Patrimoine de la BD

Conseils de lecture – Octobre 2016

12 séries, 30 albums qui ont fait l’histoire du 9ème art. (Re)découvrez ces perles rares,

disponibles en rayon ou dans notre réserve, sur demande.

Conseils de lecture – Octobre 2016

1833

Rodolphe Töpffer, Pierre Horay, 1975

En réserve - Cote : 741.5 TOP

Artiste suisse aux multiples facettes, à la fois pédagogue, écrivain, politicien, critique d’art et dessinateur, Rodolphe Töpffer est considéré comme le créateur et premier théoricien de la bande-dessinée.

Ses récits sont des satires mettant en scène ses contemporains et les mœurs de son temps qu’il critique et ridiculise. La forme employée, inédite à l’époque, se veut innovante et différente des traditionnels romans illustrés ou dessins de presse : sans le dessin, le texte n'aurait pas de sens, mais ce dernier aide à mieux faciliter la compréhension de l'histoire. Les œuvres sont très accessibles par leur concision et leur clarté, le dessin se veut spontané et efficace, donnant un grand dynamisme. En revanche la bulle n’est pas encore présente.

Le succès est immédiat : Goethe compte parmi ses admirateurs. Elles sont régulièrement rééditées de son vivant. Conscient d’avoir inventé un art nouveau, il publie en 1845 Essai de Physiognomonie, premier ouvrage théorique sur ce qui ne s'appelle pas encore la bande dessinée. À la fin de sa vie, Töpffer est très réputé et connu dans toute l'Europe. Progressivement oublié au XXème siècle, il sera redécouvert dans les années 70. Cet album regroupe la quasi-intégralité de ses bandes-dessinées. Un témoignage précieux et une découverte des premiers pas de ce qui allait devenir le neuvième art.

1902

Buster Brown, de Richard Felton Outcault, Pierre Horay, 1976

En réserve - Cote : 741.5 OUT

Buster Brown est un jeune américain de la haute bourgeoisie très farceur, aventurier et surtout malchanceux. N’écoutant jamais les conseils de son chien Tige, il subit ou provoque, à chaque page, un nouveau gag qui se termine toujours de la même manière : une fessée et la rédaction d’une résolution écrite en forme de morale !

Apparu pour la première fois en 1897 dans un épisode du Yellow Kid, le personnage de Buster Brown vit ses propres aventures à partir de 1902 dans le New York Herald. Rapidement, il connaît un très grand succès international. Le personnage est même repris dans de nombreuses publicités. Lassé par la série, Outcault la délaisse à partir de 1909 tout en continuant à réaliser épisodiquement des planches. La dernière paraît en 1926, deux ans avant sa mort.

Œuvre burlesque par excellence, Buster Brown frappe par son dessin ultra expressif et son rythme rapide dans la droite lignée des films comiques de l’époque, remplie de chutes et de cascades. On suppose que Tige est le premier animal de compagnie parlant à apparaître dans les bandes dessinées américaines.

1905

Little Nemo, de Winsor McKay, Pierre Horay, 1975

En réserve - Cote : 741.5 MAC

Nemo est un petit garçon timide, sage et rêveur. Une nuit, Morphée, roi du monde des rêves appelé de Slumberland, l'invite dans son royaume pour le présenter à sa fille, la princesse. Chaque nuit lorsque Nemo s'endort, il entre dans ce monde fantastique pour tenter de la retrouver. On suit alors les aventures mouvementées du jeune dormeur dans un monde aux décors insolites dans lesquels tout semble possible. Rêve ou réalité ?

Little Nemo in Slumberland est une bande dessinée créée en 1905 pour l'hebdomadaire New York Herald qui fut publiée dans différents journaux jusqu’en 1914. Elle est aujourd'hui considérée comme une œuvre majeure de la bande-dessinée, visionnaire dans son approche et admirable dans son dessin, faisant de Winsor McCay un précurseur de la bande dessinée moderne. Plus qu’un simple conte pour enfants, l’oeuvre aborde des sujets sombres, irréels et parfois violents, fortement influencés par l'étude des rêves.

