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) Participer ( Magazine des sociétés coopératives et participatives Juin . Juillet . Août 2015 . Numéro 655 )Zoom( Mutation de la presse écrite : lisez coopératif ! )Rencontre( Michel Rocard : « L’ESS doit irriguer toute l’économie » Les nouvelles solutions de financement du développement coopératif L’Atalante, l’une des quatre Scop de la nouvelle campagne Transmission

Participer n°655

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Outils anciens, nouveaux outils, la panoplie des modes de financement s'étoffe pour les coopératives. "Participer" fait le point avec le Mouvement Scop, les partenaires et spécialiste du financement.

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Michel Rocard : « L’ESS doit irriguer toute l’économie »

Les nouvelles solutions de financement

du développement coopératif

L’Atalante, l’une des quatre Scop de la nouvelle campagne Transmission

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Patrick LenanckerPrésident de la Confédération générale des Scop

Participer. Magazine des Sociétés coopératives et participatives 37, rue Jean Leclaire 75017 Paris - tél. : 01 44 85 47 00, fax : 01 44 85 47 10 • www.les-scop.coopRéalisation : Scopedit, 37, rue Jean-Leclaire 75017 Paris. Gérant : Patrick Lenancker. Rédacteur en chef : Pierre Liret. Secrétariat de rédaction : Corinne Lefaucheux, Carine Dieu-Romastin. Conception, réalisation, appui éditorial : Philem Despiney, Scop In Studio 4, Bruno Chambrillon. Impression : Chevillon Imprimeurs. Dépôt légal : 3e trimestre 2015. CPPAP 1115 T 87741 . ISSN 1264-949X. Abonnement : 1 à 3 abonnements souscrits : 26 € par abonnement, à partir de 4 abonnements 22 € par abonnement. Contact abonnement : 03 80 48 95 37

PARTICIPER Juin • Juillet • Août 2015 3

Sommaire

p.4 Média Scopp.6 Vie du réseaup.10 Btpp.11 Communication

p.28 École de la marine de plaisance de Marseille

p.26 Michel Rocard : « L’ESS doit irriguer toute l’économie »

p.34 Lectures

)Scop en action(

)Rencontres(

)International(

)Zoom(

p.16 Les nouvelles solutions de fi nancement du développement coopératif

)Dossier(

Socoden fête cette année ses 50 ans

e bel anniversaire du principal outil fi nancier des Sociétés coopératives et participatives traduit sa longévité et par conséquent son utilité. Chaque année, Socoden continue d’aider une centaine de coopératives bien que depuis sa création, les solutions de fi nancement pour les entreprises se soient considérablement développées. L’explication tient dans son nom : « Société coopérative d’entraide fonds d’expansion confédéral ». Si les coopératives « installées » ont moins de peine à trouver des fi nancements auprès des banques, c’est parfois plus diffi cile pour les Scop et Scic en création, en diffi culté ou pour les projets de transmissions ou de reprises, les fi nanceurs classiques étant dans ces cas plus hésitants.C’est là que Socoden joue son rôle en apportant la première brique d’un tour de table auquel se joignent souvent les partenaires fi dèles de notre Mouvement : le Crédit Coopératif, partenaire historique, mais aussi France Active, la Nef ou encore l’Ides avec lequel la CG Scop a mis sur pied le tout nouveau fonds Impact coopératif, dédié aux opérations de haut de bilan, notamment pour accompagner la croissance des coopératives et les transmissions d’entreprises saines aux salariés. Ce sont ces diff érents acteurs, auxquels se joignent les autres outils du Mouvement, Scopinvest pour le haut de bilan, Sofi scop pour la garantie et les diff érents outils régionaux, qui parviennent à convaincre les fi nanceurs classiques de venir compléter le tour de table.Reste que Socoden pourrait faire plus et mieux. Connu pour sa fonction d’entraide et de solidarité, Socoden remplirait davantage sa vocation en étant sollicités sur des dossiers de fi nancement à faible risque. Faire travailler notre propre outil de fi nancement mutualisé dans des tours de table « courants » est une autre manière de jouer la solidarité, charge à Socoden d’être compétitif au travers d’une off re de fi nancements diversifi ée. C’est ce qu’a décidé son conseil de surveillance dans le cadre de sa charte des outils fi nanciers adoptée par la Direction nationale.Cet anniversaire est aussi l’occasion de remercier tous les élus qui ont consacré ou consacrent de leur temps au service des outils fi nanciers tant au plan régional que national.

L)Ouvertures(

p.12 Innovation sociale : les incubateurs passent à la vitesse supérieure

p.14 Pratique : Formation professionnelle : nouvelles règles de fi nancement

surveillance dans le cadre de sa charte des outils fi nanciers adoptée par la Direction nationale.Cet anniversaire est aussi l’occasion de remercier tous les élus qui ont consacré ou consacrent de leur temps au service

p.30 Ataraxia / La République du clic

p.32 Parcours

p.22 Cooperatives Europe, à l’écoute des jeunes

p.24 Mutation de la presse : lisez coopératif !

