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Signature du déclarant _____________________________________________________________ Déclaré devant moi, _______________________________________________________________ À______________________________________le_______________________________________ Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics - 1 - Déclaration Statutaire Je, , DDN : Je déclare solennellement que, J’ai été rencontrée par Annie Duciaume, agente aux enquêtes pour la Commission d’enquête sur les relations entre les autochtones et les services publics en date du 6 septembre 2018. Q1. Donc, je vous écoute, monsieur R1. En 2004, on a commencé à garder ses neveux. Ses neveux étaient alors placés à dans une famille d’accueil. Les grands-parents, ils ont suggéré que nous autres, on garde les enfants à son frère. Mais là, il nous dit : « Ok, on va les placer chez vous, pis là, je vais vous payer seulement 250 dollars de manger. » Ils donnaient des bons de commande. C’est comme ça que ça a commencé. Un bon de commande par mois pour trois enfants.C’est des ados en plus. Pis là, j’ai recommencé à demander. Et il dit : « Non non, pas trop, on ne peut pas trop en donner. » J’ai demander pourquoi. Je n’ai jamais eu la réponse. On a demandé d’aller en cour pour qu’ils soient placés chez nous, de façon graduelle et avec une décision du juge. On a passé en cour. Pis là, le juge, avait des documents des services sociaux qui disaient que les enfants étaient en danger dans… C’était pas vrai, c’était des mensonges. Le juge, il l’a dit aussi, à la cour. Il dit : « Pourquoi que vous exagérez tant que ça? Vous savez, qu’il faut pas exagérer, parce que là, vous en mettez bien trop pour rien et ça n’a même pas rapport. En plus de ça, les enfants-là, ils connaissent où ce qu’ils vont aller rester, c’est la tante pis l’oncle… »» Q2. Pis eux autres, ils disaient que les enfants étaient en danger à quel endroit? R2. Ben, n’importe où. Chez nous, ou ben donc chez ses parents, ou ben donc les grands- parents… Le juge a dit « Donc, ils ne seront pas en danger. Pourquoi vous dites qu’ils sont tout en danger, partout où est-ce qu’ils vont aller? » Après ça, le juge a ordonné de placer les enfants chez nous et que nous devenions une famille d’accueil. P-1273

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Page 1: P-1273 : Déclaration statutaire PI-256

Signature du déclarant _____________________________________________________________

Déclaré devant moi, _______________________________________________________________

À______________________________________le_______________________________________

Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics

- 1 -

Déclaration Statutaire

Je, , DDN :

Je déclare solennellement que,

J’ai été rencontrée par Annie Duciaume, agente aux enquêtes pour la Commission d’enquête sur les relations entre les autochtones et les services publics en date du 6 septembre 2018.

Q1. Donc, je vous écoute, monsieur

R1. En 2004, on a commencé à garder ses neveux. Ses neveux étaient alors placés àdans une famille d’accueil. Les grands-parents, ils ont suggéré que nous autres, on garde les enfants à son frère. Mais là, il nous dit : « Ok, on va les placer chez vous, pis là, je vais vous payer seulement 250 dollars de manger. » Ils donnaient des bons de commande. C’est comme ça que ça a commencé. Un bon de commande par mois pour trois enfants.C’est des ados en plus. Pis là, j’ai recommencé à demander. Et il dit : « Non non, pas trop, on ne peut pas trop en donner. » J’ai demander pourquoi. Je n’ai jamais eu la réponse. On a demandé d’aller en cour pour qu’ils soient placés chez nous, de façon graduelle et avec une décision du juge.

On a passé en cour. Pis là, le juge, avait des documents des services sociaux qui disaient que les enfants étaient en danger dans… C’était pas vrai, c’était des mensonges. Le juge, il l’a dit aussi, à la cour. Il dit : « Pourquoi que vous exagérez tant que ça? Vous savez, qu’il faut pas exagérer, parce que là, vous en mettez bien trop pour rien et ça n’a même pas rapport. En plus de ça, les enfants-là, ils connaissent où ce qu’ils vont aller rester, c’est la tante pis l’oncle… »»

Q2. Pis eux autres, ils disaient que les enfants étaient en danger à quel endroit?

R2. Ben, n’importe où. Chez nous, ou ben donc chez ses parents, ou ben donc les grands-parents… Le juge a dit « Donc, ils ne seront pas en danger. Pourquoi vous dites qu’ils sont tout en danger, partout où est-ce qu’ils vont aller? » Après ça, le juge a ordonné de placer les enfants chez nous et que nous devenions une famille d’accueil.

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Q3. Parce que vous, vous étiez pas, à ce moment-là, accrédités famille d’accueil.

R3. Non. C’est dur, d’être famille d’accueil, dans ces années-là, au . Parce qu’il y en avait… Je pense qu’il y en avait rien que deux. Après ça, quand on a appliqué, il y avait déjà juste une autre famille d’accueil. Ça faisait quatre. Nous autres, on était la quatrième ou cinquième.

Q4. Accréditées. Pour être accréditées. Et là, on parle de quelle année environ?

R4. , à peu près. Dans ces années-là, c’est là qu’on a commencé à être famille d’accueil. Et là, ça a commencé, les questions… Pour être famille d’accueil, c’était plein de questions. Ils posent des questions personnelles, comme : « Combien de fois vous faites l’amour par semaine? » J’ai dit : « Pourquoi vous posez cette question-là? C’est ma vie personnelle. Est-ce que je suis obligé de répondre à cette question? » On a répondu à la question mais on s’est sentis mal à l’aise. Parce que ça, c’est à moi et ma conjointe. C’est très intime. Ça regarde personne, ça, combien de fois tu fais l’amour par semaine.

Parce que ça a l’air que c’est « la » question… Il me semble que la question devrait être « Est-ce qu’ils seront bien chez vous? » En tout cas, c’est plein de petites questions comme ça. Ça, c’était en

, quand on a fait l’évaluation.

