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4S118 Rev Neurol (Paris) 2005 ; 161 : 12 pt 2, 4S111-4S127 deux paradigmes, le traitement des émotions dans les DFT. Matériel et méthodes : Le premier paradigme est une tâche de décision lexicale où nous étudions le temps de réponse (TR) pour la reconnaissance de mots en fonction de leur valence émotionnelle (Positif, Neutre, Négatif, Dégoûtant). Le second paradigme est une tâche de traite- ment implicite de scènes de différentes valences émotion- nelles (Positif, Neutre, Dégoûtant) où nous étudions le TR en fonction de la valence émotionnelle de la scène. Nous comparons les résultats du groupe DFT (N = 11), à ceux d’un groupe de témoins (N = 11), et d’un groupe de témoins Jeunes (N = 16). Résultats : Nous observons chez les témoins Jeunes un allongement significatif du TR pour le dégoût par rapport au neutre, aussi bien pour les mots (F (1,45) = 4.37, p = 0.042) que pour les scènes (F(1,34) = 10.36, p = 0.003) . L’effet du contenu émotionnel des mots ou des scènes s’es- tompe chez les témoins âgés. Nous voyons réapparaître chez les DFT un effet significatif du dégoût par rapport aux stimuli neutres pour les mots (F(1,30) = 12.85, p = 0.001) et les scènes (F(1,34) = 9.29, p = 0.006). Un test de Student montre, dans les deux paradigmes, que cet effet du dégoût sur le TR est significativement plus marqué (p = 0,001) chez les DFT que chez les Témoins Jeunes. Conclusion : Le résultat principal est une hypersensibilité des patients aux stimuli dégoûtants. La négligence de l’hy- giène pourrait correspondre à la difficulté des patients à se désengager des stimuli dégoûtants, suite à une levée d’inhi- bition. L'attirance naturelle pour les stimuli dégoûtants (stade anal du développement de l’enfant) réprimée par la maturation progressive des lobes orbito-frontaux (acquisi- tion des conventions sociales) durant l’enfance, s’exprime- rait de nouveau dans les DFT sous l’effet des lésions neuro- dégénératives frontales. P3-16 Préservation de l'effet d'exposition pour des objets non familiers dans la maladie d'Alzheimer débutante A.M. Ergis 1 , E. Bonnet 1 , F. Fossati 2, 3 , M. Sarazin 4 1 Laboratoire de Psychologie Clinique et de Psychopathologie, Paris 5, France ; 2 Service de Psychiatrie adulte, Groupe hospitalier Pitié- Salpêtrière, Paris, France ; 3 CNRS, UMR 7593 ; 4 Service de Gériatrie, Hôpital Bretonneau, Paris, France. Objectifs : L’étude des liens entre mémoire et émotions s’avère essentielle pour mieux comprendre l’intrication des troubles émotionnels et des troubles mnésiques présente dans de nombreuses pathologies. A ce jour, très peu de tra- vaux ont étudié ces liens dans la maladie d'Alzheimer (MA). L'effet d'exposition, mis en évidence par Zajonc (1968) dans des tâches de jugement de préférence, se tra- duit par une augmentation des attitudes positives pour des stimuli nouveaux qui ont été préalablement exposés. Il serait de nature implicite, de même nature que l'amorçage, dans la mesure où il a été observé chez des patients amné- siques incapables de reconnaître les stimuli présentés. L'objectif de cette recherche était d'étudier l'effet d'exposition chez des patients MA, qui présentent des perturbations mné- siques et émotionnelles, en utilisant du matériel visuel non familier, sans représentations préexistantes en mémoire. Matériel et méthodes : Dix patients avec MA débutante non déprimés et 9 sujets contrôles appariés selon l'âge et le niveau d'études ont été inclus. Ils ont tout d'abord passé plusieurs épreuves neuropsychologiques et des échelles évaluant l'humeur et les émotions (GDS; EHD de Jouvent et al., 1988 ; échelle d'apathie de Marin, 1991 ; échelle d'Abrams et Taylor ; 1978); échelles d'anhédonie). Dans la tâche de jugement de préférence, les stimuli étaient des des- sins tridimensionnels représentant des objets non familiers possibles ou impossibles, issus du matériel de Cooper et al. (1991). Ils étaient présentés aux sujets 1, 5 ou 10 fois. Lors de la phase de test, des dessins anciens et nouveaux leur étaient présentés. La tâche des sujets était alors de porter un jugement de préférence sur ces dessins à l’aide d’une échel- le allant de 1 à 10. Cette tâche était suivie d’une épreuve de reconnaissance. Résultats : L'analyse des résultats a montré (1) un effet d'exposition comparable à celui des témoins chez les patients MA, alors que dans les tâches classiques les patients ont des effets d'amorçage perturbées pour du maté- riel nouveau; (2) que les performances des patients étaient altérées en reconnaissance ; (3) que contrairement aux don- nées de la littérature, tous les sujets ont également montré un effet de préférence – bien que moins important – pour les objets impossibles. Discussion : Ces résultats montrent que les patients MA sont capables de créer de nouvelles représentations en mémoire implicite, et de développer des jugements affectifs positifs à partir de matériel neutre, malgré leurs troubles en mémoire explicite. P3-17 Déficits Attentionnels dans la Maladie d'Alzheimer et Conduite Automobile V. Etienne, C. Marin-Lamellet Institut National de Recherche sur les transports et leur Sécurité (INRETS), Laboratoire Ergonomie et Sciences Cognitives pour les Transports (LESCOT), 25 Avenue F. Mitterrand 69675 Bron cedex, France. Objectifs : La problématique de ce travail de recherche est centrée sur l'étude des déficits attentionnels que l'on observe dans le début de la maladie d'Alzheimer (MA), en lien avec les

