un monde plus humain.Notre vigilance aujourd’hui neconsiste pas seulement à rappelerles exactions et les massacres pourse croire du même coup à l’abri duretour à la barbarie. S’il faut luttersans relâche contre l’oubli, ilimporte aussi d’essayer de déminerle terrain de l’incommunication enperfectionnant les armes du dialo-gue pour apprendre à se livrer tou-jours plus à la réflexion plutôt qu’auréflexe, à écouter plutôt qu’à rétor-quer, à rendre des comptes plutôtqu’à les régler, à échanger des argu-

ments plutôt que des anathèmes ou des invectives.Chacun d’entre nous peut devenir ainsi un inter-locuteur qualifié dans le devoir de mémoire en met-tant à l’épreuve ses compétences en matière de com-munication. Il ne suffit pas d’être ancien combattant,jeune, lauréat du concours de la Résistance et de laDéportation ou historien pour être investi commepar enchantement du label d’acteur de mémoire.Que penserait-on en effet de celui qui, croyantaccomplir son devoir de mémoire en assistant auxcommémorations ou en animant des conférenceshistoriques, ne serait pas en mesure d’ancrer lesvaleurs de la Résistance dans son propre milieu devie en refusant le dialogue et la concertation ou quiresterait sourd et indifférent aux menaces qui pèsentsur le monde d’aujourd’hui : la précarité, l’exclu-sion, la violence, la discrimination raciale, l’injus-tice, les atteintes aux droits de l’homme ? On nepeut pas prétendre sauvegarder la mémoire sur lesruines de la citoyenneté, car il est bien difficile deparler de la mémoire si l’on n’est pas capable de separler et d’agir sur son environnement. Résisteraujourd’hui, c’est assumer cette cohérence.Il ne servirait à rien de dénoncer les extrémismes

et les conflits auxquels ils conduisent si l’on ne cher-chait pas aussi à éradiquer les causes qui les fontapparaître. La paix est en gestation à partir du moment oùl’échange n’est pas perçu comme une injonction,où le dialogue n’est pas assimilé à une capitulationet où la contradiction n’est pas vécue comme unesubversion. C’est là que se situe l’immunité pré-ventive de l’éducation à la citoyenneté.Avec les camps de la mort nazis, jamais l’Huma-nité n’avait atteint un tel degré d’horreur, d’abo-mination, de monstruosité et d’abjection. Et pour-tant, au plus profond des ténèbres, l’homme a supuiser en lui-même et avec les autres la force derefuser l’innommable. Car il y a en chacun de nousdes forces insoupçonnées de dépassement et derenouveau, un invincible espoir qui se nourrit dela certitude qu’on ne parvient jamais à emprison-ner la liberté. Mais on ne peut faire renaître cet espoir que si l’onréussit à se libérer de ses chaînes intérieures, cellesqui empêchent de reconnaître l’autre dans sonidentité et de l’accepter dans sa différence. Dès lorsla mémoire de la Résistance et de la Déportationrend possible toute démarche de réconciliationentre les hommes. Les combattants de la libertéont remporté le combat de la Résistance, les géné-rations montantes sont prêtes à gagner avec euxla bataille de la mémoire. »

Robert Badinier

sification. La mission de l’éducateur est complé-mentaire : il s’agit pour lui d’aider à chercher dusens à la destinée humaine en tirant les enseigne-ments de l’histoire, pour bâtir un monde plus juste,plus libre et plus fraternel.L’éducation à la citoyenneté est un double mou-vement de libération : tout d’abord de tout ce quifait obstacle à l’unité de la personne humaine, dansses composantes corporelle, affective et spirituelleet ensuite de tout ce qui entrave l’harmonie de lavie sociale. L’erreur fondamentale aujourd’huiconsisterait à n’apporter qu’une réponse d’ordrepédagogique, en l’occurrence historique, à un pro-blème auquel il convient de donner aussi uneréponse éducative favorisant l’apprentissage de lacitoyenneté.Il s’agit dès lors de tenter de dépasser une visionétriquée du devoir de mémoire, risquant de le faireapparaître comme un rituel passéiste. On ne peutpas se contenter, en effet, d’une mémoire passive,qui resterait figée dans le souvenir, ni d’unemémoire vivante, qui serait l’affaire exclusive desanciens combattants, ni d’une mémoire historiquequi serait en décalage avec le monde dans lequelnous vivons et la société que nous voulons cons-truire.On a parfois tendance de nos jours à réduire ledevoir de mémoire à une simple évocation de faitshistoriques ou à la participation ponctuelle à descérémonies commémoratives. On ne peut pasattendre des générations montantes qu’elles nesoient que de simples « passeurs de mémoire », caril ne suffit pas d’historiser la mémoire pour la trans-mettre. On ne transmet pas la mémoire commeon lègue un héritage. Nous sommes les déposi-taires de la mémoire, pas les propriétaires. Le plusbel hommage qu’il est possible de rendre à ceuxqui se sont battus avec courage et abnégation pourque nous puissions vivre libres est de montrer que

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Un trés bel exemple de l’apprentissage de lacitoyenneté grâce à l’Histoire : le Concours nationalde la Résistance et de la Déportation réunit chaqueannée près de 50 000 candidats.Remise des prix aux lauréats nationaux 1999-2000.

