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Olivier Brossard, IEP, LE REPS-UT1 1 PARTIE I : Approches néo- classiques : un renouvellement complet I.1. Prolongements I.1.1. Concentration et collusion I.1.2. Entrée, sortie, contestabilité I.1.3. L’intégration verticale I.2. Renouvellements I.2.1. La théorie des coûts de transaction I.2.2. Théories de l’information et des contrats: - Théorie des droits de propriété

PARTIE I : Approches néo-classiques : un renouvellement complet I.1. Prolongements

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PARTIE I : Approches néo-classiques : un renouvellement complet I.1. Prolongements I.1.1. Concentration et collusion I.1.2. Entrée, sortie, contestabilité I.1.3. L’intégration verticale I.2. Renouvellements I.2.1. La théorie des coûts de transaction - PowerPoint PPT Presentation

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Page 1: PARTIE I : Approches néo-classiques : un renouvellement complet I.1. Prolongements

Olivier Brossard, IEP, LEREPS-UT1 1

PARTIE I : Approches néo-classiques : un renouvellement complet

I.1. ProlongementsI.1.1. Concentration et collusionI.1.2. Entrée, sortie, contestabilitéI.1.3. L’intégration verticale

I.2. RenouvellementsI.2.1. La théorie des coûts de transactionI.2.2. Théories de l’information et des contrats: - Théorie des droits de propriété- Théorie de l’agence

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I.1.1. Concentration et collusionI.1.1.1. La concentration industrielle• Recouvre deux réalités :

– Le nombre des concurrents; – Le pouvoir de marché.

• Il n’y a pas de lien mécanique évident entre ces deux dimensions du phénomène de concentration

• Comment la mesurer?

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Mesurer la concentration• Le CR (Concentration Ratio) : somme des parts de

marché des n plus grandes entreprises. Exemples: – Supposons que 3 branches industrielles soient

constituées de 4 entreprises se répartissant le marché de la façon suivante :

– Selon CR1 : c’est B qui est le plus concentré, selon CR2, c’est A.

– B’ a le même CR2 ou CR3 que B et pourtant il est moins concentré

Donc le CR n’est pas un indicateur très fiable de la concentration d’un secteur

Entreprise 1 2 3 4 TOTAL CR1 CR2 CR3 IHSecteur A 40 35 15 10 100 40 75 90 0,315Secteur B 55 15 15 15 100 55 70 85 0,37Secteur B' 35 35 15 15 100 35 70 85 0,29

Part de marché en %

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Autres mesures de la concentration

• L’indice de Herfindahl : IH =

• Reflète mieux la réalité de la concentration car il est non linéaire et sur-pondère donc les grosses parts de marché.

• Quoi qu’il en soit on ne peut calculer un tel indice que si l’on a déterminé auparavant le nombre d’entreprises qui se répartissent le marché

• Il faut donc être capable de définir le MARCHE DE REFERENCE

i

ipdm 2

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Le problème du marché de référence (1)

• Une illustration de ce problème:

• Dans les procès pour abus de position dominante, la sagacité des juges est mise à rude épreuve car on ne détermine s’il y a ou non abus de position dominante que si l’on a correctement défini le marché de référence

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Le problème du marché de référence (2)

• Plusieurs méthodes possibles pour le définir: • Rechercher les produits substituables en calculant

les élasticités-prix croisées?– Très complexe à calculer et très imprécis

• Regrouper les produits ayant des caractéristiques homogènes?– problème des produits proches mais différenciés

• Demander aux offreurs d’identifier qui sont leurs concurrents– La perception subjective de deux rivaux peut différer

grandement (expl. de Accor et la pension de famille)

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Le problème du marché de référence (3)

• Le progrès technique et le cycle de vie des produits peuvent modifier en permanence les contours des marchés (expl. Xerox versus Ricoh et Canon)

• La meilleure approche ? • Peut-être une approche à la Lancaster : examiner les

fonctionnalités ‘pertinentes’ aux yeux des consommateurs et considérer comme produits concurrents les produits qui les intègrent?

• Même si les tribunaux en appellent souvent à des experts économiques, on comprend bien pourquoi c’est le juge qui tranche en dernière instance…

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Conséquences néfastes d’une concentration excessive

• Noter tout d’abord que l’efficience des entreprises requiert toujours une certaine forme de concentration. Mais comment déterminer le nombre optimal d’entreprises concurrentes dans un secteur donné?

Calculer le rapport entre le nombre d’unités qui seront demandées par les consommateurs au prix ‘raisonnable’ (Prix = Coût moyen+1 marge suffisante) et le seuil de rentabilité d’une unité de production

• Dans la chimie, les coûts fixes sont si importants qu’il est nécessaire d’avoir peu d’entreprises produisant beaucoup. C’est moins le cas dans les services informatiques par exemple.

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Conséquences néfastes d’une concentration excessive (2)

• Ceci étant admis, on sait que les entreprises se concentrent pour augmenter leurs marges:

• Formule de Waterson et Cowling : TAUX de MARGE de l’entreprise i = pdmi/e

• Avec : Taux de marge = (P – Cmi)/P (P: prix de vente, Cmi : coût

marginal de l’entreprise i)pdmi = xi/x = nombre xi d’unités vendues par l’entreprise i /

nombre total x d’unités vendues sur le marché e : élasticité-prix de la demande (e = )

• Or vous avez vu en 1ère année que, plus on s’éloigne du coût marginal, plus les surplus global et du consommateur sont faibles.

QP

PQou

QP

dPdQ

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Un lien entre structure (Degré de concentration) et performance

(marge moyenne)• Taux de marge moyen d’un secteur :

• Donc :

• La performance moyenne des entreprises du secteur est donc déterminée par le degré de concentration (mesuré par l’indice de Herfindahl)

xx

PCiPTMmoy i

i

eIHTMmoy

xxexxTMmoy

ii

i

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Deux interprétations opposées de la concentration

• Ecole de Harvard : – Un phénomène nuisible :

• Concentration => moindres surplus pour les consommateurs et la société

– Un phénomène qui doit être combattu par des interventions publiques, des lois et des procès anti-trust

• Ecole de Chicago : – Un phénomène dont la ‘nuisibilité’ peut être transitoire si

l’entrée sur le marché est libreDans ce cas pas besoin d’intervention publique si les marchés

sont contestables : cf. infra théorie des marchés contestables– Il y a une tendance à (ou une tentation de) la

concentration, mais il arrive fréquemment que de grands groupes disparaissent et/ou soient détrônés par des challengers parfois petits (Bull, Xerox, AT&T, etc.)