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)Dossier(

Le Mouvement

a développé au fil des années

les outils nécessaires

à la naissance et à la croissance

de ses adhérents.

Outils anciens, nouveaux outils, la panoplie des modes de financement s’étoffe pour les coopératives. Participer fait le point avec le Mouvement Scop, les partenaires et spécialistes du financement.

Les nouvelles solutions de financement du développement coopératif

Socoden, il est indéniable que les Scop pou-vaient rencontrer des problèmes pour accéder aux financements bancaires, explique Thierry Perrin, directeur des engagements finan-ciers à la CG Scop. Depuis, l’acculturation des banques aux coopératives est largement acquise et au contraire même, les banques ap-précient maintenant de travailler avec des en-treprises qui, par nature, consacrent une part importante de leurs résultats à consolider leurs fonds propres ». Socoden et Scopinvest per-mettent d’amorcer les tours de table, tant dans des projets de création, de développe-ment ou en cas de difficultés ; ensuite, les banques et les autres financeurs complètent le tour de table ou prennent le relais.

Mieux connaître les outils financiers du MouvementAujourd’hui, Socoden, Scopinvest et Sofis-cop travaillent d’ailleurs avec seulement 10 à 15 % des coopératives. Pour Christian Simon, président du directoire de Soco-den, « C’est à la fois le signe que les acteurs financiers traditionnels font bien leur travail auprès des Scop et des Scic, mais c’est le signe aussi que nos outils sont insuffisamment connus d’elles, alors que leurs besoins en

aciliter le continuum » : non, il ne s’agit pas d’un voyage dans le temps dans un film de science-fiction ! Au contraire, il s’agit bien d’économie réelle, même si c’est le jar-gon des experts pour signifier que les entre-prises ont besoin de trouver des solutions de financement qui s’adaptent de façon continue à chaque étape de leur existence. Comme les autres PME ou entreprises de taille intermédiaire, les Scop et les Scic sont confrontées à cet enjeu de continuité, avec les spécificités qui sont les leurs.Plusieurs familles de financeurs peuvent as-surer ce continuum. D’abord et avant tout, il y a les outils propres au Mouvement Scop. Il y a ensuite ceux des partenaires proches, qui sont dans la galaxie coopérative et de l’économie sociale, comme le Crédit Coopé-ratif, l’Institut de développement de l’écono-mie sociale (Ides) ou France Active. Enfin, il y a les outils des acteurs en émergence, qu’ils soient institutionnels, comme Bpifrance, ou citoyens, comme les plateformes de finance participative.Côté Scop, le Mouvement a développé au fil des années les outils nécessaires à la nais-sance et à la croissance de ses adhérents. « Il y a 50 ans, au moment de la création de

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fonds propres demeurent incontournables ».Parmi les Scop, qui ont compris cet intérêt des instruments financiers coopératifs et affinitaires, Ethiquable, Scop de commerce équitable de Fleurance (Gers), a fait appel à l’ensemble de la gamme des produits du Mouvement. Au début des années 2000, les trois fondateurs ont encore pu consta-ter que les banques ne savaient pas bien s’y prendre avec leur projet. Qu’à cela ne tienne ! L’UR Scop les a aiguillés sur la pa-noplie des outils nécessaires à leur plan de financement de 350 000 euros.« La première à nous suivre a été la coopé-rative de capital solidaire IES, sous forme de titres participatifs, indique Stéphane Comar, un des trois co-gérants. Puis, nous avons présenté notre entreprise à un comité de crédit régional pour être aidés par Socoden (en prêt sur 5 ans) et par Scopinvest (Spot à l’époque) en titres participatifs. Sofiscop est également intervenu en garanties. Avec nos apports per-sonnels, la constitution de ces fonds propres nous a permis d’être crédibles pour emprunter auprès des banques, la Nef et le Crédit Coopé-ratif. » Ces bases solides ont donné de l’as-surance à Ethiquable, qui a ensuite réalisé trois tours de table, incluant de nouveaux partenaires, comme l’Ides, mais aussi des fonds salariaux d’épargne solidaire (Natixis solidaire, Ecofi) et dernièrement deux plate-formes de crowdfunding, autrement dit du financement participatif généré par internet : Blue Bees et Wiseed.

