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48 POINT BANQUE OCTOBRE 2018 paiements Pas à pas, mais irrémédiable- ment, la mue du commerce physique s’opère : il se digitalise. Bienvenue dans l’ère du « phygi- tal » ! Des marqueurs qui traduisent le mieux cette évolution figurent l’émergence de nouveaux moyens de paiements et d’encaissements au sein des points de vente. Avec cette ambition ultime pour le commer- çant : améliorer l’expérience achat de son client. Sillonner, mi-septembre, les al- lées de Paris Retail Week, la grande messe annuelle « dédiée à la com- munauté du commerce global », c’était prendre la pleine mesure de ces mutations à l’œuvre. Parmi les 800 exposants de la manifes- tation, ils étaient en nombre, au sein de la collective « Solutions de paiements », à présenter leurs der- nières innovations aux acteurs du retail. Deux catégories de produits digitaux y furent particulièrement bien représentées : les solutions de paiement mobile (e-paiement) et les solutions d’encaissement mobile (e-encaissement). L’émergence du « Scan & Go » Dans l’univers du e-paiement, un concept se démarque : le « self-chec- kout », avec cet objectif clair : offrir une expérience d’achat « Scan & Go » sans friction depuis la consti- Le paiement mobile va-t-il révolutionner l’expérience achat dans le retail ? L’avènement du phygital implique, pour le commerce physique, l’intégration d’outils digitaux destinés à améliorer l’expérience client. Une catégorie intéresse une part croissante de distributeurs : les solutions de paiement et d’encaissement mobile. Comment fonctionnent-elles ? Quels bénéfices apportent-elles aux distributeurs et aux consommateurs ? Des freins à leurs usages existent-ils ? Éléments de réponses.

paiements éditorial€¦ · achats depuis son smartphone via l’application Lyf Pay, le consomma-teur verra s’afficher sur son mobile un code à barres qu’il scannera en-suite

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48  POINT BANQUE  octobre 2018

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Pas à pas, mais irrémédiable-ment, la mue du commerce

physique s’opère  : il se digitalise. Bienvenue dans l’ère du «  phygi-tal » ! Des marqueurs qui traduisent le mieux cette évolution figurent l’émergence de nouveaux moyens de paiements et d’encaissements au sein des points de vente. Avec cette ambition ultime pour le commer-çant : améliorer l’expérience achat de son client.

Sillonner, mi-septembre, les al-lées de Paris Retail Week, la grande messe annuelle « dédiée à la com-munauté du commerce global  », c’était prendre la pleine mesure de ces mutations à l’œuvre. Parmi les 800 exposants de la manifes-tation, ils étaient en nombre, au sein de la collective « Solutions de paiements », à présenter leurs der-nières innovations aux acteurs du retail. Deux catégories de produits

digitaux y furent particulièrement bien représentées  : les solutions de paiement mobile (e-paiement) et les solutions d’encaissement mobile (e-encaissement).

L’émergencedu«Scan&Go»Dans l’univers du e-paiement, un concept se démarque : le « self-chec-kout », avec cet objectif clair : offrir une expérience d’achat «  Scan & Go » sans friction depuis la consti-

Le paiement mobile va-t-il révolutionner l’expérience achat dans le retail ?L’avènement du phygital implique, pour le commerce physique, l’intégration d’outils digitaux destinés à améliorer l’expérience client. Une catégorie intéresse une part croissante de distributeurs : les solutions de paiementetd’encaissementmobile.Commentfonctionnent-elles?Quelsbénéficesapportent-ellesauxdistributeurs et aux consommateurs ? Des freins à leurs usages existent-ils ? Éléments de réponses.

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tution du panier jusqu’à la sortie du point de vente. « Le principe est simple  : le client, après avoir télé-chargé une application, scanne ses produits avec son smartphone, va-lide son panier en appuyant sur la touche "payer" puis sort du point de vente sans passer en caisse », décrit Alexandre Mayaud, directeur gé-néral de Keyneosoft, développeur d’une solution de « self-checkout » mobile.