Le magazine Lire situe cette bande dessinée à la 6e place dans son classement des 50 meilleures bandes dessinées du monde.

1920

Bicot, de Martin Branner, Glénat, 1997

Bicot et Suzy, de Martin Branner, Artefact, 1986

En réserve - Cote : BD BRA

Bicot est un enfant des quartiers populaires adopté par une famille de la classe moyenne. Un monde qui ne lui convient pas. Bagarreur, mauvais élève, astucieux, il préfère la rue, fait tourner en bourrique les forces de l’ordre et se venge à l'occasion des contraintes que lui impose sa sœur, Suzy, qui veut en faire un gentleman.

Crée pour le Chicago Tribune en septembre 1920, Winnie Winkle (en français Bicot et Suzy) est la série phare de son auteur.

Série de gags sur une planche tout autant que chronique sociale, Bicot et Suzy se veut une critique de la société de son époque. A l’origine la série était centrée sur Suzy au travers de laquelle Branner abordait le thème alors controversé de l’émancipation de la femme. Par la suite, son petit frère a pris plus d’importance jusqu’à devenir le héros, la série gardant sa dimension sociale. La publication française démarra à cette période.

En 1958, Martin Branner reçoit le National Cartoonist Society Humor Comic Strip Award. Il prend sa retraite en 1962 à la suite d’une crise cardiaque et passe le relais à son assistant Max Van Bibber qui dessinera Winnie Winkle jusqu'en 1981.

1925

Zig et Puce, d’Alain Saint-Ogan, Glénat, 1995

En réserve - Cote : BD SAI

Zig et Puce sont deux enfants cherchant par tous les moyens à atteindre l'Amérique pour y devenir riches. Mais leur voyage est chaque fois contrarié, les menant vers une destination différente mais tout aussi exotique au cours desquelles ils vivent moult aventures drôles et trépidantes. Au Pôle Nord, ils rencontreront Alfred, un pingouin, qui deviendra leur ami.

Paru initialement dans Le Dimanche illustré en 1925, Zig et Puce fut un véritable phénomène de société. D'abord une suite de gags, la série s’est transformée graduellement en récits d'aventure plus structurés. Date importante de la bd franco-belge, ses héros furent les premiers personnages d'expression française à s'exprimer par bulles de façon régulière. Hergé a cité la série comme une de ses influences majeures, en particulier pour Quick et Flupke. Elle connut un grand succès jusqu'à un premier arrêt en 1956.

Le pingouin Alfred déclencha un phénomène de mode sans précédent, faisant l'objet de produits dérivés, apparaissant aux cotés de personnalités comme la chanteuse Mistinguett, l’aviateur Charles Lindbergh et même Gaston Doumergue, président de la République française. En 1974, Alfred devient la mascotte officielle du Festival international de la bande dessinée d'Angoulême. La réplique « T'as le bonjour d'Alfred » est même devenue une expression courante.

1926

Archives Hergé (Tomes 1 à 3), de Hergé, Casterman, 1973, 1978, 1979

En réserve - Cote : 741.5 HER

Lorsque parait Tintin au pays des soviets en 1926 dans la quotidien belge Le petit vingtième, Hergé ignore qu’il vient de donner naissance à l’un des personnages les plus populaires de la bande-dessinée. Accompagné de son chien Milou puis d’une ribambelle de personnages truculents, Tintin, jeune reporter et globe-trotter, parcours le monde et combat ses injustices dans des récits trépidants et riches en rebondissements. Traduites dans une centaine de langues, ses albums se sont vendus à plus de 230 millions d’exemplaires.

Ces 3 albums regroupent les versions originales, en noir et blanc, d’albums d’Hergé qui ne sont plus édités sous cette forme. L’occasion de lire les premières versions de : Tintin au Congo, Tintin en Amérique, Les cigares du pharaon, Le lotus bleu, L’oreille cassée et Les exploits de Quick et Flupke avant qu’ils ne soient redessinés et/ou colorisés voire censurés dans les années 60.