P3-17 Déficits Attentionnels dans la Maladie d’Alzheimer et Conduite Automobile

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Page 1: P3-17 Déficits Attentionnels dans la Maladie d’Alzheimer et Conduite Automobile

4S118 Rev Neurol (Paris) 2005 ; 161 : 12 pt 2, 4S111-4S127

deux paradigmes, le traitement des émotions dans les DFT.

Matériel et méthodes : Le premier paradigme est unetâche de décision lexicale où nous étudions le temps deréponse (TR) pour la reconnaissance de mots en fonctionde leur valence émotionnelle (Positif, Neutre, Négatif,Dégoûtant). Le second paradigme est une tâche de traite-ment implicite de scènes de différentes valences émotion-nelles (Positif, Neutre, Dégoûtant) où nous étudions le TRen fonction de la valence émotionnelle de la scène.

Nous comparons les résultats du groupe DFT (N = 11), àceux d’un groupe de témoins (N = 11), et d’un groupe detémoins Jeunes (N = 16).

Résultats : Nous observons chez les témoins Jeunes unallongement significatif du TR pour le dégoût par rapportau neutre, aussi bien pour les mots (F (1,45) = 4.37, p =0.042) que pour les scènes (F(1,34) = 10.36, p = 0.003) .L’effet du contenu émotionnel des mots ou des scènes s’es-tompe chez les témoins âgés. Nous voyons réapparaîtrechez les DFT un effet significatif du dégoût par rapport auxstimuli neutres pour les mots (F(1,30) = 12.85, p = 0.001)et les scènes (F(1,34) = 9.29, p = 0.006). Un test de Studentmontre, dans les deux paradigmes, que cet effet du dégoûtsur le TR est significativement plus marqué (p = 0,001)chez les DFT que chez les Témoins Jeunes.

Conclusion : Le résultat principal est une hypersensibilitédes patients aux stimuli dégoûtants. La négligence de l’hy-giène pourrait correspondre à la difficulté des patients à sedésengager des stimuli dégoûtants, suite à une levée d’inhi-bition. L'attirance naturelle pour les stimuli dégoûtants(stade anal du développement de l’enfant) réprimée par lamaturation progressive des lobes orbito-frontaux (acquisi-tion des conventions sociales) durant l’enfance, s’exprime-rait de nouveau dans les DFT sous l’effet des lésions neuro-dégénératives frontales.

P3-16 Préservation de l'effet d'exposition pourdes objets non familiers dans la maladied'Alzheimer débutante

A.M. Ergis1, E. Bonnet1, F. Fossati2, 3, M. Sarazin4

1 Laboratoire de Psychologie Clinique et de Psychopathologie,Paris 5, France ; 2 Service de Psychiatrie adulte, Groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris, France ; 3 CNRS, UMR 7593 ; 4 Service de Gériatrie, Hôpital Bretonneau, Paris, France.

