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LA LETTRE DU HÉRISSON 36 e CONGRÈS Souvenirs et analyse PAGE 4 EN CADEAU La carte de France des combats et des initiatives PAGES 6-7 Reconnue d’utilité publique depuis 1976 > LH N°245 > Printemps 2012 Gaspillage Changeons les règles du jeu !

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LALETTREDUHÉRISSON

36e CONGRÈS

Souvenirs et analysePAGE 4

EN CADEAU

La carte de Francedes combats etdes initiatives PAGES 6-7

Reconnue d’utilité publique depuis 1976> LH N°245 > Printemps 2012

GaspillageChangeons les règles du jeu !

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Militants ou amis du mouvement, nous étions plus de2000 personnes à Montreuil pour faire passer le grand oralde l’environnement aux principaux candidats à l’électionprésidentielle et les faire réagir à l’Appel des 3000 pour uncontrat environnemental. Les médias s’en sont largementfaits l’écho. Ce samedi était aussi, grâce au village associatif, un mo-ment convivial et un beau témoignage de la diversité desactivités des associations de défense de la nature et del’environnement. Cette journée a été riche de rencontres.Nous avons eu la sensation très forte d’être sous une seuleet même bannière. Ce tour de force n’aurait pu réussirsans tout le travail des militants qui, quotidiennement,depuis des décennies construisent, pierre après pierre, cemouvement. Je suis fier de porter ce travail collectif.Notre mouvement, et les citoyens en général, doivents’immiscer dans les élections présidentielles et législa-tives. Elles ne se feront pas sans que nous fassions enten-dre notre voix.Nous attendions les candidats à la présidentielle au tour-nant de l’environnement, ils se sont exprimés. Nous avonsdécortiqué leurs interventions et nous vous livrons au-jourd’hui notre analyse (voir pages 4 et 5). Chacun se feraune opinion et votera selon sa sensibilité. Souvent, leurs engagements ne sont pas au niveau de nosattentes. Mais ils parlent enfin d’artificialisation des sols.Et il en va de même pour le nucléaire : le sujet n’est plustabou. Le doute s’est insinué. Ce sont des avancées indé-niables. Et tous ont retenu la nécessité d’un dialogue en-vironnemental organisé et permanent. Certes, on peutpenser qu’il ne s’agit que de promesses. Mais elles ont étéprononcées, publiquement. Nous poursuivons le travailavec les candidats et leurs équipes afin de les amener àpréciser leurs engagements : comment comptent-ils lesmettre en œuvre, selon quel calendrier, avec quelsmoyens ? Au-delà, il nous appartiendra, si l’un d’eux ac-cède aux plus hautes fonctions de la République, de luirappeler les engagements pris lors du congrès de FNE. •••

édito

PARTENARIAT

Soutenir le mouvement associatifDepuis 2005, le Crédit Coopératif, banque de l’économie sociale et solidaire, estpartenaire de FNE et soutient le mouvement associatif grâce à deux produitsbancaires solidaires : le Livret et la Carte Agir. Chaque année depuis 2005, les dons du Livret et de la Carte Agir aident les associations du mouvementFNE à réaliser des dizaines de projets de protection de la nature et de l’environnement réalisés sur l’en-semble du territoire. En 2011, cinquante projets ont été primés grâce aux dons de l’année 2010.Le nouvel appel à projets a été lancé en février 2012. Cette année, les projets s’inscriront dans la pers-pective des élections législatives (interpellation des candidats, sensibilisation du grand public…). Lesassociations ont jusqu’au 20 mars pour y répondre. Le jury chargé de la sélection des projets, composéde bénévoles et salariés de la fédération, se réunira en mars. La remise des prix aura lieu lors de notrel’Assemblée Générale à Rochefort le 31 mars. Une partie des dons du Livret Agir a également permis de soutenir notre 36e Congrès à Montreuil,L’Appel des 3000 pour un contrat environnemental. Avec son stand tout proche du village associatif,le Crédit Coopératif était à nos côtés et a renouvelé son engagement auprès de notre mouvement lorsde ce grand rassemblement. Au-delà des dons issus du livret Agir, nous poursuivons avec la banque une réflexion pour définir desoutils répondant au mieux aux besoins bancaires et financiers des associations du mouvement. •••

PLUS D'INFOS SUR WWW.CREDIT-COOPERATIF.COOP ET SUR FNE.ASSO.FR

BRUNO GENTYPRÉSIDENT DE FNE

La Lettre du Hérisson est éditée par France Nature Environnement, fédération française des associations de protection de la nature et de l’environnement, fondée en 1968, reconnue d’utilité publique en 1976. Directeur de la Publication : Bruno Genty Rédaction en chef : Bénédicte de Badereau FNE, 81- 83 boulevard de Port-Royal, 75013 Paris / www.fne.asso.fr /[email protected] Conception graphique et réalisation : agence Cito / www.cito.fr Impression : Imprimerie Nouvelle / 93, avenue Denis Papin / 45 800 Saint-Jean-de-Braye Routage : Dautry Dépôt légal : mars 2012 / ISSN 1632 4315 La reproduction des articles de la Lettre du Hérisson est autorisée sous réserve d’en citer la source datée et les auteurs. La Lettre du Hérisson est imprimée sur du Cyclus Print, un papier recyclé, par un imprimeur labellisé Imprim’ Vert. Cela signifie qu’il respecte trois objectifs : la bonne gestion des déchets dangereux, la sécurisation des stockages de produits dangereux et l’exclusion des produits toxiques des ateliers.

