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36PAGES LE JOURNAL N°19 092006 ISSN 1269-3227 ISSN 1269-3227 10 000 EX 10 000 EX MUSÉES EN ISÈRE 36PAGES LE JOURNAL N°19 092006

Patrimoine en Isère - Journal n°19

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Patrimoine en Isère - Journal n019

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36PAGES

LE JOURNAL N°19

092006

ISSN 1269-3227

ISSN 1269-3227

10 000 EX

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MUSÉES EN ISÈRE

36PAGES

LE JOURNAL N°19

092006

ÉDITO

LE CENTENAIRE DU MUSÉE DAUPHINOIS ET LES JOURNÉES DU PATRIMOINE se conjuguent cette année pour mettre en avant les musées de l’Isère, et singulièrement le réseau que forment les musées départementaux et les musées “associés”. Nos treize musées relevant du Conseil général sont aussi divers que l’est notre patrimoine ET QUE LE SONT LES GRANDS PERSONNAGES OU LES FAITS HISTORIQUES QUI ONT MARQUÉ NOTRE HISTOIRE ou nourri notre mémoire collective.Les quinze musées de territoire “associés” par convention au Conseil général ont souvent été initiés par des associations avant d’être portés par des communes ou des syndicats de communes. Ils sont activement soutenus par le Conseil général, que ce soit par l’octroi de moyens financiers ou par l’apport de conseils et d’expertises.C’est donc ce double réseau qui est mis à l’honneur dans cette livraison de Patrimoine en Isère, réseau dont chacun des membres compose la véritable maison du patrimoine de notre département et auquel il revient de présenter aux publics les plus divers traits culturels qui fondent nos identités.

LE PRÉSIDENT DU CONSEIL GÉNÉRALANDRÉ VALLINIDÉPUTÉ DE LISÈRE

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Hippolyte Müller, qui créé le Musée dauphi-nois en 1906, dispose d’un réseau de contacts, d’experts, d’amis et de “rabatteurs” qui révèle déjà l’existence d’un territoire étendu de recherches et de collectes. Fontgalland, à Die (Drôme), Plat à Orpierre (Alpes-de-Haute-Provence), Barthélémy à Saint-Véran (Hautes-Alpes), Vollaire et Mantéyer à Gap (Hautes-Alpes), Lapassat à Livron (Drôme), Cotte à Pertuis (Vaucluse)… Des Alpes dauphi-noises à la Provence, quantités d’informations lui arrivent relatives aux données à glaner, aux découvertes archéologiques en cours, aux objets à acquérir. Müller profite aussi de chacun de ses moments de liberté pour parcourir la région en tout sens, sachant rencontrer des informateurs, comme il le conseille à l’un des étudiants qu’il met à contribution : “Maires, curés, notaires, gardes, sacristains, fossoyeurs (…) horlogers,

rétameurs…”. Les objets, les photographies et les notes d’enquête qu’il rapporte enrichis-sent bien sûr les collections du Musée dauphi-nois. Ces documents, si précieux soient-ils, le conduiront souvent à retourner sur place, tant pour les compléter que pour les valoriser. Car au fil des collectes, Müller a su démontrer que “prendre” suppose aussi “donner”. Ainsi va-t-il participer à la réalisation du Musée d’Aiguilles-en-Queyras, pour que le patrimoine de cette vallée soit mis en valeur sur place.

DE L’ESPACE RURAL…

Plus tard, dans les années 1970, tandis que des parcs naturels sont mis en place dans les Alpes dauphinoises pour la mise en valeur du patrimoine naturel et culturel, le Musée dauphi-nois devient un partenaire pour nombre de leurs

actions. C’est le cas dans les Écrins, où la mise en évidence d’un moulin hydraulique à blé et à noix (à Villard-Loubière, Hautes-Alpes) conduit le Musée à intervenir. S’il s’agit d’étudier et de sauvegarder l’ensemble des mécanismes du moulin, ce n’est pas pour les exporter et les exposer à Grenoble, mais pour les remettre en place et ouvrir le moulin au public, grâce à l’action d’une association locale, l’aide du Parc et du Musée.

C’est cependant dans le territoire du Parc naturel régional du Vercors que le Musée dauphinois s’investit le plus. C’est là notamment que son directeur, Jean-Pierre Laurent, sollicité par Michel Malenfant, l’inventeur du site néolithi-que de Vassieux-en-Vercors, va mettre en place avec son équipe et sous l’égide du Parc le musée de la préhistoire du Vercors. C’est là aussi qu’il

LE CENTENAIRE DU MUSÉE DAUPHINOIS EST L’OCCASION DE RAPPELER QUE CE DERNIER A TOUJOURS ENTRETENU UN RAPPORT PARTICULIER AVEC LE TERRITOIRE. QUE CE SOIT AU GRÉ DES COLLECTES, DES EXPOSITIONS “HORS LES MURS” OU ENCORE DES ÉCHANGES PLUS INFORMELS AVEC LES POPULATIONS, L’HABITUDE A ÉTÉ PRISE TRÈS TÔT D’ALLER AU-DEVANT DES HABITANTS ET DE RECHERCHER, AVEC EUX, DES SOLUTIONS DE PRÉSERVA-TION ET DE MISE EN VALEUR LOCALES.

QUAND LE MUSÉE DIALOGUE AVEC SON TERRITOIRE

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Cva, à la demande des habitants de Rochechinard (Drôme), tenter l’expérience d’y établir une “Maison de la mémoire”. C’est là encore que plusieurs opérations, à Gresse-en-Vercors par exemple tandis qu’il s’agit de restituer l’histoire de l’ancienne fruitière communale, ou sur l’ensemble du territoire du Parc, dans le cadre de l’Inventaire du patrimoine iconographique et de la mémoire orale du Vercors (IPIMOV), que des échanges s’organisent, toujours équilibrés : lorsque la recherche est valorisée au Musée dauphinois, elle l’est aussi sur place. Ainsi les produits de l’IPIMOV de chacun des cinq secteurs du Vercors sont-ils présentés in situ, sous le chapiteau du Musée dauphinois.

Jean-Pierre Laurent avait déjà mis en œuvre cette structure pour aller rendre compte en Oisans de ses travaux sur les colporteurs fleuris-tes, ou des nouvelles collectes qu’il avait faites avec son équipe à Saint-Véran. Cette “Maison de toile”, ainsi qu’il l’appelait avant qu’elle devienne le “Muséotente”, permet d’aller offrir aux communautés auprès desquelles le Musée a travaillé, le résultat de ses travaux. Là, le dialogue reprend, si bien que, longtemps après, l’on entend encore dire, du Queyras, de l’Oisans ou du Vercors : “Mais quand allez-vous revenir ?” Plus tard encore, avec la création de la Conservation, une forme d’intervention voisine est mise en œuvre dans le cadre des opérations “Patrimoine en Isère”. L’inventaire des patrimoines d’un ou de plusieurs cantons, réalisé par l’équipe de la Conservation du patrimoine de l’Isère, est aussitôt suivi d’une publication et d’une exposition, présentée d’abord sur les lieux de l’inventaire puis au Musée dauphinois. Et il faut encore évoquer le cas de collections du Musée dauphinois qui sont revenues sur leur lieu d’origine dans le cadre de musées “associés” locaux, comme à La Mure (Musée matheysin), Mens (Musée du Trièves), Allevard, etc.

