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Pollution atmosphérique Pathologie non allergique et exposition aux moisissures domestiques § Non allergic disorders associated with domestic moulds A. Palot a,b , C. Charpin-Kadouch c , H. Dumon d , D. Charpin a, * ,b a Service de pneumologie-allergologie, hôpital Nord, chemin des Bourrelly, 13015 Marseille, France b UMR MD2 P2 COE, IFR Jean-Roche, faculté de médecine, université de la Mediterranée, Marseille, France c Association conseil habitat-santé, hôpital Nord, chemin des Bourrelly, 13015 Marseille, France d Laboratoire de parasitologie et de mycologie de l’environnement, chemin de I’Armée-d’Afrique, 13005 Marseille, France Reçu le 6 février 2009 ; accepté le 21 septembre 2009 Disponible sur Internet le 28 avril 2010 Coordonnée par D. Charpin et J.C. Dalphin Résumé Introduction.La présence de moisissures dans les logements est fréquente. Le pneumologue doit donc en connaître les risques pour la santé. E ´ tat des connaissances.Les aérocontaminants de l’air intérieur de logements contaminés par des moisissures sont extrêmement nombreux. Les effets sanitaires ne peuvent être rattachés à un aérocontaminant unique. Dans le domaine respiratoire, en dehors des relations avec l’allergie et l’asthme, l’exposition aux moisissures est liée à une prévalence accrue de symptômes ORL et respiratoires. Les moisissures hydrophiles ont un impact plus marqué sur la santé. Parmi les maladies respiratoires, seules les fièvres d’inhalation et, probablement, les infections respiratoires de l’enfant pourraient y être reliées. Les relations entre l’exposition aux moisissures domestiques et des pathologies telles que la sinusite, le syndrome d’irritation muqueuse, les infections respiratoires de l’adulte, la BPCO et les hémorragies pulmonaires sont peu documentées. Pour les effets extrarespiratoires, cutanés, gastro-intestinaux, neuropsychiques et les cancers, les données de la littérature ne sont pas concluantes. Perspectives.Les incertitudes sont encore très nombreuses. Pourtant, la réglementation et l’effort de recherche sont importants. Conclusion.Il s’agit là d’un problème sanitaire majeur qui demande pour sa meilleure maîtrise une mobilisation de nombreux acteurs et des financements considérables. # 2010 Publié par Elsevier Masson SAS. Mots clés : Environnement ; Santé ; Humidité ; Moisissures ; Mycotoxines ; Bactéries ; Glucans ; Endotoxines Abstract Introduction.Mouldy surfaces are encountered in up to 20% of dwellings. Because this indoor air contamination is so widespread, respiratory physicians should be aware of its effects on health and especially of its impact on respiratory diseases. Background.The air contaminants within mouldy dwellings are very diverse. Therefore, a given heath effect cannot be attributed specifically to an individual contaminant. In the field of respiratory diseases, excluding asthma and allergy, long-term exposure to indoor moulds has been recognized as a risk factor for both ENT and bronchial symptoms. Hydrophilic moulds seem to have a larger health impact than other mould species. Among respiratory diseases, inhalation fever and, to a lesser extent, childhood respiratory infections are linked to exposure to moulds. In contrast, the relationship between exposure to indoor moulds and diseases such as sinusitis, mucous irritation syndrome, recurrent respiratory infections in adults, COPD and pulmonary haemorrhage has not been clearly established. Viewpoint.There are still many scientific uncertainties in this field. However, the authorities are becoming more active in dealing with unhealthy buildings and encouraging research. Conclusion.The health impact of mouldy dwellings represents a major public health issue. It needs incentives from institutions and financial support as well as the involvement of many specialists. # 2010 Published by Elsevier Masson SAS. Keywords: Environment; Health; Humidity; Moulds; Mycotoxins; Bacteria; Glucans; Endotoxins Revue française d’allergologie 51 (2011) 439445 § Article publié conjointement avec la Revue des maladies respiratoires. * Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (D. Charpin). 1877-0320/$ see front matter # 2010 Publié par Elsevier Masson SAS. doi:10.1016/j.reval.2010.03.007

