60
« Aller à l’idéal et comprendre le réel » (Jean Jaurès) N°13.98 1 e r trimestre 2015 ISSN 11 53-0618 - Autoportrait au chevalet, Paris 1888, Rijksmuseum Vincent Van Gogh VAN GOGH 2015 HOMMAGE EUROPéEN : « 125 ANS D’INSPIRATION » MARCEL LEGAY CHANSONNIER DE L’ÂGE D’OR DES CABARETS OLIVIER LEJEUNE L’INSOLENCE À LA FRANÇAISE PROJET POUR UNE «VILLA MÉDICIS» À MONTMARTRE PHILIPPE GALOY NOUVEAU DIRECTEUR RéGIONAL DE METRO

Paris Montmartre, mars 2015

Embed Size (px)

DESCRIPTION

 

Citation preview

Page 1: Paris Montmartre, mars 2015

« aller à l’idéal et comprendre le réel » (Jean Jaurès)

n°1

3.98

1e

r trim

estre

201

5 i

ssn

11

53-0

618

- a

utop

ortr

ait a

u ch

eval

et, p

aris

188

8, r

ijksm

useu

m v

ince

nt v

an G

ogh

van GoGH 2015HommaGe eUropéen : « 125 ans d’inspiration »

marceL Legay cHansonnier de l’ÂGe d’or des caBarets

oLivier LeJeunel’insolence À la FranÇaise

ProJet Pour une «viLLa médiciS» À montmartre

pHiLippe GaLoYNOUVEAU DIRECTEUR RéGIONAL DE METRO

• PM 11 03 15.indd 1 11/03/2015 15:22

Page 2: Paris Montmartre, mars 2015

MONTMARTRE82, BLD DE CLICHY - 75018 PARIS - TEL : 33(0)1 53 09 82 82

WWW.MOULIN-ROUGE.COMFACEBOOK.COM/LEMOULINROUGEOFFICIEL

DÎNER & REVUE À 19H À PARTIR DE 190 €REVUE À 21H & 23H À PARTIR DE 77 €

© Bal du Moulin Rouge 2015 - Moulin Rouge® - 1-1028499

Des tableaux de rêve, 1000 costumes de plumes, de strass et de paillettes, des décors somptueux, l’Aquarium géant, le célèbre French Cancan

et … les 60 Doriss Girls !

DÉCOUVREZ LA REVUEDU PLUS CÉLÈBRE

CABARET DU MONDE !

AP TERRASS_PARIS MONTMARTRE_180x132.indd 1 03/12/14 11:50

• PM 11 03 15.indd 2 11/03/2015 15:22

Page 3: Paris Montmartre, mars 2015

En cette année 2015, à l’occasion du 125e anniversaire de la mort de Vincent Van Gogh, on célèbre un peu partout dans le monde et notamment en Hollande, Belgique et en France, l’un des plus grands artistes contemporains.

J’espère que notre dossier spécial Van Gogh vous incitera à découvrir les événements culturels originaux créés autour de son œuvre et de sa vie. Bien sûr, Montmartre, qui fut une importante étape de son parcours, s’inscrira pleinement dans cette célébration avec le Comité Régional du Tourisme Ile-de-France (CRT) et le Syndicat d’initiative de Montmartre (lire pages 28 à 35).

Vincent van Gogh, génial et incompris de tous, était décrit par ses amis non pas comme un « pauvre malade » au bord de la démence, mais comme un artiste humaniste emporté par une quête esthétique et mystique, brûlant sa vie et son âme. Il a été malgré tout perçu comme l’archétype du peintre maudit.

Cette représentation caricaturale, conséquente à la mythifi cation, est d’autant plus dommageable qu’elle a fi ni par camoufl er l’homme véritable, d’une grande érudition, d’une profonde bonté. Et contrairement aux clichés faciles de « la vie

de bohème », l’homme a toujours été à l’abri de la misère – son frère Théo lui donnant les moyens de vivre et de peindre.

Cependant, la survie d’un artiste n’est pas qu’une question matérielle. Le manque

de reconnaissance, pour ne pas dire l’indifférence voire le mépris complet de la société, lorsqu’on met autant de passion et d’exigence dans l’élaboration de son œuvre, prend la dimension d’une tragédie. Relégué dans les marges celui qui marche sans trêve sous les étoiles, celui qu’on traite de « rapin », de « barbouilleur » ; celui qui donne

aux autres le meilleur de lui-même, jusqu’au bout de ses forces, le voilà condamné à l’inexistence sociale.

Aujourd’hui comme hier, de telles situations ne sont pas rares, même si elles passent inaperçues. Pour quelques stars du marché de l’art, qui font leur beurre de l’héritage de Marcel Duchamp sur fond de vieil avant-gardisme devenu l’art offi ciel, combien d’artistes sincères continuent d’affronter les sarcasmes, et tentent d’exister aux confi ns de la société de consommation ! Société menée par le bout du nez par la publicité et le prêt à admirer et consommer…

Ainsi, notre projet « Montmartre : une villa Médicis à Paris », aujourd’hui déposé

offi ciellement dans le cadre des budgets participatifs de la Ville de Paris (lire pages 20 et 21) est l’une des réponses à cet état de choses. Il ne s’agit pas là seulement de restaurer et reboiser l’un des plus beaux lieux de Montmartre, mais aussi de développer un pôle culturel et artistique de rencontres, de découvertes et d’activités diverses pérennisant la vocation du site.

Souhaitons que cette année 2015, consacrée « année Van Gogh », à travers les manifestations organisées notamment en Europe sur tous les sites qui ont inspiré l’artiste, donnera à voir le véritable visage de ce grand créateur incompris de son vivant, et qu’elle conduira certains, en souvenir de lui, à mieux considérer les artistes d’aujourd’hui qui vivent en marge de la société et à l’ombre de la reconnaissance et du marché de l’art.

Nous avons d’ailleurs proposé, avec le Collectif des associations montmartroises, que la Fête des vendanges et la cuvée du Clos Montmartre 2015 portent le nom de Vincent van Gogh, pour faire un symbole du produit de notre vigne. Même si une autre thématique avait déjà été choisie, il n’est pas impossible que cette idée ait trouvé auprès des élus une oreille attentive. Et une oreille, c’est précieux, non ? Alors, « Wait and see… »

(Attendons…)

midani

édito2015, ANNÉE VAN GOGH

MUTUELLE INDIVIDUELLE

Xavier CASTEX Votre assureur conseil à MontmartreXavier CASTEX

> Retraités Pour VOUS des Garanties adaptées à un tarif abordable.

Agence Xavier Castex Assurance 135 rue Ordener - 75018 ParisTél : 01 53 41 82 41Email : [email protected] : www.axca.fr N° ORIAS 08042769 - www.orias.fr

> Indépendants> Travailleurs non salariés Pour VOUS des Garanties de qualité et une Gestion simplifi ée.

Nous nous engageons : • Écoute• Conseil personnalisé• Service

• PM 11 03 15.indd 3 11/03/2015 15:22

Page 4: Paris Montmartre, mars 2015

REGISTRE DU COMMERCEparis B 420 740 045RÉDACTION ET PUBLICITÉ13, place du tertre, 75018 paristél. 01 42 59 19 99DIRECTEUR DE LA PUBLICATIONMidani M’[email protected] ADJOINT ET RÉDACTEUR EN CHEFJean-Manuel [email protected]ÉGIE PHOTOJacques Habas, tél. 06 17 55 57 37RÉDACTEUR-CORRECTEURMichel-a. daguetRÉDACTIONJean-paul Bardet, Yves Bertrand, alexandra cerdan, Michèle clary, Marie-France coquard, Michel-a. daguet, Bernard deharbre, Jacques Habas, alain Haimovici, sophia Mezières, Jean-Jacques sacquet, perrette souplex, Jean-Marc tarrit, Hervé valade-chassing. PHOTOGRAPHIESadelmo, Jacques Habas, Frédéric loup, Yves praturlon. ILLUSTRATIONeric Boldron, JanbrunDÉPÔT LÉGAL1er trimestre – mars 2015RÉGIE PUBLICITAIREMichèle dura 06 43 57 74 94email : [email protected] Miserezwww.miserezdesign.comIMPRESSIONdcFa

pour promouvoir votre activité dans le magazine, et réserver un encart publicitaire, n'hésitez pas à contacter michèle dura au 06 43 57 74 94 mail : [email protected]

mmontmartreparispTrouvez

chez nos partenaires :Le Moulin Rouge, Terrass Hôtel Paris [p. 2] • Xavier Castex MMA [p. 3] • Le Sabot Rouge [p. 5] • La Maison des Tapis [p. 11]Clichy-Montmartre [p. 16] • Pizzeria Mancini, La Mascotte, L’Écaille [p. 21] • Gestion Immopolis [p. 23]Wepler [p. 26] • Chez ma Cousine [p. 38] • Le Brio [p. 39] Fusart, Coquelicot, Le Cadet de Gascogne [p. 46]Le Coin des Amis [p. 50] • Efrayim Créations [p. 52] • La Bonne Franquette, Léautey [p. 55] • Promotrain [p. 57]Michou [p. 59] • Immopolis [4e de couverture] • Au Syndicat d’initiative de Montmartre, 21 place du Tertre,et dans certaines boulangeries du XVIIIe.

sommaireParis-Montmartre 1er trimestre, mars 2015

6 michou… un MaÎtre de Maison HeureuX !

10 Simone duFay « tous les passants sont des poètes, tous les voisins sont des aMis »

18 PhiLiPPe gaLoy le nouveau directeur réGional de Metro, partenaire de la FÊte des vendanGes

20 MontMartre : une « viLLa médiciS » À PariS !

22 micheL PrSKaWiec sculpteur MontMartrois

28 van gogh 2015 125 ans d’inspiration

36 mira BeLLe la vie en cHapeauX coMMe on n’en Fait plus

40 Bertrand torPedo un MontMartrois international

48 oLivier LeJeune l’insolence À la FranÇaise

« Aller à l’idéal et comprendre le réel » (Jean Jaurès)

N°1

3.98

1e

r trim

estre

201

5 I

SSN

11

53-0

618

- A

utop

ortr

ait a

u ch

eval

et, P

aris

188

8, R

ijksm

useu

m V

ince

nt V

an G

ogh

MARCEL LEGAY CHANSONNIER DE L’ÂGE D’OR DES CABARETS

OLIVIER LEJEUNEL’INSOLENCE À LA FRANÇAISE

VAN GOGH 2015HOMMAGE EUROPÉEN : « 125 ANS D’INSPIRATION »

PHILIPPE GALOYNOUVEAU DIRECTEUR RÉGIONAL DE METRO

• PM 11 03 15.indd 4 11/03/2015 15:22

Page 5: Paris Montmartre, mars 2015

LE SABOT ROUGE vous accueille tous les jours

de la semaine dans l’ambiance bohème des artistes de Montmartre

Le Sabot Rouge13, place du Tertre

75018 Paris

• Petit déjeuner complet servi jusqu’à 12 heures

• Plat du jour

• Salades diverses

Le dessin du trimestre par Janbrun

• PM 11 03 15.indd 5 11/03/2015 15:22

Page 6: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98La vie en imageS

la traditionnelle céréMonie des vœuX de La réPuBLique de montmartres’est tenue à la mairie du Xviiie, comme à l’accoutumée, en présence du maire, eric lejoindre, de Michou, et de nombreuses personnalités artistiques et associatives. cette année, Joëlle et Joël, (Joëlle leclère et Joël Benayoun), les passionnés animateurs des p’tits poulbots, ont reçu le titre d’ambassadeurs de la rdM. et, en effet, quels meilleurs ambassadeurs de l’esprit montmartrois ?

Le « PouLBot chantant » aLain turBan a été mis à l’honneur lors du 35e festival « chelles Multiphot », manifestation annuelle de renommée internationale consacrée à la création audiovisuelle utilisant des images projetées, fi xes ou animées. c’était le 8 mars, au centre culturel de chelles, où alain turban a proposé un « son et lumière » pour évoquer son parcours original d’enfant de la Butte rêvant de « faire l’artiste »… ce superbe spectacle musical et audiovisuel – avec projections sur un grand écran de 52 m2 dans une belle salle de 700 places – était proposé par chelles audiovisuel d’après le livre d’alain turban Un taxi dans les étoiles, avec la complicité de l’auteur-chanteur bien sûr, et la participation du théâtre de chelles, de la Gaité, l’asc danse et l’amicale artistique chelloise.

c RÉÉe en 2001 par l’association « un village dans paris :

Montmartre » présidée par Michel cadin, « l’écosse à Montmartre » est une manifestation bi-annuelle, qui met à l’honneur la culture et l’esprit écossais, dans un esprit festif et populaire, en parallèle de la coupe du monde de rugby. a la fois spectaculaire et conviviale, elle remporte un franc suc-cès à chaque édition.la traditionnelle grande

parade du samedi accueil-lait les cornemuses des plus grands pipe Bands du monde entier, aux côtés des représentants des associa-tions : la commanderie du clos Montmartre, les petits poulbots, la république de Montmartre, les compa-gnons de Montmartre…

a l’occasion de la rencontre France-ecosse du tournoi des siX nations, le saMedi 7 Février 2015, pendant tout un WeeK-end, « L’eSPrit ScottiSh » et la Ferveur écossaise ont Fait Battre Le cœur de montmartre.

• PM 11 03 15.indd 6 11/03/2015 15:22

Page 7: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98 La vie en imageS

PoéSie, muSique et Peinture au Moulin de la Galette

Linda BaStide, écrivain poète MontMartrois, a été l’invitée d’honneur du « Giovanni show » au café littéraire de la place saint-sulpice. il s’agissait bien sûr d’évoquer son riche parcours artistique, de ses débuts cinématographiques à la poésie. pour ce faire, Giovanni dotoli, animateur de cette rencontre, a quelque peu emprunté les chemins de traverse, mais il est vrai que tous les chemins mènent… à linda ! pendant la présentation de son dernier recueil, 13 Pas sur les chemins bleus de Montmartre, suivie de quelques lectures, l’assistance pouvait admirer l’exposition des toiles colorées de larissa noury, dont l’univers pictural présente bien des similitudes avec celui de son amie poétesse.

La grande Parade du Jour de L’an, organisée par le Monde Festif de Marcel campion, a circulé depuis la place de la concorde jusqu’au rond-point de l’etoile : une quinzaine de fanfares d’une dizaine de nationalités, des chars, acrobates, jongleurs et autres fantaisistes de cinq grandes compagnies de cirque (pinder, Bouglione, Muller, phénix et romanès), ont fait leur bel effet, ainsi que la superbe délégation de la république de Montmartre, avec celle des petits poulbots, toujours appréciées des spectateurs.

ce fut une soirée exceptionnelle au Moulin de la Galette, le 19 janvier dernier, autour du nouveau

recueil du poète italien Giovanni dotoli* : Chansons de Montmartre, illustré par des peintures de Midani, aux éditions thierry sajat. la séance de dédicaces, dans la salle du restaurant où étaient accrochées les toiles de Midani illustrant l’ouvrage, fut suivie d’un dîner-spectacle (poésie, musique et chansons), conçu à partir des textes de dotoli mis en musique par étienne champollion, (descendant

direct du grand accompagnateur de napoléon Bonaparte en égypte), chantés par le soprano océane champollion et chantés ou récités par le ténor damien roquetty.

de nombreux artistes, musiciens, éditeurs, académiciens, figuraient parmi les convives : parmi eux, Jean-louis Boursin, président de la Fondation robert de sorbon ; dong nguyen et tan nguyen duy, pour l’association alliance internationale de la cité universitaire de paris ;

les poètes linda Bastide, Maggy de coster et Jean-François Blavin ; les professeurs thierry aimar, pierre Brunel, ancien vice-président de la sorbonne, Jean-claude séjourné, président de l’office de tourisme de la Ferté-Bernard etc.

*Giovanni dotoli est le plus parisien des italiens. il est l’auteur, entre autres, de deux autres livres de poèmes sur paris, Paris Poème (2000), traduit en catalan et en japonais, avec des illustrations de François chapuis, et Paris en quatrains (2006).

• PM 11 03 15.indd 7 11/03/2015 15:22

Page 8: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98découverteS

le saVieZ-VOUs ?... LE QUIZZ DE JEAN-MARC TARRIT…

QUestion 1

Ce peintre né en Italie en 1883 s’installe à Montmartre au début du XXe siècle, et son œuvre est un rare exemple de syncrétisme entre division-nisme, cubisme et futurisme. Son élégance naturelle comme ses qualités d’excellent danseur l’amèneront à fréquenter les lieux célèbres de Montmartre, du Monico au bal Tabarin

immortalisés sur des toiles fi gurant aux cimaises des plus grands musées du monde. Intellectuel et spirituel, il parti-cipera à l’un des courants les plus marquants de l’esthétisme d’avant-garde qui, à l’image du surréalisme, embrassa toutes les formes d’art… Et ce jusqu’à vouloir détruire Mont-martre, qu’il aimait tant, dans un manifeste resté célèbre, publié en1913 dans Comoedia ! Terminant ses jours dans son atelier de la rue Schœlcher, à Montparnasse, son corps repose dans sa ville natale de la province d’Arezzo, sous les

cyprès de Toscane. Vous aurez sans doute croisé son ombre impasse Guelma… Qui était-il ?

QUestion 2

Son patronyme bien qu’homo-nyme et sans lien de parenté évoque un préfet de la Seine resté célèbre pour la création d’un concours né en 1901 afi n de développer la commercia-lisation des jouets français….Plus d’un siècle plus tard, il est toujours attribué aux inventeurs lors de la Foire de Paris….mais

notre artiste est d’une autre veine… Peintre vedutiste, né au plus beau tiers du XIXe siècle, il demeure, sans une recon-naissance pourtant amplement méritée, l’un des plus beaux paysagistes des bords de Seine et de Montmartre où il vivra plus de trente ans… Il est dans votre regard et dans notre patrimoine… Qui est-il ?

(Les réponses sont à lire en pages 50-51).

BRice MoYse, président de l’association des commerçants Lepic Abbesses, nous livre son coup de cœur pour

un tout nouveau bistrot montmartrois, Le Persifl eur, ouvert par deux jeunes gens dynamiques. Bienvenue à Montmartre !

« Le Persifl eur » se présente comme un estaminet à touche contemporaine : les deux salles rapprochent une ambiance salon feutré, pour siroter un cocktail inattendu (créations maison), et un comptoir bien fourni.

A l’origine de cette nouvelle adresse des Abbesses, à la déco inventive, deux amis et associés : Benoît, élève de l’école hôtelière de Glion, sur les hauteurs du lac Léman, qui

a œuvré chez Pierre Gagnaire à Londres et dans des hôtels de luxe. Et Simon qui, en parallèle d’un master en Gestion d’Entreprise, s’est toujours exercé dans le domaine de la restauration.

Une pointe d’espièglerie gustative (l’esprit Poulbot) pour les cocktails originaux, une sélection minutieuse de vins et de bières, et une petite carte coupe fringale sympathique, voilà le programme du

Persifl eur, qui, malgré son intitulé, ne se moque sûrement pas de sa clientèle, mais qui sait taquiner talentueusement ses papilles avec des produits atypiques ou inédits, sélectionnés pour leur saveur, leur originalité, et le savoir-faire de leurs producteurs.

Le persiFLeUr3 bis rue Durantin

75018 Paris

LE CoUp de CŒUr DU PRéSIDENT

• PM 11 03 15.indd 8 11/03/2015 15:22

Page 9: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98 La vie en imageS

Un Michou… un maître de maison heureux !

Un bon déjeuner entre amisDes invités toujours réjouisDes bénévoles pleins de dévouementDes tables joliment dressées et fl euriesDe la joie, de l’émotion, du bonheurEt… toujours le même président !

Un Michou… qui boit… du petit lait !

Un repas délicieusement gastronomiqueUn Louis, notre Chef, doublement étoiléDes fi celles picardes jouffl uesDu fromage qui fl eure bon le terroirDes pâtes feuilletées qui craquentEt… toujours le même président !

Un Michou… avec à sa table… ses invités !

Un Bernard Menez et son nez pointuRosa Bouglione, notre centenaire de 104 ansEt son bébé Emilien qui n’a que 80 et quelques…Jean-Jacques Debout et ses anecdotes hilarantesPierre Richard sans chaussure mais toujours blondEt… toujours le même président !

Un Michou… qui lance le divertissement !

Des transformistes époustoufl antsUn Dureau au talent toujours plus fortUne France Fannel et sa gouaille parisienneLa superbe voix d’opéra du petit cubain TirsoLes bravos sonores de nos invités

Mais… encore… et encore… le même président !

perrette souplex (En collaboration avec Michel Delpech)

miCHoU… UN MAÎTRE DE MAISON HEUREUX !

phot

os :

Adel

mo

• PM 11 03 15.indd 9 11/03/2015 15:22

Page 10: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98

siMONe DUFaY« tous les passants sont des poètes, tous les voisins sont des aMis »

E n haut de la rue Lamarck, derrière le Sacré-Cœur,

vit une poétesse montmartroise hors du commun : Simone Dufay. D’une parfaite élégance jusqu’au bout du foulard et de ses cheveux blancs… Elle vous prend chaleu-reusement les mains et vous com-prenez par l’intensité du geste qu’aujourd’hui c’est la Rencontre inoubliable…

Née à Biarritz – « Je me targue d’être née en 1924, l’année où a été signé le manifeste du surréalisme ! Le cœur des années folles… » – Simone va suivre des études secondaires en Philo-Lettres.Un jeune homme, étudiant en droit, la « kidnappe » : c’est son futur mari ! « Lui, il commandait, et moi j’obéissais ! » Elle éclate de rire.Simone se marie à Bordeaux. Son époux est nommé à Paris, à l’EDF, raison pour laquelle ils se retrouvent à Montmartre dans les années 50. Ils ont deux enfants : François et Arnaud. Son fi ls aîné, François, normalien, journaliste au Point puis à l’Express, est parti trop tôt, dans un accident. Il repose au cimetière St-Vincent. Ses deux enfants étaient de vrais petits poulbots qui ont usé leurs fonds de culotte sur la rampe des escaliers de la rue du Mont-Cenis, en face de leur école. « Je suis naturalisée montmar-troise ! La rue Lamarck est mon village et je ne m’en éloigne jamais plus de trois semaines par an ! »

Simone est journaliste, poète, écrivain, conférencière… et auteur de chans ons. « Je ne suis pas venue à l’écriture, je suis née avec de l’encre de stylo dans les veines. J’ai toujours écrit. C’est un état, c’est la substance. On nait avec ! »

Elle débute sa carrière de Journaliste dans les pages féminines de L’Equipe, à l’époque où Jacques Goddet les avaient créées pour raison publicitaire, mais qui hélas ne durèrent qu’un an. C’est là où Simone apprend tout de son métier. Elle interview entre autres Jean Gabin, Simone Signoret, Yves Montand. Simone me tend les articles jaunis de journaux

en disant : « Mais il ne faut pas le dire, ça fait prétentieux ! Ah ! C’était merveilleux, l’Equipe ! »Ensuite, elle collabore en « free lance » à de nombreux magazines, entre autres Jeunesse Cinéma, fondé par Myrette Tiano (où elle tenait une rubrique), Ciné Révélation, Mademoiselle Magazine, Pariscope… « Je me prenais pour la star du raccourci ! Du temps où je collaborais

au journal La vie en fl eur, dirigé par Sa-bine Berritz, grande dame de la presse, comme je lui apportais un texte encore plus court que les autres, elle me dit :

- Bravo mon chou ! Il ne vous reste plus qu’une chose à apprendre ! - Quoi, madame ? - A délayer ! »

Simone a aussi « parolé » des chansons, son regret étant de ne pas en avoir écrit une aussi belle qu’elle l’aurait voulu.Elle a fi nalement abandonné le journa-lisme pour la poésie et se dit très fi ère d’avoir été lauréate de l’Académie poé-tique de Montmartre, fondée par Suzanne Denglos-Fau, dont elle garde un souvenir aussi admiratif qu’ému. « Suzon » avait des mots merveilleux, par exemple : « La liberté a ses rigueurs », et cette phrase surréaliste : « On ne tire que sur les arbres en fl eurs ». Simone publie plu-sieurs recueils et reçoit entre autres les prix Desbordes-Valmore et Marie-Noël. Actuellement, elle écrit un billet d’humeur dans la revue littéraire Le Cerf-Volant, et cela depuis 40 ans, sous le pseudonyme de Dorine. C’est une revue fondée en 1951 par Renée Garcia, montmartroise de la rue Lamarck, et parrainée par Jean Cocteau. « Chez Michaux, le traiteur de la rue Caulaincourt, les vendeurs qui sont des amis m’accueillent par ces mots : Salut Dorine, la Biarrotte ! »

retrouvent à Montmartre dans les

parti trop tôt, dans un accident. Il

me tend les articles jaunis de journaux

montmartre, c'eSt vouS

• PM 11 03 15.indd 10 11/03/2015 15:22

Page 11: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98

Comment vous décrivez-vous, Simone ? « Je dirais que je suis une désordonnée qui aime l’ordre et une triste qui aime rire ! Je suis une fourmi déguisée en cigale… J’aime aussi la gentillesse. »Elle dit aimer la sécurité, les choses très inscrites et avoir horreur de la fête. Avec son mari, beaucoup de valises faites pour aller au bout du monde… Mais Simone préfère rester à la maison. Pourquoi ? « Je suis une contemplative et ne veut pas être distraite de l’écriture. »

Quelques pépites précieuses de souvenirs :« La rue Lamarck est mon village ! Il faut nous permettre un peu de nostalgie : j’ose le dire, c’était mieux avant… même si c’est encore pas mal ! » Autrefois dans cette rue, tout s’animait par une mosaïque de commer-çants : Georges le boucher, Largarde le marchand de couleurs, la ville d’Ys les jouets, M. et Mme Le Pivert, boulangers pâtissiers, Pascaline pour les fruits et légumes, M. Guilchard, épicerie fi ne… « Mais ce que j’adore dans mon village, c’est de pou-voir rencontrer cinquante personnes avec qui échanger les dernières nouvelles de nos enfants et du quartier. Tout le monde se connaît ! Tous les passants sont des poètes, tous les voisins sont des amis ! »

Simone aime particulièrement la liberté d’esprit, ce non conventionnel qui règne à Montmartre : le folklore, une sorte de légè-reté, l’humour, l’amitié. La séduction… Pas d’esprit de classe. « Dans notre époque où tout est commercialisé, Montmartre garde une espèce de distance, de hauteur, c’est le cas de le dire !Nous ne sommes pas comme tout le monde… Ici règne quelque chose de magique qui traverse le temps ! Montmartre

c’est aussi l’accordéon, l’orgue de barba-rie. Aussi un lieu de poésie, de souvenirs littéraires… et surtout pas de chichis ! Par contre, le Montmartrois aime croiser des acteurs ! On est un peu snob avec ça ! »Quelques souvenirs à la hauteur du Sacré-Cœur :« Le temps où Chantal organisait des soirées littéraires dans son restaurant Le clocher de Montmartre. Ainsi se sont réunis autour d’une longue table Dominique Blanchar et des acteurs de la Comédie-Française pour faire une lecture de « A la recherche du temps perdu ». Proust à Mont-martre ? Inattendu ! Pourtant, cela a mer-

veilleusement fonctionné. Proust s’est senti bien rue Lamarck… »Autre souvenir pitto-resque : « Nous allions chercher nos œufs au carmel car les sœurs éle-vaient des cocottes ! Ce lieu, un havre de paix ! Et quel joli jardin ! ».