On y trouve également des planches inédites et des premières œuvres rares et peu connues comme Les aventures de Totor (1926) qui met en scène un chef scout vivant des aventures aux Etats-Unis ou Cet aimable Monsieur Mops (1930) des gags burlesques à la Charlie Chaplin. Un trésor pour les fans du plus célèbre reporter et de son auteur.

1935

San Mao – Le petit vagabond, de Zhang Leping, Les éditions Fei, 2014

En rayon - Cote : BD ZHA

Avec ses trois poils sur le caillou, son gilet de paille, sa silhouette gracile, il déambule dans un Shanghai des années 30 devenu le Paris de l’Orient entre concessions étrangères et cabarets luxueux, vitrine qui cache mal la misère et les victimes des luttes incessantes avec les Japonais.

San Mao, c’est le petit frère du Kid de Chaplin, le cousin de Rémi sans famille et pour tous les Chinois un héros national dans un pays au taux d’alphabétisation, à l’époque, déficient.

Zhang Leping (1910-1992), son créateur, grand dessinateur de presse et caricaturiste, nous offre, dans un savant équilibre entre mélodrame et comédie, un regard critique sur la société à travers les yeux d’un enfant. Véritables chroniques sociales sans paroles, cette série est un instantané d’une société.

1947

Bibi Fricotin, de Pierre Lacroix, Vents d‘ouest, 1992

En réserve - Cote : BD LOR

Bibi Fricotin est un jeune garçon facétieux et redresseur de torts vivant des aventures à travers le monde, le temps et l’espace. Accompagné de son ami Razibus Zouzou il devient tour à tour détective, inventeur, aviateur, publicitaire, chercheur d'or, spéléologue, reporter, forain, déménageur, garçon de café, pâtissier ou encore illusionniste !

Le personnage de Bibi Fricotin fut créé en 1924 par le dessinateur français Louis Forton, inventeur des célèbres Pieds Nickelés. Cette version, la troisième, signée Pierre Lacroix (ancien assistant de Forton), démarra en 1947 et fut la plus longue et la plus productive. Aidé au scénario par plusieurs auteurs, Lacroix perpétua d’abord la tradition du garnement solitaire et farceur qui vit de drôles d'aventures. Mais en 1951, il lui adjoint un compère qui ne le quittera plus : Razibus Zouzou. Loin d'instituer un rapport de hiérarchie entre le petit Blanc et le petit Noir, Lacroix fait des deux loustics d'inséparables amis, débrouillards et casse-cou.

Les récits sont d’abord policiers puis vers la fin des années 50 se mettent à intégrer des éléments de fantastique et de science-fiction proposant une grande variété de récits. Le dessin, clair et limpide s’inspire de l’école belge de la ligne claire mise en place par Hergé. Connaissant un rythme de parution frénétique dans plusieurs revues et des adaptations au cinéma, le personnage connut un grand succès sur plusieurs décennies jusqu'à son arrêt en 1988.

1951

Denis la malice : l’intégrale 1951, de Hank Ketcham, Fetjaine, 2013

En rayon - Cote : BD KET

Denis Mitchell, 5 ans, est un petit garçon malicieux et farceur qui adore faire tourner ses parents en bourrique et ne cesse d'exaspérer son voisin retraité, George Wilson. Souvent accompagné de son gros chien blanc, Ruff, il fait les 400 coups.

Denis la Malice est une série de bande-dessinée américaine de type comic-strip créée par Hank Ketcham et publiée dans la presse à partir de Mars 1951. D’abord animateur pour Walter Lantz et Walt Disney, Ketcham créa le personnage de Denis en s'inspirant de son fils de 4 ans alors qu’il venait de saccager sa chambre.

La série se présente d’abord sous la forme d’une case avant d’en compter plusieurs par gag. Le succès est immédiat. Publié dans 48 pays jusqu’en 1994, il valut à son auteur le Reuben Award du Cartoonist of the Year en 1952.

Œuvre acidulée comme un bonbon et effrontée, elle offre, à travers Denis, un archétype du sale gosse naïf et insouciant, symbole d’une Amérique d’après-guerre optimiste connaissant l’opulence et le confort matériel. Chaque gag est une tranche de vie témoignant des habitudes et des mœurs de la « middle class » des années 50.

