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Ovins - Alliance-Elevage · PDF fileLes germes responsables sont nom-breux : parasites, virus ... - Corynebacterium pseudotuberculo- ... AERATION “De l’air sans courant d’air

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2 Mars 2012 Bulletin Alliance Pastorale N°820

Ovins

Les problèmes respira-toires touchent une grande majorité des cheptels ovins, quels que soient le type d’élevage, l’âge des animaux et les races présentes. Cela se mani-feste le plus souvent par des signes typiquement respiratoires (toux, écou-lements au niveau des narines, larmoiements...), accompagnés ou non de fièvre, mais également par des baisses de per-formance, des saisies - partielles ou totales - à l’abattoir et des mortalités.

Les germes responsables sont nom-breux : parasites, virus, bactéries... et interviennent le plus souvent en association. Nous avons vu dans une première partie les affections respiratoires d’origine parasitaire (Bulletin 815, octobre 2011), voyons aujourd’hui les causes infectieuses.

Les pasteurellesCe sont les bactéries les plus fré-quemment rencontrées en élevage ovin, responsables de 2 formes cli-niques distinctes de pasteurellose :- une forme septicémique chez les agneaux de moins de 2 mois ou chez des animaux un peu plus âgés (jusqu’à 1 an), se traduisant le plus souvent par des mortalités rapides, sans signes respiratoires,- et une forme pulmonaire chez les jeunes et les adultes, appelée égale-ment pneumonie enzootique.Le terme «Pasteurelles» regroupe en fait plusieurs bactéries, elles-mêmes divisées en plusieurs sérotypes. Chez les ovins sont surtout retrou-vées Mannheimia haemolytica séro-type A2 pour les formes pulmonaires en général et septicémiques des très jeunes, et Pasteurella (Bibersteinia) trehalosi plutôt pour les formes sep-ticémiques des agneaux plus âgés.

Ces bactéries sont peu résistantes dans le milieu extérieur et facilement détruites par les désinfectants habi-tuels La contamination se fait essen-tiellement par contact direct entre les animaux porteurs et les animaux sains, notamment via les éternue-ments, la toux, le jetage nasal, le lait, etc... Les pasteurelles sont pré-sentes dans la majorité des élevages mais ne provoquent en règle général des problèmes respiratoires que si d’autres facteurs sont réunis, à la fois des facteurs débilitants (stress, froid, sevrage, transport, confine-ment, vapeur d’ammoniac....) et des facteurs infectieux primitifs, tels que virus grippal, mycoplasmes ou para-sites.... Ces conditions se rencontrent princi-palement, mais non exclusivement, au printemps et à l’automne.

Ecoulement nasal, toux et autres problèmes respiratoires chez les ovins

Partie 2 : les origines infectieuses

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3 Mars 2012 Bulletin Alliance Pastorale N°820

Santé

Sur le plan clinique, la pasteurel-lose peut évoluer de manière extrê-mement rapide, suraiguëe, dans le cas des septicémies avec mort subite des agneaux, ou de façon plus modérée avec des baisses d’appétit, de la toux, de l’écoulement (jetage) nasal et oculaire souvent purulent ou parfois teinté de sang, et des difficul-tés respiratoires (bruits, essouffle-ments...) plus ou moins sévères. La mortalité est en général faible mais peut atteindre 20 % dans certains élevages. La guérison est possible en 2 à 3 semaines mais le passage à la chro-nicité, avec des épisodes de toux de temps à autres, est fréquent. Plus rarement, les pasteurelles peu-vent également se localiser dans les articulations, le système nerveux ou la mamelle à l’origine respective-ment d’arthrites, de méningites ou de mammites.

Le diagnostic repose surtout sur l’examen clinique, sur les lésions pulmonaires visibles à l’autopsie (cf encadré) et sur des analyses bac-

Pour minimiser l’impact de la pasteurellose dans les élevages, plusieurs pistes sont possibles :

l Revoir en priorité les conditions d’élevage : favoriser la circulation d’air dans les bâtiments en évitant les courants d’air, diminuer au maxi-mum les facteurs de stress, limiter les vapeurs d’ammoniac irritantes pour l’appareil respiratoire en dimi-nuant la densité d’animaux, en favo-risant le paillage ou en ajoutant des asséchants litière... (voir normes page suivante)

l éviter les facteurs infectieux pri-mitifs avec notamment une bonne gestion du parasitisme respiratoire (strongles pulmonaires et œstres).

l éliminer tous les animaux infectés chroniques qui maintiennent les pas-teurelles dans l’exploitation.

l Traiter les animaux malades avec

Facteurs débilitants :stress, froid, sevrage, transport,

confinement, vapeur d’ammoniac...

Baisse de l’immunité générale

Animal porteur sain de pasteurelles,

sans aucun signe clinique

Animal malade, avec signes cliniques

de pasteurellose

Facteurs infectieux primitifs : virus grippal ou autres virus, mycoplasmes, parasites...