…AU MONDE URBAIN ET INDUSTRIEL

Cependant, l’espace rural n’est pas le seul à être investi de la sorte. Müller témoignait déjà beaucoup d’intérêt pour la ville de Grenoble et les vestiges qui permettent d’en comprendre

l’histoire. Il annonçait même que le Musée dauphinois devait être, à Grenoble, ce que le Musée Carnavalet est à Paris. Cet intérêt pour le monde urbain et industriel s’est accru, donnant lieu en 1982, après plusieurs années de recher-ches, à l’exposition “Le Roman des Grenoblois”. Une vaste documentation s’est ainsi constituée sur la ville, son histoire récente, sa popula-tion, ses composantes sociales et ses quartiers, régulièrement mise à profit et enrichie depuis. Quinze ans plus tard, à la faveur d’une lourde opération archéologique et monumentale, c’est un nouveau musée qui a vu le jour au cœur de la ville, le Musée de l’Ancien Évêché, dont toutes les collections sont issues du fonds du Musée dauphinois. En 2003, une recherche ethnologi-que permet la réalisation d’une exposition “Un air de famille – Berriat à Grenoble, Tserezvarodz à Budapest, deux quartiers de ville en change-ment”, présentée successivement au Musée dauphinois et dans le quartier lui-même. Parce que la pratique de l’ethnologie comparative le veut, cette recherche et l’exposition qu’elle inspire mettent en relation deux groupes distincts, en France et en Hongrie. Le profit de telles approches, autant d’ailleurs, dans le cas de l’étude des communautés d’origine immigrée et des expositions qui ont suivi au Musée dauphinois, que celle du métissage des cultures (du pays d’origine et du pays d’accueil) doivent rendre prudent à l’égard de la définition du territoire du musée. Même si l’on pense à celui de l’ancien Dauphiné, s’agissant du Musée dauphinois, où, plus étroitement à celui de l’Isère, si l’on pense à sa tutelle (le Conseil général), l’on se doit de respecter la grande diversité des représentations du territoire que se font les habitants de la région où agit le Musée dauphinois. Aussi est-il beaucoup plus productif et confortable de se dire que son territoire est d’abord celui où vivent celles et ceux qui le fréquentent, autrement dit, l’aire dans lequel il rayonne grâce à l’intérêt et au crédit que lui accordent ceux qui l’habitent.

Jean-Claude Duclos

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D E P O L I T I Q U E P A T R I M O N I A L E

C E N TANS

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LES MUSÉES DÉPARTEMENTAUX

Sa nouvelle tutelle, le Conseil général de l’Isère, disposait déjà de plusieurs musées. Les uns “hérités”, issus de donations : le Musée Jean-Vinay, à Saint-Antoine l’Abbaye, dont le développement était attendu autour du patrimoine antonin, plus généralement hospitalier ; le Musée Hébert, à La Tronche, dont la rénovation a permis de mesurer la grande qualité, tant du site que des collections ; le Musée Saint-Hugues, œuvre d’un seul artiste, Arcabas, dans une église de Saint-Pierre-de-Chartreuse. Le même Conseil général de l’Isère avait créé de toutes pièces, pour occuper son château de Vizille, un Musée de la Révolution française. Nombreux étaient alors les pessimis-tes, arguant qu’on ne fonde pas un musée sans collection initiale : tous sont aujourd’hui stupéfaits de la richesse d’un fonds unique en Europe sur l’art de la période révolutionnaire.

Avec le Musée dauphinois, la Ville de Grenoble avait cédé son site archéologique majeur, l’église Saint-Laurent de Grenoble, résumé exceptionnel d’histoire urbaine ; et avait du même coup cédé le projet d’aménagement, réalisé pour moitié seulement. Le département prenait aussi à sa charge la rénovation et le déplacement — de fait, une véritable création — du Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère, dont la place sur la scène culturelle grenobloise est aujourd’hui incontestée et trouve son prolongement dans la Maison des Droits de l’Homme. Dans le même temps, au terme d’une longue gestation archéologique, le Musée de l’Ancien Évêché trouvait sa place dans le dispositif, venant jouer le rôle d’une vérita-ble maison du patrimoine de l’Isère. Comme s’agrégeait au réseau départemental le Musée Hector-Berlioz, à La Côte-Saint-André, peu de temps avant la conduite d’un grand chantier de rénovation nécessaire en vue du bicentenaire du compositeur.

Le réseau se complétait encore par l’acquisi-tion de la maison Bergès, à Lancey, appelée à devenir le Musée de la Houille blanche et à rendre compte du riche patrimoine industriel isérois. Puis, plus récemment, par l’acquisition de la maison Champollion, à Vif, dont la rénova-tion et l’ouverture au public sont attendues pour les années à venir. Enfin, dernier né du réseau des musées départementaux, le Musée de la Viscose à Échirolles était intégré en 2004 : issu du travail d’une association d’anciens de l’usine, un temps municipal, il est appelé à se rénover et se développer pour devenir le Musée de la Mémoire ouvrière en Isère. Tandis que l’on attend toujours, avec une impatience non dissimulée, que les obstacles administra-tifs, juridiques ou environnementaux libèrent le grand projet départemental : le Musée-Parc archéologique du Lac de Paladru !

LES MUSÉES ASSOCIÉS

Dans le même temps, ces vingt dernières années, la fièvre muséale (que d’aucuns ont qualifiée de “muséomanie” !) s’emparait de nos concitoyens et, du président de la République au maire de la plus petite commune, chacun souhaitait créer son musée. En Isère, pour répondre à la demande croissante, c’est une coordination des projets qui se met en place, sous l’égide du Conseil général. Il s’agit en effet de veiller aux redondances, d’éviter une prolifération et d’installer les bases d’un réseau reposant sur la complémentarité. Les équipes de la Conservation sont largement sollicitées, à toutes les étapes du processus de création et d’installation. Cette relation étroite sera formalisée par la signature de conventions de partenariat entre les collectivités porteuses de projet et le Conseil général.

Les premières créations (Maison de Pays de Charavines, Musée gallo-romain d’Aoste, Musée de Bressieux) sont consacrées à l’archéolo-gie et fondées sur des collections d’une

incontestable qualité. Viendront les musées de pays, ou maisons du patrimoine, dont les plus représentatifs sont le Musée matheysin ou le Musée du Trièves ; tandis que rejoindront plus tard le réseau la Maison du Patrimoine de Hières-sur-Amby, ou le Musée d’Huez et de l’Oisans. Créés de toutes pièces, le musée de Bourgoin-Jallieu (sur le fonds du Musée Victor-Charreton), la Maison du Patrimoine de Saint-Chef, le Musée des Sciences médicales ou les espaces consacrés à Giono, à Gilioli, complètent le réseau sur des thèmes divers et selon des modalités très variables.

La Maison du Patrimoine de Villard-de-Lans a rejoint le réseau et doit prochainement connaî-tre une rénovation en profondeur ; tout comme le Musée Jadis Allevard, repris par la commune, doit être déplacé dans un bâtiment prestigieux (l’ancien casino) pour rayonner sur la partie orientale du département. La Maison des Forges et Moulins de Pinsot, de même, s’oriente vers un important développement autour de son thème de référence.

Au total, c’est donc une quinzaine de musées “associés” — musées ou maisons du patrimoine, ou de pays, ou encore lieux de mémoire — qui viennent se joindre aux treize musées départe-mentaux pour composer ce réseau et donner à l’Isère son image de terre de patrimoine. Encore faut-il que ces institutions ne soient pas de simples cache-misère des politiques patrimo-niales et que la conservation du patrimoine bâti soit aussi parmi les priorités, auprès des collectivités locales. Encore faut-il que la rencontre avec les publics — les Isérois d’abord, leurs visiteurs ensuite — soit assurée, ce qu’une garantie de qualité, tant pour la conservation que pour l’exposition ou la médiation, doit à tout le moins favoriser.

Isabelle Lazier et Jean Guibal

LE RÔLE DU MUSÉE DAUPHINOIS DANS LA DÉFINITION D’UNE POLITIQUE PATRIMONIALE SUR NOTRE TERRITOIRE N’EST PLUS À DIRE. L’ÈRE MÜLLER, COMME L’ÈRE LAURENT, ONT FONDÉ ET FORTIFIÉ UN CONCEPT DE PROJET CULTUREL ET DES MISSIONS QUE LEURS SUCCESSEURS N’ONT EU QU’À POURSUIVRE ET PARACHEVER. LOIN DE S’ENFERMER DANS SES MURS, DE SE LIMITER À ENRICHIR SES COLLECTIONS ET OFFRIR AU PUBLIC DES EXPOSI-TIONS, LE MUSÉE S’EST AU CONTRAIRE OUVERT SUR SES TERRITOIRES — L’ISÈRE, LE DAUPHINÉ, LES ALPES — FÉCONDANT AVANT L’HEURE LES PRINCIPES DE L’ÉCOMUSÉOLOGIE. LONGTEMPS MUSÉE MUNICIPAL, RELEVANT DE LA VILLE DE GRENOBLE, IL ASSURAIT CES FONCTIONS SANS VÉRITABLE LÉGITI-MITÉ. DEVENU DÉPARTEMENTAL EN 1992, IL TROUVAIT SON DÉVELOPPEMENT EN PORTANT LE PROJET DE LA CONSERVATION DU PATRIMOINE DE L’ISÈRE, RASSEMBLANT TOUS LES SERVICES ARCHÉOLOGIQUES ET PATRIMONIAUX, ET POUVAIT DÈS LORS ASSURER, AU MOINS SUR LE TERRITOIRE ISÉROIS, SES MISSIONS EN PLEINE CONFORMITÉ AVEC SON STATUT.