La stèle de la France Libre érigée au CoursFoucault à Montauban à la mémoire des marinsde l’ïle de Sein. Réalisée dans le cadre d’unprojet d’action éducative inter-établissementinitié et coordonné par Robert Badinier àl’occasion du Cinquantenaire de la fin de laguerre en Europe, cette stèle est constituée degalets ramenés de l’île de Sein en avril 1995 pardes élèves de 4ème des collèges montalbanaisde Notre-Dames et Ingres.

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12 La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 25 - juin 2001

Autour d’une photographie

Sénégalais fait prisonnier. Craignant de finir parcéder, Jean Moulin tente de se suicider en setranchant la gorge avec des morceaux de verreà terre. « Et pourtant, je ne peux pas signer […]Tout, même la mort […] Les boches verrontqu’un Français aussi est capable de se saborder[...]. Je sais que ma mère, me pardonnera lors-qu’elle saura que j’ai fait cela pour que des sol-dats français ne puissent pas être traités de cri-minels et pour qu’elle n’ait pas, elle, à rougir deson fils »(1). Découvert à l’aube couvert de sang,il peut être sauvé. Il est ramené à la préfectureet sœur Aimée lui prodiguera les meilleurs soins.Les supérieurs de ces officiers allemands évo-quent mal à l’aise, un « malentendu ».Jean Moulin, le 12 juillet, relate au ministre del’Intérieur du gouvernement de Vichy, les faitssurvenus dans son département depuis le 9 juin,mais ne consacre qu’un court paragraphe à sonattitude face aux Allemands : « un des rares inci-dents qui se soient produits depuis l’entrée destroupes allemandes est celui dont j’ai été victimeles 17 et 18 juin, incident sur lequel j’ai décidéde faire le silence dans un but d’apaisement. ». Ildemande à être convoqué pour exposer ses pré-occupations (2).Cet épisode doit être replacé au cœur d’un épi-sode plus complexe. Le 16 juin ont lieu les com-bats au sud de Chartres opposent côté ennemi,la 1ère division de cavalerie et la 8e division d’in-fanterie, à la 8e division légère d’infanterie colo-niale. Dans cette guerre raciale, les Allemandsexpriment leur aversion à combattre les troupesnoires : c’est la Schwarze Schmar - la honte noire- Près de Maintenon et devant Chartrainvillers,le 26e RTS oppose une grande combativité.Formé en 1940 à Dakar, il a passé l’hiver sur laligne Maginot. Il est rattaché à la 8e DLIC, qui,après un transfert dans la Drôme est renvoyéeen renfort sur la Seine pour barrer la route auxAllemands. Elle arrive avec 2 jours de retard.L’étude de M. François permet de comprendrele scénario allemand(3). Le 16 juin, 193 soldatsdu 26e RTS ont été tués dont 29 officiers etsous-officiers(4). A lui seul, le régiment totaliseplus de 40 % des soldats tués en Eure-et-Loir.Le 16 juin est découvert le corps mutilé d’unofficier, Joseph Pawlitta, chef de musique du38e régiment d’infanterie de la 8e Divisiond’infanterie allemande dans la zone de combatdu 26e RTS. Les Allemands prétendent que lecorps a été mutilé. Le lieutenant Coutures dela 1ère Cie du 26e RTS prisonnier est violem-ment pris à parti. On parle de le fusiller. Le 17juin, le 3e bataillon du 26e RTS est encerclé aunord d’Ermenonville-la-Petite et dépose lesarmes. Le général Feldt de la 1ère division decavalerie allemande et le colonel von Thüngencommandant le 22e régiment de cavalerie mena-cent de faire fusiller tout le bataillon. Il semblequ’il y ait simulacre comme pour le lieutenantCoutures. Les mitrailleuses sont placées en bat-terie. Le discours tenu à Moulin est tout autre,les Allemands ayant découvert les circonstancesde la mort de l’officier allemand, tué au com-

JEAN MOULIN FACE À L’ENNEMI Tout le monde connaît le célèbre cliché de Jean Moulin le statufiant en archétype du soldatde l’« armée des ombres » coiffé de son feutre au bord rabattu pour rester incognito et échap-per à toute poursuite. Pourtant il date d’avant guerre! Tout aussi connues sont les photogra-phies de Jean Moulin prises à Chartres en juillet 1940 dont l’une en « compagnie »du FeldKommandant de Chartres. Ces clichés faisant souvent l’objet de datations et d’interprétationserronées voire fallacieuses, nous avons demandé à Christine Levisse-Touzé, Directeur du Mémo-rial du Maréchal Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris et Musée Jean Moulin deles replacer dans leur contexte respectif.