Autre havre de paix : le cimetière St-Vincent. Fran-çois, son fi ls, disait que si l’expression « cimetière

de charme » existait, on pourrait l’attribuer à celui-ci. Des chats s’y promènent, des étudiants y révisent et des vieilles dames tricotent en échangeant les cancans du quartier. Il y a même des fi guiers ! « Il n’y a qu’ici que c’est possible ! »De même, aussi étrange que cela paraisse, Montmartre « interlope » entretient d’excel-lents rapports avec la religion ! Simone se souvient de Sœur Vaillant et de Sœur Marie-Etienne qui lui disait : « Priez le St-Esprit mon enfant, il est épatant ! » De Sœur Sautereau aussi qui lui conta cette anecdocte : une montmartroise « pur jus » avait perdu un fi ls de vingt ans, et le curé de St-Pierre cherchait à la consoler : « Il est près du bon Dieu maintenant...» Alors, la dame de lui répondre, le point sur la

hanche : « Et vous croyez que c’est une distraction à son âge ? ».

« Montmartre c’est un creuset de poésie, la preuve, Nerval ! Marcel Aymé qui tapait le carton tous les soirs au Clairon des chasseurs avec quelques habitués ! Et puis Cité Véron, Prévert, Boris Vian… Comment se fait-il que ces deux écrivains si représentatifs de la rive gauche aient élu domicile sous les ailes du Moulin Rouge ? La réponse est peut-être tout simplement : la magie de Montmartre… »

Simone est magnifi quement entourée par ses cinq petits-enfants et par son fi ls Arnaud qui, bien qu’ayant émigré dans le XVIe arrondissement, reste un inconditionnel de Montmartre : « Quand j’arrive à la fron-tière de la rue Lepic, je retrouve une odeur natale. »

L’écriture a choisi Simone, sa poésie est scintillante de pureté. Elle nous offre ces moments montmartrois magiques. Elle incarne l’intelligence et un art de vivre, mais dans la simplicité. Une personne rare qui embellit la vie des autres de son écriture. Une rencontre merveilleuse de la rue Lamarck… Simone Dufay : Montmartre, c’est vous !

michèle Clary

Je dirais que je suis une

désordonnée qui aime l’ordre et une triste qui

aime rire !

montmartre, c'eSt vouS

LA MAISON DES TAPIS

Vente de tapis et tapisseriesfaits à la main

avec certifi cats d’origine154, rue Ordener - 75018 Paris

Tél : 01 53 28 01 27

www.lamaisondestapis.fr

Depuis 3 générationsATELIER REPARATION

de la maison des tapis

Lavage traditionnel Restauration

Détachage et coloration154, rue Ordener 75018 Paris

Tél: 01 53 28 01 27

DEVIS GRATUIT

Atelier de reparation

Lavage traditionnel Restauration

Détachage et colorationwww.repartapis.fr

• PM 11 03 15.indd 11 11/03/2015 15:22

Page 12: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98hiStorique

La carrière de Louis dans la Marine impérialeComme prévu, nous poursuivons ici la biographie de Louis Berlioz, au moment où il choisit une nouvelle orientation de sa carrière. Louis, qui désirait quitter la marine marchande, est heureux d’enfi n pouvoir réaliser son voeu, par un premier embarquement, au sein de la Marine Impériale, fi n juin 1851. Pour le jeune marin, cet engagement sera doublement important, car d’une part, il bénéfi ciera désormais d’une solde (certes modeste) de 40 Frs par mois, d’autre part il ne sera plus à la charge de son père, celui-ci n’ayant plus à payer de « pension de pilotin » au bénéfi ce de son fi ls.

Navire de la Marine militaire, l’aviso à vapeur Le Corse a été le premier navire de guerre français à vapeur propulsé par hélice. L’introduction de l’hélice, comme nouveau mode de propulsion, fut une vé-ritable révolution qui apportait une effi -cacité indéniable par rapport à la propul-sion par roues à aubes, encombrantes et

très vulnérables. Désormais, ce mode de propulsion sera progressivement étendu à l’ensemble de la fl otte.

Mis en chantier au Havre fi n 1842, aux chantiers d’Augustin Normand, ce navire, initialement destiné au service postal en Méditerranée, sous le nom de Napoléon, est semblable au paquebot postal Le Guyenne représenté ci-contre. Long de 47 mètres, gréé en trois-mâts goélette, il disposait d’une chaudière fournissant une puissance de 130 chevaux. Lorsque la Marine impériale le rachète en novembre 1850, il est rebaptisé Le Corse. Son ar-mement effectué et terminé à Toulon, le bâtiment sera, comme tout aviso, princi-palement affecté à la protection du litto-ral, celui de la Manche, jusqu’en 1863. En 1854, pendant la guerre de Crimée, il sera exceptionnellement utilisé pour le transport de troupes en Baltique. Après de nombreuses autres missions, l’aviso sera missionné comme « mouche » à l’escadre de la Méditerranée, ce qui ne fera que le ramener à sa mission d’origine.

La mobilité qu’impose son engagement dans la Marine impériale éloigne mal-

heureusement Louis de sa mère, Harriett, qui est bien malade depuis des années, à demi paralysée, et sur laquelle l’ami de son père, Auguste Morel, avait veillé un moment. Louis, bien entendu, était venu passer quelques temps auprès d’elle, avant de rejoindre Calais. Sa mère dé-cèdera le 3 mars, quarante-huit heures après qu’il l’ait quittée. Hector Berlioz, seul, se chargera de toutes les démarches nécessaires : administratives ainsi que religieuse, en la recherche d’un homme d’église qui se révèlera être le pas-teur Hosemann de l’église luthérienne. L’inhumation a eu lieu le lendemain au cimetière Saint-Vincent. Tout proche de la maison qu’elle habitait, elle n’aura pas un long trajet à accomplir pour venir y dormir de son dernier sommeil. Ses modestes funérailles seront accompa-gnées de l’ensemble des fi dèles, que leur amitié pour le musicien a réunis autour de lui. Aspirant à bord de son aviso, Louis n’avait donc pas pu être présent. Cependant, Berlioz qui demeure immen-sément bouleversé par cette disparition, confi era à son fi ls, en ces termes, son immense détresse :

BerliozPaquebot postal La Guyenne Le Corse Le Phlégéton

LOUIS BERLIOZ — à Montmartre —

DEUXIÈME PARTIE

• PM 11 03 15.indd 12 11/03/2015 15:22

Page 13: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98 hiStorique

BerliozLouis

Auguste Morel Marie Recio

« Je suis là, tout seul à t’écrire depuis le grand salon de Montmartre, à côté de la chambre déserte ; je viens encore du ci-metière, j’ai porté sur sa tombe deux cou-ronnes, une pour toi, une pour moi. Je n’ai pas la tête à moi, je ne sais pourquoi je suis rentré ici. J’ai gardé ses cheveux, ne perds pas cette petite épingle que je lui avais donnée. Tu ne sauras jamais ce que nous avons souffert, l’un par l’autre, ta mère et moi, et ce sont ces souffrances mêmes qui nous avaient attachés l’un à l’autre. Il m’était aussi impossible de vivre avec elle que de la quitter. »

En ce mois de mars 1854, l’Angleterre et la France ayant déclaré la guerre à la Russie, les préparatifs du confl it sont déjà présents, la Marine est mobilisée. Bien que les opé-rations militaires doivent principalement se passer en mer Noire, l’état-major a pré-vu de faire diversion en Baltique : s’empa-rer de la forteresse de Bommarsund et, de ce fait, tenter de bloquer la fl otte russe, un objectif qui sera atteint. La fl otte russe ne se risqua pas à quitter la base navale de

Cronstadt, située dans le golf de Finlande, à l’ouest de Saint Pétersbourg. L’aviso Le Corse n’étend pas disponible, Louis embarque le 25 avril sur Le Phlégéton, une corvette qui venait d’être mise en service. Aussitôt les opéra-tions militaires ache-vées, l’escadre quitte la Baltique, elle sera de retour en France

le 18 septembre. C’est à ce moment que Louis apprend le remariage de son père avec Marie Recio, mariage qu’il accepte aisément. A son retour à Cherbourg, Louis est admis suppléant du lieutenant à bord d’un autre navire, Le Laplace, qui avait aussi participé à la guerre de Crimée, en Baltique puis en mer Noire. Fin dé-cembre, bien qu’affecté sur Le Fleurus, il ne semble pas vouloir reconnaître les bienfaits que lui avait accordé jusque là l’amiral Cécille qui, sur “recommanda-tion” de son père, suivait sa carrière. A sa construction, Le Fleurus portait le nom de Dauphin royal. Il s’agit d’un trois-mâts qui avait été l’objet de plusieurs transfor-mations, dont l’adjonction d’une machine à vapeur de 650 chevaux. Classé vaisseau de deuxième rang, il était armé de 90 ca-nons.

En ce début d’année 1856, Louis pense que sa carrière dans la Marine de guerre risque d’être pour lui une impasse, qu’elle ne lui permet pas d’accéder au grade qu’il vise désormais. Après avoir navi-

gué sur plusieurs navires, Le Fleurus, Le Navarin, effectué un passage sur La Zénobie, Louis fi nit, pour diverses rai-sons, par se trouver débarqué et congédié de la Marine impériale en juin 1856. Resté à Toulon durant les deux premiers mois de 1856, mais toujours affecté au Navarin, il attendait avec une certaine impatience, de Mrs Morel et Lecourt, contactés par son père, un possible recours vers une position plus lucrative, un embarquement sur un bâtiment marchand. Ce qui n’est pas du tout du goût de son père !

Fin 1859, Louis émet le désir de se ma-rier. Madame Lawson, une ancienne amie d’Harriet Smithson, tentera de lui faire accepter un mariage heureux avec Berthe Frosmont. Mais Berthe n’est âgée que de 17 ans et Louis n’a pas encore pu pré-senter ses examens de futur capitaine au long cours, car il est très souvent en mer. Le mariage n’aura pas lieu, même s’il semble se plaindre auprès de son père, de rester « sans famille », (un père qui ne fera d’ailleurs rien pour l’encourager, insistant fortement sur les inconvénients et les dif-fi cultés d’être souvent absent, en mer, une attitude qu’il fi nira par reprocher à son père !)

Le retour vers la marine marchandeC’est l’occasion de revenir à Auguste Morel, ce compositeur et critique musi-cal, à qui nous avons déjà fait référence. Comme Auguste Morel et Hector Berlioz partagent une activité commune, à savoir

• PM 11 03 15.indd 13 11/03/2015 15:22

Page 14: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98artiSanhiStorique

le journalisme, les deux hommes sont de façon évidente très liés, d’une ami-tié née de façon toute naturelle. Lorsque ce dernier retourna dans sa ville natale, à Marseille, il accueillit volontiers Louis en pension, dans sa maison. Dès septembre, afi n d’aider son hôte, Auguste Morel fai-sant appel à ses relations, parviendra à obtenir à son protégé une place de lieute-nant au sein d’une Compagnie maritime, propriété du baron James de Rothschild.

Dès octobre, Louis effectue, comme lieutenant, au départ de Marseille, sa première campagne de navigation avec cette compagnie. Il embarque, à desti-nation de Bombay, sur La Belle Assise. A son retour, au mois d’août de l’année suivante, La Belle Assise étant vendue, il trouve une place sur La Reine des clippers (The Queen of clippers), un superbe voilier de trois mâts, construit à Boston. Comme tous les navires de cette catégorie, renommés pour leur vitesse, La Reine des clippers sera réservé en priorité au transport des voyageurs et du courrier. A leur apparition, la supériorité des clip-pers s’affi rmera vite et, c’est grâce à ce type de navires, jaugeant de l’ordre de 750 tonneaux, que la marine à voile a connu ses derniers plus beaux jours jusqu’à la fi n du XIXe siècle. Dans l’attente d’em-barquer pour son second voyage vers Bombay, Louis logera à nouveau chez Auguste Morel. Durant cette longue escale, son père le presse de profi ter de ce temps libre pour réfl échir sur le futur déroulement de sa carrière. Il insiste sur-tout sur la préparation de ses examens et, si nécessaire, lui conseille de faire appel à un professeur de mathématiques pour

assurer cette préparation. Louis, après un moment de doute, fi nit par prendre conscience de l’importance des conseils de son père. Il intègre une école d’hydro-graphie, des écoles gratuites, qui sont ouvertes et accessibles à tous les inscrits maritimes. Il choisit de passer le brevet de « capitaine au long cours », un titre créé en 1786, confi rmé par une ordon-nance de 1826. Parmi les 24 écoles de ce type qui existaient en France, Louis

choisira celle de Dieppe. À la fi n de la scolarité, les études se terminent par deux examens indispensables. Le pre-mier, Louis le passe à Dieppe, le second au Havre. Le 10 juillet 1860, son brevet de « capitaine au long cours » lui est décerné. Diplôme en poche, sans tarder, Louis rejoint immédiatement Marseille. Suivant le conseil d’un autre de ses amis, Ernest Legouvé, Hector Berlioz prend contact avec Armand Bohic, di-recteur des Messageries impériales, dont l’agence marseillaise était située place Royale. A la suite de cette démarche, fi n novembre, Louis Berlioz est embauché comme lieutenant. Voilà que débute une longue suite de campagnes de naviga-tion sur différents navires : Le Philippe Auguste, L’Indus, Le Danube,…, des

navires qui desservent l’Italie, au départ de Marseille, deux fois par semaine. Au cours de cette période, Louis verra son salaire annuel doubler, passant de 1800 à 3600 frs, soit de 7,5 à 15 « napoléons » (le louis de 20 frs) par mois. Cependant, malgré cette embellie, sa présence au sein de la compagnie des Messageries impériales sera de courte durée.

Depuis son nouvel engagement, comme lieutenant, dans la marine mar-chande, Louis, qui navigue sur tous les océans, s’efforce, malgré ses longues absences, de correspondre le plus sou-vent et le plus régulièrement possible avec son père. A travers des échanges constants de nouvelles, chacun s’in-quiète de la santé de l’autre, surtout

Louis, depuis le jour où sont tombés entre ses mains ces quelques mots adressés par Liszt à la princesse Wittgenstein, après sa venue à Paris pour assister, début 1861, aux représentations de Tannhäuser à l’Opéra et sa rencontre avec le maître : « Tout son être semble s’incliner vers la tombe ! »

Ce retour vers des relations apaisées, dé-clencha en lui une véritable et profonde admiration pour celui avec lequel il était resté un certain temps isolé. Défait face au triomphe de son rival, Wagner, Berlioz est anéanti. Ce triomphe est pour lui une véritable injustice qui expliquera, quelques temps plus tard, d’une part l’explosion de joie dont il salua le scandale de la première le 13 mars 1861, d’autre part le contenu du

Tu m’aimes, mais d’une façon étrange. Je suis certain que tu souffrirais atrocement si demain on t’annonce ma mort,…. Mais je sais aussi, je sens que tes vrais enfants se nomment Roméo, Juliette, Faust…

Queen of Clippers

Ernest Legouvé par Nadar

Berlioz composant les Troyens par Lionello Balestrieri

• PM 11 03 15.indd 14 11/03/2015 15:22

Page 15: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98 hiStorique

courrier qu’il adressa à son fi ls : « La deu-xième représentation de Tannhäuser a été pire que la première. On ne riait plus autant : on était furieux, on siffl ait à tout rompre, malgré la présence de l’empe-reur et de l’impératrice qui étaient dans leur loge… La presse est unanime pour l’exterminer. Pour moi je suis cruelle-ment vengé. »

Les premiers mois de 1862 seront à nou-veau très pénibles pour Berlioz qui, après avoir échoué à se faire élire secrétaire per-pétuel de l’Académie des Beaux-Arts, tou-jours souffrant de sa névrose intestinale, ne cesse de sombrer dans le désespoir et la solitude, depuis le décès de sa seconde épouse, Marie Recio. Bien que son père lui ait écrit qu’il n’était pas nécessaire de venir le voir, Louis, qui venait d’être écar-

té d’une prochaine mission, en raison de la crise de 1862 qui affectait la compagnie, se trouvant libre, vint le rejoindre, sans tenir compte de sa demande. Veuf pour la seconde fois, Berlioz acceptera cependant la l’arrivée de son fi ls, pour une dizaine de jours près de lui, et fi nira par apprécier une présence qui lui sera très précieuse.

De retour à Marseille, Louis, comprenant que sa position auprès de la compagnie devenait insoutenable, décida de donner sa démission. Adressée à la compagnie le 24 juillet, elle fut acceptée. Si ses rela-tions auprès de son père s’étaient amé-liorées, depuis son dernier séjour à Paris, elles vont se tendre à nouveau : Berlioz qui ne comprend pas, qui n’accepte pas la démission que son fi ls a donnée aux Messageries impériales, s’inquiète de son avenir. Pendant que son fi ls partage son temps libre entre Marseille, Grenoble ou Paris, Berlioz recourt une nouvelle fois à l’aide de ses amis. En particulier, l’intervention d’Hippolyte Rodriguès, auprès du banquier Péreire, fondateur de la Compagnie Générale Transatlantique, appuyée par Ernest Legouvé, sera déter-

minante. Lorsque Louis se présente au siège de la compagnie, 15 place Vendôme, là où s’élève aujourd’hui l’hôtel Ritz, son entretien se termine par un engagement comme 1er lieutenant à bord d’un des vais-seaux de la compagnie. Le 17 décembre, Louis embarque comme 1er lieutenant sur l’un des plus grands navires de l’époque, La Vera Cruz. Suit une série de nom-breux voyages, sur Le Louisiane, en compagnie de troupes peu disciplinées, exposées à diverses maladies, puis sur Le Nouveau Monde avec lequel il ap-pareillera vers Cuba et le Mexique, ce qui n’est pas étonnant, puisque l’on se trouve au moment où se poursuivent les expéditions du Mexique décidées par Napoléon III.

Comme son père est de plus en plus souvent cloué au lit par la mala-die, Louis profi te de ses moments de liberté, entre deux voyages au Mexique, pour venir à Paris. Au cours de ses venues à Paris, Louis en profi te pour passer de fréquentes soirées au Théâtre lyrique, soirées dont il ne manquait pas de rendre compte à son père ! En août 1863, Louis est heureux de trouver le temps d’accompagner son père au festival de Bade. En novembre,

alors que sont données les premières re-présentations des « Troyens », il ne man-quera pas de lui faire part de son immense admiration pour le spectacle, spectacle auquel son père n’avait malheureusement pas pu assister. C’est enfi n le moment où Louis reconnaît que son père est fi er de sa réussite, le moment où Louis comprend également que son père ne vivait pas que pour la musique, il lui écrira d’ailleurs ces quelques mots, des mots terribles :

« Tu m’aimes, mais d’une façon étrange. Je suis certain que tu souffrirais atro-cement si demain on t’annonce ma mort,…. Mais je sais aussi, je sens que tes vrais enfants se nomment Roméo, Juliette, Faust… ».

Nommé sur les lignes annexes des Antilles, Louis y assure les traversées sur Le Caravelle, Le Caraïbe et pour fi nir sur le cargo La Sonora, qui sera son vingt-si-xième et dernier navire. Tous ces voyages, menés sur les lignes annexes des Antilles, s’achèveront le 5 juin 1867 à La Havane, dans la maison de santé du Docteur Charles Belot, victime de la fi èvre jaune.

La fi èvre jaune est une maladie virale transmise par certains moustiques, du genre Stegomyia, qui avait déjà causé, en 1861, à La Havane une épidémie des plus meurtrières. Voici le contenu de son acte de décès :

L’annonce du décès de Louis à son père sera terrible, elle ne lui parviendra que le 29 juin, dans des conditions que nous avons déjà décrites, chez le marquis Arconati-Visconti.

Le caveau de famille, qui se trouvait au cimetière de Montmartre, comportant quatre places, il restait donc une place que Louis aurait pu occuper, mais il ne l’oc-cupera pas ! Sur le caveau, un petit socle supportera une petite chapelle en tôle dans laquelle était placé un médaillon sur lequel on pouvait lire :

« A la mémoire de Louis Berlioz, décédé le 5 juin 1867 à La havane, capitaine de vaisseau, âgé de trente trois ans »

Au dessous du médaillon était suspendu un petit portrait au daguerréotype de Louis. Ainsi, Louis, bien qu’absent, n’était pas oublié. Qu’est devenu son corps ? Il a vraisemblablement été inhumé dans le cimetière privé de la maison de santé du docteur Belot, car ce dernier avait l’habi-tude de pratiquer les inhumations de ses

Acte de décès de Louis BerliozDu sixième jour du mois de juin mil huit cent soixante sept, à neuf heures du matin. Acte de décès de Louis Berlioz né le quatorze août mil huit cent trente quatre à Montmartre, département de la Seine, fi ls de Victor Louis et Hen-riette Singleton, inscrit à Paris f°8, n°119, comme capitaine au long cours, commandant le vapeur de la Compagnie Générale Transatlan-tique Sonora, décédé hier cinq juin mil huit cent soixante sept à sept heures du soir, à la maison de santé du Docteur Charles Belot à La Havane, la Quinta Sanitaria.

Sur la déclaration à nous faite par M. Bonnard du Hanley, capitaine au long cours, 2e commandant du Vapeur Sonora et par Jean Roby, commissaire à bord dudit vapeur.

Et ont signé après lecture faite.Le Louisiane

• PM 11 03 15.indd 15 11/03/2015 15:22

Page 16: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98hiStorique

malades à leur décès. Il est donc vain de vouloir tenter toute nouvelle recherche de la tombe de Louis, dans ce lieu qui porte de nos jours, en souvenir de la présence de la maison de santé, ce-lui de « Péninsule Belot ». Voilà qu’elle fut la destinée de l’unique enfant d’Hector Berlioz.

BIOGRAPHIES2ème PARTIE

AUGUSTE MOREL (1809-1880) Compositeur et critique français, né à Marseille. Auguste Morel se lia à Berlioz lors de son ins-tallation à Paris. Tous deux critiques musicaux, ils se soutenaient récipro-quement, Berlioz faisant l’éloge des mélodies de Morel, Morel soutenant la cause de berlioz. Demeurant rue de Provence, il était voisin de Berlioz, ce qui lui permit de veiller avec une sin-cère amitié sur Harriet tout au long du séjour du compositeur en Allemagne. De retour à Marseille, alors qu’il assurait la direction du conservatoire, il fi t la rencontre de Louis Berlioz au moment où ce dernier effectuait son diffi cile apprentissage de marin.

JEAN-JACQUES HOSEMANN est né le 15 février 1805 à Colmar. Nommé pasteur réformé à Nérac, son ministère fut particulièrement appré-cié jusqu’à ce que ses vues, de plus en plus luthériennes, sur l’importance des sacrements, provoquent dans sa

paroisse une crise qui le contraindra à la quitter. Quittant Nérac, la pasteur monte à Paris où il créé une nouvelle paroisse au nord de la capitale et prend la direction d’une « Maison des études » où l’on accueille de jeunes étudiants protestants venus terminer leurs études à Paris. Parmi ses mul-tiples activités, on notera celle de ré-dacteur de la revue « L’Espérance » et la rédaction d’une « Histoire abré-gée de Luther et de la Réformation ». Hosemann décèdera le 20 septembre 1886 à Saint-Dié. L’appel fait au pas-teur par Berlioz, au décès de Harriet, de confession anglicane est surpre-nant, Berlioz n’avait sans doute pas eu d’autre choix.

JEAN-BAPTISTE CÉCILLE est né à Rouen le 16 octobre 1787. Ce grand marin a débuté sa carrière en navigant comme mousse dans la marine de commerce, avant d’entrer au service de l’État. De novice, le voilà bientôt aspirant le 15 mai 1804, il est âgé de dix-sept ans, puis en-seigne de vaisseau dès 1810 ! C’est à ce titre qu’il prit part déjà à plusieurs campagnes maritimes de l’Empire. Nommé lieutenant de vaisseau sous la Restauration, capitaine de frégate en 1829, il atteindra rapidement le grade de capitaine de vaisseau. Il participe à plusieurs expéditions ma-ritimes en Extrême Orient. Contre-amiral en 1844, vice-amiral, en 1848 le voilà élu à l’Assemblée consti-tuante après la Révolution de 1848. Nommé ambassadeur de France en Angleterre, alors qu’il est réélu à l’Assemblée constituante, il démis-sionne afi n de se pouvoir conserver ses fonctions de député. Membre du Comité de la Marine, il se range au-près de Louis Napoléon, puis rejoint le Sénat. L’amiral Cécille décède le 9 octobre 1873.

GABRIEL-JEAN-BAPTISTE ERNEST WILFRID LEGOUVÉ DIT (ERNEST LEGOUVÉ)Auteur dramatique français, poète, moraliste et critique, ce fi dèle et très proche ami de Berlioz, est né à Paris le 14 février 1807. Son père, Gabriel Marie Legouvé était poète. Ses pre-mières années furent terribles : orphe-lin de mère à l’âge de trois ans, il voit, peu de temps après, son père interné dans un asile psychiatrique, un père qui décèdera, peu après, il est âgé de cinq ans. Son éducation sera confi ée à son tuteur, Jean Nicolas Bouilly, auprès duquel il appendra à aimer la Littérature. Dès 1829, il voit son poème : « La découverte de l’impri-merie » couronnée par l’Académie Française. En 1832, il publie un nou-veau recueil de poèmes : « Les morts bizarres » suivi de plusieurs romans à succès. En 1847, ses cours professés au Collège de France, sur « L’histoire morale des femmes », qui seront sui-vis assidûment, seront réunis en un volume l’année suivante. Il restera célèbre pour ses conférences sur les droits des femmes, l’éducation pro-gressiste des enfants pour lesquels il encourageait l’éducation physique. Parmi ses publications attenantes à ses conférences, on peut citer : « La femme en France au XIXe siècle » (1854), « Une éducation de jeune fi lle » (1884). En collabora-tion avec Eugène Scribe, Adrienne Lecouvreur triomphe à la Comédie française, puis en 1854 c’est la tra-gédie Médée. Ernest Legouvé était aussi librettiste pour certains com-positeurs, par exemple : L’amour africain d’Émile Paladithe. Enfi n, notons qu’il fut élu à l’Académie Française au fauteuil (n°30) de Jean François Ancelot. Ernest Legouvé a été promu Chevalier de la légion

d’honneur en 1845, Offi cier en 1864 et Commandeur en 1867.Au cours des années 1886-1887, il publia une intéressante autobiogra-phie dans laquelle il consacre un important chapitre à celui qui fut un proche ami, il s’agit bien sûr d’Hector Berlioz. Ernest Legouvé est décédé à Paris le 14 mars 1903, il était âgé de quatre-vingt-seize ans.

HIPPOLYTE-JACOB RODRIGUÈS-HENRIQUES (1812-1898). Ex agent de change et banquier, Hippolyte Rodriguès se retire vers 1855 pour se consacrer à la littérature et à la composition musi-cale. Membre de la Société des gens de lettre et de la Société des composi-teurs de musique, il publia, à ce titre de nombreux ouvrages musicaux.

CHARLES BELOT Diplômé des universités de Paris, Madrid et Leipzig, ce médecin, te-nait une clinique privée, bien connue des marins, que son père, lui aussi médecin, spécialisé dans l’étude de la fi èvre jaune, avait ouverte en 1821 à La Havane. Dans sa clinique étaient admis tous les marins fran-çais, ainsi que les matelots de com-merce de toutes nationalités. Charles poursuivra les études menées par son père sur la fi èvre jaune et publiera en 1865, avec son frère, un ouvrage ayant pour titre : « La fi èvre jaune à La Havane, sa nature et son trai-tement ». Les deux bâtiments de la clinique n’existent plus, ils ont été détruits.