UT1:

Fin 2ème séance

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I.1.1.2. Entente, collusion, cartels• La faiblesse du nombre d’entreprises ne fait pas

que favoriser les excès de marges : il y a aussi un risque d’entente ‘sur le dos’ des consommateurs…

• Exemples d’ententes connues ou supposées:– IG Farben devient BASF, Hoechst, Bayer– OPEP– Banques françaises?– Peugeot-Citroën, Renault?– Opérateurs de téléphonie mobile/Fixe; fournisseurs

d’accès Internet aujourd’hui?– Elles sont fréquentes aussi à un niveau plus local :

• Répartitions de marché dans le BTP : expl. de Ceccon et Mithieux en Haute-Savoie…

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Entente, collusion, cartels (2) Définitions : • Entente : accord tacite ou explicite entre un nombre limité

de firmes et destiné à 1) se répartir le marché; 2) fixer un prix; 3) fixer des quotas de production; 4) interdire l’entrée à des concurrents potentiels; 5) combiner ces différentes comportements; etc.

• Cartel : le mot à connotation allemande qui désigne l’entente explicite. Le Cartel est contraignant pour ces membres.

• Collusion : comportement aboutissant aux mêmes résultats, mais sans intention de la part des acteurs. C’est le ‘jeu du marché’ qui pousse les entreprises à ne pas baisser leur prix par anticipation de ce que feraient alors les autres. Il s’agit donc d’une entente tacite.

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Entente, collusion, cartels (3)

Conditions favorisant les ententes selon M. Glais : 1) petit nombre d’entreprises, 2) faible élasticité-prix de la demande, 3) produit homogène, 4) indivisibilités du capital, 5) coûts irrécupérables élevés, 6) fluctuations de la demande

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Entente, collusion, cartels (4)• Le problème théorique principal : instabilité

potentielle de l’entente Il est toujours tentant de ne pas se conformer aux termes

de l’ « accord » pour prendre des parts de marché: Situations classiques de « dilemme du prisonnier »:

• Équilibre de Nash = double agression : La concurrence aboutit donc au tarif le plus faible Si c’est vrai : pas besoin de réguler les ententes car

elles disparaissent d’elle même

Stratégie de B Agressive Coopérative

Agressive (10,10) (20,5) Stratégie de A Coopérative (5,20) (15,15)

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Entente, collusion, cartels (5)• En fait, c’est plus complexe que cela, car une

véritable coopération peut émerger dans le cadre de « jeux répétés », c’est à dire lorsque les décisions doivent tenir compte du fait qu’il peut y avoir des représailles :

• « Folk theorem » : dans un jeu répété, il y a un arbitrage entre les bénéfices immédiats de l’agression et les coûts futurs liés aux représailles des autres joueurs. Si la prise en compte du futur est assez forte, cela conduit à renoncer aux comportements non coopératifs.

• Ne fonctionne que si la date de fin du jeu est inconnue (induction ‘bacward’)

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Entente, collusion, cartels (6)• Les évènements extrinsèques qui modifient la prise en compte

du futur ont une influence sur la stabilité des cartels :– Expl. : Dissolution de l’OPEP en 1979 lors de la guerre Iran-Irak :

très forte de la préférence pour le présent de ces 2 membres de l’OPEP• L’arrivée de nouveaux entrants déstabilise souvent les

ententes : – Expl. : Arrivée des transporteurs ‘low cost’ sur le marché de

l’aviation civile; développement du e-commerce et des services en ligne(e-Bay, banques virtuelles, etc.); phénomène des marques de distributeurs dans les grandes surfaces; Effet Skype sur la tarification de la téléphonie à l’international; etc.

• Il faut beaucoup d’information pour mettre en place des ententes stables :– Sinon une baisse de prix peut être interprétée comme le résultat d’une

tarification agressive alors qu’elle résulte d’une chute de la demande

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Entente, collusion, cartels (7)• Malgré tout, on peut démontrer que l’incertitude

n’empêche pas la formation d’ententes stables pendant un certain temps, avec éventuellement des successions de guerre de prix suivies de périodes de collusion (Green et Porter, 1984; Rotemberg et Saloner, 1986)

• Autre problème : comment détecter les ententes?– Elles sont interdites par l’article 85 du traité de Rome,

mais la commission a parfois du mal à les détecter• Comment fait-on en pratique?

Détection des évolutions parallèles de prix• Problème : le jeu de la concurrence non faussée

peut, dans certains cas, conduire spontanément à de telles évolutions

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I.1.2. Entrée, sortie, contestabilité

• Concentration et ententes ne peuvent subsister que s’il y a des obstacles à l’entrée: comment apparaissent-ils?

• Deux approches théoriques parallèles : – Théorie des barrières à l’entrée : Bain, puis

modèle BSM (ou ‘théorie du prix limite’)– Théorie des marchés contestables : Baumol,

Panzar, Willig

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La théorie des barrières à l’entrée (1)• Théorie des barrières à l’entrée de Bain, 1956 : les firmes

installées bénéficient d’avantages qui sont autant d’obstacles pour les entrants potentiels : – Avantages en coûts : maîtrise technique/savoir faire; expérience;

contrats préférentiels d’approvisionnement ou de distribution; accès privilégié aux capitaux.

– Économies d’échelle– Différenciation des produits

• Conséquences : 4 configurations selon Bain: 1) entrée bloquée; 2) entrée dissuadée (prix d’exclusion), sortie

encouragée (prix d’élimination); 3) entrée accommodée; 4) libre entrée.

Cas 2) : gaspillage de ressources consacrées à l’élimination des rivaux

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La théorie des barrières à l’entrée (2)• Théorie du prix limite ou modèle BSM (Bain, Sylos-Labini,

Modigliani) : comment fixer le prix qui dissuade l’entrée?