«  Dans le magasin, le consom-mateur se trouve ainsi seul, sans vendeur. Et c’est lui qui décide à quel moment précis s’achève son parcours  », complète Jean-Daniel Hennebel, directeur général de Papam (marque dans le giron d’Afone Paiement qui vient de lan-cer un TPE virtuel via une appli-cation mobile sans engagement ni abonnement). Plus explicitement encore, cette technologie du « Scan & Go  » s’est déployée, début sep-tembre 2018, en pilote dans le ma-gasin MyAuchan de Paris Grenelle avec l’application Rapid’Auchan. A l’œuvre notamment pour son déve-loppement s’agissant du volet « en-caissement mobile », la solution Lyf Pay. « Après avoir scanné et payé ses achats depuis son smartphone via l’application Lyf Pay, le consomma-teur verra s’afficher sur son mobile un code à barres qu’il scannera en-suite sur une borne afin de finaliser son processus d’achat », explique Christophe Dolique, directeur gé-néral de Lyf Pay. Il ajoute  : «  Ce service 100 % mobile offre ainsi au client final une expérience digitale complète dans le point de vente. En plus de payer avec son smartphone, il pourra visualiser en temps réel son panier et ses réductions. »

Verslafindupassage en caisse ?Adopter le « self-checkout » présente, pour le client final, deux principaux avantages. «  Avec cette technolo-gie, il maîtrise mieux son budget, explique Jean-Daniel Hennebel, car il voit son panier évoluer en temps réel sur son mobile. C’est aussi, pour lui, un gain de temps précieux car le passage en caisse est supprimé de son parcours-client. » Un atout, sans conteste, de taille lorsque l’on sait que 74  % des Français supportent de moins en moins de faire la queue dans les magasins, selon un sondage Havas Paris. Du côté du commer-çant, les bénéfices ne sont également pas en reste  : cette technologie lui permet de « fluidifier le shopping en magasin, personnaliser la relation client et capter des données sur le parcours client en magasin (picking, inventaire et relevé de prix) », comme l’explique Alexandre Mayaud.

Mais disons-le tout de go  : le « self-checkout » reste, pour l’heure en France, peu développé dans la distribution. Car un frein ici perdure : la démarque inconnue. En grande surface alimentaire, où les caddys sont généralement copieusement garnis, les limites au développement de cette technologie sont aisément compréhensibles : s’assurer que tous les produits du consommateur ont été bien scannés relève, pour le com-merçant, d’un vrai casse-tête.

«  La solution consisterait d’inté-grer, dans chaque produit, un antivol qui se désactiverait une fois ledit pro-duit scanné  », soutient le directeur général de Papam. Une autre solu-tion : « Ne proposer en GSA ce ser-vice qu’aux clients qualifiés, les plus fidèles par exemple, ceux en qui le distributeur fait le plus confiance », poursuit le directeur général de Keyneosoft. Et ce dernier d’ajouter : «  Le self-checkout reste, dans l’ali-mentaire, davantage approprié aux paniers express, peu garnis et donc facilement contrôlables, à l’instar de ceux des supermarchés de centre-ville. Il convient également très bien au magasin types points relais, aux espaces de ventes dans les gares et aéroports, ainsi qu’aux établisse-ments de restauration rapide. »

L’encaissement mobile : un avenir doréSi l’on se place, à présent, du côté du vendeur (et non plus du consomma-teur), des solutions d’encaissement mobile émergent également dans le

PAR CHRISTIAN CAPITAINE

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tissu du commerce Hexagonal. «  Certes, nous n’en sommes

qu’aux balbutiements, mais elles sont promises à un bel avenir, table Jean-Daniel Hennebel. Nous travaillons, chez Papam, sur de nombreux dos-siers.  » Le principe de fonctionne-ment de l’e-encaissement : le vendeur,

muni de son terminal de paie-ment mobile (son smartphone, par exemple, pour le cas de la solution Papam), scanne le produit du client, applique les éventuelles remises et procède au paiement grâce à son TPE pour cartes bancaires. « Nous sommes bien ici dans une logique d’extension des solutions de paie-ments dans le magasin avec cette volonté de couper le lien entre l’acte de vente et le passage en caisse  », illustre le directeur général de Papam.