Jean-Paul Bardet

réservez

votre

encart

publicitaire

auprès de

Michèle dura :

06 43 57 74 94

mmontmartreparisp

• PM 11 03 15.indd 16 11/03/2015 15:22

Page 17: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98

U n charmant décor aux fresques montmartroises

pour ce bar restaurant de la rue Doudeauville, qui apporte la gouaille du vieux Paname et les saveurs de l’Auvergne en plein cœur de la Goutte d’Or. Didier Royan, grand Manitou du lieu, est un vrai « gamin de Paris », un poulbot « pur jus de la treille » : notre gamin de Paris est fort en gueule, lanceur de blagues, tutoyeur à tout va, et mesure un mètre quatre-vingt-dix. Bref, il ne passe pas inaper-çu… Ensuite, si on s’en donne la peine, on découvre un garçon at-tachant, généreux, travailleur, qui

s’est créé un univers poétique dans son café-théâtre de poche. Le voilà qui vous embarque dans ses souvenirs d’enfance, des pe-tits bouts d’histoires que l’on a du mal à situer dans le temps, telle-ment le débit suit son court entre les éclats de rire tonitruants. Sympathique, il vous met vite dans la confi dence de ses aven-

tures, comme si vous étiez son copain de toujours. Voilà un homme qui ne s’ennuie jamais, un comédien né, en représenta-tion permanente. Didier est arrivé à Paris en 1961 : son père tenait alors un établissement du boulevard Ro-chechouart, « Les nuits blanches d’Alger », à proximité de l’Elysée-Montmartre. A cette époque, les catcheurs de l’Elysée, les tapins, les truands, les artistes de Me-drano électrisaient les jours et les nuits du boulevard. Cinq ans d’orphelinat et le poulbot revenu « at home » va plonger à son tour dans le grand bassin de la survie, agrémenté par le petit jet d’eau de Pigalle. Son style, sa gouaille, son côté « bon enfant », sa parole d’homme, en font l’ami de tous. C’est l’histoire d’un or-phelin en quête d’aventures dans ce quartier du plaisir et du crime, familier de son atmosphère dangereuse, son odeur et sa lumière enveloppante qui se perd dans une épaisseur noire. Notre gamin de Paris est fasciné par toutes ces petites guerres quo-tidiennes que se livrent à Pigalle les gangsters corses, les Pieds Noirs, les arabes, au point qu’il fi nit par croire être des leurs. Il imite d’ailleurs parfaitement leur accent et se fond dans la bande des Zemmour, dont l’élégance et le style le fascine… Mais un poulbot au grand cœur ne tourne pas « youvoi », personne ne peut croire qu’il puisse jouer les mé-chants. Le voilà danseur en duo

à portées acrobatiques, pour les cabarets et les plateaux TV de la grande époque, ou « blablateur de vent » (traduisez « rabatteur ») pour les cabarets, aux temps du Folies Pigalle, du Cupidon et du Narcisse. Au cinéma, on aperce-vra dans plusieurs fi lms son profi l idéal de porte-fl ingue, copié sur

le modèle des truands rencon-trés dans sa jeunesse…Aujourd’hui, c’est dans son res-taurant Le Gamin de Paris que Didier Royan fait son cinéma : il l’a créé à l’emplacement d’un auvergnat traditionnel de la rue Doudeauville, la Bougnate, au retour d’un exil temporaire dans le Val de Loire – car un vrai

poulbot revient toujours sur les lieux de son enfance, comme un poète sur les lieux de ses rimes. L’ancienne Bougnate a été trans-formée par ses soins en une salle accueillante décorée aux couleurs légendaires de la Butte. Il ne faut pas manquer de s’atta-bler dans ce « morceau de Mont-martre » qui se pointe dans le décor de Château-Rouge comme un zest d’exotisme : Didier Royan y développe toute la gamme gourmande des meilleurs pro-duits de l’Auvergne à Paris. Aligot, lentilles du Puy, viandes de Salers, y courtisent une jolie gamme de vins du Val de Loire… Les familiers du comptoir se hèlent, Didier cuisine et anime, et le respect est de mise entre toutes les différences.

J. Habas / J.m. Gabert

Bar à vin et restauration auvergnate

AU GAMIN DE PARIS -- Bistrot Parisien --

55, rue Doudeauville 75018 Paris 01 55 79 13 21

un Lieu, un homme

DIDIER roYan

Histoires de réverbÈres (SUITE ET PAS FIN)

UN AUTHENTIQUE « GAMIN DE PARIS »

Sur la Butte, la vie est dure pour les réverbères… Celui qui se tient en haut de l’escalier du Calvaire, près de la place du Tertre, a toujours le cou brisé et la tête dangereu-sement penchée (ainsi que nous

l’avions signalé dans le précédent numéro, sans obtenir de résultat réparateur).Devant le Lapin Agile, c’est mainte-nant un réverbère entier qui s’est fait la malle : et « Pfuittt ! »

S’agirait-il d’un tour de Gérard Majax, habitant du quartier ? On aimerait le croire, ça nous ferait au moins sourire…

• PM 11 03 15.indd 17 11/03/2015 15:22

Page 18: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98

U ne carrure de rugbyman, une poignée de main franche, un regard direct. Dès le premier contact, Philippe

Galoy en impose. Depuis octobre dernier, il est à la tête de l’Ile de France, la première région française de Métro, accèdant à ce poste prestigieux, mais combien exigeant, au moment où la célèbre enseigne fête le cinquantième anniversaire de son implan-tation en France. C’est la récompense de Métro qui sait reconnaître les compétences en son sein.L’Ile de France est desservie par dix entre-pôts alimentaires et non alimentaires. Parmi les plus importants, Chennevières-sur-Marne, Vitry, Bobigny, Villeneuve-la-Garenne et, bien sûr, ses deux intramuros : Paris 18 et Paris Bercy… Le siège de Nanterre étant le plus gros site. Métro est leader du secteur des grossistes alimentaires et de l’équipement des métiers de bouche. Eté comme hiver, debout à 4h30, Philippe Galoy se rend, depuis son havre de paix de Seine-et-Marne, à Nanterre. De 5h30 à 20h30, il manage, administre, contrôle plus de 2000 personnes et tous les sites franciliens. Il se revendique autodidacte, et il a raison. Pour ma part, je suis convaincue que ce sont les meilleurs… Du reste, 30% des directeurs de site chez Métro sont issus de l’interne. Son expérience de quatorze ans chez Métro est un atout supplémentaire. Il est entré en 2001 comme directeur de l’établissement de Saint Etienne, puis Marseille, Vitry sur Seine, Bobigny, ensuite le voici Directeur de l’Ouest basé à Rouen : il enchaîne, pendant plus de 3 ans, à la direction du Sud Ouest, basée à Toulouse. Aujourd’hui, il est à la tête de l’Ile de France qui génère à elle seule 25% du chiffre d’affaires de Métro France. Une ascension qui suscite l’admiration quand on connait la polyvalence de ses compétences en matière de produits et de gestion des équipes.En stratège avisé, Philippe Galoy analyse

posément chaque situation qu’il évalue avec justesse. Si nous évoquons la crise économique actuelle, la concurrence des grandes surfaces, il nous ré-pond : « Cela nous oblige à faire encore mieux et Métro poursuit et se développe sûrement, telle une force tranquille qui sait labourer le sillon ». Avec un coup d’œil infail-lible, il assure la responsabilité de l’approvisionnement, la gestion et la vente des produits. Pour lui, c’est un travail au jour le jour, sans gros stocks – sources de factures trop lourdes. Les clients paient au comptant. C’est la règle fondatrice de Métro « cash & carry ». Avec lui, on fait du chiffre tout en faisant de la qualité et de la convivialité. Et à l’écouter, on fi-nirait par croire que c’est simple !

Un amoUreUx des vrais prodUits dU terroir

De toute évidence, Philippe Galoy est un meneur d’hommes en contact direct et quo-tidien avec ceux qui travaillent de bons pro-duits dans un esprit d’équipe. Il souligne le peu de rotation de personnel chez Métro : « On a de vraies équipes soudées au seul objectif : le rayonnement et le développe-ment. » Il est passionné par l’alimentation, et se tient à l’écoute de tout et de tous, person-nels, fournisseurs, commerçants, restau-rateurs. Il aime l’échange, le partage, la recherche constante de l’innovation, la création de nouveaux concepts sans jamais renier les traditions. Esprit curieux, il est convaincu que la nouveauté ne s’apprécie pleinement que si l’on cultive la connais-sance et le respect de la tradition. Aux côtés des éleveurs, paysans, vignerons, il travaille

à une autre économie de la qualité, du goût, et pourquoi pas de la gourmandise ? La stra-tégie des produits Premium s’inscrit dans cette démarche. A Métro, on couvre toutes les gammes : le caviar, le foie gras mi-cuit au piment d’espelette, comme les harengs marinés au feu de bois… Une inventivité responsable pour une recherche constante du meilleur, mais pour cela il faut travailler par métier – chez Métro, il y a la boulange-rie, la restauration, la cave, la pâtisserie, la boucherie, la charcuterie, la fromagerie, etc. – pour fournir quotidiennement 75 % de restaurateurs et 25 % de commerces de proximité. Son crédo : « Etre au plus près de nos clients, c’est-à-dire en milieu urbain, à moins de trente minutes de voiture ». Et de marteler avec force que Métro est au service du commerçant et du restaurateur indépendants dont il est le partenaire. Ce qui est totalement différent et surtout concur-rentiel des grandes chaînes de distribution

LeS enSeigneS du Xviiie

pHiLippe GaLoYLE NOUVEAU DIRECTEUR RéGIONAL DE METRO, PARTENAIRE DE LA FêTE DES VENDANGES

• PM 11 03 15.indd 18 11/03/2015 15:23

Page 19: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98

et de restauration. En particulier, il veut donner toute leur place aux circuits courts en fruits et légumes avec des produits de maraîchage local. Il insiste sur l’importance de la relation de proximité établie dans le partage des mêmes valeurs, la confiance, voire la complicité entre l’enseigne Métro et ses clients. L’éventail de Métro est tel qu’il sert aussi bien la clientèle du fastfood en pleine expan-sion que celle de la haute gastronomie. « Des kebab aux étoilés ! » lance le Direc-teur avec fierté ! Pour y parvenir, il souligne l’importance du département marketing, un mixage réussi de personnels formés sur le tas et de diplômés d’écoles de commerce.Rien n’échappe à Philippe Galoy. Passionné de cuisine, cet amateur de bonne chère possède un œil infaillible et jauge en un instant la composition d’un plat, l’origine et la qualité d’un vin à sa robe, son accroche au verre, son bouquet. Un regard de maqui-

gnon, auquel on ne la fait pas, qui recherche et trouve les meil-leurs produits chez les petits producteurs. Son objectif : expérimenter, valoriser tout ce qui peut constituer la richesse du patrimoine local, régional, du terroir français. Il connait même notre vin du Clos-Montmartre, qu’il décrit avec indulgence et bienveillance… Merci pour lui ! Que l’émission Top Chef se déroule dans les locaux de Paris 18 n’est pas fait pour lui déplaire. Pas plus que la toute récente certification « Top Em-ployer » attribuée à Métro pour sa politique de ressources hu-maines fondée sur le conseil, le soutien, l’accompagnement de ses clients, et sa qualité d’em-ployeur en matière de formation, d’intégration, de promotion des vocations avec une culture d’en-treprise exemplaire.

enerGie, voLonté, passion,

entHoUsiasme Tout cela caractérise l’homme de terrain et de terroir qu’est ce bourreau de travail. Un en-

fant de la banlieue de Paris, né à Pantin et élevé à Romainville. A l’époque, c’était le 75, département de la Seine. Il se souvient des vergers de Montreuil, des vignes et des choux d’Argenteuil, fierté des maraîchers. Il nous avoue combien leur goût incomparable reste gravé dans sa mémoire. S’il parle peu de lui-même, je dirais même avec économie, en revanche quand il parle de Métro c’est sans parcimonie et avec pas-sion. On saura tout de même que Philippe est marié avec Sylvie et qu’ils ont deux enfants, Kévin, 26 ans, et Marion, 16 ans. L’ancien rugbyman a trouvé le temps de participer « au marathon des leveurs de coude », en 3 heures 6, tastevin de Beaujolais au cou, dans 42 bistrots de Saint-Germain-des-Prés, de Lipp aux Deux Magots, en passant par le Flore et le Danton… Vaste programme ! En fait, le prétexte d’une sympathique oc-casion pour un bon vivant de faire une fête bachique en équipe, sorte de 3ème mi-temps

de rugby ! Chaque soir, même fort tard, il lit les Echos, sans oublier romans et essais sur des thèmes de l’actualité. Dès qu’il le peut, il aime aller au cinéma et au théâtre. Sa vie personnelle, il tient à la préserver, ne pou-

vant y consacrer beaucoup de temps. Il faut savoir que la plupart des magasins Métro sont ouverts 6 jours sur 7, de 5 heures à 2 heures du matin. Ceci afin de permettre à l’épicier et au restaurateur de venir s’ap-provisionner après le travail, soit autour de 23 heures, pour être livré le lendemain vers 6 heures. Si, pour garantir la fraîcheur, les volumes des marchandises sont calculés au plus près, néanmoins on ne s’autorise pas de rupture de stocks. Alors, Philippe Galoy et ses équipes calculent, prévoient, bref, gèrent avec une précision d’horloger. Hor-loger ? Je ne crois pas si bien dire quand on sait qu’ il est un amateur éclairé de belles montres de marques suisses, allemandes ou françaises ; l’essentiel, pour lui, étant là, comme pour tout, la qualité ! Notre souhait, Monsieur le Directeur : restez ce que vous êtes ! Gardez votre discours dynamisant, franc, clair, émaillé d’un hu-mour à la française de bon vivant qui inspire confiance et empathie. Confiance que vous établissez entre Métro, les commerçants, les restaurateurs, les consommateurs et les 2000 personnes placées sous vos ordres. Demeurez le partenaire privilégié de nos activités montmartroises, particulièrement la Fête des Vendanges, avec votre premier magasin intramuros : Paris 18, au pied de la Butte, qui sert et dessert notre Mont-martre légendaire. Continuez de permettre, pendant trois jours, aux quelques 500 000 curieux, de venir découvrir ou redécouvrir la richesse de nos terroirs.Philippe Galoy en est, ici aussi, l’homme orchestre.

marie-France Coquard

LeS enSeigneS du Xviiie

on a de vraies équipes soudées

au seul objectif : le rayonnement et le développement

Phot

o : H

abas

• PM 11 03 15.indd 19 11/03/2015 15:23

Page 20: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98

Nos lecteurs savent presque tout de ce domaine exceptionnel, propriété de la Ville, auquel nous avons consacré de

nombreux articles : pour les « nouveaux », rappelons rapidement l’histoire de ce site qui s’étend entre les rues Norvins, Girardon et de l’Abreuvoir. On y découvre, visible depuis la rue Norvins, le grand bâtiment de l’ancienne ferme du Point de vue (XVIIe siècle). Cette ferme historique, l’un des plus vieux témoins du village, est complé-

tée d’une construction de 1840 et de deux petits pavillons de la même époque, dis-simulés dans le grand jardin qui descend vers la rue de l’Abreuvoir, jusqu’à l’arrière de la Villa Radet, maison bourgeoise de 1870 s’ouvrant à l’angle de la place Dalida. Cette petite cité verdoyante, à la fois champêtre et bohème, dotée d’une buvette et d’un jeu de boules, fut habitée ou fréquentée par nombre de personnages légendaires de la Butte : Gérard de Nerval, la Goulue, Toulouse-Lautrec, Courteline, Modigliani, Marcel Aymé, Gen Paul, etc.En 1948, Paul Yaki et Claude Charpentier,

de la société Le Vieux Montmartre, ob-tinrent que ce domaine exceptionnel, for-tement menacé, fût acheté par la Ville de Paris afin de préserver son caractère et d’y créer une cité d’artistes, qui constituerait un pôle créatif essentiel pour Montmartre. Le 15 mars 1949, après l’inscription site de Montmartre sur l’Inventaire des monu-ments naturels et légendaires, les moyens nécessaires furent votés pour la restaura-tion des bâtisses du 24 rue Norvins, qui

furent réservées à l’installation de jeunes artistes. Des ateliers furent ensuite édifiés le long des murs mitoyens de la rue Girar-don, sans empiéter sur le parc boisé.La Cité Internationale des Arts gère en ces lieux 37 ateliers, réservés à l’accueil tem-poraire d’artistes internationaux : ceux-ci ont la chance de travailler quelques temps à Montmartre, au côté d’artistes résidents permanents du 24. Le parc possède la valeur d’une véritable réserve naturelle pour la faune et la flore, où de nombreuses espèces d’oiseaux protégées avaient été répertoriées : équi-

libre qui a été malheureusement déstabilisé par la coupe de nombreux arbres, ces dernières années. Aujourd’hui, une simple visite confirme à tous la dégradation des lieux : une réno-vation générale s’impose à l’ensemble des bâtiments, de même qu’un réamé-nagement du parc avec de véritables replantations est devenu indispensable pour reconstituer le corridor biologique de la Butte.

C’est pour ces raisons que le Collectif des associations montmartroises a décidé de déposer un projet en ligne dans le cadre des budgets participatifs de la ville de Paris.

QU’est-Ce QU’Un bUdGet partiCipatiF ?

tous les parisiens peuvent déposer leur projet en ligne sur la plateforme idee.paris.fr. (projets d’investissement pour leur arron-

Patrimoine

MONTMARTRE : UNE « viLLa médiCis »à paris !

Projet participatif pour la Cité des Arts 24, rue Norvins à Montmartre

Le parc de la cité des arts, rue de l’Abreuvoir en 2009 Décembre 2010, l’allée sans nom sous la neige Parc et la Villa Radet

• PM 11 03 15.indd 20 11/03/2015 15:23

Page 21: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98

dissement ou pour tout Paris à hauteur de 5% du budget d’investissement de la ville, soit un demi-milliard d’euros jusqu’en 2020. En 2015, le budget participatif parisien est de 37 millions d’euros, tandis que le budget participa-tif d’arrondissement est de 38 millions d’euros).Les services de la ville analysent ensuite la recevabilité des projets qui doivent relever de l’intérêt général ; de la compétence de la Ville de Paris ;- du budget d’investissement et non du budget de fonctionnement.Le calendrier : - du 14 janvier au 15 mars : dépôt des projets sur idee.paris.fr- Jusqu’à fi n mai : analyse des pro-jets par les services de la Ville- en juin : annonce des projets pari-siens soumis au vote lors d’une agora citoyenne- du 10 au 20 septembre 2015 : vote du budget participatif par les Pari-siens sur budgetparticipatif.paris.fr ou sur bulletin papier.

voiCi Le texte de base de Ce proJet mis en LiGne

par Le CoLLeCtiF :

« La Cité des Arts du 24 rue Norvins est la propriété de la Ville de Paris.Sur une parcelle d’environ 8000 m2 plusieurs bâtiments sont implantés

au milieu d’un espace boisé peu entretenu. Bien que cela ne soit pas autorisé des voitures stationnent dans le parc.

La traversée entre la rue Norvins et la rue de l’Abreuvoir a été fermée au public depuis quelques années.

La Cité accueille des artistes plasti-ciens qui y logent et y travaillent pour un séjour de quelques mois. Quelques artistes, installés depuis longtemps, sont des résidents permanents.Faute de moyens suffi sants, ce lieu

exceptionnel pour Montmartre et Paris se dégrade.

Or sa remise en valeur pourrait en faire un véritable phare international de la création à Montmartre à l’image de la Villa Médicis.

Nos propositions pour la Cité des Arts :

1 L’ouverture de la villa radet située en bordure de la rue de l’Abreu-voir. Ce lieu deviendrait entièrement un centre culturel consacré en priorité à la création montmartroise par les artistes en résidence à la Cité Norvins et à la Cité de la rue Ordener ainsi qu’aux créateurs non résidents. Ce serait alors un espace de rencontre avec et entre les artistes qui vivent actuellement chacun dans leur atelier sans se connaitre pendant les six mois où ils y travaillent et habitent.Ce centre culturel comprendrait des salles d’expositions temporaires et accueillerait d’autres activités cultu-relles ouvertes à tous…La villa Radet trouverait ainsi la voca-tion qui devait être la sienne dans le projet d’origine de Claude Charpentier adopté par la Ville de Paris en 1956.

2 La réhabilitation des bâtiments et des ateliers d’artistes.

3 La renaissance du parc avec des replantations progressives d’espèces végé-tales locales. La traversée entre les rues Norvins et de l’Abreuvoir pourrait être rou-verte au public en journée et un jar-din pédagogique être créé dans le parc.

Dans le cadre du vote sur les nouveaux budgets participatifs, nous

invitons les parisiennes et les parisiens à choisir ce projet ambitieux ouvert sur la ville, pour sa qualité environne-mentale et le rayonnement culturel et artistique de Paris dans le monde. »

Nous vous encourageons à faire circuler le contenu de ce projet et à mobiliser vos proches dès à présent. Aucune voix ne devra manquer pour le vote de septembre !

Patrimoine

MONTMARTRE : UNE « viLLa médiCis »à paris !

Projet participatif pour la Cité des Arts 24, rue Norvins à Montmartre

PIZZERIA MANCINI

20, rue Bachelet - 75018 ParisTél : 01 42 23 40 07

Du lundi au samedi de 12h00 à 14h30 et de 19h00 à 23h00

La famille Mancini vous propose pizzas, pâtes, plats du

jour et desserts maison

PIZZERIA MANCINI

La famille Mancini vous

Par Constantin Bruni

Brasserie depuis 188952 rue des Abbesses

01 46 06 28 15

Ouvert 7 jours sur sept

Dégustation,vente etlivraison

de fruits de mer01 46 06 06 56

• PM 11 03 15.indd 21 11/03/2015 15:23

Page 22: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98FigureS d’artiSteS

Michel Prskawiec sculpteur MontMartrois

M enuisier de son premier métier, il

est celui qui construit et déploie une foisonnante créativité dans sa vie d’artiste sculpteur. Mais avec humilité et une grande gentillesse, il communique la passion qui l’anime…

Comment avez-vous rencontré l’univers de la sculpture ? Et quelles furent vos premières approches ? J’ai commencé par des cours de dessin à la mairie de Paris et ensuite de peinture Place des Vosges. Puis j’ai eu envie de créer des modelages. Mais à un moment donné, un choix s’impose ! Le soir, je prenais des cours d’arts ap-pliqués avec un professeur, talentueux sculpteur. Nous travaillions toujours d’après un modèle vivant : un homme ou une femme posait… Exercice avec de la terre grise que je démolissais quand le modelage était finalisé.

Le dessin, la peinture, la sculpture : pour vous, existe-t-il un lien entre ces arts ?Le dessin m’a beaucoup servi pour le modelage. Tout est un peu lié. En pein-ture, vous cherchez les couleurs, les lu-mières… En modelage, vous captez les couleurs aussi, mais pas de la même manière. Ensuite, tout dépend du maté-riau travaillé : si c’est de la terre, de la pierre ou de la ferraille, ce sera encore d’autres subtiles nuances. Mais tout est en lien étroit de parenté.

En tant que sculpteur, quel est votre choix de matériau ? J’aime particulièrement la sculpture de la ferraille et de la terre, car je peux travail-ler par les vides. Dans un atelier, j’ai appris

à souder à l’arc (soudure électrique) et au chalumeau. Chaque matériau a une spécifi-cité sur la vision des volumes.

Quelle a été votre première œuvre ?Un oiseau imaginaire, un grand échassier

créé avec de la récupération de ferraille, des vieilles faux soudées qui ont composé

les ailes… Mais une sculpture intranspor-table, car tellement grande ! Un marchand de graines l’a pris en décoration dans son entreprise…

Quel est le secret de vos sculptures ?Au début, j’ai une idée de volume et je me laisse une grande liberté pour le sujet. Pour faire les formes, je commence à composer une structure métallique en fil de fer recuit. Après, je prends de la terre et j’essaye de réali-ser les volumes recherchés. La diffi-culté propre au travail du métal, c’est cette quête omniprésente d’interpré-tation, de modification, d’adaptation. De hautes exigences qui questionnent sans cesse.

Dites-nous quelques mots de votre sculpture du chef d’orchestre, qui interpelle chaque visiteur dans l’atelier ? J’aime l’univers du spectacle. J’ai observé des chefs d’orchestre pour capter les expressions devant le jeu des musiciens... Ainsi, j’ai mélangé des visages et des expressions si par-ticulières d’émotions pour donner nais-sance à un sujet unique.

Une autre sculpture qui nous fige d’admiration, c’est le sumo !

Quelle est son histoire ? Je rêvais d’être un sumo, je n’y suis pas

Le Chef d’orchestre

Le Sumo

• PM 11 03 15.indd 22 11/03/2015 15:23

Page 23: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98

arrivé !… Ce qui m’intéresse chez lui, ce sont toutes ses courbes. Enfi n, pour la petite histoire, une inspiration à réaliser ne vous quitte pas une seconde, c’est ainsi que dans le Périgord j’ai trouvé une 2CV bleue abandonnée en pleine forêt et là, j’ai tout de suite pensé au mawashi – la bande de tissu serrée autour de la taille et de l’entrejambe,

le seul habit du sumo ! Muni de ma scie à métaux, j’ai découpé des morceaux de carrosserie pour les mettre dans mon sac à dos et j’ai pris le train pour Paris… Voi-là comment est né le sumo !

Quelle est votre sculpture actuellement en cours ?J’ai trouvé une photo d’Hé-lène Weigel, épouse de Ber-tolt Brecht. Mère courage issue de la pièce, en portrait d’une fumeuse de pipe. Ac-

tuellement, je suis en plein questionnement pour obtenir l’expression voulue.

Où pouvons-nous contempler vos sculptures ?J’ai mon atelier rue Feutrier, à Montmartre, mais pour travailler les sculptures de grandes dimensions je partage un atelier

d’artistes à Montreuil, car le lieu est plus adapté. Entre artistes, nous nous côtoyons dans nos différences qui sont autant d’enri-chissement.

Pouvons-nous vous commander une sculpture ?Oui, vous pouvez me commander la créa-tion d’une sculpture, à la seule condition d’être patient ! (sourire).

michèle Clary

LES SCULPTURES SONT VISIBLES À L’ADRESSE SUIVANTE, SUR RENDEZ VOUS :

Grand Atelier d’artistes24, rue Saigne

93100 Montreuil Tel. de Michel pour rendez-vous :

06 50 45 74 38

FigureS d’artiSteS

ACHAT - VENTE - LOCATION - GESTION - EXPERTISE

ww

w.im

mop

olis

.fr

Choisissez l’immobilier personnalisé

Grâce à son expérience de plus de 20 ans, Immopolis a une connaissance approfondie de la gestion immobilière. La compétence de son équipe lui permet d’offrir un suivi rigoureux et personnalisé de vos biens.

La gestion chez Immopolis. C’est capital.

GESTION

IM Pub_gestion PM 02/12 OK.indd 1 01/03/12 14:59

Les Spectateurs

• PM 11 03 15.indd 23 11/03/2015 15:23

Page 24: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98PerSonnaLitéS

Jean-Louis ANDRÉMéDECIN GéNéRAL ET MéDECIN CHEF DE LA RéPUBLIQUE DE MONTMARTRESON COMBAT POUR SAUVER L’HôPITAL DU VAL DE GRâCE

J ean-Louis ANDRé est Médecin Général Inspecteur trois étoiles, Chef de Service Hors Classe. Il

a terminé sa carrière active en ayant à lui seul la charge de l’Inspection de tous les services chirurgicaux de l’Armée Française. Professeur Agrégé du Val de Grâce, il est membre de l’Académie Nationale de Chirurgie. Son parcours exemplaire l’a conduit aux plus hautes responsabilités et ses compétences sont reconnues en France comme à l’étranger.