Pathologie non allergique et exposition aux moisissures domestiques

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Pollution atmosphérique

Pathologie non allergique et exposition aux moisissures domestiques§

Non allergic disorders associated with domestic moulds

A. Palot a,b, C. Charpin-Kadouch c, H. Dumon d, D. Charpin a,*,b

a Service de pneumologie-allergologie, hôpital Nord, chemin des Bourrelly, 13015 Marseille, Franceb UMR MD2 P2 COE, IFR Jean-Roche, faculté de médecine, université de la Mediterranée, Marseille, France

c Association conseil habitat-santé, hôpital Nord, chemin des Bourrelly, 13015 Marseille, Franced Laboratoire de parasitologie et de mycologie de l’environnement, chemin de I’Armée-d’Afrique, 13005 Marseille, France

Reçu le 6 février 2009 ; accepté le 21 septembre 2009

Disponible sur Internet le 28 avril 2010

Coordonnée par D. Charpin et J.C. Dalphin

Résumé

Introduction.– La présence de moisissures dans les logements est fréquente. Le pneumologue doit donc en connaître les risques pour la santé.Etat des connaissances.– Les aérocontaminants de l’air intérieur de logements contaminés par des moisissures sont extrêmement nombreux. Leseffets sanitaires ne peuvent être rattachés à un aérocontaminant unique. Dans le domaine respiratoire, en dehors des relations avec l’allergie etl’asthme, l’exposition aux moisissures est liée à une prévalence accrue de symptômes ORL et respiratoires. Les moisissures hydrophiles ont unimpact plus marqué sur la santé. Parmi les maladies respiratoires, seules les fièvres d’inhalation et, probablement, les infections respiratoires del’enfant pourraient y être reliées. Les relations entre l’exposition aux moisissures domestiques et des pathologies telles que la sinusite, le syndromed’irritation muqueuse, les infections respiratoires de l’adulte, la BPCO et les hémorragies pulmonaires sont peu documentées. Pour les effetsextrarespiratoires, cutanés, gastro-intestinaux, neuropsychiques et les cancers, les données de la littérature ne sont pas concluantes.Perspectives.– Les incertitudes sont encore très nombreuses. Pourtant, la réglementation et l’effort de recherche sont importants.Conclusion.– Il s’agit là d’un problème sanitaire majeur qui demande pour sa meilleure maîtrise une mobilisation de nombreux acteurs et desfinancements considérables.# 2010 Publié par Elsevier Masson SAS.

Mots clés : Environnement ; Santé ; Humidité ; Moisissures ; Mycotoxines ; Bactéries ; Glucans ; Endotoxines

Abstract

Introduction.– Mouldy surfaces are encountered in up to 20% of dwellings. Because this indoor air contamination is so widespread, respiratoryphysicians should be aware of its effects on health and especially of its impact on respiratory diseases.Background.– The air contaminants within mouldy dwellings are very diverse. Therefore, a given heath effect cannot be attributed specifically toan individual contaminant. In the field of respiratory diseases, excluding asthma and allergy, long-term exposure to indoor moulds has beenrecognized as a risk factor for both ENT and bronchial symptoms. Hydrophilic moulds seem to have a larger health impact than other mouldspecies. Among respiratory diseases, inhalation fever and, to a lesser extent, childhood respiratory infections are linked to exposure to moulds. Incontrast, the relationship between exposure to indoor moulds and diseases such as sinusitis, mucous irritation syndrome, recurrent respiratoryinfections in adults, COPD and pulmonary haemorrhage has not been clearly established.Viewpoint.– There are still many scientific uncertainties in this field. However, the authorities are becoming more active in dealing with unhealthybuildings and encouraging research.Conclusion.– The health impact of mouldy dwellings represents a major public health issue. It needs incentives from institutions and financialsupport as well as the involvement of many specialists.# 2010 Published by Elsevier Masson SAS.

Keywords: Environment; Health; Humidity; Moulds; Mycotoxins; Bacteria; Glucans; Endotoxins

Revue française d’allergologie 51 (2011) 439–445

§ Article publié conjointement avec la Revue des maladies respiratoires.* Auteur correspondant.

Adresse e-mail : [email protected] (D. Charpin).