Des points de transactions démultipliésLancées en France au sein des Apple Store, ces solutions d’encaissement mobile (ou déporté) font «  l’objet d’une réflexion d’ensemble au sein de la distribution », note Alexandre Mayaud. Au rang des secteurs d’ac-

tivités les plus concernés, selon ce dernier : toutes les enseignes qui requièrent, de la part du ven-deur, du conseil et de l’accompa-gnement dans l’acte de vente, tels les réseaux spécialisés dans les produits technologiques, les vins et spi-ritueux, la par-fumerie et la cosmétique, ou encore l’ameu-

blement. « Chez un cuisiniste, par exemple,

reprend Jean-Daniel Hennebel, une fois mon projet réalisé sur plan avec le conseiller, le passage en caisse ne se justifie plus. Le paiement peut être effectué en tout point du magasin, sur mon TPE mobile. » Trois autres avantages de l’en-caissement déporté sont traditionnellement men-tionnés :

- 1/pouvoir démultiplier les points de transactions dans le point de vente,

- 2/confier cette tâche de l’encaisse-ment à tous les collaborateurs dumagasin,

- 3/permettre à ce dernier, dépourvude caisses, de gagner en espacepour, notamment, soigner l’exposi-tion des produits.

Et le directeur général de Papam d’ajouter  : «  L’encaissement mobile, parce qu’il permet une plus grande fluidité du parcours-client, est sou-vent générateur d’achats coup de cœur, impulsifs. Il permet donc au commerçant d’accroître son chiffre d’affaires. »

Reste deux freins qui pourraient compromettre son bon dévelop-pement  : une mauvaise connexion Wi-Fi au sein des magasins, et une certaine réticence de leur patron à mettre davantage encore la main à la poche. Car, comme le rappelle un observateur de la filière : « Les com-missions prévues par les opérateurs de paiement sont en général plus élevées que celles inhérentes aux dis-positifs de paiements plus tradition-nels. » Un simple détail ? CC

En matière de développement de paiements déportés au sein des magasins, s’il est une enseigne qui a pris un train d’avance, c’est bien la chaîne d’épicerie exploitée par le géant du commerce en ligne Amazon. Petit rappel : janvier 2018, le premier espace Amazon Go ouvrait ses portes au public à Seattle (États-Unis). L’idée forte de ce nouveau concept de distribution : permettreauclientfinal,suivià la trace dans le magasin,

de faire ses emplettes sans passer en caisse ni scanner ses produits grâce à l’installation de centaines de caméras et de capteurs qui détectent les références des conditionnements. Fort de ce nouveau concept, le propriétaire (qui se garde bien, pour l’heure, de rendre compte de ses performances commerciales) envisage un déploiement à grande échelle. Après deux autres boutiques ouvertes en 2018 toujours à Seattle, l’enseigne

annonçait, mi-septembre, lesouvertures,avantlafinde l’année, de deux nouveaux Amazon GO : le premier à New-York et le second à San Francisco. Mieux : selon l’agence Bloomberg, Amazon Go envisagerait, à l’horizon 2021, de déployer plus de 3 000 points de vente à travers tous les États-Unis!Quiddelaripostedes autres mastodontes de la distribution alimentaire américaine ? Elle s’organise, nous apprenait en juin dernier

l’agence Reuters : celle-ci annonçait la naissance d’un partenariat entre l’enseigne Walmart et Microsoft pour mettre sur pieds un réseau de supermarchés dépourvus de caisse.

� Jusqu’où ira Amazon Go ?