Aujourd’hui, il est engagé dans l’action pour s’opposer à la fermeture du Val de Grâce, Hôpital d’Instruction des Armées, berceau historique du Service de Santé des Armées à la pointe des dernières technologies médicales servies par un personnel d’excellence.

Pendant plus de dix ans, c’est dans cet établissement prestigieux que le Méde-cin Général Inspecteur Jean-Louis André a dirigé les services de chirurgie. La perspective de sa disparition est, pour lui, un véritable crève cœur.

UN BREF RAPPEL HISTORIQUE POUR UN INCOMPARABLE JOYAU, UN PôLE D’EXCELLENCE :

L’Hôpital d’instruction des armées du val de Grâce : Son histoire s’inscrit dans la tradition de la médecine militaire française, celle qui a commencé avec Ambroise Paré, celle qui a fait le renom de la médecine militaire au sein des pays francophones où elle exporte son savoir-faire, ses matériels, ses technolo-gies, ses formations.

A l’origine, la volonté d’Anne d’Autriche de construire au cœur d’un immense parc, l’Abbaye Royale du Val de Grâce avec cloître, chapelle, potager. Son style classique à la fois baroque et austère suscite l’admiration générale. La pre-mière pierre est posée en 1624. Les travaux s’étendront jusqu’en 1645, à la mort de Louis XIII. Manque de fonds ? Le 31 juillet 1793, la Révolution française affecte cet ensemble monumental à un hôpital militaire qui deviendra l’Hôpital

d’Instruction des Armées. La merveil-leuse chapelle Notre-Dame du Val de Grâce avec son dôme qui évoque le château d’Anet de Diane de Poitiers, son parvis majestueux. Ses dépendances sont devenus le Musée de Santé des Armées. D’abord musée anatomique, c’est pendant la guerre de 1914-1918 qu’il devient musée historique. Y sont alors rassemblés 100 000 documents d’archives, 20 000 objets et photogra-phies pour retracer les secours aux bles-

Phot

o : H

abas

• PM 11 03 15.indd 24 11/03/2015 15:23

Page 25: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98 PerSonnaLitéS

Jean-Louis ANDRÉ sés du champ de bataille à l’hôpital. A noter, la place importante attribuée à l’essor de la chirurgie maxillo-faciale liée aux « gueules cassées ». C’est à partir de cette sombre période que d’énormes progrès en chirur-gie réparatrice ont été réalisés. Mesdames, sachez que c’est grâce à ces pionniers que la chirurgie esthétique a pu se développer.

En 1979, le Président Valéry Giscard d’Es-taing inaugure, dans le parc, un hôpital neuf qui compte 360 chambres et dispose des moyens médicaux et chirurgicaux les plus avancés. Ce qui lui donne un rayonnement et un retentissement mondial. Aucun autre établissement ne dispose d’équipements dotés des dernières technologies aussi mo-dernes mais dont les appareils ne sont pas transférables. Célèbre pour la qualité de ses soins, le Val de Grâce accueille et soigne du soldat aux Présidents de la République, en passant par des Chefs d’Etat étrangers. Chacun, civil ou militaire, y est traité avec la même attention par d’éminents praticiens sans aucun dépassement d’honoraires. Ils reçoivent leur solde. C’est tout.

QUEL AVENIR POUR LE VAL DE GRâCE ?

A échéance de 2017, le Gouvernement a décidé de fermer cet hôpital exception-nel pour en faire un centre de recherche et de formation. En espérant qu’en cette période de désengagement de l’Etat, il n’y ait pas d’autres arrières pensées pour cet ensemble immobilier unique… Dans ce pro-jet, les activités médicales seraient, quant à elles, transférées vers deux autres hôpitaux militaires : Bégin à Saint-Mandé et Percy à Clamart. L’affectation d’un tiers des person-nels n’est pas arrêtée.

Pourtant, le Val de Grâce répond aux be-soins que génèrent des crises sanitaires comme Ebola, quand se développent de nombreuses opérations extérieures en Afghanistan, Mali, Centre Afrique etc… En outre, l’Hôpital dispose d’un Pet Scanner tout récent de 7 M€, d’une radiothérapie ultra moderne non déplaçable de 10 M€, de l’unique service de médecine interne capable de prendre en charge un patient de A à Z. Et, qui plus est, fait rare, cet hôpital non endetté a généré 70 millions d’euros en 2013. Depuis plus de dix ans, ce sont des travaux ininterrompus qui visent les moder-nisations les plus pointues.

Alors pourquoi cette volonté de le fermer ?Comment transformer des chambres équi-pées de douches et de sanitaires individuels en salles de recherche ?Comment transférer des matériels par na-ture intransférables ?Quels mobiles ont pu conduire à ces aber-rations ? On parle de règlements de compte internes, d’un moyen de conserver l’Hôpital de Marseille en sacrifiant celui du Val de Grâce…L’histoire le dira-t-elle ?

A l’heure actuelle, le Médecin Général Jean-Louis André se bat. Je peux vous affirmer que cela ne change pas pour ce combat-tant. Il espère que le Gouvernement aura la sagesse de revenir sur cette décision.

APPROCHONS CET HOMME DISCRET, SUCCESSEUR DE

DOMINIQUE LARREYCe n’est pas très aisé car, réservé, Il livre peu de lui-même préférant, avec le courage et la formidable énergie qui le caractérisent, s’être consacré à sauver des dizaines de milliers de vie, ce depuis presque un demi-siècle. Avec sa silhouette altière et mince, personne ne me croira…

A ses yeux, sa très brillante carrière n’est que la réalisation d’un rêve d’enfant. Lorsque son père, cheminot chef de gare

qui l’élève à la dure, l’inscrit à la Biblio-thèque municipale de Dax, cet adolescent de 14 ans issu d’un milieu modeste tombe sur « La conquête de l’Afrique » puis sur « Les hommes en blanc » de Soubiran en 4 tomes. Cette lecture l’obsède et va forger son destin. Soulager la souffrance, sauver des vies, ignorer la fatigue, il n’aura plus que ces objectifs en tête.

A 18 ans, il intègre l’Ecole de Santé de Lyon comme Elève Officier Médecin et va

réussir tous les concours. Médecin des Armées en 1974, il réussit l’Internat des Hôpitaux en chirurgie générale. A 30 ans, le jeune homme est nommé à Madagascar, Chef des Services Chirurgicaux de l’Hôpi-tal Maritime de l’Armée Démocratique et Populaire de Diégo Suarez. Il sera le seul à porter ce titre. Après Madagascar, c’est

l’Hôpital Universitaire de Bangui, au moment particulièrement dangereux de la destitution de l’Empereur Bokassa, puis la formation de

Hôpital du Val de Grâce, bâtiments historiques

Dominique Larrey

• PM 11 03 15.indd 25 11/03/2015 15:23

Page 26: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98

chirurgiens à Quito de 1990 à 1998. Au cours de ses missions africaines, il est à l’origine des commandes de matériels adaptés pour l’Afrique. Il crée la fondation médico-chirurgicale de Yaoundé au Cameroun. Les rêves d’Afrique et de Chirurgie de l’enfance se concrétisent. Jean-Louis André les portera à leur fi r-mament.

Tout s’enchaîne, les titres, les grades, les distinctions, les responsabilités…

Jean-Louis André, lui aussi chirurgien des champs de bataille, s’inscrit dans la lignée de l’illustre chirur-gien en Chef des Armées Impériales Dominique Lar-rey. « L’homme le plus ver-tueux », selon Napoléon, a suivi toutes les campagnes de la Grande Armée. Il est le père de la chirurgie moderne des champs de bataille, celle de l’urgence. Mais le titre de Jean-Louis André, Médecin Général Inspecteur des Services Chirurgicaux de toute l’Armée Française, n’est-il pas comparable à celui de Larrey fait baron d’Empire sur le champ de bataille de Wagram ? Comme lui indifférent à la fatigue, il opère « sur le champ ».

Dès son affectation en 1983 à la force Multinationale de Sécurité - Mission Diodon - de Beyrouth où règne le terrorisme sous de quoti-diennes explosions, ses compétences techniques, son énergie infa-tigable sont remarquées. Le 18 avril 1983, c’est l’attentat meurtrier

contre l’Ambassade des Etats Unis. Il intervient avec une promp-titude, une détermination et un courage physique remarqués afi n de sauver les victimes de l’attentat. Il fait immédiatement dresser une tente dans la cour de l’Ambassade des Etats Unis. Sans perdre

une seconde, il œuvre sous cette tente avec du matériel de campagne arrivé d’Orléans sur l’ordre du Président Mitterrand lui-même. A ce titre, le 24 mai, il reçoit la plus haute distinction américaine, la Croix de la Valeur Militaire avec Etoile de bronze, la « Navy Commendation Medal ». Depuis cette date, quand le Général André arrive aux USA, les autori-tés se mettent au garde à vous. Il teste de nouveaux matériels opératoires dont des radios développeurs. Rapidité, précision, mai-trise caractérisent cet homme d’énergie, ce grand chirurgien qui ne reconnait pas ses prouesses. Il a la modestie des plus grands. Celle de Dominique Larrey, pour lequel la seule asepsie était l’amputation accom-pagnée d’une rasade de

gnôle, avec comme seul souci de sauver la vie des blessés alliés ou ennemis. Aujourd’hui encore, quand le blessé est atteint à l’abdo-men, c’est sur place qu’on doit sortir les intestins et recoudre avant l’infection. Pendant la guerre de 1914-1918, c’est le contraire qui a été pratiqué : on emballait les blessés et on les conduisait à l’arrière dans des trains et camions sans priorités. Au bout d’un transport de 3 ou 4 jours on ramenait des morts, des mourants ou des

PerSonnaLitéS

L’église du Val de Grâce, témoin de l’ancienne Abbaye royale

• PM 11 03 15.indd 26 11/03/2015 15:23

Page 27: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98

gueules à jamais cassées. Les services de santé étaient alors misérables, sans poste d’anesthésie, utilisant des ambulances hypomo-biles comme en 1870… 1914-1918 fut un retour en arrière par rapport aux avancées de la chirurgie du premier Empire.

Jean-Louis André, spécia-liste de la chirurgie des champs de bataille, est une référence en la matière. Il a donné de nombreuses conférences dans le monde entier. Ainsi, en 2006, à l’occasion du 90ème anni-versaire de la Bataille de la Somme, il est intervenu devant le Prince Charles d’Angleterre auquel il a ex-pliqué la nécessité d’opérer sur place en urgence et sur-tout sans transport.

L’HOMME AUX 30 000 OPéRATIONS EN

44 ANS D’EXPéRIENCE DE MéDECINE ET DE

CHIRURGIE, DONT 23 DANS LE

PRESTIGIEUX HôPITAL DU VAL DE GRâCE

A ce parcours professionnel mené à marches forcées et qui laisse sans voix, s’ajoutent plus de 300 communications écrites et orales, sans parler de la Pré-sidence du Jury de l’Agrégation assurée par ce professeur Agrégé du Val de Grâce depuis 1986, également expert auprès de la Cour d’Appel.

Mais cela ne suffit pas à une capacité de travail hors normes. Actuellement, il est le Conseiller du Président de Propreté Environ-nement Industriel ( P E I ) une société de 6000 personnes dans le nettoyage et l’hy-giène. Président du Comité de Surveillance de Labeliance Invest et Agri, il impulse la création d’entreprises agricoles foncières, également médecin coordinateur du Groupe ORPEA, maisons pour personnes âgées atteintes d’Alzheimer ; pour le Groupe Atalian TFM Propreté (45000 employés) il est Conseiller Santé dans le nettoyage des

hôpitaux, la réduction des maladies nosoco-miales, la bio dégradation des produits.

Justes reconnaissances de la République française, le Médecin Général trois étoiles André est Officier de la Légion d’Honneur, Commandeur de l’Ordre National du Mérite, sans oublier la Croix de Commandeur avec Epée de l’Ordre de Malte et, bien entendu, la plus haute décoration militaire des Etats Unis déjà citée.

Avec une carrière internationale aussi rem-plie, Jean-Louis André a trouvé le temps de se marier, à Lyon, avec Agnès, infirmière. Ils ont élevé deux filles et un fils. Tous trois ont fait de brillantes études sociales, juri-diques et scientifiques.

Mais il y a aussi son jardin secret : passion-né d’art, en particulier de la peinture des XVIIIe et XIXe siècles, il possède des œuvres impressionnistes, paysages, scènes de genre, chevaux, de superbes fleurs de maitres lyonnais, des portraits de nos géné-raux et… celui d’une jolie duchesse en 1740 ! Amoureux de la statuaire, il est, à juste

titre, fier de son superbe bronze de Dali La Femme à la tête de rose. A titre confidentiel, d’innombrables visites au Louvre dont il ne se lasse pas pour admirer et admirer en-core les inégalables sculptures de Praxitèle.

Et puis le sport, cette discipline s’ajoute à celle qui a guidé toute sa vie. Champion de cross-country en demi-fond sur 1500 m pratiqué l’hiver, l’été étant consacré à l’athlé-tisme. Ce qui n’empêche pas cet humaniste de « cultiver son jardin » au propre comme au figuré dans sa propriété de Cluny.

Sur la Butte, vous pourrez croiser le Méde-cin Général André quand il l’escalade avec une prestance de jeune homme pour venir participer aux activités de la République de Montmartre dont, mais si, c’est tout à fait sérieux, il est le Médecin Chef aimé et admiré de tous…

Sa modestie dut-elle en souffrir, c’est une personnalité d’exception que nous avons eu le plaisir de présenter aux lecteurs de Paris-Montmartre. Un Médecin Général Inspec-teur des Armées dans la lignée du célébris-sime Dominique Larrey, un soldat au sens le plus noble du terme, un homme de cœur, un humaniste qui s’engage publiquement pour défendre l’incomparable fleuron de notre patrimoine qu’est le Val de Grâce.

Bref, un Grand dont la République Française et la République de Montmartre s’honorent.

marie-France CoQUard

Larrey soignant sur un champ de bataille par Charles-Louis Muller

Abbaye du Val de Grâce

PerSonnaLitéS

• PM 11 03 15.indd 27 11/03/2015 15:23

Page 28: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98

mons – beaUx-arts mons (bam)VAN GOGH AU BORINAGE LA NAISSANCE D’UN ARTISTE25 Janvier – 17 mai 2015Exposition dans le cadre de Mons 2015, Capitale euro-péenne de la Culture

Au cours de son séjour de près de deux ans (1879-1880) dans le Borinage, Vincent van Gogh mit un terme à sa car-rière de pasteur et fi t le choix d’une vie d’artiste. En Bel-gique, il a rapidement dévelop-pé un amour des aspects de la vie quotidienne des paysans et des ouvriers, dont il avait partagé l’existence. L’exposi-tion regroupe quelque 70 peintures, dessins et sept lettres originales provenant de différentes collections interna-tionales, dont des prêts impor-tants du Van Gogh Museum d’Amsterdam et du Kröller-Mül-ler Museum à Otterlo.

www.bam.mons.be

otterLo – mUsée KrÖLLer-mÜLLerVAN GOGH & CO. À TRAVERS LA COLLECTION25 avriL – 27 sep-tembre 2015Le Musée Kröller-Müller possède la deuxième plus grande collection Van Gogh au monde. Anton et Helene Kröller-Müller, les fondateurs du musée, ont acheté entre 1908 et 1929 pas moins de 91 peintures et 180 œuvres sur papier, leur budget était pratiquement illimité. Des natures mortes, des mo-tifs naturels, des vues sur la ville et le portrait de Vincent van Gogh seront comparés aux œuvres des contempo-

125 ANS D’INSPIRATION

UN HOMMAGE EUROPéEN POUR LES 125 ANS DE LA MORT DU PEINTRE

125 ANS D’INSPIRATION

VaN GOGh

2015

2015 est une année placée sous le signe de vincent van Gogh. Le 29 Juillet 2015, il y aura exactement 125 années que l’artiste est décédé et c’est un hommage

européen qui lui est rendu avec des expositions et des festivités retentissantes en Hollande, en belgique et en France. Les musées, les sites historiques et les événements culturels se laissent inspirer en 2015 par van Gogh pour offrir un riche programme à tous ceux que fascine ce peintre « absolu », par sa vie et son œuvre. pour l’île-de-France, deux sites majeurs se « rencontrent »grâce au Comité régional du tourisme (Crt ile-de-France) et au syndicat d’initiative de montmartre : montmartre, où vincent développe son art au contact de ses confrères et noue de belles amitiés, et auvers-sur-oise, où s’accomplit sa destinée, le village du dernier repos.

De nombreuses institutions et localités européennes commémorent à travers des expositions, événements et expériences, la disparition de Vincent van Gogh (1853-1890). Impossible de les citer tous, car l’artiste a connu, en 37 années de vie, 38 adresses différentes aux Pays-Bas, en Belgique, au Royaume-Uni et bien sûr en France, sa véritable patrie artistique d’adoption : car c’est bien en France que Van Gogh réalise, en moins de cinq années, les œuvres qui lui valent l’exploit d’être considéré par les spécialistes aussi bien que par le grand public comme une fi gure majeure de l’histoire de l’art, à dimension quasi mythique. Il est vrai que peu de créateurs auront à ce point lié leur vie à leur art, dans une quête spirituelle, humaine et esthétique si élevée qu’elle transfi gure et éclaire chaque motif.

les PriNciPales eXPOsiTiONs eN eUrOPe

Le point culminant de sa première période néerlandaise est la peinture Les Mangeurs de pommes de terre, représentant une famille de paysans à Nuenen en Avril et mai 1885.

• PM 11 03 15.indd 28 11/03/2015 15:23

Page 29: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98

125 ANS D’INSPIRATION

L a Fondation Van Gogh Europe, à l’origine de cette

année Van Gogh, est née sous l’impulsion de quatre institutions : le Van Gogh Museum, le Kröller-Müller Museum, Van Gogh Brabant et la Fondation Mons 2015, Capitale européenne de la Culture 2015. Ces quatre piliers représentent, sous l’appellation « Van Gogh Europe », le cœur d’une alliance entre une trentaine d’institutions situées aux Pays-Bas, en Belgique, en France et en Angleterre.

Dans les différentes villes européennes qui ont

marqué la vie et l’œuvre de l’artiste, un programme d’expositions et d’événements de grande qualité est proposé : expositions, événements artistiques, mais aussi applications numériques, etc. Les activités auront lieu dans les différents endroits où Van Gogh a vécu et a travaillé durant sa vie, mais aussi dans les musées où ses œuvres sont conservées. Le thème commun qui a été choisi est «125 ans d’inspiration»… Car Vincent, plus « vivant » que jamais, n’a cessé depuis sa disparition de fasciner et d’inspirer la mémoire collective.

« van GoGH eUrope » : Une CoLLabo-ration dans Un Contexte eUropéen

les PriNciPales eXPOsiTiONs eN eUrOPerains pratiquant les mêmes genres. Plus de cinquante peintures et dessins de Van Gogh seront exposés ainsi que de multiples œuvres d’autres artistes datant d’avant et d’après l’époque de Van Gogh.

www.krollermuller.nl

amsterdam – mUsée van GoGHMUNCH : VAN GOGH25 septembre 2015 – 17 Janvier 2016A Amsterdam, la nouvelle présentation de la collection du musée occupe un rôle central : il s’y ajoute une exposition exceptionnelle réunissant Vincent van Gogh et Edvard Munch, qui présente, pour la première fois, les nombreux parallèles frappants dans leurs œuvres et leurs ambitions artistiques.« Munch : Van Gogh » est la confrontation entre deux artistes particuliers connus pour leurs œuvres à forte

puissance émotionnelle et leurs vies diffi ciles. Mais il y a encore plus de similitudes entre Vincent van Gogh (1853-1890) et Edvard Munch (1863-1946). Tous deux ont voulu moderniser l’art, et opté principalement pour des thèmes existentiels et universels, en utilisant un langage très expressif. Enfi n, ils ont exercé une grande infl uence sur les jeunes artistes, comme les expressionnistes et les fauvistes. Aucune exposi-tion n’avait jusqu’alors été consacrée à l’association de ces artistes. L’exposi-tion présente environ 70 peintures et 30 œuvres sur papier, et accorde une attention aux infl uences avant-gardistes parisiennes que l’on peut voir dans leur travail.

www.vangoghmuseum.com

Pour de plus amples informations :

www.vangogheurope.euwww.vangogh2015.eu

SUR LES TRACES DE vinCent à montmartre

V an Gogh a découvert la nouvelle

peinture et ses meil-leurs représentants (impressionnisme et déjà « post-im-pressionnisme ») pendant son séjour à Paris, entre 1886 et 1888. Il a suivi de près les derniers développements artistiques, dont les recherches d’ap-proche scientifi que de Seurat et Signac. La palette sombre du peintre Néerlan-dais s’efface à Paris au profi t de couleurs vives qu’il applique sur la toile avec une

grande variété de coups de pinceau. Parmi ses ren-contres humaines et artistiques les plus déterminantes à Montmartre : Henri de Toulouse-Lautrec, Emile Bernard, Georges Seurat, Paul Signac (les « pointillistes »), Pissarro et Paul Gauguin. Sous l’infl uence de ses confrères, il s’essaie à la technique de l’aplat coloré. Seurat l’initie aux théories nouvelles sur la lumière et au traite-ment divisionniste des tons. La palette

de Vincent s’enri-chit de couleurs vives, sa touche se « libère », s’anime, se fragmente. Ses compositions acquièrent à la fois plus de liberté et de puissance. Au cours de cette véritable période initiatique, Vincent va s’accom-plir, devenir parado-xalement lui-même en expérimentant et « absorbant » les recherches de ses amis peintres. A la fi n, il sera prêt à partir vers le Sud, toujours en quête de lumière.

Autoportrait de Van Gogh, Paris 1887, Institut d’art de Detroit.

• PM 11 03 15.indd 29 11/03/2015 15:23

Page 30: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98

125 ANS D’INSPIRATION

VaN GOGh saiNT MarTYr À MONTMarTre Par Jacques Habas

Cette œuvre inconnue avait été achetée en 1975 par un collectionneur que personne n’avait voulu croire…

En février 2010, au Museum de Fundatie à Zwolle, au nord-est d’Amterdam, le directeur Ralph Keuning présentait offi ciellement à la presse «Le Blute-fi n», saluant un « tableau authentique » de Van Gogh, daté de 1886. Authentifi ée par le Musée Van Gogh d’Amsterdam, la peinture à l’huile de petites dimensions (55,2 cm × 38 cm), qui dépeint des Parisiens empruntant l’escalier de bois menant au belvédère du moulin Blute-Fin à Montmartre, fi t alors la une des medias.

Après trois années d’expertise, les experts venaient de confi rmer ce que clamait en vain depuis des années l’ancien propriétaire

de l’œuvre, le conservateur Dirk Hannema, ex directeur du musée Boymans de Rotterdam, qui avait acheté ce tableau ainsi qu’un autre en 1975 à un marchand d’art parisien pour… 2000 euros. Persuadé d’avoir trouvé un Van Gogh inédit (la toile n’est pas signée), il l’avait fait assurer pour 16 fois ce prix ! M. Hannema se vantait d’avoir réuni dans sa collection sept Vermeer, plusieurs Van Gogh et quelques Rembrandt. Mais l’homme avait perdu tout crédit dans le milieu de l’art du seul fait qu’il avait acheté en 1937 un tableau du peintre Vermeer qui s’était révélé être un faux. Sa collection d’art appartient, depuis sa mort, au musée néerlandais Fundatie, l’un des plus petits du pays…

Ce tableau de van Gogh est le premier à avoir été authentifi é depuis 1995 et le sixième depuis

la dernière édition du catalogue de ses œuvres en 1970, rappelle Louis van Tilborgh, conservateur au musée Van Gogh d’Amsterdam.L’œuvre illustre les préoccupations esthétiques de Vincent à l’automne 1886 : il vient de découvrir le peintre Provençal Monticelli et expérimente une touche plus puissante qui introduit des couleurs vives étalées à grands traits sur la toile. Elle porte de plus le cachet d’un magasin d’art que Van Gogh fréquentait, et le tableau est peint avec des pigments fréquemment utilisés par l’artiste.

Montmartre vient encore d’ajouter un chef-d’œuvre à son palmarès !

« le MOUliN BlUTe-FiN De MONTMarTre » : le PreMier VaN GOGh aUTheNTiFiÉ DePUis 1995

Son nom ne fi gure pas dans la Bible et pourtant tous ceux qui ont écrits

sur l’artiste, tous ceux qui l’ont connus, font un tel usage de métaphores religieuses pour décrire la personnalité du peintre hollandais que l’on fi nit par croire à la légende, tout en cherchant dans les évangiles où peut bien se cacher ce « fou de Dieu », ce Vincent mythique, authentique artiste maudit, qui fi t exploser le marché de l’art le 30 Mars 1987, lors de la vente de l’un de ses tableaux représentant des tournesols, peint en 1889, dont les enchères atteignirent la somme folle de vingt-quatre millions sept cent cinquante mille livres

sterling. On pouvait compter sur les doigts d’une seule main les tableaux que l’artiste avait vendus de son vivant : le voilà hissé au panthéon des plus grands peintres du monde. L’hommage que vont lui rendre les différents musées dans le monde, à l’occasion du cent-vingt-cinquième anniversaire de sa mort, vont permettre au public de redécouvrir parmi les onze cents dessins et les quelques neuf cents toiles la part de l’œuvre que Van Gogh voulait laisser à la postérité, une œuvre géniale réalisée en à peine une décennie...

Lorsque Van Gogh, le jeune Hollandais, arrive à Paris en

UN IMMEUBLE « BANAL » 54 rUe lePic

L e 3e étage du 54 rue Lepic à Paris a été habité par Théo Van

Gogh, qui y a hébergé son frère Vincent de 1886 à 1888. Dans cet apparte-ment, les frères recevront leurs amis artistes, Emile Bernard, Anquetin, Pis-sarro... La fenêtre atelier de sa chambre donne sur les

toits de Paris qui l’inspirent, ainsi que les paysages de Montmartre. Il entame alors l’extraordinaire série des autoportraits. Au rez-de-chaussée de l’immeuble se trouvait la galerie d’Alphonse Portier, ex mar-chand de couleurs qui fut l’un des premiers à soutenir les Impressionnistes.

Boulevard de Clichy, Musée Van Gogh

Moulin Blute-Fin, Zwolle, Museum De Fundatie

• PM 11 03 15.indd 30 11/03/2015 15:23

Page 31: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98

1869, il n’a pas encore décidé de devenir peintre, il est employé par la célèbre maison Goupil fondée en 1827, une maison dans laquelle son oncle fi gure comme associé de 1861 à 1878. Devenu une institution, l’établissement, qui possède trois magasins à Paris et plus tardivement des succursales à Londres, Bruxelles et La Haye, exerce depuis 1860 un quasi monopole sur la vente de reproduction d’œuvres d’art, pour ensuite se consacrer uniquement à la vente de tableaux. Théo, le frère de Vincent, son double, dirige la succursale du boulevard Montmartre de la maison Goupil : il jouera un rôle capital tout au long de la carrière compliquée de son frère, en le soutenant fi nancièrement et en tentant en vain de vendre ses œuvres. Devenu peintre, Vincent se plaindra dans ses lettres de « l’étrange mélange de bien et de mal exercé sur sa famille par Goupil et Cie », tant il espérait être exposé dans cette galerie prestigieuse.