Le rôle de Socoden est également important en cas de reprise d’entreprise, en particulier après une liquidation judiciaire. L’idée que les Scop se soutiennent les unes et les autres au travers d’un fonds mutualisé prend alors tout son sens. Faute de soutien de ses deux

principaux actionnaires après une baisse d’activité, l’imprimerie Reprotechnique de Colombes (Hauts-de-Seine) a été contrainte au dépôt de bilan. Pour sauver l’entreprise, l’équipe des cadres a choisi la solution Scop, avec de forts enjeux de financement. « Avec

 

Socoden fête ses cinquante ans en 2015  ! Né en 1965 sous le nom de FEC, Fonds d’expansion coopérative, il a été ensuite rebaptisé Socoden, Société coo-pérative et d’entraide, pour bien marquer la vocation de mutualisation et de solida-rité entre les Scop, qu’elles soient petites ou grandes, en développement ou en dif-ficulté. Abondé par le tiers des cotisations confédérales, Socoden intervient en prêt (bas de bilan) et en apportant la première pierre au financement d’un projet, facilite l’accès des coopératives aux financements bancaires. Socoden propose des prêts par-ticipatifs de 3 à 7 ans, pour soutenir la tré-sorerie. Les prêts peuvent actuellement al-ler de 6 000 à 600 000 euros pour toutes

les coopératives adhérentes de la CG Scop ; la prise de participation est toujours mino-ritaire. Socoden effectue une centaine d’opérations tous les ans et compte au-jourd’hui 350 prêts dans son portefeuille. Socoden a élargi sa gamme aux prêts bo-nifiés. Ce prêt s’adresse aux coopératives dont la note Banque de France est de 3 ou 4. Son montant n’est pas lié au nombre de salariés et contracté en partenariat avec la banque de la coopérative au taux d‘inté-rêt de la banque. Ce nouveau prêt vise à encourager le développement des coopé-ratives de plus de 5 ans, adhérentes depuis plus de 3 ans.

Les outils financiers du Mouvement Scop

Christian Simon,président de Socoden

L’équipe d’Ethiquable

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66 salariés qui souhaitaient poursuivre et des clients qui nous étaient fidèles, notre budget dépassait les 7 millions, avec un besoin en capital d’un million d’euros, détaille Olivier Crus, PDG de Reprotechnique. Les sociétaires ont mis 70 000 euros, ce qui a enclenché un

 

Scopinvest est un outil de haut de bilan pour consolider la structure financière des coopératives. L’intervention de Scopinvest se fait sous forme de titres participatifs ou d’obligations d’une durée supérieure à sept ans. Leur montant peut aller de 25 000 à 200 000 euros, avec une rémunération in-dexée sur la performance de la coopérative. Scopinvest compte 65 coopératives dans son portefeuille.

Sofiscop a été imaginé dans les années 1980. C’est un outil de garantie destiné à se substituer aux cautions personnelles des dirigeants. Sofiscop est un établissement as-socié au Crédit Coopératif par une conven-tion d’association et géré en partenariat

avec la CG Scop. Le taux de garantie est de 25 ou 50 % du montant des emprunts ; elle peut compléter les garanties de Bpifrance. Sofiscop concerne toutes les Scop. L’exten-sion aux Scic et aux coopératives 47 est à l’étude. Sur les mêmes principes, les coo-pératives de la Région Rhône-Alpes et Paca peuvent faire appel à Sofiscop Sud-Est, via leur union régionale. Sofiscop et Sofiscop Sud-Est ont accordé plus de 150 garanties en 2014.

Les outils financiers régionauxTransméa est un outil financier pour les entreprises reprises par leurs salariés dans la Région Rhône-Alpes. Il est abondé en partie par Socoden, mais aussi par d’autres

partenaires financiers, comme le Crédit Coopératif ou la Région Rhône-Alpes. Les interventions se font en titres participatifs ou en capital, sur des seuils de 10 000 à 300 000 euros.Sur un modèle similaire, Pargest est l’outil financier des Sociétés coopératives et par-ticipatives en Région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Il intervient en capital, titres par-ticipatifs, prêts participatifs ou garanties. Son maximum d’intervention s’élève à 2 000 euros par salarié.Capital Scop est un outil du Conseil régional des Pays de la Loire pour les Scop et les Scic. Capital Scop propose des subventions entre 1 000 et 5 000 euros par salarié, en fonction de l’apport au sociétariat.