ACTUS

TRANSPORT ET BIODIVERSITÉ

Un guide pour agir Comment réagir face à un projet d’autoroute ? Quels critères prendre en compte pour construire saposition ? Comment détecter les manques d’un dossier d’enquête publique ? France NatureEnvironnement a élaboré un guide pour répondre à toutes les questions qui se posent lors de l’élabo-ration d’un projet d’infrastructures de transport. À destination des associations, il leur fournit les cléspour assurer une participation efficace aux différentes étapes qui jalonnent la conduite d’un projet d’in-frastructure. Infrastructures de transport et biodiversité, guide d’aide au positionnement et à l’action des associations, dis-ponible sur fne.asso.fr, rubrique « Je m’informe » •••

© FNE

EN CHIFFRES

78 % des Européens pensent

que la lutte contre le changement climatique

peut stimuler l’économie et créer de l’emploi,

contre 63 % en 2009.Octobre 2011 – Eurobaromètre

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SANTÉ-ENVIRONNEMENT

Contre le bruit des vols de nuit En 2010, en moyenne 160 avions ont survolé chaque nuit Roissy et ses environs,soit plus de 60 000 vols par an. Cargos, compagnies low cost, vols de la Poste,charters et vols réguliers se relaient dans le ciel nocturne. Pour les riverains, il nes’agit pas d’une simple gêne : cette exposition prolongée au bruit provoque dela fatigue, du stress, des troubles psychiques ou encore des maladies cardio-vas-culaires. Depuis septembre 2011, FNE a donc rejoint le groupe « Vols de Nuit »piloté par l'Autorité de Contrôle des Nuisances Aéroportuaires (ACNUSA).Cette dernière invite associatifs, élus et professionnels à dialoguer pour trouverdes solutions pour les populations. Nous demandons une réduction effective etplanifiée du nombre de vols entre 22 heures et 6 heures du matin dans le ciel desaéroports proches des zones urbanisées.•••

< En 2011, nos 21 affiches placardées dans le métro parisien juste avant le Salon de l’agriculture ont créé le buzz.

FNE DANS LES MÉDIAS

AGRICULTURE

Après les affiches, les chiffres

L'écologie perd son ministère« On se retrouve dans un no man's land, pour la première fois depuis une qua-rantaine d'années » a regretté Bruno Genty après l’annonce du départ de Na-thalie Kosciusko-Morizet du Ministère de l’écologie et la prise en charge deses fonctions par le Premier Ministre. AFP, le 23 février 2012.

Un calendrier à respecter« Les dates de chasse ne sont pas décidées pour faire plaisir aux écolos maispour tenir compte de la reproduction des animaux », a rappelé Benoît Hart-mann, porte-parole de FNE.Le Monde, le 20 janvier 2012.

ACTUS

Lors du Salon de l’agriculture 2011, FNE a alerté l’opinion publique sur lesexcès de l’agriculture productiviste. Cette année, sondage à l’appui, FNE ainterpellé les candidats à la présidentielle.« Bonnes vacances », « Gros menteur », « Kill Bees »… En février 2011, notre campagne sur la pro-lifération des algues vertes, l’utilisation des pesticides et les OGM importés pour les élevages adéfrayé la chronique. Un an après, l’urgence environnementale est toujours là et les citoyens récla-ment un changement de modèle agricole. Pour preuve, le sondage FNE/CSA réalisé en février : 56 %des Français souhaitent une réduction du nombre de porcs en Bretagne, 73 % d’entre eux s’inquiè-tent de la présence de pesticides dans leur alimentation et 91 % plébiscitent l’étiquetage « nourri sansOGM » réclamé par FNE pour les produits animaux. La balle est désormais dans le camp des can-didats aux élections présidentielles. Après leurs déclarations encourageantes au congrès de FNE, ilsdoivent s’engager concrètement dans la réduction de l’usage des pesticides, le développement del'agriculture biologique et le verdissement de la politique agricole commune (PAC). •••

Nous aider autrement Avec le printemps, de nouveaux produits sont arrivés dans les rayons de laboutique FNE ! Badges, clés USB : équipez-vous et soutenez le mouvement.Rendez-vous sur Planetik-fne.com

Retrouvez toute l’actualité de France Nature Environnement sur fne.asso.fr

Pages réalisées par Bénédicte de Badereau et Juliette Quidet-Marty avec les chargés de mission.

MER ET LITTORAL

TK Bremen, une affaire à suivreA peine plus de dix ans après la catastrophe de l’Erika, le TK Bremen, cargo battant pavillon maltais,s’est échoué le 16 décembre dans le Morbihan, sur la plage de dunes de Kerminihy. L’accident aengendré une pollution liée à la dispersion d’une partie du carburant contenu dans les cuves ducargo. Le navire va devoir être démantelé sur place. Son échouage et son démantèlement risquentbien de provoquer des dégâts graves pour l’environnement. FNE ainsi que Bretagne Vivante, ontporté plainte en janvier dernier, se constituant partie civile auprès du Tribunal de grande instancede Brest. •••

Le TK Bremen s’est échoué sur le plus grand massif dunaire de Bretagne, une zone classée Natura 2000

Initiatives océanes Du 22 au 25 mars, participez à cette grande opération de nettoyage des plages et rivières organiséepar Surfrider Foundation Europe. •••

PLUS D’INFOS : WWW.INITIATIVESOCEANES.ORG

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JUSTICE

Double victoire Partie civile dans deux affaires de pollution des eaux, nousavons obtenu gain de cause face à une filiale d’Areva et face àTotal à Donges. Leur manque de vigilance a causé d’impor-tants dégâts.Le tribunal correctionnel de Narbonne a condamné en décembre la sociétéComurhex, filiale d’Areva, à 60 000 € d’amende et à la réparation des préjudicesde FNE et l’association ECCLA (Ecologie du Carcassonnais, des Corbières et duLittoral Audois). En août 2009, une fuite émanant d’un tuyau corrodé a provo-qué le rejet d’effluents toxiques et causé une mortalité importante de poissons etla suspension de la pêche en aval pour des motifs sanitaires. Pour RaymondLéost, responsable du réseau juridique de FNE, « cette condamnation est exem-plaire, à l'heure où la maîtrise des risques nucléaires est au cœur du débat public etreste largement à démontrer. »Un mois après, le tribunal correctionnel de Saint-Nazaire a reconnu coupable lasociété Total Raffinage Marketing pour la pollution de l’estuaire de la Loire. Enmars 2008, la fuite d’une canalisation datant de 1964 a provoqué le déversementde 1500 m³ de fioul dans la Loire. La société doit verser une amende de 300 000 €,dont 20 000 € de dommages et intérêts à FNE. Pour notre fédération, cettecondamnation a valeur de message adressé aux groupes qui préfèrent faire deséconomies plutôt que d’investir sérieusement dans la sécurité industrielle. •••

