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P 01 COUV USMAG729 · 2020. 9. 28. · perdus. 80 euros de récompense au cheminot limier. 24 mars 22 mars 25 mars 26 mars Le compte n’est pas bon Dette record en 2012 pour la France

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  • Revue de presse 4

    30 jours 5

    Portrait 6• FSU, 20 ans le bel âge !

    Actualité 8• Se faire entendre• Représentativité syndicale• Dans la manifestation• Austérité• Évasion fiscale• Décentralisation• Colloque sur l’évaluation• Formation des enseignants• EAP• Expression des courants de pensée

    Dans la classe 17• Enseignements scientifiques

    Éco/social 18• Système bancaire• Allocations familiales• Hommage à Robert Castel

    Dossier 21• Marseille, capitale culturelle

    21 Entretien avec Joël DickerDossierMarseille, capitale culturelleMétier 28• Histoire des arts• LPC• CCF• Philo

    Catégories 30• Mouvement intra• Non-titulaires• CPE

    Sur le terrain 32• CHSCT

    Fenêtre sur 34• Économie sociale et solidaire

    Culture 38• Livres-revues• Cinéma/Théâtre/Spectacles/Expositions

    Entretien 40• Joël Dicker

    International 42• Forum social mondial à Tunis• Alter Sommet

    Droits et libertés 44• Droit de vote des étrangers

    Culture 45• Multimédia

    40

    ÉditoAvertissementsLa manifestation nationale du 6 avril doit être comprisecomme un avertissementau ministre sur deux axes pour nous essentiels.D’abord sur les conditions de travail, d’emplois et de rémunération qui sontaujourd’hui tellementdégradées que l’absence de toute perspective dans cedomaine devient insupportable.Ensuite sur la loi d’orientationdébattue au Parlement qui ne tranche pas certainesquestions essentielles pourl’avenir et la place du seconddegré, comme par exemple surl’École du socle, et qui serontdonc tranchées derrière la loidans les décrets d’application.Nous constatons tousl’augmentation des tensionsvoire des conflits dans lesétablissements. Elles traduisentl’exaspération des personnels,les difficultés croissantes qu’ilsrencontrent dans l’exercice de leur mission, les inquiétudesqu’ils ont face aux évolutionsde leurs métiers,l’autoritarisme tatillon quiperdure à bien des endroits.Cela aussi, c’est unavertissement que le ministrene doit pas prendre à la légère.Dans les établissements, nous manquons cruellement de signes qui ouvriraientdes perspectives etpermettraient à chacun

    d’espérer de nouvellesdynamiques à l’œuvre.

    34 Fenêtre surL’économie sociale et solidaire

    SOMMAIRE

    Daniel Robincosecrétaire général

    L’Université Syndicaliste, le journal du Syndicat national des enseignements de second degré (SNES, 46, avenue d’Ivry, 75647 Paris Cedex 13. Tél. standard: 01 40 6329 00). Directeur de la publication : Roland Hubert ([email protected]). Rédacteur en chef: Thierry Pétrault. Secrétaire de direction: Bénédicte Derieux. Collaborateurspermanents: Nicolas Béniès, Baptiste Eychart, Nicolas Morvan, Véronique Ponvert. Régie publicitaire: Com d’habitude publicité, 25, rue Fernand-Delmas, 19100 Brive.Clotilde Poitevin, tél. : 05 55 24 14 03 – Fax : 05 55 18 03 73 – www.comdhabitude.fr. Compogravure : C.A.G., Paris. Imprimerie : SEGO, Taverny (95). C.P. N° 0113 S06386. I.S.S.N. N°0751-5839. Dépôt légal à parution. Conception: Voltaire & Associés, 15, rue de la Banque, 75002 Paris. Photo de

    couverture: ©Robert Terzian. Prix du numéro: 1,30 €. Abonnement: 1) Personnels de l’Éducation nationale:France 30 € ; étranger et DOM-TOM: 44 €. 2) Autres, France: 42€ ; étranger: 56 €. Publicité : MAIF (p. 2),ANCV (p. 9), ARVEL (p. 46), CASDEN (p. 47), Fédération autonomes (p. 48).

  • 4 - US MAGAZINE - Supplément au no 729 du 30 mars 2013

    29 mars 2013

    Laïcité :Hollande tout voile dehors

    20 mars 2013

    UNIVERSITÉS : UNE LOI POUR RIEN ?Geneviève Fioraso présenteaujourd’hui en Conseil des ministres sa loi d’orientationpour l’enseignement supérieur et larecherche. Un texte autant attenduque critiqué par la communautéuniversitaire. Depuis l’arrivée de FrançoisHollande, cette dernière espère en finir avec la logique de mise en concurrence et d’autonomiefinancière de la loi LRU qui a, de fait, appauvri les universitésdont une vingtaine étaient endéficit fin 2012. Mais la rupturen’est pas au rendez-vous…Beaucoup de mesures apparaissentcomme des promesses en trompe-l’œil. L’AERES (agenced’évaluation), très décriée, doitêtre remplacée par un haut conseilde l’évaluation.« C’est une trahison. Cette instancereste dans la même logique avec une évaluation favorisant la recherche utilitariste et à courtterme », regrette ChristopheBlondel, du SNCS-FSU.

    30 mars 2013

    ÇA M’ÉNERVE ! JOURNÉES OUBLIÉESFormulée par la gauche, laproposition d’une journée dusouvenir de la Résistance nerencontre pas trop de résistance à droite. La date choisie sembleconsensuelle, elle commémorel’unification des mouvements au sein du Conseil national de laRésistance, le 27 mai 1943. Cettejournée ne se substitue pas à cellede la Shoah, ni à celle des déportéspolitiques, moins encore au 8 mai,fête de la Victoire de 1945. Cette nouvelle journée n’empêchenullement de célébrer le 18 juin, elle n’interdit pas à chaque ville de France de commémorer salibération, et ne nous dispense pasde saluer les débarquements alliésde Normandie et de Provence.Il fallait bien une journée pour laRésistance, puisqu’il en existe pourles guerres coloniales, l’esclavage,sans compter les jours fériés dédiésà la Grande Guerre, au travail età la Révolution française.

    21 février 2013

    ÉDUCATION : ENSEIGNER NE FAITTOUJOURS PAS RÊVERLe gouvernement risque d’avoirbeaucoup de difficultés à pourvoirles 43 500 postes ouverts auxconcours de professeurs de 2013et 2014. Et ce, alors que la gaucheprévoit de créer 60 000 emploissupplémentaires dans l’éducationd’ici cinq ans.Les premiers résultats desépreuves écrites d’admissibilitédu CAPES sont sans surprise. En anglais, lettres classiqueset modernes, mathématiqueset éducation musicale, disciplinesdéficitaires depuis plusieursannées, « il sera difficile desatisfaire les besoins derecrutement », indique le ministère.En mathématiques, on compte 1 326admissibles, à peine plus nombreuxque les 1 210 postes à pourvoir, toutcomme en lettres modernes. Enlettres classiques, les admissiblessont moitié moins nombreux queles 200 postes proposés !

    29 mars 2013

    UN CONSERVATOIREFLAMBANT NEUF ET DÉJÀEN GRÈVEAu conservatoire d’Aubervilliers-La Courneuve, ce mercredi 27 marsaurait dû être jour de fête.L’établissement à « rayonnementrégional » s’apprêtait à inaugurer,samedi 30 mars, l’écrin de verre etbéton destiné à accueillir les 1 500élèves et 150 salariés qui enpoussent la porte chaque semaine.Après sept ans de gestation, ce projet à 31 millions d’eurosvoyait enfin le jour.Sur la grille d’entrée, une banderoleannonce un programme moinsréjouissant : « En grève ».Les 130 artistes-enseignants et les 20 personnels techniquesdénoncent la baisse de 25 % de la subvention de l’État, à laquelles’ajoute un gel de 6 %. Situationclassique, en cette période dedisette budgétaire. Sauf qu’àAubervilliers, on s’en étonne, tant l’établissement pourrait servirde modèle au discoursgouvernemental.

    Le dessin du mois

    © Chappatte dans Le Temps (Genève)

    Pansement tenace sur le débat politique français, le voile islamiquerevient ainsi régulièrement s’inscrire à l’agenda à la faveur de faitsplus ou moins isolés. Les affaires de voile ayant cette particularitéde s’enflammer immédiatement au contact du débat public, ellesmobilisent, à chaque fois, jusqu’au sommet de l’État. Le premiercas remonte à 1989, c’était l’affaire des collégiennes de Creil.Près de vingt-cinq ans plus tard, c’est celle de la crèche Baby-Loupde Chanteloup-les-Vignes (Yvelines) qui a conduit François Hol-lande, jeudi soir sur France 2, à annoncer qu’une loi était nécessairepour poser « des règles », au moins dans le secteur de la petiteenfance. « Dès lors qu’il y a contact avec les enfants, dans cequ’on appelle le service public de la petite enfance, une crèche asso-ciative avec des financements publics, il doit y avoir une certainesimilitude par rapport à ce qui existe dans l’école », a expliqué lePrésident, faisant référence à la loi de 2004 qui avait conduit à l’in-terdiction des « signes religieux ostensibles » (voile, kippa, croix)à l’école. Il n’a pas exclu d’élargir le champ de la loi aux entreprisesayant « un contact avec le public ou remplissant une mission d’in-térêt général ou de service public ».Avant la loi de 2004, puis celle de 2011 interdisant notamment leport de la burka en public, la laïcité française, définie en 1905, pré-voyait que seuls les fonctionnaires et les agents de service publicétaient soumis à une obligation de neutralité. Ce qu’est venue rap-peler la Cour de cassation le 19 mars. En même temps que l’an-nulation du licenciement de la salariée de Baby-Loup, elle confir-mait celui d’une employée de la Caisse primaire d’assurancemaladie de Seine-Saint-Denis, traçant cette limite entre entreprisesprivées – Baby-Loup est une crèche association – et publiques ouexerçant une mission de service public. ■

    REVUE DE PRESSEEN MARS...

    Des lois pour rien... ou pour pire ?

  • Pas la même musique. Les enseignants du collègeMozart du film Entre les murs sont en grève

    Même ren...Guaino. Le député de l’UMPvilipende la justice et le juge Gentil dans l’affaire Sarkozy

    Supplément au no 729 du 30 mars 2013 - US MAGAZINE - 5

    Pas toujours la criseLe taux de fécondité se maintient en France malgré la crise

    Semaine du blancAprès la fumée, le costume, habeamus…

    13mars

    Ah beh mars alors !La vie a pu exister sur Mars dans le passé (Nasa)

    12mars

    Deux ans. La répression du régime syrien contre son peuplea commencé il y a deux ans

    L’arme à gaucheLe président vénézuélien Hugo Chavez est mort

    5mars

    L’UE « vol » au secours de ChypreCrise financière à Chypre qui sombre dans la récession

    17mars

    Mauvaise blague !Carambar arrête les blagues

    19mars

    BILLET D’HUMEUR

    Le train-train. La SNCF recherche 150 wagons de fretperdus. 80 euros de récompense au cheminot limier.