On a commencé à garder des jeunes. Après, on a gardé des petites filles. Le cas des petites était spécial. Elles se sont fait enlever de leurs parents parce qu’il paraît que le père les a touchées. Ce n’est pas les enfants qui ont dit qu’il les touchait. C’est d’autres personnes. Le père, je le connaissais et je lui ai posé la question. Il m’a dit : « Ben non, je ne ferais pas ça à mes enfants, ça doit être une autre personne qui leur a dit quelque chose comme ça. » Je lui ai demandé : « Si ils t’ont enlevé tes enfants, tu n’as pas un dossier, toi? La police n’est pas venue te voir? » Il m’a dit : « Non, j’en ai jamais eu. C’est la DPJ qui décide. » Ils n’ont pas d’affaire à enquêter eux autres. Il y a un enquêteur, c’est à eux autres d’aller voir la police, à dénoncer et à entreprendre les procédures, J’ai posé la question à la DPJ : « Pourquoi le père n’a pas le droit d’être en contact avec ses enfants? » Ils m’ont répondu « c’est confidentiel. » J’ai demandé s’il y avait une enquête et on m’a dit que non. Je leur ai dit qu’il était supposé y avoir une enquête, pour qu’il soit reconnu coupable. » Il dit : « Ben… Non, c’est confidentiel, on ne peut pas te le dire. Pis tu rentres pas là-dedans. »

Q5. Vous souvenez-vous, à ce moment-là, à qui vous vous étiez adressé?

R5. C’était une intervenante. ? C’est elle qui a dit ça : « J’ai pas le droit, c’est confidentiel. » Mais elle, elle commençait. Ce n’était pas son dossier, il me semble. En premier, c’était une autre madame et elle lui a fait suivre le dossier. Elle me disait que je ne pouvais pas entrer en contact avec les parents. » J’ai dit : « Regarde, le père là, il se promène en ski-doo, il se promène en quatre-roues, ils le voient, il dit bonjour à ses enfants. » « Non, non, tu n’as pas le droit. Tu n’as pas le droit d’aller faire rencontrer les parents aux enfants. »

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Je disais tout le temps : « Ben ça ne marche pas ça! Tu ne peux pas enlever le contact des enfants avec les parents à moins que ce soit quelque chose de grave. J’ai été et quand tu es reconnu coupable, c’est là que tu n’as pas le droit de voir tes enfants. Mais là, on ne sait même pas si c’est vrai, là. C’est quoi, là, c’est juste des ouï-dire! Vous croyez les ouï-dire? Vous allez le croire tout suite? On va avoir des problèmes si n’importe qui qui a entendu quelque chose… » C’est pour ça, je pense, qu’il y a beaucoup d’enfants placés dans les communautés. C’est incroyable, ça. Quand le père m’a raconté ça, j’ai rencontré la mère aussi et elle, elle était surprise de tous ces événements-là. J’ai dit : « Ils n’ont même pas le droit de rencontrer leur père. » Elle disait « C’est quelqu’un qui a dit quelque chose et ils l’ont cru. » Là, les enfants, ils ont été placés chez nous. La madame avait une vannette, et quand elle passait devant chez nous, ils se disaient bonjour.

Q6. C’est des gens qui demeuraient déjà près de vous?

R6. Dans la communauté. Quand ils ont été mis au courant, elle nous a rencontré. On a signé un papier. Ils peuvent enlever mon droit d’être famille d’accueil. Je pense que c’est ça, ce papier-là. Ça sert à ça, je pense. Elle me l’a amené pour le signer deux fois. J’ai toujours vu que c’est important d’être avec les deux parents, parce que moi, je n’ai pas été beaucoup avec mes parents. C’est pour ça que je trouve ça important, quand tu es famille d’accueil, que l’enfant voit ses parents. Parce que si tu ne les vois pas, tes parents, tu brises le contact. Il y a un bris familial. Je l’ai vécu et je ne veux pas que ça arrive aux autres enfants. Les enfants, c’est important, là, pour les parents.

Q7. Je vous entends dire, je pense que c’était ce genre de document-là qui aurait pu m’interdire… Est-ce qu’on va a expliqué le document? Là, ce que je comprends, c’est que vous n’avez rien compris de ce que vous avez signé?

R7. Non, il n’y avait rien… Je pense que c’est ça, parce qu’eux autres, ils ne t’expliquent pas tout. De la manière qu’ils me l’ont expliqué, c’est : « Ça va être dans ton dossier … » Ils ont des critères. C’est comme un avertissement et là, j’en ai eu deux.

Moi, je dirais plus, ils ne voient pas c’est quoi les problèmes qu’on vit au Parce qu’eux autres, ils viennent de l’extérieur. De l’extérieur… il y a plein de bobos pour eux autres, à leurs yeux. Mais ce n’est pas le cas. J’ai eu d’autres événements aussi, avec un des neveux qu’on garde. Il a dit à sa TS qu’il n’avait pas mangé alors quand le petit était à l’école, l’intervenante, est venue à la maison. Elle est rentrée dans la maison, elle a fouillé dans les armoires. Je lui ai dit « Qu’est-ce que tu fais là? » Elle me répond : « Je fouille dans les armoires pour savoir s’il y a du manger. » Je lui ai montré que c’était plein. Mon garde-manger était plein, mon congélateur en bas, j’ai deux congélateurs qui étaient tous pleins, les deux. » Elle m’a dit : « Ah ouin? Le petit-gars, il dit qu’il n’a pas mangé. » « Mais je te dis qu’il a mangé, il y en a plein de manger. » Mais c’était vrai qu’il n’avait pas mangé parce qu’il mange rien que des toasts! Il ne mange pas… On fait la cuisine, il ne mange pas, il mange rien que des toasts. Il dit qu’il veut rien d’autre. C’est lui qui veut ça. Moi, je lui donne ce qu’il veut.

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J’ai dit à la TS: « Tu devrais vérifier avant, avant de fouiller chez nous. Moi, je suis dans mon droit ici, je suis chez nous. Si je vais fouiller chez vous, qu’est-ce que tu vas faire, tu penses? Tu vas appeler la police tout de suite. Pis moi, si j’appelle la police, tu vas dire que tu es une intervenante. On ne peut pas te toucher. » Tu ne peux pas rentrer dans une maison de quelqu’un, même si tu es un travailleur social. Tu serais supposé d’être à la porte et attendre. Le deuxième cas, quand ils sont venus, ils étaient avec la police. J’ai dit : « Pourquoi tu viens ici avec la police? » « Pour ma sécurité », qu’elle a dit. Moi, je ne suis pas un gars malin! Je suis un r. Je suis capable de parler. Ils ont sorti un genre de méthode pour surveiller leur intervenante. Après ça, même chose, le même événement, mais d’autres années plus tard. Il y a eu une crise au et l’intervenante, elle appelle la Sûreté. Il n’y avait plus de police ici alors c’était la Sûreté qui est venue et elle est rentrée. C’est quelqu’un qui m’a raconté cette histoire-là mais je ne me souviens plus de son nom. Il racontait : « Ça a l’air que la police, ils ont dit non aux services sociaux d’aller les accompagner dans les maisons. »

Q8. Ok. Eux autres, ils ne faisaient pas ce service-là.