Les outils financiers du Mouvement Scop

L’équipe d’Ethiquable

prêt d’honneur de 200 000 euros du Conseil régional. Puis l’apport de Socoden de 100 000 euros nous a permis d’accéder plus facilement aux financements du Crédit Coopératif, mais aussi aux autres financeurs comme France Active et d’autres collectivités locales. Le prêt de Socoden, avec des intérêts classiques, est déjà remboursé à moitié. » Dans ce montage, pour Olivier Crus, l’UR Scop a été un « ange-gardien ». Les conseils de l’Union régionale d’Aquitaine ont été également précieux pour la Scic Ar-rainetik, de Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-At-lantiques) qui cherche de nouveaux débou-chés pour les pêcheurs du Pays Basque. Les besoins en fonds propres de la Scic, créée l’an dernier, ont été assurés par Scopinvest et par Herrikoa, une société de capital soli-daire régional. « Avec l’idée de créer un atelier sur le port pour la transformation des produits de la pêche, l’ensemble du projet nécessitait plus de 700 000 euros, indique Patrick Gar-cia, gérant d’Arrainetik. Avec 100 000 euros apportés par les collectivités locales intéressées plus 120 000 euros de titres participatifs, nous avons pu lever 400 000 euros d’emprunts auprès du Crédit Coopératif et de la Banque Pouyanne, une banque de proximité. »

Financer les dossiers importants en haut de bilanInscrites dans leur territoire, les Scop font souvent appel à des établissements locaux, comme la banque Marze à Aubenas (Ar-

dèche) pour la Scop Menuiserie Gero. « En 2011, comme nous avions une démarche de transmission saine, rappelle Sophie Hézard, responsable administrative de la Scop, les banques ont eu confiance dans notre projet. Nous avons aussi été appuyés par le fonds Transméa sous forme de titres participatifs. Notre seul bémol est la mise en place de titres participatifs, dont les intérêts sont plus élevés que ceux des emprunts que nous pourrions avoir en ce moment… ». Ces titres participa-tifs sont proposés de fait à des taux d’inté-rêts plus élevés que pour des emprunts. Mais d’une part, il s’agit d’outils de haut de bilan et non de prêts. Autrement dit, ce sont des fonds accordés sur le long terme, au moins 7 ans. D’autre part, la rémunéra-tion se compose d’une partie fixe et d’une part variable liée aux résultats de l’entre-prise. Enfin, le remboursement est à la seule initiative de l’entreprise bénéficiaire. Il est essentiel de comprendre qu’avec des parts sociales remboursées à la valeur nominale, une coopérative est a priori peu attractive pour un investisseur en haut de bilan. D’où nécessité de trouver des solu-tions attractives pour les coopératives ayant besoin de renforcer leurs fonds propres en plus de leurs réserves impartageables. Le titre participatif est l’une de ces solutions, avantageux pour la coopérative quant à sa durée, sa souplesse de remboursement et l’absence de droit de vote de l’investisseur, qui y trouve néanmoins son avantage avec

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une meilleure rémunération qu’avec des prêts ou titres obligataires traditionnels. Quelques kilomètres plus au Sud, à Ta-rascon (Bouches-du-Rhône), la Scop Usis a, elle, été aidée par le fonds régional Pargest, qui est intervenu dans le capital de la société aux côtés de Socoden et de Sofis-cop. « Même avec des années de pertes, pré-cise Patrick Hugues, directeur d’Usis, nous avons pu compter sur l’appui du Mouvement Scop, pour le refinancement de nos activités. »Dans les modèles de plans de financement ou les budgets prévisionnels, on a déjà croisé plusieurs fois les noms du Crédit Coopératif ou de l’Ides géré par Esfin Ges-tion. Aucune surprise ! Ce sont des par-tenaires privilégiés des coopératives au même titre que la société d’investissement France Active. « 65 % des coopératives sont clientes du Crédit Coopératif, révèle Valérie Sevennec, directrice des Entreprises et Valérie Duhommet-Jacquin, responsable de mar-ché. Nous sommes habitués à leur démarche. Une Charte de partenariat entre le Crédit Coopératif et la CG Scop a réaffirmé notre engagement dès 1997, puis à nouveau en 2008. »Esfin Gestion, qui gère l’Ides créée il y a trente ans et qui a accompagné plus de 450 projets, est au cœur, dès ce mois-ci, d’une innovation majeure destinée aux coopératives en croissance ayant les plus gros besoins en financement et pour celles transmises dans de bonnes conditions. Es-fin Gestion lance en effet Impact coopératif,

un nouveau fonds de 100 millions d’euros, auquel participent notamment Bpifrance, le Crédit Coopératif et le Mouvement Scop. Les investissements du fonds se feront en titres participatifs pour des montants de 1 à 7 millions d’euros. « L’objectif est de permettre aux entreprises coopératives et en particulier aux Scop de changer d’échelle en leur apportant les fonds propres nécessaires au financement de leur développement », indiquent les trois co-gérants d’Impact coo-pératif Dominique de Margerie, Pascal Tri-deau et Thierry Lopez.