Terrain favorable à la multiplication des

Pasteurelles

Lésions de pneumonie(Photo Laboratoire de l’Alliance Pastorale)

Adhérences fibreuses(Photo Laboratoire de l’Alliance Pastorale)

tériologiques réalisées en général à partir de tissu pulmonaire dans les formes les plus classiques.

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4 Mars 2012 Bulletin Alliance Pastorale N°820

Ovinsdes anti-inflammatoires en tout début d’évolution et des antibiotiques pen-dant 5 à 10 jours selon la sévérité de l’infection et la rapidité d’intervention. L’oxytétracycline longue action, la pénicilline, la tylosine peuvent don-ner de bons résultats, voire parfois la marbofloxacine, le florfénicol ou le ceftiofur... en fonction des résultats de l’antibiogramme réalisé conjointe-ment aux analyses bactériologiques.

l Protéger le cheptel grâce à la mise en place de la vaccination des agneaux et/ou des mères. Deux vac-cins sont actuellement disponibles : l’un spécifique des ovins Ovilis PastovaxND (valences M.haemolytica dont sérotype A2 et P.trehalosi) et l’autre pour bovins surtout et ovins SalmopastND (M.haemolytica, P.multocida A et D et 2 Salmonella), à utiliser en fonction des sérotypes des pasteurelles présentes dans l’élevage.

Les autres bactéries

D’autres bactéries peuvent égale-ment toucher l’appareil respiratoire des ovins. Ainsi, pour ne citer que les princi-pales :

- les chlamydies (Chlamydia psit-taci ovis) responsable de la chla-mydiose, à l’origine de pneumonie chez les jeunes mais plus généra-lement d’avortements chez les bre-bis et les agnelles, associés parfois à des conjonctivites. Ces bactéries sont sensibles à l’oxytétracycline et la vaccination est également possible.

- Corynebacterium pseudotuberculo-sis responsable de la lymphadénite caséeuse ou la maladie des abcès, à l’origine d’abcès parfois superficiels mais le plus souvent pulmonaires ou au niveau des ganglions. D’évolution lente, cette maladie est surtout res-ponsable de saisies à l’abattoir. Il n’y a pas de traitement, seules les mesures d’hygiène habituelles per-mettent de limiter la contamination dans l’élevage.

Ambiance des bâtiments Normes en élevage ovin

SURFACE AIRE PAILLÉE (avec paillage quotidien)

m²/animal

Agneau < 2 mois 0,25Agneau > 2 mois 0,50Agnelle 0,70Brebis gestante 1,2Brebis allaitante 1,5 (Prévoir 1 à 2 cases agnelage / 10 brebis)

Bélier 1,5 à 2 Prévoir 0,3 à 0,5 kg paille / animal adulte / jour

LONGUEUR D’AUGE cm / animalAgneau > 3 semaines 25 (si nourrisseur : 7 à 9 cm / agneau en moyenne)

Adulte 33 à 40

Hauteur du fond de l’auge / sol de l’aire paillée 30 à 40 cm.Hauteur du passage de tête / sol de l’aire paillée 50 à 55 cm.

Râtelier Libre-service 10 à 12

ABREUVEMENT Nombre d’animaux / abreuvoir simpleAgneaux - Agnelles 40 à 50 (Abreuvoir à 40 cm du sol )

Adultes 40 à 50 (Abreuvoir à 70 – 80 cm du sol )

Consommation d’eau / brebis / jour : 4 à 10 l suivant alimentation, stade phy-siologique, état de santé, température ambiante.

AERATION “De l’air sans courant d’air” Volume d’air (m3/animal)

Vitesse de l’air* (m/s)

Entrée d’air (m²/animal)

Sortie d’air (m²/animal)

Agneau 3 à 5 0,25Agnelle 5 à 6 0,4 à 0,5Brebis adulte 7 à 10 0,4 à 0,5 0,06 0,03

*Utilisation d’un briquet ou d’une bougie pour estimer la vitesse de l’air : Flamme droite : < 0,1 m / s Flamme penchée à 30° : entre 0,1 et 0,3 m / s Flamme penchée à 60° : entre 0,3 et 0,8 m / s

La bonne ventilation doit permettre de maintenir la concentration en ammoniac en dessous de 5 ppm (pas d’odeur perceptible au nez) et l’hygrométrie entre 70 à 80% (la laine des animaux doit rester sèche).

ECLAIREMENT Naturel : 5% de la surface couverte. Artificiel : 5 à 6 W / m²

TEMPERATURE AMBIANTE OPTIMALE (C°)Agneau nouveau-né 20 à 25 (Recours au lampes infra-rouge ou “réveil-agneau”)

Agneau sevrage 18Agneau à l’engraissement 13 à 15Adulte 13 à 15

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5 Mars 2012 Bulletin Alliance Pastorale N°820

traitement mais des démarches de qualification indemne existent pour les sélectionneurs (notamment en race Texel) et dans le cadre d’impor-tations ou d’exportations.