La rédaction

La photo de Marcel Bernard montrantJean Moulin coiffé d’un chapeau, d’uneécharpe camouflant sa gorge, vêtu d’unpardessus, a contribué à nourrir lalégende de ce héros de la Résistance.D’aucuns l’on datée postérieurement à satentative de suicide du 17 juin 1940, pourexpliquer que son écharpe auraitdissimulé sa vilaine cicatrice. Il n’en estrien. Elle a été prise au cours de l’hiver1939, près de la promenade du Peyrou,aux Arceaux à Montpellier. Il est alorspréfet d’Eure-et-Loir. Comme la plupart des méridionaux, JeanMoulin est frileux et se couvre. Le feutre,le pardessus et l’écharpe sont les attributsde la mode masculine de l’époque. Laphysionomie de « Max » dans laclandestinité est bien différente de cellede l’hiver 1939-1940. Les résistants quil’ont côtoyé comme Daniel Cordier, sonsecrétaire, souligne ses traits creusés,fatigués et amaigris par la dure vie derésistant traqué.

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A l’aube du 17 juin, des Allemands de la 8e

division d’infanterie arrivent à la préfec-ture sur les pas des troupes françaises en

repli. Des officiers de renseignement se présen-tent à la préfecture et emmènent le préfet auquartier général. Jean Moulin est sommé designer un document accusant les troupes noiresde l’armée française de massacres de femmes etd’enfants. Ce texte rédigé par les services de l’ar-mée allemande devait être signé par l’autoritédu département. Jean Moulin indigné, proteste.Aux injures succèdent les coups et un passage àtabac en règle. Il est conduit au lieu-dit La Tayeprès de Saint-Georges-sur-Eure, où huit cada-vres mutilés lui sont montrés. Jean Moulindevant les corps criblés d’éclats d’obus proteste,objecte que ce sont des victimes des bombar-dements le 14 juin.Il est laissé quelques heures pour réfléchir auprèsdes restes d’une femme. A la nuit tombante,non sans avoir insisté violemment pour qu’ilsigne, les Allemands l’enferment dans la loge duconcierge de l’hôpital civil en compagnie d’un

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La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 25 - juin 2001 13

bat. La propagande nazie fait le reste ; elledénonce la décadence de l’armée française quicompte dans ses rangs des troupes de couleur,donc des « sous-hommes ». L’idéologie naziese réfère également à l’occupation de la Ruhrdans les années 20 par des troupes de l’empirefrançais et rappelle dans son discours de pro-pagande, les exactions de ces troupes d’occu-pation. Les forces allemandes qui opèrent cesmassacres sont des troupes de la Wehrmacht ce

l’ont roué de coups. Craignant sous la souffrancede prononcer quelques mots imprudents, il s’estouvert la gorge. Gravement atteint, les Allemandsn’ont pas consenti à son transfert dans un hôpi-tal de Paris. Il a été soigné à Chartres. Il est restédes semaines sans pouvoir articuler une paroleavec une blessure grave. A fait preuve d’un réelcourage civique(8). ». Le cas de Jean Moulin estunique. C’est le seul aussi qui a été confronté àtelles épreuves.

Christine Levisse-Touzé,Directeur du Mémorial du Maréchal Leclerc

de Hauteclocque et de la Libération de Paris et Musée Jean Moulin

1. Jean Moulin, Premier combat, éd. de Minuit,1947,p.108

2. BNF, NAF 17 868, F4, compte rendu du 12juillet au ministre de l’Intérieur

3. Jean-Jacques François, La guerre de 1939-40 enEure-et-Loir, tome 4, Ed. La Parcheminière, 1998

4. Communication de M. François le 19 juin 1999, àChartres lors du colloque Jean Moulin, Préfetd’Eure-et-Loir.

5. Jean-Pierre Azéma, l’Année 40, l’Année terrible, LeSeuil, 1990, pp 173-174 . Cf surtout le mémoirede maîtrise de Julien Fargettas, Le massacre des sol-dats du 25e RTS, université de St-Etienne sous ladirection de M. Delpal, juin 1999

6. Jean Moulin, op. cit. p. 82

7. Dictionnaire biographique des préfets, septembre1870 - mai 1982, par René Bargeton, Archivesnationales, 1994. BNF, NAF 17868, F69 à F74.