Dernière minute Le 20 février, le tribunal de police de Melun a condamné la société GPN (ancien-nement Grande Paroisse), filiale de Total, et son représentant légal pour contra-vention à la législation sur les installations classées, suite à des fuites d’ammo-niac, survenues en juillet et août 2009 sur le site de Grandpuits-Bailly-Carois.France Nature Environnement et Nature Environnement 77 avaient portéplainte.•••

© Pipich 56 – fotolia.com

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boîte à outils. » Autre point commun, presquetous estiment que le dialogue environnementalpermettrait à la société d'avancer résolumentvers la nécessaire transition écologique. « Plusieurs d’entre eux ont pris position en faveurdu développement de l'éducation à l'environne-ment, contre la culture en plein-champ des OGM,ou pour la protection des lanceurs d'alerte », noteavec satisfaction le président de FNE. Le verdis-sement de l'agriculture est globalement sou-haité, mais avec des objectifs quantitatifs quirestent le plus souvent à préciser. Les candidatss’accordent sur le besoin d’efficacité et desobriété énergétique et reconnaissent la néces-sité de développer les énergies renouvelables.L’idée d’un vaste chantier d’isolation ther-mique du bâti ancien semble acquise, il faudraen préciser le financement. « Mais sur plusieurs questions, nous restons surnotre faim, regrette Bruno Genty. Des réponsesdevront être apportées pendant la campagne prési-dentielle. Notamment sur la question du nucléaire,sa place dans le mix énergétique et la manière d'endébattre après l'élection. » Dans le domaine éco-nomique, si plusieurs candidats se prononcentpour une révision des niches fiscales et aidespubliques en fonction de leur impact environ-nemental, aucun d'entre eux n'a précisé lamanière envisagée pour financer la transitionécologique. Il s'agit là d'un écueil majeur quel’on retrouve chez la quasi-totalité des candi-dats. « Or, c’est bien cette question qui est cen-trale : ainsi, on n’isolera pas les bâtiments ancienssans moyens financiers ! » précise le président deFNE. Ils doivent détailler les montants engagés,leur affectation, le mode de gouvernance. Lagrande majorité des candidats ont été peu pro-lixes sur les thèmes de la biodiversité et de lapréservation du patrimoine naturel. Enfin, despoints de désaccords ont été soulevés.

ET DEMAIN ? Le 28 janvier, nous avons frappé un grand coupdans la course aux élections présidentielles.Mais notre action ne s’arrête pas là. « Les échangesavec les équipes de campagne se poursuivent, pourclarifier ces points qui restent en suspens, préciseMorgane Piederrière, chargée des relationsinstitutionnelles. Nous souhaitons notammentrencontrer l’équipe de Nicolas Sarkozy, qui n’avaitpas annoncé sa candidature au moment ducongrès. » FNE va suivre de près les différentesdéclarations des candidats à la présidentielle. En juin, les associations du mouvement vontporter dans leurs régions leurs revendicationsauprès des aspirants députés. La fédération lesaccompagne dans cette démarche, en leurapportant un soutien pratique. Notre objectif :que les propositions du mouvement figurentdans les programmes électoraux. Et que l’Appeldes 3000 résonne tout au long du quinquennat.

Serge Lepeltier, Dominique Voynet et Jean-Louis Borloo ont ensuite dressé le bilan deleurs mandats, en tant qu'anciens ministres del'écologie, leurs succès et leurs difficultés. Puisdans une ambiance de meeting, devant unesalle bondée, Bruno Genty, président deFrance Nature Environnement, a prononcéson discours et souligné les grands enjeux en-vironnementaux - réunis dans L'Appel des 3000- auxquels sera confronté-e le prochain ou laprochaine président-e de la République. Maurice Wintz, président d'Alsace Nature, etClaudine Joly, présidente du Crepan (Basse-Normandie), nous ont fait partager leurs ex-périences, donnant ainsi une tonalité collectiveà ce discours.

LE GRAND ORAL DES CANDIDATS Sous les crépitements des flashs et face aux mili-tants, François Bayrou, Eva Joly, CorinneLepage, Jean-Luc Mélenchon, Hervé Morin,Dominique de Villepin et François Hollandesont venus tour à tour sur scène. En quinzeminutes chrono, chacun nous a dit ce qu'il sou-haitait retenir dans leurs programmes del'Appel des 3000. Bruno Genty analyse : « Touspartagent la vision d'une crise écologique liée à lacrise économique et aboutissent à la nécessité dedonner une orientation écologique à l'économie.Dans ce sens, ils voient dans l'Appel des 3000 une

Un village, avec sa place et son terrainde pétanque. C’est ce qu’ont pu dé-couvrir les 2000 participants à notre

36e congrès en arrivant dans le hall de l’EspaceParis Est Montreuil, le samedi 28 janvier. Un village, comme un symbole du mouve-ment, de sa diversité et de sa convivialité. Au-tour de la place, des militants, venus de toutela France, levés aux aurores mais souriants,ont animé leurs stands et partagé leurs expé-riences, dans une atmosphère de fête. NathalieKosciusko-Morizet, encore ministre de l’Ecologie, du Développement Durable, desTransports et du Logement et Hélène Gassin,vice-présidente du Conseil régional d’Ile-de-France l’ont inauguré vers 13 heures, au milieu d’une foule compacte. A l’étage du vaste bâtiment, en plénière, dansune ambiance plus concentrée, les militantsont pu entendre les allocutions d’accueil deDominique Voynet, maire de Montreuil, Mi-chel Riottot, président d’Île-de-France Envi-ronnement et Bruno Genty, président de FNE,puis les tables rondes, animées par ClaireFournier, présentatrice de l’émission C’estnotre affaire, sur France 5. De Jean Jouzel, prixNobel de la paix 2007 à Jean-Paul Delevoye,président du Conseil économique, social et en-vironnemental, divers points de vue se sontexprimés autour du thème des crises écono-mique et écologique et des moyens d’y remé-dier.

