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Pour citer cet article : Costes V. Pathologie buccale et stomatologique. Cas n o 3 : tumeur kératokystique odontogène (kératokyste odontogène). Annales de pathologie (2014), http://dx.doi.org/10.1016/j.annpat.2014.04.005 ARTICLE IN PRESS Modele + ANNPAT-921; No. of Pages 3 Annales de pathologie (2014) xxx, xxx—xxx Disponible en ligne sur ScienceDirect www.sciencedirect.com HISTOSÉMINAIRE DE LA SOCIÉTÉ FRANC ¸AISE DE PATHOLOGIE Pathologie buccale et stomatologique. Cas n o 3 : tumeur kératokystique odontogène (kératokyste odontogène) Oral and stomatological pathology. Case 3: Odontogenic keratocyst Valérie Costes Département de biopathologie, CHU de Montpellier, 34250 Montpellier cedex 5, France Accepté pour publication le 7 avril 2014 Renseignements cliniques Homme de 32 ans. Kyste uniloculaire de la mandibule postérieure. Diagnostic Tumeur kératokystique odontogène (kératokyste odontogène). Description du cas Kyste d’environ 1,5 cm limité par un épithélium malpighien kératinisé avec présence de kystes satellites (Fig. 1). L’épithélium malpighien est kératinisé avec parakératose (Fig. 2). Par place la couche basale paraît haute avec présence de ponts intercellulaires et de rares mitoses (Fig. 3). Le kyste est pluri-diverticulaire avec présence de « vésicules filles » ou « kystes satellites » à contenu squameux et nécrotique dans la paroi (Fig. 4). Clinique et épidémiologie Le kératokyste odontogène (tumeur odontogène kératokystique [TOK]) a été reclassé avec les tumeurs du fait de son comportement localement agressif et de son index de prolifé- ration élevé avec expression supra-basale de P63. De plus, une perte d’hétérozygotie du gène suppresseur de tumeur PTCH a été décrite dans les cas associés au syndrome des carcinomes nævoïdes à cellules basales (syndrome de Gorlin) [1,2]. Adresse e-mail : v-costes [email protected] http://dx.doi.org/10.1016/j.annpat.2014.04.005 0242-6498/© 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Pathologie buccale et stomatologique. Cas no 3 : tumeur kératokystique odontogène (kératokyste odontogène)

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Page 1: Pathologie buccale et stomatologique. Cas no 3 : tumeur kératokystique odontogène (kératokyste odontogène)

ARTICLE IN PRESSModele +ANNPAT-921; No. of Pages 3

Annales de pathologie (2014) xxx, xxx—xxx

Disponible en ligne sur

ScienceDirectwww.sciencedirect.com

HISTOSÉMINAIRE DE LA SOCIÉTÉ FRANCAISE DE PATHOLOGIE

Pathologie buccale et stomatologique.Cas no 3 : tumeur kératokystiqueodontogène (kératokyste odontogène)

Oral and stomatological pathology. Case 3: Odontogenickeratocyst

Valérie Costes

Département de biopathologie, CHU de Montpellier, 34250 Montpellier cedex 5, France

Accepté pour publication le 7 avril 2014

Renseignements cliniques

Pour citer cet article : Costes V. Pathologie buccale et stomatologique. Cas no 3 : tumeur kératokystique odontogène(kératokyste odontogène). Annales de pathologie (2014), http://dx.doi.org/10.1016/j.annpat.2014.04.005

Homme de 32 ans. Kyste uniloculaire de la mandibule postérieure.

Diagnostic

Tumeur kératokystique odontogène (kératokyste odontogène).

Description du cas

Kyste d’environ 1,5 cm limité par un épithélium malpighien kératinisé avec présence dekystes satellites (Fig. 1). L’épithélium malpighien est kératinisé avec parakératose (Fig. 2).Par place la couche basale paraît haute avec présence de ponts intercellulaires et de raresmitoses (Fig. 3). Le kyste est pluri-diverticulaire avec présence de « vésicules filles » ou« kystes satellites » à contenu squameux et nécrotique dans la paroi (Fig. 4).

Clinique et épidémiologie

Le kératokyste odontogène (tumeur odontogène kératokystique [TOK]) a été reclassé avecles tumeurs du fait de son comportement localement agressif et de son index de prolifé-ration élevé avec expression supra-basale de P63. De plus, une perte d’hétérozygotie dugène suppresseur de tumeur PTCH a été décrite dans les cas associés au syndrome descarcinomes nævoïdes à cellules basales (syndrome de Gorlin) [1,2].

Adresse e-mail : v-costes [email protected]

http://dx.doi.org/10.1016/j.annpat.2014.04.0050242-6498/© 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

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2 V. Costes

Figure 1. Kératokyste odontogène : kyste d’environ 1,5 cm limitépar un épithélium malpighien kératinisé avec présence de kystessatellites dans la paroi.Ot

FkOp

ed

FdsOl

Fdnoyaux.Odontogenic keratocyst: basal layer is slightly hyperplastic with

dontogenic keratocyst: 1.5 cm large cyst lined by a squamous kera-inized epithelium with satellite cysts in the wall.