8. Rapport précité, feuillet 74.

Pour rassurer sa famille aprèsles événements dramatiquesdu 17 juin 1940, Jean Moulinse fait photographier au moisde juillet par sa secrétaire dansla cour de la préfecture deChartres, sa blessure au coudissimulée sous un foulard. Ilexiste trois photos : l’une encivil, l’autre avec sa veste etson képi de préfet, l’autre avecle major von Gutlingen, FeldKommandant, qui aréquisitionné les bâtiments dela préfecture, le préfet ayant été contraint des’installer dans la conciergerie.Le commandant allemand avoulu figurer sur la photo auxcôtés du préfet avec lequel il entretient des rapportscorrects. Cet officier allemandn’est pas responsable dessévices subis par Jean Moulinle 17 juin. On observera ladistance que met celui-ci àl’égard de l’officier allemand.©

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« Bien chère maman, Bien chère Laure,

Je vous ai peu donné de mes nouvelles, cesderniers jours. La faute en est aux événe-ments tragiques que j’ai vécus. […] Quand vous recevrez cette lettre, j’auraisans doute rempli mon dernier devoir. Surordre du gouvernement, j’aurai reçu lesAllemands au chef-lieu de mon départe-ment et je serai prisonnier.Je suis sûr que notre victoire prochaine -grâce à un sursaut d’indignation du restedu monde et à l’héroïsme de nos soldats(qui valent mieux que souvent l’usagequ’on en a fait) - viendra me délivrer.Je ne savais que c’était si simple de faireson devoir quand on est en danger. […]Je suis en bonne santé malgré les fatiguesde ces derniers jours.Je pense à vous de tout mon cœur.

Jean.

P.S. Si les Allemands - ils sont capables detout - me faisaient dire des choses contrai-res à l’honneur, vous savez déjà que cela n’estpas vrai. »

qui contredit l’image du « soldat correct ».D’autres exemples peuvent être cités de tirailleurssénégalais ou soldats métropolitains fusillés surplace : près de Chasselay (dans le Rhône) unpeu plus de 200 Sénégalais du 25e RTS ont étéfusillés ou du 53e Régiment d’infanterie colo-niale mixte à Airaines du 5 au 7 juin qui a perdule Capitaine N’Tchoréré massacré(5). Jean Mou-lin est sans illusion sur la psychologie et le com-portement de l’ennemi. Il a eu connaissanced’excès de tous genres, dans son département.Dans son journal, il cite le triste exemple deMme Bourgeois, qui ayant protesté contre laréquisition de sa maison a été fusillée devant safille que les Allemands obligèrent à creuser satombe(6). Son attitude fut-elle exceptionnelle ? La situa-tion doit être analysée département par dépar-tement. Le dictionnaire des préfets et le rapportdu président de l’Association de l’administra-tion préfectorale Autrant du 21 août 1940(7)

renseignent sur le comportement général despréfets. Quelques exemples méritent d’être cités.Des préfets livrent un baroud d’honneur face àl’occupant en laissant un temps le drapeau tri-colore flotté. Il y a ceux qui dans des départe-ments exposés, ont fait face : le sous-préfet deDunkerque, les préfets des marches de l’Est, duBas-Rhin, de la Moselle. Il faudrait aussi ajou-ter ceux qui demeurent courageusement à leurposte, le préfet de police Roger Langeron à Pariset d’Emile Bollaert à Lyon pris en otage par lesAllemands dans la nuit du 19 au 20 juin.Autrand, dans un rapport présenté au gouver-nement de Vichy consacre la dernière page àJean Moulin : «A leur arrivée à Chartres, lesAllemands avaient exigé qu’il signât une décla-ration reconnaissant que des aviateurs françaisavaient fait de nombreuses victimes à Chartreset que nos soldats avaient violenté des femmes. Lepréfet s’y étant énergiquement refusé, les Alle-mands l’ont conduit dans une pièce obscure et

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14 La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 25 - juin 2001

Alibi 1940-1944. Histoire d’un réseau derenseignement pendant la Seconde Guerremondiale.Par Sylvaine BaehrelPréface du général Pierre Lallart, Président de l’amicale des anciens desréseaux Alibi-MauriceÉd. Jean-Michel Place, 214 p., 150 Ffranco de port (22, 87€)Les commandes sont à adresser à :L’amicale du réseau Alibi9, rue Lagarde - 75005 Paris

Le réseau de renseignement Alibi, auquel appar-tenait notre regretté ami Paul Cousseran a été

créé en juillet 1940 par Georges Charaudeau quil’a dirigé sans interruption jusqu’à fin septembre1944. Cette organisation agissait en dehors desmouvements de résistance, en liaison étroite avecles services de renseignements alliés et notam-ment les MI 5 et MI 6 britanniques.Les 423 membres du réseau savaient, qu’en casd’arrestation, l’accusation d’espionnage lesconduisait au poteau d’exécution. Ils devaient seconsacrer uniquement à la mission qui leur étaitassignée et ne devaient en aucun cas exercer simul-tanément des activités de propagande et d’actiondans la Résistance.44 furent arrêtés, 21 déportés (dont 5 décédè-rent dans les camps), et 10 furent fusillés, 4 mem-bres furent décorés de la Légion d’honneur, maisson chef n’a jamais accédé au grade de comman-deur (écho des querelles opposant le BCRA auxservices britanniques). 53 agents d’Alibi se sontvus attribuer la Croix de Guerre et 53 également,la Médaille de la Résistance. Georges Charaudeaufut aussi décoré du distinguished service order etdeux autres membres du réseau reçurent la mili-tary cross et la king’s medal for courage.