CENT ANS DE POLITIQUE PATRIMONIALE

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SSITU

IMENSPÉC

Le nombre et la richesse des musées “associés” au réseau isérois nous empêchent d’en livrer ici une description, si rapide soit-elle. Plus qu’un guide, c’est un ouvrage entier qui serait nécessaire. Du moins peut-on tenter, à travers quelques “spécimens”, de tracer les lignes d’une typologie, som-maire mais représentative, à partir des intentions ou des projets de leurs fondateurs.

J O U R N A L 19PAGE8 L’ÂME D’ÉMILE GILIOLI (1911-1977) traîne partout dans le petit village. Une place qui porte son nom, une citation sur la façade de la mairie, la maison basse envahie de vigne, le cimetière de la chapelle Saint-Christophe-de-Pâquier où il repose, cet atelier, qu’il appelait affectueusement “le grenier”, dans une grande bâtisse restaurée : tout raconte la belle histoire entre le sculpteur et ce coin retiré du Trièves. C’est aux heures sombres de la Guerre 39-45 qu’Émile Gilioli a découvert la lumière de Saint-Martin-de-la-Cluze. Loin de Paris, il puisera ici la quiétude nécessaire à son épanouis-sement, échangeant ses dessins et poteries contre un peu de soupe avec les paysans. Il y épousera Babet, enfant du pays représen-tée dans chacune de ses œuvres dédiées à la femme. Ni les commandes importantes pour les monuments de la Résistance ni les trompettes de la renommée, à partir des années 1950, ne l’éloigneront longtemps des montagnes. Fidèle au pays où son art s’est blotti, il fera construire un premier atelier et une forge près de sa maison d’été. Il traversera la rue principale du village en 1968 pour aménager un second atelier, aujourd’hui transformé en espace muséographique.

UN ARTISTE COMPLET

Imaginé dès 1997 et ouvert au public depuis deux ans, l’atelier Gilioli remue de vie. Cette maison de village entièrement rénovée et sécurisée, dressée sur trois niveaux, propose à la fois une salle d’exposition permanente d’œuvres représentatives du peintre-sculpteur et l’atelier proprement dit, où Gilioli imaginait, créait, façonnait… Rien n’a bougé depuis son départ. Le moindre objet évoque l’intimité de l’artiste : les pigments, l’évier, les outils mais aussi le placard mural, le lit, la télé, le

Teppaz, des bouquins d’époque… Un coin du voile est levé, d’autant plus émouvant quand on sait que le sculpteur vivait ici reclus : “Gilioli restait parfois huit jours sans redescendre. Sa femme lui remettait le panier-repas par une nacelle installée devant sa fenêtre. Même elle n’y montait jamais”, rapporte Robert Riotton, maire de Saint-Martin-de-la-Cluze. Babet Gilioli a fait don à la commune de plusieurs travaux de son mari, lithographies, sculptures, tableaux, mosaïques, tapisseries et vitraux. Autant de jalons essentiels pour découvrir un artiste complet, qui a brillé dans l’exploration des styles avant de dépouiller le sien.

UN MUSÉE ENTRE LES LIVRES

La municipalité a imaginé des expositions temporaires afin de promouvoir le musée dans le temps : “Elles sont indispensables pour éviter la lassitude, mais nous devons reconnaître que les prêts d’œuvres ne sont pas faciles à négocier” explique Robert Riotton. Une chose est sûre : même s’il est présent dans les plus grands musées d’art moderne du monde, Gilioli ne sera jamais mieux approché et raconté qu’à Saint-

Martin-de-la-Cluze. Pour l’heure, la communes’attache à valoriser l’atelier Gilioli à travers une nouvelle signalétique et des enveloppes estampillées au nom de l’artiste. Elle a profité de l’acquisition de la demeure pour y aménager une salle de réunion et surtout créer la biblio-thèque municipale, dont les heures d’ouverture au public rythment celles de l’atelier, situé à l’étage au-dessus… Près de trente ans après sa mort, le nom de Gilioli continue de rimer avec la vie.

Richard Gonzalez

Robert Riottonm a i r e

GILIOLI À S A I N T - M A R T I N D E L A C L U Z E

INAUGURÉ AU PRINTEMPS 2004 À SAINT-MARTIN-DE-LA-CLUZE, L’ATELIER GILIOLI TÉMOIGNE DE L’ATTACHEMENT D’UN ARTISTE DE RENOMMÉE MONDIALE À SA RÉGION D’ADOPTION. CE LIEU DE MÉMOIRE A DONNÉ AU VILLAGE L’ÉLAN NÉCESSAIRE POUR DÉVELOPPER UN PÔLE CULTUREL ET D’ANIMATION

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A L L E V A R D UN MUSÉE POUR DEMAIN

QUAND UN MUSÉE ASSOCIATIF EST CONSACRÉ “MUSÉE DE FRANCE”, IL PEUT ALORS DEVENIR L’ÉLÉMENT VALORISANT D’UNE POLITIQUE DE DÉVELOPPEMENT CULTUREL ET ÉCONOMIQUE. C’EST LE CAS DU MUSÉE JADIS ALLEVARD, DONT PHILIPPE LANGENIEUX-VILLARD, MAIRE D’ALLEVARD-LES-BAINS, TRACE LES NOUVELLES PERSPECTIVES.

La création du Musée Jadis Allevard au milieu des années 1970 a été rendue possible grâce à une équipe de pas-sionnés. L’association Jadis Allevard, présidée par Maurice Collin, a fourni un travail très important de collecte. Dans sa configuration actuelle, dans la Maison des Forges, le Musée ressemble à un énorme grenier. Il y a beaucoup d’objets de qualité, mais présentés dans un tel amas qu’on a parfois du mal à les dis-cerner. L’idée d’installer le Musée dans l’ancien casino avait déjà été évoquée il y a une vingtaine d’années. Mais à l’épo-que, l’association s’était opposée à cette solution. La municipalisation change la donne. Depuis l’appropriation de l’éta-blissement thermal par la commune, je me suis engagé à réaliser le Musée dans l’ancien casino.

Le label “Musée de France” est un gage de grande qualité. Il n’a pas été simple à obtenir. Il y a un an, j’ai rencontré le ministre de la Culture pour porter le pro-jet. Le dossier a finalement été approuvé à l’unanimité en décembre 2005. Le label offre en outre l’avantage d’une subven-tion qui peut atteindre 40 % du budget de fonctionnement. Le Conseil général de l’Isère, de son côté, en supportera 15 %. Allevard assure la totalité des dépenses d’investissement. Une première tranche de travaux vient d’être lancée. La réno-vation du casino a été confiée à Jacques Félix-Faure, qui avait déjà restauré la Tour du Treuil, au-dessus d’Allevard, et Nicolas Damieux. La création du Musée est l’occasion de travaux d’embellisse-ment aux abords du bâtiment. Une rampe d’accès sera notamment construite sous la tour située sur l’Avenue des Bains, elle-même récemment requalifiée.

Le Musée s’attachera principalement aux deux éléments essentiels de l’his-toire et de l’économie du pays d’Alle-

vard : le fer et l’eau. Karen Guibert en est la scénographe. L’idée est de faire rayonner le Musée sur l’ensemble du Haut-Grésivaudan. Un phare qui éclaire-rait d’autres lieux patrimoniaux : Saint-Pierre-d’Allevard, Pinsot… Nous avons mis en place un syndicat intercommunal avec les villages voisins. D’ici l’ouver-ture du Musée, prévue en juin 2008, plusieurs actions seront lancées pour que les habitants puissent profiter de notre patrimoine. Ainsi jusqu’au 21 octo-bre prochain, le Musée retrace la vie du “Tacot”, ce chemin de fer industriel qui reliait les ateliers de préparation du minerai de fer de Saint-Pierre-d’Alle-vard au Cheylas.