Pour citer cet article : Costes V. Pathologie buccale et stom(kératokyste odontogène). Annales de pathologie (2014), http:

igure 2. Kératokyste odontogène : l’épithélium malpighien estératinisé avec parakératose.dontogenic keratocyst: keratinized squamous epithelium showsarakeratosis.

Quarante pour cent des cas sporadiques surviennentntre la troisième et la quatrième décade avec un sex-ratioe 2H/1F. Il correspond à une radio-clarté généralement

igure 3. Kératokyste odontogène : le kyste est pluri-iverticulaire avec présence de « kystes satellites » à contenuquameux et nécrotique dans la paroi.dontogenic keratocyst: cyst is plurilocular with presence of satel-

ite cysts with squams and necrotic debris in lumen.

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igure 4. Kératokyste odontogène : la couche basale paraîtiscrètement hyperplasique avec arrangement palissadique des

atologique. Cas no 3 : tumeur kératokystique odontogène//dx.doi.org/10.1016/j.annpat.2014.04.005

alisading of basal cell nuclei.

niloculaire située le plus souvent dans la mandibule pos-érieure (70 %).

Un tiers des cas est associé à une dent impactée.Dans la forme syndromique les lésions sont multiples et

’accompagnent de côtes bifides, de calcifications de la fauxérébrale, de fibromes ovariens, de puits cutanés palmo-lantaires et parfois d’un médulloblastome. La mutation duène PTCH est aussi décrite dans certains kératokystes nonyndromiques [1,2].

escription histologique

e kyste est limité par un épithélium malpighien de 4 à0 couches avec hyperkératose et une surface onduléeFig. 1) Des kystes satellites appelés aussi vésicules fillesont présents dans la paroi. Des débris de kératine rem-lissent leurs lumières (Fig. 4). L’hyperkératose est parfoisrthokératosique mais au moins focalement parakératosiqueFig. 5). Les noyaux de la couche basale prennent un aspect

igure 5. Kératokyste odontogène : le revêtement est de typealpighien avec foyers de parakératose.dontogenic keratocyst: squamous epithelium shows parakerato-is.

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Pathologie buccale et stomatologique. Cas no 3

Figure 6. Kyste odontogène orthokératinisant : kyste limité par

un épithélium malpighien avec épaisse couche orthokératinisée.Orthokeratinized odontogenic cyst: cyst lined by thickly orthoke-ratinized epithelium.

Pour citer cet article : Costes V. Pathologie buccale et stom(kératokyste odontogène). Annales de pathologie (2014), http:

Figure 7. Épithélium orthokératinisant avec présence d’unecouche granuleuse. La couche basale ne montre pas d’arrangementpalissadique des noyaux.Orthokeratinized epithelium with a granular layer. Basal cells donot exhibit palisading of nuclei.

caractéristique palissadique (Fig. 3) [3]. On peut observerdes mitoses L’index de prolifération n’est pas négligeableet P63 et P53 sont exprimés par les cellules supra-basales[4].

Diagnostics différentiels

Le kyste odontogène orthokératinisant comme son noml’indique est limité par un épithélium sans parakératose(Fig. 6 et 7). On ne retrouve pas l’aspect palissadique des

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couches basales ni les kystes satellites [5]. Le diagnostic dif-férentiel est important car il s’agit d’un kyste congénital aufaible pouvoir de récidive.

Traitement et évolution

Le taux de récidive varie de 10 à 40 % en fonction du trai-tement initial. Une résection monobloc ou une énucléationavec application de solution de Carnoy est conseillée. Lecuretage n’est pas indiqué.

POINTS IMPORTANTS À RETENIR

• La tumeur odontogène kératokystique estlocalement agressive.

• La présence d’une couche basale « proliférative »et de kystes satellites sont caractéristiques.

Déclaration d’intérêts

atologique. Cas no 3 : tumeur kératokystique odontogène//dx.doi.org/10.1016/j.annpat.2014.04.005

L’auteur n’a pas transmis de déclaration de conflitsd’intérêts.

Références

[1] Agaram NP, Collins BM, Barnes L, et al. Molecular analysisdemonstrate that odontogenic keratocysts are neoplastic. ArchPathol Lab Med 2004;128:313—7.

[2] Henley J, Summerlin DJ, Tomich C, et al. Molecular evidencesupporting the neoplastic nature of odontogenic keratocysts: alaser capture microdissection study of 15 cases. Histopathology2005;47:582—6.

[3] Boffano P, Ruga E, Gallesio C. Keratocystic odontogenic tumor:preliminary retrospective review of epidemiologic, clinical, andradiologic features of 261 lésions from university of Turin. J OralMaxillofac Surg 2010;68:2994—9.

[4] Gurgel CA, Ramos EA, Azevedo RA, et al. Expressionof Ki-67, p53 and p63 proteins in keratocyste odontogenictumors: an immunohistochemical study. J Mol Histol 2008;39:311—6.

[5] Aragaki T, Michi Y, Katsube K, et al. Comprehensive kera-tin profiling reveals different histopathogenesis of keratocysticodontogenetic tumor and orthokeratinized odontogenic cyst.Hum pathol 2010;41:1718—25.