Objectifs : L’étude des liens entre mémoire et émotionss’avère essentielle pour mieux comprendre l’intrication destroubles émotionnels et des troubles mnésiques présentedans de nombreuses pathologies. A ce jour, très peu de tra-vaux ont étudié ces liens dans la maladie d'Alzheimer(MA). L'effet d'exposition, mis en évidence par Zajonc

(1968) dans des tâches de jugement de préférence, se tra-duit par une augmentation des attitudes positives pour desstimuli nouveaux qui ont été préalablement exposés. Ilserait de nature implicite, de même nature que l'amorçage,dans la mesure où il a été observé chez des patients amné-siques incapables de reconnaître les stimuli présentés.L'objectif de cette recherche était d'étudier l'effet d'expositionchez des patients MA, qui présentent des perturbations mné-siques et émotionnelles, en utilisant du matériel visuel nonfamilier, sans représentations préexistantes en mémoire.

Matériel et méthodes : Dix patients avec MA débutantenon déprimés et 9 sujets contrôles appariés selon l'âge et leniveau d'études ont été inclus. Ils ont tout d'abord passéplusieurs épreuves neuropsychologiques et des échellesévaluant l'humeur et les émotions (GDS; EHD de Jouventet al., 1988 ; échelle d'apathie de Marin, 1991 ; échelled'Abrams et Taylor ; 1978); échelles d'anhédonie). Dans latâche de jugement de préférence, les stimuli étaient des des-sins tridimensionnels représentant des objets non familierspossibles ou impossibles, issus du matériel de Cooper et al.(1991). Ils étaient présentés aux sujets 1, 5 ou 10 fois. Lorsde la phase de test, des dessins anciens et nouveaux leurétaient présentés. La tâche des sujets était alors de porter unjugement de préférence sur ces dessins à l’aide d’une échel-le allant de 1 à 10. Cette tâche était suivie d’une épreuve dereconnaissance.

Résultats : L'analyse des résultats a montré (1) un effetd'exposition comparable à celui des témoins chez lespatients MA, alors que dans les tâches classiques lespatients ont des effets d'amorçage perturbées pour du maté-riel nouveau; (2) que les performances des patients étaientaltérées en reconnaissance ; (3) que contrairement aux don-nées de la littérature, tous les sujets ont également montréun effet de préférence – bien que moins important – pourles objets impossibles.

Discussion : Ces résultats montrent que les patients MAsont capables de créer de nouvelles représentations enmémoire implicite, et de développer des jugements affectifspositifs à partir de matériel neutre, malgré leurs troubles enmémoire explicite.

P3-17 Déficits Attentionnels dans la Maladied'Alzheimer et Conduite Automobile

V. Etienne, C. Marin-Lamellet

Institut National de Recherche sur les transports et leur Sécurité(INRETS), Laboratoire Ergonomie et Sciences Cognitives pour lesTransports (LESCOT), 25 Avenue F. Mitterrand 69675 Bron cedex,France.

Objectifs : La problématique de ce travail de recherche estcentrée sur l'étude des déficits attentionnels que l'on observedans le début de la maladie d'Alzheimer (MA), en lien avec les

Page 2: P3-17 Déficits Attentionnels dans la Maladie d’Alzheimer et Conduite Automobile

4S119COMMUNICATIONS AFFICHÉÉS : Neuropsychologie

capacités de conduite automobile. Les personnes atteintes deMA, présentent un taux et un risque plus élevés d'accident de lacirculation (Cooper et al., 1993 ; Tuokko et al., 1995). Cerisque est principalement dû au fait que les conducteursdéments présentent dès les premiers stades de la maladie, desdéficits attentionnels importants, dont ils ne sont pas conscients(Kotler-Cope & Camp, 1995). Ces déficits concernent princi-palement l'inhibition des informations non pertinentes de l'en-vironnement, et la fixation dans des procédures comportemen-tales stéréotypées. Nous avons proposé comme hypothèse queles patients atteints de MA ne peuvent plus effectuer, dans l'ac-tivité de conduite automobile, une analyse fonctionnelle cor-recte de la scène routière, qui se traduit par une réduction de larecherche d’informations visuelles pertinentes dans l’environ-nement routier.

Matériel et méthode : Afin de tester cette hypothèse, nousavons réalisé un travail d'analyse détaillée des stratégies d'ex-ploration visuelle, en situation de conduite. L’expérience aconsisté en une analyse des regards portés dans l’environne-ment routier grâce à des enregistrements vidéo de situationsréelles de conduite réalisés par l’étude SEROVIE (Marin-Lamellet et al., 2003). Nous avons recueilli les données pour 10patients en stade précoces de MA (critères SEROVIE) et 10témoins âgés appariés en âge, sexe et niveau d’étude.