1877-0320/$ – see front matter # 2010 Publié par Elsevier Masson SAS.doi:10.1016/j.reval.2010.03.007

A. Palot et al. / Revue française d’allergologie 51 (2011) 439–445440

1. Introduction

La fréquence avec laquelle on retrouve des moisissures dansles logements est très élevée. Dans l’enquête menée par l’Inseeen 2002 auprès d’un échantillon représentatif de 32 000 loge-ments français, la présence de taches de moisissures estrapportée par 23 % des occupants [1]. Cette même enquête,renouvelée en 2006 auprès de 40 000 ménages, conclut à unpourcentage très voisin (données non publiées). Curieusement,la présence de moisissures n’a fait son apparition dans la « grilled’insalubrité » utilisée par les DDASS chargées de la policesanitaire des logements qu’en 2003 [2]. Ce n’est qu’en2002 qu’une première institution, l’Institut de santé publique duQuébec a reconnu la nocivité d’une exposition prolongée auxmoisissures domestiques [3] ! Pourquoi ce retard ? Parce qu’ilest difficile, encore aujourd’hui, d’attribuer formellement leseffets sanitaires constatés chez les occupants de logementscontaminés par des moisissures à ces moisissures, du fait de lamultiplicité des aérocontaminants rencontrés dans ces loge-ments. L’inventaire des effets sanitaires est lui-même provisoireen raison des nombreuses incertitudes scientifiques dans cedomaine. Par ailleurs, les moisissures étant ubiquitaires, leurprésence dans les logements peut sembler « normale ».

1.1. Aérocontaminants rencontrés dans les logementscontaminés par les moisissures et leurs effets élémentaires

Ils concernent des substances appartenant à la cellulefongique (glucans), des produits du métabolisme primaire de lamoisissure (composés organiques volatils microbiens) ou à sonmétabolisme secondaire (mycotoxines). L’impact desallergènes qui se trouvent sur les spores fongiques est traitédans un autre article de cette « série ».

1.1.1. GlucansCe sont les b (1–3) glucanes qui sont des polymères du

glucose de haut poids moléculaire, présents dans les paroisfongiques. Le dosage des glucanes ne donne pas d’informationsur l’espèce de moisissure présente dans l’habitat. Cependant,quelques études rapportent une augmentation de la prévalencedes signes respiratoires corrélée à l’augmentation du taux deglucanes chez des personnes exposées [4]. Leur dosage est faitpar la méthode de coagulation des glucanes avec un lysatd’amoebocytes du crabe Limulus polyphemus (méthode limulusamoebocyte lysate [LAL]) modifiée ou LAL modifié ou testimmunochimique (enzyme immuno-assay) [5]. Le premier testest simple et sensible, mais manque de spécificité alors que lesecond est reproductible et spécifique mais manque desensibilité sur les échantillons d’air. Les faiblesses de chacundes deux tests expliquent les difficultés d’établir des seuils. Ilsdoivent être couplés dans la mesure du possible [6].

1.1.2. Composés organiques volatilsIssus en grande quantité lors du métabolisme primaire des

moisissures, ils sont appelés microbial volatile organiccompounds (MCOV). Ils sont responsables de l’odeurcaractéristique de « moisi ». Ils sont utilisés pour la détection

d’une contamination fongique non visible à l’oeil nu car ilspeuvent diffuser au travers des matériaux (revêtements muraux,planchers) [7]. Les MCOV ne sont pas spécifiques d’une espècecar leur synthèse dépend aussi du substrat et de la phase decroissance de la moisissure. Leur concentration ne fait pasencore l’objet de normes de référence [6]. Ils sont prélevés surtubes adsorbants par des techniques de prélèvements passif ouactif. Après extraction, ils sont mesurés par chromatographiegazeuse et spectrométrie de masse [6]. La mesure des MCOVmanque pour l’instant de spécificité. Des recherches in vivosont nécessaires pour déterminer spécifiquement quelscomposés sont émis par quelles espèces, en présence de quelsubstrat, avant de pouvoir éventuellement utiliser les MCOVcomme marqueurs d’exposition [6]. Leur rôle clinique arécemment été évalué dans une étude en simple insu danslaquelle les auteurs mesuraient les concentrations de différentsMCOV dans 40 logements ayant fait l’objet d’un dégâts deseaux et 40 logements témoins [8]. Seules les concentrations en2-méthyl-1-butanol et 1-octène-3-ol différaient significative-ment mais les différences étaient faibles et les auteurs estimentque la présence des moisissures n’explique qu’environ 10 % dela différence de concentrations entre les deux groupes.