A LIREParmi les livres reçus nous choisissonsquelques titres qui nous ont particulièrementintéressés et dont nous vous conseillons lalecture.

La présence de ces titres dans « vient deparaître » ne saurait constituer un conseilde lecture mais a pour but de tenirinformé les abonnés de la « Lettre », desderniers ouvrages que nous avons reçusau cours du trimestre.La Fondation serait reconnaissante à seslecteurs de lui communiquer, le caséchéant, leur sentiment sur le contenu deces ouvrages, afin de pouvoir enrecommander la lecture.

La Résistance spirituelle,1941-1944. Lescahiers clandestins du Témoignage chrétienTextes présentés par François et Renée Bédarida Albin Michel, 412 p., 125 F (19, 06 €)

Paroles de résistantsRobert BelotPréface de Maurice Cordier Berg International éditeurs (129 bd Saint-Michel 75 005 Paris), 310 p., 120 F (18, 29 €)

Destination Auschwitz avec Robert DesnosAndré BessièrePréface de Marie-Claire DumasÉd. l’Harmattan, 204 p., 160 F (24, 39 €)

Flottilles secrètes. Les liaisons clandestinesen France et en Afrique du nord 1940-1944Sir Brooks RichardsÉd. MDV (rue de Choquette 38 660 Le Touvet), 960 p. , 380 F franco de port (57, 93 €)

De la Résistance aux guerres coloniales. Des officiers républicains témoignentSous la direction de Marc ChervelÉd. l’Harmattan, 330 p., 170 F (25, 92 €)

Une entreprise publique dans la guerre : laSNCF 1939-1945Actes du colloque des 21-22 juin 2000organisé par l’Association pour l’histoiredes chemins de fer en FrancePUF, 448 p., 149 F (22, 71 €)

Honoré d’Estienne d’Orves. Un héros françaisEtienne de MontetyPerrin, 340 p., 135 F (20, 58 €)

Etre jeune en France (1939-1945)Sous la direction de Jean-WilliamDereymezPréface de François BédaridaÉd. l’Harmattan, 352 p., 170 F (25, 92 €)

Etre jeune en Isère (1939-1945)Sous la direction de Jean-William Dereymez Préface de Pierre GiolittoÉd. l’Harmattan, 208 p., 110 F (16, 77 €)

Journal de la conscience française,1940-1944 (réed.) - Gaston FessardPlon, 338 p., 159 F (24,24 €)

Un enfant de troupe dans la Résistance LouhannaiseRobert FichetÉd. l’Harmattan, 190 p., 110 F (16, 77 €)

Les Français des années troublesPierre LaborieDesclée de Brouwer (76 bis, rue des Saints-Pères 75007 Paris), 266 p.,125 F (19,05 €)

Yvonne Le Tac. Une femme dans le siècle (de Montmartre à Ravensbrück)Monique Le TacPréface de Geneviève de Gaulle-AnthoniozÉd. Tirésias, 155 p., 100F (15, 24 €)

André Hermitte (1925-1945). Un résistant au sourire de source.René HermittePréface de Roger PestourieÉd. l’Harmattan, 172 p., 110 F (16, 77 €)

Le PCF et la lutte armée 1943-1944.Témoignage. Mémoires de l’anciencommandant militaire en second des FTP de la zone sud Guy Serbat - Éd. l’Harmattan, 250 p., 130 F (19, 82 €)

Des résistants à Paris. Chemins d’Histoiredans la capitale occupée.14 juin 1940-19 août 1944Anne ThoravalPréface de Jean-Pierre Masseret, secrétaire d’Etat à la Défense chargé des Anciens CombattantsSPE-Barthélémy (10 rue de la Procession 75015 Paris), 416 p., 240 F (36,59 €)

La Gestapo m’appelait la souris blanche. Une Australienne ausecours de la France Nancy WakePostface de Catherine McLaneEd. du Félin (10, rue de la Vacquerie 75011 Paris), coll. Résistance-Liberté-Mémoire, 190p., 110 F ( 16,77 €)

Les orphelins de la République. Destinées des députés et sénateurs français (1940-1945)Olivier WieviorkaLe Seuil, 464 p., 160 F (24,39 €)

Livres

VIENT DE PARAÎTRE

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Quelles étaient les missions de ce réseau ?

1 – Le renseignement militaire. Un pilote d’essai français employé par les Alle-mands pu fournir tous les plans d’un nouvel avionHeinkel 111, en construction à Francezal et leplan des usines. Le fournisseur de l’intendanceallemande en fruits et légumes pour 8 départe-ments du Sud-Ouest, communiquait deux foispar semaine, les spécifications des commandes,permettant ainsi de déduire l’ordre de bataille dansla zone.