L’essor du financement participatif par InternetEnfin, si certains experts annoncent la dis-parition future des banques, du moins sous leur forme physique, la finance participa-tive (ou crowdfunding) a de son côté le vent en poupe. De plus en plus nombreuses sont les plateformes Internet qui proposent du financement aux entreprises (dons, prêts ou capital) et certaines ont même ciblé les coopératives. Pour Nicolas Dabbaghian, PDG de Spear, une coopérative financière qui fait des prêts, « le financement participa-tif est l’avenir écrit du financement des entre-prises. Comme les Scop sont participatives dans leur essence, elles ne devraient pas avoir de réticences à y recourir. » Spear, comme la plateforme d’investissement Wiseed, déve-loppent ce printemps leur plateforme pour accueillir plus particulièrement les coopé-ratives. « Internet est un endroit où les entre-

preneurs peuvent trouver de l’argent peu cher, affirme Michel Kaluszynski, responsable du financement des coopératives pour Wiseed. Les plateformes en France, régies par l’ordonnance du 30 mai 2014, donnent de la sécurité et de la confiance aux souscripteurs. Nous leur permettons d’investir en direct pour les projets de leur choix. Nous visons principa-lement la cible de l’amorçage* pour les PME coopératives. »Il y a trois ans, la Scop Cultures Trafic de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) s’est lancée dans une première expérience de crowdfunding, avec le site de dons Ulule. « La formule nous a semblé un peu compli-quée pour une demande de 3 000 euros, évoque Emmanuelle Peronne, une des co-gérantes. Nous avions besoin d’amorcer des ressources pour la création d’Epicentre, un espace de co-working. Mais, au-delà de l’as-pect financier, cela nous a permis de mobiliser notre réseau et d’acquérir de la notoriété. Par ailleurs, Ulule est venue dans nos locaux cette année, pour expliquer à des créateurs d’entre-prise l’intérêt du crowdfunding. »Du plus ancien (la collecte de dons, même si elle se fait désormais sur Internet) au plus moderne (les nouveaux outils finan-ciers), du spécifique (les outils dédiés) au droit commun (les outils de Bpifrance), la multiplication des canaux de financement doit être aussi un moyen d’assumer le «  choc coopératif ». Le plus souvent inté-grées dans des logiques de cofinancement, les Sociétés coopératives et participatives

Des entreprises artisanales peuvent bénéficier d’un appui financier, comme ça a été le cas de la Menuiserie Géro en Ardèche

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Trois questions à Guillaume Mortelier, directeur de la stratégie et du développement de Bpifrance

Comment Bpifrance parvient-elle à financer les Scop et les Scic ?Un des objectifs de la loi du 31 décembre 2012 qui a créé Bpifrance est le soutien à l’ESS. Dès juin 2013, nous avons mis en place un plan pour renforcer nos actions auprès des structures de l’ESS ; nous nous inscrivons ainsi dans la continuité d’Oséo, un des opérateurs financiers qui a intégré Bpifrance. Les Scop et Scic ont accès à nos dispositifs généraux en bas de bilan : les prêts de développement qui financent l’immatériel ; les dispositifs pour l’export, le court terme. Depuis début 2015, un prêt de développement dédié spécifiquement aux entreprises de l’économie sociale et solidaire a été mis en place, en lien avec le gouvernement. Il s’agit d’un prêt sur 5 ans, avec un an de différé, sans garanties, pour 20 000 à 50 000 euros (et jusqu’à 100 000 euros, avec une intervention régionale). Nous arrivons en co-financement d’autres partenaires, dans un rapport d’un euro pour un euro.

Pour la partie qui concerne l’investissement, que peut apporter Bpifrance aux Scop et aux Scic ?Jusqu’à maintenant, on ne pouvait que difficilement investir dans les Scop, même si nous l’avons fait dans le passé, comme pour le développement de Scopelec. Mais il y avait un besoin de changement d’échelle pour certaines Scop. Aux côtés d’Esfin Gestion, du Crédit Coopératif et de la CG Scop, Bpifrance va abonder le nouveau fonds Impact coopératif avec pour objectif de réunir un tour de table de 50 à 100 millions d’euros. Cela permettra au fonds d’investir dans les Scop en titres participatifs. Un Fiso (Fonds d’innovation sociale) sera mis en place, à titre d’expérimentation, dans neuf régions. Les projets locaux porteurs d’innovation sociale pourront, en cas d’accord, recevoir des aides sous forme d’avances récupérables.