R8. Non. J’étais surpris de voir que la Sûreté ait dit non… Il a dit : « C’est pas notre job, ça, d’aller accompagner partout, même si c’est une TS qui s’en va à une place. » Parce que l’autre, il dit : « Tu sens que ça boit. » Il traite tout le monde de… mettons, tout le monde, ça boit.

Q9. Des travailleuses sociales de la DPJ…

R9. Oui. C’est comme ça je pense qu’ils se protègent de quelque chose. La manière qu’ils sont, ça devrait être ça. C’est ce qu’ils racontent…

Q10. C’est des choses que vous entendez…

R10. Des ouï-dire… Eux autres, ça marche, les ouï-dire, mais nous autres, ça ne marche pas. C’est comme ça.

Je reviens aux petites filles, quand elles étaient à la maison et qu’on a signé nos papiers. Pas longtemps après, les enfants sont parties et sont retournées chez les parents. Après, on a gardé deux autres filles qui étaient enceintes. Il y en a une qui partait tout le temps avec son bébé. Parce que la mère, elle avait une sœur qui restait pas loin de chez nous et elle allait là souvent, elle avait le droit d’aller là et elle dormait là deux-trois nuits. Eux autres, ils ne voulaient pas qu’elle aille dormir là-bas. La TS nous a dit : « Vous devriez aller chercher la fille, voir comment elle est. Comment ils sont eux autres. » J’ai dit : « C’est quoi le mal, là-dedans? » « Ben là-bas, c’est sur la brosse. » « J’en arrive de là, moi, pis ce n’est pas sur la brosse! Ils ne voulaient pas qu’elle y aille. Elle était avec son bébé. La TS a appellé ma femme et elle lui a demandé de surveiller et d’épier une autre famille pour elle. Ma femme a répondu : « Non, moi je ne fais pas ces affaires-là. J’irai pas aller

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stooler d’autre monde. Je ne suis pas comme ça. » Je ne sais pas c’est quoi son nom à elle, la TS qui a demandé ce service-là.

Q11. C’était une autre famille d’accueil ou c’était simplement une autre famille?

R11. Juste une famille. Parce que c’est une famille dont les enfants étaient placés. Ils voulaient savoir, peut-être, si ils étaient là, les enfants.

Q12. Ils ne vous ont pas précisé ce qu’ils voulaient savoir, mais ils vous envoyaient faire comme une enquête.

R12. Oui. Elle est spéciale, l’intervenante. Pis après ça, il y avait un autre événement. Les filles qu’on gardait, c’est des filles qui ont accouché quasiment en même temps. On a du a dû signer un autre document, à cause de l’autre fille qui partait toujours… Ma femme, elle allait tout le temps là-bas, elle appelait, elle faisait tout… On a fait toutes nos choses. Je pense que c’est la TS qui a fait une erreur. Parce que ça n’avait pas d’allure d’être tout le temps après ma femme…. Elle disait : « Va checker, vas-y voir, savoir où est-ce qu’elle est … » On a gardé une autre fille aussi. C’était le même problème. Elle disait tout le temps de courir après : « Va checker dans les maisons. » Ma femme disait : « Moi, je n’irai pas checker toutes les maisons pour savoir où elle est, là. Moi, je vais faire qu’est-ce qu’on me dit tout le temps, c’est d’appeler la police. » C’est ça qu’elle a fait, elle a appelé…

Q13. Si jamais elle ne revenait pas…

R13. Oui. Pis on suivait les procédures. Mais… Ça devient tannant… la police, la police. C’était nous autres les méchants!

Q14. Quel âge elle avait, cette fille-là?

R14. Quinze ans. Elle avait un chum. Pis l’autre, elle nous prenait pour des méchants. Pis nous autres, on se faisait pousser par la TS. On essaie de faire notre job de parents. Garder un enfant, à l’âge de 15 ans, ça écoute pas. Nous autres, on lui avait demandé de venir manger, de venir dormir. Tu veux aller voir ton chum, tu peux aller le voir à l’école. Mais elle ne faisait jamais ça. Et là, la TS, c’est là qu’elle a commencé à forcer ma femme d’aller faire toutes ces affaires-là.

Q15. Elle vous mettait de la pression.

R15. Oui. Pis après ça, c’est… disons que ça devient tannant. On essaie d’aider les enfants, mais on se fait mettre des bâtons dans les roues.

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Q16. Quand vous avez dit tout à l’heure que le juge avait demandé à ce que vous soyez accrédité le plus vite possible, c’était pour devenir famille d’accueil, c’était pour recevoir qui?

R16. Trois neveux.

Q17.

R17. , oui.

Q18. Est-ce que ça s’est passé assez rapidement?

R18. Oui. Ça s’est passé pas mal vite. Même pas 3 mois.

Q19. Ok. Après ça, vous avez eu des sous convenables pour pouvoir vous occuper des trois garçons.

R19. Oui. Parce que nous autres, ils nous donnaient rien que des bons de commande, en premier. Parce que dans ces années-là, je pense qu’ils payaient 600 $ par enfant, 700 $. Pis nous autres, mensuellement, 250. « Moi, je ne suis pas famille d’accueil, mais là, je vous dépanne pas mal, en gardant les enfants de quelqu’un. Elle aimait pas ça.

Ah, c’est vrai, on en a une autre, qu’on garde depuis 2 ans. On a une tutelle ave Ça a bien été ce côté-là. Ça a bien été, ça a été vite. Parce que la petite fille, elle n’a plus de parents. Elle est orpheline.

Q20. Vous l’avez adoptée? C’est pas une adoption?

R20. Non, c’est pas une adoption. On nous a demandé si on voulait l’adopter. Moi, j’ai dit non. Je ne veux pas qu’elle revive la même chose que ce qu’elle a vécu avec ses parents. Parce que nous autres, mettons, on devient des parents… On devient des tuteurs, mais on ne veut pas que ça arrive, mettons, que ça arrive deux fois pour elle, là. C’est sûr qu’elle survivra pas.

Q21. Elle a quel âge?