    24mars

    22mars

    25mars

    26mars

    Le compte n’est pas bonDette record en 2012 pour la France et dérapage du déficit public

    27mars

    Perdre le nordLa Corée du Nord en état de guerre avec le Sud

    29mars

    Pas dans le rythme. La majorité des villesn’appliquera pas la réforme des rythmes scolaires

    28mars

    Quelle est votre défense ?Un homme arrêté au Muséum d’histoire naturelle pour avoirdécoupé les défenses d’un éléphant à la tronçonneuse

    30mars

    Plus en peinture. Le rapport Fragonnard veut supprimerles allocations familiales pour les riches

    2avril

    Choc de simplificationJérôme Cahuzac avoue avoir menti

    3avril

    Thatcher plus à rienLa Dame de Fer ne brisera plus/pas les cœurs

    8avril

    4mars

    Révolution suisse ! Référendum adopté sur la limitationdes « rémunérations abusives » des grands patrons

    3mars

    Affaire Cahuzac : un choc tout courtAprès le choc fiscal et le choc de simplification, c’est un choc d’unetoute autre ampleur qu’ont provoqué les aveux de Jérôme Cahuzac.Après quatre mois de dénégation, l’ex-ministre du Budget a confirméles informations de Mediapart sur la détention d’un compte non déclaréà l’étranger.Un véritable séisme dans le monde politique. Un véritable cataclysmepour la démocratie parlementaire.« Je démens catégoriquement les allégations contenues sur le siteMediapart. Je n’ai jamais eu de compte à l’étranger, ni mainte-nant, ni avant. » Comment un ministre de la République, en chargedes finances, supposé pourfendeur de la fraude fiscale et des paradisfiscaux, a-t-il pu frauder le fisc et mentir à ce point à la représenta-tion nationale, aux Français.Ce scandale jette l’opprobre sur la classe politique tout entière. Et cene sont pas les mesures à venir sur la moralisation de la vie politiqueet cette volonté tous azimuts de transparence qui paraissent à la hauteurdes terribles séquelles laissées par cette affaire politico-financière. Car le mal est fait. L’image des hommes politiques dans leur ensembleest encore un peu plus abîmée, 63 % des Français, selon un sondage,pensant que l’ensemble de la classe politique est corrompue. On saitmalheureusement à qui risque de profiter l’accréditation du « touspourris ».

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    La voix de son maître

    30 JOURS

    En Italie, ils ont Beppe Grillo. EnFrance, on a Henri Guaino. Cedernier se veut l’ultime rempartprotégeant les institutions du pays.Ainsi le juge Gentil, en mettantNicolas Sarkozy en examen, aurait« sali la France » et « déshonoré lajustice ». Mais la nuance n’est pasle fort d’H. Guaino. Déjà, le députédes Yvelines, en prononçant à l’As-semblée nationale un discourscontre le « mariage pour tous »,se prenait pour André Malraux,multipliant les trémolos. Il réitéraitquelques semaines plus tarddevant l’Arc de Triomphe, à lamanif pour tous, se prenant cettefois pour le Général de Gaulle, ou

    Napoléon, ou les deux : « Citoyens,citoyennes, vous voyez la Répu-blique abaissée, la justice dévoyée.Vous êtes là, de l’Arc de Triompheà l’arche de la Défense. Vous êtes lagrande armée. L’histoire retiendrade cette journée qu’un seul cri ajailli de millions de poitrines fran-çaises : Assez ! Assez de voirdémolir notre culture, notre iden-tité ! Assez de voir détruire toutesnos institutions ». Avant sa pro-chaine intervention, on a envie delui donner un conseil : (re)lire Marx,qui distinguait le « 18 brumaire del’idiot » du « 18 brumaire dugénie». ■

    Nicolas Morvan

  • 6 - US MAGAZINE - Supplément au no 729 du 30 mars 2013

    NÉE DE L’EXCLUSION DU SNES ET DU SNEP DE LA FEN (Fédération de l’Éducation nationale), la FSU est aujourd’hui lapremière fédération de l’Éducation. Elle ne limite plus son champ de syndicalisation aux métiers de l’enseignementet vient de fêter ses 20 ans. Retour sur une naissance tonitruante dans le paysage du syndicalisme français.

    La Fédération Syndicale Unitaire, quicélèbre cette année ses 20 ans, est aujour-d’hui forte de 165 000 syndiqués, répartis

    dans 27 syndicats présents dans les trois fonc-tions publiques. Première fédération dansl’Éducation, structurée en sections départe-mentales, porteuse d’un projet de transfor-mation sociale, la FSU reste résolumentcombative, n’hésitant pas, comme le montrela journée de manifestation du 6 avril, àprendre ses responsabilités pour faire avancerses revendications. Ne se cantonnant pas auchamp éducatif, mais faisant aussi des propo-sitions pour des alternatives économiques etsociales ambitieuses, la FSU est partisaned’un syndicalisme rassembleur, cherchanttoujours à mobiliser le plus grand nombre desalariés pour imposer des alternatives auxprojets néfastes aux salariés et à la société.

    Une jeune fédération en plein essorLa FSU naît le 15 avril 1993 : 12 syndicatsnationaux, dont le SNES, le SNEP (Syndicatdes professeurs d’EPS) et le SNETAP (Syn-dicat de l’enseignement agricole), anciennescomposantes de la Fédération de l’ÉducationNationale, lancent un « Appel à la construc-tion d’un nouveau fédéralisme revendicatif,proche des personnels, unitaire et pluraliste ».C’est l’acte de naissance de la FSU.En effet, la FEN, depuis le milieu des années80 et l’oubli du projet de « Grand servicepublic unifié et laïque de l’Éducation natio-nale », est épuisée par ses conflits internes, etgravement affaiblie par une direction refusanttout pluralisme(1). Par ailleurs, dès 1986, laFEN construisait son projet de « créer un grandsyndicat unifié des enseignants de la mater-nelle au lycée ». Derrière ce projet se cachait enfait la volonté de maintenir intacte la puis-sance du SNI-PEGC (Syndicat national desinstituteurs et des PEGC, enseignants biva-lents en collège) dans la FEN en dépit de lamassification de l’enseignement secondaire,de construire « l’École fondamentale » qui vise

    à unifier le premier degré et le collège, à impo-ser la bivalence en collège, contre les posi-tions de ses syndicats dans le second degré. Cesdivergences importantes sur la conception dusystème éducatif et sur l’évolution du métierd’enseignant se traduisent par une montée enpuissance des tendances UA et EE, et undéclin de la tendance UID.En 1992, la direction de la FEN met en œuvreses projets : au congrès exceptionnel de Cré-teil, à la suite d’une manipulation des mandats,le SNES et le SNEP, à majorité UA, sontexclus de la FEN. Le congrès de Perpignanclôt ce processus : le SNI-PEGC se trans-forme en « Syndicat des enseignants », de lamaternelle au baccalauréat.Les exclus se regroupent en un Comité deLiaison Unitaire, avec d’autres syndicats crééspar des militants UA et EE, comme le SNA-SUB (personnels administratifs), le SNICS(infirmières et conseillers de santé) et le

    SNUipp (instituteurs et professeurs des écoles).C’est à partir de ce CLU que naît la FSU, dontle premier secrétaire général est Michel Des-champs, du SNETAP : il souligne sa volonté dedéfendre le service public dans un monde « sac-cagé par l’ultralibéralisme et le règne de l’ar-gent ». Un programme toujours d’actualité...Aux premières élections professionnelles sui-vant la scission, la FSU est consacrée premièreorganisation syndicale de l’enseignement. Aucongrès de Perpignan est voté « l’élargisse-ment de la FSU à l’ensemble des secteurs de lafonction publique ». Dès lors, d’autres syndi-cats la rejoignent : le SNE (Syndicat national del’environnement), le SYGMA (Syndicat géné-ral du ministère de l’Agriculture)...

    Un syndicalisme de lutteet de transformation sociale rassembleurLa FSU s’implique naturellement dans lesmouvements touchant aux questions éduca-tives, mettant toujours en avant son exigencede démocratiser l’école et l’enseignementsupérieur : elle est ainsi pleinement mobiliséedans la lutte contre la loi d’orientation deF. Fillon en 2005 et s’oppose avec vigueur,avec le SNESUP, à la LRU dans l’enseigne-ment supérieur. Plus largement, elle se mobi-lise sur l’ensemble des questions sociales etsociétales : les sections départementales FSUs’impliquent ainsi dans les « Marches contrele chômage » en 1993, à l’initiative du mou-vement AC ! (Agir contre le chômage). LaFSU est également aux côtés des sans-papiers,et de RESF. En 1995, aux côtés de la CGT etde FO, la FSU lutte pour le retrait du « PlanJuppé » sur les retraites. Elle sera, avec sonsecrétaire général Gérard Aschiéri, à la pointedes mobilisations en 2003, quand il s’agira, làaussi, de lutter contre le projet de décentrali-sation et la réforme des retraites. Si cettebataille, ponctuée de nombreuses grèvesreconductibles, a laissé de lourdes traces chezles enseignants, elle a permis à la FSU d’ap-paraître comme un acteur incontournable dupaysage syndical. Elle a su, à ce titre, jouertout son rôle dans le mouvement contre laréforme des retraites de N. Sarkozy.Un autre trait de la FSU est sa volonté derassembler le syndicalisme français, trèséclaté. Au congrès de Toulouse, en 1997, ellelance ainsi un appel aux autres syndicats pourla « création d’un lieu de concertation inter-syndical permanent, sans exclusive ». Aucongrès de Lille, qui voit l’élection de Ber-nadette Groison à la tête de la Fédération, laFSU entend travailler, « dans le respect de l’in-dépendance syndicale, au développement d’unsyndicalisme de lutte et de transformationsociale progressiste [...]. Elle entend contribuerà la construction d’un nouvel outil syndical en

    FSU, 20 ans le bel âge !

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    PORTRAIT DE LA FSU

    L’institut de recherche de la FSU et la direction nationalede la FSU ont décidé de marquer cet événement, raredans le syndicalisme, de création d’une force syndicaleincontournable à l’issue d’une exclusion.Une exposition de 17 panneaux réalisée avec de nom-breux camarades ayant participé à sa construction, inau-gurée à l’occasion du congrès nationale de Poitiers.Cette exposition, disponible dans les sections départe-mentales peut être l’occasion de débats, de stages pours’approprier cette histoire et la faire évoluer.

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    Une exposition pour les vingt ans !