La certification “Musée de France” nous impose le recrutement d’un conservateur. Il aura bien sûr en charge l’élaboration du programme muséographique mais je souhaite aussi qu’il sache accueillir et animer pour attirer un large public. Car nous voulons un musée ouvert, vivant, ambitieux. Un outil de compréhension et de valorisation, qui se tourne aussi vers les écoles et les entreprises. Même s’il s’adresse d’abord aux habitants du pays d’Allevard, ce projet porte également une dimension économique. Le Musée sera ouvert à l’année. Dans un contexte de l’économie thermale plutôt tendu, la mise en place d’animations de valo-risation du patrimoine doit nous aider à fidéliser le public des curistes, qui se trouve être aussi un public de culture.

Propos recueill is par R.G.

Quel regard portez-vous sur l’histoire du Musée Jadis Allevard ?

Habitants, touristes : à qui s’adressera finalement ce musée ?

Que signifie la récente certification “Musée de France” pour le site ?

Voilà pour l’écrin. Qu’en est-il du contenu ?

Philippe Langenieux-villardm a i r e

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SUR LES RIVES PAISIBLES DE LA BOURNE, au cœur du village de Pont-en-Royans, le Musée de l’eau a trouvé sa vitesse de croisière. Construit il y a quatre ans sur le site d’une ancienne usine, il a déjà franchi le cap des 40 000 visiteurs, un score en avance d’une année sur les prévisions. Yves Pillet, président de la communauté de communes de la Bourne à l’Isère et maire de Pont-en-Royans, explique notamment ce succès par une politique de contenu dynamique. Le Musée de l’eau s’efforce en effet de proposer des animations nouvelles chaque année, comme en témoigne le lancement récent du film en relief, loué pour deux ans à la Villette. Le site a aussi été imaginé comme un point d’ancrage pour des activités complémentaires : un restaurant, un bar à eau, un hôtel et ce vaste parvis où se déroulent des événements culturels musicaux participent à la structuration du tourisme local. “L’impact d’un tel site est difficile à mesurer, mais si on ne fait rien, les visiteurs se désinté-ressent, explique Yves Pillet. Nous mettons tout en œuvre à la fois pour élargir la saison estivale et donner envie aux touristes de s’arrêter plus longtemps. Nous devons nous montrer d’autant plus imaginatifs que nous n’avons pas de cathédrale.” Le concept novateur du bar à eau s’est révélé payant : il vient de fêter l’entrée de la millième bouteille d’eau minérale du monde. Un projet de valorisation est à l’étude pour cette collection inédite. Après un lent démarrage, l’hôtel attenant a enfin décollé, notamment grâce à l’espace séminaires, un élément straté-gique pour le développement industriel de la région. Le restaurant a servi quant à lui plus de 20 000 repas l’an passé. Sa carte basée sur les produits frais labellisés aux couleurs du terroir et sa vaste terrasse au-dessus de la rivière en font un établissement réputé.

UN COUVENT REMET LE COUVERTForte de ce succès, la communauté de communes de la Bourne à l’Isère a entrepris de nouveaux projets. Avec l’aide du Conseil général de l’Isère, elle a notamment racheté le bâtiment du Couvert des Carmes à Beauvoir-en-Royans. Une opportunité : les propriétaires privés ne pouvaient plus assurer l’ampleur des travaux de réhabilitation. Vestige du site de l’ancien château des Dauphins, le couvent abrite actuel-

lement un petit musée, porté par les Amis du Vieux Beauvoir. Il sera réinstallé dans un espace restauré, à la vocation à la fois patrimoniale et touristique. “Se rendre propriétaire d’un patrimoine, c’est bien. Mais avant, il est nécessaire de préparer un projet pour donner une fonction au site qui correspondra à l’environnement et à l’identité des lieux et du pays”, alerte Yves Pillet. Une thématique a donc été retenue : la flore, en résonance avec l’ancienne distillerie qui fabriquait ici la mousseline, une liqueur à base d’une centaine de plantes. L’idée est d’élaborer un projet qui concilierait le public et le privé. Un espace commercial devrait donc ouvrir ici, dédié à cet ancien breuvage et aux produits à base de plantes. Un jardin méridional sera aussi installé dans l’ancien jardin du couvent, de même qu’un verger conservatoire tout autour, assuré par l’association “Les Fruits retrouvés”, qui milite pour le retour des essences anciennes. Au premier étage du bâtiment enfin, le Parc naturel régional du Vercors animera un espace flore. Ce projet complexe est porté par un faisceau de compétences. Outre le parc et la Communauté de communes, la Conservation du patrimoine, les Bâtiments historiques, la Direction départementale de l’agriculture et le Conseil d’architecture, d’urbanisme et d’environnement planchent sur ce couvent à renaître pour l’été 2008. D’ici là, il aura fallu retenir un parti pris architectural pour la réhabilitation du bâtiment. Les fouilles archéologiques orchestrées par la Conservation du patrimoine ont en effet mis au jour un ”pudding” de différents styles…

R.G.

P O N T - E N - R O Y A N S LA CLÉ DU DÉVELOPPEMENT LOCALL’ATTRACTIVITÉ D’UN TERROIR PASSE CERTAINEMENT PAR L’UTILISATION INTELLIGENTE DE SES RESSOURCES, QU’ELLES SOIENT NATURELLES, HISTORIQUES OU ENCORE CULTURELLES. LE PATRIMOINE, FILIÈRE D’AVENIR POUR L’ÉCONOMIE LOCALE ? YVES PILLET, MAIRE DE PONT-EN-ROYANS ET PRÉSIDENT DU PARC NATUREL RÉGIONAL DU VERCORS, ET GEORGES PELLETIER, RESPONSABLE DU PROJET DU GRAND SÉCHOIR À VINAY, APPORTENT DE L’EAU AU MOULIN DE LA RÉFLEXION…

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UN CONTENU QUI DONNE À VOIR ET À COMPRENDRE, TOUT EN VALORI-SANT L’IDENTITÉ DES LIEUX : C’EST SUR CE MÊME PRINCIPE QU’EST NÉ LE GRAND SÉCHOIR EN 2005 À VINAY.

AVEC PLUS DE 14 000 VISITEURS pour sa première année de fonction-nement, le site tourne déjà à plein régime. Cet espace dédié à la noix de Grenoble AOC ne se contente pas de sa fonction de musée : “Nous souhaitions bâtir un outil de développement local, qui permette à la fois au territoire de se reconnaître et au touriste de le lire, qui montre aussi sa capacité à évoluer”, explique Georges Pelletier, responsable du projet et maire de Morette. En plus d’un espace muséographique qui fait la part belle à l’histoire et à l’avenir du pays de la noix, le Grand Séchoir s’efforce de valoriser le fruit et ses produits dérivés dans un point de vente approvisionné par 25 producteurs issus de l’ensemble de la zone. Il propose aussi des expositions temporaires et accueille des manifestations culturelles dans le cadre de festivals isérois (Musique et Patrimoine, Musées en fête, Sur la route de Tullins…) ou d’événements ponctuels. Mais c’est également sur le volet social que le Grand Séchoir se distingue. Conjointement à sa création en effet, le traçage de 350 kilomètres de chemins de randonnée a été confié à des ateliers d’inser-tion. “Des artisans locaux ont aussi été sollicités pour offrir des stages à des personnes en accompagnement social. Cerise sur le gâteau : quatre de ces personnes ont été embauchées à la fin de la mission”, se réjouit Georges Pelletier. Les maquettes présentées dans l’espace sont aussi l’œuvre d’allocataires du RMI, handicapés et chômeurs longue durée. Cette réussite consacre la synergie des 21 communes des cantons de Tullins et Vinay. Elle fait oublier les tergiversations et autres débats qui ont jalonné les dix longues années de gestation du projet : “Chaque commune voulait le musée sur son territoire. Et toutes les étapes de la création nous ont donné des angoisses. On a fini par devenir intelligent sur ce projet, il faut qu’on le reste”, conclut Georges Pelletier.