2 – Le renseignement industriel.Les agents de la SNCF relevaient le chargement etla destination des trains utilisés par les autorités alle-mandes. De même des municipalités fournissaientdes spécimens de cartes et des tickets de rationne-ment dont Londres réalisait de « vraies copies »

3 – Le renseignement politique. Un membre du réseau ayant des contacts au seindu gouvernement de Vichy a pu se procurer etenvoyer à Londres copie de toute une cor-respondance entre Pétain et Hitler, entre OttoAbetz et Laval.

Qui était Georges Charaudeau (1908-1990) ?

Durant l’entre deux guerres son cheminement intel-lectuel et sa pratique religieuse le conduisent à côtoyerles futurs démocrates chrétiens, tout en conservantdes liens assez étroits avec la droite et l’extrême droite. Alors qu’il travaille avec son père dans une entreprisealimentaire, il est envoyé en Espagne en 1936, parles services de renseignements français et c’est à causede cette mission qu’il entre en contact avec l’Intel-ligence Service. Après l’Armistice il décide de gagnerLondres en passant par l’Espagne, mais les agentsbritanniques qu’il rencontre lui proposent de créerun réseau de renseignement implanté à Madrid enprofitant des relations que lui procure la couverturede la maison de haute couture de son épouse. Enmai 1942, sous la pression des services allemands,un mandat d’arrêt est lancé contre lui sous l’incul-pation « d’agent de renseignement au service denations étrangères n’ayant pas la même politique quel’Allemagne ». Il s’enfuit alors en France et implanteson réseau en Auvergne, rayonnant sur l’ensembledu territoire.

Paul Cousseran et le réseau Alibi

C’est par l’entremise de son père que Paul Cousse-ran, étudiant de 19 ans, entra dans le réseau en juillet1943, après avoir participé à des actions de résistanceavec ses camarades Eclaireurs du lycée Thiers à Mar-seille. Il est chargé de recueillir des renseignementsauprès des agents des PTT sur les défenses des aéro-dromes méridionaux et de mettre en place un sys-tème d’écoute des lignes téléphoniques allemandes.Il tombe dans un traquenard à Nîmes, déporté aucamp de Neuengamme il a la chance de revenir enjuin 1945 auprès de sa famille.

Michel Ambaultadministrateur de l’association

« Mémoire et Espoirs de la Résistance »

La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 25 - juin 2001 15

Un amour dans latempête de l’HistoirePréface du vice-amiral MichelDebrayAude Yung-dePrévauxÉd. du Félin (10,rue de la Vacquerie75011 Paris), coll.Résistance-Liberté-Mémoire, 224 p.,129 F (19,66 €)

Courez vite acheter ce livre. Ou plutôt achetezen deux pour en offrir un exemplaire à votre

meilleur(e) ami(e). Au-delà de son intérêt histo-rique, il s’agit d’un passionnant roman d’amouret d’aventure.Une étudiante en histoire prépare au milieu desannées 60 un mémoire sur le « dualisme cathare ».Sous la lumière verte des lampes qui éclairent lestables de lecture de la Bibliothèque Nationale unejeune fille de 22 ans note son nom en grosses let-tres sur une fiche destinée à obtenir la consulta-tion d’un ouvrage. Son voisin de table, un hommeâgé, se penche vers elle après avoir aperçu ce qu’elleécrivait : « Pardonnez mon indiscrétion mais n’ê-tes vous pas la fille de l’amiral Trolley de Prévaux ? »Question absurde pour la jeune fille « mon pèredisparu depuis dix ans, était certes militaire maisgénéral….peut-être s’agit-il d’une confusion degrade ». Mais le vieux monsieur insiste « vous êtesnée à Nice en juin 1943, vous ressemblez à votremère Latka….vos parents adoptifs vous ont cachéla vérité… vos parents sont des héros. Ils faisaientde la Résistance, ils ont été tués par les Allemands.Votre père était amiral et votre mère juive polo-naise ».Comment se refaire une identité ? Cette longuequête constitue la trame de ce livre, en plus remar-quablement écrit. Au travers de deux destins indi-viduels exceptionnels, il montre la rupture avecson milieu que représentait pour certains l’adhé-sion à la Résistance. Ainsi que le note le vice amiral Debray, présidentde l’Institut Charles de Gaulle dans sa préface « Tout y est hors du commun, la carrière et le carac-tère de son père, la vie de sa mère, leur engagementà tous deux et leur sacrifice final ». Et d’abord« essayer de comprendre pourquoi la Marine quidonna si peu de Résistants à la France n’a pasmieux honoré la mémoire de cet amiral ! ». C’estle nom d’un commandant de sous marin grenadépar les anglais qui a été donné à l’une des sallesde l’école navale, plutôt que celui de Drogov, commandant du Narval rallié à la FranceLibre et disparu corps et biens sous le pavillon dela Croix de Lorraine.Quelle émotion alors de découvrir que son pèrea été fait compagnon de la Libération à titre pos-thume et que sa mère soit citée dans le mémorialdes compagnons sous les termes suivants : « unisdans l’action de Résistance, unis dans l’épreuve des prisons, ils se trouvèrent encore unis dans leursacrifice. Nous ne les séparons donc pas sous le signe de la Croix de Lorraine et la devise de notreordre »