L’effet irritatif des moisissures va s’exprimer au niveau dezones corporelles qui peuvent être en contact avec ces différentscomposés. Il s’agit donc des muqueuses oculaire, nasale,digestive et bronchique ainsi que de la peau. Leur mécanismeexact d’action est inconnu mais semble passer par unphénomène local de contact entraînant une irritation mécaniquedue aux glucanes et aux MCOV. Puis, dans un second temps, il yaurait un mécanisme d’irritation chimique en rapport avec lesmycotoxines contenues dans les spores [9].

Les signes cliniques fréquemment rapportés par les sujetsexposés aux moisissures sont une rhinoconjonctivite, uneirritation de l’oropharynx et de l’arbre bronchique et desdémangeaisons [10,11]. L’étude expérimentale chez la sourisde Korpi a montré que la concentration d’un ensemble de cinqCOV fongiques nécessaire pour réduire de 50 % la fréquencerespiratoire était 3,6 fois moins forte que celle des composantspris chacun séparément. Cette étude suggère que les MCOVontune action synergique.

1.1.3. MycotoxinesSelon la définition qu’en a donné Pitt [12], les mycotoxines

sont des « métabolites de champignons qui, quand ils sontingérés, inhalés ou absorbés par la peau altèrent les capacités deréaction et provoquent des maladies ou la mort chez l’hommeou l’animal, y compris les oiseaux ».

Ces métabolites secondaires sont peu volatils, élaborés parles moisissures lors du métabolisme secondaire sous certainesconditions environnementales (substrat [12], température ethumidité [13,14]) et responsables de toxicité avérée chezl’homme et l’animal. Les mycotoxines sont directement aucontact des cellules qui tapissent les parois bronchiques et desmacrophages du poumon profond. Elles induisent l’apoptosedes macrophages par un mécanisme d’oxydation, ce qui peutlaisser présager une diminution de la résistance aux infectionsbactériennes et virales [15,16]. Le métabolisme secondaire

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diffère du primaire par la nature aléatoire de son activation, parla diversité des composés formés et la spécificité des souchesimpliquées. Il n’est pas lié à la croissance cellulaire maisrépond généralement à des signaux issus de l’environnement duchampignon. À l’heure actuelle, seules certaines espèces demoisissures sont connues comme ayant la capacité de produiredes toxines. Leur biosynthèse est dépendante de plusieursfacteurs, comme la température, l’intensité lumineuse, ledioxyde de carbone, les éléments nutritifs disponibles et laprésence d’autres espèces en compétition [17]. Les mycotox-ines se retrouvent dans le mycélium et les spores [18] et peuventdiffuser dans le substratum. Il y a plus de 400 mycotoxinesrépertoriées [19], mais environ une vingtaine sont considéréescomme potentiellement dangereuses pour l’homme et l’animal.Différents auteurs évoquent l’hypothèse selon laquelle cer-taines mycotoxines présentent dans les bio-aérosols pourraientêtre responsables d’effets délétères [18,20–22]. Les effetspossibles d’une exposition aux mycotoxines sont multiples etvarient selon le type de mycotoxine, la nature et l’ampleur del’exposition ainsi que la susceptibilité du sujet exposé [22]. Unemême espèce de moisissure peut produire plusieurs toxines [23]et inversement, différentes moisissures peuvent produire lamême toxine.

Les mycotoxines sont présentes, en faible quantité, danstoute une série de produits de l’alimentation humaine etanimale. Elles ne provoquent des maladies chez l’homme etl’animal que lorsqu’elles sont ingérées en quantité importante.L’industrie agro-alimentaire a donc élaboré différentes tech-niques de dosage des mycotoxines afin de surveiller unecontamination potentielle. Les normes sont très strictes. Lesméthodes très sensibles comme la chromatographie gazeuse, lachromatographie sur couche mince et la spectrophotométrie demasse [24] sont peu utilisées car nécessitent du matériel trèsonéreux et sont longues à réaliser. Les tests immunologiquesconstituent la pierre d’angle des tests rapides, sensibles etspécifiques de détection des mycotoxines : les tests radio-immuno-assays (RIA) et les tests Elisa.