Montmartre exercera une infl uence déterminante dans la formation culturelle de Van Gogh lorsqu’il s’y installe avec son frère Théo après son arrivée à Paris en avril 1886, d’abord rue Laval et ensuite au 54, rue Lepic. Annexée à Paris depuis 1860, la Butte conservait un aspect campagnard, avec des lopins de terre cultivée et de grands jardins, occupée par une population pauvre, politisée et rebelle, tandis qu’alentour des boulevards formant une frontière vivaient de bons bourgeois et des artistes logés dans de grands ateliers, qui voyaient fl eurir de leur balcons ces bals et ces cafés-concerts où le monde entier viendrait bientôt s’encanailler. Ce Montmartre « d’en bas », essentiellement commercial, est étranger à Van Gogh qui vit dans la pauvreté et la solitude. Il admirera les paysages qui s’offrent à lui en pensant à Corot qu’il vénère pour sa simplicité, sa vérité, et peindra en y mettant beaucoup de vert et de bleu les panoramas, les moulins, les jardins, et les vastes étendues qui se prolongent jusqu’aux fortifi cations de la porte de Clichy, le bastion 44, bien conservé aujourd’hui et qui forme déjà une protection devant la future Cité Judiciaire en construction. Il évoque dans ses toiles plusieurs vues de la fenêtre de sa chambre de la rue Lepic, ne pouvant échapper à la fascination qu’a toujours exercé Montmartre auprès des artistes qu’il admire. Il peint des myosotis, des coquelicots, des natures mortes, des bleuets, des roses, cherchant des tons rompus, des couleurs intenses. Les nombreuses vues de la ville proviennent de son carnet d’esquisses, regroupant des vues sur papier gris, des aquarelles, des dessins de nus d’après l’antique ainsi que des autoportraits.

On ne sait pas à quel moment de l’année 1886 il s’inscrit à l’atelier du libéral Fernand Cormon qui donne ses cours au 104, boulevard de Clichy : Vincent fréquentera l’atelier un bon trimestre, travaillant seul à partir de plâtres d’antiques. Il y fera la connaissance de Toulouse Lautrec,

d’Emile Bernard, de Louis Anquetin et de Russell qui peindra son portrait. Lautrec en fera un pastel, Lucien Pissarro, le fi ls de Camille, le dessine auprès du critique Felix Fénéon. Vincent découvre la peinture des impressionnistes en fréquentant le café de La Nouvelle Athènes. Il rencontre grâce à son frère Théo l’incontournable père Tanguy, fi gure emblématique de la vie artistique parisienne, marchand de couleurs et de tableaux installé rue Clauzel, dans le bas de la rue des Martyrs, dont il fera trois portraits. Il assiste, rue Tourlaque, aux réunions hebdomadaires dans l’atelier

de Toulouse Lautrec en compagnie de ceux qu’il nomme « les Impressionnistes du petit boulevard », faisant référence à l’avenue de Clichy où s’étaient illustrés au café Guerbois de nombreux peintres qui, devenus célèbres, exposaient chez Théo sur le grand Boulevard. C’est dans cette avenue qu’en novembre 1887 Van Gogh organisa une exposition dans les vastes salles du restaurant au Grand Bouillon, restaurant du Chalet, 43 avenue de Clichy. La chronique de l’époque fait état d’une dispute du restaurateur avec Van Gogh faisant suite à des plaintes de clients qui demandaient que l’on retire ces « cochonneries » sur les murs… Ce qui fut fait. Van Gogh empila ses toiles et fi t plusieurs paquets qu’il proposa aux passants de l’avenue pour la somme d’un centime la toile, sans succès…

En mars 1887, Vincent organisa une nouvelle exposition de ses toiles ainsi que d’estampes japonaises chez son amie Agostina Segatori, ancienne modèle de Degas, tenancière du café-restaurant « Le Tambourin » où il prenait ses repas en échange de tableaux. Collectionneur de crépons Japonais qu’il avait découverts à Anvers, il voulait montrer leur ressemblance avec les recherches

des Impressionnistes, « ces Japonais de France ». Il fi t le portrait d’Agostina et eut beaucoup de mal pour récupérer ses œuvres lorsqu’elle mit la clef sous la porte, après passage d’un huissier...

On se souvient que son ami Toulouse Lautrec, invité au Salon des XX de Bruxelles en janvier 1890, défendit Van Gogh contre les attaques violentes d’Enry De Groux qu’il provoquera en duel parce que ce dernier refusait d’exposer ses toiles aux côtés de « l’exécrable pot de soleil de M. Vincent ».

Les relations de Van Gogh avec le monde artistique et le bouillon de culture montmartrois ont été déterminantes pour ses propres recherches picturales, lui l’éternel insatisfait, plongé dans le brouhaha engendré par les querelles esthétiques mêlées aux affrontements philosophiques et politiques de l’époque où les jeunes avant-gardes artistiques brûlaient d’envie d’en fi nir avec le naturalisme de Zola, comme avec le symbolisme décadent : les « néo » de tous poils rejoignaient dans les cafés enfumés de Montmartre les fumistes et les critiques qui trempaient leur plume dans du vitriol, pour jeter aux orties le siècle agonisant, avec sa morale bourgeoise mercantile. Van Gogh, Lautrec et Gauguin n’étaient d’aucune école. L’art de Vincent irrigue la fi gure de son âme blessée, lui qui incarne l’expressionnisme le plus pur, lui qui porte si haut les couleurs, sans calcul, tantôt exalté, tantôt dépressif, tantôt colérique : mais fort de son instinct si pur, il ordonne à la couleur de servir ses sentiments et ses passions humaines. Est-ce Rembrandt, est-ce Hals qui hantent son esprit et lui demandent de quitter Paris après deux années d’apprentissage en compagnie des « Japonais de France » ?

Jacques Habas

Jardins maraîchers, Montmartre 1887, Stedelijk Museum Amsterdam

• PM 11 03 15.indd 31 11/03/2015 15:23

Page 32: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98

125 ANS D’INSPIRATION

vinCentThéâtre Ciné 13, 1 avenue Junot, 75018du 4 mars au 4 avril 2015de 13 à 26 €

Août 1890. Quelques jours après la mort du peintre Vincent van Gogh, alors peu connu, les rumeurs vont bon train à Paris. Certains disent qu’il était un fou sans le sou, un habitué des prostituées, un clochard et un artiste médiocre qui serait bien vite oublié. D’autres l’appellent le prêtre rebelle ou l’étranger.

Beaucoup murmurent qu’il s’est donné la mort dans une crise de démence. Son frère Theo, le confi dent et le bienfaiteur de Vincent, est atterré et révolté. Ce soir, il espère bien rétablir la vérité. Ce beau spectacle, interprété par Jean-Michel Richaud, a été conçu par

Leonard Nimoy à partir de la correspondance entre Vincent et Theo Van Gogh, et se complète d’une centaine de tableaux projetés sur grand écran.

soirée exCeptionneLLe van GoGH à montmartreAuberge de la Bonne Franquette17 avril 2015 - 55 €

Pour célébrer l’année Van Gogh, le syndicat d’initiative de Montmartre vous convie à une soirée exceptionnelle à l’auberge de la Bonne Franquette où Vincent peignit sa célèbre toile « La Guinguette ».

Une soirée spectacle vous est proposée autour d’un menu « Van Gogh » : dégustation d’absinthe, découverte de Van Gogh l’écrivain à travers sa correspondance avec son frère Théo, chansons de la grande époque du Chat Noir et du cabaret d’Aristide Bruant, nombreuses surprises tout au long de la soirée. Vivez une soirée authentique à Montmartre, comme en 1886 !

renseiGnements et insCriptions

Syndicat d’initiative de Montmartre

21, place du Tertre - 75018 Paris

Tel. : 01 42 62 21 21

baLade a montmartre sUr Les pas de van GoGH« sur les pas de vincent van Gogh » : une visite guidée organisée par le syndicat d’initiative de montmartre pour refaire le parcours parisien du peintre, essentiel dans l’épanouissement de son art et de ses recherches.

A Paris, entre 1886 et 1888, Vincent découvre les nouvelles tendances artistiques, néo-impressionnisme et cloisonnisme, qui vont enrichir sa palette. La promenade commence depuis la place St-Georges, conduit vers la boutique du père Tanguy, et conduit jusqu’ au jardin intérieur de l’ancienne auberge Les Billards en bois où fut peinte sa « Guinguette »… Une promenade pittoresque sur les pas du grand peintre, au cœur d’un Montmartre dont les paysages et l’effervescence créative agirent en révélateur de son génie.

renseiGnements et insCriptions

Syndicat d’initiative de Montmartre

21, place du Tertre - 75018 Paris

Tel. : 01 42 62 21 21

ViNceNT VaN GOGh

À arlesLe 20 février 1888, Vincent Van Gogh, alors âgé de 35 ans, débarque du train en gare d’Arles, après 15 heures de voyage. Déprimé par la triste froidure de l’hiver parisien et par l’indifférence des milieux artistiques, le peintre rêvait d’un « soleil plus fort ». Commence alors une période de travail intense et passionné dans la lumière du midi.Le séjour arlésien est, dans la vie du peintre, l’époque la plus productive en toiles et en dessins : plus de 300 œuvres en l’espace de 15 mois forment l’un des plus éclatants chapitres de l’histoire de l’art. En mai 1889, Vincent quitte Arles pour l’asile de Saint-Ré-my-de-Provence, laissant toujours le nom de Vincent Van Gogh lié à celui d’Arles. Il y resta 15 mois, et y écrivit près de deux cents lettres d’une poésie et d’une intensité d’ex-pression frappantes.

MONTMarTre cÉlÈBre VaN GOGh eN 2015

Le café de nuit 1888, Yale University Art Gallery, New haven

 

• PM 11 03 15.indd 32 11/03/2015 15:23

Page 33: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98

vinCent, des raCines JUsQU’aUx étoiLesexposition du 19 septembre au 21 octobre, 2015

Au cœur de Saint-Paul de Mausole, où Vincent Van Gogh a vécu à partir de mai 1889 à mai 1890, cette exposition de photographies et œuvres picturales présentera le travail des patients Saint-Paul de Mausole produites lors de l’atelier Valetudo art-thérapie, en par-tenariat avec la New York School of Visual Arts. L’Association Vale-tudo, qui fêtera 20 années en 2015, a été créé par les psychiatres et les travailleurs de soins de Saint-Paul, dans la tradition de leurs prédécesseurs, en réponse au rêve de Van Gogh de créer une association d’artistes dans le sud. Les visiteurs pourront découvrir successivement la partie monastique de Saint-Paul, les espaces naturels où Van Gogh a peint ses plus grands chefs-d’œuvre, la galerie Valetudo, et enfi n sa chambre d’hôpital reconstituée.www.saintpauldemausole.fr

Vincent quittera Saint-Rémy, le 16 mai 1890, pour Auvers sur Oise où il disparaîtra, un peu plus de deux mois plus tard, le 29 juillet 1890.

aUVers-sUr-Oise : le DerNier VillaGe

Auvers-sur-Oise, est la porte d’entrée du Parc Naturel du Vexin. En moins de 70 jours, Vincent y peint près de 80 œuvres. Certaines des peintures sont parmi ses plus célèbres, tels que Champ de blé aux corbeaux, Portrait du Dr Gachet ou L’Eglise d’Auvers. Vincent est mort à Auvers le 29 Juillet 1890 et est enterré dans le cimetière du village aux côtés de son frère Théo. Ces deux tombes jumelles modestes sont aujourd’hui un lieu de pèlerinage pour les amateurs d’art.

C’est donc dans le charmant village d’Auvers-sur-Oise, que son parcours terrestre prend fi n. Il y décède dans des conditions tra-giques qui resteront sans doute à jamais voilées de mystère. Aboutissement d’une quête d’infi ni ou interruption brutale d’une destinée ? Van Gogh a emporté la réponse à cette question avec lui…Aujourd’hui, Auvers-sur-Oise est un véritable musée à ciel ouvert où l’émotion l’emporte sur l’histoire.

Vincent habite la maison jaune, où il rêve de fonder une communauté d’artistes : Paul Gauguin vient le rejoindre le 23 octobre 1888 et ils commencent à travailler ensemble, mais s’affrontent violemment au quotidien sur le plan esthétique.

Le 23 décembre 1888, Van Gogh est retrouvé allongé sur son lit, le lobe de l’oreille gauche tranché. On connait l’histoire célèbre : il aurait menacé d’un rasoir Gauguin qui se serait enfui. Plongé en pleine crise de démence, Vincent se serait alors coupé l’oreille avant d’aller l’offrir à une prostituée. Même si certains auteurs ont pu soutenir que cette blessure était le résultat d’une violente bagarre avec Gauguin…

www.fondationcustodia.fr

saiNT-rÉMY De PrOVeNce : « sUr les Pas De ViNceNT

VaN GOGh »Vincent van Gogh arrive le 8 mai 1889 à Saint-Rémy de Provence, en prove-nance d’Arles, pour être « interné », à sa demande, à l’Asile Saint-Paul de Mausole. Fasciné par la qualité de la lumière et l’ardente beauté des pay-sages qu’il découvre à Saint-Rémy. Très inspiré, heureux et soulagé de trouver enfi n une ambiance sereine et

compréhensive auprès des religieuses et du personnel qui l’accueillent, il réalise près de 150 peintures et de nombreux dessins en l’espace d’un an (Les iris, La méridienne, La nuit étoilée, Autoportrait…).Cette période Saint-Rémoise est considérée comme majeure dans l’œuvre de Vincent Van Gogh.

Portrait de Vincent van Gogh à Saint-Paul de Mausole.

L’Hospice Saint-Paul de Mausole, où Vincent van Gogh à été interné à Saint-Rémy de Provence.

La ferme de Jorgus (Tate Londres)

Chemin en Provence la nuit, 1889

• PM 11 03 15.indd 33 11/03/2015 15:23

Page 34: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98

proGramme CULtUreL 2015 – dU 4 avriL aU 20 septembre– Château d’auvers : Exposition-Immersion « The Van Gogh Experience à l’Orangerie Sud »– maison du dr Gachet : Exposition « Gou-pil éditeur et marchand d’art - De Gérôme aux frères Van Gogh » (en partenariat avec le Musée Goupil à Bordeaux)– musée daubigny : Exposition « Un certain regard sur Vincent van Gogh : Minnelli,Kurosawa, Pialat » (en partenariat avec la Mission Images et Cinéma du Val d’Oise et la Cinémathèque Française)– Galerie d’art Contemporain : Exposition d’Hervé Di Rosa (en partenariat avec le Fes-tival d’Auvers)

L’institUt van GoGHCréé en 1987, l’Institut Van Gogh se mobilise pour préserver l’âme et l’esprit de Van Gogh à Auvers-sur-Oise. Il y assure l’animation culturelle de la dernière demeure du peintre, l’Auberge Ravoux. Ce site, lieu de mémoire-lieu de vie, classé « Monument Historique »

en 1985, est aujourd’hui l’unique maison où vécut Van Gogh préservée dans son état ori-ginel.

La CHambre de van GoGH à L’aUberGe ravoUxLe 20 mai 1890, Vincent van Gogh prend pension pour 3,50 francs par jour à l’Au-berge Ravoux. Il est logé sous les toits, dans une modeste mansarde de 7m2, éclairée d’une simple lucarne. C’est là que, revenu du motif, il met à sécher ses toiles, puis les em-

pile sous son lit et dans le placard d’angle.Le 28 et le 29 juillet 1890, Théo van Gogh assiste aux derniers instants de son frère Vincent au deuxième étage de l’auberge. De-venue « la chambre du suicidé », la chambre n°5 n’a plus jamais été relouée. En revanche, les six autres meublés, également occupés par des peintres, furent par la suite équipés des commodités du « confort moderne ». C’est dans cet espace demeuré intact que l’Institut Van Gogh vous invite à renouer avec l’univers sensible du peintre. Ici, le visiteur se fait pèlerin, et chacun se laisse pénétrer de l’intense émotion que dégage cette enclave de silence, dans toute sa nudité et sa sim-plicité.Ce havre de paix où « il n’y a rien à voir… mais tout à ressentir » ne se visite pas, il se vit. On n’y monte que par petits groupes. Pour en profi ter pleinement, prévoyez plutôt de venir en semaine.Ce voyage dans le temps s’achève dans le grenier de l’auberge par un audiovisuel « Sur les pas de Van Gogh » qui évoque le séjour de l’artiste à Auvers-sur-Oise. Dans un mon-tage subtil conçu par Dominique-Charles Janssens, Président de l’Institut Van Gogh.

Le 27 juillet 1890, Vincent van Gogh quitte l’auberge Ravoux avec son matériel. Il revient cinq heures plus tard, blessé, et meurt dans les bras de son frère Theo trente heures après. Selon le témoignage de la fi lle de l’au-bergiste, Vincent van Gogh aurait répondu «oui» au docteur qui lui demandait s’il s’était suicidé.

Cette mort au caractère mystérieux, même si le suicide ne fait guère de doutes, a sus-cité bien des fantasmes : selon les auteurs Américains Gregory White Smith et Steven Naifeh, Vincent van Gogh ne se serait pas tiré une balle dans la poitrine, mais il aurait été tué par deux adolescents d’Auvers, dont l’un prétendait que le peintre lui avait volé son pistolet. Quoi qu’il en soit, cette mort préma-turée fut un choc profond pour la commu-nauté artistique, consciente de la valeur de l’artiste.

aU CHÂteaU d’aUvers-sUr-oise … Rendez-vous le 4 avril 2015Dans le cadre de la saison culturelle de la ville d’Auvers-sur-Oise « Sur les Pas de Van Gogh » et de la commémoration des 125 ans de la mort de Vincent Van Gogh, le Châ-teau d’Auvers-sur-Oise présente :

tHe van GoGH experienCeUne approche immersive, sensible et déca-lée des 70 derniers jours de l’artiste à Au-vers-sur-Oise.Vincent Van Gogh arrive à Auvers-sur-Oise le 21 mai 1890. S’ouvre alors pour l’artiste, une période à la fois très productive, (il peint 71 toiles à Auvers) et très tourmentée, qui l’amène à son geste fatal, le 27 juillet 1890 et à son décès, deux jours plus tard.

125 ANS D’INSPIRATION

L’église d’Auvers par Van Gogh

La Chambre à l’Auberge Ravoux

• PM 11 03 15.indd 34 11/03/2015 15:23

Page 35: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98

Le collectif d’artistes professionnels, choisi et animé par Arnaud Rabier No-wart (Eric Angels, Nico Kil’And, King’s Queer, Konte-Rast, Steve Wells, Thierry Paillard, Valérie Barral, Hervé Legrand, Aurore Jesset) s’attache à évoquer les différentes facettes de cette personnalité hors du commun.Art in Space, light painting, anamor-phoses…une présentation originale, afi n de vous plonger dans une expé-rience émotionnelle et interactive.

CHâTEAU D’AUVERS Rue de Léry, BP 21

95430 Auvers-sur-Oise Tél : 01 34 48 48 48

« Nous arrivons au cimetière, un petit cime-tière neuf émaillé de pierres neuves. C’est sur la butte dominant les moissons sous le grand ciel bleu qu’il aurait encore aimé… peut-être.Puis on le descend dans la fosse....

Qui n’aurait pu pleurer en ce mo-ment… cette journée était trop faite pour lui pour qu’on ne son-geât pas qu’il y aurait vécu heu-reux encore.Le Docteur Gachet (lequel est grand amateur d’art et possède une des belles collections impres-sionnistes d’aujourd’hui, artiste lui-même) veut dire quelques paroles qui consacreront la vie de Vincent

mais il pleure lui aussi tellement qu’il ne peut que lui faire un adieu fort embrouillé...(le plus beau, n’est-ce pas).Il retrace brièvement les efforts de Vincent, en indique le but sublime et la sympathie immense qu’il avait pour lui (qu’il connaissait depuis peu). Ce fut, dit-il, un honnête homme et un grand artiste, il n’avait que deux buts, l’humanité et l’art. C’est l’art qu’il chérissait au-dessus de tout qui le fera vivre encore.Puis nous rentrons. Théodore van Gogh est brisé de chagrin, chacun des assistants très

émus se retire dans la campagne, d’autres regagnent la gare.Laval et moi revenons chez Ravoux et l’on cause de lui...Mais en voilà bien assez mon cher Aurier, bien

assez n’est-ce pas de cette triste journée. Vous savez combien je l’aimais et vous vous doutez de ce que j’ai pu pleurer. Ne l’oubliez donc pas et tâchez, vous son critique, d’en dire encore quelques mots pour que tous sachent que son enterrement fut une apothéose vraiment digne de son grand cœur et de son grand talent.Tout à vous de cœur »

emile bernard

The Van Gogh experience

Van Gogh, champ de blé aux corbeaux, 1890, Musée van Gogh, Amsterdam

Les tombes de Vincent et Theo van Gogh au cimetière communal d’Auvers-sur-Oise.

Pour rappeler le lien d’amitié et de fi délité unis-sant les frères Van Gogh, le fi ls du docteur Gachet

fi t courir sur leurs deux tombes un lierre en pro-venance du jardin de son père, les transformant

ainsi en une unique sépulture…

• PM 11 03 15.indd 35 11/03/2015 15:23

Page 36: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98mode

Décidément, il s’en passe des choses Place Charles Dullin…Entrons dans cette jolie boutique

au numéro 6. Une véritable fourmilière affairée au milieu de chapeaux et d’ac-cessoires de mode.Nous sommes chez « Mira Belle ». Sans formation de modiste, Marie Desnos, alias Mira Belle, est devenue une réfé-rence en matière de chapellerie et de mode. Un parcours atypique centré sur l’art et la créativité.Tous les chemins peuvent y conduire : d’abord une licence de lettres, puis le service public de l’Emploi qui oriente ses intérêts pour l’artisanat d’art. A noter que depuis trente ans Marie continue de s’investir dans l’insertion professionnelle.Des voyages d’études à l’étranger, en Inde et en Chine, lui donnent l’idée de concevoir des expositions culturelles

en collaboration avec Dominique Jamet pour la Bibliothèque de France. Elle a réalisé une exposition au Centre Culturel Arturo Lopez de Neuilly en 1989 puis une autre sur les traces de l’écrivain voyageur Victor Segalen, en partenariat avec le musée Guimet et le musée d’Orsay. Exposition que l’on retrouve en 1994 au lycée Français de Hong Kong.

pourquoi cette passion de déve-lopper le port du chapeau comme accessoire tendance ? Outre son bonheur d’être à Montmartre, Mira Belle se dit amoureuse de la beau-té, de l’élégance qui lui a été communi-quée par une mère qui rapportait des chapeaux de tous les continents. En la suivant aux prix de Diane, elle admirait les somptueux et délirants couvre-chefs des élégantes et a réalisé l’importance

du chapeau dans l’accomplissement raffiné de la beauté.Et puis, est-ce vraiment le hasard ? En 2007, en allant au théâtre de l’Atalante à Montmartre, elle va découvrir le petit atelier boutique « Brise Miche », au 6 place Charles Dullin, tenu par la char-mante Michèle Bony.« C’est ma rencontre avec les créations de Michèle qui a été un véritable choc esthétique et qui m’a propulsée dans le monde de la chapellerie. Michèle a été mon initiatrice.»Une amitié se tisse mais Michèle prend sa retraite. Le concept Mira Belle naît d’un collectif d’une quinzaine de modistes, véritable plate-forme de créations inédites qui permet de présenter les styles les plus variés de capelines, chapeaux, voilettes, feutres, bijoux de tête, bibis, etc. Marie Desnos assure la direction artistique. Mira Belle

Cred

it ph

oto

REEA

Mira BelleLa vie en chapeaux comme on n’en fait plus

• PM 11 03 15.indd 36 11/03/2015 15:23

Page 37: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98

est l’anagramme de Michèle et Marie. Mira veut dire « regarde… comme je suis belle avec un chapeau » ! Sa devise, elle y tient : « J’aime être Mira Belle » est l’enseigne de sa boutique.

La technique reste toujours artisanale, les créations uniques à partir de matières nobles et de qualité pour toutes circonstances du quotidien, sous le soleil comme sous la pluie, les fêtes, les événements, les cérémonies, le théâtre, le cinéma, etc.Ses modistes viennent des lycées de mode préparant au CAP de modiste ou des autodidactes issues de la couture ou du stylisme. Ce qui importe pour Mira Belle, c’est le talent, l’originalité.

son crédo : la communication et le partenariat Avec une tenace énergie, Marie ne cesse de développer la com-munication, les partenariats, la promotion de nouveaux talents de créateurs au travers d’événements qui se succèdent : défilés, concours, expositions dont Montmartre est souvent le théâtre.Ainsi, dès le 25 novembre 2007, elle avait lancé le premier concours de chapeaux des Catherinettes. Chacun le sait, Sainte Catherine est la patronne des modistes. La tradition veut qu’en son honneur, les jeunes filles créent un chapeau extraordi-naire pour mieux trouver un mari…Mira Belle travaille avec des commerçants, des associations, des salles de cabarets de Montmartre. Les concours des Cathe-rinettes se font avec la République de Montmartre. Des défilés de mode ont lieu avec des couturiers dont Lune Paris au Terrass Hotel, le défilé de jeunes créateurs à l ‘Hôtel de Crillon, participa-tion au Prix de Diane chaque année, l’Ecosse à Montmartre avec Michel Cadin, etc.Pour elle, c’est aussi l’occasion de fédérer des écoles de mode, de réaliser des prouesses artistiques, de rassembler sans oublier de faire la fête. On est à Montmartre, ne l’oublions pas !Le 14 novembre dernier, c’était un sympathique branle-bas place Charles Dullin pour un événement inédit : « Chapeau Monsieur Poulbot », placé sous le signe de Poulbot et de la République de Montmartre dont Mira Belle est Député.Au programme : une exposition de croquis et illustrations de Poulbot, et rencontres avec les Amis de Poulbot. Des Poulbots

chapeautés de canotiers, képis, bonnets, bérets et, bien sûr, la célèbre casquette de Poulbot, et signature des remarquables ouvrages de talentueux montmartrois : Poulbot et le livre de Jean-Pierre Doche, Vive la République de Montmartre de Jean-Claude Gouvernon, Poulbot, gosse de Montmartre de Jean- Marc Tarrit, Un taxi dans les étoiles d’Alain Turban.En janvier dernier, c’était la Fashion Week Hommes, chapeaux me-lon aux couleurs flash et défilé pour le couturier Piere Talamon. En février, l’Ecosse à Montmartre, encore un défilé d’une collection créée avec son amie styliste Céline Jendly de Lune Paris. Avec son enthousiasme coutumier, Marie prépare la nouvelle collection été Hommes Femmes et les cérémonies de mariages chapeau-tées comme il se doit. Elle travaille sur un « gros shooting » pour cette collection sous le thème « wild and so chic ». Traduisez !!!Notez que le défilé de Diane aura lieu le 14 juin prochain et qu’il réunira mannequins et clientes. En novembre, ce sera le tradition-nel concours des Catherinettes : on concocte déjà les chapeaux les plus originaux et étonnants.

Avec son savoir-faire et son faire-savoir, la boutique de Mira Belle se veut un trésor de productions inédites à la portée de tous et toutes.

Continue, Mira Belle, à créer dans l’esprit festif et convivial de la Butte dont tu es devenue une adresse incontournable.

Et on te dit chapeau !