  • POUR ALLER PLUS LOINDeux ouvrages sur l’histoire de la FSU, et la revue de la Fédération, Pour n° 167, qui fait le point sur le dernier congrès.

    Supplément au no 729 du 30 mars 2013 - US MAGAZINE - 7

    Portrait réalisé par Nicolas Morvan

    L’US Mag : Tu viens d’être reconduite dans tesfonctions de secrétaire générale de la fédéra-tion : quelles sont les responsabilités que teconfère cette confiance renouvelée ?Bernadette Groison : Nous avons la responsa-bilité de bien représenter les personnels, leursattentes et leurs espoirs et dans le même temps defaire vivre un syndicalisme porteur d’alterna-tives afin de gagner avec eux de nouvellesconquêtes sociales et d’offrir des perspectives detransformations sociales. Le contexte de criseéconomique et sociale le nécessite et la périoded’alternative politique nous invite à porter hautet fort nos exigences pour peser sur les choix dugouvernement. Il faut donc mener ce travail que nous nous sommesengagés à faire lors de notre congrès : proposer, débattre et agir.Cela exige aussi que plus que jamais nous nous attachions à déve-lopper encore davantage le travail fédéral. L’échéance des électionsprofessionnelles de 2014 nous y oblige. Mais aussi l’avenir despersonnels comme celui du service public. C’est particulièrementvrai dans l’Éducation. En tant que première fédération de l’Édu-cation nationale nous avons une responsabilité particulière. En cesens, le projet éducatif que nous défendons ensemble est essentielpour l’avenir des jeunes comme pour l’avenir des personnels.

    L’US Mag : Quels sont, selon toi, les grands enjeux de la périodeau sein du mouvement syndical ?B. G : Le mouvement syndical est aujourd’hui très divisé. Celacorrespond bien sûr à des orientations différentes. Le clivagesemble installé entre ce que certains nomment facilement les« réformistes » d’un côté et les « radicaux » de l’autre. Cetteopposition n’est pas si simple. La FSU fait le choix d’un syndi-calisme de proposition et d’action, capable aussi d’acter des avan-cées. Cette division ne correspond pas à l’attente des salariés et deschômeurs car elle ne permet pas de rassembler, de créer les néces-saires rapports de force pour gagner des revendications. Malgré ce

    contexte, la FSU continue de tout tenter pour réunirles organisations syndicales, notamment dans laFonction publique sur la question de la revalorisa-tion des salaires ou encore sur celle de l’emploipublic. La FSU est bien décidée à ne pas se satis-faire de l’éclatement du mouvement syndical. C’estpourquoi nous allons poursuivre et préciser letravail engagé jusqu’ici avec la CGT et Solidaires.La FSU ne se contente pas de déplorer la divisionsyndicale. Elle y réfléchit et agit pour tenter de lerassembler, de créer un mouvement qui obligerachacune des organisations syndicales à se posi-tionner à un moment ou un autre !

    L’US Mag : Pour la fédération, en particulier, à quels défisfaudra-t-il faire face dans le contexte politique actuel ?B. G : Aucune transformation, aucune réforme que nous souhaitonsne se fera sans l’intervention des personnels. Il s’agit donc de biendéfinir les grands enjeux, de mener tous les débats et de mobiliserles personnels chaque fois que cela est nécessaire pour peser sur leschoix du gouvernement. La FSU a déjà prouvé cet engagementces dernières semaines par exemple en organisant une manifestationnationale pour l’École le 6 avril dernier ou encore par sa participa-tion aux mobilisations contre la transposition de l’ANI dans untexte de loi. Et d’autres réformes à venir vont exiger notre engage-ment comme celle des retraites. Mais la FSU est aussi capable des’engager sur des accords lorsque ceux-ci répondent à nos attentes.C’est ce que nous avons fait en signant le protocole pour l’égalitéprofessionnelle dans la Fonction publique.En fait, la FSU est bien déterminée à prendre toute sa place danstoutes les discussions et négociations comme elle l’est à faireavancer ses revendications. Les défis à relever pour les années àvenir, la situation de crise, l’avenir des services publics et de la fonc-tion publique comme celui des agents nécessitent une FSUrenforcée, forte et combative. ■

    Propos recueillis par Véronique Ponvert

    Trois questions à

    faisant participer les syndiqués à tous lesdébats et phases de cette construction quin’est pas une fusion ou une absorption ». Desinitiatives communes sont ainsi menées avecSolidaires et la CGT, sur la formation pro-fessionnelle par exemple.

    Des défis pour l’avenirAu congrès de Poitiers, en 2013, 20 ans aprèssa naissance, de nombreux défis restent à rele-ver. Dans le champ éducatif, il s’agit bien sûr,après la défaite de Nicolas Sarkozy, de réussirla refondation, avec les personnels. Il faut sur-tout réussir à faire partager à tous notre convic-tion que les services publics et la Fonctionpublique sont une richesse pour l’avenir denotre pays. C’est aussi une conception pro-fondément moderne de l’organisation de notresociété. Éducation, santé, emploi, justice, cul-ture, transport, recherche, énergie, tant les ser-vices publics conditionnent désormais la qua-lité de vie de chacun. La FSU entend aussi,inlassablement, trouver des alternatives au néo-libéralisme qui montre chaque jour sesimpasses : un syndicalisme de lutte et de trans-formation sociale est pour cela un outil indé-

    passable. La FSU reste persuadée qu’elle neréussira ce pari que dans l’unité, qu’elle a tou-jours promue, recherchant les voies de laconstruction d’un nouvel outil syndical avecd’autres organisations confédérées. ■

    (1) La FEN, comme la FSU aujourd’hui, était struc-turée en tendances ou courants de pensée : Unité,Indépendance et Démocratie, majoritaire dans la FENet au SNI-PEGC, n’existe plus dans la FSU ; Unité etAction, aujourd’hui majoritaire dans la FSU ; ÉcoleÉmancipée, héritière de l’anarcho syndicalisme.

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    Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU

  • ACTUALITÉAU MINISTRE DE SE MANIFESTEREn manifestant le 6 avril, les personnels de l’Éducation ont rappelé au ministre leurs exigences. La loide refondation reste bien insuffisante pour relever les enjeux d’une nouvelle politique éducative.

    La loi pour la Refondation de l’École dela République n’a créé l’événement nichez les personnels de l’Éducation ni

    dans les médias. Qui s’en étonnerait auregard du manque d’ambition pour tous lesjeunes de ce texte ?Entretenant un savant flou sur certains sujets,en renvoyant d’autres à de futures discus-sions, la loi ne marque pas de vraies ruptures

    avec la politique précédente. Quant auxmesures immédiates réclamées par lescollègues et portées par le SNES, de lasuppression du LPC à un cadrage national desdédoublements en lycée, hormis quelquesmesures sur certains programmes, elles n’ontpas vu le jour.

    Slogans en fanfareLes quelque 7 000 manifestants qui ont défilédepuis la Bastille samedi dernier ont donné cesignal au ministre : sacrifier le second degré, nepas prendre assez au sérieux la crise du recru-tement en ouvrant notamment des perspec-tives de revalorisation, maintenir des réformesqui dégradent les conditions de travail etd’étude, c’est impossible. En défilant au sond’une fanfare éclatante, égrenant les sloganspour nos métiers et nos salaires, les ensei-gnants CPE, CO-Psy, AED ont voulu prendredate avec le ministre : il faut changer la situa-tion et être ambitieux pour le système éducatif.Les médias ont assez bien relayé le message enparlant de mobilisation pour l’École. Et main-tenant ? Il est trop tôt pour présager des réac-tions du ministre mais la circulaire de rentréen’indique en rien un changement de cap ! Réfé-rents et parcours à tous les étages, attentisme surles réformes des trois voies du lycée, sur l’Édu-cation prioritaire, maintien d’un LPC à nouveau

    simplifié, le texte ne change quasiment riende l’existant ; dans le même temps, il ouvre laporte à une installation de l’école du socleévacuée de la loi.La poursuite des discussions dans les établis-sements, la diffusion de nos analyses et propo-sitions s’avèrent nécessaires pour imposer lechangement. ■ Frédérique Rolet

    REPRÉSENTATIVITÉ SYNDICALELe bilan des élections professionnelles du secteur privé détermine la future représentativité. Il laisseentrevoir une situation difficile à venir, notamment sur la question des retraites.

    Dans le cadre de la réforme de la repré-sentativité syndicale, le ministère duTravail a publié le 29 mars les résultats

    des élections professionnelles organiséesdans le secteur privé depuis janvier 2009.(Élections aux comités d’entreprise, votedes salariés des TPE fin 2012, élections auxchambres d’agriculture.)Les cinq organisations qui restent représen-tatives et à même de valider des accords auniveau national et interprofessionnel demeu-rent les mêmes qu’auparavant (cf. tableau).

    L’unité est un combatLa CGT demeure la première organisationsyndicale suivie de près par la CFDT. La nou-velle photographie laisse présager la mise enplace de stratégies d’alliances en vue des négo-ciations futures et une période 2013-2017 dif-ficile (nouvelle échéance et fin des dispositionstransitoires accordant aux organisations syn-dicales représentatives nationalement la repré-

    sentativité dans l’ensemble des branches). Enl’état, la conjonction de la CFDT, de la CGCet de la CFTC permet de valider un accord et,à titre d’exemple, l’ANI que nous dénonçonsest considéré comme répondant aux exigencescontenues dans la loi, l’alliance CGT/FO étantinsuffisante pour bloquer(1). Cette situation estinquiétante au regard des chantiers prochainstel celui des retraites.

    La globalisation des résultats des électionsdes salariés du privé et du public donnerait unpaysage différent, à l’avantage plus net d’unsyndicalisme prônant véritablement la trans-formation sociale et de nouveaux acquis pourles salariés et chômeurs.La situation présente et le besoin de ras-sembler plus largement dans un contexted’imposition de l’austérité doivent amener àintensifier le débat ouvert par la FSU surl’unification syndicale, à impliquer le maxi-mum d’adhérents et au-delà, à mettre enplace rapidement des initiatives communespour faire avancer nos demandes. ■ F. R.

    (1) Deux conditions conjointes requises pour lavalidation : être signé par une ou plusieurs orga-nisations représentant ensemble au moins 30 %des suffrages exprimés et ne pas rencontrer l’op-position d’une ou plusieurs organisations repré-sentant plus de 50 % des suffrages exprimés.

    Mesure d’audience de la représentativité syndicale

    Syndicat Pourcentage obtenu

    CGT 26,77 %

    CFDT 26,00 %

    FO 15,94 %

    CGC 9,43 %

    CFTC 9,30 %

    UNSA 4,26 %

    Solidaires 3,47 %

    Autres listes 4,40 %

    Chiffres officiels du ministère du Travail

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    8 - US MAGAZINE - Supplément au no 729 du 30 mars 2013

  • « Salaires, la galère »

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    ACTUALITÉ BRÈVES DE MANIF. . .