R.G.

d e h a u t e n b a s

Musée de l’eauP o n t - e n - R o y a n s

Le Grand SéchoirV i n a y

V I N A Y DES NOIX SANS COQUILLE

UNE COLLQUI S’ÉTO

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LECTION OFFE

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DÉPLOYÉ SUR LES TROIS NIVEAUX DE L’HÔTEL-DIEU (XVIIIe siècle) et dans la chapelle Saint-Antoine (XVIe), le Musée de Bourgoin-Jallieu doit sa création à un peintre post-impressionniste, Victor Charreton, dès la fin des années 1920. Il s’agissait alors essentiellement d’un musée de peinture contemporaine et la profession du textile, très présente dans l’économie de la région, n’interviendra que pour la décoration d’une salle. Au début des années 1990, la municipalité a souhaité réfléchir à un projet plus ambitieux : créer un musée technique sur le patrimoine de l’industrie textile, dont plusieurs générations de Berjalliens se réclament : “Une société a besoin de préserver ses racines, son identité industrielle et sociale. Il n’y a pas une famille dont au moins un membre n’a pas été associé à cette activité”, explique Alain Cottalorda, maire de Bourgoin-Jallieu. Avec la Conservation du patrimoine et l’écomusée Nord-Dauphiné, la ville a finalement développé sa réflexion sur trois axes : la technique industrielle, les beaux-arts, avec la valorisation des fonds de Victor Charreton, et le patrimoine du Nord-Isère, basé notamment sur les fouilles archéologiques de Larina et la pierre de l’Île-Crémieu.

NOURRIR LES COLLECTIONS

La commune suit de près les ventes aux enchères, jusqu’à Drouot à Paris, chaque année, au besoin en utilisant le droit de préemption de l’État. Des pièces de cuivre, un lit inspiré du style des toiles de Jouy, des robes imprimées de l’époque Louis XV figurent parmi les récentes acquisitions les plus remarquables. Le musée a aussi racheté la quasi-totalité des archives du musée Mermoz à Lyon. Le site s’affiche comme un outil d’étude historique, qui permet de suivre l’évolution des techni-ques et des processus industriels. Où l’on remarque combien l’histoire textile de Bourgoin-Jallieu épousait le génie créatif : “On construisait les outils à Lyon, mais le passage à l’impression se faisait ici”, précise Alain Cottalorda. D’importance régionale, le Musée de Bourgoin-Jallieu est l’un des trois en France à faire la part belle à l’ennoblissement textile, avec ceux de Mulhouse et de Jouy-en-Josas. Un projet d’expo-sition commune est en cours de montage avec le Musée des tissus de Lyon. Il sera dévoilé au public au cours de l’automne 2007.

LE TISSU, MATÉRIAU D’AVENIR

Le musée a souhaité aussi montrer les hommes au cœur de leur histoire. Dans la chapelle, des bénévoles font tourner des métiers de la fin du XIXe siècle. D’anciens ouvriers montrent aussi les gestes pour la fabrica-tion de décors d’impression à la planche. Des portraits de familles, des gros plans, des photos en usine et dans les rues ont capturé la vie sociale de cette épopée. Et si l’activité textile traditionnelle a presque disparu, l’industrie relique s’est reconvertie dans le tissu technique : un tiers des entreprises françaises du secteur est concentré dans le Nord-Isère. “Il faut engager aujourd’hui la collecte pour demain et pour cela maintenir une veille technique permanente avec un réseau informel d’industriels”, concède Alain Cottalorda. Le musée municipal a noué des partenariats avec des industries régionales complémentaires (le moulinage en Ardèche, les Canuts à Lyon, la chimie) et se rapproche des musées voisins de manière à offrir des itinéraires touristiques. Il tend aussi à renforcer ses liens avec la Conservation du patrimoine pour développer ses missions de valorisation.

R.G.

MUSÉE DE FRANCE ASSOCIÉ AU DÉPARTEMENT, LE MUSÉE DE BOURGOIN-JALLIEU VIT À L’HEURE DES PERPÉTUELS BOULEVERSEMENTS DE L’INDUSTRIE TEXTILE. AU-DELÀ DE L’EXPOSÉ TECHNIQUE ET DE LA BELLE OUVRAGE, IL ENTRETIENT LA MÉMOIRE INDUSTRIELLE DE TOUTE UNE RÉGION.

B o u r g o i n - J a l l i e u

Alain Cottalorda m a i r e

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MIFAUTE DE SOUTIEN ET D’ORGANISATION, LA

CRÉATION D’UN MUSÉE PEUT SE RÉVÉLER SEMÉE D’EMBÛCHES. LES AMIS DU MUSÉE MATHEYSIN EN SAVENT QUELQUE CHOSE, POUR QUI CE PROJET A D’ABORD ÉTÉ UN CHAMP DE TÂTONNEMENTS ET D’EXPÉRIMENTATION.

“Il n’y avait rien à La Mure, pas de moyens ni aucune collection, et ce projet relevait presque de l’utopie”, raconte Bernard de la Fayolle, à l’origine du Musée mathey-sin. Autour de lui, une équipe restreinte de passionnés réussira à lancer le projet, en organisant d’abord des expositions thématiques annuelles. Un important travail de récupération auprès des brocanteurs et des habitants permet-tra d’acquérir en une dizaine d’années près de 3 000 objets de la vie locale : “On n’aura jamais terminé notre collec-tion. On a encore rentré récemment les vestiges d’une mégisserie. Nous avons pu aussi rencontrer des témoins vivants de temps révolus, comme par exemple ce cloutier, de l’époque où La Mure fabriquait des clous quand les Ardennes, berceau de cette activité en France, étaient occupées.”

PARCOURS DU COMBATTANTCet effort de valorisation patrimoniale sera porté par une revue annuelle, Mémoire d’Obiou, dont le lancement fut lui aussi cocasse : “Nous avions décidé de faire appel à un petit éditeur local. Mal nous en prit car celui-ci ne réussira jamais à nous proposer deux fois le même format. Il prétextera à chaque fois des problèmes de stock de papier, mais au bout de trois numéros, on se décida à aller voir un éditeur un peu plus compétent.” Le château de La Mure fut un temps convoité mais c’est finalement un bâtiment menacé de destruction, la maison Caral, qui abritera le Musée. “Là encore, nous nous sommes heurtés à de nombreuses difficultés avec les architec-

tes successifs, qui remettaient en cause les plans initiaux.” Le Musée sera intégré en 1989 à la Conservation du patrimoine mais c’est finalement en 1994, soit 17 ans après ses débuts, qu’il sera inauguré. Le site offre une lecture généraliste du pays en suivant les époques : le néolithi-que, le Moyen Âge, la Renaissance, la Révolution, enfin l’ère industrielle avec la mine et une importante restitution de la vie rurale, dans une très belle salle voûtée au premier étage. Une aile entière de la maison est réservée aux expositions temporaires. Celle consacrée au peintre matheysin Claude Garanjoud, visible jusqu’au 17 septembre, retrace l’itinéraire pictural d’un artiste qui illustra pour René Char et Saint-John Perse, entre autres.

UNE STRATÉGIE À AFFINERÀ n’en pas douter, la Mure fascine. La Matheysine est un pays un peu clos et isolé, et cependant riche de coutumes et traditions nées de l’époque celte. Et riche aussi de l’immigration, importante du temps des mines, avec les Italiens d’abord, puis les Espagnols et enfin les Turcs. Pas étonnant alors que la région de La Mure soit l’une des plus étudiées en France depuis une centaine d’années, tant par les historiens que par les sociologues. Avec 5 000 visiteurs annuels, le Musée matheysin a pourtant du mal à s’imposer. En comparaison, la Mine Image de La Motte-d’Aveillans attire quatre fois plus de monde. Bernard de la Fayolle voit une raison à ce succès confiné : “Le Musée matheysin n’est sans doute pas une bonne appellation. Ce n’est pas assez parlant, il nous faut réfléchir à un nom plus porteur pour le grand public, et qui fasse davantage écho aux éléments représentatifs de la région”.

R.G.