• Postulat de Sylos-Labini (1962) : – Les firmes installées pensent qu’aucun entrant ne se présentera si

elles pratiquent un prix inférieur au coût moyen de longue période;– Les firmes entrantes pensent que les firmes installées ne

modifieront pas leurs quantités après l’entrée.• Résultat :

Il existe un prix et une quantité limites (que les firmes installées peuvent calculer) tel que les entrants soient dissuadés : l’entrée n’est possible que si la quantité proposée est supérieure et le prix inférieur à ces limites

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Un perfectionnement de la théorie du prix-limite : la théorie de la prédation• Théorie de la prédation : il y a prédation

lorsqu’une firme entreprend un ou des mouvements stratégiques destinés à a) modifier les conditions de coût ou de demande (préemption) ; ou b) influencer les croyances des entrants potentiels.

• Mouvement stratégique (Th. Schelling) : action pour influencer le comportement des concurrents

• Préemption : comportement consistant à être le premier (‘first mover’) à entreprendre une action pour en capter tous les bénéfices– Exemples : investissements de surcapacité en

anticipation d’une demande future; R&D et brevets inemployés pour interdire l’entrée

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La théorie de la prédation (suite)• De nombreux modèles de théorie des jeux depuis 20 ans pour

décrire ces comportements stratégiques. Quels comportements ont-ils mis en évidence?– Investissements de surcapacité : une forme d’engagement plus

crédible que le prix limite, à cause de l’irréversibilité– Envoi de signaux trompeurs : distribuer peu de dividende pour faire

croire à une faible rentabilité– Jouer sur sa capacité financière pour supporter des pertes

transitoires– Intégration verticale stratégique– Pré-annoncement de nouveaux produits (Farel et Saloner, 1986) :

X Box par exemple…– Marques, publicité peuvent aussi être interprétées comme résultant

de comportements de prédation– Innovations de produits– Normes, standards, compatibilité

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La théorie des marchés contestables• Baumol, Panzar et Willig, Contestable Markets and the Theory

of Industry Structure, 1988• Définition : un marché est contestable si l’entrée sur ce

marché est libre et la sortie sans coût.• Pour que la contestabilité se réalise, il faut que :

H1 : les firmes établies et les entrants potentiels aient les même fonctions de coût et aient accès aux mêmes technologies

H2 : les firmes soient multiproduits (sinon entrée trop risquée); H3 : l’entrant se comporte comme un suiveur et la firme établie

maintienne son comportement; H4 : l’entrée sur le marché soit libre; H5 : la sortie se fasse sans coût ; H6 : il n’y ait pas de coûts fixes irréversibles

UT1:

Fin 3ème séance

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La théorie des marchés contestables (2) Définition : configurations de contestabilité soutenables.

Une configuration de marché contestable est soutenable si et seulement si:

1. Ha : la configuration est réalisable : l’offre et la demande s’équilibrent à un prix qui assure que les profits de la (ou des) firme(s) installée(s) sont non négatifs;

2. Hb : la configuration est viable : malgré l’absence de coûts irrécupérables, aucun entrant potentiel n’est incité à entrer effectivement car il ferait alors un profit nul ou négatif.

NB : Il existe des structures de coûts telles que Hb n’est pas vérifiée parce qu’un entrant peut arriver sur le marché, proposer une quantité (faible) lui assurant un coût unitaire faible et des profits positifs, capter ainsi une partie de la demande de l’entreprise installée, et du coup, conduire cette dernière à faire des pertes : cf. démonstration dans Dang Nguyen (1995, p307-308)

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La théorie des marchés contestables (3)

Conséquence de H0…H6 et Ha et Hb : Dans les configurations contestables et soutenables,

la menace d’entrée est crédible et elle discipline le comportement tarifaire des firmes installées qui sont alors amenées à fixer un prix juste suffisant pour leur assurer des profits non négatifs

Donc, les monopoles naturels (i.e. : fonction de coût sous additive) n’ont pas nécessairement besoin d’être protégés par des barrières à l’entrée instaurées par l’Etat

Si Hb n’est pas vérifiée, il faut intervenir pour défendre le monopole : l’entreprise AT&T avait demandé à Baumol de démontrer à la justice que c’était le cas pour les télécommunications aux US

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La théorie des marchés contestables (4)

Rappel (?): fonction de coût sous additive si : C(q1+q2+…+qn) C(q1) + C(q2) +…+C(qn)

Il vaut mieux, dans ce cas, que la quantité offerte (q1+q2+…+qn) soit fabriquée par une seule firme

Situations dites de ‘monopole (ou oligopoles) naturels’ Les fonctions de coût ayant des coûts fixes sont sous-

additives. Expl. : C(q) = F + a q (Vérifiez-le) Donc, l’argument selon lequel il faut protéger le

monopole naturel pourra être valable dans les industries où la duplication des coûts fixes ou des coûts d’infrastructure n’est pas souhaitable

Exemples: transport ferroviaire, autoroutes, infrastructures de transport d’énergies, etc.

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La théorie des marchés contestables (5)

Mais ce dernier argument n’est pas valable si le marché est contestable soutenable puisqu’alors la menace d’entrée suffit à produire une tarification idéale tout en ne devenant jamais une concurrence réelle

NB : la présence de coûts fixes n’empêche pas la contestabilité, si ce ne sont pas des coût irrécouvrables. D’où le fait que l’on puisse considérer que, dans certains cas (coûts fixes mais pas irrécouvrables), le jeu de la contestabilité permettra aux industries à coûts fixes élevés de s’auto-réguler.

Mais dans beaucoup de cas, les coûts fixes sont irrécouvrables…

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Quelles leçons pour la compréhension de la dérégulation des marchés « mondialisés »?

La dérégulation a commencé aux USA dans les années 80, affectant principalement les transports, les communications, l’énergie, la finance.

Elle s’est développée en Europe, sur les mêmes enjeux, un peu plus tard.

La théorie des marchés contestables en a été l’un des fondements analytiques les plus solides puisque même les monopoles naturels pouvaient désormais être soumis utilement aux forces du marché.