Le Stachybotrys chartarum produit de nombreuses myco-toxines [25] : les trichothécènes simples (trichodermine,trichodermol [26,27] et verrucarol), les trichovérroïdes(trichoverrols et trichoverrines [26]), les drimanes spirocycli-ques (spironolactames et spironolactones) [28] ; les atrones[29] ; la stachylysine [30] et les trichothécènes macrocycliques(verrucarine B et J ; roridine D, E, isoE et L2 ; satratoxines F,isoF, G, isoG, H, isoH). Une des classes de mycotoxines les pluspuissantes, dénommée trichothécènes macrocycliques a étémise en évidence par des techniques basées sur l’existenced’une cytotoxicité sur cultures cellulaires en présence dematériaux de construction contaminés par Stachybotryschartarum [31], directement par dosage chromatographiqueet analyse en spectrographie de masse d’échantillons égalementcontaminés [32], par technique Elisa appliquée à deséchantillons d’air prélevés dans des locaux contaminés [33]ou à des échantillons sanguins de personnes ainsi exposées [34],enfin par la mesure d’anticorps spécifiques chez des résidantsde logements victimes de dégâts des eaux [35,36]. Les diverstrichothécènes, substances inhibant la synthèse protéique et

entraînant des lésions sur l’ADN des cellules eucaryotes [37]sont responsables de la plupart des effets toxiques des espècesqui en génèrent. La stachylysine, par exemple, seraitresponsable de la stachybotryotoxicose pulmonaire enentraînant des lésions vasculaires responsables d’hémorragiesalvéolaires chez les nourrissons [38].

Le contact avec les mycotoxines peut être à l’origine d’unetoxicité aiguë et chronique. Les effets délétères sont décrits surl’appareil respiratoire, les muqueuses nasale et oculaire, lapeau, le système immunitaire, le système nerveux central ainsique sur l’appareil digestif. Ces toxicités peuvent égalemententraîner la mort [39].

1.1.4. BactériesLes espèces bactériennes retrouvées dans les logements

humides, particulièrement Streptomyces californicus, Myco-bacterium terrae, Bacillus cereus et Pseudomonas fluorescenssont capables, chez la souris, par voie inhalée, d’induire depuissantes réactions inflammatoires dont témoigne la produc-tion de NO, de TNF-alpha et de réduire la viabilité desmacrophages pulmonaires. Ces propriétés sont notamment enrelation avec la production par les bactéries d’endotoxines.

� On retrouve des aerocontaminants dans la

cellule fongique (glucanes), des produits

du metabolisme primaire de la moisissure

(composes organiques volatils) ou de son

metabolisme secondaire (mycotoxines).

� Les b (1–3) glucanes sont des polymeres du

glucose de haut poids moleculaire qui sem-

blent augmenter la prevalence des signes

respiratoires.

� Les composes organiques volatils sont derives

du metabolisme primaire des moisissures et ils

ont un effets synergique mutuel.

� L’irritation induite par les moisissures est due a

un contact local (muqueuses oculaire, nasale,

digestive et bronchique et peau).

� Les mycotoxines sont des « metabolites de

champignons » peu volatils, elaborees par les

moisissures lors du metabolisme secondaire,

et dont une vingtaine (sur 400) sont respon-

sables de toxicite averee chez l’homme et

l’animal par voie alimentaire (consommation

d’aliments moisis).

� La toxicite des mycotoxines pourrait etre aigue

et chronique.

1.2. Effets sur la santé

En exergue, on rappelle que l’on ne peut attribuer un effetsanitaire à l’un ou l’autre des aérocontaminants de l’airintérieur. Les associations dont il est fait état ci-aprèsconcernent l’air intérieur dans son ensemble.

Tableau 1Conclusion du groupe de travail de l’Institut de médecine américain sur lesrelations entre exposition aux moisissures ou autres aérocontaminants ren-contrés dans les logements humides et les effets sanitaires chez les personnesexposées [40].

Preuves suffisantes de l’existence d’une associationSymptômes ORLSifflementsTouxSymptômes asthmatiques chez des patients sensibilisésPneumopathie d’hypersensibilité chez des personnes sensibilisées

Preuves limitéesInfection bronchique et pulmonaire chez l’enfant

Preuves insuffisantesDyspnéeSymptômes cutanésApparition d’un asthmeProblèmes gastro-intestinauxObstruction bronchique chez des personnes parailleurs en bonne santéFatigueBronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO)Symptômes neuropsychiquesFièvre d’inhalation en dehors du milieu professionnelCancerInfection respiratoire basse chez l’adulteimmunocompétentEffets sur la reproductionHémorragies alvéolaires du nourrissonAffections rhumatologiques et auto-immunes

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Les effets sur la santé peuvent classés en effets respiratoireset extrarespiratoires. Ce chapitre a fait l’objet d’une mise aupoint très documentée des « National Academies » américainesen 2004 [40]. Nous évoquerons aussi les publications paruesaprès cette date.