Où les Scop peuvent-elles se renseigner sur ces pistes de financement et d’investissement ?On peut accompagner les Scop sur de nombreux projets ! Il faut qu’elles se renseignent auprès des référents ESS, qui ont été installés auprès des 42 directions régionales de Bpifrance. Elles y trouveront les informations pour connaître tous les financements auxquels elles peuvent prétendre. Comme nous intervenons en co-financements, les coopératives peuvent aussi être aiguillées vers nous, au travers de leurs financeurs habituels, que ce soient des banques, des financeurs solidaires ou des collectivités locales.

constatent avec plaisir, qu’il n’est plus for-cément nécessaire de constituer un dos-sier financier spécifique pour chacun des financeurs et qu’il devient possible de four-nir les mêmes informations et documents comptables aux différents organismes qui, en se concertant et en coordonnant leur action, harmonisent aussi les modalités du cahier des charges qu’elles demandent aux entreprises qui les sollicitent… 

Eric Larpin

Guillaume Mortelier

« On peut accompagner

les Scop sur de nombreux projets »

L’équipe de Reprotechnique, reprise en Scop avec le soutien de Socoden

* Amorçage : fonds d’appui au lancement de l’entreprise en vue de sa création ou aux pre-miers moments de sa création

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Ancien premier ministre et promoteur de la première loi française sur l’économie sociale en 1982, Michel Rocard tire dans son dernier livre un signal d’alarme sur tous les dangers qui menacent la planète, qu’ils soient éco-logiques, sociaux, géopolitiques ou écono-miques.

Bien que plutôt pessimiste, l’ouvrage avance quelques pistes ténues permettant de garder espoir. L’une de ces pistes est l’économie sociale et selon l’auteur, son corollaire indissociable, l’autogestion. L’occasion de faire le point sur les réponses que peut ou pas apporter l’économie sociale dans l’avenir et le concept d’autogestion qui évoque des illusions perdues.

)Rencontres(

uelle place l’économie sociale et solidaire peut-elle tenir dans la société de demain ? Le capitalisme restera domi-nant et il faudra toujours une puissance pu-blique pour fi xer d e s n o r m e s pour l’ensemble des entreprises.

Mais d’une part, l’ESS pèse peu ou prou 10 % de l’emploi en Europe, ce qui n’est pas rien. Et d’autre part, elle est un cadre d’expérimentation et d’innovation perma-nente pour apprendre à la fois la démocra-tie et la gestion. Le capitalisme a prétendu supprimer les règles et aujourd’hui, nous souff rons d’un excès de spéculation et de déséquilibres multiples. L’ESS est une économie marchande, mais plus stable et moins sujette aux crises que l’économie capitaliste parce qu’elle est guidée par un autre but que la création de revenus pour ses dirigeants. En ce sens, l’ESS est un com-plément utile.

Quelles réponses peut-elle apporter aux défi s considérables que vous décrivez ? Je crains qu’elle ne puisse apporter que des solutions partielles. Elle crée des structures qui fournissent des emplois plus stables et capables d’innover de manière institu-tionnelle. Dans les années 80, l’économie sociale a su inventer l’économie dite « soli-daire », constituée des entreprises intermé-diaires et autres structures d’insertion qui tout en restant privées, ont servi l’intérêt général avec l’appui du secteur public pour améliorer l’employabilité et la réadaptation au travail de bon nombre de personnes. Il faut s’en féliciter. Pour l’avenir, il faudrait eff acer davantage les frontières entre coo-pératives et mutuelles. Pleinement ancrées dans l’économie de marché, les mutuelles

Suicide de l’Occident,suicide de l’humanité ?Michel RocardEditions Flammarion,22,90 €

Ancien premier ministre et promoteur de la première loi française sur l’économie sociale en 1982, Michel Rocard tire dans son dernier livre un signal d’alarme sur tous les dangers qui menacent la planète, qu’ils soient éco-logiques, sociaux, géopolitiques ou écono-miques.

Bien que plutôt pessimiste, l’ouvrage avance quelques

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n’en sont pas moins des entreprises sans but lucratif pour leurs dirigeants et ont donc une convergence avec le monde coo-pératif. Compte tenu de leur métier, elles disposent par définition de moyens finan-ciers qui pourraient contribuer davantage au financement des coopératives. Des insti-tutions comme l’Institut de développement de l’économie sociale font du bon travail en ce domaine, mais à trop petite dimension.

Quel bilan tirez-vous de votre action au Gouvernement en faveur de l’ESS dans les années 80 ?Le principal acquis est d’avoir permis une prise de conscience que le monde asso-ciatif, coopératif, mutualiste et même les fondations ont un fondement commun : agir dans un cadre privé au service de fina-lités d’intérêt général que le marché prend mal en compte. Dans cette perspective, les régies municipales auraient aussi leur place dans l’économie sociale, mais elles restent aujourd’hui juridiquement gérées dans un cadre totalement public.

Vous défendez « L’accès plus que la propriété ». Est-ce un encouragement à généraliser dans les entreprises le principe de propriété collective propre aux organisations de l’ESS ?Je ne défends pas l’économie de l’accès, je constate qu’elle se développe. Il faut ac-compagner ce mouvement, mais je n’ai pas l’esprit à légiférer beaucoup en ce domaine. Ce sera une création sociale continue et les mouvements d’économie sociale, notam-ment les coopératives et les mutuelles ont des principes qui correspondent bien à cette priorité de l’usage sur la propriété. Elles devraient donc pouvoir apporter une contribution utile pour identifier au fil des pratiques les atouts et limites de cette éco-nomie de l’accès.