R21. aujourd’hui. Ben, elle était placée, avant, à l’âge de ans. Son père, il voulait la placer chez nous. Il n’était plus capable. Elle avait été placée chez nous. Le frère et la sœur de

se sont fait placer à . On gardait la petite fille, nous autres, là, avant que son père meurt. Mais son père, il l’a sortie de chez nous. Parce qu’elle a menti à son père et à la DPJ. Aujourd’hui, ils n’ont aucune connaissance, ces enfants-là, de la vie réelle. Aujourd’hui, ils sont dans

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la rue, ils se promènent de maison en maison, partout. Ils n’ont pas d’éducation. Mettons, tu as un loyer à payer, tu as une épicerie à faire… Ils se sont fait placer. Moi là, je suis certain que quand ils vont avoir 18 ans, ces enfants-là, ils vont être dans la rue, pis ils vont se promener un peu partout. Parce que la vie réelle d’une famille, c’est pas ça emprisonne un jeune, un délinquant. Après ça, le replacer, le remettre dans son…

Q22. Un arrêt d’agir.

R22. Oui. Ça sert à ça. Mais là, le garder tout le temps là-bas, ce n’est pas une place, ça.

Q23. Ils y ont été longtemps?

R23. Oui. Ils y ont été ans, je pense. Quand son père est décédé. Ils ont été tout le temps placés là. Ils avaient des sorties, des fois, je les prenais. Ils sortaient, mais ils se sauvaient. J’ai dit : « Voyons, me semble qu’à ils seraient supposés d’avoir les meilleurs services pour les enfants! » Parce que ça travaille pour les enfants mais ils ne l’ont pas. Il y en a une que moi j’ai vue. Les enfants de mon cousin, ils n’ont pas d’éducation, ils n’ont pas de manières… Ils ne comprennent pas le vrai sens de la vie. Les manières, ils ne les comprennent pas. Mettons, n’importe qui, ils pourraient regarder chez eux, ils vont fouiller dans tout, partout. Le savoir comment vivre, ils ne l’ont pas parce qu’ils ont resté à Moi, je le savais, déjà. Parce que j’en ai vu d’autres avant. C’est pas une place pour placer des enfants. Surtout les Autochtones.

Q24. Vous les connaissez.

R24. Oui. Pis j’ai jamais vu ce changement-là, moi, pour ces jeunes-là.

Q25. Ok. Pour ceux qui sont placés longtemps.

R25. Aujourd’hui, tu vois, il est en prison. Et l’autre, elle est enceinte, elle va avoir un bébé et…

Q26. Elle ne sait pas s’occuper d’elle…

R26. Elle, elle ne sait pas… Je ne sais pas ce qui va se passer avec ces enfants-là. Mais aujourd’hui, c’est encore des enfants. Ils ont 18, 19 ans, mais c’est encore des enfants. Nous autres, Autochtones, c’est un petit peu plus vieux que ça pour devenir… une grande personne.

Q27. Est-ce que là, elle reste encore chez vous?

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R27. Non, ils sont majeurs, eux autres. Ils sont majeurs mais ils n’ont pas eu les bons services. Q28. Il n’y a personne qui leur a montré… ou fait, ce qui aurait dû…

R28. Nous autres, on voulait les garder, mais le petit gars, il se sauvait tout le temps. Je ne sais pas pourquoi, parce qu’ils les laissent trop enfermés? Je ne le sais pas. Ils vont à l’école là-bas. Ils ne voient pas leurs amis, et c’est normal. Moi aussi, je me sauverais, il me semble, si je ne voyais pas mes amis.

Q29. Est-ce que ce sont ces jeunes-là, dont vous me parlez, qui ont été sous votre tutelle?

R29. Juste la dernière. Les deux autres, ils étaient trop vieux. Moi, je me suis occupé de la petite fille, pas les deux grands. Les deux grands, on s’en serait occupé, mais j’ai demandé, et ça n’a jamais abouti.

Q30. Ok. Pis c’est les deux grands qui sont restés aussi longtemps.

R30. Oui et eux autres, ils ont de la misère.

Q31. La transition dans la vie adulte, là, elle n’est pas nécessairement acquise.

R31. Non….Moi, je les avais averti « À 18 ans, là, si jamais je te rencontre, là, je vais te le dire moi-même : vous avez manqué votre coup, encore, là. »

Q32. Dans le fond, ce que vous dénoncez, c’est que premièrement, ils gardent certains enfants beaucoup trop longtemps à et qu’il n’y a pas nécessairement l’éducation à apprendre à vivre et à faire la transition vers la vie adulte.

R32. Eux autres, ils le font, mais ce n’est pas la vie réelle. Sur papier, là, mettons… C’est ça qui arrive, mais la réalité, là, c’est une autre histoire. Dans la réalité, le monde est capable de parler, ils sont capables de s’expliquer pourquoi… pourquoi tu es en punition. Il faut que tu apprennes. Pis c’est comme ça que je fais avec la petite fille. C’est comme ça que je leur aurais montré aussi, aux deux autres. Mais la petite fille qu’on gardait, c’est ça que j’avais fait avec elle. Elle était en train de fouiller dans la sacoche de ma femme, et elle volait de l’argent. Je l’ai pognée, et là, j’ai dit : « Hey, tu ne devrais pas faire ça, ces affaires-là. » Mais quand j’ai fait ça, c’est là qu’elle avait été voir son père et la TS. Elle n’a pas aimé ça.

Q33. Ok. Ça fait qu’elle est partie.

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R33. Oui et son père, il l’a crue. Après ça, son père… mettons, la semaine avant qu’il soit mort, il m’a dit : « J’ai regretté d’avoir sorti ma fille de chez vous. »

Q34. De ce que je comprends aussi, c’est que quand ils sont à , les enfants, ils n’ont pas de modèle parental. Comment ça fonctionne dans une maison, comme ça fonctionne dans la vie.

R34. Oui. Eux autres, ils n’ont pas cette chose-là.C’est tellement dur, pour eux autres aussi, parce qu’ils n’avaient pas des parents.

Q35. Leurs deux parents sont décédés?