Michel Ambault

Journal d’occupation. Paris 1940-1944. Chronique au jour le jour d’une époque oubliée.Par Lilianne SchroederÉd. François-Xavier de Guibert (3, rue Jean-François Gerbillon 75006 Paris), 288p., 150 F (22, 87 €)

Le Journal d’Occupation (Paris 1940 –1944) de Mme Liliane Schroeder retrace,

au jour le jour, la vie des Parisiens pendant laguerre, avec leurs préoccupations terre à terrepour survivre, mais aussi leurs espérances surl’issue du conflit et la libération de la France.Le balancement entre le souci del’alimentation – ô combien pauvre ! – et lesuivi des armées à Tobrouk ou à Stalingradmarque constamment les journées de la jeunerédactrice. Toute son attitude est le refus dela défaite, de l’occupation et de ladéchéance ; aussi n’est-on nullement surprisque dans la postface récente, Mlle Jameson(devenue après la guerre Mme Schroeder)explique son rôle, dangereux, de boîte àlettre, d’hôtesse et de courrier dans le réseaude résistance Marco : elle aurait pu titrer sonrécit la bicyclette rouge (cf p.267 del’ouvrage) !Un beau récit, plein de vérité et de fraîcheur,qui apporte sa pierre à l’édifice historique dela vie en France pendant la guerre : lerenoncement et l’affairisme existaient, maisbeaucoup refusaient l’état de fait et luirésistaient, même discrètement et modestement !Un témoignage simple du vécu, des penséeset des actions (même cachées) d’une jeunefille de cette époque : un bel exemple pournos jeunes générations !

Nicolas TheisDirecteur général de la

Fondation de la Résistance

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Les activités de la Fondation

16 La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 25 - juin 2001

Suite à la parution de l’article « la célèbre photo-graphie des maquisards de Boussoulet autour deleur instructeur » par le colonel Albert Oriol-Maloire(cf. la Lettre N°24 de mars 2001), nous avons reçude nombreux courriers de résistants ou de leursdescendants figurant sur ce cliché. Les précisions et rectifications qu’ils ont pu nousfournir à cette occasion nous ont permis de com-pléter utilement son historique démontrant ainsil’utilité de la toute nouvelle rubrique de notrerevue « autour d’une photographie ».Nous les remercions vivement de leur aide nous per-mettant de cerner de plus près la vérité historique.

Maurice Patin, résistant membre de l’ArméeSecrète de la Loire qui, maquisard au GMO18 juin, figure sur ce cliché (N°12), nous

apporte quelques éclaircissements sur l’auteur et lecommanditaire du cliché : « Je doute que Keystoneait envoyé des reporters pour des photos clandes-tines, en pleine occupation.(...) Il est fort probablequ’elle a atterri chez Keystone vendue ou pas. Jeme souviens que le photographe était de Saint-Etienne, il était professionnel et venu clandestine-ment amené par l’un de nos responsables ». On peutdonc supposer que l’idée de l’un des responsablesde l’Armée Secrète de la Haute-Loire était de trans-mettre ce reportage aux dirigeants de Londres afinde leur prouver la réelle efficacité des maquis etdonc d’intensifier les parachutages d’armes dans cesecteur. On se souvient que les responsables locauxde l’Ain avaient souhaité qu’un film et des clichéssoient pris durant le défilé du 11 novembre 1943 àOyonnax dans ce même but.Sur sa datation Maurice Patin nous livre des élé-ments d’appréciations qui tendent à prouver quecontrairement à ce que nous avions avancé cettephoto ne peut avoir été prise en janvier-février1944. « Boussoulet à cette époque, avec ses1190 mètres d’altitude est recouverte chaque

année de 0,50 m à 1,60 m de neige. Or, sur laphoto on voit de l’herbe et la floraison ». Sur cettebase, il pense qu’elle fut certainement prise en maiou juin 1944. Ce dernier point est confirmé parLucienne Carré, résistante, infirmière du maquis ASCassino, qui, après nous avons signalé que dans l’i-dentification permise par le colonel Oriol-Maloires’était glissée une erreur concernant son père,lequel s’appelait Perrichon et non Dauprat (N°9),nous précise qu’« il fut emmené au maquis de Bous-soulet par Maurice Patin en 1944 » pour ne le quit-ter définitivement qu’« après le combat de Gland(5 juillet 1944). Son âge ne lui permettant plus sonaction clandestine ».Enfin, quelques erreurs dans l’identification desmaquisards du GMO 18 juin présents sur la photo-graphie nous ayant été signalées par nos avisés lec-teurs, nous avons synthétisé leurs précieuses infor-mations en indiquant en vert les correctionsapportées par rapport à l’ancienne légende. Aprèsleurs prénoms et noms, vous trouverez leurspseudonymes, leurs professions et leurs commu-nes d’origine.