Marie-France Coquard

marie desnosDirectrice artistique de la Collection

mira belle6, place Charles Dullin

Ouvert du mardi au vendredi de 15h30 à 19h30Le samedi de 14h à 19h30 Tél : 01 42 52 00 11

www.mira-belle.fr

modePh

oto

Zsuz

sann

a W

agen

hoffe

r. St

ylis

me

phot

o Su

na M

oya.

Rob

es d

e M

arié

e An

a Q

uaso

ar. V

êtem

ents

Alm

ire

Phot

o Zs

uzsa

nna

Wag

enho

ffer.

Styl

ism

e ph

oto

Suna

Moy

a. V

êtem

ents

Alm

ire

• PM 11 03 15.indd 37 11/03/2015 15:23

Page 38: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98artS et LettreS

LA 17e FêTE DE LA LIBRAIRIE PAR LES LIBRAIRES INDéPENDANTSAURA LIEU LE SAMEDI 25 AVRIL 2015

Cette manifestation attendue par les amou-reux du livre rassemble plus de 480 libraires indépendants en France et en Belgique franco-

phone, qui participent à l’organisation d’événements littéraires. Dans un contexte de mise à l’épreuve du droit des auteurs et de grande mutation des habi-tudes de lecture, cette journée permet de mettre en valeur ce que la librairie apporte d’irremplaçable à la vie du livre et plus particulièrement à la création.Cette année encore – durant cette seule journée du 25 avril – un livre, tiré à 23 000 exemplaires, sera distribué gracieusement aux clients des librairies par-ticipantes. Intitulé « Une année dessinée, Faits et gestes de la librairie », l’ouvrage met à l’honneur le dessin, sous diverses formes : il se présente comme une éphémé-ride unissant 365 œuvres de 22 dessinateurs (vivants ou morts) et presque autant de faits, gestes, pensées et citations composés par les libraires à partir de leur quotidien : au résultat, un petit musée où se côtoient des gouaches, des lavis, des crayons, des encres, des stylos, des feutres, des fusains… et des mots de libraires (ouvrage réalisé en collaboration avec la collection des Cahiers dessinés dirigée par Frédéric Pajak).

Ne manquez ce rendez-vous du 25 avril avec votre libraire « de quartier », dont l’indépendance garantit notre liberté d’esprit. A Montmartre, trois librairies vous accueilleront :

La Librairie des abbesses, bien sûr, Marie-Rose Guarnieri étant à l’origine de cette journée :

30, rue Yvonne-Le-Tac 75018 Paris01 46 06 84 30

L’attrape-Cœurs4, Place Constantin Pecqueur 75018 Paris

01 42 52 05 61

La Librairie montmartre70, Rue Damrémont, 75018 Paris

01 42 55 03 62

MICAËL

Dessin extrait du livre «Une année dessinée, Faits et gestes de la librairie»

• PM 11 03 15.indd 38 11/03/2015 15:23

Page 39: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98 LeS montmartroiSeS

miss montmartre 2015 VEUT SERVIR MONTMARTREM iss Montmartre 2015 se nomme Sté-

phanie Doret. Elle vit rue Berthe :pour elle, Montmartre représente beau-coup, c’est le village où elle a grandi, elle y a toutes ses petites habitudes et ses amis. Stéphanie, qui allie le charme et la discrétion, travaille dans l’événementiel. C’est une amie, participante de l’année passée, qui lui a conseillé de se présenter au concours : et voilà le résultat, d’ailleurs bien mérité ! C’est l’association Le Petit Montmartre, créée il y a cinq ans par Pascal Freulon (président) et Sébastien Zurcher (secré-taire général, agent déplacements) qui a eu l’idée de relancer cette fête tradition-nelle, arrêtée en 1964. Le principe est simple : six candidates défi lent en trois tableaux, robes de ville, maillots de bain et robes de soirée. Le jury est présidé par cinq personnalités, différentes chaque an-née, et l’heureuse élue est ensuite chargée de représenter Montmartre sur un grand nombre d’ événementiels parisiens et nationaux : il faut quand même compter une sortie de Miss et trois Dauphine chaque week-end, à Paris, en province ou à l’étranger. Parmi les points forts dans la capitale, la traversée de Paris en voitures anciennes, la grande parade des Champs-élysées, l’ouverture de la Foire du Trône avec Marcel Campion, ou l’inauguration des chalets de Noël sur les Champs-élysées. Le 8 juillet, Miss Montmartre présidera une étape du Tour de France cycliste (Arras – Amiens). Le 12, elle présidera son premier trophée de pétanque en Suisse, à Gilly.Et pas question de se contenter d’une posture de « représentation » : selon Stéphanie et Sé-bastien, le rôle primordial de Miss Montmartre consiste à soutenir les projets et les grandes causes de Montmartre. Qu’on se le dise !

LE CABARET D’ISABEAU, a lieu le der-nier vendredi du mois à 20h dans le petit écrin de velours du Théâtre du Bonheur. Il se poursuivra jusqu’en juin avec un pro-gramme et des invités différents chaque fois, des auteurs compositeurs interprètes qui viennent présenter leurs spectacles en chansons.

Ses prochaines soirées : 27 mars, 24 avril, 29 mai et 26 juin.

Petit Théâtre du Bonheur6, rue Drevet (dans les escaliers)

(Métro Abbesses) Réservation : 09 54 48 44 83 www.isabeaupaname.free.fr

LA TALENTUEUSE ET ESPIÈGLE ISABEAU

• PM 11 03 15.indd 39 11/03/2015 15:23

Page 40: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98a La rencontre de...

BERTRANDTORPEDO

UN MONTMARTROIS INTERNATIONAL

N é au Cameroun, ce métis arrive en France à l’âge de 6 ans.Enfance à Orléans, Bac et Universi-

té d’Orléans où il obtiendra une Licence en droit des affaires. C’est aussi à l’Université qu’il fera ses premiers pas dans la musique en rejoignant Radio Campus, la radio uni-versitaire, pour une émission de rock qui durera cinq années ; parallèlement, il orga-nise ses premiers concerts dans un bar local, puis dans des salles de la région : « C’était la belle époque, nous faisions jouer les petits groupes que l’on aimait, nous hébergions parfois quinze personnes dans l’appartement, nous collions les affiches la nuit… Nous ne gagnions jamais d’argent, voire même nous nous endettions ! » Devenu manager d’un groupe local, Ber-trand entreprend des tournées en France puis en Europe au rythme de 30 concerts tous les deux mois.Les voyages du Portugal à la Russie, les groupes de plus en plus nombreux, les salles de plus en plus belles, les cachets

plus importants : finis les concerts dans les bars, les soirées alcoolisées, le dodo chez l’organisateur, place à l’apprentissage du métier et au professionnalisme !

En 2000, lors d’une tournée en Bretagne, Bertrand rencontre celle qui deviendra sa

compagne, la chanteuse d’un groupe pari-sien nommé X Syndicate.Elle habite Montmartre : deux mois après,

il quitte son appartement orléanais et emménage rue des Martyrs, au pied de la Butte, à deux pas de chez Michou.C’est le paradis : en cinq minutes on est à La Cigale, au Divan du Monde, àL’Elysée Montmartre, La Loco, La Boule Noire, toutes ces salles qu’il rejoignait depuis Orléans pour assister à ses concerts préférés !

Pas de patron ! Jamais ! Bertrand est son seul maître, tour à tour régisseur,organisateur, technicien, etc. « Free lance », il loue ses services à des groupes américains, canadiens et japonais, pendant plusieurs années, depuis Paris, les tour-nées se succèdent.

En 2005, une tournée avec les « Blac-keyed Peas » lui fait découvrir les salles immenses et l’organisation à grande échelle : les semi-remorques de matériel, les équipes de 30 personnes, les hôtels de luxe, les grands Festivals, bref, le Show Bizz.

montmartre est depuis toujours un vivier pour les artistes de toutes sortes : peintres, musiciens, cinéastes… en matière de spectacle, la butte fourmille également d’hommes de l’ombre : managers, éditeurs, techniciens, etc. parmi eux, bertrand torpedo, producteur de spectacles depuis 2007.

travailler avec des japonais, qui

sont des gens très exigeants, nous a élevés à un niveau international que

nous n’avions jamais imaginé.

• PM 11 03 15.indd 40 11/03/2015 15:23

Page 41: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98

Bertrand fait un stage technique à l’Elysée Montmartre afin de mieux comprendre tous les aspects de la production, il commence à produire des concerts dans les salles locales tout en continuant à organiser des tournées européennes.

Sa femme et lui deviennent parents en 2005 puis en 2008, leurs filles fréquentent l’école maternelle Orsel, puis l’école élé-mentaire Foyatier. La famille vit au rythme de Montmartre et participe régulièrement aux festivités organisées dans le quartier : leurs deux filles, Rose (6 ans) et Louison (3 ans) ont intégré la formation musicale et folklorique des Petits Poulbots de Mont-martre.

En 2007, Bertrand crée sa Société bapti-sée Torpédo Productions.Il produit et gère alors des tournées euro-

péennes pour des artistes japonais, amé-ricains, anglais et français. L’expérience accumulée par les années d’apprentissage et les personnes rencontrées lors de ses tournées sont autant de contacts qu’il utilise pour consolider sa structure : aujourd’hui Torpédo Productions fait vivre cinq personnes et est impliquée dans la programmation du plus gros Festival russe, le Kubana Festival.Elle est également devenue une référence en Asie et un des deux plus grands impor-tateurs européens d’artistes asiatiques avec une dizaine de tournées d’artistes japonais et coréens chaque année.

En 2011, suite aux tragédies causées par le Tsunami et Fukushima, c’est naturelle-ment à Torpédo Productions que le Japon a demandé d’organiser le plus gros concert de soutien au peuple japonais. Ce concert a eu lieu au Zénith de Paris, le 23 Juin 2011, avec le compositeur Joe Hisaishi. Un chèque de 30 000 euros a été reversé à une organisation caritative japonaise.Selon Bertrand Torpédo : « Travailler avec des japonais, qui sont des gens très exigeants, nous a élevés à un niveau inter-national que nous n’avions jamais imaginé. Sur scène, nous développons désormais des spectacles ponctués d’effets spéciaux, de pyrotechnie, d’écrans à leds géants pour lesquels nous créons et gérons les visuels : nous avons d’ailleurs investi dans l’achat de ces technologies et nous sommes quasiment autonomes. »

Depuis peu, Bertrand Torpédo s’attaque à de nouveaux continents, plusieurs tournées ont eu lieu en Amérique latine en 2014, ainsi qu’en Asie : en 2015, il produira direc-tement plusieurs artistes aux U.S.A. et en Afrique.

Mais revenons à Montmartre : Bertrand pro-duit chaque année une dizaine de concerts dans les salles du Trianon, de La Cigale (dans laquelle il organisera même une soirée « Fight » avec un ring sur scène), La Boule Noire et surtout Le Divan du Monde qui reçoit la plupart de ses concerts parisiens et qu’il considère comme la meilleure salle 500 places de Paris.

« Je vis à Montmartre, je produis mes concerts à Montmartre, je dîne dans les restaurants de la rue des Martyrs, je sors dans les bars de Pigalle ou des Abbesses, je finis mes soirées aux « afters » du Divan. Pour moi, aller dans un autre arrondisse-ment, c’est comme partir en voyage en province : il faut presque que je me pré-pare à l’avance ! »

Toutefois, il lui arrive quand même de quit-ter Montmartre pour ses activités.Pour le 1er semestre 2015, il produira un concert avec des stars africaines à l’Olym-pia le 17 mai, un autre au Bataclan avec des japonais le 25 Avril, et pour les fana-tiques des cultures de l’imaginaire, sa der-nière production « Les Echos de la Terre du Milieu » en hommage aux musiques de la trilogie du Seigneur des Anneaux et du Hobbit qui sera produit au Grand Rex, le

11 Avril, et joué par un orchestre sympho-nique.Mais l’avant première de ce spectacle, qui tournera partout en France, a eu lieu le 24 février 2015, bien entendu à Montmartre… Au Divan du Monde !

Propos recueillis par Jean-Jacques sacquet

www.torpedo-productions.com

a La rencontre de...

• PM 11 03 15.indd 41 11/03/2015 15:23

Page 42: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98PM 13-98

O n avait perdu de vue Eric Blanc, mais sans jamais

oublier cet artiste qui, dans les années 80, nous faisait rire en imitant les anciens présidents Jacques Chirac, Valery Giscard d’Estaing, mais aussi d’autres personnalités comme Yannick Noah, Frédéric Mitterrand, etc. Sans oublier sa surprenante imitation d’Henry Chapier. Ce qui lui a valu une condam-nation. Eric blanc sera alors « blacklisté » (sur liste noire) pendant des années. Indésirable aux yeux de ce critique de cinéma et certainement d’autres personnes, il est injustement interdit sur les plateaux de télévisions. Loin du star-système, il prend le temps d’écrire d’autres spectacles…

Eric Blanc est né à Cotonou, au Bénin, d’un père magistrat et d’une mère puéricultrice. Après le coup d’état du général Kérékou, en 1975, la famille Blanc s’installe à Paris. En 1986, Eric abandonne ses études de droit pour se consacrer à la scène. Rapidement, il se fait remarquer lors de ses nombreux passages télévisés, comme dans l’émission « La classe ». Après avoir joué sur scène, puis dans quelques fi lms et séries télévi-sées, il revient pour nous détendre et sur-tout nous faire rire. Actuellement en tournée dans toute la France.

alexandra Cerdan : Lors de la cérémonie de remise des Césars en mars 1988, vous êtes sur la scène et vous paro-diez avec beaucoup d’humour Henry Chapier. Mais que s’est-il passé ?

eric blanc : Ce qui s’est exac-tement passé ce soir-là : j’étais sur scène et il était dans le public avec ses collègues, ses pairs. Il a dû se sentir ridicule.

Henry Chapier n’a pas du tout apprécié mon imitation, ma rail-lerie sur son personnage et non sur sa personne. Ce sketch, je l’avais interprété plusieurs fois à la télévision et personne n’avait jamais trouvé matière à critique. Je pense que dans cette affaire, il y a eu deux éléments : la médiatisation – car la remise des Césars était « La » cérémo-nie incontournable de l’époque, suivie par des millions de télés-pectateurs – et sûrement, chez le sujet parodié, un sentiment d’être humilié publiquement. Mais le but de la caricature,

c’est bien sûr d’exagérer le por-trait d’une personne. Pendant mon passage, j’étais explosé de rire, pas lui...

a.C. : Quel a été votre ressenti face à cette injustice ?

e.b. : Tout d’abord la surprise, car je ne pensais pas que ça allait le blesser à ce point-là.Le préjudice a été en outre l’interdiction immédiate de

télévision. Sur le coup, c’est terrible. L’aspect positif de cet incident m’a permis de prendre conscience de la réalité et de la responsabilité de mon métier, d’être plus mesuré. On va dire que c’était une erreur de jeu-nesse.

a.C. : Peut-on croire que cette histoire relève du racisme ?

e.b. : Non ! Car quelques an-nées après, j’ai parodié Yannick Noah, et il a aussi été offensé, alors...

a.C. : On nous parle souvent des droits de l’homme, de la liberté d’expression, qu’en pen-sez-vous ?

e.b. : Si on compare la France à d’autres pays, on n’a pas trop à se plaindre… Mis à part cette mésaventure à mes débuts, j’ai toujours pu m’exprimer comme je le voulais. Dieudonné, pour moi, c’est un cas à part. Il fait de la politique. La base de l’humour, c’est de rassembler et non de diviser.

a.C. : Les téléspectateurs aussi ont été privés de votre humour. Qu’avez-vous fait pendant toutes ces années ?

e.b. : J’ai continué à faire des imitations pendant un certain temps. Après je suis passé aux sketchs, il y a eu des tournées et puis maintenant je joue en duo dans : « Mon frère blanc », un spectacle d’humour conçu et réalisé par Gabriel Dermidjian et écrit par Gabriel Dermidjian et moi-même. Je prépare aussi un nouveau spectacle en rapport avec le XVIIIe.

a.C. : Que pensez-vous de l’humour de certains comiques ?

e.b. : Je suis resté très critique. Il y a une belle nouvelle généra-tion, certains... pas tous. Ce qui me gêne chez les jeunes, no-tamment issus de l’immigration, c’est qu’ils pratiquent un humour communautaire. J’en reviens donc à un humour rassembleur et non le contraire.

Propos recueillis par alexandra Cerdan

entre cour et Jardin

eric BlaNc IL SORT DU NOIR !

I N T E R V I E W

MON FRÈRE BLANC

Avec Eric Blanc et Gabriel Dermidjian

Après avoir sillonné la France avec leurs solos respectifs, GAB et ERIC ont choisi de partager la

scène, le temps d’un spectacle, unique. Parfois féroces, souvent tendres, mais toujours drôles, les deux humoristes nous livrent leur point de vue sur la société moderne. Rien ni personne ne sera épargné au cours de cette rencontre explosive entre

deux univers diamétralement opposés. Rien. Sauf l’humour. Entrez donc dans les coulisses de l’exploit…

Le site web : www.eric-blanc.com

• PM 11 03 15.indd 42 11/03/2015 15:23

Page 43: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98

alexandra Cerdan : Quel regard portez-vous sur votre carrière ?

michèle torr : Je n’ai pas vu pas-ser le temps… Après 50 ans de carrière, je suis toujours là, mon public est fidèle, j’en suis fière.

a.C. : Vous allez vous produire à Las Vegas, chantez-vous aussi en anglais ?

m.t. : Pour cette tournée, j’inter-prèterai un seul titre, peut-être deux, en anglais.

a.C. : Vous vous êtes engagée auprès de votre fils Romain, qui a créé une association. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

m.t. : Mon fils avait envie de se rendre utile. La sclérose en plaques est une maladie neurolo-gique, auto-immune chronique du système nerveux central. Il récolte des fonds pour la recherche. Je participe aussi à ma façon, les recettes des galas organisés pour cette cause sont reversées à

l’hôpital de la Timone, à Marseille. Les dons sont les bienvenus*.

a.C. : Lorsque vous partez en tournée, en croisière ou à l’étran-ger, votre famille vous manque-t-elle ?

m.t. : Oui, bien sur ! L’absence se fait sentir quand je suis loin d’eux. Mais partir en tournée ce n’est que du bonheur, c’est mon métier. Donc, cela l’emporte sur cette absence éphémère. J’ai besoin aussi de changer d’air, de retrouver mon public d’ailleurs.

a.C. : Que vous inspirent les nou-veaux artistes ?

m.t. : Il y a des interprètes très talentueux, mais l’industrie du disque a énormément changé : le progrès a fait diminuer la vente des disques, la manière d’acheter aussi a changé en téléchargeant sur internet. Aujourd’hui, la scène est primordiale pour que l’artiste puisse exister et durer.

a.C. : Justement, sur la scène, vous êtes prête à tout donner. Le public vous en est-il reconnais-sant ?

m.t. : Mon public est extraordi-naire et d’une fidélité déconcer-tante. Il y a un échange entre lui et moi, c’est une longue histoire qui nous attache l’un à l’autre.

a.C. : Que faites-vous pour vous ressourcer et pour paraître aussi sereine ?

m.t. : Pas si sereine que ça (rires). Je suis constamment dans l’action, et je pratique un peu de yoga pour me relaxer avant d’entrer sur scène. être proche de la nature est primordial pour moi : j’aime simplement pouvoir me reposer sous un olivier…*Association : Sep Du Pays d’Aix – www.sep-paysdaix.fr / Facebook Sep (Sclérose en plaques).

ParoLeS et muSique

Michèle Torr au casino de Paris,

le diManche 14 juin 2015.

www.micheletorr.com

I N T E R V I E W

MiCHÈle TOrr L’empreinte d’une Diva

Q ui a dit que Michèle Torr était « has-been » ? Sûrement les langues de vipères. Elle est l’une des rares chanteuses qui mènent une carrière hautement récompensée. Plus de

trente disques d’or et un disque de platine – avec 434 chansons enre-gistrées et 53 albums couronnés de succès ! Michèle Torr fait ses débuts en 1961 : elle participe à des concours de la chanson et rem-porte l’un d’entre eux, en concurrence avec une autre chanteuse, une certaine Mireille Mathieu. Grâce au succès d’Avignon, Michèle Torr est alors programmée en première partie de Jacques Brel au Palais des papes d’Avignon. Originaire du Vaucluse, Michèle est née à Pertuis. Dans son enfance, sa mère lui a transmis la passion pour le chant. De la grande chanson française, Michèle Torr en est aussi l’héritière. D’une exceptionnelle douceur et d’une voix authentique, elle nous ravit avec ses titres comme : Emmène-moi danser ce soir, J’en appelle à la tendresse, A mon père, etc. Régulièrement invitée pour partager les plateaux d’artistes d’âge tendre et Tête de bois, Michèle Torr, par son grand talent et ses qualités humaines, incarne le meilleur de la chanson française populaire.

alexandra Cerdan

• PM 11 03 15.indd 43 11/03/2015 15:23

Page 44: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98

chanSonnier de L’age d’or

I l y a très exacte-ment cent ans, le mardi 16 mars 1915,

mourrait au pied de la Butte, au numéro 10 de la rue Mansart, le compositeur et chansonnier Marcel Legay, accompagné dans ses der-niers instants par son amie la chanteuse Eugénie Buffet à qui il demanda de lui chanter une dernière fois sa chanson fétiche Ecoute, ô mon cœur. Depuis, il repose au cime-tière Saint-Vincent, à deux pas du « Lapin Agile ».

Compositeur de talent unani-mement reconnu, chanteur de rue à la voix tonitruante,

chansonnier de cabaret artis-tique à l’interprétation mémo-rable, directeur de plusieurs de ces cabarets, innova-teur musical hors pair, pédagogue d’éducation populaire, sa renommée fut incroyablement grande de son vivant. Et pas seulement à Montmartre, … mais au Quartier Latin à travers ses cabarets, …mais dans tout Paris à travers ses galas, … mais dans toute la France à travers ses concerts, … mais en Europe à travers ses tournées allemande et scandinave. Des cen-taines de ses petits-formats seront distribués dans toute la France qui populariseront ses mélodies.

Marcel Legay, fils de Charlemagne Legay et de Floride Duquesnoy, voit le jour le 8 novembre 1851, au sein d’une famille de mineurs à Ruitz (Pas-de-Calais), petite localité à 8 km au sud de Béthune. Il a tout juste sept ans à la mort de sa mère et est alors placé dans une famille de Fampoux, près d’Arras. Son enfance est marquée par l’influence de son instituteur « Maître Brassard » avec lequel il restera en cor-respondance jusqu’à la fin de sa vie. Les bords

de la Scarpe alimenteront ses souvenirs et inspireront sa chanson fétiche Ecoute,

ô mon cœur — Chanson du Pays d’Artois qui sera encore, longtemps après, chantée dans tous foyers

de l’Artois et du Nord de la France.Adolescent, il apprend l’art de la tonnellerie mais la guerre de 1870 arrive et il s’engage au 22e chasseur à pied. A la fin des hostilités, on le retrouve clarinettiste au 43e de ligne, puis élève du Conservatoire de Lille et baryton dans La Favorite à l’Opéra au Havre.Quand il arrive à Paris en 1876, il a tout juste vingt-cinq ans. Cinq ans avant l’avènement du Chat Noir il fréquente les caveaux, chante dans les rues ses propres chansons et édite L’Heure du Rendez-Vous, « la première chanson du premier chansonnier ». Il fait partie des Hydropathes (1878) et

de la toute première équipe du Chat Noir (1881). Selon le Larousse du XXe Siècle : « Avec sa longue redingote, sa lavallière négligée, et son impériale qui le faisait ressembler au Maréchal Canrobert, Marcel Legay créa un type. Ses chansons sont pleines de rigueur et de tendresse. Les plus connues sont alors : L’heure du ren-dez-vous, Pour un baiser de femme, Le Moulin de la Galette ».A partir de 1881, la carrière artistique de Marcel Legay recouvre exactement la Grande Epoque des Caba-rets Artistiques Parisiens qui se terminera en 1914 avec le début de la Grande Guerre. Pendant ces trente-

LE CHANSONNIER EMBLEMATIQUE DE L’AGE D’OR DES CABARETS ARTISTIQUES

marceL Legay en chiFFreS1000 chansons12 livres de musique100 enregistrements 500 petits-formats40 ans carrière (= âge d’or des cabarets artistiques)50 cabarets et cafés-concerts5 directions de cabaret20 œuvres de maîtres le représentant30 caricatures diverses300 articles de presse1 thèse américaine lui est consacrée

MARCEL LEGAY

• PM 11 03 15.indd 44 11/03/2015 15:23

Page 45: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98

trois années on le verra se produire dans tous les cabarets de Montmartre et du Quartier Latin et être directeur artistique de cinq d’entre eux. Il passera « en vedette » à l’Eldorado, participera à de très nombreux galas de bienfai-sance, fera des tournées à succès dans plusieurs villes de Province, en Alle-magne et au Danemark. Mais Marcel Le-gay est aussi un formidable innovateur artistique. Avec des auteurs de renom et des illustrateurs de génie il produit deux livres-albums magnifiques : Toute la Gamme en 1886 et Les Rondes du Valet de Carreau, l’année suivante. Le

6 juin 1889 (il a alors 38 ans et est en pleine ascension), il crée l’événement avec son spectacle : « Prose en musique – Audition unique », Salle Kriegelstein, à Paris.