R35. Oui. Leurs deux parents sont décédés, et à Je n’ai pas remarqué non plus qu’ils étaient dans la bonne voie, disons. C’est triste pour eux autres, ils sont dans la rue, là. Le petit gars il se promène partout, il vient a , il va à il n’a pas d’adresse constante. Même sa sœur qui est enceinte est comme ça. C’est dur. Nous autres, on garde la petite fille, et c’est dur pour nous autres. Elle veut toujours voir sa soeur. Je lui ai dit : « Nous autres, on ne peut pas tout le temps t’amener là-bas, et tu as de l’école ici. On aimerait ça, mais on peut pas. »

Pis après ça, c’est nous autres qu’on se fait traiter de pas corrects. Parce qu’elle nous dit : « Tu ne veux pas que je vois ma famille. » J’ai dit : « Regarde, moi, je n’ai pas le choix, là. Ta sœur est majeure, elle est capable de venir ici. » Elle dit que ça coûte trop cher. Ils ne sont pas capables de se planifier. Ils n’ont pas d’organisation pantoute. Pis, nous autres, on essaie d’organiser la fille qu’on a. Mais elle aussi, elle aimerait tellement ça que ça marche bien, mais j’ai dit, ça marche pas. Elle veut manquer de l’école pour aller voir sa sœur… Il y a plein de petits trucs de même. C’est assez dur, pareil.

Depuis qu’il y a la Commission Viens, je n’ai eu aucune offre pour que des enfants soient placés. Qu’est-ce qui s’est passé au c’est vrai que ça ne bouge plus, c’est mort. On est trois familles d’accueil accréditées au et il n’y a plus eu de placements. Je ne sais pas pourquoi. J’ai posé la question, j’ai dit : « Hey, ça fait quatre mois qu’on n’a plus d’enfant… Quand la Commission reviens, là, c’est là que ça va recommencer à bouger, pis là ils vont nous appeler. Je ne sais pas, c’est spécial.

Q36. C’est comme s’ils avaient mis un stop aux placements.

R36. Un arrêt, un stop en attendant. J’ai un de mes cousins, au qui s’est fait enlever tous ses enfants. Il n’y avait pas de danger pour les enfants ou quoi que ce soit. Il était une famille d’accueil et tous les enfants ont étés placés, même ses enfants à lui. Il est allé à la cour et le juge a dit que les enfants n’étaient pas en danger, qu’il fallait les retourner chez eux. Depuis que la Commission Viens elle est là, on dirait qu’ils rapatrient les enfants dans les maisons! Mais je ne penserais pas que tu

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rencontres beaucoup de familles d’accueil du qui viennent ici pour dire ces affaires-là. Parce qu’on est juste trois, comme je vous disais…

Q37. Mais en même temps, on a aussi fait entendre des gens par rapport à des situations avec la DPJ. Alors peut-être que ça a une incidence sur leur façon de faire, déjà!

R37. Déjà changer, parce que je pense qu’ils se sont fait rencontrer. Il y a eu un meeting, parce que ça… Mettons, s’il n’y aurait pas eu la Commission Viens, ça continuerait encore toutes ces affaires-là, ça n’aurait pas changé.

Q38. Ben, en tout cas, tant mieux, parce que c’est ça notre mandat, c’est d’essayer de provoquer des changements, de dénoncer des choses, d’entendre, dire ce qui se passe, publiquement, d’amener des changements positifs.

R38. Parce que c’est eux autres… Pis, j’en ai entendu une bonne. Un TS, qui a quitté son emploi. Elle a dénoncé qu’ils étaient forcés d’aller enlever des enfants. Ils disent : « Va à telle adresse. » Elle dit : « Non, je vais aller checker avant. » « Non, tu t’en vas chercher les enfants, tu les amènes ailleurs. » C’est ce que le boss lui a dit. Pis elle, elle n’a pas aimé ça alors elle a quitté sa job. Il y en a une couple comme ça, là, qui ont quitté leur job, qui n’étaient pas d’accord. Tu ne peux pas enlever des enfants à des parents alors qu’ils sont corrects. Même si ils boivent, c’est où que c’est marqué dans la loi que tu n’as pas le droit de boire quand tu as des enfants? Eux autres, c’est ça qu’ils comprennent on dirait.

Ma fille, elle a des petites bouteilles de fort chez elle. Elles sont rangées, les enfants ne sont pas capables de les prendre. Pis elle, elle prend un verre de temps en temps. C’est une mère qui a fait la remarque que elle boit des fois, elle prend un verre. L’intervenante été voir ma fille, elle dit : « Hey, tu n’as pas le droit de boire! » « Ben oui, j’ai le droit de boire! C’est où qu’il est marqué que je n’ai pas le droit de boire? Je suis une adulte, je suis responsable, j’ai le droit. » Elle dit : « Amène-moi le, pis je vais arrêter. » Il y en a pas! Là, c’est attaquer la vie privée de la personne. Moi, c’est de même que je le vois.

Les intervenantes, elles sont spéciales. Elles se permettent des choses au , qu’ailleurs on ne ferait pas. Moi, je suis pas mal sûr et certain. Parce que moi, j’ai été dans une famille d’accueil blanche, il y en avait pas de ces affaires-là. Mais rendu au , c’est… On dirait qu’ils sont plus…

Q39. Intrusifs, peut-être?

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R39. Oui. C’est pas le fun. Moi, je le vois, parce que… C’est ça, tantôt, tu m’avais demandé si je pouvais reculer en arrière, pis c’était assez grave comparé à aujourd’hui. Aujourd’hui aussi, c’est encore grave, mais…

Q40. Il y a quand même eu quelques changements…

R40. Quelques petites choses, mais il y a beaucoup de TS au et des fois, il y a des fins de semaines qu’ils viennent patrouiller. Au ils appellent ça la police des jeunes. Mettons, des fois, ils vont embarquer un jeune, ils l’amènent au bureau, ils posent des questions au bureau, sans la présence des parents. J’en connais que c’est ça qu’ils ont eu. Ils posent des questions « avez-vous de quoi, comment… T’es-tu déjà fait touché là… » Le petit gars, il ne comprend pas, là! Il a just ans, l’enfant. Tu n’as pas le droit, me semble qu’il y a des âges que tu peux questionner… Mais là, quand tu t’en vas en bas de ça… le parent, il faut qu’il soit là! C’est ça qu’ils faisaient. C’est ça qu’ils ont fait à mon cousin.

Q41. Ils font des vérifications sans le consentement des parents.