- l’adénomatose ou carcinome pulmo-naire (rétrovirus également proche du Maedi-Visna + herpesvirus) est une maladie d’évolution très lente qui entraîne l’apparition de tumeurs au niveau pulmonaire. Chez les ani-maux atteints, âgés de plus de 2 ans, apparaissent d’abord des difficultés et des bruits respiratoires, de l’amai-grissement, puis du jetage trouble au niveau des narines devenant de plus en plus abondant (et qui s’intensifie lorsque l’animal penche sa tête vers le bas ou que les postérieurs sont soulevés). Il n’existe pas de possibi-lités de diagnostic sur l’animal vivant, la prévention consiste alors à élimi-ner les animaux suspects.

- le virus Para Influenza 3 (para-myxovirus, IP3) est un virus grippal classique très contagieux, à l’origine de toux, de jetage et de fièvre. Seul, il évolue en général sans grande gravité sur 3 à 5 j, mais il est sou-vent associé à des mycoplasmes puis à des pasteurelles qui peuvent compliquer les signes cliniques. Des vaccins bovins peuvent parfois être utilisés mais c’est surtout la gestion des surinfections qui doit être entre-prise.

En résumé, il faut retenir que tous ces virus (ainsi que les autres adé-novirus, réovirus, virus respiratoire syncytial non détaillés ici....) sont, comme les mycoplasmes, à l’ori-gine de lésions pulmonaires initiales favorisant l’installation secondaire d’autres bactéries, avec les pasteu-relles en tête... Gérer le parasitisme, qu’il soit respi-ratoire ou digestif, assurer une bonne ambiance dans les bâtiments, éviter la surpopulation, réduire les sources de stress... sont autant d’éléments qui permettent de limiter l’expression des signes respiratoires dans un élevage. Dans un deuxième temps,

Les mycoplasmesDifférentes souches de mycoplasmes peuvent être retrouvées au niveau pulmonaire chez les ovins, avec principalement Mycoplasma ovip-neumoniae, responsable de la pneu-monie atypique. Les signes cliniques restent en général modérés : toux chronique d’évolution lente, associée parfois à quelques difficultés respi-ratoires (dyspnées), mais ils peu-vent fréquemment se compliquer lors d’associations avec des pasteurelles ou des virus. Le diagnostic se fait grâce à l’autopsie (lésions grisâtres au niveau des lobes crâniaux + par-fois pleurésie) et des analyses bac-tériologiques spécifiques aux myco-plasmes, en laboratoire. La conduite à tenir est la même que dans le cas des pasteurelles, mais il n’existe pas de vaccin actuellement.

Les virusIls sont nombreux à envahir les pou-mons des ovins.

Nous ne retiendrons que les princi-paux : - le Maedi-Visna (rétrovirus) qui évolue lentement et se manifeste sur des animaux de plus de 3 - 4 ans, particulièrement de race Texel. Les brebis présentent de l’essoufflement, important après un effort puis pro-gressivement au repos également (on parle de «brebis souffleuses»), associé à de l’amaigrissement ainsi qu’à des problèmes de mammites et d’arthrites. Le diagnostic se fait par analyses sanguines chez les animaux adultes. Il n’existe aucun

Santé

la mise en place d’une vaccination adaptée, l’élimination des animaux infectés chroniquement et le traite-ment précoce des malades, en s’ap-puyant sur les résultats des analyses bactériologiques, participent à une forte réduction des pertes écono-miques engendrées par ces affec-tions respiratoires.Par Laurence Kimmel Dr VétérinaireAbcès caséeux pulmonaires

(Photo Laboratoire de l’Alliance Pastorale)

Le poumon des ovins est divisé en 2 : 1 poumon gauche avec 2 lobes (crânial et caudal) et 1 poumon droit avec 4 lobes (crânial, moyen, caudal et accessoire). Ces lobes sont en-tourés d’une séreuse appelée plèvre et composée d’une partie collée au poumon (feuillet viscéral), d’une par-tie collée aux côtes (feuillet pariétal) et d’un vide entre les 2 permettant les mouvements du poumon. Autour du cœur, cette séreuse prend le nom de péricarde.

Lors de pasteurellose, les poumons peuvent présenter des lésions d’in-flammation : on parle de pneumonie (coloration plus ou moins foncée, consistance augmentée). Ces lé-sions s’étendent parfois aux sé-reuses adjacentes : sur la plèvre, on parle de pleurésie ou sur le péri-carde, on parle alors de péricardite. Au cours de l’infection, il se produit dans un premier temps de l’œdème (aspect luisant) et de la fibrine (as-pect d’omelette) qui signe un phéno-mène en cours d’évolution à l’origine de saisies totales ou de saisies de coffres. Les motifs de saisies indi-quent en général pleuro-pneumonie fibrineuse (atteinte plèvre–poumon, en cours d’évolution) ou péricardite fibrineuse (atteinte péricarde, en cours d’évolution), etc…. Lorsque l’infection devient plus ancienne, du tissu fibreux apparaît (épaississe-ment des feuillets, adhérences so-lides), les risques pour les consom-mateurs diminuent et les saisies à l’abattoir sont alors beaucoup plus localisées.

Petit rappel d’anatomie et saisies à l’abattoir…