1951

Pepito, de Bottaro, Vent d’ouest, 1995

En réserve - Cote : BD BOT

Gentil corsaire épris de liberté et d’aventure, Pépito commande le navire La Cacahuète et son équipage loufoque amateur de rhum et de trésors. Ils naviguent dans des Caraïbes imaginaires, et plus précisément à Las Ananas, dirigé par leur ennemi juré : le gouverneur Hernandez de La Banane qu’ils combattent et ridiculisent à longueur de pages, comme tous ceux qui représentent l’autorité, qu’ils soient roi, officiers, nobles ou encore scientifiques.

Bande-dessinée italienne publiée pour la première fois en 1952 dans la revue Cuciollo, Pepito ne connaitra pas tout de suite le succès escompté dans son pays d’origine. C’est en France que le petit pirate trouvera son public avant d’en conquérir un plus vaste de par le monde.

Bottaro donne ici une interprétation souvent ironique, toujours joyeuse et burlesque, proche de la commedia dell’arte, des récits de Stevenson ou de Salgari, et des grands films qu’ils ont inspirés dans les années 40 et 50, de Capitaine Blood à L’île au trésor.

1951

Astro Boy, d’Ozamu Tezuka, Glénat, 1996

En rayon - Cote : BD TEZ

Dans un monde futuriste ou humains et robots cohabitent, Astro est un enfant-robot très puissant qui combat le crime et l'injustice. Créé par le Docteur Tenma à l'image de Tobio, son fils mort dans un accident de voiture, il est élevé avec amour. Mais son créateur réalise bientôt que ce robot ne pourra combler le vide laissé par la perte de son enfant.

Publiée pour la première fois en 1951, Astro Boy est l’œuvre la plus populaire d’Osamu Tezuka et l’un des premiers ambassadeurs du manga en dehors du Japon. Vu par son auteur comme un Pinocchio moderne, cette série mélange à la fois divertissement populaire et grande profondeur. Artiste majeur surnommé au Japon « le Dieu du manga », Tezuka est une véritable institution au pays du Soleil Levant. Son œuvre, immense par son volume (700 séries) et par son influence, est reconnue dans le monde entier.

Astro est devenu une icône du neuvième art. Ses aventures ont été adaptées sur pratiquement tous les supports avec succès. Parmi les nombreuses adaptations et hommages qui lui furent rendus, notons Big Guy de Frank Miller (Sin City) et Pluto de Naoki Urasawa (Monster, 20th century boys).

1954

Moomin et les brigands, de Tove Jansson, Le petit Lézard, 2007

En réserve - Cote : RG 741.5 JAN

Les Moomins sont une famille de créatures rondes comme des hippopotames, très unie, menant une vie de bohème et d'aventure. Ils vivent dans la vallée des Moumines, lieu imaginaire donnant sur le golfe de Finlande au milieu d’une population étrange et fantaisiste, inspirée des légendes scandinaves.

Créés en 1945 par Tove Jansson, pour redonner le sourire aux enfants dans le contexte difficile de la Seconde Guerre mondiale, les Moomin débutèrent leurs aventures sous forme d’albums pour la jeunesse avant d’évoluer vers le comic-strip. Sa parution dans le journal anglais London Evening News en 1954 est le déclencheur d’un véritable phénomène qui s’est vendu à 10 millions d’exemplaires et a été traduit dans 44 langues.

Les aventures de Moomin s'adressent autant aux enfants dès 8 ans qu'à des lecteurs adultes. Le ton faussement léger et insouciant permet d’aborder, l’air de rien, des réflexions sur la nature, la vie en société, les rencontres, l’amour, l’amitié, la mélancolie…Toutefois, ces personnages attachants n’ont jamais su rencontrer leur public en France. Cette réédition de 2007 permet de découvrir une œuvre importante de la littérature jeunesse et du neuvième art. Cet album a remporté le prix du Patrimoine au Festival d’Angoulême en 2008.

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