R41. Oui. C’est comme si c’était eux autres, la loi d’eux autres. J’en ai déjà parlé avec une, je ne me souviens plus c’est quoi son nom mais elle n’est plus a . Elle dit : « Je vais aller voir mon gouvernement, moi. » J’ai dit : « Va le voir, ton gouvernement, moi je vais aller voir mon chef, je suis certain que ton gouvernement, là, il ne viendra pas mettre les pieds ici. Moi, mon chef, il va mettre son pied, mais toi, ton gouvernement, il ne viendra pas mettre son pied ici, c’est sûr et certain. Rien que pour toi, je ne penserais pas. » Là, elle me regarde, elle dit : « Ben oui. » « Non. Pantoute. Vas-tu le voir toi-même, vas-le voir, ton premier ministre, tu vas voir qu’il ne viendra pas ici! » Je suis sûr à 100% moi, là, qu’il ne viendra pas ici pour régler rien que ton problème. Elle est partie, elle était choquée, là! Mais j’ai dit : « Regarde, moi, mon chef, c’est sûr qu’il va venir si je l’appelle tout de suite. Mais toi, si tu appelles tout de suite ton premier ministre, il ne sera pas là, pas avant… peut-être qu’il ne viendra jamais, ils vont envoyer quelqu’un d’autre, comme ils font tout le temps.

À un moment donné, on a eu une grosse discussion, quand on a signé notre premier papier. Il y avait la fille, la boss et . Il y avait une autre madame qui regardait les dossiers. L’enquêteur était là et deux TS. On a commencé à parler et là, , elle dit : « je ne veux pas sortir les enfants d’ici. » J’ai dit : « Qu’est-ce qu’ils ont fait les enfants pour les sortir d’ici? » « Ben c’est pas les enfants, c’est vous autres. » « Nous autres, on a rien fait de mal. Qu’est-ce que j’ai fait de mal? » « A , moi, si ça marche pas, là, c’est sûr que je sors les enfants d’ici. » Ben j’ai dit : « Sors-les, les enfants, d’ici! Sors-les, amène-les! Tu vas avoir des explications à faire, toi après. Ça ne marche pas de même, là, comme tu veux. » Elle dit : « Oui, je suis capable de les sortir d’ici. » « Ben vas-y, fais-le! Vous aimez ça travailler ici? Moi, si les enfants partent d’ici, vous autres, vous ne rentrez plus ici demain matin. » « Hein, tu vas nous faire des menaces? » C’est ça qu’elle me dit. « Non, je ne fais pas de menace, c’est vrai. » J’ai dit : « Si vous n’êtes pas content, là, allez travailler ailleurs. » C’est aussi simple que ça. Moi, c’est ça que je vais dire. « Je vais être le

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premier au chemin demain matin là-bas, pour voir si tu es capable de rentrer au u vas voir que tu ne seras pas capable de rentrer. Je vais aller en chercher, moi, du monde, je vais faire du porte à porte, tu vas voir que je vais être au chemin, tu ne rentreras pas ici. » Elle dit : ce n’est pas ça qu’on veut faire, nous autres, je ne suis pas ici pour ça… c’est ça qu’elle a dit. Alors que tantôt, elle me disait qu’elle voulait sortir les enfants.

Q42. Pourquoi qu’elle voulait sortir les enfants?

R42. Je ne le sais pas. C’est concernant la feuille que j’ai signée. Ils veulent décider du fonctionnement chez vous. Ils veulent tout avoir ça à leur manière. Moi, j’ai élévé ces enfantscomme j’ai élevé mes enfants. Ils sont bien élevés. C’est pour ça que j’ai appliqué pour être famille d’accueil, parce qu’il manque de familles d’accueil autochtones. Il n’y en a pas, et tous les enfants sont à l’extérieur. C’est pour ça que j’ai appliqué. Parce que ses neveux étaient placés à l’extérieur.

Q43. Vous, vous saviez que vous n’aviez pas rien fait de mal.

R43. Oui. Pis c’est eux autres, la manière qu’ils voient comment ils sont… Ils veulent amener le règlement de chez eux, chez nous. Moi, j’ai dit : « Non. Moi, ma maison, c’est ma maison, c’est moi qui l’ai bâtie, comment l’atmosphère est dans ma maison, c’est moi qui l’a fait, ce n’est pas toi qui l’a fait. Ce n’est pas vous autres qui êtes venus faire comme ça. C’est moi qui l’ai fait ce règlement-là, ce n’est pas vous autres qui l’avez fait. Moi, j’ai mes règlements, si vous n’êtes pas contents, ben là… » Ils voulaient rentrer le règlement, même des enfants, d’autres enfants chez nous. J’ai dit : « Non. Moi, mes règlements vont rester mes réglements. Si vous n’êtes pas contents, là… Pourquoi vous m’avez accepté pour être famille d’accueil? » Ils faisaient tout à leur manière. Moi, je n’ai pas aimé ça, et j’ai dit : « Non, ça, ça ne se passera plus comme ça. »

Q44. Vous avez mis vos limites.

R44. Oui. Moi, j’ai dit : « Non, si tu rentres ici, tu cognes, partout ailleurs, tu cognes, tu visites. » Chez le chef, elle ne rentrerait comme ça! Une autre famille, oui, vous allez le faire. Parce qu’ils sont une minorité, qu’ils ne sont pas capables de se payer un avocat, ils sont aussi sur le bien-être, ben vous allez rentrer comme ça, comme si vous étiez la police alors que vous ne l’êtes pas. Et ailleurs, vous ne feriez pas ça. J’ai dit ça : « Va rentrer chez le chef, tu vas voir! Le chef, il va te dire : « Attends à la porte. » La bonne manière, c’est ça. » J’ai dit : « Tu ne rentres pas dans les maisons comme ça. »

Q45. Est-ce qu’elle l’a refait?

R45. Non. J’ai été clair. Moi, je n’ai pas peur de parler.