Les prochaines élections ne se feront pas sans nous. Nous l’avons rappelé avec forcele samedi 28 janvier lors de notre 36e congrès, L'Appel des 3000 pour un contrat environnemental. Retour sur un grand jour.

L’APPEL DES 3000LANCÉ À MONTREUIL

4 > La lettre du hérisson >N°245

CONGRÈS

28 janvier 2012, 18 h.Les responsables bénévolesde FNE et des présidentsd'associations entourentBruno Genty sur la scènede l'Espace Paris Est Mon-treuil.

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LA CARTE DES 3000 Nos demandes politiques, présentées dans l'Appel des 3000 s'appuient sur des luttes et des réalités de terrain. Comme leprouve notre carte de France. D’un côté, la France d’hier, de l’autre, celle de demain. D’un côté, noscombats emblématiques, de l’autre, les initiatives que nous encoura-geons. « A l’approche des élections présidentielles et législatives, nousavons voulu montrer en un coup d’œil les actions du mouvement sur leterrain, rappeler nos demandes politiques et illustrer l’Appel des3000 », explique Grégoire Lejonc, coordinateur du projet. Les associa-tions ont choisi les combats ou les initiatives qu’elles voulaient

mettre en valeur, puis les fédérations régionales ont voté et validé les projets. Michel Dubromel, vice-président de FNE, raconte : « L’exercice a ététrès utile. Il nous a permis d’affiner nos positions, par exemple sur la LGV Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Hendaye, ou sur les forages pétroliers en eaux profondes. » Au total, une centaine de bénévoles, avec l’appui des réseaux théma-tiques de France Nature Environnement, ont travaillé sur cette carte.65 actions y figurent. Sur fne.asso.fr, l’application L’Appel des 3000dans les territoires donne accès à toutes les informations sur chaqueprojet. Elle a aussi été projetée en grand écran sur la place du villageassociatif le jour du congrès. Tournez la page et découvrez-la !

François Bayrou, candidat du MoDem

La mise en place d’une feuille de route éco-logique pour chaque membre du gouverne-ment. La création d’une autorité internationalechargée du destin des océansLe principe d’un développement de l’éduca-tion à l’environnement dans le programme de l’Education NationaleLa lutte contre l’artificialisation des sols

Eva Joly, candidate Europe Ecologie – Les Verts

La protection des lanceurs d’alerte La création d’une Organisation Mondialede l’Environnement L’objectif de diviser par 2 l’usage des pesti-cides d’ici 2017 La mise en place d’un moratoire sur la culture des OGML’opposabilité de la trame verte et bleue pour préserver la biodiversité Pour effectuer la transition énergétique : le développement des énergiesrenouvelables et sortie progressive du nucléaire d’ici 2035, la mise en placed’une contribution climat-énergie au niveau national, l’interdiction de l’ex-ploitation des gaz des schistes

Corinne Lepage, candidate de Cap21

Des dispositions légales de protection pourles lanceurs d’alerteL’inscription dans la loi de l’action degroupeLa suppression des mesures fiscales défavo-rables à l’environnement La création d’une Organisation Mondiale de l’EnvironnementLa création d’un fonds d’efficacité énergétique Une sortie rationnelle du nucléaire

Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de Gauche

La protection des lanceurs d’alerteLe dialogue environnemental avec la miseen place de délégués environnementaux La conditionnalité écologique de toute aidepublique

CE QU’ILS ONT REPRIS DE L’APPEL DES 3000

Hervé Morin, ancien candidat du Nouveau CentreHervé Morin a annoncé le 16 février qu’il neparticiperait pas à l’élection présidentielle.

L’inscription de l’action de groupe dans laloiLa mise en place d’une nouvelle gouvernance internationale pour la protec-tion des mers

Dominique de Villepin, candidat de République Solidaire

La protection des lanceurs d’alerteLe développement de l’éducation à l’environ-nement en milieu scolaireLa suppression des mesures fiscales défavo-rables à l’environnement et la révision des niches fiscales à impact environ-nementalLa création d’une Organisation Mondiale de l’Environnement

François Hollande, candidat du Parti Socialiste

La mise en place du dialogue environne-mental au même niveau que le dialoguesocialLa création de l’Agenda environnementalavec des priorités et des moyens pour lesatteindreLe développement de l’éducation à l’environnementLa création d’une Organisation Mondiale de l’EnvironnementL’interdiction de la culture d’OGM en plein champLa mise en place d’une feuille de route environnementale pour l’ensemble dugouvernement, pilotée par le Premier ministreLa mise en place d’un programme d’efficacité énergétique La fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim

RETROUVEZ SUR FNE.ASSO.FR L’ANALYSE COMPLÈTE DES DISCOURS, LES POINTS DE DÉSACCORD ET CEUX À PRÉCISER.

Dossier réalisé par Bénédicte de Badereau et Juliette Quidet-Marty, crédits photos Frédéric Poussin

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Le développement des énergies renouvelables est une nécessité. Mais il doit se faire dans le respect de notre environnement.

POINT DE VUE

L’éolien : oui, résolument !

Face à des oppositions qui se multiplient et parceque de nouveaux décrets ont été publiés fin 2011,France Nature Environnement veut clairement

réaffirmer sa position sur l’éolien. Nous soutenons le dé-veloppement de l’énergie éolienne en France, de manièreharmonieuse et en synergie avec les autres énergies re-nouvelables.

Renouvelable, décentralisée, non émettrice de CO2, en-tièrement reyclable, l’énergie éolienne participe à la luttecontre le changement climatique et à notre indépendanceénergétique. Bien que sa production soit encore faible(2,5% du mix électrique en 2011), l’éolien est amené àjouer un rôle majeur dans la transition énergétique quenous prônons. L’énergie éolienne peut devenir un contri-buteur majeur du futur «mix» énergétique français dé-nucléarisé et décarboné, et une source d’emplois au cœurdes territoires.