Résultats : Les résultats obtenus révèlent que les patients MApassent significativement plus de temps (en secondes) à regar-der fixement la route devant eux que les témoins. Les patientspassent également significativement moins de temps à recher-cher des informations dans le reste de la scène visuelle, alorsque les témoins explorent systématiquement plus l’environne-ment routier.

Conclusion : Les dégradations des capacités attentionnellesdes conducteurs atteints de MAentraîne une exploration visuel-le significativement réduite de l’environnement routier et unappauvrissement des stratégies de prises d’informations perti-nentes par rapport à des conducteurs âgés sans pathologie. Lespatients présentent au niveau attentionnel, un seuil d’intégra-tion des informations pertinentes plus élevé, en raison de leurincapacité à gérer correctement le flux d'informations. Cesrésultats nous invitent à approfondir notre réflexion et à prendreen compte au sein de la MA, les déficits de plus haut niveau,tels que les déficits exécutifs, comme les troubles d'inhibition.

P3-18 Démence suite à un trouble bipolaire :caractérisation neuropsychologique

E. Haëm, L. Laurier-Grymonprez, F. Pasquier, F. Lebert

Centre de la Mémoire 59270 Bailleul

Objectif : Un déclin cognitif est décrit dans l'évolution d'untrouble bipolaire et certains patients peuvent développer un étatdémentiel les amenant à consulter un centre de la mémoire.

L'objectif de l'étude est de qualifier le type de démencede ces patients à travers une étude rétrospective de patientssuivis depuis au moins 5 ansPatients et méthodes : Les patients inclus dans l'étude répon-daient aux critères de trouble bipolaire (DSMIV) avant l'âgede 50 ans et aux critères de démence (DSMIV) lors de leurpremière consultation. Le score au MMS devait être >18 et ilsdevaient avoir bénéficié d'un bilan cognitif et d'une imageriepar IRM et SPECT. Le suivi neuropsychologique comprenaitle MMS, la DRS, la Grober & Buschke et des épreuves éva-luant les fonctions instrumentales et exécutives.Résultats : Dix patients ont été inclus (6F / 4H) dont l'âgemoyen était de 64,2 ans (+ 4,76). La plainte cognitive surve-nait en moyenne 28,3 ans après le début du trouble bipolaire.Le suivi neuropsychologique moyen était de 27 mois avec 2,6bilans. Le bilan initial mettait en évidence : une baisse modé-rée de l’efficience cognitive globale (DRS = 128 + 11). Ilapparaissait un trouble de MLT caractérisé par un défaut derécupération active. Un déficit était également observé sur desépreuves de MDT, d’organisation perceptive de type visuo-graphique complexe (figure de Rey) visuo-perceptive (figuresenchevêtrées) ou de coordination visuo-motrice (cubes deKohs). Les fonctions exécutives étaient déficitaires et s’ac-compagnaient souvent d’un défaut d’initiation et du contrôleattentionnel.

Le suivi révélait : une faible évolutivité du score moyen à laDRS (126 + 9) et une relative stabilité des déficits observéslors de la première exploration cognitive. À 5 ans tous lespatients présentaient encore un score au MMS > 18.Finalement 2 patients répondaient aux critères de démence àcorps de Lewy et un à ceux de démence vasculaire. Pour les 7autres patients, la cause de la démence n'était pas identifiéemême après un suivi de 5 années.Conclusion : Cette étude préliminaire fait suspecter unedémence spécifique aux troubles bipolaires, peu évolutive, detype sous-corticale, qui n'est pas sans rappeler le concept dedémence vésanique.

P3-19 Exploration des processus inhibiteursdans la maladie d’alzheimer

M. Hogge1, L. Blavier1, F. Collette1, 2, E. Salmon2

1 Unité de Neuropsychologie, 2 Centre de Recherche du Cyclotron, Université de Liège, Belgique

Introduction : Des déficits d'inhibition ont fréquemmentété observés dans la maladie d'Alzheimer. En particulier,diverses études ont montré que les patients Alzheimer pré-sentent des difficultés d'inhibition au test de Stroop ainsiqu'à des épreuves d'amorçage négatif. Néanmoins, les tâchesd'amorçage négatif généralement utilisées sont relativementcomplexes (utilisation de figures superposées) et nécessitentun recours aux processus de dénomination d'objets. Dès lors,

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