L’idée originale de Marcel Legay est de faire chanter par des grandes voix de l’Opéra et de l’Opéra-Comique — Mlle Janvier, Mlle Baldo, Mélchis-sédec, Vergnet, Fournet, etc. — des textes, en prose, mis en musique par lui-même. Ces textes sont ceux de grands auteurs qui sont ses contem-porains : Emile Zola, Ernest Renan, Jean Richepin, François Coppée, Alphonse Daudet, Guy de Maupas-sant, Fréderic Mistral, Paul Arène, Charles Frémine, Louise Michel, Paul Arène, Emile Goudeau, etc.Le succès populaire est certes limité, — c’est, par essence même, une audition unique ! — mais, avec cette expérimentation Marcel Legay acquiert une certaine reconnaissance de la part de ses pairs compositeurs. On a du mal de nos jours à imaginer la très grande célébrité acquise en ce début de XXe Siècle par Marcel Legay. Le vecteur médiatique princi-pal — dirait-on aujourd’hui — pour les chanteurs de l’époque est le « petit-format », cette partition bon marché de quatre pages. Et Marcel Legay en produit beaucoup de ces petits-formats : on en trouve encore actuel-lement plus de cinq cent disponibles sur le marché ou en bibliothèque.Et ce n’est pas tout : les chansons de Legay sont aussi diffusées par les très nombreux journaux et revues qui couvrent la France à cette époque : Le Gil Blas Illustré, Ma Revue, La Bonne Chanson, Paris qui Chante,

L’album musical, La musique pour tous, Les Hommes d’aujourd’hui, etc., pour ne prendre que les revues.Les chansons à succès de Marcel Legay sont nombreuses. Parmi elles, on notera : Va danser, Ecoute, ô mon

chanSonnier de L’age d’or

Marcel Legay par Léandre, 1900, (Fonds familial)

LE CHANSONNIER EMBLEMATIQUE DE L’AGE D’OR DES CABARETS ARTISTIQUES

marceL Legay, Le Premier chanSonnier montmar-troiS ?c’est, dès 1913, l’avis de léon de Bercy [1], lui-même chansonnier et directeur de cabaret, témoin direct de la grande époque des cabarets artistiques : « … cette chanson [L’Heure du rendez-vous], la première du premier chansonnier montmartrois, est imprimée aux frais de legay, avec 30 francs que lui a prêtés son garçon d’hôtel ».

marcel Legay, le chansonnier emblématique de la grande époque des cabarets artisti-ques ?c’est la thèse défendue, au sens propre du terme, par l’universitaire américaine Mary ellen poole [2], en 1994.

marcel Legay, le compositeur aux mille chansons ?c’est le décompte qu’en a fait léon de Bercy : « l’œuvre de Marcel le-gay est considérable : elle compte près d’un millier de chansons dont une partie, réunie en recueils, a donné une douzaine de volumes. »

mais, marcel Legay, chan-son-nier peu ou mal connu de nos joursc’est le constat un peu tristounet qu’en fait aujourd’hui son petit-neveu Yves Bertrand qui s’acharne à faire revivre, l’œuvre de ce grand chan-sonnier mont-martrois à l’occasion du centenai-re de sa disparition.www.marcel-legay.fr

marceL Legay en BreF• Chanteur de rue, de cabaret• Hydropathe, il fait partie de pre-mière équipe du Chat Noir• Compositeur prolixe et inspiré• Interprète à la présence extra-ordinaire• Vedette de Caf’Conc’• Vedette de tournées à succès en France et en europe • Innovateur musical reconnu par ses pairs (Prose en musique)• Professeur au Conservatoire Mimi Pinson de Gustave char-pentier• Militant infatigable des causes humanitaires et sociales• Apprécié par ses collègues, il sera Doyen des Chansonniers pendant plus de dix ans

Partition : Le bleu des bleuets, dessin d’Henri Gabriel Ibels

• PM 11 03 15.indd 45 11/03/2015 15:23

Page 46: Paris Montmartre, mars 2015

cœur, Sans rien dire, Le bleu des bleuets, Et voilà pourquoi Madeleine, Tu t’en iras les pieds devant, Le soleil rouge, La femme libre, et tant d’autres… On ne possède aucune trace enregistrée de la voix de baryton de Marcel Legay mais il existe une centaine d’enregistrements de ses chan-sons.Parmi les interprètes les plus connus : Damia, Edith Piaf, Georges Brassens, Patachou, Cora Vaucaire, Colette Renard, Monique Morelli, Jacques Douai, René-Louis Lafforgue, Yvonne Darle, Marcel Amont, etc. Et la jeune génération n’est pas en reste avec les reprises récentes de La Chanson de Fou par Violaine Schwartz et Hélène Labarrière en 2011 et Va danser par la chanteuse québé-coise Paule-Andrée Cassidy, en 2014.

Par la fi nesse de ses compositions musicales et son activité artistique en faveur d’une chanson populaire de qualité, Marcel Legay établit un lien naturel entre les chansonniers du XIXe Siècle (Béranger, Gustave Nadaud, etc.) et la chanson « à texte » du XXe Siècle. A travers l’évolution de la chanson française au cours de ce XXe Siècle – de la chanson réaliste, en passant par les cabarets de Saint-Germain et nos grands auteurs-composi-teurs – les chanteurs de langue française actuels, doivent tous un petit quelque chose à « Tonton Marcel », même s’ils n’en ont absolument pas conscience.Pour compléter votre information sur le chansonnier Marcel Legay (biographie, liste des chansons, enregistrements, paroles des chansons, iconographie) connectez-vous sur son site offi ciel :www.marcel-legay.fr

Yves bertrand

[1] Léon de Bercy, La Bonne Chanson, 6e année,article Marcel Legay, p. 65.[2] Mary Ellen Poole, Chansonnier and Chanson in Parisian Cabarets Artis-tiques, 1851-1914, Thèse en musicologie, Université de l’Illinois, USA, 1994.[3] Guy Berthet, archives familiales.

PM 13-98

Cadet de Gascogne

4, place du Tertre - 75018 ParisTél. : 01 46 06 71 73

www.cadet-de-gascogne.com

Exposition permanentedes œuvres

de Viola Schiviz

et Midani M’Barki

Sur rendez-vous59 bis, rue du Mont-Cenis

75018 ParisTél. : 06 78 78 90 84

une anecdote Sur marceL Legay, raconté Par Son neveu guy Berthet[3]

« une fois que je passais à ses côtés dans une rue dont je ne me souviens plus le nom, mais qui ne peut être que la rue Blanche ou la rue d’amsterdam, nous entendîmes une faible voix qui, du fond d’une cour, modulait une chanson de mon oncle :Tu plairas peut-être à la Rei-ei-ne ...J’aime mieux garder mes moutons !en un instant nous fûmes dans la place pour y voir un malheureux cul-de-jatte qui, de sa petite voiture, les yeux tournés vers les fenêtres de l’immeuble qui lui faisait face, attendait que lui tombent du ciel (si j’ose dire) les quelques sous qu’il espérait en voir venir. ce fut alors que je vis mon oncle se planter solidement à quelques pas du pauvre bou-gre, lui faire signe de se taire, puis enton-ner de sa voix toni-truante la même chanson qu’il venait d’interrompre. les fenê-tres s’ouvrirent ; un murmure s’amplifi a : « c’est Marcel ! »le peuple de paris comprend vite... et les pièces tombèrent de partout.Me montrant l’exemple mon on-cle me dit : « ramasse, petit ! »Je ramassais, mais je ne compris pas tout de suite pourquoi tant de piécettes allèrent gonfl er la casquette que le vieux mendiant contemplait béatement.Je sais que Marcel legay a sou-vent renouvelé ce geste, mais pour moi celui de ce jour est resté profondé-ment gravé dans ma mémoire ».

• PM 11 03 15.indd 46 11/03/2015 15:23

Page 47: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98 eSPrit caBaret

PaTTiKa D’UNe riVe À l’aUTre

...De Montmartre à Saint-Germain-des-Prés

A vec son double talent de comédienne chanteuse (ou l’inverse), sa géné-

rosité et cette énergie jamais dénuée d’élégance qui marque sa présence en scène, Pattika possède tous les atouts du meil-leur esprit cabaret. Interprète remarquable de Barbara ou Piaf, auteur elle-même de chan-sons originales, elle fait depuis des années la preuve qu’il n’est d’artiste véritable sans une par-faite sincérité. Et le public ne s’y trompe pas, qui la suit du festival Piaf (pour le cinquantenaire de la mort de « la Môme ») à ses propres spectacles, voyageant entre comédie et musicalité (L’envol de la Caille au théâtre Darius Milhaud).Aujourd’hui, l’artiste a choisi de jeter une passerelle musicale et fraternelle entre la Butte, son port d’attache, et Saint-Germain-des-Prés, pour relier les deux

plus célèbres villages d’artistes de Paris. Deux refrains suffisent pour que se croisent la rue Lepic et la rue de Buci, Sous le ciel de Paris : et voilà que la petite mendigote à taille fine de La complainte de la Butte prend un air léger de Jolie Môme germanopratine, toute nue sous son pull… Voilà que L’amant de Saint-Jean se retrouve esseulé dans un bal perdu, et rêve de revoir La Vie en rose… Par la voix envoûtante, chaude et sensible de Pattika, toujours au vif de l’émotion, ces chan-sons éternelles retrouvent in-tacte leur puissance d’origine et se gravent au cœur comme un dessin de Modigliani. Accompagnée au piano par Angelo Verdi, Pattika tresse ces belles reprises à certains titres de son dernier album, coécrit avec le compositeur Bruno Gef

– Le Paris de t’aimer ou Comme une rengaine ont déjà un air de classiques – ajoutant quelques morceaux remarqués (Les Gens, J’ai des amis), dont elle est l’auteur. Deux soirées ont déjà eu lieu dans le cadre splendide de « l’Art K Fé » (1), restaurant ita-lien gastronomique et convivial qui occupe les murs de l’ancien Couvent des Frères Augustins, doté d’une belle cave voûtée et habillé par les œuvres de la gale-rie d’art voisine créée par Mario, propriétaire des lieux. A Montmartre, c’est dans le cadre du « Mister Jo »(2), rue Damrémont, qu’on a retrouvé Pattika : ce nouveau bar à vins, animé par l’excellent guitariste Herry, possède une salle sou-terraine aménagée pour le spec-tacle, au décor métissé de cave Saint-Germain et de XVIIIe créatif. Pattika y a présenté quelques unes de ses chansons origi-

nales, encore inédites, soutenue par le saxo de Jérôme Trérémi et la ferveur de sa fille la petite Marie, qui n’a pas voulu quitter sa grande amie pendant le réci-tal… A renouveler très vite !

Jean-manuel Gabert

Pour tout savoir des prochaines programmations de Pattika, à Montmartre, Saint-Germain,

ou ailleurs :www.pattika.com

(1)art K Fé9, rue Dauphine - 75006 Paris

Tél : 09 53 08 43 98Métro : Odéon

Pont Neuf (La Monnaie)

(2) mister Jo45, rue Damrémont

75018 ParisTél : 06 22 01 10 56

La chanteuse pattika, qui participe régulièrement aux soirées de Paris-Montmartre, lance une passerelle musicale entre montmartre et saint-Germain-des-prés, les deux quartiers mythiques de la capitale. dans le superbe décor de l’art K Fé, rue dauphine, elle interprète quelques unes des plus belles chansons de paris, et d’autres extraites de son album « Le paris de t’aimer ». a montmartre, chez « mister Jo », elle a fait découvrir ses inédits…

Grande soirée cabaret à l’Art K Fé Au Mister Jo, avec Herry et Jérôme Angelo Verdi

• PM 11 03 15.indd 47 11/03/2015 15:23

Page 48: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98

///OLIVIER LEJEUNEL’INSOLENCE À LA FRANÇAISE

entre cour et Jardin

Ce que le sympathique Olivier Lejeune a de commun avec l’ex-président de la République, c’est

que, comme ce dernier, il a fait ses études à Neuilly : mais là s’arrête la comparaison, car il a obtenu au lycée Pasteur un bac littéraire (avec mention, s’il vous plait !) – ce qui ne fut semble-t-il pas le cas de l’ex, si l’on se fi e aux ragots…Nanti de ce prestigieux diplôme, il obtint un premier prix de comédie à l’ENSATT (Centre de la rue Blanche) et au Conservatoire National de Paris. Il partagea alors son temps et ses loisirs entre théâtre, écriture, mise en scène et music-hall. Il fut dirigé par R. Roul-leau, S. Pitoeff, R. Dupuis, J. Meyer, M. Roux, J.L. Cochet, J.P. Lucet, M. Camoletti, P. Joffo, F. Perrin, F. Huster, J. Martinez…A ses débuts, Salvador Dali disait de lui : « Il fait œuvre de décrétinisation ! ».

Après avoir démarré sa carrière en pre-mière partie de Georges Brassens puis de Thierry Le Luron, grâce auquel il a rencontré Paul Lederman, il s’est pro-duit à l’Olympia, à Bobino, au Théâtre des Variétés, et dans de nombreux cabarets, Caveau de la République, Dix Heures, Don Camillo, César Palace… Il a vendu alors deux millions de disques et a été lauréat du Prix Fernand Ray-naud (C.D. et D.V.D. chez Sony).Son dernier One Man Show « Mieux vaut en rire » est un festival de rosse-ries et d’impertinences.Il a promené sa silhouette reconnais-sable entre mille et son humour caus-tique sur tous les plateaux d’émissions, du regretté Guy Lux à Michel Drucker, du Petit Théâtre de Bouvard à La Classe, de l’Oreille en coin aux Grosses Têtes, de Patrick Sébastien à Cauet et J.L. Reichman…Ce bourreau de travail a aussi inventé

et animé des jeux télés : La gueule de l’emploi (Canal Plus), Joyeuses plaques (TF1 et France 2), Pour le meilleur et pour le rire (FR3) L’escargot (France 2).Il a écrit et présenté des divertisse-ments pour RTBF (Bon Week-end), TSR (Loges de stars)… créé des séries : « La Famille Astro » et « Douce France » sur France 2, « Intrigues et Mésaventures » sur TF1, et aussi des centaines de sketches pour Yves Lecoq, Michel Leeb, Patrick Sébastien, Gérald Dahan, Pascal Brunner, etc.Des émissions radio sur France Inter, Europe1, Nostalgie, Sud Radio pendant 3 ans.

Cet auteur prolifi que a aussi trouvé le temps d’écrire plusieurs livres : Le dictionnaire des horreurs, Le guide des petites méchancetés (hors collections), Mémoire d’éléphant et mémoire au top (Hachette), Mes sketches grands crus (Art et Comédie).

De sa première mise en scène en 1969 au Lycée Pasteur avec Jugnot, Blanc, Clavier et Lhermite, à sa der-nière en date avec Le Secret des Cigales de et avec Patrick Sébastien (qu’il avait déjà dirigé dans Le Kangou-rou), du petit rôle de ses débuts au cinéma dans Rabbi Jacob, à son der-nier long métrage, Cortex de Nicolas Boukhrief avec André Dussolier, Olivier Lejeune, artiste aux multiples talents, n’a pas fi ni de nous étonner, nous émouvoir… et nous faire rire au détour d’une pièce de théâtre, Le bouffon du président, et d’un scénario de fi lm en cours de production : Ma mort a changé ma vie.

Une question me vient à l’esprit : où trouve-t-il une telle énergie ? Faudra-t-il lui faire passer un contrôle anti-dopage?

J.J.sacquet : Quelle est la question que vous auriez aimé que je vous pose ?olivier Lejeune : Peut-être : quelles se-raient vos envies et vos ambitions ?JJs : quelles seraient vos envies et vos ambitions ?oL : J’aimerais, après avoir réalisé des mini fi ctions pour la télé, avoir la chance de mettre un pied dans la mise en scène de cinéma, avoir la possibilité d’écrire de très longs métrages.JJs : Vous avez réalisé de nombreuses mises en scène de théâtre ?oL : Effectivement, j’ai aussi réalisé des gags visuels pour la R.T.B.F. et j’ai été pendant un temps animateur vedette de la station. Il faudrait que j’aie la chance de vivre encore longtemps, afi n de pouvoir « pondre » un dixième de ce que j’ai noté dans mes folles années de jeunesse : j’ai un cahier de « scénars » et d’idées… mais le temps passe tellement vite !JJs : Quel est votre principal regret ?oL : Je suis très généreux humainement : je ne sais pas dire non ! Pendant ma vie pro-fessionnelle (ça fait quarante-cinq ans que je travaille), je me suis beaucoup dévoué aux autres, ne mettant pas toute mon éner-gie, égoïstement, sur ma propre carrière : j’ai d’abord été « l’âme damnée » de Guy Lux pour La Classe puis de Philippe Bou-vard pour Le Petit Théâtre et Les grosses têtes. Patrick Sébastien m’a ensuite enga-gé comme « plume » dans sa boîte,bref, j’ai beaucoup écrit pour les autres…JJs : Votre carrière a néanmoins été très riche !oL : Bien entendu, je ne me plains pas, j’ai toujours bien travaillé, mais en étant dévoué

I N T E R V I E W

• PM 11 03 15.indd 48 11/03/2015 15:23

Page 49: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98 entre cour et Jardin

Le boUFFon dU presidentPour donner vie aux per-sonnages de cette comé-die, l’auteur et metteur en scène Olivier Lejeune a choisi une équipe rompue à la discipline du répertoire que l’on dit « de Boulevard ». Il s’agit en réalité d’un divertisse-ment de qualité où des spectateurs toujours plus nombreux viennent pas-ser une soirée allant de la bonne humeur au rire débridé – et inversement ! Le bouffon du président nous entraîne dans un scénario invraisem-blable : un ancien pré-sident de la République, François Nicoly, a vu son quinquennat gravement perturbé par un trublion, un amuseur très popu-laire nommé Jerry Guillos qui n’a eu de cesse de le brocarder, d’en faire sa tête de turc, et auquel le Président attribue l’échec de sa réélection.Dialogues percutants, quiproquos et rebondis-sements en rafale pour cette comédie désopi-lante menée par cinq comédiens dynamiques :

michel GUidoni (François NICOLY)Précieux Sociétaire du Théâtre des Deux Anes depuis 1991.Il existe une telle osmose

entre l’imitateur chanson-nier et l’ancienChef de l’état qu’on ne sait plus qui doit le plus à l’autre…

Franck de Lapersonne(Jerry GUILLOS)Chevalier des Arts et Lettres au titre de la francophonie, il occupeune place particulière tant sur le petit que sur le grand écran :au théâtre, une vingtaine de pièces à son actif ainsi que des misesen scène. Une « person-nalité singulière au phy-sique imposant ».

Cécile de menibUs (SOPHIE)Nouvelle venue dans la discipline théâtrale, elle tire avec bonheurson épingle du jeu dans cette distribution presti-gieuse.Co-animatrice de « La Méthode Cauet » de 2003 à 2008, elle incarne une responsable de la régie très vive et pleine de charme.

Fabienne CHaUdat (ROSELINE)Jouant des mots avec justesse et des notes avec brio, elle a joué sous la direction de Jean-Laurent Cochet, Bernard Murat, Alain Sachs,

Jérôme Deschamps et Macha Makeïef… Sa Roseline est fan du pré-sident déchu : jusqu’où et jusqu’à quand ?

Frédéric bodson (PIERRE)On a pu l’apprécier dans les fi lms des frères Dardenne : Rosetta et l’enfant, dans des séries comme Le commissaire Maigret, Avocats et Associés, P.J., Trafi cs. Il incarne ici un rôle que je vous laisse découvrir… suspense oblige ! Jean-Jacques sacquet

au théâtre des variétés

jusqu’au 30 avril 2015

7, boulevard Montmartre 75002 PARIS (Métro Grands Boulevards)Locations 01 42 33

09 92Ticketnet. FNAC. Points

de vente habituelswww.theatredesvarietes.

fr Du mardi au samedi :

20hSamedi et dimanche :

16h30

Autres dates : www.olivierlejeune.fr

aux autres. J’ai remarqué que beaucoup de mes copains sont passés très vite en haut de l’affi che, souvent en mettant toute leur énergie sur eux-mêmes. Donc, je vais essayer maintenant d’être un tout petit peu plus égoïste… Mais, on ne se refait pas !JJs : N’avez-vous pas envisagé d’inter-préter des personnages tragiques, de jouer le rôle d’un pourri ?oL : Ça m’est arrivé, il y a peu de temps, dans une série de TF1 ( Alice Nevers) où je jouais un avocat qui tuait son fi ls ! J’ai joué Oscar Wilde pris dans les affres d’une affaire tragique…Comme le disent tous les comiques, il est plus facile de provoquer l’émotion que de faire rire. Quand j’ai joué Le Nouveau Testament de Sacha Guitry à La Comédie des Champs Elysée il y avait une scène, avec ma fi lle, où nous fi nissions en larmes, évidemment cela surprend ! Ces rôles où l’on ne vous attend pas, c’est très grisant… et très valorisant. Beau-coup de mes copains, dont je ne citerai pas le nom, se sont fait une réputation de comédiens intellectuels parce qu’ils sont restés dans des textes classiques, prenant ainsi une valeur auprès de l’intelli-gentsia. Conclusion : c’est très valorisant de jouer des rôles dramatiques !JJs : Dans la période agitée que nous traversons, le public a envie de rire : en a-t-il le cœur ?oL : Vous verrez avec « Le Bouffon ! »JJs : Merci de m’avoir fait part de vos envies et de vos ambitions… et que vos souhaits se réalisent !

LE BOUFFON (photo groupe par Stephane Andran)

LE BOUFFON (photo groupe par Daniel Balco)

• PM 11 03 15.indd 49 11/03/2015 15:23

Page 50: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98

réponse 1

Gino severini (1883-1966) ; Né à Cortona, non loin de Florence, d’une famille modeste, ce jeune garçon quelque peu dissipé sera, comme il en témoignera plus tard dans ses mémoires La vita di un pittore, expulsé de toutes les écoles d’Italie ! A la séparation de ses parents, il suit sa mère à Rome qui s’y installe comme modiste. Il y exerce quelques petits métiers mais son destin va basculer dès l’âge de 16 ans grâce à la rencontre de Balla et de Boccioni qui vont l’initier à la peinture et notamment au courant dominant de l’époque, le post-impressionnisme. Son travail à Rome, épaulé par ses deux amis, est un juste équilibre entre un pointillisme méticuleux à la Seurat et un divisionnisme plus affi rmé à l’image d’un Signac ou d’un Van Gogh. En 1906, par des contacts noués avec des artistes parisiens, il s’installe au 36 rue Ballu, dans ce bas-Montmartre qui n’est parisien que depuis l’érection du mur des Fermiers Généraux... Il rencontre Modigliani devant le moulin

de la Galette, qui vient en voisin du Bateau-lavoir, et que leurs origines italiennes vont rapprocher. Par son entremise, il va découvrir le Lapin Agile et la bohème montmartroise... Les Carco, Max Jacob, Salmon, Juan Gris, Picasso et Braque deviennent ses familiers. Sur la place du Tertre,

c’est Suzanne Valadon qui le prend sous son aile et qui l’unit au « trio infernal ». En 1907, il s’installe rue Turgot, non loin du théâtre de l’œuvre, compagnie issue du Théâtre libre d’André Antoine, dont le directeur, Lugné-Poë, le mettra rapidement en relation avec Filippo Tommaso Marinetti, le pape du futurisme italien. A l’image du surréalisme de Breton, le futurisme va

couvrir tout le domaine artistique : peinture, sculpture, architecture, photographie, cinéma et bien sûr littérature et théâtre. Severini nous offre en 1909 une très belle toile intitulée Printemps à Montmartre, représentant dans un style encore pointilliste les escaliers Foyatier sous un ciel printanier. Il participe alors au Salon d’Automne comme à celui des Indépendants. La même année, le 20 février, est publié par Marinetti le Manifeste du Futurisme à la « une » du Figaro. Quinze années avant celui du surréalisme d’André Breton, érigeant en mode de pensée un nihilisme issu du mouvement Dada, Marinetti affi rme

le rejet du passé et de son héritage esthétique, au profi t des vertus de l’époque moderne, éloge de la vitesse et du machinisme, des métropoles, du dynamisme universel et du mouvement qui disloque les formes… Une phrase restera célèbre : « Une voiture rugissante est plus belle que la Victoire de Samothrace ». Un an plus tard, en 1910, Severini emménage au

5 Impasse Guelma (aujourd’hui villa de Guelma) où il a comme voisins et amis Raoul Dufy, Braque et le « trio infernal ». Il adhère alors, retrouvant ainsi les amis de sa jeunesse romaine, Boccioni, Balla, Carra et Russolo, fi gures de proue du futurisme, au mouvement de Marinetti. Son style évolue : il se rapproche alors d’un destructivisme propre au cubisme naissant, laissant sans doute à la postérité ses toiles les plus majeures, évocatrices des cabarets du Montmartre et du Pigalle de l’époque : La danse du Pan Pan au Monico, immense tableau cubo-futuriste vendu à un collectionneur berlinois puis détruit par les Nazis, qu’il repeignit à l’identique en 1960 et que l’on peut admirer au centre Pompidou ; La danseuse bleue, La danseuse obsédante, Hiéroglyphe du Bal Tabarin, Le train Nord-Sud, station Pigalle… toutes ces €uvres, illustrant le Montmartre éternel qui nourrissent

Le SavieZ-vouS ?

Gino

Seve

rini Gino severini

Gino

Seve

rini Gino severini

(1883-1966) ; Né à Cortona, non loin

Gino

Seve

rini (1883-1966) ; Né à Cortona, non loin

de Florence, d’une famille modeste,

Gino

Seve

rini

de Florence, d’une famille modeste, ce jeune garçon quelque peu dissipé

Gino

Seve

rini

ce jeune garçon quelque peu dissipé sera, comme il en témoignera

Gino

Seve

rini

sera, comme il en témoignera plus tard dans

Gino

Seve

rini

plus tard dans ses mémoires

Gino

Seve

rini

ses mémoires vita di un pittore

Gino

Seve

rini

vita di un pittoreexpulsé de toutes

Gino

Seve

rini

expulsé de toutes les écoles d’Italie !

Gino

Seve

rini

les écoles d’Italie ! A la séparation de

Gino

Seve

rini

A la séparation de ses parents, il suit

Gino

Seve

rini

ses parents, il suit sa mère à Rome qui

Gino

Seve

rini

sa mère à Rome qui s’y installe comme

Gino

Seve

rini

s’y installe comme modiste. Il y exerce

Gino

Seve

rini

modiste. Il y exerce quelques petits

Gino

Seve

rini

quelques petits métiers mais son

Gino

Seve

rini

métiers mais son destin va basculer dès l’âge de 16

Gino

Seve

rini

destin va basculer dès l’âge de 16 ans grâce à la rencontre de Balla G

ino S

everin

i

ans grâce à la rencontre de Balla et de Boccioni qui vont l’initier à la G

ino S

everin

i

et de Boccioni qui vont l’initier à la peinture et notamment au courant G

ino S

everin

i

peinture et notamment au courant dominant de l’époque, le post-G

ino S

everin

i

dominant de l’époque, le post-

les rÉPONses aU QUiZZ DE LA PAGE 8

Autoportrait 1908

Festival dans Montmartre, 1913 Art Institute of Chicago, USA

Le printemps à Montmartre 1909

Hiéroglyphe du Bal Tabarin

• PM 11 03 15.indd 50 11/03/2015 15:23

Page 51: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98 Le SavieZ-vouS ?

Stan

islas

Lépin

e réponse 2

stanislas Lépine(1835-1892) ; né à Caen, il quitte sa Normandie en 1855 pour rejoindre son père ébéniste à Paris. Elève au lycée Chaptal, il fréquente davantage le musée du Louvre où il copie les grands maîtres. Trois ans plus tard, il s’installe à Montmartre qu’il ne quittera plus. Chaussée de Clignancourt tout d’abord, puis rue des Rosiers (actuelle rue du Chevalier de la Barre) où furent fusillés les généraux Lecomte et Thomas pendant les évènements de la Commune, et enfi n au 18 rue de Clignancourt, son dernier domicile.

Sa rencontre avec Camille Corot en 1859 sera décisive quant à sa gamme chromatique raffi née, la construction de ses sujets urbains dans lesquels abondent une sensibilité à l’atmosphère limpide et son sens de la lumière annonçant l’impressionnisme...Les deux hommes, l’un étant

l’élève de l’autre, seront liés d’une amitié sincère jusqu’au décès en 1875 du célèbre co-fondateur de l’école de Barbizon, non loin de Montmartre, au 56 rue du Faubourg-Poissonnière, après avoir laissé à la postérité une magnifi que toile du moulin de la Galette...Sans atteindre la notoriété d’un Eugène Boudin qui, rappelons-le, repose au cimetière

Saint-Vincent, on retrouve chez Stanislas Lépine la tonalité claire et quelque peu diaphane de l’école de Saint-Siméon, à l’image d’un Charles Mozin qui immortalisera Trouville et la baie de Seine...Leurs origines normandes n’y sont sans doute pas étrangères !

Encouragé par Fantin-Latour et quelques mécènes tel le Comte Armand Doria, également bienfaiteur d’Adolphe-Felix Cals et Jongkind, et bien que médaillé d’or à l’exposition universelle de Paris en 1889, Stanislas Lépine a vécu

modestement dans son village de Montmartre. Il nous laisse des œuvres lumineuses des rues Cortot, Saint-Vincent, des Saules et de l’Abreuvoir... Ne manquez pas d’aller lui rendre hommage au musée d’Orsay, à Carnavalet,au Petit Palais et dans tous les grands musées de province...Vous vous retrouverez à Montmartre !