A l’horizon 2020, conformément à la Loi Grenelle, la partdes énergies renouvelables dans la consommation d’éner-gie finale devra avoir atteint 23 %. L’énergie éoliennedevra quant à elle participer au quart de cet objectif, cequi correspond à l’installation de 25 GW, dont 6 GW enmer. L’éolien produirait ainsi en 2020 l’équivalent de 10 %de la production électrique.

Soucieux de la qualité des projets, nous préconisons lamise en valeur des bonnes pratiques. Ainsi, FNE soutientle développement de l’éolien citoyen. La participation fi-nancière des citoyens et collectivités permet une meil-leure prise en compte des attentes de la population, uneplus grande acceptabilité du projet, un partage plus justedes bénéfices et une gestion plus transparente. Cela doitdésormais être une composante essentielle des projets.

Concernant la réglementation, FNE demande l’annula-tion du classement des éoliennes comme installationsclassées pour l’environnement, dispositif qui s’ajoute déjàà un cadre réglementaire lourd, ainsi que l’abrogation dela règle des 5 mâts minimum par parc.

ADELINE MATHIEN, Chargée de mission Énergie

L'énergie éolienne

participe à notre

indépendance

énergétique et

à la lutte contre

le changement

climatique

Ce grand défenseur de l'ours, du loup et dulynx, président de l'association Ferus, est mortle 28 janvier.

HOMMAGES

Gilbert Simon

Evoquer Gilbert Simon me fait penser à « Bourru,l’ours brun », l’un des albums du Père Castor. Il yavait du bourru chez lui et il consacra beaucoup

d’énergie à une espèce pour laquelle il bataillait encorerécemment comme président de Ferus. Je l’ai rencontréen 1981, à l’Assemblée générale de la FFSPN, Fédérationfrançaise des sociétés de protection de la nature.

Depuis, je l’ai côtoyé en de multiples occasions : au seindu groupe Ours dont il fut membre. Lors de la conduited’un Plan Ours (1984) dont il fut l’initiateur. Ou quand ilassuma la direction de la nature et des paysages (1992-1996) dont il fut chassé à l’époque où agriculteurs, chas-seurs, forestiers et pêcheurs se liguaient contre Natura2000. Et puis il y avait eu l’essai de restaurer un dialogueprotecteurs-chasseurs après que M. Crépeau eut provo-qué la rupture d’un dialogue entamé en 1980 ou encorela création de l’Institut d’Ecologie générale et de Biologieet du Centre thématique européen pour la Conservationde la nature au Muséum. Gilbert était un homme deconvictions et d’une rigueur souvent peu compatibleavec la souplesse d’une carrière de haut fonctionnaire.

JEAN-PIERRE RAFFIN, président d’honneur de FNE

Pionnière de l’écologie de terrain, anciennevice-présidente de FNE, Josette Benard estdécédée à Caen le 6 février à l’âge de 81 ans.

Josette Benard

Le dynamisme et la rapidité fulgurante de JosetteBenard pour analyser, comprendre et gérer tousles types de situations lui ont permis de mener de

front plusieurs vies. Vie familiale (3 enfants), profession-nelle (professeur agrégé de biologie-géologie), politique,du niveau municipal au niveau national au Cabinet deCorinne Lepage, et associative. Cofondatrice du CRE-PAN (comité régional d’étude pour la protection et l’amé-nagement de la nature en Basse-Normandie/FNE) en1968, elle en a assuré une présidence active et inventivependant plus de 30 ans. Josette s’est également forte-ment engagée à France Nature Environnement commeadministratrice (1975-1988) et vice-présidente. Elle a misses convictions, son originalité, sa ténacité et ses compé-tences scientifiques au service de la nature et de l’envi-ronnement en Basse-Normandie et au-delà.

ANNICK NOËL, vice-présidente du CREPAN

Gilbert Simon, lors d'une manifestationà Toulouse en 2006

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Retour dans les Vosges

N°245 > La lettre du hérisson > 9

GRANDS PRÉDATEURS

Tout a commencé au mois d’avril 2011. Des brebis tuées par un prédateur, des analyses mettanthors de cause le lynx, et une rumeur : et si le loup revenait sur le massif ?

NE PAS CONFONDRE

L’introduction vise à lâcher une espèce dans un milieu où elle n’avait jamais été présente. Cette introduction peut être involontaire ou volontaire.

La réintroduction, soumise à autorisations officielles, vise à lâcher une espèce dans un territoire qu’elle occupait par le passémais d’où elle a disparu. C’est le cas du lynx dans les Vosges.

Le renforcement, soumis à autorisations officielles, vientconforter les effectifs d’une espèce menacée par l’apport de nouveaux individus. C’est le cas de l’ours dans les Pyrénées

Le retour naturel consiste en la recolonisation par une espècede territoires qu’elle occupait auparavant sans intervention humaine. C’est le cas du loup qui, venant d’Italie, fait son retour en France.

LES ASSOCIATIONS S’ORGANISENTPour répondre aux questions engendrées par leretour du prédateur, les associations de protec-tion de la nature alsaciennes et vosgiennes ontdécidé de se coordonner. Elles ont ainsi rencon-tré au mois de novembre 2011 les éleveurs ayantsubi les attaques, rencontre à laquelle FranceNature Environnement a participé. Bien quetendue dans un premier temps, cette réunion apermis aux uns et aux autres de comprendre lesattentes, les craintes de chacun et de mettre àjour d’éventuels points de convergence. Restemaintenant à capitaliser ce premier dialogue.D’autres rencontres sont prévues et les associa-tions espèrent pouvoir présenter sous peu despistes d’action à mener en commun, allant dansle sens de la cohabitation entre loups et mou-tons.

STÉPHANIE MORELLE,chargée de mission

pôle biodiversité.

Après une succession d’attaques toutau long du printemps 2011, le retournaturel du loup dans le massif vos-

gien est devenu une hypothèse sérieuse audébut de l’été dernier. Une première photogra-phie prise dans les Vosges vers la fin du mois dejuin montre un grand canidé de dos. Des élé-ments pas assez fiables pour conclure au retourdu prédateur. Au début du mois de juillet, surun cliché pris dans le Haut-Rhin, on voit claire-ment un loup. Photographié de profil, l'animal- un mâle - présente tous les critères caractéris-tiques de Canis lupus. Mais toujours aucuneconfirmation génétique de sa présence… Dansle doute, l’État décide d’indemniser les éleveursayant perdu des bêtes.