    « Dans notre établissement ZEP, chaque fois quenous posons une heure d’information syndicale,le principal place systématiquement, au mêmemoment, une réunion pédagogique qui mobi-lise la majorité des collègues ! »

    Sylvie, collège

    « Ne respectant pas les textes en élaborantla DHG, le proviseur impose des déci-sions prises unilatéralement, sans qu’ellessoient présentées et donc votées en CA. Il

    décide, seul, demajorations deservice eninterprétant, àsa façon biensûr, les décretsde 50. Et ce nesont plus desdérives indivi-duelles maisbien un modede gouvernancequi s’impose deplus en plus. »Aurélien, lycée

    Académie de Montpellier

    « Dans un établissement marqué depuis quelques années par un “mana-gement” local teinté d’autoritarisme, un collègue qui refusait de plierdevant les méthodes du “chef” a vu son projet d’appréciation se dégra-der, suite à un entretien difficile. Heureusement, en démontrant enCAPA que le col-lègue avait faitl’objet de trois pro-jets de notationdifférents, les com-missaires paritairesd u S N E S o n tobtenu du recteurle rétablissement dela première appré-ciation proposée :la plus positive ! »

    Philippe, collège

    Académie de Rennes

    Académie de Versailles

    « L’autonomie de l’établissement devientl’Autonomie du chef d’établissement »

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    « Je manifeste parce que dans moncollège de l’Éducation prioritaire,en Île-de-France, la question du pou-voir d’achat est cruciale. Les jeunescollègues qui arrivent des régionsont un mal fou à se loger. À Paris, etaussi en banlieue, il n’est pas rarequ’un studio de 20 m2 atteigne etmême dépasse les 600 euros. Dansma rue du 13e arrondissement deParis, un studio de 22 m2, chargescomprises, a récemment été loué à750 euros par mois ! Quand, en plus,vous êtes TZR et enseignez sur plu-sieurs établissements, ce qui est lecas d’un certain nombre de collèguesdans mon établissement, cela néces-

    site une voiture : financièrement, leschoses deviennent alors très diffi-ciles. Dans mon établissement, à par-tir du 20 du mois, on rigole – un peujaune – de nos découverts à labanque : 400, 500, 800 euros parfois.Du coup, les collègues sont de plusen plus nombreux à vivre en coloca-tion. Ce qui n’est pas sans poser deproblèmes, notamment quand l’undes membres de la « coloc » s’enva, et qu’il faut le remplacer enurgence, sous peine de voir son loyeraugmenter brutalement d’un tiers.Alors, les collègues prennent desheures sup, et continuent d’enprendre. Dans mon collège ZEP/Plan

    violence, où les conditions d’exer-cice sont difficiles, le taux d’HS est deplus de 10 % ! La question des condi-tions de travail est donc directementliée au pouvoir d’achat. La profes-sion vit une paupérisation vraimentpréoccupante. » Nicolas, collège

    « Les enseignantsont de moins enmoins leur mot àdire. Les conseils pédagogiques deviennent des chambresd’enregistrement. Il n’y a plus d’échanges ! Mais desmenaces sur les notes administratives ou des pressions pourpousser à muter. Je suis inquiète car ces comportementsse généralisent. L’autonomie de l’établissement devientl’autonomie du chef d’établissement. » Lucie, lycée

    Académie de Nancy

    Académie d’Aix-Marseille

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  • Supplément au no 729 du 30 mars 2013 - US MAGAZINE - 11

    « Nous perdons le sens de notre métier : nousn’avons pas assez d’heures d’enseignement pourremplir nos missions de manière correcte, noussommes submergés de tâches nouvelles, dont celled’organiser ces “épreuves maison” qui mettent àmal l’équité entre élèves et l’aspect national del’examen. L’offensive actuelle contre les LV doit êtrecomprise comme une expérimentation pour faire demême avec les autres disciplines et pour favoriserles officines privées. C’est aussi pour ça qu’il fautcombattre ces mesures. » Catherine, lycée

    « Le rectorat n’ouvre dessections en langues qu'à partirde dix élèves : alors pour leslangues “à petits flux”, c’est lamort ! On se maintient grâceaux classes bilangues, mais onferme les sections LV2, ou onregroupe les élèves avec desLV1, ce qui est antipédagogique.Les profs vivent leur métier sousle signe de la frustration, avec lesentiment que tout est nivelé par le bas : à l'entrée enSixième, les profs valident le A1, ce qui est un “non-niveau”, et en Troisième, le niveau A2 est validé par lebulletin par compétences, renseigné automatiquement enÉCLAIR, sans même que les profs aient leur mot à dire !Quant aux conditions de travail : le service est morcelésur deux ou trois établissements, et pour muter en lycéecette année, impossible ! Les postes vacants sont bloquéspour accueillir les stagiaires... » Nadège, collège

    Académie de Lyon

    « Dans mon collège, les réunions se multiplient :réunion de conciliation, de vie scolaire, discipli-naire… et cela n’aboutit le plus souvent à rien,sinon à nous faire rester au collège jusqu’à desheures impossibles. Et je ne parle pas des conseilspédagogiques, des conseils d’enseignement, etdes réunions avec les professeurs des écoles, qui,si elles ont parfois un intérêt, n’aboutissent sou-vent à rien de précis, de concret : c’est trop sou-vent le règne du bavardage. Cela crée chez les col-lègues un sentiment d’épuisement, et d’inutilitéaussi : on a le sentiment d’abandonner le cœur denotre métier, enseigner. » Adèle, collège

    Académie de Créteil

    « Conditions de travail :ça suffit ! »

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    « Le SNES avait déjà alerté les collèguessur les graves problèmes qu’allaientengendrer les nouveaux programmesd’histoire et géographie de Première etde Terminale. J’ai pu le constater trèsvite, tout comme mes élèves d’ailleurs ! Cesprogrammes sont beaucoup trop lourdset même les consignes enjoignant à enabandonner une partie ne permettent pasde les finir. On en est donc réduit à éla-guer, à simplifier et à avoir recours auxfameuses “fiches” photocopiées. Les élèvesdoivent tout particulièrement s’accrocheret certains baissent très vite les bras avecune forte impression de gâchis. »

    Sébastien, lycée

    Académie de Bordeaux

    Académie de Rouen

    « Rendez-nous les langues vivantes »

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  • ACTUALITÉAUSTÉRITÉ : MENACE SUR LE CONTRATDÉMOCRATIQUEL’expérience des politiques d’austérité actuellement menées en Europe montre à l’évidenceque la conséquence principale de ces politiques est d’aggraver les déficits publics et de justifierainsi une suite sans fin de plans d’austérité.

    Le discours de l’austérité délégitime la dépense publique et consacrela dépense privée, tout en prétendant que ce n’est pas un choix poli-tique « puisqu’on ne peut pas faire autrement »... C’est ainsi

    qu’on voit des ministres qui, après avoir dénoncé les partenariatsPublic-Privé pour leur coût exorbitant, se trouvent contraints d’yrecourir pour satisfaire à l’injonction d’économies budgétaires.« La dépense publique, c’est un coût, seule la dépense privée est effi-cace. » Où nous mène cette rengaine libérale alors que la crise est dueaux errements de la dépense privée et que nous devons affronter desmutations historiques, économiques, sociales et écologiques ?La réduction des dépenses sociales, notamment par un ciblage sur lesplus démunis, portera atteinte à l’alliance entre classes populaires etclasses moyennes qui est à la base de l’État social. Renvoyer les unesà une logique d’assistance et les autres à l’effort privé serait unetransformation profonde de la protection sociale et un risque politiquemajeur, déjà expérimenté dans les pays anglo-saxons.

    Relégitimer l’impôt et la dépense publiqueLa délégitimation de la dépense publique a été précédée par la délégi-timation de l’impôt. L’affaire Cahuzac et l’opération « Offshore Leaks »révèlent au grand jour que le sport favori d’une large fraction de la classedirigeante est d’échapper à l’impôt tout en appelant le citoyen ordinaireà faire des « efforts courageux ». Les banques, assistées d’une arméed’avocats fiscalistes, sont l’outil principal de cette évasion fiscale quicoûte au bas mot 50 milliards d’euros à l’État chaque année.Contrastant avec les quelques velléités manifestées par les gouverne-ments américain ou allemand, les gouvernements français successifs sesont singularisés par une inaction coupable. Derrière la délégitimationde la dépense publique et de l’impôt, c’est le contrat démocratique quiest attaqué. Par les temps troubles qui s’annoncent, on ferait bien de nepas l’oublier. ■ Daniel Rallet

    ... Sed perseverare diabolicumDans son entretien télévisé du 28 mars, François Hollande a confirmésa volonté de persévérer dans sa politique dévastatrice de réductiondes dépenses publiques et socialisées. Trois gros chantiers qu’il s’étaitbien gardé de traiter pendant la campagne présidentielle (marché dutravail, retraites et politique familiale) seront menés de front. Legrand chantier fiscal, pourtant présenté comme la mère de toutes lesréformes pendant la campagne, semble en revanche abandonné.

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    La question de l’évasionfiscale recouvre desenjeux éthiques et

    économiques considérables.Une lutte résolue contrecette évasion permettraitde récupérer une grandepart des 60 à 80 milliardsd’euros qui fuient illé-galement les caissespubliques tous les ans !

    Cinq propositionsconcrètesUn appel au président de la Répu-blique initié par Attac met en avantcinq propositions concrètes pour en finiravec la négligence et même la complai-sance des pouvoirs publics vis-à-vis del’évasion fiscale. Embaucher 1 000 agents

    mois aux banques opérant enFrance pour fermer leurs

    filiales dans ces paradis ;imposer aux multinatio-nales le « reporting parpays » pour éviter toutesles manipulations. LaFSU s’est associée à l’ap-pel, soutenu entre autrespar le Collectif pour un

    Audit Citoyen de la dettepublique auquel participent

    Attac et, au plan syndical, laFSU, la CGT et Solidaires.Le SNES appelle les person-nels à signer cet appel et à lefaire connaître très largementautour d’eux (www.france.

    attac.org/dossiers/stoppez-levasion-fiscale) ■ Monique Daune

    STOPPER L’ÉVASION FISCALE

    12 - US MAGAZINE - Supplément au no 729 du 30 mars 2013

    de contrôle fiscal ; établir une liste crédible des paradis fis-caux ; communiquer l’identité de tous les ressortissantsfrançais détenteurs de comptes à l’étranger ; donner douze

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  • Supplément au no 729 du 30 mars 2013 - US MAGAZINE - 13

    COLLOQUE SUR L’ÉVALUATION DES ENSEIGNANTS

    DÉCENTRALISATION : TROIS COUCHESPOUR UN MILLEFEUILLE

    Les réactions des élus à la parution du projetde loi ont été nombreuses, virulentes et trèssouvent contradictoires.

