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Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin, alors qu’il fait encore sombre. Elle voit que la pierre a été enlevée du tombeau. Elle court donc trouver Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a mis. » Pierre partit donc avec l’autre disciple pour se ren- dre au tombeau. Ils couraient tous les deux ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le pre- mier au tombeau. En se penchant, il voit que le linceul est resté là ; cependant il n’entre pas. Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il en- tre dans le tombeau, et il regarde le linceul resté là, et le linge qui avait recouvert la tête, non pas posé avec le linceul, mais roulé à part à sa place. C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était ar- rivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut. Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas vu que, d’après l’Écriture, il fallait que Jésus ressus- cite d’entre les morts. Le premier jour de la semaine... Quand on touche du doigt chaque jour la faiblesse humaine et les contradictions que recèlent les mé- andres de notre existence humaine, comment ne pas se joindre au cri de douleur qui monte sans cesse de nos Golgotha, étouffant les quelques “Magnificat” par lesquels nous essayions de couvrir notre dése- spoir. “Eloi, Eloi, Lama Sabaktani”. C’est un cri que j’ai entendu depuis quelques jours ici en Italie: “Pourquoi, Seigneur? Quel péché avons-nous com- mis...?” Rien de plus humain après le passage réitéré d’un tremblement de terre impitoyable. Pourquoi? Ce matin encore, j’écoutais de nouveau un chant du Pooh, une version un peu différente du Notre Père. Un couplet dit: ... Si tu savais tout ceci depuis des siècles, alors c’est aussi un peu Ta faute. Si tout ceci a une explication, fais-nous du mal, mais explique- nous quand meme pourquoi... Un peu extrême, mais on a envie de lui donner raison. Telle est en tout cas la conclusion à laquelle on finit par se heurter, quand on croit qu’on est au bout du rouleau. Bien souvent, Tout près de nous, lorsque nous demandons “pour- quoi”, avec fureur, Dieu aussi regarde son Fils trahi, vendu, crucifié... et nous demande pourquoi. PAGE 1 Père Alphonse Owoudou, sdb [12 Avril 2009] EVANGILE : JEAN 20, 1-9 “Ecoutez bien, frères et soeurs. Ce Jésus que vous avez crucifié, Dieu l’a ressuscité d’entre les morts; nous en sommes témoins!”

Paques 2009

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Un petit article (commentaire) sur l'évangile de ce dimanche de Paques (2009)

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Page 1: Paques 2009

Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin, alors qu’il fait encore sombre. Elle voit que la pierre a été enlevée du tombeau.Elle court donc trouver Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a mis. »Pierre partit donc avec l’autre disciple pour se ren-dre au tombeau.Ils couraient tous les deux ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le pre-mier au tombeau.En se penchant, il voit que le linceul est resté là ; cependant il n’entre pas.Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il en-tre dans le tombeau, et il regarde le linceul resté là,et le linge qui avait recouvert la tête, non pas posé avec le linceul, mais roulé à part à sa place.C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était ar-rivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut.Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas vu que, d’après l’Écriture, il fallait que Jésus ressus-cite d’entre les morts.

Le premier jour de la semaine...Quand on touche du doigt chaque jour la faiblesse humaine et les contradictions que recèlent les mé-andres de notre existence humaine, comment ne pas se joindre au cri de douleur qui monte sans cesse de nos Golgotha, étouffant les quelques “Magnificat” par lesquels nous essayions de couvrir notre dése-spoir. “Eloi, Eloi, Lama Sabaktani”. C’est un cri

que j’ai entendu depuis quelques jours ici en Italie: “Pourquoi, Seigneur? Quel péché avons-nous com-mis...?” Rien de plus humain après le passage réitéré d’un tremblement de terre impitoyable. Pourquoi?Ce matin encore, j’écoutais de nouveau un chant du Pooh, une version un peu différente du Notre Père. Un couplet dit: ... Si tu savais tout ceci depuis des siècles, alors c’est aussi un peu Ta faute. Si tout ceci a une explication, fais-nous du mal, mais explique-nous quand meme pourquoi... Un peu extrême, mais on a envie de lui donner raison. Telle est en tout cas la conclusion à laquelle on finit par se heurter, quand on croit qu’on est au bout du rouleau. Bien souvent,

Tout près de nous, lorsque nous demandons “pour-quoi”, avec fureur, Dieu aussi regarde son Fils trahi, vendu, crucifié... et nous demande pourquoi. PA

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Père Alphonse Owoudou, sdb [12 Avril 2009]

EVANG

ILE : JEAN 20, 1-9

“Ecoutez bien, frères et soeurs.Ce Jésus que vous avez crucifié,Dieu l’a ressuscité d’entre les morts; nous en sommes témoins!”