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Leçons pour la compréhension de la dérégulation des marchés « mondialisés »? (2)

Il y a eu des succès : Emergence des transporteurs ‘low cost’ Apparition de nouveaux opérateurs dans les

télécoms Concurrence sur le marché de l’électricité

professionnelle Finance :

Fin du monopole bancaire sur l’épargne; concurrence entre places financières (City contre Euronext); directives sur les services d’investissement, …

etc.

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Olivier Brossard, IEP, LEREPS-UT1 31

Leçons pour la compréhension de la dérégulation des marchés « mondialisés »? (3)

Mais aussi des échecs : Privatisation du rail au R-U Sérieux problèmes de continuité de la fourniture

d’électricité en Californie et à New-York Prises de risque excessives par les acteurs de la finance

dérégulée : Barings en 1995, LTCM en 1998, etc. Et il y a un coût ‘collectif’: Même si la SNCF est devenue plus rentable, le service

fourni à la société n’est plus le même Qualité du téléphone dégroupé : fournir la qualité

maximale n’est pas toujours optimal pour une entreprise privée, ni pour une entreprise publique d’ailleurs…

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I.1.3. L’intégration verticale (« make or buy »?) et les relations verticales

Définition : « L’intégration verticale représente la décision d’une firme d’utiliser des transactions internes d’ordre administratif plutôt que des transactions marchandes pour réaliser ses objectifs ». M. Porter, Choix stratégiques et concurrence, Economica, 1982.

On produit des biens et services à l’aide de biens et services : capital, consommations intermédiaires et travail

Vaut-il mieux les acheter ou les fabriquer soi-même?

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Formes de l’intégration verticale (suite) On distingue différentes sortes d’intégrations

verticales : L’intégration amont : on fabrique ses propres

«inputs» (expl. : Alcan produit de l’aluminium à partir du Bauxite extrait des mines qu’elle possède)

L’intégration aval : on transforme ses propres produits, ou on commercialise soit même ses produits (expl. : les réseaux bancaires. Contre-exemple : les courtiers en assurance)

L’intégration amont-aval : les deux en même temps (Expl. : si Alcan achète une usine de fabrication de boites d’emballage aluminium, elle devient intégrée amont-aval)

Expl. très récent : Loukos, le pétrolier russe, vient d’acheter des stations-service en

Europe et aux USA

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Olivier Brossard, IEP, LEREPS-UT1 34

Formes de l’intégration verticale (suite)

La quasi-intégration : relations étroites, de nature contractuelle ou financière, entre des firmes se situant à des niveaux différents du processus de production Expl. : Renault prend des participations dans une entreprise qui lui

fournit des alternateurs ou bien : Renault passe un contrat de fourniture prioritaire avec l’un

de ses fournisseurs d’essuie-glaces. Dans ce dernier cas, il s’agit de ce que l’on appelle un

contrat de restriction verticale (RV) : Contrats d’exclusivité, contrats de franchise, prix de revente

imposés (PRI), etc. NB : beaucoup de RV sont interdites par le code du

commerce et/ou le traité de Rome (par exemple les PRI) Mais il y a des contournements de réglementation…

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Olivier Brossard, IEP, LEREPS-UT1 35

Formes de l’intégration verticale (suite) Il existe aussi des stratégies d’intégration

horizontales, financières, etc. Et il y a aussi, de plus en plus, des

stratégies de « désintégration » : expl. d’Alcatel qui annonce en 2001 la vente de 90 de ses 200 usines pour se concentrer sur son « cœur de métier » : recherche, conception, commercialisation

Se méfier tout de même : il s’agit souvent du passage d’une intégration verticale classique à de la quasi-intégration

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Olivier Brossard, IEP, LEREPS-UT1 36

Parenthèse : Les restrictions verticales

• Définition: ensemble des clauses contractuelles visant à soustraire la relation verticale au mécanisme du marché

• Objectifs des RV: – Améliorer la coordination des décisions entre

l’acheteur et le vendeur – Gérer les externalités qui => des prix unitaires

insuffisants ou des quantités demandées insufissantes– Contrôle vertical et délégation (quasi-intégration)

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Restrictions tarifaires:• Franchise (tarif binôme) : transfert d’objectif

• où T est le coût total des produits pour le distributeur/donneur d’ordre

• Prix de revente imposé, prix plafond, prix plancher

Fwq)q(T

Restrictions non tarifaires:• Quotas• Rabais progressif • Clauses d’exclusivité (territoires exclusifs,

distribution sélective, distribution exclusive…)

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Olivier Brossard, IEP, LEREPS-UT1 38

Fondements stratégiques de l’intégration verticale et des relations verticales

On en recensera principalement quatre : 1. Les situations de monopoles

bilatéraux ou de doubles monopoles;2. La création de barrières à l’entrée;3. Externalités et autres imperfections

de marché;4. Les coûts de transaction.

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Olivier Brossard, IEP, LEREPS-UT1 39

Intégration verticale et situations de monopole

2 situations problématiques :1. Monopole bilatéral : monopole face à un monopsone

Apparaît souvent dans les relations entre sous-traitants et donneurs d’ordre ou entre fournisseurs et distributeurs

2. Double monopole (en chaîne) : monopole d’un producteur face à un distributeur puis du distributeur face aux consommateurs

Il existe alors un conflit de partage de rente dû à la confrontation des pouvoirs de marché des différents acteurs de la relation verticale.

Ce conflit se résout de différentes manières, et notamment parfois par l’introduction de restrictions verticales.

Pour les consommateurs l’issue du conflit est positive ou négative

UT1:

Fin 4ème séance

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Olivier Brossard, IEP, LEREPS-UT1 40

Intégration verticale et situations de monopole (2)

• Exemples d’issue négative pour les consommateurs: • La double marge (Spengler, 1950) = marge du producteur sur le coût

marginal de production + marge du distributeur sur le prix de gros• dans l’automobile, les donneurs d’ordre demandent à leurs

fournisseurs de réduire le prix (et la qualité…) des pièces détachées dès que les modèles ont ‘trouvé leur marché’

• Exemples d’issue positive : • les marques distributeurs dans l’alimentation : le monopsone permet

aux consommateurs de bénéficier de prix plus faibles car il permet aux distributeurs d’exercer une pression sur les producteurs en créant leurs propres marques;

• Les distributeurs ou les donneurs d’ordre peuvent être en situation d’exercer une pression sur les producteurs pour l’obtention d’un prix de gros plus faible. Cela donnera un prix de détail plus faible , s’il y a concurrence entre les distributeurs. Loi Galland et problème des « marges arrières »… (cf. Caelus)

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Intégration verticale et situations de monopole (3) : partage de la rente?