    Les Régions voient d’un mauvais œil de devoirpartager le pilotage économique avec lesmétropoles et condamnent les nouvelles com-pétences accordées aux départements commechefs de file.

    Critiques des élusCertains présidents de conseils générauxdénoncent « la programmation de la dispari-tion des départements », leur mise sous tutelledes Régions ainsi que leur asphyxie finan-cière liée au désengagement de l’État. Les maires quant à eux craignent de voir leurscompétences « s’évaporer » dans l’intercom-munalité et contestent un système de « vassa-lité d’une collectivité par rapport à une autre ».Face à ces contestations et notamment auxpressions du Sénat, le gouvernement a décidéde présenter trois textes distincts. Le pre-mier, sur les métropoles et l’instauration desconférences territoriales, et le deuxième, surles responsabilités des Régions et des dépar-tements, seraient examinés à l’automne. Letroisième, très contesté par les maires car ilenvisage le renforcement des compétences del’intercommunalité, viendrait devant le Par-lement plus tard... et sans doute après lesmunicipales de 2014.

    Examen du texte modifiéRendre plus lisible et efficace l’action publiquedevait être l’ambition de l’acte III. Or, la dis-cussion s’est embourbée dans une concertationavec les associations d’élus qui se sont com-

    portées comme des lobbies, pour déboucher surun texte qui ne prévoit aucun cadrage sur lesdéséquilibres financiers entre collectivités, quiignore le rôle régulateur de l’État, voire consa-crerait de nouveaux désengagements en ren-forçant par exemple le rôle des Régions sur lesformations professionnelles.

    Position du SNES et de la FSUUne décentralisation « à la carte » par le biaisde contractualisations conduirait à un éclate-ment du territoire. Le vote des Alsaciens ceweek-end illustre bien que ces mécanos insti-

    Devant les désaccords des élus locaux de tous bords et de leurs associations, le gouvernement adécidé de modifier la présentation de son projet de loi. Trois textes au lieu d’un et un calendrier étalé.

    tutionnels, élaborés de façon opaque, appa-raissent complètement décalés des enjeux dumoment. Tout cela explique l’opposition du SNES et dela FSU à ce projet. Nous continuerons donc deporter l’exigence que soient pris en compte lespoints de vue des organisations syndicales etdes citoyens. Nous interviendrons pour ne pasvoir revenir à l’occasion des débats au Parle-ment les dispositions les plus contestées quel’action de ces derniers mois a permis de fairesortir du projet initial (notamment sur l’orien-tation scolaire). ■ Fabienne Bellin

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    La précédente année scolaire a été celle d’un conflitmajeur entre les enseignants et le précédent ministresur l’évaluation des enseignants. Le décret, qui a été

    abrogé depuis, avait deux objectifs : faire du chef d’éta-blissement l’évaluateur unique et faire du « classement »des enseignants le seul objectif de l’évaluation. Décretinacceptable, statu quo indéfendable. Il faut construire unenouvelle évaluation des enseignants du second degré.Plusieurs syndicats du second degré de la FSU et leSIA(1) organisent le 5 juin prochain un colloque surcette question, dont on sait qu’elle sera prochainementtraitée par le ministère. Vous êtes tous invités à yparticiper en vous inscrivant sur le site www.colloque-evaluation.net ■ Daniel Robin

    (1) Syndicat autonome des IA-IP

  • 14 - US MAGAZINE - Supplément au no 729 du 30 mars 2013

    ACTUALITÉFORMATION DES ENSEIGNANTS ET CPE :L’INQUIÉTUDE GRANDITESPE (Écoles supérieures du professorat et de l’éducation), nouveaux concours, nouveauxmasters MEEF (Métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation) doiventêtre opérationnels à la rentrée 2013, d’après le ministère. Or, leur mise en place se fait en l’absence de texte et de transparence.

    Àce jour, aucun texte législatif sur les ESPE, les maquettes demaster MEEF, les nouveaux concours n’est paru, et pour cause,la loi d’orientation devant instituer les ESPE est en discussion

    au Parlement...Pour tenir le délai, chaque académie a dû proposer un projet d’ESPE.Des groupes de travail ont été créés en toute opacité, excluant les per-sonnels des IUFM et du second degré. Ils se sont réunis dans l’urgenceet ont travaillé sur la base de textes non officiels ayant reçu l’avisnégatif des instances universitaires.

    Construire des maquettes de master MEEFsans maquette de concoursLes universitaires sont mis en demeure de reconstruire les maquettesde master MEEF sans connaître le contenu exact des nouveauxconcours CAPES/T et CPE. Seule certitude, pour s’y présenter, il fau-dra, en 2014, être inscrit en première année de master ou plus, etl’avoir validé à son entrée en stage. Les stagiaires devront mener defront un service à mi-temps payé plein temps, et la validation de ladeuxième année de master. Pour le SNES, cela ne peut entraîner qu’une diminution de la qua-lité de la formation disciplinaire. La formation aux savoirs pourenseigner ne pourra pas se faire en concomitance avec celle dessavoirs à enseigner : on aboutit à une formation successive.Au lieu de prendre le temps de construire une formation de qualitépour tous les enseignants (y compris des agrégés !), d’investir pour

    attirer les jeunes vers nos professions grâce à de vrais prérecrutements,le gouvernement a fait le choix de la précipitation et de l’austérité.Nous le condamnons et continuons à agir pour une formation ambi-tieuse des enseignants et CPE dans l’intérêt des élèves. ■

    Caroline Lechevallier

    UN FLOU PAS ARTISTIQUEDu fait du refus du ministère de donner des instructions écrites claires encadrant les emploisd’avenir professeur, la vigilance des CA est indispensable.

    Les étudiants recrutés dans le cadre des« emplois d’avenir professeur » (EAP)commencent à arriver dans les établisse-

    ments. Nous avons obtenu au niveau du minis-tère des engagements importants : rôle décisifdes tuteurs sur l’activité des EAP, activités quine doivent pas être contributives au fonc-tionnement de l’établissement, priorité absolueau suivi de la formation universitaire desEAP, présence dans l’établissement limitée à9 heures hebdomadaires, avec un temps detravail affiché officiellement à 12 heures.Force est de constater que dans de tropnombreux établissements ces consignes sontallègrement bafouées. Le ministère, en nevoulant pas donner des instructions écritesclaires et fermes sur certains de ces points, créele trouble, engendre des inégalités d’uneacadémie à l’autre et d’un établissement àl’autre, ouvre la porte à des exigences inac-ceptables en direction des EAP et prend ainsi

    le risque de mettre en difficulté ces jeunes dansle suivi de leurs études.

    Délibération du CAL’accord du CA étant impératif pour le recru-tement, nous appelons les élus au CA àimposer, avant le vote du recrutement, l’adop-tion d’une délibération du CA (et non d’unvœu) imposant les règles que le ministèredit vouloir défendre. Vous trouverez dans ledernier Courrier de S1 (n° 5, page 5) lecontenu de ce projet de délibération. Il vasans dire que le refus d’une telle délibérationne peut que conduire à rejeter le contrat EAPproposé au conseil d’administration. Il s’agit,pour nous, de défendre l’intérêt de ces jeunesen faisant en sorte que leur présence dans lesétablissements ne soit pas une machine à créerl’échec de leurs études universitaires, ce quiirait à l’encontre de l’objectif affiché. ■

    Daniel Robin

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  • Supplément au no 729 du 30 mars 2013 - US MAGAZINE - 15

    EXPRESSION DES COURANTS DE PENSÉEUA Unité&Action

    Construire avec les personnels

    Un an après la défaite de Sarkozy un premier bilan s’impose.Des avancées certes dans notre secteur, sur les créations depostes, l’évaluation des enseignants ou le dialogue social,

    mais les choix éducatifs ne tournent pas définitivement le dos à« l’école du socle » et aucune perspective d’amélioration de nosconditions de travail, de rémunération et d’emploi n’est tracée.Des mesures attendues, pourtant sans implication budgétaire,n’ont pas été prises tant en collège qu’au lycée. La gravité de lacrise des recrutements dans le second degré est sous-estimée.

    Attaché à une stricte indépendance syndicale, le SNES a agi, avecune seule boussole : défendre les aspirations de nos profes-sions. Il a, avec la FSU, appelé à la grève unitaire dans la Fonc-tion publique le 31 janvier pour contester le choix gouverne-mental de l’austérité.

    Tout en pesant dans les débats sur la loi de « refondation » et surl’avenir de l’orientation scolaire et de ses personnels, le SNES,collectivement, a fait le choix de la discussion et de l’explica-tion auprès des personnels inquiets de la situation économiqueet sociale, et qui voulaient accorder un peu de crédit au nouveaugouvernement au sortir d’une période de mépris et de désespé-

    rance. Il est intervenu sans cesse auprès de l’administrationpour obtenir des améliorations dans les conditions de recrutementet de travail, dénoncer les modes de gestion autoritaires et leseffets de certaines réformes sur les métiers. Cela l’a conduit àappeler, avec la FSU, à une manifestation nationale pour l’Écoleet ses personnels, pour le respect de notre professionnalité, larevalorisation de nos métiers, de nos salaires, l’exigence d’unenseignement de qualité et d’une ambition retrouvée pour lesecond degré.

    Les divisions syndicales, les nouvelles règles de calcul de lareprésentativité fournissent un instantané du paysage syndicalqu’il est important d’analyser. Ces évolutions ne peuventconduire à affaiblir le poids et l’expression de ceux qui fontconfiance au SNES et à la FSU. Il nous faudra donc, tousensemble ces prochains mois, renforcer la syndicalisation etles mobilisations que la forte présence SNES dans la manifes-tation du 6 avril peut encourager, approfondir et rendre concretnotre volonté de la construction d’un nouvel outil syndical.

    Frédérique [email protected]

    ÉMANCIPATION

    Combattre enfin la politiquegouvernementale !

    Ce gouvernement, issu du rejet de Sarkozy et de l’UMP,reprend pourtant l’essentiel de leurs orientations : défendreles intérêts du capitalisme au détriment des travailleurEs.

    Cela se constate sur des sujets majeurs : code du Travail, austé-rité budgétaire, sans-papiers et Roms, traités européens, retraiteset Sécurité sociale... mais aussi dans l’éducation. Les lois dugouvernement (loi Peillon sur l’école, Fioraso sur l’enseignementsupérieur) non seulement maintiennent les contre-réformescombattues ces dernières années (« socle commun », livretpersonnel de compétences, conseil commun école-collège...),mais programment aussi de nouvelles régressions.