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on fait ses comptes quand on pense que tout est ac-compli. Sauf si...... Sauf si Marie Madeleine, au-delà de ses larmes... ...ose regarder avec les yeux de la foi, et se rappeler tout ce que Jésus avait dit pendant 3 ans de prédi-cation. Et si ce n’était que le début, disons... si ce n’était que le “premier jour” et le début d’un re-commencement? Et si Madeleine osait “voir” que Quelqu’un d’autre est entré en jeu? Enfin, elle y arrive.Elle court donc trouver Simon-Pierre et l’autre dis-

les règles du jeu, de savoir qui, quand, comment et pourquoi. On... On a entendu le cri de son Fils qui a accompli sa mission jusqu’au bout. Mais ce On n’aime pas impressionner les badauds par des miracles tape-à-l’oeil, car il cherche le “wow” de l’amour et non celui des curieux. On a pris son temps, car son tempo n’est pas le nôtre. Alors, son silence, au calvaire, en disait long sur sa proximité envers celui ou celle qui porte la croix de l’amour. Alors On a tout vu et entendu: le baiser de Judas, la cruauté des soldats, les larmes des femmes de la ville, la solidarité de Simon de Cyrène, la lâcheté des amis du condamné... Ce On, il faut oser le nommer, Marie. Le puissant fait pour nous des mer-veilles. Il se souvient de sa promesse envers son Fils, et leur amour commun a été plus fort que la haine, l’incré-dulité, le péché et la mort. Ensemble, ils ont relevé le défi. Ils ont gagné. L’Amour pouvait-il rester enseveli? On a enlevé... Dieu a roulé la pierre, Dieu viendra sans cesse nous rejoindre dans nos combats, les lectures de la veillée nous l’ont dit. Il comprend nos pourquoi, nos révoltes et nos incertitudes. Mais, comme le ressuscité nous le dira incessamment, bienheureux ceux qui osent croire sans forcément avoir toutes les preuves tangi-bles. Dieu et ses amoureux n’en ont plus besoin. Le tombeau est vide, un signe, un geste, un sourire, et tout devient aussi clair que l’eau de roche.

Maintenant, avec Marie, redressons-nous et essu-yons les larmes, les nôtres et celles des yeux qui cher- chent encore à voir “pourquoi”, car On (Dieu) ne dort pas. Dieu est là tout près, plus près que je ne puis l’imaginer. Et alors, Il me rappellera que si la foi soulève des mon-tagnes, qu’est-ce qu’une pierre devant le tombeau où je me suis enfermé, puisque lui, Dieu, croit en moi?

Désormais, Dieu est là dans nos solitudes, et nous som-mes appelés à le “voir” en scrutant le tombeau vide, avec Madeleine, Pierre et l’autre disciple qui emprunte notre prénom. C’est de la folie, de croire parce qu’on a vu... le vide. Mais c’est ainsi. Dès ce soir, quelle que soit la durée du Chemin de croix, la Vie nouvelle du Ressuscité finira par nous ravir et nous fournir la clé de lecture de tous nos comment, et de nos pourquoi. C’est ainsi que tout devait se passer. Comme toujours, l’évangéliste nous rassure que ce sont là les méthodes de ce... On.

Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas vu que, d’après l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts. Merci, Jésus, d’avoir tenu jusqu’au bout. Maintenant, c’est à nous de...mourir... Non! De vivre. C’est bien mieux. Sinon, c’est pareil, car “On” s’en occupe, toujours disposé à rouler la pierre, les pierres qui nous enferment ou nous alourdissent dans notre marche vers l’Ailleurs! BONNE FETE DE PAQUES!

ciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a mis. » Il fallait donc qu’elle passât par un acte de foi (un Fiat!) pour con-cevoir ce que Dieu venait de réaliser. Alors, comme l’autre Marie, elle s’en va en courant... Mais elle ne dira pas:: “Le Puis-sant a fait des merveilles...” Elle dira... “On”...

On a enlevé... Mais qui est “On”?Dans la Bible, les auteurs sacrés nous laissent partici-per à l’aventure. Mais la question va bien au-delà de la simple attribution technique. Que le ciel soit loué, puisqu’il y a toujours ce “On” qui vient brouiller les cartes, confondant ainsi nos certitudes de maîtriser

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