Producteur

Clients

Producteur

Distributeur

Clients

Rente de monopoleRente de monopole

Monopole classique: Monopole bilatéral:

?

?

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Intégration verticale et situations de monopole (4)

Les situations de double monopole créent un problème de double marge : chacun des deux acteurs maximise sa marge indépendamment. Dès lors, le 2ème monopole ne prend pas en compte l’effet positif de sa demande sur les profits du 1er monopole et il tend donc à la sous-dimensionner.

Dans ce cas, il peut être souhaitable d’intégrer les deux entreprises pour internaliser cette externalité. Mais ce n’est pas la seule solution (cf. infra)…

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Les problèmes de coordination dans la relation verticale

Déroulement du jeuEtape 1: Producteur fixe le prix de gros w, sachant quel sera la politique de prix du détaillantEtape 2: Distributeur fixe le prix de détail p en fonction du prix de grosc est le coût marginal de productionDemande des consommateurs : qd (p)= D-p où D est une constante fixéeH1 : le distributeur connaît la demande des consommateurs et demande donc la bonne quantité au grossisteH2 : le producteur connaît la politique de prix du détaillant

Consommateurs

D

P

w

p

c

La double-marginalisation (DM) (Spengler (1950)):

O. Brossard:

La présentation qui suit est empruntée à Claire Chambolle,

Professeur à l’ENPC, et librement adaptée

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Programme du producteur:

Programme du distributeur

Etape 1 : le producteur fixe son prix connaissant la tarification du détaillant

Etape 2 : le distributeur fixe son prix :

Calcul des profits:

)2

)(( wDDcwMaxw

2~ cDw

16)(~

8)(~ 22 cDcD DP

))(( pDwpMaxp

2

)( wDwp

UT1:

Fin 5ème séance

))()(( wpDcwMaxw

4~

43~

2

~)( cDqcDpwDwp

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Olivier Brossard, IEP, LEREPS-UT1 45

Comparaison avec le cas d’1 firme intégrée:

16)(

8)(

4)(

)4

(~)2

*(*

)4

3(~)2

(

222*

*

cDcDcD

cDqcDpDq

DcsicDpcDp

Conclusions sur l’effet des monopoles successifs: Le profit total des firmes est + faible lorsqu’elles sont séparées, et le surplus du consommateur est aussi + faible puisque le prix de détail est plus élevé «Qu’est ce qui est pire qu’un monopole ? Plusieurs monopoles en chaîne »

Il n’y a qu’un seul programme d’optimisation : ))(( pDcpMax

p

On trouve :

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Les restrictions verticales (RV) : remèdes à la DM

• Le prix de revente imposé:La DM=> , en fixant le prix de revente du

distributeur l’inefficacité de la DM disparaît Le prix de gros w détermine ensuite le partage des bénéfices entre producteur et distributeur.

• L’imposition d’un quota:La DM=> , en fixant un quota d’achat au distributeur l’inefficacité de DM disparaît

*pp

2* cDppI

*qq

2* cDqQI

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• La fixation d’un tarif binôme (franchise): Le producteur impose au distributeur un tarif de gros de la forme : avec w=c F est la rémunération de la franchiseLe programme du distributeur devient :

Conclusions : • Dans le cadre de la chaîne de monopoles, les RV

permettent de faire baisser le prix final : bénéfique pour les consommateurs

• Mais : PRI et quotas posent d’autres problèmes de distorsion de concurrence qui justifient leur interdiction.

• Il ne reste donc que la solution du tarif binôme

Fwq)q(T

2

))((

* cDpp

FpDcpMaxp

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Intégration verticale et situations de monopole (5)

Le producteur peut aussi être tenté de contourner le distributeur pour s’accaparer une plus grande part de la rente de monopole : on perd alors le bénéfice de la centralisation de l’offre, mais l’effet final pour le consommateur n’est pas forcément négatif : Positif : suppression de la marge de l’intermédiaire

(distributeur) Négatif : coûts de livraison et de gestion des stocks plus

élevés; coûts de transaction, etc. Exemples pour réfléchir :

Les réseaux alternatifs de vente (Tupperware; produits alimentaires; etc.)

Le débat sur les « marges arrières » dans la grande distribution

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Intégration verticale et création de barrières à l’entrée

Exemple de la déréglementation des services téléphoniques en France:

Avant, France Télécom était une entreprise verticalement intégrée qui, en aval, produisait, gérait et entretenait les réseaux de télécommunication et fournissait, en aval, les services téléphoniques.

Déréglementation : France Télécom conserve le monopole amont du service de réseau (en dehors de la boucle locale ouverte depuis le 1er janvier 2001), avec l’obligation d’y donner accès dans des conditions équitables aux opérateurs alternatifs. Elle n’a plus le monopole en aval, ni sur la boucle locale (Dégroupage)

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Intégration verticale et création de barrières à l’entrée (2)

L’opérateur historique (France télécom) aurait pu profiter du monopole créé par cette intégration verticale pour imposer des conditions d’interconnexion défavorables aux opérateurs alternatifs (pour la téléphonie mobile ou fixe).

En effet, l’offre des SFR, Bouygues, Neuf, Cégétel, etc., n’est intéressante que s’ils donnent accès à l’ensemble du réseau et pas seulement aux communications locales ou avec leurs seuls abonnés

Pour prévenir cela, l’ART a obligé France Télécom a tenir deux comptabilités séparées réseau/services téléphoniques

But : vérifier que les filiales de service ne bénéficient pas d’une tarification plus avantageuse de l’accès au réseau que les opérateurs alternatifs

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Intégration verticale et échecs de marché

Externalités et problèmes de droit de propriété Cf. la « Fable des vergers et de l’apiculteur » de

Mead. Chaque fois qu’il y a un problème de droits de

propriétés sur une externalité, l’intégration verticale peut être bénéfique

Autre échec de marché : l’asymétrie d’information

Un fournisseur peut être tenté de dissimuler des défauts cachés et le donneur d’ordre peut alors avoir intérêt à le racheter pour mieux maîtriser la qualité de ces pièces détachées.