Jean-marc tarrit

de nos jours les plus grands musées et qui assureront sa célébrité mondiale. Dans ces mêmes années, il épouse Jeanne, fi lle du « Prince des poètes » Paul Fort, avec comme témoins Apollinaire et Marinetti qui l’ancreront

encore, si besoin en était, dans l’essence de notre village…

Au tournant des années 1930, Severini s’installe dans une plastique plus classique, voire académique, évoquant à la Derain des sujets se référant à la Commedia dell Arte, dans une touche à l’antique proche de Chirico. En chemin vers l’aube d’une fi n de vie, il se réfugiera dans la foi, à l’image d’Utrillo, Max Jacob, Reverdy, Rouault et de tant d’autres….

Mais n’oublions pas cette merveille d’humour et de provocation pour nous, montmartrois… En 1913, le seul français de la bande futuriste, Félix Del Marle, publie le 15 juillet dans Comoedia, le « Manifeste futuriste contre Montmartre », au titre de Hardi les démolisseurs, place aux pioches, il faut détruire Montmartre, avec des illustrations de Warnod et Depaquit !!!… donnant lieu à des échanges musclés entre tenants de l’avant-garde et artistes de la Butte !

Montmartre y est dépeint comme « une vielle lèpre romantique, cerveau pourri couronné d’une calotte cléricale ! »

Je vous laisse en juger : mais Gino Severini demeure l’un des plus grands artistes de l’art moderne, trop méconnu du grand public… montmartrois de surcroît !

Danse de l’ours au Moulin Rouge, 1913

La Ruelle (St Vincent)

Le Pont de la Tournelle Paris, 1862

• PM 11 03 15.indd 51 11/03/2015 15:23

Page 52: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98PM 13-98 LeS nouveLLeS du cieL

Ce sera un climat printanier extrêmement audacieux, car, dès son entrée en bélier, le soleil donnera toute son inten-sité en signe de Feu afi n que certains natifs puissent avoir une nouvelle vie. Les chan-gements et autres réformes

seront nombreux. sur un plan plus général, l’équinoxe du printemps, soit le 21 mars, sera une période menée par l’amas planétaire qui se formera dans le signe guerrier du bélier, ce qui laissera présager un mois de mars perturbé par des catastrophes nucléaires et climatiques. Cette tendance astrale inspirera à plus d’humanité et de reconnections avec soi !

a bélier du 21 mars au 20 avril Dès début Mars, le ciel favorisera votre travail, en multi-pliant, non pas les petits pains, mais bien des rencontres opportunes. Si vous avez des projets qui vous tiennent à cœur, ce sera le moment de vous lancer. Profi tez de cet amas planétaire, dans votre signe, pour restructurer votre carrière. Coté sentimental, avec une Vénus dissonante, vos histoires d’amour connaîtrons des revers de situations. A vous de vous alléger et de faire le grand ménage du printemps ! Portez des couleurs violettes et du vert pour illuminer votre quotidien. Vous en aurez bien besoin.

btaureau du 21 avril au 21 mai Ce printemps sera marqué par l’arrivée de la planète Vénus dans votre secteur et cela favorisera grandement vos histoires de coeur et, si vous avez l’âme artistique, cette tendance facilitera également vos créations. Soyez davantage à l’écoute de votre mode intuitif, car celui-ci saura vous guider en cas de doutes. Le mois d’Avril dépendra des décisions prises en Mars. De toute manière, vous récolterez les fruits de vos efforts et vous pourrez même avoir quelques coups chanceux. Pour harmoniser votre capital énergétique, portez des couleurs qui vous apporteront de la confi ance, tel que les verts et marrons.

cGémeaux du 22 mai au 21 juin Mercure, votre planète, se trouvera en Poissons, ce qui viendra troubler votre intellect et bloquer vos réfl exions. Vous aurez bien du mal à rester concentré sur vos objec-tifs. Le monde, qui vous entourera, semblera vaciller et ren-dra instable vos relations de couple. La confusion règnera, notamment sur le mois de Mars. Tout devrait rentrer dans l’ordre en Avril, mais, malgré tout, ne vous découvrez pas d’un fi l, car le ciel restera mitigé durant tout le printemps. Seul le mois de Mai vous donnera de nombreuses satisfac-tions. Portez des couleurs qui rehausseront votre teint, tel que les pêches et les mauves.

dCancer du 22 juin au 22 juillet Vos rapports familiaux et amoureux vont prendre une tournure bénéfi que grâce à une effervescence printanière extrêmement positive. A vous de réaliser tous vos rêves et projets qui vous tiennent à cœur. Pour le travail, début Mars, ne demandez pas l’impossible à vos collègues et n’exigez pas d’eux ce que vous-même n’arrivez pas à faire. Restez bien dans le cadre et menez votre petite vie calme et tranquille, vous ferez ainsi des merveilles. En Avril, vous pourrez sortir de l’ombre par votre ingéniosité. Côté couleurs, le rose et le rouge pivoine se marieront fort bien avec vos tenues et dynamiseront votre quotidien.

e Lion 23 juillet au 22 août Avec le très joli Trigone Mars/Jupiter, vous serez, ce printemps, de très bonne humeur, prêt à faire tous les efforts nécessaires à la bonne pérennité de votre couple. Vous ferez même preuve d’inventivité pour surprendre votre partenaire. La chance devrait vous accompagner jusqu’en Août grâce à la présence exceptionnelle de Jupiter dans votre signe. Optimus Maximus est le plus grand et le meilleur. Sous une telle confi guration, vous n’aurez aucun mal à multiplier les opportunités, ainsi que les coups de chance. Portez du bleu sous toutes ses variances, très tendance actuellement.

f vierge du 23 août au 22 septembre Sous le poids des pressions, votre vitalité sera soumise à des contrariétés et ce sera tout votre métabolisme qui pourrait bien en subir les conséquences. A commencer par votre couple qui sombrera de plus en plus dans une certaine monotonie. Côté pro, vous vous passionnerez pour tout ce qui sera minutieux, car vous serez un perfectionniste dans l’âme. Ne changez surtout pas vos méthodes de travail, car elles fi niront par être payantes. Pour la longévité de votre bonne humeur générale, faite une cure de rire, vous verrez qu’il n’y aura rien de tel ! Le violet et le blanc seront les couleurs du mois qui doperont vos sens.

g balance du 23 septembre au 22 octobre Pour vos amours, toutes formes d’idées nouvelles vous stimuleront et doperont votre capital sensualité. Alors, faites de beaux projets exotiques au royaume de l’amour et du plaisir des sens. Ce sera un printemps où vous exprimerez vos sentiments avec élégance et originalité. Côté pro, vous pourrez constater bien des revers. La Nouvelle Lune annoncera une période d’enthou-siasme qui vous donnera davantage confi ance en vous-même et en vos capacités à accomplir vos objectifs. Pour avoir une forme d’enfer, osez por-tez des couleurs fl ashes qui sauront rehausser la subtilité de vos sens.

h scorpion du 23 octobre au 22 novembre La conjonction Mercure/Neptune vous permettra de briser les entraves qui se dressaient dans vos histoires de cœur et de lancer la fl èche de l’amour dans le cœur de l’autre. Tel le roseau qui se plie, mais qui ne se brise pas, votre domaine affectif devrait se trouver très magnétique. Côté travail, à vous de trouver une mise en scène qui placera vos talents sous le feu des sunlights. Votre profession-nalisme sera reconnu et apprécié. Si vous convoitez un nouveau poste, votre voix sera entendue. Pour vous dyna-miser, portez des mauves, bleus et verts. Vous garderez la forme.

i sagittaire du 22 novembre au 21 décembre La pleine Lune du printemps laissera penser que vos émotions amoureuses seront délicates, car enrobées d’un voile trouble et léger, qui couvrira les doutes dans vos histoires de cœur. Vous semblerez un peu perdu face à tout ce désordre affectif, où tentations et rébellions seront présentes. Côté travail, le carré de Mercure pourra vous rendre sarcastique avec les autres. C’est pourquoi, ménagez vos propos et vos critiques, sinon, vous ne serez pas épargné par des représailles. Misez plutôt sur une concentration optimale, car avec Jupiter en Lion, vos rêves pourraient bien devenir réalité. Portez du bleu roi et du gris pour harmoniser vos sens.

jCapricorne du 22 décembre au 20 janvier Ce printemps, vous profi terez des verts pâturages et par-tirez batifoler dans de nouvelles prairies. Les nuances de votre vie affective se révéleront importantes et stimulantes pour votre libido et pour votre vie de couple en général. Côté job, il y aura sans doute des décisions importantes à prendre afi n d’éviter les clashs et les gros coups de fatigue. Cette période vous fera tressaillir, un peu comme l’archer d’un violon. Ce seront les notes d’une ère nouvelle. Pensez à vous aménager des espaces de détente pour votre bien-être. Le violet, noir et bleu seront les couleurs de votre saison.

k verseau du 20 janvier au 18 février Vos histoires d’amour vous donneront des vertiges et même des nausées ! Ce ne sera pas la panacée. C’est pourquoi vous devrez trouver une échappatoire afi n de fuir toute conversation qui portera sur des critiques ou des jugements, car cela pourrait très mal se terminer. Côté pro, les grosses dissonances d’Uranus et de Pluton seront toujours là et votre printemps en sera complètement cham-boulé. En conséquence, la vigilance sera donc en rouge vif et prudence dans vos échanges avec vos collègues. En effet, vous pourriez bien être désarçonné dans une joute verbale.

l poissons du 19 février au 20 mars Avec le Soleil, Mercure et Neptune comme hôte de marque dans votre signe, vos histoires de cœur pourront très vite se retrouver au septième ciel. Mais gare aux mauvaises tentations de l’esprit qui, lui, pourra vous jouer de vilains tours. Côté pro, avec ce trio de choc, vous ne chômerez pas un seul instant. Ce sera une période hyper importante, car elle aura des résonances sur l’automne. Un conseil avisé : faites preuve d’une extrême organisation et surtout pour lancer vos projets. Afi n de doper votre capital chance, portez des couleurs qui iront du rouge au rose, sans oublier des nuances de bleu/vert.

Cet horoscope est rédigé par Sophia MEZIERES, Astrologue Diplômée. Pour une consultation,

appelez au 0-892-236-010 ( 0.34 cts/minutes ) ou au 06-81-40-56-52 de 10 h à Minuit.

E FRAYIM Creations

TAILLEUR – RETOUCHES SUR MESURES ET

½ MESURESCUIR, DAIM, FOURRURES ET

TOUS TEXTILES

247 – 249 rue Marcadet75018 Paris

Tél. : 01 42 63 50 05Mail : [email protected]

Printemps 2015

• PM 11 03 15.indd 52 11/03/2015 15:23

Page 53: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98

MINEO NAKAJIMA L E peintre mineo nakajima,

décédé le 3 février dernier, était une fi gure de la place

du tertre : un hommage lui sera rendu le dimanche 29 mars au café tartempion, à quelques pas du « Carré aux artistes » où il travaillait depuis plus de 30 ans comme portraitiste.

Né en 1953 à Nagoya, Mineo Nakajima était arrivé en France à l’âge de vingt ans pour s’inscrire au stage de l’Académie de la Grande Chaumière. Depuis 1974, où son œuvre fut exposée au Salon, il y participait régulièrement, de même qu’au Salon national des Beaux-Arts depuis 1977. En 1982, une de ses œuvres fut présentée au Salon d’automne, dont il devint membre un an plus tard.

Il a exposé, entre autres, à la Galerie Castle en 1989, à la Galerie Pékin en 1992 et en 1993 à Hakodate au Japon en tant qu’un des peintres montmartrois invités.

Ses amis et collègues artistes de Montmartre présentent à sa famille toutes leurs condoléances.

Motoichi Takemoto, Ambassadeur de la République de Montmartre, qui préside l’Association Sauver le Japon – Club ANFAA (Amitié Nippono-Franco-Arabo-Andalouse) organise un hommage à la mémoire de Mineo Nakajima pour ses amis

artistes montmartrois et résidents amis japonais de Paris, qui aura lieu le 29 mars au café Tartempion, 15 bis, rue du Mont-Cenis, de 14h à 17h30. Ses amis du club ANFFA seront présents pour animer cet hommage avec des chansons japonaises et françaises, du fl amenco et de la danse orientale. L’hommage se poursuivra au restaurant Les Ambassades et à la cave du 27, rue Lamarck.

Tous ceux qui veulent partager ce moment seront les bienvenus.

renseignements auprès de motoichi takemoto : 06 10 45 89 77

[email protected]

Le Lapin Agile par Nakajima

hommage

• PM 11 03 15.indd 53 11/03/2015 15:23

Page 54: Paris Montmartre, mars 2015

• PM 11 03 15.indd 54 11/03/2015 15:23

Page 55: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98PM 13-98 couPS de cœur cinéma et dvd

enFant 44COUP DE CœUR DVDCOUP DE CœUR CINéMA

créd

it ph

oto

: sn

d

30 rue des Abbesses - 75018 ParisTél : 01 46 06 50 14

www.leautey.fr - leautey@ aol.com

« bad LUCK »

B ad Luck » (« Malchance » en français) est un film américain hors normes (Seven Sept). Tout d’abord parce qu’il sort directement en DVD,

malgré un casting exceptionnel : Sylvester Stallone (très convaincant dans un rôle inattendu), Tom Berenger, Danny Trejo, Danny Aiello…Ensuite, parce que le scénario de ce film-choral est particulièrement original. Des personnes qui n’ont rien en commun vont ainsi changer de vie et faire tout ce qu’elles ont

toujours eu envie de faire grâce au livre qu’elles viennent de lire. Chaque personnage devra alors trouver le courage nécessaire pour réaliser son rêve et faire face à de nouveaux défis.

Loin des films commerciaux, « Bad Luck » réalisé par John Herzfeld est une réussite qui mérite de ne passer inaperçue. Une bonne façon de retrouver le moral…

alain Haimovici

«V incent casseL, qui a vécu à une époque à Montmartre avec sa famille, est

aujourd’hui un acteur connu dans le monde entier. Il n’est donc pas étonnant de le retrouver à l’affiche de ce film, adapté du roman du même nom.

Le scénario est digne des meilleurs thrillers : hiver 1952, Moscou. Leo Demidov est un brillant agent de la police secrète soviétique, promis à un grand avenir au sein du

Parti. Lorsque le corps d’un enfant est retrouvé sur une voie ferrée, il est chargé de classer l’affaire. Il s’agit d’un accident, Staline ayant décrété que le crime ne pouvait exister dans le parfait Etat communiste. Mais peu à peu, le doute s’installe dans l’esprit de Léo et il découvre que d’autres enfants ont été victimes « d’accidents » similaires. Tombé en disgrâce, soupçonné de trahison, Léo est contraint à l’exil avec sa femme, Raïssa. Prenant tous les risques, Léo et Raïssa vont se lancer dans la traque de ce tueur en série invisible, qui fera d’eux des ennemis du peuple…Beaucoup de suspens et de nombreuses surprises avec un casting en or : Vincent Cassel, Gary Oldman, Noomi Rapace…dirigé par Daniel Espinosa (suédois de naissanceet chilien d’origine).

rdv en salles dès le 15 avril 2015.

créd

it ph

oto

: sev

en 7

• PM 11 03 15.indd 55 11/03/2015 15:23

Page 56: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98

Voilà plus de dix années que je parti-

cipe à la rédaction d’articles divers pour Paris-Montmartre et cinq ans que j’assure la présente rubrique : c’est d’ailleurs la seule page où vous trouverez ma photo, car je ne cède pas au culte de la personnalité. Je tiens à vous dire que la peau d’ours servant de car-pette ne me représente, pas plus que le person-nage juvénile et bien sage s’y reposant !

Si vous êtes de ceux (il y en a) qui se précipitent sur cette rubrique dès la paru-tion du journal, je tiens à vous en remercier chaleureusement. Hélas, je pense qu’il en est de même pour vous, mon personnage réel suscite, certes, des sympathies, mais aussi, à mon grand regret, de profondes antipathies. Aussi, me trouvant à l’aube d’un nouveau quinquennat qui sera sans doute (et à mon grand regret) le dernier, je veux tester

auprès de vous ma côte de popularité car, depuis le début de cette chronique (2010), la rédaction du journal ne m’a avisé d’aucune critique de votre part !Peut-être par déli-catesse ? Ou tout simplement par souci d’épargner ma grande sensibilité, si elles sont négatives, et de crainte de gonfl er mon ego démesuré si elles sont (les critiques) trop positives.C’est pourquoi, chères lectrices (et lecteurs), j’avais envisagé de faire appel à un Institut d’opinion (l’IFOP pour ne pas le nommer) afi n d’effectuer un son-dage professionnel et objectif.Malheureusement, les modestes moyens dont je dispose m’ont empêché de retenir cette option : c’est pourquoi j’ai décidé de vous faire participer, si vous le voulez bien, à un sondage OPIF de ma composition pour lequel il vous suffi ra de cocher les cases appro-priées.

ruBrique chanSonniÈre

Rubrique

Chansonnière

par Jean-Jacques Sacquet

A � Cher Monsieur Sacquet, je vous admire depuis toujours, continuez, je vous en supplie…

B � Votre rubrique chanson-nière me passionne !

C � Je n’ai pas de temps à perdre avec vos élucubrations…

D � Je ne peux vraiment pas vous blairer !

E � Allez planter vos choux et évitez de nous emm…

Ce questionnaire devra m’être remis en main propre (si pos-sible) à l’occasion de la sortie du P.M. 2ème Trimestre 2015, ou

expédié à la Direction du jour-nal qui transmettra (?)

Pour ceux d’entre vous qui désireraient : m’injurier, m’in-sulter, me traîner dans la boue, voire me faire parvenir des lettres aussi cruelles qu’ano-nymes, je m’engage à vous rembourser le prix de l’enve-loppe et du timbre.

Quant à vous qui avez coché les réponses A et B, je ne sais com-ment vous remercier : aussi, Mesdames, je vous biserai cha-leureusement (plus si affi nités).Messieurs, vous bénéfi cierez d’une virile accolade… que vous aurez bien méritée !

J.J. Sacquet

SONDAGE (veuillez cocher l’option retenue)

Une réalisation de CES DEUX-LA FONT LA PAIRE *

Les « CHRONIQUES RYTHMEES D’UN MORT QUI MARCHE » passent à l’image, revisitées par le regard de Rujed, vidéaste, et de Christophe AUBRIAN, photographe : les textes de Jean-Jacques Sacquet s’ouvrent ainsi à un nouveau public.Utilisant les techniques de l’animation image par image (stop movie), les deux lascars mettent à profi t l’outil numérique pour livrer une vision originale et poétique quelque peu délirante…

… à voir et entendre sur YOU TUBE sous le titre :chroniquesrythméesd’unmortquimarche

*[email protected]

• PM 11 03 15.indd 56 11/03/2015 15:23

Page 57: Paris Montmartre, mars 2015

PM 13-98 ruBrique chanSonniÈre

—— COURTES BRÈVES ——

SELON L’ADAGE : NOËL AU BALCON, PÂQUES AUX TISONS…Députés indélicats : Noël à l’Assemblée, Pâques à la Santé !

1er Ministre : Noël à Matignon, Pâques à la maison !

Président : Noël à l’Elysée, Pâques dans le lisier !

NON VŒUX 2015

Pour des lendemains merveilleux,Merci mille fois de vos bons vœux,Même si cela est inutile,C’est la coutume, ainsi soit-il !

Ce rituel est un peu rassis,Nous en sommes d’accord, aussi,Pour que l’année qui vient soit belle,Faisons confi ance au Père Noël !

O TAPIE AU TAPIS !La vie est tellement dure,J’ai du tout bazarder :Ma femme, ma voiture, Mon yacht à Saint-Tropez

Si la crise devait perdurerIl me faudrait me séparerDe mon hôtel particulier !

ANAGRAMME

JE SUIS CHARLIEJESUS CRIE : AÏ

Je sais, il manque il manque le H Empruntons-le à la « KalacH »

EXTRAIT DES RIEN DU TOUTISTES DE MICHEL LEBOURG…Sont-ce les religions qui font la part trop belle aux cons ?Ou bien sont-ce les cons qui dénaturent les religions ?Je crois avoir trouvé la réponse à ces deux questionsEntre autre à la lueur des bûchers de l’Inquisition…

LES POUSSE AU CRIMEDes prêcheurs arriérés, poussés par leur folie,Fouillent les excréments de la théologieEt puis, imaginant leurs propres liturgies,Propagent des idées de haine et de mépris.

Elles feront leur chemin dans des cerveaux malades

Tout prêt à avaler n’importe quelle salade.Peut-on s’y retrouver dans cette marmeladeD’où sortent les soldats des nouvelles croisades ?

Comme ce sont ces hommes qui inventent leurs dieux,Ils sont à leur image, cruels et belliqueux !De discours en doctrines ils attirent derrière eux

Quelques illuminés répondant à leurs vœux.

Voilà comment se fait le lit des assassinsColportant, à leur tour, de biens sombres desseins.Qui donc arrêtera ces hordes fanatiquesAbruties de slogans et de passions mystiques?

A CEUX QUI M’ONT SOUHAITÉ UNE « BONNE ET HEUREUSE ANNÉE 2015 »Je ne mets pas en doute votre sincérité, mais avouez que c’est plutôt mal parti.

Le 7 Janvier 2015 est à marquer de dix-sept pierres blanches afi n de se souvenir longtemps du Massacre des Innocents, perpétré par des fanatiques décérébrés : voilà une année qui commence bien mal ! Le pire est peut-être à venir (?)

Je cède depuis 2004 à ma coutume des « non vœux » qui sont particulièrement justifi és en cette triste circonstance.

A ceux qui, comme moi, ont critiqué avec véhémence le Président pour les promesses qu’il ne tiendra pas, considérez-les comme des vœux comparables à ceux que vous prodiguez généreusement à vos entourages.

(Pour les personnels politiques à vos électeurs…)

LE PETIT TRAIN DE MONTMARTREBONPLANRÉSERVÉAUXLECTEURSDEPARIS-MONTMARTRE

Tarifs adultes 5,50€ au lieu de 6,50€ - Enfants : 4,50€

Circuit original commenté en musique de 35mns,tous les jours au départ de la Place Blanche avec arrêt Place du Tertre.

De 10h à 18h, nocturne le week-end et en Été.Tel 01.42.62.24.00 [email protected]

Pub ParisMontmartre 2012:Mise en page 1 26/05/14 13:43 Page 1

• PM 11 03 15.indd 57 11/03/2015 15:23

Page 58: Paris Montmartre, mars 2015

Bulletin d’abonnement à paris-Montmartreabonnement : 20 €, (30 € hors cee) et abonnement de soutien à partir de 50 €. chèque à l’ordre de Paris-montmartre. Bulletin à remplir en lettres majuscules et à retourner à Paris-montmartre 13, place du tertre, 75018 Paris

nom : prénom :

adresse :

e-mail :

tél : date :

Fête de Parution

SoiRée spéciale au cabaret « Chez ma cousine », pour fêter la parution du précédent

numéro de Paris-Montmartre : pour l’occasion, à la talentueuse troupe

du cabaret, conduite par Nelson Vega, s’ajoutaient quelques invités surprises de la « troupe » de Paris-Montmartre, toujours fi dèles et passionnés, comme Alain Turban et Pattika… L’assiette et la scène étaient au top, la salle plaine à craquer, l’humour, le charme et le talent au rendez-vous, comme toujours en ces lieux. Avant le dîner, les Montmartrois eurent même droit à un mini « salon du livre », animé par des auteurs très en verve…

Snuméro de

N°1

3.97

4e

trim

estre

201

4 I

SSN

11

53-0

618

- ©

Mou

lin R

ouge

, Pho

to J

acqu

es H

abas

« Aller à l’idéal et comprendre le réel » (Jean Jaurès)

RENCONTRE AVEC ERIC PORTELLI

DIRECTEUR DU MAGASIN METRO XVIIIe

JACQUES WEBER

« LA PLUS BELLE CHOSE DU MONDE,

C’EST D’ÊTRE EN VIE »

LE FRENCH CANCAN

DU MOULIN ROUGE BAT

TOUS LES RECORDS !

A LA RENCONTRE DE RÉMI SAUTET

RÉALISATEUR ET CONCEPTEUR ARTISTIQUE

Jean Olivet

Amaury Gonzague

Pattika Thierry Aimar, Pierre Passot et Alain Turban

Michou et ses Dames, à droite Marie-laurence et Joëlle Roger Dangueuger, Nelson Vega et Midani

Alain Turban et Linda Bastide

Mohammed Ghannem, Midani et Pierre-Yves Bournazel

« Aller à l’idéal et comprendre le réel » (Jean Jaurès)

N°1

3.98

1e

r trim

estre

201

5 I

SSN

11

53-0

618

- A

utop

ortr

ait a

u ch

eval

et, P

aris

188

8, R

ijksm

useu

m V

ince

nt V

an G

ogh

MARCEL LEGAY CHANSONNIER DE L’ÂGE D’OR DES CABARETS

OLIVIER LEJEUNEL’INSOLENCE À LA FRANÇAISE

VAN GOGH 2015HOMMAGE EUROPÉEN : « 125 ANS D’INSPIRATION »

PHILIPPE GALOYNOUVEAU DIRECTEUR RÉGIONAL DE METRO

• PM 11 03 15.indd 58 11/03/2015 15:23

Page 59: Paris Montmartre, mars 2015

+33(0)1 46 06 16 04www.michou.com

Cabaret Michou - 80 rue des Martyrs - 75018 Paris

Soirée Dîner Spectacle à 20h30dinner and show 8.30 pm

MENUS

Votre Soirée

Soirée Spectacle à 22h30show with champagne 10.30 pm

Une bouteille de champagne pour 2 personnes : 140 euros

PARIS110 euros(cocktail etvin inclus)

MICHOU140 euros(cocktail et

champagne inclus)

L’Hommme qui donne des couleurs à vos nuits blanches

Bernard Dimey

Alain Turban et Linda Bastide

Mohammed Ghannem, Midani et Pierre-Yves Bournazel

• PM 11 03 15.indd 59 11/03/2015 15:23

Page 60: Paris Montmartre, mars 2015

L’ i m m o b i l i e r d ’ e x c e p t i o n

SERVICE OPTIMUM POUR TOUS VOS BESOINS IMMOBILIERS

Spécialiste de Montmartre depuis 1989, Immopolis met à disposition de ses clients une nouvelle agence spécialisée dans les biens et prestations haut de gamme : lieux prestigieux, adresses d’exceptions, espaces atypiques, notre équipe dédiée saura satisfaire les demandes les plus pointues de façon personnelle et sur-mesure : un service unique d’achat, vente, location, expertise et conseil en immobilier.

Retrouvez nous sur www.immopolis.fr

Grâce à la nouvelle agence Immopolis, je découvre des lieux d’exception à Montmartre.

Immopolis Caulaincourt 105,rue Caulaincourt - 75018 Paris

01 53 41 33 00

Immopolis Ramey17, rue Ramey - 75018 Paris

01 42 23 84 05

2 Place Marcel Aymé - 75018 Paris - 01 53 28 98 98

Créa

tion

: w

ww

.thi

erry

foug

erol

.fr -

cré

dits

pho

tos

: Jac

ques

Hab

as -

Fot

olia

© E

kate

rina

Pokr

ovsk

y

Immopolis Guy Môquet78 av. de St-Ouen - 75018 Paris

01 53 31 09 04

Immopolis Abbesses 7, rue Ravignan - 75018 Paris

01 42 51 22 00

Immopolis Brochant30, rue Brochant - 75017 Paris

01 42 51 36 10

Les autres agences du Groupe Immopolis

IM 1989_pub femme-PM 16/14.indd 1 16/09/2014 16:11• PM 11 03 15.indd 60 11/03/2015 15:23