Bernard de la Fayolleu n d e s f o n d a t e u r s d u M u s é e

m a t h e y s i n

UNE ASSOCIATION À L’ŒUVRE

L A M U R E

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Musées enIsèreLE TITRE MÊME DE CE CAHIER TÉMOIGNE DE SON PARTI PRIS. NE PAS ÉVOQUER

TOUS LES MUSÉES DE L’ISÈRE, MAIS SEULEMENT CEUX QUI S’INSCRIVENT DANS LE THÈME DE CE NUMÉRO SPÉCIAL. SONT DONC PRÉSENTÉS ICI LES ÉQUIPEMENTS QUI RELÈVENT DIRECTEMENT DU CONSEIL GÉNÉRAL DE L’ISÈRE, DITS DÉPARTEMENTAUX, ET CEUX QUI APPARTIENNENT À UNE AUTRE COLLECTIVITÉ MAIS DONT LE PROGRAMME SCIENTIFIQUE ET CULTUREL EST ACCOMPAGNÉ, À LA DEMANDE DE LEUR AUTORITÉ DE TUTELLE, PAR L’ÉQUIPE DE LA CONSERVATION DÉPARTEMENTALE : CES DERNIERS SONT DITS MUSÉES ASSOCIÉS. LA CARTOGRAPHIE RÉVÈLE LA DIVERSITÉ DES ÉQUIPEMENTS ET LA RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE ASSEZ UNIFORME SUR LE DÉPARTEMENT.

Il reste que, si riche soit-il, ce réseau ne rassemble pas tous les musées de l’Isère. Du plus important d’entre eux (le Musée de Grenoble), aux musées de Vienne, en passant par un grand nombre de musées associatifs ou privés, ils seront tous mentionnés dans une liste annexe, afin que ce cahier puisse être utile aux amateurs de patrimoine, pour lesquels le statut des établissements importe peu !

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MUSÉES EN ISÈRE

ALLEVARD, GrésivaudanMUSÉE JADIS ALLEVARDParc des Forges 38580 Allevard-les-Bains04 76 45 16 [email protected]ée communal — Musée associé — Musée de France

Région industrielle marquée dès le Moyen Âge par l’exploitation des mines de fer puis par l’essor des industries métallurgiques, le pays d’Allevard se distingue également par son activité thermale. Au-delà de ces différents aspects, le Musée témoigne de l’art religieux et de la vie quotidienne en pays de montagne.

AOSTE, Vals du DauphinéMUSÉE GALLO-ROMAIN D’AOSTEPlace du musée BP 17 38490 Aoste04 76 32 58 27 Fax 04 76 32 57 35www.musee-archeologique-aoste.commusee.gallo-romain.aoste@wanadoo.frMusée communal — Musée associé — Musée de France

Autour de riches collections archéologiques, de maquet-tes et de reconstitutions, le Musée évoque la vie de la bourgade gallo-romaine d’Augusta. Née en l’an XV avant J. C., cette dernière doit sa prospérité à sa situation de carrefour en bordure du Rhône et à l’installation d’artisans potiers et verriers.

BOURGOIN- JALLIEU, Porte des AlpesMUSÉE DE BOURGOIN-JALLIEU17, rue Victor-Hugo 38300 Bourgoin-Jallieu04 74 28 19 74 Fax 04 74 93 93 58www.musee-bourgoin-jallieu.fr / [email protected]ée municipal – Musée associé – Musée de FranceRéseau Rhône-Alpes Tistra, tourisme industriel et technique Du tissage à la teinture, de la gravure à la photographie, le Musée témoigne d’un savoir-faire qui se transmet depuis plus de deux siècles dans cette région de l’Isère. Organisé autour de superbes collections, le parcours muséographi-que retrace l’histoire des techniques et des hommes qui ont marqué cette aventure.

BRESSIEUX, Bièvre-ValloireMUSÉE DE BRESSIEUXBP 14 38870 Bressieux04 74 20 15 [email protected]ée associatif – Musée associé

Édifiés dans la seconde moitié du XIIIe siècle, les tours portières et le haut donjon cylindrique du château subsistent toujours dans un bon état de conservation. L’exposition permanente du Musée retrace l’occupa-tion humaine de Bressieux, de la Préhistoire à l’époque moderne.

CHARAVINES, Voironnais-ChartreuseMUSÉE DU PAYS D’ART ET D’HISTOIRE DES TROIS VALSPlace de l’Église, Maison de Pays de Charavines 38850 Charavines04 76 55 77 47 Fax 04 76 55 63 [email protected]ée associatif – Musée associé – Musée de France

Constitué autour de l’un des pôles majeurs de l’archéologie française, le Musée présente les découvertes des fouilles conduites dans les profondeurs du lac, qui ont révélé les vestiges engloutis du village des Baigneurs (2 700 ans avant J.-C.) et de l’habitat médiéval de Colletière.

LA CÔTE-SAINT-ANDRÉ, Bièvre-ValloireMUSÉE HECTOR-BERLIOZ69, rue de la République BP63 38261 La Côte-Saint-André cedex04 74 20 24 88 Fax 04 74 20 83 33www.musee-hector-berlioz.frMusée départemental – Musée de France

Hector Berlioz, fils d’un riche médecin côtois, est né en 1803 à La Côte-Saint-André où il passera son enfance et son adolescence avant de quitter le Dauphiné pour Paris en 1821. Installé dans la maison natale du compositeur, belle demeure bourgeoise construite à la fin du XVIIe siècle, le Musée Hector-Berlioz reconstitue l’univers de l’artiste : mobilier d’époque, partitions originales, correspondances et instruments de musique lui ayant appartenu, tableaux et gravures évoquent la vie du dernier grand musicien romantique.

ÉCHIROLLES, agglomération grenobloiseMUSÉE DE LA VISCOSE27, rue Tremblay 38130 Échirolles04 76 33 08 28 Fax 04 76 33 07 [email protected]ée départemental – Musée de France

En 1884, dans le nord de l’Isère, le comte Hilaire de Chardonnet met au point le premier fil de soie artificielle. Fabriquée à partir de la pâte à bois, la viscose connaîtra un développement industriel très important avant de se voir concurrencée par les textiles synthétiques dans les années 50. Créé en 1989 à la suite de la fermeture de l’usine de Grenoble, le Musée de la Viscose, seul musée en France consacré à la soie artificielle, retrace l’histoire de l’invention, le procédé de fabrication et l’univers quotidien des “viscosiers”.

GRENOBLEMUSÉE DE L’ANCIEN ÉVÊCHÉ2, rue Très-Cloître 38000 Grenoble04 76 03 15 25 Fax 04 76 03 34 [email protected]ée départemental – Musée de France

Situé en plein centre de Grenoble, au cœur du quartier historique, le Musée de l’Ancien Évêché propose au visiteur un parcours qui le conduit sous le parvis de

la place Notre-Dame, où il découvre les vestiges de l’enceinte fortifiée de la ville et du premier baptistère de Grenoble.La visite se poursuit dans l’ancien palais des évêques. Là, autour de collections prestigieuses, le Musée retrace l’histoire des hommes et d’un territoire, l’Isère, depuis la Préhistoire jusqu’à nos jours.

GRENOBLEMUSÉE ARCHÉOLOGIQUE – ÉGLISE SAINT LAURENTPlace Saint-Laurent 38000 Grenoble04 76 44 78 68 Fax 04 76 51 35 59www.musee-archeologique-grenoble.frFermé au publicMusée départemental – Musée de France

C’est sur le site de Saint-Laurent de Grenoble, classé Monument historique, qu’ont été relevées par l’archéolo-gie les plus anciennes manifestations du christianisme à Grenoble. Un complexe funéraire paléochrétien a été mis au jour, dont la crypte Saint-Oyand (IVe siècle) située sous le chevet roman (XIIe siècle) de l’église Saint-Laurent, l’un des très rares témoins de l’art du haut Moyen Âge en France. Le musée est aujourd’hui fermé au public pour travaux, afin d’achever le circuit de visite.