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Intégration verticale et coûts de transaction

Coase, 1937, « The nature of the firm » : pourquoi y a-t-il des firmes si le marché est le meilleur moyen d’organiser la production et la distribution?

Pertinence de la question : Il y a dans toute firme une intégration verticale

plus ou moins développée, et une coordination administrative et/ou hiérarchique.

Or la théorie économique suppose que le marché (coordination par les prix et la concurrence) est le meilleur mode de coordination

Comment expliquer cela?UT1:

Fin 6ème séance

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Intégration verticale et coûts de transaction (2)

Réponse de Coase : la coordination par le marché n’est pas gratuite…

On observe très souvent que l’activité économique s’organise autour de structures hiérarchiques formelles qui se caractérisent par la suppression des mécanismes de prix, par l’usage explicite d’une coordination administrative et par l’exercice d’un pouvoir d’autorité. Pour illustrer ce mode de coordination Coase écrit :

« Si un travailleur se déplace du service y vers le service x ce n’est pas à cause d’un changement de prix relatif, mais parce qu’on lui ordonne de le faire. ».

Il conçoit donc l’entreprise comme un dispositif de coordination économique alternatif au marché.

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Intégration verticale et coûts de transaction (3)

Quelles sont les transactions qui obéissent aux mécanismes de marché et celles qui s’effectuent de manière ‘centralisée’ au sein des entreprise?

Réponse de Coase : effectuer des transactions entraîne des coûts qui varient en fonction de la nature de la transaction.

On tend donc à adopter le mode d’organisation le plus économique en termes de coûts de transaction. Les transactions passent donc plutôt par le marché quand cela accroît l’efficacité et par l’entreprise ou d’autres organisations formelles lorsque cela minimise les coûts de transaction.

La décision de s’intégrer verticalement doit résulter d’une comparaison entre les coûts des transactions internes et les coûts des transactions de marché

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I.2. RenouvellementsI.2.1. La théorie des coûts de transaction

En fait, l’approche initiée par Coase en 1937 va finir par connaître un succès très important à partir du milieu des années 70.

Cette ‘économie des coûts de transaction’ sera utilisée dans bien d’autres domaines que l’analyse du phénomène d’intégration verticale.

En particulier, l’analyse de toutes les formes d’organisation non marchandes: Institutions, contrats, règles de droit, etc. C’est pourquoi ce courant de pensée sera qualifié de néo-institutionaliste.

Ce courant émerge lorsque O. Williamson reprend et développe les analyses de Coase à partir de 1975 :

Markets and Hierarchies : Analysis and Antitrust Implications, 1975

The Economic Institutions of Capitalism, 1985

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Formes de la coordination des activités économiques Le MARCHE :

Prise de décision : décentraliséeMode de coordination : ajustements de prix

La FIRME, l’ORGANISATION, l’INSTITUTION, l’ASSOCIATION :

Prise de décision : centralisée ou décentraliséeMode de coordination : la hiérarchie, l’autorité, la règle, la confiance, la convention

La LOI : Prise de décision : décentraliséeMode de coordination : la règle + la contrainte

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Une citation :

A. Chandler, 1977, The Visible Hand : The Managerial Revolution in American Business« L’entreprise moderne se substitue aux mécanismes de marché en ce qui concerne la coordination des activités économiques et l’allocation des ressources. Dans de nombreux secteurs d’activité, la main visible des gestionnaires a remplacé ce qu’Adam Smith appelait ‘la main invisible’ des forces du marché. »

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Le concept de coût de transaction (1)• Chacun de ces modes de coordination se caractérise par

des coûts de fonctionnement ou coûts de transaction. On peut les classer en deux grandes catégories : les coûts de coordination et les coûts de motivation.

• Les coûts de coordination. Un marché s’organise et cela a un coût. Idem pour une transaction hors marché.

• Exemple 1 : Achat d’une voiture d’occasion: on ne se promène pas au hasard en demandant aux passants s’ils ont une voiture à vendre.

• Organisation du marché pour économiser les coûts de recherche: réseau de concessionnaires ou offres de particulier à particulier dans un magasine

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Le concept de coût de transaction (2) Dans les deux cas, on peut dire qu’il y a organisation (coûteuse)

du marché qui permet une centralisation des offres et un gain considérable de temps de recherche d’un co-échangiste.

• Exemple 2 : les ‘marchés’ financiers : Les transactions sur actifs financiers s’effectuent dans des bourses ou bien « de gré à gré » (Marchés OTC).• Dans les bourses, les produits échangés sont standardisés, les transactions

centralisées et la sécurité des transactions étroitement contrôlée.• Cette efficacité se paie chère : immeubles, investissements en outils de

communication et de traitement de l’information, personnels employés (salaires élevés!…).

• Dans les marchés OTC, la coordination est moins coûteuse car elle se fait par la confiance et la réputation

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Le concept de coût de transaction (3)• Les études de marché et la publicité : il s’agit bien de

coûts de coordination : ressources dépensées par les offreurs pour connaître les préférences des acheteurs.

• Et dans les organisations (entreprises ou administrations)?

Coûts de coordination = coûts de remontée de l’information de la base vers le sommet ; coûts de traitement de cette information et d’élaboration de stratégie sur cette base; coûts de l’information descendante, c.a.d. coûts associés à la communication du plan adopté aux personne chargé de le mettre en œuvre, etc.

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Le concept de coût de transaction (4)• Les coûts de motivation• Deux grandes catégories : • (1) Ceux qui sont associés au caractère incomplet et

asymétrique de l’information et,• (2) Ceux liés à l’obligation imparfaite c.a.d. l’incapacité des

parties à respecter (ou faire respecter) les engagements. • (1) : découverts par G. Akerlof dans une étude sur le marché

des ‘lemons’ : la vente est bloquée même si le vendeur est de bonne foi car l’acheteur n’a aucun moyen de le savoir. Il adopte donc une position méfiante. Cela conduit à un phénomène d’antisélection (adverse selection).