    Et au quotidien, dans les établissements : pas d’amélioration desconditions de travail et d’études pour la rentrée, atteintes au statutet précarité, politique d’autoritarisme et de management, appli-cation des réformes Chatel comme la nouvelle épreuve de bacen langues vivantes...

    La direction UA-EE du SNES et de la FSU refuse de combattrecette politique, au profit d’une logique de « concertations », de« dialogue social » consistant à accompagner de façon plus ou

    moins critique son application (refus de voter contre le projetPeillon au Conseil supérieur de l’éducation, d’appeler à la grèvele 28 mars contre cette politique...). Ce qui a de fait entravé lesmobilisations.

    Car les éléments de mobilisation existent : luttes des personnelsdes écoles (grève massive du 12 février sur les « rythmesscolaires »), AG et appels à l’action dans l’enseignement supé-rieur contre la loi Fioraso... Leur convergence et l’unité sur desbases claires, peuvent infliger une défaite à ce gouvernement,ouvrant une brèche dans sa politique globale.

    Mais pour cela, le SNES et la FSU doivent changer d’orientation :– en informant sur les lois gouvernementales et en demandantleur retrait... Pour leur opposer des revendications concrètes,construites à partir de la base ;– en cessant les « concertations », et en impulsant la mobilisa-tion par la grève pour la satisfaction des revendications dans lesprochaines semaines... y compris lors de la rentrée scolaire sinécessaire.

    Contact : [email protected]

  • 16 - US MAGAZINE - Supplément au no 729 du 30 mars 2013

    EXPRESSION DES COURANTS DE PENSÉEEE École Émancipée

    Nous ne pouvons accepter de la gauchece que nous combattions de la droite

    Il y a un an, le SNES appelait à battre Sarkozy. Après des annéesd’une politique agressive envers le service public et l’éduca-tion, nous attendions du nouveau pouvoir qu’il redonne aux ser-

    vices publics toute leur place.Nous exigions des mesures d’urgence dès la rentrée et une loid’orientation qui réponde aux besoins de notre société : ouvrir unenouvelle étape de démocratisation de l’école. Qu’en a-t-il été depuis ? Aucune bataille n’a été menée pour quela rentrée ne soit pas une rentrée Chatel. Le SNES s’est consa-cré à la préparation des États généraux qu’il n’a pas souhaitéétendre à l’ensemble de l’Éducation et qui n’ont pas débouché surgrand-chose. Les dirigeants du SNES et de la FSU ont discuté dans les minis-tères sans créer un rapport de force fondé sur la mobilisation descollègues. Ils sont parvenus à faire retirer certains aspects du pro-jet mais la philosophie générale de la loi n’a pas changé. C’estcelle de l’École du socle, où le cycle école-collège constituel’horizon du plus grand nombre, où l’objectif est l’acquisition decompétences vérifiées par un LPC juste modifié. Pour la majorité Unité et Action du SNES et de la FSU il y a des

    « avancées » mais les ruptures ne sont pas suffisantes ! Quellesavancées ? Quelles ruptures ?Les créations de postes sont loin de compenser les saignées desdernières années. La formation des maîtres, une des priorités affir-mées de Peillon est à peine abordée : rien sur les modalités de for-mation, rien sur les prérecrutements, des EAP dont on sait justequ’il s’agit de nouveaux personnels précaires.Face à cette politique, la manifestation du 6 avril était une moda-lité d’action tardive, peu adaptée et, de fait, peu convaincante. Ellene peut rester la seule action d’ampleur du second degré de cetteannée scolaire. La loi telle qu’elle sera votée, les chantiersouverts sur le décrochage scolaire, le collège, l’éducation prio-ritaire, les futurs décrets d’application sont autant de raisonsd’agir, mais encore faut-il dire clairement aux collègues quel’ensemble du projet Peillon pose problème et que sa logique doitêtre combattue.La majorité Unité et Action doit le comprendre, il est temps deconstruire réellement la mobilisation de la profession pourl’Éducation que nous voulons.

    Pour tout contact : [email protected]

    URIS Unité, Revendications, Indépendance Syndicale

    Le SNES peut-il continuer à dire,comme la FSU, que la loi Peillon« marque de premières avancées » ?

    Les faits sont là. Dans les collèges et les lycées les réformesSarkozy sont maintenues. La rentrée 2013, comme celle de2012, ne sera pas bonne. La réforme de la formation des

    maîtres, les ESPE, sont rejetées par le SNEsup. Le projet de loi Peillon maintient des incertitudes inquiétantessur la décentralisation des CIO et de la carte de la formationprofessionnelle. 87 % des communes ne mettront pas en applica-tion la réforme des rythmes scolaires.Comment comprendre alors que le CDFN de la FSU ait adopté untexte déclarant notamment « De ce point de vue, si la Loi dite deRefondation marque des premières avancées (...). À elle seule, eten l’état, la Loi ne suffira pas à démocratiser notre systèmeéducatif ».À l’évidence, les collègues ne partagent pas cette idée que leprojet de loi vise à « démocratiser notre système éducatif ».Il y a un décalage entre l’orientation de la direction de la FSU etla situation réelle qu’a révélé la faiblesse de la manifestation du6 avril.

    Il faut s’interroger sur une telle situation alors que le 12 février desdizaines de milliers de professeurs des écoles ont fait grève contrela réforme des rythmes scolaires, le plus souvent pour l’abrogationdu décret et que de nombreux établissements sont dans l’action. Comment peut-on, à juste titre, appeler aux manifestations du 9 avrilavec la CGT et FO contre la transposition de l’ANI dans la loi pourcasser le code du travail, voter contre le projet d’Acte III de ladécentralisation, et dans le domaine de l’Éducation qui rassemble90 % des syndiqués de la FSU, laisser passer la loi de refondationde l’école ? La cote d’alerte est atteinte. Le SNES perd des adhérents. LeSNES ne peut s’aligner sur le SNUipp et la FSU dans le soutienaux projets Peillon. Les syndiqués attendent au contraire que leSNES ait, face à ces projets lourds de menaces pour l’Éducationnationale et les statuts des personnels, une orientation de défensedes revendications, pour l’abandon du projet de loi de refondationde l’école, et d’appel à la mobilisation pour les obtenir.

    Pour tous contacts : [email protected]

  • DANS LA CLASSEChiffresi

    6,7 %d’augmentationd’inscription, toutes formationsconfondues, en filière scientifique(hors santé) entre 2004 et 2011 : la baisse, médiatisée, desinscriptions en licence étantcompensée par les formationsplus professionnalisantes(DUT, écoles à prépas intégrées…).

    – 3 h 30perte horaire en sciencesexpérimentales sur les troisannées de lycée en série Squi vont à l’encontre des discoursde revalorisation de la filièrescientifique.

    25 élèves/classeen collège et plus de

    30 élèves/classeen lycée, et des groupes desciences qui sont au bon vouloirdes chefs d’établissement – labaisse des DGH a provoqué leurquasi-disparition en collège.

    Livrei

    La France ne produirait plusde scientifiques et serait à la traîne dans la compétitiontechnologique mondiale. Ce constat à moitié vrai estassorti d’une explication tout à fait fausse. Sur la base d’une enquête rigoureuse, le sociologue Bernard Convertdémonte cette interprétationen trompe-l’œil.• Les impasses de la démocratisationscolaire : sur une prétendue crise des vocations scientifiques, BernardConvert, Éditions Raisons d’agir, 2006

    Supplément au no 729 du 30 mars 2013 - US MAGAZINE - 17

    ENSEIGNEMENTS SCIENTIFIQUES

    Le goût des sciencesL’innovation dans l’enseignement scientifique est répandue chez les professeurs malgrédes réponses institutionnelles largement insuffisantes. Retour sur une expérience à Marseille.

    La réflexion sur l’enseigne-ment des sciences est foison-nante et les pratiques ensei-

    gnantes ont beaucoup évolué. Etce du fait notamment du soucipermanent de trouver l’équilibreentre acquisition des connais-sances indispensables à lacompréhension des sujets quisont abordés et découverte duplaisir intellectuel de l’expéri-mentation, de la recherche, dutâtonnement qui en font leurrichesse. Les réponses institu-tionnelles ont pour nom « main àla pâte – EIST », enseignementd’exploration en Seconde oustructures du type « Univers-cience », mais les enseignantsne les ont pas attendues pourinventer au quotidien.Cela suppose des conditionsmatérielles et structurellesprécises qui, aujourd’hui, ne sontplus assurées partout : la néces-sité de travailler en groupes àeffectifs réduits, de disposerd’une réelle liberté pédagogique,de temps dans – et en dehors – dela classe, d’une formation scien-tifique de haut niveau dans ladiscipline enseignée qui intègreles éléments indispensablesd’épistémologie et de didac-

    tique... sans oublier le problèmedu financement des actions quidemeure très aléatoire et chro-nophage.Le fait de développer le goût dessciences, de répondre auxbesoins économiques et indus-triels des scientifiques, et dedonner à tous les jeunes les cléspour comprendre le monde danslequel ils vivent et pour y agirsont les axes fondamentaux desenseignements scientifiques, enlien avec les autres disciplines.

    Ainsi au lycée Saint Exupéry,(quartiers Nord de Marseille,classé en ZEP), la poursuited’études scientifiques post-bacétait particulièrement faible :deux collègues du SNES témoi-gnent d’innovations pédago-giques mises en place en SVT àdes échelles très différentes, ducycle complet du lycée à lasimple séance de TP.Le projet « Hippocampe » estmené en partenariat entre le lycéeet l’Université, sur un thème rela-tif aux biotechnologies, avecl’association « Tous chercheurs »implantée au sein de l’Institut deNeurobiologie de la Méditerra-née (INSERM), et le SUIO (CIO

    universitaire). Après une pre-mière période de présentation etde réflexion collective, les élèves,au cours de stages de deux demi-journées à l’Université, problé-matisent et conçoivent leurs pro-tocoles expérimentaux degénétique, biologie moléculaire,à partir de faits d’observationprésentés par un chercheur del’association.Un second stage de trois jourspermet aux élèves de la classe,divisée en plusieurs groupes de7 à 8 élèves et encadrée par desdoctorants ou des enseignants-chercheurs, de mettre en œuvreleurs protocoles dans un labora-toire en utilisant des outils derecherche.Enfin, les élèves présentent enfin d’année devant des cher-cheurs diaporamas et postersscientifiques en anglais. En paral-lèle, ils travaillent en collabora-tion étroite avec le SUIO, leurCO-Psy et leur professeur deSVT sur leur orientation. Ilsréalisent ainsi en Seconde untravail sur les filières, enPremière sur les métiers, pourfinir en Terminale par la réalisa-tion d’un bilan et la saisieraisonnée des vœux. ■

    Rubrique réalisée par le groupe SVT du secteur Contenus

    TÉMOIGNAGE

    « La motivation par le jeu de rôle »Thomas B., professeur de SVT à Marseille, présente une expérience de jeu de rôle en Première S.