GRENOBLEMUSÉE DAUPHINOIS30, rue Maurice Gignoux 38031 Grenoble cedex 104 76 85 19 01 Fax 04 76 87 60 [email protected]ée départemental – Musée de France

Musée régional de l’Homme, le Musée dauphinois est un lieu de mémoire dédié à la conservation, la restitution et la diffusion du patrimoine des Alpes dauphinoises. Installé dans l’ancien couvent de Sainte-Marie-d’en-Haut, dans de prestigieux bâtiments datant du XVIIe siècle et classés Monuments historiques, le Musée propose chaque année de nouvelles expositions mettant en scène l’archéologie, la montagne alpine, le patrimoine industriel et les faits de société.

GRENOBLEMUSÉE DE LA RÉSISTANCE ET DE LA DÉPORTATION / MUSÉE DES DROITS DE L’HOMME14 rue Hébert 38000 Grenoble04 76 42 38 53 Fax 04 76 42 55 [email protected]ée départemental – Musée de France

Le Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère témoigne des événements de la Seconde Guerre mondiale à partir de l’histoire locale, des hommes qui l’ont faite et des épisodes qui la composent. L’entrée en Résistance, les maquis, la répression et la déportation, la restau-ration des valeurs de la République, sont abordés dans une muséographie moderne empruntant largement à la scénographie et l’audiovisuel.

L e s m u s é e s d u r é s e a u d é p a r t e m e n t a l

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HIÈRES-SUR-AMBY, Haut-Rhône dauphinoisMAISON DU PATRIMOINEMontée de la Cure 38118 Hières-sur-Amby04 74 95 19 10 Fax 04 74 95 15 [email protected]ée municipal – Musée associé – Musée de France

L’exposition permanente de la Maison du patrimoine évoque le peuplement et les modes de vie de l’Isle Crémieu, de la Préhistoire à nos jours. À proximité du village, dominant le Rhône, le parc archéologique de Larina, classé Monument historique, présente les vestiges d’un habitat domanial du Bas-Empire et du haut Moyen Âge (IVe-VIIIe siècles).

HUEZ, OisansMUSÉE D’HUEZ ET DE L’OISANSRoute de la Poste 38750 Alpe d’Huez04 76 11 21 74 Fax 04 76 11 34 [email protected]ée associatif – Musée associé – Musée de France

Le Musée, situé au cœur de la station de l’Alpe-d’Huez, retrace l’aventure des chercheurs d’argent qui investirent le site de Brandes au début du XIIe siècle pour exploiter un gisement de plomb argentifère.Plus largement, au gré d’expositions temporaires, le Musée retrace la vie quotidienne dans le massif de l’Oisans.

LALLEY, TrièvesESPACE GIONOLe village 38930 Lalley04 76 34 78 23www.espace-giono.frMusée municipal – Musée associé – Lieu d’interprétation

À travers les œuvres de l’écrivain, c’est le Trièves de Giono qui est évoqué dans ce lieu de mémoire, autour de lettres, de livres, de photographies et de morceaux choisis.

MENS, TrièvesMUSÉE DU TRIÈVESPlace de la Halle 38710 Mens04 76 34 88 28 Fax 04 76 34 84 01 www.musee-trieves.commuseedutriè[email protected]ée Intercommunal Musée associé

Situé au cœur du quartier historique de Mens, le Musée donne toute sa place à l’histoire des hommes, au fait religieux, au patrimoine rural, aux artistes ayant séjourné dans le Trièves (Jean Giono, Édith Berger, Émile Gilioli). La visite invite à la découverte du territoire, des sites historiques et des paysages si caractéristiques de cette région.

MONTFERRAT, Voironnais-ChartreuseMUSÉE – PARC ARCHÉOLOGIQUE DU LAC DE PALADRUEn projet

MURE (LA), MatheysineMUSÉE MATHEYSINMaison Caral, rue Colonel Escallon 38350 La Mure04 76 30 98 15 (tél et fax)www.matheysine.com/[email protected]ée municipal – Musée associé – Musée de France

Situé au cœur de la vieille ville, dans un bâtiment histori-que rénové, la Maison Caral, le Musée retrace l’histoire économique, sociale et humaine du pays matheysin (la mine, la ganterie, le colportage). Un parcours qui vient en prolongement de l’exposition présentée en gare de La Mure sur l’histoire du chemin de fer.

PINSOT, GrésivaudanMAISON DES FORGES ET MOULINSRue Louise Barnier 38580 Pinsot04 76 13 53 59http://perso.orange.fr/forges-moulins/[email protected] d’interprétation – Musée de site – Musée associé

Installé dans un moulin du XIXe siècle, ce musée présente un ensemble d’installations hydrauliques en fonction-nement : moulins à farine, pressoir à huile de noix et taillanderie (forgeage d’outils).

SAINT-ANTOINE L’ABBAYE, Sud-GrésivaudanMUSÉE DE SAINT-ANTOINE L’ABBAYELe Monastère BP4 38160 Saint-Antoine l’Abbaye04 76 36 40 68 Fax 04 76 36 48 10http://www.musee-saint-antoine.frMusée départemental – Musée de France

Installé dans les bâtiments conventuels des XVIIe et XVIIIe siècles, le Musée propose dans le cadre de son exposition permanente et de ses expositions temporaires, un regard renouvelé sur l’histoire du site de Saint-Antoine et de l’Ordre des Hospitaliers.

SAINT CHEF, Porte des AlpesMAISON DU PATRIMOINE2 rue seigneur de By 38890 Saint-Chef04 74 92 59 92 Fax : 04 74 92 59 91www. [email protected] ou [email protected]ée municipal – Musée associé

Installé dans l’ancienne maison d’un chanoine, la Maison du Patrimoine propose la lecture de l’histoire de l’abbaye et des fresques du XIIe siècle inspirées de l’Apocalyspe. La Maison porte aussi un regard sur les traditions locales et les enfants du pays.

SAINT-PIERRE DE CHARTREUSE, Voironnais-ChartreuseENSEMBLE D’ART SACRÉ CONTEMPORAINPlace de l’Église 38380 Saint-Pierre-de-Chartreuse04 76 88 65 01 Fax 04 76 88 69 79Musée départemental – Musée de France

Situé au cœur du Parc naturel régional de Chartreuse, l’église de Saint-Hugues présente l’originalité d’avoir été entièrement décorée par le peintre Arcabas. De monumentales peintures ornent le chœur et les murs de l’édifice. Une décoration flamboyante qui se prolonge dans les vitraux, le tabernacle et l’autel sculptés, les sols gravés et les portes ornées de clouteries. Arcabas aura consacré trente-trois années de sa vie à la réalisation de cette œuvre.

SAINT-MARCELLIN, Sud-GrésivaudanMÉMOIRE DU TABACMaison de l’économie, 7 rue du colombier BP 63, 38160 Saint Marcellin04 76 38 83 [email protected]ée intercommunal – Lieu d’interprétation – Musée associé

Témoin d’une activité phare du développement économi-que de la région, l’ancienne manufacture des tabacs accueille aujourd’hui la Maison de l’Économie : un espace dédié à la mémoire du tabac organisé autour de témoigna-ges, d’objets et de projections audiovisuelles.

SAINT-MARTIN-DE-LA-CLUZE, TrièvesATELIER GILIOLILe Village 38650 Saint-Martin-de-la-Cluze04 38 92 00 96Musée municipal – Musée associé

La maison qui abritait l’atelier de Gilioli a été acquise par la municipalité, en 1997. Elle abrite aujourd’hui une bibliothèque et une exposition permanente qui retrace le parcours du sculpteur. Plusieurs œuvres originales y sont présentées témoignant de la diversité de la production artistique de Gilioli.

TRONCHE (La), agglomération grenobloiseMUSÉE DES SCIENCES MÉDICALESCHU BP 217-38043 Grenoble04 76 76 51 44 www.patrimoine-en-isere.fr (rubrique musées de l’Isère)[email protected]ée associé – Centre d’interprétation

Dédié à la conservation et la valorisation du patrimoine hospitalier, cet espace propose à travers la présenta-tion d’expositions temporaires et la création d’un fond documentaire, un regard sur l’histoire des établissements hospitaliers et de leurs personnels.