La prise de conscience progressive dans les entreprises de développer des comportements socialement plus responsables ne risque t-elle pas de marginaliser l’ESS ?Les entreprises de l’ESS n’ont pas vocation

à rester distinctes des autres entreprises. Je pense au contraire qu’elles ont vocation à colorer tout le tissu économique et à dif-fuser leurs valeurs si possible jusque dans les multinationales. La démocratie interne à l’entreprise et la limitation des revenus des dirigeants ont des vertus qui doivent irriguer toute l’économie.

Vous évoquez Elinor Ostrom et le prix Nobel qu’elle a reçu pour sa théorie de la gestion des biens communs comme l’eau, l’air, l’énergie. Concrè-tement, comment gérer ces biens communs ? Le modèle coopératif peut-il être une réponse ?Je ne suis pas compétent pour répondre précisément à cette question, mais les recherches d’Elinor Ostrom soulignent quelque chose d’essentiel : les services d’intérêt collectif sont mieux gérés par la collectivité des bénéficiaires que par des intérêts profitables au privé ou par la puissance publique comme outil normatif extérieur. Les coopératives sont nées d’une finalité de service pour un collectif privé. Mais on n’a pas de terrain d’expérience suffisant pour savoir si la voie coopérative est pertinente pour gérer des biens aussi stratégiques que l’eau potable. L’ESS a néanmoins un très vaste terrain d’expérimentation et d’innovation dans ce besoin de services collectifs nouveaux.

Vous défendez à nouveau le concept d’autogestion dans votre livre, alors que le concept rappelle des échecs historiques C’est vrai que l’autogestion rappelle de mauvais souvenirs, parce qu’elle est un concept qui a été dévoyé, notamment par le maréchal Tito en Yougoslavie. Dès les années 60, j’avais préfacé un livre où je rappelais les problèmes du parti unique en Yougoslavie. Pourtant, l’autogestion, c’est la clé de ce que j’ai proposé pendant vingt-cinq ans, à savoir la décentralisation, la res-ponsabilité partagée, la démocratie dans l’entreprise qui sont tout ce que l’autoges-tion implique.

L’autogestion évoque aussi l’idée re-çue que dans les Scop, tout le monde est patron. Or toutes les entreprises, coopératives ou non, ont besoin de dirigeants.C’est pour moi une évidence que toute entreprise a besoin d’être dirigée. Mais l’autogestion, ça implique que les déci-sions soient prises au plus près possible du terrain et de ceux qui font. Il faut gar-der ce cap-là. Le premier des traducteurs français de Karl Marx parlait d’une société d’autodétermination des travailleurs. C’est ce hasard sémantique qui a malheureuse-ment prévalu dans l’histoire et peut-être que le choix du mot «autogestion » aurait permis d’éviter des dérives. Maintenant, l’autogestion fait horreur. Prenons un autre mot pour dire la même chose, auto-nomie peut-être.

À l’heure où l’entreprise s’ouvre aux idées de RSE, de management participatif et collaboratif, le modèle coopératif des Scop a-t-il encore une valeur ajoutée ?Il est pilote et porteur. Il est encore en avance car il apporte au plan social une meilleure sécurité et une meilleure atmos-phère de travail aux salariés qui en sont membres. En revanche, la RSE met aussi en jeu la question de l’écologie et de l’en-vironnement. De ce point de vue, dans le discours sur l’entreprise du 21e siècle, les Scop ont une parole à réinventer.

Concernant la place et la représentation des travailleurs dans l’entreprise, vous évoquez la piste d’un conseil des actionnaires et d’un conseil des salariés ou encore la co-gestion en Allemagne. Ces pistes vous paraissent-elles plus efficaces que la solution coopérative ?Il n’y a pas concurrence. Toutes ces expé-rimentations apportent des progrès de nature différente, mais compatibles et cumulables. Il faut toutes les encourager.

Propos recueillis par Pierre Liret

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En 2014, l’EMPM a dispensé près

de 1 500 formations,

avec un taux de réussite de 95 %

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)Scop en action(

Démarche qualité, satisfaction client, nouvelles formations et identité visuelle… L’École de la marine de

plaisance de Marseille, transformée en Scop en 2014, innove et maintient son cap de leader !

Allure optimale pour l’École de la marine de plaisance de Marseille !