    «

    La démarche d’investigation et ses modes deraisonnement rattachés (hypothético-déduc-tif...) guident la conception de nos séances.

    Mais pour engendrer la motivation, il peut parfoisêtre intéressant de s’en éloigner par la mise enœuvre d’autres approches : ici le jeu de rôle. En Première S, j’utilise cette approche afin d’abor-der la partie du programme consacrée aux fonde-ments de l’épidémiologie (Thème 3B) à travers laconception d’une campagne de prévention contreles maladies cardiovasculaires. Les élèves se répar-tissent par groupe de cinq élèves, chacun a un rôledéterminé : directeur de campagne, médecin, cher-cheur, épidémiologiste, réalisateur (chargé de laproduction finale attendue de type poster) et reçoit

    un dossier (contenant le nécessaire pour tenir sonrôle). Après un temps d’appropriation de leur rôle,le groupe débat sur un temps long, puis chaquegroupe conçoit son poster sur outil informatique.Un temps final est réservé à la mise en commun desdifférentes productions. Ce type d’approche, faisant appel à une tâchecomplexe, n’est possible qu’avec des groupes àeffectif réduit. Même placé dans une situation “par-dessus l’épaule” des élèves, le professeur est amenéà intervenir auprès des groupes et aussi de manièreindividualisée. En ce sens, bien qu’intéressanted’un point de vue pédagogique, il semble impossiblede mettre en œuvre ce type d’approche avec desclasses de Seconde non dédoublées. » ■

  • Milliardairesi

    Plus nombreux,plus richesLe magazine américain Forbesrecense, dans le monde,210 milliardaires de plus que l’andernier, soit 1 426 au total, soitun record absolu. Ils se partagent5 400 milliards de dollars, unchiffre en progression de 17 % surun an. Parmi eux, L. Bettencourt, au9e rang avec 30 milliards de dollars,la valorisation de ses actions,de 30 % sur un an, lui permettantd’afficher une fortune en haussede 6 milliards et B. Arnault, 10e.

    Représentativitéi

    Nouvelles règlesCGT (26,8 %), CFDT (26 %), FO(15,9 %), CGC (9,4 %) et CFTC (9,3 %)ont obtenu plus de 8 % des voixaux élections professionnellesdu secteur privé et sont doncrenouvelées comme « organisationsreprésentatives » pour quatre ans.Ce qui donnera leur « poids relatif »à prendre en compte dans lesnégociations : CGT (30,6 %), CFDT(29,7 %), FO (18,2 %), CGC (10,8 %)et CFTC (10,3 %). Pour être valide,un accord devra désormais êtresigné par un ou plusieurs syndicatstotalisant 30 % des voix, sans êtrerejeté par 50 %. Avec ces nouvellesrègles, qui ne s’appliquaient pasencore, l’accord de flexibilisationde l’emploi aurait obtenu 50,8 %pour (CFDT, CGC, CFTC) et 48,2 %contre (CGT, FO).

    Environnementi

    22 mars

    Pour la Journée mondialede l’eau, la Grèce se mobilise pour l’eau « bien commun » etcontre la privatisation par Veolia.

    Nucléairei

    Scénario catastropheLe rapport 2007 de l’Institutde radioprotection et de sûreténucléaire (IRSN), publié le 26 mars2013, indique que le coût d’un

    Marquées par la grande vague libérale de déré-glementation, les années 80 avaient en effetpromu les marchés financiers comme modèle,

    la vulgate de la liberté des marchés devenant le necplus ultra de toute politique. François Hollande avait,pendant sa campagne, désigné, à juste raison, cemonde de la finance comme son principal adversaire.Dans le 7e de ses 60 engagements, il promettait toutà la fois de surtaxer les banques à hauteur de 15 % etde revenir à la séparation stricte des activités de prêtset spéculatives. Il parlait d’activités « saines » pourqualifier le rôle traditionnel des banques de prêts àl’économie, soit à la consommation, soit à la produc-tion, selon ce que la loi appelle le critère « d’utilité ».

    Une vraie séparation reste nécessaireUn critère tellement flou qu’il permet de fait auxbanques d’éviter la scission entre leurs différentsmétiers. Or, les banques ont utilisé les dépôts pourspéculer pour leur propre compte sur les marchésfinanciers, achetant des produits qui se sont révélés« toxiques » comme les subprimes désormais bienconnus. Elles ont poursuivi, prêtant des capitaux auxhedge funds, ces fonds d’investissement hautementspéculatifs, et continuent dans la voie de l’« innova-tion financière » pour accumuler des bénéfices. Une véritable séparation des activités aurait été un pre-mier pas dans la lutte contre un système qui tue toutepossibilité de construire un avenir. Le raisonnementdes marchés financiers porte en effet sur le courtterme – deux mois – et fait obligation d’augmenter lebénéfice dans ce laps de temps. Il favorise les action-naires au détriment des salariés et de l’industrie. Les« plans sociaux, les restructurations d’entreprises,l’augmentation du chômage sont considérés par cesmarchés financiers comme autant de bonnes nou-velles permettant de dégager du profit sur le courtterme, sans comprendre que cet objectif prépare descrises – financières, économiques, sociales, écolo-giques – de plus en plus profondes.

    Dérouler le tapis rouge à la City ?Le deuxième volet de la loi porte sur la résolution descrises(1). La Banque de France devient le régulateur et

    pourra décider s’il faut démanteler une banque etfaire payer les actionnaires. Mais les autorités diri-geantes sont toutes liées aux marchés financiers, à leurlogique. Elles ne s’attaqueront donc pas à ces puissantslobbies. L’État – et non pas les contribuables – paierasans doute les pots cassés pour éviter des faillitesretentissantes, faute d’avoir voulu réglementer cesmarchés, les dompter. D’autant que la dette souverainefrançaise dépend de ces marchés, que les dettes spé-culatives des entreprises se développent, fragilisantl’ensemble de l’outil industriel et de l’emploi.Jean-Marc Vittori, éditorialiste – de tendance libérale– des Échos, le 26 mars 2013, ironise sur cette loi trèsen deçà des réformes britannique ou allemande pré-vues (mais pas encore votées) et même du projeteuropéen provenant du rapport d’Ekki Liikanen,gouverneure de la Banque de Finlande. Il en conclutque « Hollande déroule le tapis rouge aux banquiersde la City »... ■ Nicolas Béniès

    Pour une véritable réforme bancaire voir les pro-positions d’ATTAC, sur www.france.attac.org/articles/les-20-propositions-dattac-pour-une-veritable-reforme-bancaire

    (1) À Chypre, le gouvernement s’est vu imposer de taxer lesdépôts au-delà de 100 000 euros et de mettre en faillite ladeuxième banque du pays : des mesures radicales maistrop tardives qui ne permettront pas de résoudre cette nou-velle crise européenne.

    ECO/SOCIAL

    La nouvelle loi bancaire devrait être définitivement votée par le Parlement en ce mois d’avril. Elle veut corriger la loi du 24 janvier 1984 qui instaurait la banque universelle, en mettant fin à la séparation entre les activités de prêts aux ménages et aux entreprises(gagés sur les dépôts), et les activités de marché, spéculatives (la banque d’investissement).

    SYSTÈME BANCAIRE

    Une réforme bien bancale

    18 - US MAGAZINE - Supplément au no 729 du 30 mars 2013

    LES DÉRIVES D’UNE BANQUE AU SERVICE DES COLLECTIVITÉSLe 10 octobre 2011, après avoir survécu à coups d’injections d’argent public belgo-français, Dexia – qui avait absorbéle Crédit Local de France – a été démantelé. Ses aventures n’étaient pas terminées pour autant. Les deuxgouvernements belge et français se devaient de garantir ses opérations faute de quoi les effets en chaîne auraientpu conduire à la quasi-faillite de certaines collectivités territoriales. Dexia leur a vendu des « produits structurés »qui sont devenus des produits financiers toxiques qu’il faudrait annuler. Nicolas Cori et Catherine Le Gall ont menél’enquête pour faire découvrir la face cachée de cette banque et expliquer les raisons d’une faillite, la première– mais pas la dernière – d’une grande banque européenne. Il y est question du shadow banking – le fameux « horsbilan » des banques qui recouvre la « titrisation », les prêts aux hedge funds – qui représenterait, suivant uneétude citée par L’Expansion d’avril, 640 000 milliards de dollars. Le « niveau de défaillance » des banques resteélevé. La crise bancaire est devant nous. La nécessité de la réglementation s’en trouve renforcée. N. B.• Dexia, une banque toxique, N. Cori et C. Le Gall, La Découverte, 269 p.

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  • accident grave et non contrôlé(comme celui de Fukushima),survenant en France, serait de760 milliards d’euros et pourrait,dans les conditions les plusdéfavorables (météo notamment),atteindre 5 800 milliards d’euros(soit 270 % du PIB). L’IRSN rappelleà cette occasion qu’une étude plusrécente de février 2013 donneune fourchette qui se veut« rassurante » : 430 milliardsd’euros et 1 000 milliards d’euros.

    Pouvoir d’achati

    Baisse recordL’Insee estime que le pouvoird’achat a baissé de – 0,8 %au quatrième trimestre 2012,et de – 0,4 % sur l’année. Il s’agitdu « premier recul depuis 1984 »,quand il avait fléchi de – 1,1 %.L’Insee incrimine la stagnationéconomique (montée du chômage,pression sur les salaires) etla hausse des impôts qui n’a pasfrappé que les plus aisés.La baisse de pouvoir d’achat nes’est traduite que par un légerrecul de la consommation en 2012(– 0,1 %), les Français ayant puisédans leur épargne.

    Ventes d’armesi

    Victimes de l’austéritéLe Stockholm International PeaceResearch Institute (Sipri) noteune baisse en 2011 (– 5 %), pourla première fois depuis 1994,des ventes des cent plus grandsgroupes d’armement mondiaux(hors Chine). Le Sipri l’expliquepar les retraits de troupesen Afghanistan et en Irak,mais surtout par « les politiquesd’austérité et la baisse desdépenses militaires ainsi queles reports dans les appelsd’offres d’armement ».

    Patrimoinesi

    Les Françaisplus riches queles AllemandsÉtonnant paradoxe révélé parune étude de la Bundesbank menéeen 2011 : l’Allemagne a beau seconsidérer comme la locomotiveéconomique de l’Europe, lesAllemands ont un patrimoine moyende 195 200 €, inférieur à celuides Français (229 300 €) etdes Espagnols (285 800 €). Cequi s’expliquerait par une répartitionparticulièrement inégalitairedu patrimoine en Allemagne

    Le président de la République avait déjà écartéla piste de la fiscalisation des allocations fami-liales ou celle de leur suppression pour les

    ménages les plus aisés... Tout en prévenant que cesderniers pourraient percevoir un montant moinsélevé.Chargé d’identifier des gisements d’économiessur les prestations familiales, Bertrand Fragonardpropose donc que toutes les familles continuent depercevoir une aide, mais que celle-ci soit fortementdiminuée pour les ménages aisés. Le principed’une « redistribution horizontale » (voir ci-contre)entre les familles serait maintenu, mais réduit au-delà d’un certain plafond.