1.2.1. Effets respiratoires1.2.1.1. Exposition aux moisissures et symptômes respiratoir-es. Symptômes ORL. Le rapport de synthèse de l’Institut demédecine américain porte sur 14 études épidémiologiquestransversales publiées entre 1989 et 2002 [40]. Les symptômesen cause sont l’obstruction nasale, les éternuements, l’écoule-ment nasal, le prurit nasal et l’irritation de la gorge. Le rapportconclut qu’il y a des arguments solides pour établir une relationentre le fait d’occuper un logement humide ou contaminé parles moisissures et la présence de symptômes ORL. Depuis cettedate, une méta-analyse a chiffré l’excès de risque desymptômes ORL à 52 % [41]. Les études en questionconcernent aussi bien l’exposition aux moisissures domestiquesque l’exposition en milieu professionnel [42] et scolaire [43].

Symptômes bronchiques. En ce qui concerne la toux,20 études transversales et une étude cas-témoins sont analyséesdans le rapport de l’Institut de médecine américain [40]. Lesauteurs concluent qu’il existe des données convaincantes sur larelation entre occupation d’un logement humide ou contaminépar des moisissures et toux chronique. La méta-analyse dont il aété fait mention [41] a chiffré l’excès de risque de toux chez lesoccupants de logements humide à 67 %, avec une fourchette de49 à 86 %, avec une association statistiquement significativechez l’enfant et l’adulte, mais plus marquée chez l’enfant.

Tableaux 1 et 2.Le symptôme « sifflement dans la poitrine » a donné lieu,

d’après le rapport de l’Institut de médecine américain [40] à sixétudes chez l’adolescent et l’adulte, et 14 chez le nourrisson etl’enfant. Là encore, les auteurs concluent à l’existence d’uneassociation entre exposition à l’humidité ou aux moisissures deson logement et présence de sifflements dans la poitrine. Laméta-analyse de Fisk et al. [41] montre que l’excès de risquepour ce symptôme atteint 44 % chez les occupants de ceslogements et que le risque est plus élevé chez l’enfant que chezl’adulte. Une étude réalisée auprès de 352 personnes ayantoccupé à titre professionnel un bâtiment de 20 étages victimesde dégâts des eaux montre que la survenue d’asthme, sonexacerbation et les symptômes respiratoires étaient plusmarqués quand les personnes avaient été exposées à desmoisissures ayant une activité en eau – Aw– – importante, c’est-à-dire supérieure à 0,9 [44]. Cette observation est importantedans la mesure où, pour la première fois, on montre quel’exposition à certaines espèces fongiques a des conséquencessanitaires plus marquées que pour d’autres. Cela représente unargument pour identifier l’espèce fongique en cause lorsd’audits sanitaires du logement. Or ces audits, réalisés enroutine en France par les DDASS et les services communaux desanté publique, ne comportent pas d’identification des espècesfongiques en cause. Les services de santé publique des autrespays développés ne pratiquent pas non plus d’identificationmycologique.

Le symptôme « dyspnée » n’a fait l’objet que de quatreétudes dans le rapport de l’Institut de médecine américain [40]qui conclut que les données sont insuffisantes, en ce quiconcerne ce symptôme, pour conclure à l’existence d’unerelation.

1.2.1.2. Maladies respiratoires. L’asthme et les maladiesallergiques sont traitées dans un autre chapitre de cette série.Nous considérerons les relations avec la sinusite, la BPCO, lesyndrome d’irritation muqueuse, les infections respiratoires, lesfièvres d’inhalation et les hémorragies pulmonaires.

Sinusites. On peut rencontrer des sinusites fongiqueinvasives, des sinusites fongiques chroniques, des mycétomeset des sinusites allergiques fongiques mais aucune de cesconditions n’a fait la preuve, d’après l’Institut de médecineaméricain, de sa relation avec l’exposition aux moisissuresdomestiques.