Frantz Malassis

AVIS DE RECHERCHE Evelyne Lemberskitél.: 01 43 68 58 38 ou 06 09 01 79 70E-mail : [email protected], place Bobillot appt 26794220 Charenton-le-Pont

recherche toutes personnes susceptibles d’avoirconnu Salomon dit Sénia Juptzer pendant sacaptivité aux stalags : -IA (Stablack) situé en Prusse Orientale vers le25 juin 1940 jusqu’en décembre 1940 - février1941,

-XIA Batl (Altengrabow en Allemagne) du 28mars 1941 à février 1943

- et/ou par le réseau grâce au réseau Charrettedirigé par Michel Cailliau. Il était chargé demission de troisième classe au grade de sous-lieutenant, et son nom de code était JosephSerre.

Cette personne a été déportée le 15 mai 1944.Il faisait parti du convoi N° 73 dont les desti-nations finales sont Reval (Estonie) et le fort deKovnov (Lituanie).Ces témoignages aideront un étudiant en doc-torat d’histoire à l’Université Paris dans le cadrede sa thèse.

Une rue du Puy-en-Velayhonore désormais la mémoirede notre ancien Secrétairegénéral Jean Brenas

Après l’hommage rendu par laFondation de la Résistance à JeanBrenas aux Invalides le 2 décem-bre 1997, des démarches furententreprises auprès de la Munici-palité du Puy-en-Velay afin que lenom de Jean Brenas soit donné àune rue de la ville d’où sa famille

est originaire et où il est inhumé.Le samedi 28 octobre 2000, SergeMonnier, ancien Maire du Puy-en-Velay, en présence de BenoîtRoosebeke, directeur de cabinetdu Préfet et de plusieurs élus ontdonc baptisé la rue Jean Brenasentouré des membres de safamille. Notre ancien Secrétairegénéral a donné son nom à unenouvelle rue du Puy située danszone d’activité du quartierTaulhac entre la rue Léon-Mathieuet celle du lieutenant-colonelMarcel Rebeyrotte.

Christian Pierre nous a quittéLe colonel (c.r) Christian Pierre,Président du COSOR et des « Ami-tiés de la Résistance », Vice-Prési-dent d’honneur de la Fondationde la Résistance, est décédé bru-

talement. Le Président JeanMattéoli, le Conseil d’administra-tion et le personnel de la Fonda-tion de la Résistance présententleurs sincères condoléances à safamille et aux membres des deuxassociations qu’il animait avec cou-rage et dévouement.

Serge Ravanel à l’honneurM. Serge Ravanel, colonel hono-raire, Compagnon de la Libération,Vice-Président de l’Associationpour des Etudes sur la RésistanceIntérieure (AERI), administrateuret conseiller du bureau de laFondation de la Résistance, a étéélevé à la dignité de Grand Offi-cier de la Légion d’honneur.La Fondation de la Résistance ettous ses amis se réjouissent decette haute distinction.

1 Paul Montroy, Paulo, Sury-le-Comtal2 Jean Gagnaire, Carrière, Saint-Etienne3 L’aspirant Albert Oriol, Albert,

instituteur, Saint-Etienne Chef duMaquis

4 Eugène Sahuc, Cable, métallurgiste,Saint-Etienne

5 Louis Dulac*, Lacroix, boulanger, Feurs6 Philippe Mazard, Tony, mineur de fond,

Le Chambon-Feugerolles.7 Louis Guillot*, Tino, Feurs.8 Alsacien évadé de l’Armée allemande.9 Eugène Perrichon, Le Pépé, ajusteur

tissage, engagé volontaire de la GrandeGuerre, Roanne.Doyen du groupe, sa fille sera infirmièreau maquis de l’Armée Secrète « Cassino ».

10 Maurice Rey, Moussy, Saint-Etienne.11 Jean Brunel, Cartier, mineur de fonds,

Saint-Etienne.Deux des ses frères seront tués à ladéfense de Strasbourg (24 ème Bataillonde Marche) lui même est mort dans lesannées cinquante de maladie

12 Maurice Patin, Maurice, technicien enbonneterie, Roanne, actuel rédacteur du« Résistant de la Loire »

* Louis Dulac et Louis Guillot sont arrivés les premiers au maquis en septembre 1943

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COURRIER DE NOS LECTEURS

Pierre Brenasému devant

la plaque enl’honneur de

son père

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BRÈVES