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Le concept de coût de transaction (5)• (2) : Les coûts d’ « enforcement » :• Transaction marchande : lorsque l’on achète un produit dans

un supermarché, on s’attend à une certaine qualité. Si le produit s’avère non conforme aux normes attendues, il est possible d’utiliser la voie juridique pour obliger le vendeur à respecter son engagement concernant la qualité de ce produit : la justice est coûteuse mais nécessaire à la bonne exécution des transactions : coût de motivation ou lié à la nécessité de donner au vendeur les bonnes incitations

• Transaction non marchande : lorsqu’une entreprise fabrique des pièces détachées pour ensuite les utiliser à la fabrication d’un produit final, la qualité de ces pièces doit être vérifié : c’est aussi un coût de motivation

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Les hypothèses comportementales de l’approche néo-institutionaliste (1)

• La rationalité ‘limitée’ : les agents, bien que rationnels, sont dans l’incapacité de prévoir tous les évènements susceptibles de se produire dans le futur, et de leur affecter une probabilité. Leur calcul est donc imparfait.

• Cela entraîne une IMPOSSIBILITE DE POUVOIR SIGNER DES ‘CONTRATS COMPLETS’

• Contrats complets? Contrats qui recensent toutes les contingences futures et prévoient ex ante les conduites à tenir dans chacun de ces états.

• Du fait de l’incomplétude des contrats, les agents doivent mettre en place des systèmes de surveillance et de contrôle en cours de contrat et ex post. Exemple : les comités d’audit ou les comités de rémunération dans

les entreprises

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Les hypothèses comportementales de l’approche néo-institutionaliste (2)

• L’opportunisme des agents : consiste à profiter des faiblesses du système de coordination, quel qu’il soit, pour en dégager un intérêt personnel plus élevé.

• Un tel comportement, couplé à la rationalité limitée, soumet les transactions à des aléas : promesses non tenues ; tentatives de manipulation de l’information ; etc.

Exemple : un donneur d’ordre impose à l’un de ses fournisseurs qu’il fasse un investissement important pour améliorer ses produits. Une fois l’investissement effectué le donneur d’ordre peut revenir sur ces engagements en imposant un prix inférieur à celui convenu, prix qui ne permet pas de rentabiliser l’investissement.

UT1:

Fin 7ème séance

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Les déterminants du choix d’un mode de coordination

• Les 3 principaux déterminants sont :

1) La spécificité des actifs ;

2) La fréquence des transactions ;

3) La complexité de la transaction et l’incertitude sur le futur.

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1) La spécificité des actifs :• Un actif est spécifique lorsque sa valeur dans des

utilisations alternatives est plus faible que dans son utilisation présente. • 5 catégories de spécificités :

• physiques (expl. : moules pour fabriquer des pièces en plastique)

• de proximité (expl. : entre un fabricant et un sous-traitant)

• humaines (expl. : ancienneté d’un salarié au savoir-faire inimitable)

• des actifs dédiés (expl. : un système informatique sur mesure)

• des actifs incorporels (expl. : une marque connue et réputée)

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La spécificité des actifs (2)

• De tels actifs génèrent un supplément de profit par rapport aux actifs ‘génériques’ : QUASI-RENTE. Exemple : 2 diplômés de l’IEP ayant obtenu les mêmes notes ne

gagneront pourtant pas les mêmes salaires : celui qui aura fait le meilleur parcours professionnel, acquis le plus d’expérience gagnera mieux sa vie.

• Ces actifs se dévalorisent en cas de rupture du contrat, contrairement à des actifs génériques qui sont eux redéployables.

• Dès lors, il y a un risque d’opportunisme par le co-contractant qui possède l’actif spécifique : il peut se livrer à un « hold up  » sur le rente. Exemple : la détermination des salaires dans la finance (travaux

d’Olivier Godechot) ou bien encore les problèmes de dépendance des sous-traitant vis-à-vis de leurs donneurs d’ordre

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Olivier Brossard, IEP, LEREPS-UT1 68

2) La fréquence des transactions

• Transactions ponctuelles : on utilise des contrats type et les conflits sont traités par un tiers (exemple: les tribunaux).

• Transactions fréquentes entre les mêmes agents: pour ne pas multiplier les coûts de transaction, il peut être rationnel d’internaliser les transactions : « Remplacer le marché par la firme, l’administration,

etc. »• Mais ce n’est pas toujours aussi simple : la

répétition des transactions permet de punir les comportements déviants et opportunistes. Dans ce cas, l’internalisation n’est plus nécessaire.

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3) La complexité des transactions et l’incertitude sur le futur

• Transactions simples : exemple de l’achat en gros de café. On spécifie qu’un certain volume de café (nombre de tonnes)

d’une qualité donnée (ex : arabica de telle région du Brésil) doit être livré à une date pré-convenue à tel endroit et à tel prix.

• Transactions complexes : exemple de la construction d’une centrale électrique. Nombreux paramètres incertains : estimation de la demande ; coût

et disponibilité des énergies substituables ; conséquences sur l’environnement ; évolution des normes de sécurité ou des normes anti-pollution ; etc.

Impossible de spécifier tous les cas de figure envisageables au cours de la réalisation du contrat. Le contrat désigne alors les personne habilitées à prendre des

décisions et les limites applicables à ces décisions.

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Olivier Brossard, IEP, LEREPS-UT1 70

Quelle gouvernance des transactions? Un tableau de synthèse

Spécificité des actifs Faible Forte

Complexité des transactions et incertitude Fréquence des transactions

Faible Forte Faible Forte Peu fréquentes Coordination la

moins intégrée : le marché

Contrats spécifiques

Négociation bilatérale

Intégration ou quasi-intégration

Fréquentes Marché ou Contrats standards

re-négociables

Contrats spécifiques re-

négociables

Intégration ou quasi-intégration

Coordination la plus intégrée : la

firme ; l’administration

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I.2.2. Théories de l’information et des contratsI.2.2.1. Théorie des droits de propriété

• Les analyses économiques de la propriété se focalisent sur deux points essentiels :

1) La possession des droits de contrôle résiduel

2) L’allocation des bénéfices résiduels.