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C’est assez spécial en tout cas, avec la DPJ. Ça fait ans qu’on est famille d’accueil… Je ne sais pas combien d’enfants qu’on a eu. Plus que 25? C’est pas facile. Des fois, quand ils voulaient rentrer leurs règlements… Ma femme est plus facile à manipuler, disons. J’ai dit que je ne voulais pas qu’ils rencontrent ma femme toute seule. Ils l’ont fait déjà, il y en a une qui s’appelait et elle l’a fait pleurer. J’ai dit à : « La prochaine fois, que tu vas la rencontrer, moi je veux être là. Tu ne commenceras pas à crier après ma femme. Tu es capable de parler. Ce n’est pas à elle de payer, en criant après de répondre à son téléphone! » Mais le téléphone, des fois on oubliait notre cellulaire. Mettons, dans les débuts là, quand elle a commencé, tout le monde oubliait. Pis elle dit : « Non, tu n’es pas supposé l’oublier. Tu es supposé l’avoir en tout temps avec toi. » J’ai dit : « On essaie, mais on l’oublie pareil! N’importe quoi, tu peux l’oublier! Tu changes de char, tu vas l’oublier dans l’autre char! Tu t’en vas! Pis, tu es capable de m’attendre, au bureau, tu es capable de venir laisser un petit papier, disant que j’ai passé. » Ils sont comme ça et c’est déplorable pour nous autres. On essaie de les aider le mieux qu’on peut, alors qu’on se fait tout le temps… Nous autres, on est supposé être avec eux autres. On essaie d’être avec eux, mais ça… « C’est nous autres, les boss, c’est moi qui décide. » Oui, tu as ben beau être un boss, mais c’est moi qui élève les jeunes. Moi, j’avais dit : « Si vous êtes pas contentes, pourquoi vous ne gardez pas tous les jeunes, vous autres? Vous êtes les meilleurs, là, ben montrez-le que vous êtes les meilleurs! Chaque jeune, c’est différent, parce quechaque famille est différente. » Oui, il y a des règles, mais ce n’est pas tout le monde qui a des règles. Moi, j’ai des règles chez nous, mais il y en a d’autres, il n’y en a pas de règles! C’est pas si évident que ça… Pis nous autres, c’est tout le temps nous autres. On dirait, on est des méchants, entre les deux. Entre la DPJ, après ça tu as les parents, avec les enfants, pis nous autres, on est au milieu.

Q46. Vous êtes comme entre l’arbre et l’écorce.

R46. Oui, c’est en plein ça. Moi, je garde le jeune, j’aide le jeune, mais on dirait qu’ils ne travaillent pas pour les jeunes. Ils travaillent, on dirait, pour empirer, au lieu d’améliorer. Moi, c’est comme ça que je le vois, en tout cas, aujourd’hui. J’aime bien mieux voir un enfant amélioré, qu’un enfant, mettons… Eux autres aussi, ils seraient supposés me backer à 100% et travailler avec l’enfant. Mais ça ne se fait pas comme ça. Ils ne sont pas contents de telle affaire. C’est ben beau courir après eux autres, mais moi j’ai d’autres enfants à la maison, je ne peux pas courir pour eux autres. J’envoie la police, appeler la police, on a fait toutes nos choses, mais eux autres, on dirait que ce n’était pas assez.

Q47. Avez-vous eu des intervenantes avec lesquelles ça a bien été? Mettons?

R47. Oui. J’en ai avec qui ça a très très très bien été.

Q48. Pis c’était quoi la différence, comment elles agissaient, ces intervenantes-là? Je dis intervenantes, parce que c’est quasiment toujours juste des femmes. Mais…

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ben plus simple, je pense, a , si la personne allait vérifier. Il s’est-tu passé de quoi, mettons, s’asseoir avec les parents, pis : « C’est quoi qui va mal, c’est-tu vrai que tu frappes… » T’sais, travailler avec. C’est des travailleurs sociales! Moi, je te dirais, ça ne travaille pas avec les parents concernant l’enfant. Ça parle plus de : « Il faut que tu fasses ça. » « Tu vas aller dans un centre, tu vas garder… c’est ça qu’il faut que tu fasses si tu veux avoir ton enfant. Il faut que tu ailles dans un centre. Après ça, on arrangera tout. » Ok. La personne y va au centre, les deux couples y vont. Ils vont dans un centre. Pis après ça, elle, la TS, elle va dire : « Ok, je vais te redonner ton enfant, après avoir été dans un centre. » « Ok. » Les parents y vont. Après ça, ils repassent en cour, pour avoir ses enfants, ils se font carrément dire non. « On garde tes enfants, on les fait placer encore pour un autre six mois. » Après ça, il revient encore, un autre six mois.

Q50. Ils font ce qu’on leur demande, pis ça ne marche pas.

R50. Ouais. Pis après ça, qu’est-ce que tu penses qui arrive? Mettons, côté autochtone, il y a la drogue, il y a de la bière, de la boisson beaucoup. Ils vont rechuter. On dirait, ils font ça pour garder leur job plus longtemps. Rien que pour une comme ça, les TS qu’il y a, c’est un peu exagéré. Et tout le monde fait des plaintes, des fois ils vérifient, des fois ils ne vérifient pas… et ils amènent l’enfant. C’est plein de petits trucs comme ça. Ce n’est pas vivable, là.

Se faire enlever ses enfants comme ça, c’est… Non. Ils devraient faire comme la police : vérifier tout, après ça, tu t’en vas voir le parent. Tu ne peux pas aller amener l’enfant comme ça, c’est kidnapper, dans un sens. Je ne sais pas si les DPJ sont protégés de ça. Il me semble qu’ils ne devraient pas les protéger non plus. Parce qu’un DPJ, c’est un être humain et l’être humain, il peut faire n’importe quoi. C’est pareil comme la police. La police, elle n’a pas le droit de l’enlever… Les parents ne sont jamais là quand ils rencontrent les enfants.

Mon garçon n’allait pas à l’école parce qu’il a eu un accident grave, il a perdu son et il ne voulait pas aller à l’école. Il se tenait dans la cour d’école. Moi, j’ai été le ramasser et je l’ai rentré dans la classe. Je n’aurais jamais dû faire ça. la DPJ s’en vient chez nous, elle dit : « J’amène ton enfant. » « Où? » « Ben je l’amène, il ne va pas à l’école, pis il faut que je l’amène. » Une demi-heure après, mon garçon était rendu à la maison. Il me l’a ramené parce que mon fils, parce qu’il a perdu un accident, il avait le droit de manquer une année d’école, selon la loi. C’est ce qui m’a aidé. Mais elle, elle ne savait pas.

Q51. Pis elle, elle l’enlevait sous prétexte qu’il n’allait pas à l’école.