BPCO. En dehors du fait que les patients atteints de BPCOpeuvent être victimes d’une greffe aspergillaire, notamments’ils reçoivent des corticoïdes par voie générale, il y a peud’éléments indiquant que l’exposition aux moisissures domes-tiques pourrait être un facteur de risque d’exacerbations oujouer un rôle dans l’apparition de la BPCO.

Syndrome d’irritation muqueuse. Il s’agit de symptômestype rhinorrhée, obstruction nasale, mal de gorge, souventassociés à de la toux, survenant chez les travailleurs agricolesen contact avec des poussières organiques, dont on pense qu’ilssont liés à une hyperréactivité muqueuse. Cette association esttoutefois peu documentée dans le cas d’occupants de logementshumides.

Tableau 2Méta-analyses des associations entre effets respiratoires et présence de moisissures ou d’humidité dans les logements [41].

Nature du risque Population étudiée Nombre d’études OR [intervalle de confiance]

Symptômes ORL Tous 13 1,70 [1,44–2,00]

Toux Tous 18 1,67 [1,49–1,86]Adultes 6 1,52 [1,18–1,96]Enfants 12 1,75 [1,56–1,96]

Sifflements Tous 22 1,50 [1,38–1,64]Adultes 5 1,39 [1,04–1,85]Enfants 17 1,53 [1,39–1,68]

Asthme actif Tous 10 1,56 [1,30–1,86]Asthme dans la vie Tous 8 1,37 [1,23–1,53]Apparition d’un asthme Tous 4 1,34 [0,86–2,10]

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Infections respiratoires. Chez le patient immunodéficient, ilexiste un risque bien documenté d’infection opportuniste,notamment d’aspergillose invasive et d’aspergillome. Chez lesujet immunocompétent, les données chez l’enfant poursoutenir l’existence d’une relation entre les infectionsbronchiques récidivantes et le fait d’occuper un logementhumide ou comportant des moisissures sont limitées. Chezl’adulte, elles sont très insuffisantes.

Fièvres d’inhalation. Il s’agit d’un groupe hétérogèned’affections comme la fièvre des humidificateurs survenant enmilieu du travail chez des travailleurs exposés aux poussièresorganiques des circuits de climatisation ou le poumonmycotoxique survenant chez des travailleurs manipulant desmatériels contaminés par des moisissures. Ce dernier tableauclinique est en fait lié à l’inhalation de poussières contenantdivers aérocontaminants tels que bactéries, moisissures et leursmétabolites. Il se traduit par des signes généraux tels quecéphalées, nausées, asthénie, toux sèche, oppression thoraci-que, voire dyspnée.

Hémorragies pulmonaires. Il s’agit d’un tableau raremais considérablement médiatisé à la suite de cas d’hémor-ragies alvéolaires mortelles survenues chez le nourrisson[45,46]. La relation de causalité entre l’exposition auxmoisissures de l’habitat et ces hémorragies a été longuementet reste débattue [47] du fait de l’existence possible de facteursde confusion comme le tabagisme passif. Le committee onenvironmental health de l’ « American Academy ofPediatrics », dans un rapport récent [48], précise que« Bien que la relation de cause à effet avec la survenued’hémorragies alvéolaires du nourrisson ne soit pas claire-ment établie, d’autres observations cliniques survenuesultérieurement et les résultats des études expérimentalesanimales apportent à cette hypothèse des éléments deplausibilité ».

Recours aux soins et morbidité respiratoire. Dans une autreétude, Sahakian et al. [49] ont mis en évidence, à partir desréponses à un questionnaire standardisé, une association entrela présence de moisissures sur le lieu de travail etl’absentéisme professionnel pour maladie respiratoire et laconsultation d’un spécialiste de cet appareil au cours des12 derniers mois.

1.2.2. Effets extrarespiratoiresNous les passerons brièvement en revue. Il est important

d’en avoir connaissance pour rapporter d’éventuels symptômesrespiratoires à une exposition aux moisissures du logement.

1.2.2.1. Effets cutanés. Chez les patients immunodépriméspeuvent survenir des infections cutanées opportunistes,notamment fongiques, vis-à-vis de Mucor [50], Aspergillusfumigatus [51] et Cladosporium sphaerospermum [52] mais iln’est aucunement démontré que ces moisissures sont d’originedomestique. Les cinq études passées en revue dans le documentde l’Institut de médecine américain ne permettent pas de mettreen évidence une relation entre la dermatite atopique ou dessymptômes irritatifs cutanés et l’exposition aux moisissures del’habitat.