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Olivier Brossard, IEP, LEREPS-UT1 72

1) Les droits de contrôle résiduel

• Définition du « droit de contrôle résiduel » : c’est le droit de prendre des décisions sur l’utilisation de l’actif si celles-ci ne sont pas explicitement préétablies par la loi ou réservées à un autre agent par contrat.

• Autrement dit : c’est le droit de décider de l’utilisation d’un actif, lorsque rien n’est prévu par la loi ou par contrat

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Olivier Brossard, IEP, LEREPS-UT1 73

2) Les bénéfices résiduels

• Définition : Ce qu’il reste une fois que toutes les parties prenantes ont été rémunérées (Créanciers, salariés, état)

• Exemple : les dividendes versés aux actionnaires

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L’analyse de la firme classique selon Alchian et Demsetz

• Armen Alchian et Harold Demsetz, 1972 : «Production, information costs and economic organization», American Economic Review.

• La firme y est analysée comme une « équipe » victime de comportements de « passager clandestin » : risque que chacun minimise ses efforts en comptant sur le travail des autres

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Olivier Brossard, IEP, LEREPS-UT1 75

L’analyse de la firme classique selon Alchian et Demsetz• Impossibilité de mesurer les contributions de

chacun => instaurer un système d’observation et de contrôle (monitoring) des efforts.

• Mais qui va contrôler le contrôleur ? Selon Alchian et Demsetz, il faut :– Rétribuer le contrôleur en fonction des gains de

l’équipe : attribution du bénéfice résiduel– Attribuer au dirigeant des droits résiduels : droit

de passer des contrats, droit de contrôler le comportement des salariés, droit de fixer les rémunérations, droit de vendre l’ensemble des droits., etc.

• L’efficience peut donc être obtenue sans contrôler le contrôleur

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Olivier Brossard, IEP, LEREPS-UT1 76

Problème de cette vision de la firme :• Les entreprises modernes sont souvent

caractérisées par la séparation de la propriété et du contrôle.

• Exemple : les sociétés par action– Contrôle résiduel : les dirigeants– Bénéfice résiduel : les actionnaires

• Comment concilier ce constat avec la vision ‘contractualiste’ qui caractérise les approches néo-classiques récentes de l’organisation industrielle?

• Solution : la théorie de l’agence

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Olivier Brossard, IEP, LEREPS-UT1 77

I.2.2.2. La théorie de l’agence• Définition «relation d’agence» : apparaît dès qu’un

particulier (ou une entreprise) confie plus ou moins complètement la gestion de ses intérêts à autrui. • En termes juridiques on parlerait de mandat, mais la relation

d’agence ne suppose pas obligatoirement la signature d’un acte juridique entre les deux parties.

• Terminologie anglo-saxonne : Mandant = « principal » Mandataire = « agent » • La relation principal-agent se caractérise par une

asymétrie d’information ayant 2 conséquences : Sélection adverse Aléa moral

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Olivier Brossard, IEP, LEREPS-UT1 78

La théorie de l’agence• Exemples de situations d’aléa moral : l’assuré contre le

vol a tendance à moins se protéger ; si votre automobile est assurée tout risques vous conduirez peut être plus dangereusement ; un médecin pour éviter les erreurs médicales risque de prescrire un nombre considérable d’examens dont beaucoup peuvent être inutiles

• Exemples de situations de sélection adverse : si l’on est dans un système où les assurances santé sont privées, les femmes qui désirent avoir des enfants dans la période à venir souscriront de préférence des contrats qui offrent une couverture généreuse des dépenses liées à la maternité. Or les projets de maternité sont des informations privées auquel l’assureur ne peut avoir accès. Il y aura donc un biais dans la sélection des souscripteurs à ce type d’assurance. Akerlof : marché des voitures d’occasion

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Olivier Brossard, IEP, LEREPS-UT1 79

Exemples de relations d’agence

• Dans la relation médecin - patient, le patient est le principal qui confie sa santé au médecin qui est l’agent.

• Un épargnant qui est le principal peut confier son patrimoine à un intermédiaire financier qui est l’agent

• Un automobiliste qui est le principal confie sa voiture pour réparation à un garagiste qui est l’agent

• Un actionnaire qui est le principal confie la gestion de l’entreprise dont il est en partie propriétaire à un PDG qui est l’agent

• Un employeur qui est le principal confie un certain travail a un employé qui est l’agent.

etc.

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Olivier Brossard, IEP, LEREPS-UT1 80

Comment résoudre ces problèmes supportés par le ‘principal’ ?

• Un article fondateur : Jensen M. C. and Meckling W. [1976], “ Theory of the Firm : Managerial Behaviour, Agency costs and Ownership Structure ”, Journal of Financial Economics, Vol. 3, pp. 305-360.

• La théorie de l’agence recommande de chercher les contrats optimaux : règles de partage des rémunérations et des sanctions qui permettent de satisfaire au mieux l’agent et le principal.

• Ce système génère des coûts d’agence.• 1) Dépenses de ‘monitoring’ et d’incitation supportées par le

principal. Par exemple les systèmes de rémunérations avec intéressement.

• 2) Coûts d’obligation, qui eux sont supportés par l’agent. Exemple : Le coût de certaines assurances peut être classé ici. Exemple l’assurance dépôts.(banque : l’agent, le déposants : le principal).

• 3) La « perte résiduelle » : coût d’opportunité lié à l’information asymétrique. Mesuré par la différence avec les gains qui auraient été obtenus par le principal en l’absence de cette asymétrie.

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Olivier Brossard, IEP, LEREPS-UT1 81

Comment la nature de la firme est-elle appréhendée par la théorie de l’agence?

• Une interprétation nouvelle de l’entreprise : un ensemble de relations principal - agent où les acteurs impliqués peuvent, dans certaines relations, être principal et dans d’autres agent.

• Ainsi, dans la relation actionnaires - dirigeants, le dirigeant est agent mais dans la relation salariale, le dirigeant est principal et le salarié agent. L’entreprise est donc un nœud de contrats.

• Problèmes : – Les frontières de la firme sont floues (les relations externes et internes

sont appréhendées avec la même logique : expl. banques et salariés)– La coordination interne (hiérarchique) et externe (marché) sont supposées

être de même natures : des contrats– Les contrats ont tendance à nier les relations conflictuelles ou de

domination