UN LOUP, DEUX LOUPS…L’automne et l’hiver sont marqués par plusieursattaques, aussi bien sur des brebis que sur desongulés sauvages. La tension reste forte. C’estfinalement au début de cette année qu’estannoncée, la présence non pas d’un loup, maisde deux. Plus de doute possible, la neige a parlé.Sur les hauteurs du Ventron, là où les premièresattaques ont eu lieu, les agents de l’OfficeNational de la Chasse et de la Faune Sauvageont pu suivre des traces de grand canidé surplusieurs kilomètres. Les agents ont constatéqu’à plusieurs reprises elles se dédoublaient etse croisaient, attestant la présence de deux ani-maux.

MÊMES CAUSES, MÊMES EFFETSComme partout où le loup a remontré le boutde son museau, les esprits se sont échauffés. Enpremier lieu, de manière légitime, chez les éle-veurs qui ont subi les attaques, puis dans lescolonnes des journaux exacerbant les diffé-rends. Enfin, les chasseurs du Haut-Rhin qui, « de mémoire de chasseurs n’avaient jamais vuune telle sauvagerie », sont allés jusqu’à mettreen doute un retour naturel du loup.

> Un loup braconné dans le VentouxLe 30 janvier 2012, un promeneur a découvert le cadavre d'un loup surla commune de Bédoin (Vaucluse). L'animal présentait deux plaies parballes. FNE a bien évidemment déposé une plainte contre X.

> Attraper l’ours avec du miel et … du verre piléDes dizaines de récipients et pots remplis de miel, de verre pilé et desubstances non identifiées mais probablement toxiques ont été décou-verts le 16 décembre 2011 dans les Pyrénées. Des pièges qui en casd’ingestion par l’ours peuvent conduire à la mort de l’animal. Ces actess’apparentent toutefois plus à de la provocation qu’à une véritable vo-lonté de détruire un ours, ce dernier étant en pleine hibernation.

BRÈVES

Retrouvez toute l’actualité des grands prédateurs sur loup.fne.asso.fr

© Joulot

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pas prêts à faire davantage d’efforts pour réduirenotre facture », déplore Maryse Arditi, responsa-ble du réseau énergie. Pas de mesure structu-rante et pas assez de moyens mobilisés, notam-ment pour la rénovation des bâtimentsexistants, gisement le plus important d’écono-mies d’énergie, de création d’emplois et d’éco-nomies. Un immobilisme regrettable. « Isoler lesbâtiments, c'est un investissement du présent grâceaux emplois créés, rappelle Maryse Arditi, un inves-tissement d'avenir par l'efficacité énergétique et uninvestissement social par la réduction de la facturedes ménages ». En attendant des jours meilleurs, et pour bou-cher les trous des passoires thermiques, desassociations aident des familles à faire baisserleur facture énergétique, sans perdre en confort.Chaque année, Hespul et l’agence locale del’énergie (ALE) de l’agglomération lyonnaiseorganisent le défi « Familles à énergie positive ».Le but ? Inciter les familles à atteindre chez ellesun des objectifs du protocole de Kyoto : réduired’au moins 9% la consommation d’énergie d’unhiver sur l’autre en agissant uniquement sur lesgestes du quotidien, notamment sur l’utilisa-tion du chauffage ou de l'eau chaude. Depuis 3ans, cette mobilisation, lancée dans toute laFrance par l’association Prioriterre, a permis àplus de 3000 personnes d’économiser plus de3000 mégawatts par heure.

UN COACH DANS NOS FRIGOS Autre constat préoccupant, les quantités denourriture gaspillée. Entre les restes de repas etles produits périmés avant ouverture, lesconsommateurs d’Amérique du Nord etEuropéens jettent entre 95 et 115 kilos d’ali-ments ramené à la personne et à l’année, selonla FAO (Organisation des Nations Unies pourl’alimentation et l’agriculture). Le ParlementEuropéen prend la question très au sérieux et aadopté, le 19 janvier, une résolution demandantdes mesures urgentes pour réduire de moitié legaspillage alimentaire d'ici à 2025. Nous avons alerté l’opinion publique dès 2010sur ce scandale éthique, économique et environ-

sitions de l’Appel des 3000 lancé par FNE (voirpages 4 et 5 et n°244) : atteindre zéro artificiali-sation nette du territoire en 2025, et la diviserpar deux dès 2017, grâce à la création d’uneAgence Nationale de la Réduction del’Artificialisation, et de différentes éco-contribu-tions, qui pourraient être mises en place. Etcomme l’ont prouvé les déclarations des candi-dats à Montreuil, le sujet s’est enfin immiscédans la campagne présidentielle.

ENSEIGNES ET PASSOIRES Dans le domaine de l’énergie, France NatureEnvironnement demande la mise en placed’une politique soutenable, qui passe par laréduction des consommations, l'efficacité éner-gétique et le recours aux énergies renouvela-bles. En 2011, nous avons obtenu lors de la tableronde nationale sur l’efficacité énergétique l'ex-tinction des enseignes lumineuses commer-ciales entre 1 heure et 6 heures du matin. Ellesera obligatoire dès juillet 2012.En novembre 2011, nous avons pourtant décidéde quitter cette table ronde, constatant que lesmoyens financiers nécessaires à la réduction dela consommation n’étaient pas au rendez-vous.« Politiques et décideurs économiques ne semblent

Le néon d’une banque allumé à 3heures du matin. Des paquets depâtes qui partent à la poubelle sans

jamais avoir été ouverts. Un ordinateurprévu pour durer 3 ans et pas une annéede plus. Une autoroute sans voiture la ma-jeure partie du temps qui grignote desterres qui auraient pu être cultivées…Chaque jour, les faits démontrent quedans tous les domaines, nous consom-mons trop. Pourtant, nous avons tous àperdre dans cette vaste opération de gas-pillage : nos ressources ne sont pas inépui-sables.