    Des pistes d’économie dangereusesLa volonté de « ne diminuer les allocations fami-liales qu’à partir d’un seuil suffisamment élevé derevenu » afin de « ne pas toucher le haut desclasses moyennes » est contredite par les exemplesde plafonds donnés. Les allocations familialespourraient par exemple être divisées par deuxpour les ménages avec deux enfants touchant plusde 5 009 euros par mois, ou par trois pour ceuxtouchant plus de 5 771 euros par mois. Pour dimi-nuer les effets de seuil, un autre scénario privilé-gié par le gouvernement prévoit une baisse linéaire(de un euro jusqu’à 75 %) du montant perçu àpartir d’un premier seuil de ressources, puis unestabilisation (à 25 % des allocations familialesactuelles) au-delà d’un second seuil. Les plafondsseraient d’autant plus bas que l’économie recher-chée serait élevée (cinq pistes allant de 450 mil-lions à 1,5 milliard d’euros à économiser).

    Maintenir l’universalité des prestationsBien que le rapporteur s’en défende, il s’agit biend’une remise en cause du principe d’universalitédes allocations familiales que le SNES et la FSU

    dénoncent avec force. Toutes les études montrentque ce sont les systèmes universels qui protègentle mieux de la pauvreté et que les prestationsciblées (plutôt que les prestations universelles etforfaitaires) conduisent in fine à de faibles pres-tations. Au lieu de s’attaquer aux droits acquis parla protection sociale, le gouvernement ferait mieuxd’engager une réforme fiscale en profondeur avecune meilleure progressivité de l’impôt. ■

    Monique Daune

    ALLOCATIONS FAMILIALES

    Économies à tout prix ?Comment effacer d’ici 2016 le déficit annuel de la branche famille tout en finançant des aidesnouvelles pour les plus modestes ? Pour économiser 2,1 milliards d’euros, Bertrand Fragonard,président du Haut conseil de la famille, propose plusieurs scénarios pour moduler le montantdes allocations familiales selon le revenu du ménage.

    Suite page 20 ➤➤➤

    Supplément au no 729 du 30 mars 2013 - US MAGAZINE - 19

    Petit glossaireIl y a « redistribution » quand la répartition des revenus (primaires) des individus est modifiée par desmesures fiscales, de protection sociale...• La « redistribution verticale » a pour fonction de limiter les inégalités de revenus et de promouvoir lajustice sociale : il y a transferts monétaires des revenus les plus élevés vers les plus faibles. • La « redistribution horizontale », à la base de la protection sociale, organise la solidarité entre les per-sonnes ayant à supporter un risque social donné et celles qui en sont exemptées : entre bien portants etmalades, entre actifs occupés et chômeurs individualisés, entre personnes sans enfants et chargés de famille...À revenu égal, une famille avec enfant(s) doit faire face à plus de dépenses qu’une famille sans enfant. Les allo-cations familiales compensent, partiellement, la perte de niveau de vie occasionnée par la présence d’enfants.

    Nombre de prestations familiales (allocation de base de la prestation d’accueil du jeune enfant, allocationde rentrée scolaire...) sont aujourd’hui versées sous conditions de ressources. Ce n’est pas le cas des allocations familiales qui sont systématiquement attribuées à toutes les familles ayantau moins deux enfants à charge, quels que soient leurs revenus. C’est ce qu’on appelle le principe d’universalité.

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  • ECO/SOCIALDÉCÈS DE ROBERT CASTEL

    Comment refaire société ?

    Les délégué-e-s au congrès du SNES à Reims,en 2012, ont pu entendre une intervention deRobert Castel sur ce thème lors d’une table

    ronde, et en ont sans doute gardé le souvenir d’unepensée riche, exigeante... et progressiste. RobertCastel, sociologue auteur d’ouvrages majeursparmi lesquels Les métamorphoses de la questionsociale (1995) ou plus récemment La montée desincertitudes (2009), est mort le 12 mars dernier.Dans ses travaux, Robert Castel analysait lesrisques contemporains de désaffiliation en com-binant un regard critique sur les politiques libéralesqui sont menées depuis une quarantaine d’années,et le recours à une mise en perspective historiquedes mécanismes d’intégration des individus dansla société. Il montrait comment la flexibilisation del’emploi, accompagnée de réformes libérales de laprotection sociale – cette « propriété sociale »donnant à tous la sécurité longtemps réservée auxpossédants –, faisaient réapparaître, pour desfranges nombreuses de la population, l’insécuritésociale, la « peur du lendemain ». Ces évolutions,que le SNES ne cesse de dénoncer, remettent pro-fondément en cause la possibilité pour tous etpour chacun d’être un individu autonome (maissolidaire), donc le droit égal pour tous de vivredignement et de manière indépendante (mais inté-grée). Les analyses éclairées de Robert Castel onteu un rôle majeur pour tous les mouvements pro-gressistes, qui refusent de se résoudre à une « finde l’histoire » synonyme de victoire d’un modèlede société libéral. Le SNES, et tous ceux qui lut-tent pour une autre société, viennent de perdre unami, un allié, un penseur incontournable. ■

    Romain Géni

    au bénéfice des plus riches, parun patrimoine moyen trois foisplus faible dans l’ex-RDA que dansl’ex-RFA et surtout par des tauxde propriétaires de leur logementmoins élevés en Allemagne (44 %)qu’en France (58 %) et en Espagne(83 %).

    Retraites complémentairesi

    Répétition générale ?Le patronat et trois syndicats(CFDT, FO, CFTC) se sont misd’accord sur les retraitescomplémentaires du privé.Elles augmenteront désormaisd’un point de moins que l’inflationjusqu’en 2015. Les cotisationssont augmentées pour les salariéset pour les entreprises.Le Medef, à quelques semainesde la négociation sur les retraites,a tenu à préciser que cetaccord n’avait été acté qu’à la« condition qu’il y ait une réformedu régime de base à partir desparamètres structurels : duréede cotisation et âge »…

    Réchauffement climatiquei

    Fonte dela productivitéLa revue britannique NatureClimate Change publie une étudemontrant qu’une hausse de 0,8 °Cde température et de 5 %d’humidité en 2010 par rapport à la moyenne annuelle des années1900, tous les autres facteurs étantconstants, se traduit par une pertede productivité de 10 % dansles métiers et les régions les plussoumis au stress thermique. Cetteperte serait de 20 % d’ici 2050(avec + 1,7 °C et 11 % d’humiditépar rapport à la même période de référence).

    Démographiei

    La Francedéfie la criseL’Institut national des étudesdémographiques (INED) recenseun nombre de naissances en 2012(792 000) pratiquement stablepar rapport à 2011 (793 000),avec un indicateur de féconditéqui se maintient à deux enfantspar femme. La crise n’a donc eu,sur ce plan, aucun impact en France,contrairement à la plupart des paysdéveloppés qui ont vu fondrele nombre des naissances cesdernières années. Ainsi, aux États-Unis, l’indicateur de fécondité areculé de 2,12 en 2007 à 1,89 en 2011.

    ➤➤➤ Suite de la page 19

    Avec la disparition le 12 mars de Robert Castel, on déplore la perte d’un des plus importantssociologues français mais aussi celle d’un ami affiché du mouvement social.

    20 - US MAGAZINE - Supplément au no 729 du 30 mars 2013

    Retour sur la grève enseignanteLa grève enseignante était peu étudiée, alors qu’elle est réputée pour sarécurrence et sa force. De fait, en 2006, les enseignants représentaient 3,5 %de la population active pour 28 % des jours de grève ! Pourtant, ce livre per-tinent montre qu’ils ont longtemps refusé de cesser le travail. Depuis, leurssyndicats ont construit leur position à la pointe du mouvement social, selonun processus décrit par Laurent Frajerman. Entre 1918 et 1945, les grèvesinitiatiques déclenchent une phase d’acculturation. Lors de la phase d’ins-titutionnalisation (1945-1968), les syndicats élaborent des formes d’actionspécifiques (la traditionnelle grève de 24 heures), tout en recherchant desalternatives. Lors de la grève administrative de 1965, les professeurs refu-sent ainsi de faire remonter à l’administration notes et appréciations (AlainDalançon). Mais ils butent sur un durcissement de la réglementation. Mai 68inaugure une phase de radicalisation, avec la première participation à unegrève générale. Depuis les années 1980, on assiste à une remise en ques-tion partielle, alors que le succès de la FSU renforce la radicalité des mou-vements enseignants. L’une des forces de ce livre réside dans la confron-tation entre les analyses des chercheurs (André Robert, René Mouriaux, etc.)et de militants d’horizons divers : Louis Astre pour les luttes des années 1960,Jean-Michel Drevon, Gérard Aschieri (grève de 2003), Alain Ponvert (2010au Havre)... Un livre utile pour donner sens aux prochaines mobilisations !

    Laurent Frajerman (dir.),La grève enseignante en quête

    d’efficacité,Syllepse, 178 p., 2013

    BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE◗ L’ordre psychiatrique, éditions de Minuit, 1977◗ La gestion des risques, éditions de Minuit, 1981

    (réédition 2011)◗ Les métamorphoses de la question sociale :

    une chronique du salariat, Fayard, 1995(réédition Folio/Gallimard, 2000)

    ◗ La montée des incertitudes : travail, protections,statut de l’individu, éditions du Seuil, 2009

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  • DOSSIERCulture à Marseille

    Supplément au no 729 du 30 mars 2013 - US MAGAZINE - 21

    Il faut bien le reconnaître,

    nous étions bien incrédules,

    rigolards même : comment

    cette ville immature,

    plus prête à « investir »

    dans son stade ou dans

    un concert de David Guetta

    que dans l’éducation,

    allait-elle incarner la capitale

    européenne de la culture ?

    Marseille et ses pauvres, Marseille et ses politiciens véreux, son clientélisme, sestruands, son club de foot, ses poubelles... Marseille emboucanée ! Ce ne sonthélas pas que des clichés... Et puis, il y a eu la « grande clameur » d’ouverture :un vrai fiasco ! Comme il n’y avait rien à entendre et assez peu à voir, la foule,des heures durant, a déambulé. Les gens se sont parlé, écoutés. Et ils ont dit que

    Marseille était tout à la fois la ville décriée que l’on connaît et ce carrefour des cultures, desgén