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Panorama de la biologie européenne

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Page 1: Panorama de la biologie européenne

gestion | Europe

OptionBio | Lundi 19 mai 2008 | n°400-40132

Après avoir fait un tour d’horizon de l’organisa-tion de la biologie en France (voir OptionBio 397), voici venir celui de la biologie euro-

péenne. Seule la France, différencie une biologie de routine d’une biologie spécialisée, les autres pays européens ne marquant pas cette différence.

Les systèmes de santéTrois systèmes de santé cohabitent au sein de la biologie clinique européenne : le système bis-marckien fondé sur les salaires, le système beve-ridgien financé par l’impôt et les modèles mixtes. Il existe aussi des systèmes privés, légalisés en Italie et en Espagne.Exprimés en pourcentage du produit intérieur brut (PIB), les systèmes de santé représentent 9,3 % en moyenne dans l’Union européenne. Les plus “dépensiers” sont les systèmes allemand (10,8 %) et français (9,7 %), et les plus “économes” sont au Royaume-Uni (7,8 %) et ceux d’Espagne (7,9 %).Le classement de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) positionne le système de santé fran-çais en première position, devant l’Allemagne.

Le nombre de laboratoires et de biologistes• En Allemagne, les médecins prescrivent et pré-lèvent. Un certain nombre d’actes (classe 01) sont réalisés par eux, au cabinet médical. Les autres (classes 02 et 03) sont traités par les laboratoires.Le marché de la biologie est très concentré : parmi les 168 laboratoires (500 biologistes), sept se par-tagent 55 % du marché, dont Limbach (340 mil-lions d’euros). Le chiffre d’affaires moyen est de 12 millions d’euros. Si la nomenclature allemande est la plus faible d’Europe pour les actes de rou-tine, il est important de souligner que le coût annoncé en Allemagne est un coup analytique, alors que le coût annoncé en France intègre les phases pré- et post-analytiques.• En Espagne, La biologie est surtout hospitalière et l’on compte peu de laboratoires de ville, leur politique de concentration étant en cours d’achè-vement (2 900 biologistes au total). Le secteur public est organisé autour d’une centralisation des prélèvements et des plateaux techniques à haut débit (plus de 5 000 patients/jour en moyenne).

Les tarifs moyens sont très inférieurs à ceux pra-tiqués en France.• Au Royaume-Uni, il s’agit presque exclusive-ment de biologie hospitalière publique ; seuls 4 % des actes sont réalisés dans le secteur privé. Les centres de prélèvement sont autorisés.La quasi-totalité des biologistes sont salariés et l’on entend sous ce vocable : 200 médecins bio-logistes, 550 biologistes scientifiques et presque 2 100 biomedical scientists (niveau licence).On compte un peu plus de 1 100 laboratoires ; des réformes sont actuellement en cours pour mettre en place un processus concurrentiel pour créer et/ou rationaliser les réseaux. Les tarifs sont généralement très inférieurs à ceux pratiqués en France.• En Italie, l’exercice libéral représente 40 % de la biologie italienne, sur un marché très peu concen-tré : 4 000 laboratoires de ville, dont 1 000 spécia-lisés et 1 800 laboratoires dans les établissements de soins. Les prélèvements, même effectués par un biologiste, sont sous la responsabilité du méde-cin. On compte 8 000 biologistes dont le statut est plutôt mal reconnu. La nomenclature est en moyenne 2 fois plus basse qu’en France.• En Belgique, il s’agit essentiellement d’une bio-logie libérale “à la française”, avec 910 biologistes (médecins biologistes et pharmaciens biologistes), environ 200 laboratoires (dont 10 avec un chiffre d’affaires de plus de 10 millions d’euros).

Le capital et le management des laboratoires• En Allemagne, la création d’un laboratoire nécessite un enregistrement nominal au nom d’un biologiste. En dehors de cette formalité, tout est libre. Ainsi, le n° 2 allemand Schonddorf a été racheté par Sonic Healthcare (australien).• En Espagne et en Italie, le capital et le mana-gement sont dérégulés. La détention du capital est libre et les actes doivent être signés par un biolo-giste. Les centres de prélèvements sont autorisés. En Italie, la prise en charge des patients s’avère déficiente, la législation décentralisée est complexe et l’on assiste à la montée en puissance d’un sec-teur privé non conventionné et non réglementé.• La Belgique est soumise à une réglementation contraignante, mais une dérégulation vient récem-

ment de se mettre en place. Elle est également sous le coup d’une procédure en contentieux de la Commission européenne.

Le biologiste européenOn recenserait quelque 45 000 biologistes dans l’Union européenne. Les médecins biologistes (envi-ron 10 000) sont représentés partout dans les États membres, en sachant toutefois que dans nombre de pays, il n’est pas fait de distinction entre médecin biologiste et médecin anatomopathologiste. Les pharmaciens biologistes (de l’ordre de 14 000) sont surtout présents dans l’Europe du Sud ; l’Europe du Nord étant plutôt caractérisée par la présence de scientifiques spécialisés (environ 16 000) dont le niveau d’études varie de bac + 3 à bac + 7.Le contenu du diplôme est donc très variable dans son contenu, ce qui pose un problème quant à sa libre circulation. L’EC4 (European Communities Confederation of Clinical Chemistry) souhaite une formation de 10 ans avec 5 ou 6 ans d’université et 4 ou 5 ans de spécialisation. La plate-forme commune qui officialiserait le registre EC4 est toujours en souffrance à Bruxelles.

Et en FranceLa France peut se trouver dans l’obligation, par la Cour de justice de la Commission européenne, d’ouvrir le capital et d’autoriser l’exercice de profes-sionnels moins qualifiés. Dans tous les cas, les bio-logistes peuvent et doivent s’organiser s’ils veulent préserver la maîtrise de leur outil professionnel. |

ROSE-MARIE LEBLANC

consultant biologiste, Bordeaux (33)

[email protected]

Voici brossée à grands traits la biologie pratiquée par nos confrères européens les plus proches, qui ne marquent pas de différence entre analyse de biologie médicale de routine et analyses spécialisées.

Panorama de la biologie mondiale

Les géants sont tous des groupes nord-

américains (Quest Diagnostics 6,3 milliards

d’euros, Lab Corp, etc.). Sonic Healthcare

(622 millions € en Australie) et Unilabs (163

millions € en Suisse) sont les seuls acteurs

de dimension internationale, présents en

Europe.

Dans le domaine des tests dits “ésotériques”

également, ce sont les Américains qui sont les

plus présents, les seuls européens indépen-

dants étant Limbach Lab. (75 millions € en

Allemagne), Pasteur Cerba (85 millions € en

France), LMM (149 millions € en France).

Panorama de la biologie européenne

SourceCommunications de Catherine Aigle (juriste du cabinet d’avocats Rivière, Lyon) et Jean-Pierre Molgatini (biologiste, Lyon), lors des 12es Journées de biologie d’Aquitaine, Arcachon, 22 juin 2007.