1.2.2.2. Effets gastro-entérologiques. Ils ont été décrits aprèsconsommation d’aliments contaminés par des mycotoxines etconsistent en des brûlures buccales, des nausées, des vomisse-ments et une diarrhée. Les quelques études qui se sont intéresséesau retentissement gastro-entérologique de moisissures inhaléesn’ont pas trouvé d’association avec ces symptômes.

1.2.2.3. Cancers. En dehors du cancer primitif du foie et de sarelation avec la consommation prolongée d’aflatoxine origi-naire des moisissures contaminant les arachides, il n’y a pasd’autres éléments pour incriminer ces aérocontaminants dansl’apparition de cancers.

1.2.2.4. Symptômes neuropsychiques. Il s’agit d’un sujetdifficile, sur lequel peu d’études bien structurées ont étéréalisées. Le rapport de l’Institut de médecine américainrecense huit études sur le sujet dont trois, portant sur de petitseffectifs, mettent en évidence des difficultés d’apprentissage.Ces anomalies pourraient être en relation avec les composésorganiques volatils.

1.3. Valeurs limites

Elles sont très difficiles à établir du fait de la diversité de laflore fongique, de la multiplicité des aérocontaminants associés

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aux moisissures dans l’habitat et de la susceptibilitéindividuelle. À tout cela s’ajoute la diversité des méthodesd’échantillonnage et l’absence de méthode de référence [53].

Goh et al. [54] suggèrent, à partir de l’étude d’ouvriersprofessionnellement exposés aux moisissures, un seuil demoisissures dans l’air ambiant évalué entre 35 et 70 UFC

� Les moisissures peuvent induire des symp-

tomes respiratoires (ORL, bronchiques).

� Elles peuvent aussi induire des maladies

respiratoires : outre l’asthme et les allergies,

ce sont la sinusite, les infections respiratoires

de l’enfant et les fievres d’inhalation.

� Les effets extrarespiratoires, cutanes, gastro-

enterologiques, cancers, et troubles neuropsy-

chiques sont discutes

par mètre cube. La valeur limite d’endotoxines dans l’airambiant se situerait entre 10,5 et 22,3 UE par mètre cube etcelle concernant les bêta-glucans entre 0,9 et 1,7 mg/m3. Ilconvient maintenant de tester ces valeurs de référence pourtester leur robustesse et leur apport dans l’évaluation et lagestion des risques liés aux moisissures présentes à la fois dansles habitats et en milieu professionnel.

2. Conclusion

On voit que, si la notion selon laquelle le fait de vivre dans unlogement contaminé par les moisissures est néfaste pour lasanté est acquise au plan scientifique et politique, lesincertitudes concernant le mode d’action et les effets sur lasanté sont encore nombreuses. On sait encore très peu de chosessur la mesure de l’exposition humaine à ces aérocontaminants,le passage de ces derniers dans l’organisme, ses effetsphysiopathologiques et les conséquences cliniques notammentà long terme. Sans attendre le progrès des connaissances, lespouvoirs publics ont légiféré sur ce thème et l’ont classé parmiles priorités du plan de santé publique et du plan national santé-environnement. Beaucoup reste à faire sur le terrain pourrésorber l’habitat insalubre.

Conflit d’intérêt

Aucun.

Points forts :

� Au moins 20 % des logements sont le siege de

moisissures murales.

� Les aerocontaminants dans un logement

comportant des moisissures sont tres varies :

glucans de la paroi fongique, MCOV qui

sont des metabolites primaires de la moisis-

sure, mycotoxines qui sont des metabolites

secondaires, co-infestation par les bacteries,

leurs constituants (LPS) et leurs metabolites

(endotoxines).

� De ce fait, on ne peut jamais attribuer un effet

sanitaire a un aerocontaminant considere iso-

lement.

� En dehors des exacerbations d’asthme, les

manifestations pouvant etre reliees a la pre-

sence de moisissures sont les symptomes ORL

et bronchiques comme la toux et les sifflements

thoraciques.

� De tres nombreuses incertitudes persistent sur

le role precis de l’exposition aux moisissures

atmospheriques dans de nombreuses autres

pathologies.

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