De l’association à la coopérativeCréée en 1969 par d’anciens officiers de la marine marchande et de la marine natio-nale, cette école de formation de navi-gation marine était alors la première de ce type à Marseille. De pionnière, elle est devenue depuis 2011 leader parmi la tren-taine d’établissements similaires dans les Bouches-du-Rhône. « Depuis cette année-là, indique Anna-Maria Bensa, gérante, nous avons quadruplé notre volume d’acti-vité ». C’est cet accroissement d’activité qui a poussé l’équipe de l’école, alors consti-tuée de 9 salariés, à réfléchir sur son posi-tionnement stratégique et son adéqua-tion avec le statut associatif. De plus, l’administration des Affaires maritimes, avec la réforme des permis bateau, leur imposait à cette époque de sortir du statut associatif.Suite logique : l’école contacte l’Union ré-gionale et se transforme en Scop fin 2013. « Nous souhaitions rester dans le secteur de l’économie sociale et solidaire dont la gou-vernance nous plaît : nous sommes habitués à fonctionner en groupe et voulions conser-ver cet esprit de collaboration, de démocra-tie et l’aspect réinvestissement des bénéfices dans l’outil de travail nous séduisait beau-coup », confie Fabrice Michel, formateur et responsable de la communication et de développement de l’école.

Démarche qualité et satisfaction client en vue !Pour Anna-Maria Bensa dorénavant à la barre de la Scop, tout reste à prou-ver après le changement de statut. « En effet, comment poursuivre sur cette ligne ascendante et conserver l’esprit original de l’association tout en devenant une « vraie » entreprise ? » Ainsi, dès la transformation officielle en

janvier 2014, la Scop entreprend six mois de coaching avec la Chambre de com-merce et d’industrie de Marseille. L’objec-tif ? Développer une démarche qualité basée sur la satisfaction client pour obte-nir une certification ISO. Amélioration des procédures d’accueil, de formation, d’éva-luation… mise en conformité et mesures de correction, les salariés accueillent avec enthousiasme ces nouvelles méthodes de travail qui confèrent à l’école un gage de qualité supplémentaire. « 2014 a été une année record : 1 452 formations dispensées dont 1 256 au permis option côtière, 20 % d’augmentation en nombres d’élèves, 95 % de taux de réussite et 96 % de taux de satis-faction », se réjouit la gérante. Le développement important de l’école a permis de recruter cette année-là quatre formateurs et une secrétaire administra-tive, ce qui porte le nombre de salariés à quatorze et bientôt à quinze puisqu’en 2015, un nouveau formateur se joindra à l’équipe.

Cap sur la communication et l’ouverture en 2015 ! Outre la démarche qualité, l’école s’ap-plique à mieux communiquer. Avec sa toute nouvelle identité visuelle, la Scop mise sur le marketing direct : participa-tion à des salons, référencement, bouche-à-oreille, offres groupées et développe-ment de partenariats, rien n’est laissé au hasard pour améliorer la notoriété de l’école. Grâce à ses partenariats exclusifs avec le Bataillon des marins pompiers de Marseille (BMPM), EDF, la SNCF, Air-bus Helicopters ou bien encore le Conseil départemental, l’école fidélise sa clien-tèle, et va encore plus loin en cherchant à obtenir prochainement un agrément de la Direccte pour être reconnue établisse-ment de formation professionnelle.

Implantation : Marseille (13)Création en 196915 salariés - 7 associés www.permisbateauemp.com

L’École de la marine de plaisance en chiffres

Conserver l’esprit original de l’association est aussi un des leitmotivs de la Scop qui n’hésite pas à remettre au goût du jour des formations « ancestrales » comme la météo marine et la navigation par les étoiles. Et leur goût de former à la navi-gation est loin de se cantonner au « tout public », ils affichent aussi leur volonté de transmettre leur passion aux personnes handicapées. Depuis 2006, l’école est par-tenaire de l’association locale la Chrysa-lide. Une fois par semaine, ils permettent à plusieurs enfants en situation de han-dicap physique ou mental de profiter des joies de la mer. Ils ont aussi récemment signé une convention de mécénat avec l’ASPTT Marseille Voile pour dispenser des séances de découvertes à des petits groupes de personnes atteintes de patho-logies chroniques. Entre activités caritatives, projets in-novants et certification, l’École de la marine de plaisance a le vent en poupe et continue de surfer sur les vagues du succès.

Fanny Dive

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Le Groupe Chèque Déjeuner change de nomet devient le groupe Up.Depuis plus de 50 ans, nous anticipons les évolutions technologiques et les nouveaux usages pour répondre aux attentes de nos clients. N° 3 mondial sur le marché des titres de services, nous faisons du progrès social notre source de développement et de performance économique. Nous aidons aujourd’hui plus de 26 millions de béné� ciaires à mieux vivre ensemble au quotidien.Plus que le nom d’une entreprise, le nouveau nom du Groupe est un véritable label, synonyme d’action, de mouvement et d’avancée.

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