LA TRAME BÉTON-BITUME Le 28 janvier, lors de notre 36e congrès, BrunoGenty a souligné l’urgence à agir : « Stoppons legaspillage du patrimoine naturel. La biodiversité estla condition de la vie humaine sur Terre ». La pla-nète se recouvre de bitume. En France, l’équiva-lent d’un département moyen de terres agri-coles et d’espaces naturels disparaît tous lessept ans. Lorsque les zones commerciales s’étendent, lesroutes s’allongent, les villes s’étalent, nos dépla-cements et nos émissions de polluants et de gazà effet de serre augmentent, certaines popula-tions sont plus isolées. L’artificialisation dessols provoque une érosion de la biodiversité.Elle conduit à une fragmentation et un cloison-nement des milieux naturels mais aussi à unappauvrissement des liens sociaux. Certaines

espèces sont gênées pour accomplir leur cyclede vie ou leurs migrations. Les sols sont imper-méabilisés, les phénomènes de ruissellementsont amplifiés, le régime des eaux est perturbé,avec une augmentation des risques d’inonda-tion, la qualité des eaux est affectée (état chi-mique et écologique)(1). Mais on peut revoir nos politiques d’aménage-ment du territoire, d’implantation des infra-structures. L’étalement urbain peut être stoppé,en commençant par réhabiliter l’existant. Cegrignotage n’est pas une fatalité. Sarah Vaillant,chargée de mission Villes durables à FNEexplique : « On doit retrouver la même superficieartificialisée avant et après un projet d’aménagementdu territoire. » C’est d’ailleurs l’une des propo-

Des espaces naturels bétonnés à nos poubelles trop pleines, tout prouve quenous dépensons sans compter et que nous consommons au-delà des moyensde notre planète. Que ce soit en parlant d’éco-gestes ou en demandant degrands choix politiques, France Nature Environnement œuvre pour que lasobriété devienne une réalité.

GASPILLAGELa chasse est ouverte

10 > La lettre du hérisson >N°245

DOSSIER

Chaque jour, les faits démontrent que dans

tous les domaines, nous consommons trop

Faire les courses avecune liste en main, unmoyen simple pour éviterde trop acheter... et doncde gaspiller

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ciation spécialisée dans le service civique,Andes, le réseau des épiceries solidaires, et lafondation Macif, nous prêtent main forte pourla réalisation de ce projet. Au-delà de cette opération, en matière deréduction des déchets, nous participons à desétudes pour favoriser le développement desréparations et du réemploi des objets, améliorerl’éco-conception des biens et leur réparabilité.Des façons intelligentes de réduire le gaspillageet d’anticiper la raréfaction d’un certain nombrede ressources (terres rares). Car, dans cedomaine des déchets comme dans tant d’autres,France Nature Environnement défend unesobriété efficace qui nous permette tout simple-ment de vivre mieux.

(1) Gis Sol. 2011. L’état des sols de France. Groupement d’intérêt scientifique sur les sols, 188 p.

DOSSIER RÉALISÉ PAR JULIETTE QUIDET-MARTY ETBÉNÉDICTE DE BADEREAU

nemental, à travers un dossier dressant un étatdes lieux, rappelant les enjeux et proposant despistes pour agir. En 2011, nous avons réalisé unegrande caractérisation du gaspillage alimen-taire sur près de 20 000 foyers avec le bureaud’études VerdiCité et analysé les échantillons dedéchets. Notre mobilisation se poursuit en 2012. « Dusupermarché au consommateur, en passant par lesrestaurateurs, le mouvement FNE veut impliquertous les acteurs de la chaîne de production, de distri-bution et de consommation des produits alimen-taires », explique Loïc Gerland, chargé de mis-sion prévention des déchets. De mars à juillet,les associations vont organiser des opérationsde lutte contre le gaspillage dans des foyers-témoins et auprès de restaurants, collectifs oucommerciaux. Si les lieux changent, la stratégie reste la même.L’opération se déroule en deux phases. Dans unpremier temps, le bénévole ou le chargé de mis-sion de l’association réalise un diagnostic : ilnote le poids et le type d’aliments jetés chaquejour. Dans une structure professionnelle - unrestaurant, une crèche, une cantine - d’autrescritères sont pris en compte, comme le publicaccueilli ou la logistique. Il partage ensuite sesobservations avec le ou les volontaires, l’aide àtrouver les causes de différents gaspillages et àmettre en place des solutions. Pour que ces opérations-témoins ne soient pasdes actions isolées mais fassent fleurir lesbonnes pratiques, une multitude de partenairessont sensibilisés : les collectivités locales et ter-ritoriales, qui ont à leur charge une part impor-tante de la restauration collective, les syndicatsde traitements des déchets ou encore les cham-bres des métiers. Alsace Nature, le Crépan, et enRhône-Alpes les Frapna Ardèche, Isère etDrôme vont s’intéresser pendant trois mois auxrestaurations collectives d’entreprise ou can-tines scolaires. L’Espace Nature Isère va suivrede près des restaurations commerciales, de lapizzeria de quartier au restaurant gastrono-mique, et la Sépant et Pikpik Environnementvont accompagner des foyers témoins. Le Réseau français des étudiants pour le déve-loppement durable (REFEDD), Unis-cité, asso-

2 PROJETS SOURCE DE GASPILLAGE

La ligne Paris-Lyon via Clermont-FerrandSon coût est estimé à plus de 12 milliards d’euros et son tracéconduirait à la destruction d’espaces naturels, agricoles et forestiers. Nous demandons plutôt la modernisation du réseau existant.

La centrale thermique d’Hambregie, en LorraineD'une puissance de production de 892 mégawatts, elle ne se substituera pas aux centrales nucléaires et à charbon et aura des impacts négatifs sur la qualité et la quantité des eaux de la Sarre et sur les zones humides des environs.

N°245 > La lettre du hérisson > 11

EN CHIFFRES> 1,3 milliard de tonnes de nourriture

sont jetées chaque année dans lemonde (FAO).