R51. Qu’il n’allait pas à l’école. C’est-tu un danger, ça, de ne pas aller à l’école? Je ne penserais pas, moi. Il était capable de venir me dire : « Hey, paye-toi un professeur pour qu’il vienne l’éduquer à la maison. » Normalement, ça serait supposé d’être ça. Et non de l’amener. Ben moi, j’ai dit : « Non, il y a une firme d’avocats en arrière de lui, fait que… tu vas voir, il va être ici tantôt. Je ne m’inquiète pas pantoute. » C’est ça que je leur ai dit. Quand il y a un avocat, c’est ça. Mais quand tu

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n’en as pas, là! C’est sûr que ce n’est pas tout le monde qui… qui est pas capable de payer un avocat. J’ai déjà dis à d’autres : « Prends-toi un avocat. Mets-le là ton argent, au lieu d’aller le mettre dans tes promenades, dans tes dépenses. Mets-le là, tu vas voir, ton enfant, il va être là. Une demi-heure, une heure après, tu vas voir, il va être là. Parce qu’eux autres, ils ne suivent pas les lois. Ils se permettent. »

La DPJ, c’est des travailleurs sociaux, c’est des personnes diplômées. Tu ne travailles pas pour enlever des enfants. Tu travailles pour les garder, mettons… Oui, il y a des problèmes, des parents, mais c’est ça ta job, là.

Q52. Oui, c’est de les aider, eux, à s’occuper du bien de leurs enfants.

R52. Ils ne font qu’enlever, pis ils les placent là-bas. C’est dommage, mais c’est la réalité. La réalité au c’est ça.

Q53. Ok. Avez-vous quelque chose à rajouter?

R53. Avant de garder mes neveux, ils restaient en ville. Ils nous disaient qu’ils étaient placés 4 enfants dans une chambre. Oui, comparé à chez nous, ils n’avaient même pas le droit de dormir 2 par chambre. Nous autres, on entendait dire qu’ils dormaient dans le même lit. La personne avait dix enfants dans sa maison et elle avait seulement trois chambres! Combien d’argent tu penses qu’elle a fait, la madame. Nous autres, quand on nous a accrédité, c’était pas plus que 5.

Q54. Avez-vous dénoncé ça?

R54. Oui, on en a parlé, mais eux autres, ils se protègent, eux autres. Les deux personnes se connaissaient, c’était deux chums. Ils se protégeaient. On nous disait : « Ah non, ce n’est jamais arrivé, ça, ces affaires-là. » Ben, nous autres, les enfants, ils disent la vérité. En plus, elle a dormi avec sa famille d’accueil! C’est ça que j’ai dit à la boss mais elle disait : « Non, non. Ce n’est même pas vrai, ça. »

C’est assez spécial, en tout cas, les cas comme ça. Aujourd’hui je ne le sais pas, parce que là, tu as la fédération avec les familles d’accueil, qui vérifie ces choses-là. Il y a plus de contrôle, ça paraît, parce que tout le monde, c’est 5. Ça veut dire que tu n’as pas le droit de dépasser 5. Nous autres, on a eu 5, le plus. Deux bébés, deux mamans e Mai elle ne compte plus parce qu’elle est en tutelle.

Au ça avait brassé un peu, là. Ils disaient que les familles d’accueil n’étaient pas trop protégées… Ben, au , en tout cas. Parce que nous autres, on se faisait malmener un peu par les choses qui arrivent. C’est tout le temps les familles d’accueil se font pointer du doigtTu travailles

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pour l’enfant. Le bien de l’enfant, c’est supposément être ça. Moi, c’est ça que je fais en tout cas, avec les enfants. Oui, on est sévère. Nous autres… Moi, je suis un papa sévère. Pas sévère, sévère, mais plus sévère dans les manières de vivre.

Q55. Vous avez des règles, des limites.

R55. Oui. C’est pour ça qu’on m’avait dit : « Tu deviens famille d’accueil à cause que tu l’as, mettons, la « touch », tu l’as. Mettons un enfant qui ne veut pas écouter, tu es capable de lui parler, toi, pis d’être « straight » avec eux autres. Pis il n’y en a pas ben ben. Au c’est dur d’avoir ça… Mettons, moi, comparé aux autres familles d’accueil. Les autres familles d’accueil ne sont pas comme moi. Elles sont plus douces, elles laissent plus…

Q56. Plus laxistes…

R56. Plus… Mettons… Mais nous autres, on travaille avec les enfants, vraiment. Peut-être même trop, des fois, on laisse du lousse, mais tu les laisses courir, des fois, s’amuser, tout, il faut ça dans la vie. Mais eux autres, c’est tout le temps comme… tout le temps, tout le temps. Comment ça, vous autres, vous ne faites rien aux autres? C’est ça que j’ai posé, la question, une fois, à une TS. J’ai dit : « Pourquoi nous autres, on est tout le temps à être reproché … regarde les autres familles d’accueil qui sont ici, là, qu’est-ce vous faites? » Puis c’est quoi, eux autres, ils seraient supposés faire quoi? À élever des enfants, pareil comme si c’était leurs enfants. C’est comme ça que ça serait supposé de marcher. Mais si l’enfant est trop vieux, ça ne donne rien, là, il y a une autre technique à faire. Parce que ce n’est pas toi qui l’a élevé. C’est plus dur, pis c’est plus « touché ». Fait que moi, je les laisse courir, les ados. Parce qu’il y a des ados, tantôt, quand ils vont être délinquants…Qu’ils se débrouillent, mettons, qu’ils aient leur fun. Moi, j’ai eu mon fun. Toute ma jeunesse, j’ai eu mon fun. Pis regarde, aujourd’hui, je suis un homme correct. Mais j’ai eu mon fun quand j’étais jeune. J’ai dit : « Oui, on en fait des erreurs… Il n’y a personne de parfait. ». Je ne dis pas s’ils n’étaient pas bien… dans la drogue, dans la boisson.

C’est tellement dur a je trouve ça dur pour eux-autres. Des fois, ils sont tannés, à cause de tout ce qu’il se passe. Ils perdent tous leurs enfants. Ils faut qu’ils mettent leur pied à terre. Des fois, il y en a qui n’ont rien alors c’est dur de garder les enfants, de leur donner une éducation. On nous amenait des enfants et on leur posait plein de questions, comment ils étaient. Mais les parents ne sont pas toujours là quand on les rencontre. En fait, ils n’ont pas le droit de venir nous voir, c’est à nous de décider, quand le juge donne l’autorisation. Mais des fois, la TS ne veut pas, malgré la décision du juge. Il y a quelque chose qui ne marche pas. Et d’autres fois, les intervenants décident le nombre d’enfants qu’on a le droit d’avoir, alors que la loi c’est 5 enfants.

Pour nous, c’est pas mal ça.

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