> 2 millions de logements sont va-cants en France (Insee)

> 3,4 millions de ménages françaisconsacrent au moins 10 % de leursrevenus au chauffage et sont à cetitre considérés en situation de pré-carité énergétique. (MEEDTL)

❒ Oui, je me sens concerné-e par la protection de la nature et de l’environnement et désire continuer à soutenir les actions de France Nature Environnement.

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< La rénovation des bâtiments anciens doit être la priorité de toute politique énergétique ambitieuse et réellement efficace.

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mouvement, qui a permis de tous nous rassembler.Une belle réussite ! ». Il évoque également et nonsans fierté le collectif Cap’Eau, soit une tren-taine d'associations de protection de la nature,d'agriculteurs et de consommateurs de larégion réunies pour produire des fiches théma-tiques autour de la protection de l’eau. Leséchanges fructueux entre acteurs de tous bordsont permis un travail de qualité. Et pourtant… Et pourtant, à la question « etensuite ? » Rémy Martin répond : « Il est bon detourner… Huit ans, ça commence à faire long ». Sicette nouvelle dynamique lui donne envie decontinuer, il semble désireux de ne pas resteréternellement à son poste de président. Pasquestion, en revanche, d’arrêter de militer pourFNE Midi-Pyrénées. Ce combat est une voca-tion. Il attend la relève, mais aujourd’hui per-sonne ne lui a encore fait part de son envie d’en-dosser le rôle de président. On souhaite en toutcas à son successeur de porter ses engagementsavec autant d’énergie et de passion.

JULIETTE QUIDET-MARTY

jour », explique-t-il, « cela nous concerne tous etdans tous les domaines : santé, agriculture, maintiendes écosystèmes », avant d’évoquer le collectifFNE Adour-Garonne que l’association a mis enœuvre, avec cinq autres associations du mouve-ment, la SEPANSO (Aquitaine), PCN (Poitou-Charentes), LNE (Limousin), la FRANE(Auvergne) et LRNE (Languedoc-Roussillon),pour une meilleure mutualisation des moyens. Créée en 1974, l’association Uminate a depuisdeux ans pris le nom de FNE Midi-Pyrénées. « Nous gardons notre indépendance mais cela nousa apporté beaucoup en terme d’image et de reconnais-sance. Maintenant, les gens savent tout de suite dequi on parle ». Un renouveau pour l’association,tout comme l’arrivée de la nouvelle directrice,Marie-Laure Cambus, et de son équipe : « Touta changé. En 2009 et 2010, ça allait plutôt mal. Il ya eu un gros travail fait par les salariés. Aujourd’hui,les bénévoles s’impliquent plus, il y a une meilleureentente avec les salariés, un nouveau site qui a de lagueule. On amorce une dynamique positive. » Après quinze années au service de FNE et huitans à la tête de FNE Midi-Pyrénées, le 34e

congrès de FNE, organisé en 2010 à Toulouse,est l’un de ses meilleurs souvenirs, sans hésiter.« C’était un moment intense, qui a donné du cœur au

«Je ne peux pas faire plus », semble s’excuserRémy Martin, alors qu’à 45 ans, il affichedéjà un parcours professionnel et asso-

ciatif impressionnant. Actuel président deFNE Midi-Pyrénées, cet ingénieur en informa-tique et mathématiques appliquées, qui a tou-jours travaillé dans le milieu des associations,est directeur salarié de l’Afidel, association deformation et accompagnement professionneldepuis 2005. Père de quatre enfants, marié àSophie, agricultrice, il ajoute le plus simple-ment du monde : « J’essaye de tout concilier ». Et c’est bien ce qu’il fait, car en plus de sa vieprofessionnelle et de son engagement au seinde FNE, il était jusqu'en 2010 trésorier du Col-lectif Action Sociale en Comminges, qui gèreun centre d’hébergement d’urgence à Saint-Gaudens, mais aussi administrateur de laFNARS Midi-Pyrénées (Fédération NationaleAccueil et Résinsertion Sociale).Originaire de la région PACA, il est arrivé enMidi-Pyrénées pour étudier à Toulouse. Ilhabite aujourd’hui à Saint-Marcet, un village àune heure de route de la capitale occitane. Alorsqu’il fait partie d’une petite association localequi milite contre le barrage de Charlas, il ren-contre des acteurs du mouvement FranceNature Environnement (José Cambou, FrédéricCaméo-Ponz et Philippe Pointereau). C’est en1997 qu’il rejoint Uminate, ancien nom de FNEMidi-Pyrénées, et en 1998 qu’il entre au conseild’administration. Il en devient président en2004.

Parmi les nombreux sujets traités par FNEMidi-Pyrénées, il s’intéresse de près à la « tran-sition écologique ». Son ton se fait passionnéquand il en parle. « Il faut à la fois aider l’environ-nement et créer de l’emploi, en soutenant les entre-prises qui allient autant le respect des hommes et dela nature ». Des valeurs qu’il met en pratique ens’impliquant dans les jardins de Cocagne, jar-dins collectifs à vocation d’insertion sociale,basés sur l’agriculture bio et locale, et en favori-sant des projets qui lient la création d’emploi àl’environnement. Comme Sicaseli, une coopéra-tive locale du Lot qui soutient et valorise les ini-tiatives locales de développement des circuitsde proximité tant agricoles qu'énergétiques,qu’on retrouve sur la Carte de France del’Appel des 3000 (voir page 6-7). Pilote du réseau eau à FNE Midi-Pyrénées, ilfait de l’eau son deuxième cheval de bataille. « Il faut remettre la qualité de l’eau à l’ordre du

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Le président de FNE Midi-Pyrénées depuis huit ans conjugue combat pour l’environnement et lutte contre les exclusions. Portrait.

Allier le respect deshommes et de la nature

RÉMY MARTINL’écologie solidaire

PORTRAIT

RÉMY MARTINEN 4 DATES

• 17 juillet 1966 naissance à Paray-Le-Mo-nial (71)

• 1997 : premier grandtemps fort de la luttecontre le barrage deCharlas. Il devient béné-vole à Uminate

• 2004 : président deFNE Midi-Pyrénées

• 2010 : membre de lacommission particulièredu débat public sur leprojet d’EPR de Penly

© XavierFouquet

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