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MUSÉES EN ISÈRE

TRONCHE (LA), agglomération grenobloiseMUSÉE HÉBERTChemin Hébert 38700 La Tronche04 76 42 97 35 Fax 04 76 42 97 37www.patrimoine-en-isere.frMusée départemental – Musée de France

Dès son ouverture en 1979, le Musée a affiché une double orientation : favoriser une meilleure connaissance de l’art du XIXe siècle à travers les collections du peintre Ernest Hébert (1807-1908) et promouvoir la présenta-tion d’artistes contemporains, jeunes ou confirmés. La rénovation récente de la demeure familiale d’Hébert permet de présenter aujourd’hui la longue carrière de l’artiste à travers ses œuvres et celles de ses amis. La maison, et non loin, l’atelier, évoquent sa vie en même temps qu’ils restituent l’atmosphère d’un siècle éclecti-que. Des expositions temporaires permettent de mieux mesurer la place d’Hébert dans son temps.

VIF, agglomération grenobloiseMUSÉE CHAMPOLLIONMaison Champollion 45, rue Champollion 38450 Vif04 76 72 45 98 Fax 04 76 40 99 25Fermé au publicMusée départemental

Ouverte provisoirement au public en 2004, la propriété où vécurent les frères Champollion à Vif fait l’objet actuelle-ment d’études préalables à des travaux d’aménagement des bâtiments et des abords. Lieu de mémoire, le futur musée, dans l’univers retrouvé de la demeure familiale présentera la vie et l’œuvre des célèbres égyptologues, et la naissance de l’égyptologie.

VILLARD – BONNOT, GrésivaudanMUSÉE DE LA HOUILLE BLANCHEMaison Bergès Lancey 38190 Villard-Bonnot04 76 45 66 81Fermé au publicMusée départemental – Musée de France

Situé à Lancey, dans la vallée du Grésivaudan, le Musée réunit de précieux témoignages de la révolution industrielle vécue autour de l’hydroélectricité, dans la seconde moitié du XIXe siècle, et dresse le portrait de l’ingénieur centralien Aristide Bergès père de la ”houille blanche”. Des travaux engagés sur le site concernent dès cette année la rénovation de la Maison de Bergès. Mais c’est l’ensemble du site, avec ses premières installations qui fera l’objet d’un vaste projet d’aménagement dans les années à venir.

VILLARD-DE-LANS, VercorsMAISON DU PATRIMOINE1, Place de la Libération 38250 Villard de Lans04 76 95 17 [email protected]ée municipal – Musée associé

La Maison du patrimoine retrace la vie quotidienne des communautés paysannes sur le plateau du Vercors, au début du XXe siècle, évoque l’activité agricole et forestière et l’ouverture progressive de cette région, que l’on nomme des Quatre montagnes, au climatisme et au tourisme de montagne.

VINAY, Sud-GrésivaudanLE GRAND SÉCHOIR, MAISON DU PAYS DE LA NOIX705 route de Grenoble BP 39 38470 Vinay04 76 36 36 10 Fax 04 76 36 86 [email protected]ée intercommunal (communauté de communes de Vinay) – Musée associé

Le Grand Séchoir retrace l’histoire des hommes, qui d’hier à aujourd’hui, ont fait la renommée de la noix de Grenoble. Situé au cœur de la noyeraie iséroise, dans une ancienne ferme réhabilitée de manière très contemporaine, l’espace muséographique met en valeur le patrimoine et les savoir-faire du pays de la noix.

VIZILLE, agglomération grenobloiseMUSÉE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISEChâteau de Vizille 38220 Vizille04 76 68 07 35 Fax 04 76 68 08 [email protected]ée départemental – Musée de France

Installé dans le château de Vizille (XIVe, XVIIe, XIXe siècles), le Musée de la Révolution fut le théâtre d’un événement considéré comme un point de départ de la Révolution. En effet, le 21 juillet 1788, les États du Dauphiné réunis au château réclamèrent la réunion des États généraux. Le Musée a pour thème les aspects variés de l’histoire de la Révolution, ainsi que la création artistique et les transformations culturelles en Europe, des Lumières au Romantisme. Il présente des œuvres d’art et des objets d’histoire de l’époque révolutionnaire.

L e s m u s é e s d u r é s e a u d é p a r t e m e n t a l ( s u i t e )

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Cartographie : N. Esperguin MD-CGI. Grenoble, 2006

Maison Bergès etMusée de la Houille Blanche

Maison Champollion

Musée de Saint-Antoine-l’Abbaye

Musée Hector-Berlioz

Musée-Parc archéologiquedu Lac de Paladru

Ensemble d’ArtSacré Contemporain

Musée Hébert

Musée de la Révolutionfrancaise

Musée de la Résistance et de la Déportation de l’IsèreMusée Dauphinois

Musée Archéologique - Église Saint-LaurentMusée de l’Ancien Évéché

Musée de la Viscose

Musée du Paysd’Allevard

Musée Gallo-romain

Musée du Lacde Paladru

Musée deBourgoin-

Jallieu

Musée de Bressieux

Maison du Patrimoine

Musée du Trièves

Musée Matheysin

Maison du Patrimoine

Musée des Sciences médicales

Maison du Patrimoine

Atelier Gilioli

Maison des Forgeset des Moulins

Le Grand SéchoirMusée du pays de la Noix

Musée Jadis-Allevard

Musée d’Huez et de l’Oisans

St-Antoine-l’Abbaye

St-Hugues-de-Chartreuse

Vif

Villard-Bonnot

Vizille

La Côte-St-André

Montferrat

La Tronche

Lancey

St-Pierre-de-Chartreuse

Echirolles

Allevard

Aoste

Bourgoin-Jallieu

Bressieux

Grenoble

Hières-sur-Amby

Mens

St-Chef

Villard-de-Lans

Vinay

Charavines

La Mure

St-Martin-de-la-Cluse

Pinsot

Huez

0 10 km

ouverts au public

en rénovation

en projet

ouverts au public

en projet

MUSÉES ASSOCIÉS

MUSÉES DÉPARTEMENTAUX

MUSÉES EN ISÈREJ O U R N A L 1 9 PAGE21

LES MUSÉES DU RÉSEAU DÉPARTEMENTAL

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MUSÉES EN ISÈRE

GRENOBLEMUSÉE DE GRENOBLE5, place Lavalette38000 Grenoble04 76 63 44 44

GRENOBLEMUSEUM D’HISTOIRE NATURELLE1 rue Dolomieu38000 Grenoble04 76 44 05 35

VIENNEMUSÉE DES BEAUX-ARTSET D’ARCHÉOLOGIEPlace de Miremont38200 Vienne04 74 85 50 42

VIENNEMUSÉE ARCHÉOLOGIQUE SAINT-PIERREPlace Saint-Pierre38200 Vienne04 74 85 20 35

BALME-LES-GROTTES (LA)MAISON DU PATRIMOINE8, rue Noire38390 La Balme-les-Grottes 04 74 90 17 68

BÂTIE-MONTGASCON (LA)MUSÉE DU TISSERAND DAUPHINOIS76, rue des Tisserands38110 La Bâtie-Montgascon04 74 83 08 99

BEAUVOIR-EN-ROYANSMUSÉE DELPHINALPlace de l’Eglise38160 Beauvoir-en-Royans04 76 64 02 55

BESSE-EN-OISANSMAISON DÉPARTEMENTALE DES ALPAGES38142 Besse-en-Oisans04 76 80 19 09

LE BOURG-D’OISANS (LE)MUSÉE DES MINÉRAUXET DE LA FAUNE DES ALPESPlace de l’Église38520 Bourg-d’Oisans04 76 80 27 54

BRANGUESESPACE D’EXPOSITION CLAUDEL — STENDHALPlace Paul Claudel38510 Brangues04 74 80 32 14

CHAMP-SUR-DRACMUSÉE “AUTREFOIS”Centre socio-culturel Navarre38560 Champ-sur-Drac04 76 68 86 40

LA COMBE-DE-LANCEY (LA)MUSÉE RURAL38190 La Combe-de-Lancey 04 76 90 50 25

CORBELINMUSÉE FRANÇOIS GUIGUETMairie de CorbelinPlace du Campanile BP 438630 Corbelin04 74 83 72 00

CÔTE-SAINT-ANDRÉ (LA)MUSÉE DES LIQUEURS CHERRY-ROCHER94, avenue des Cantinières38300 Ruy04 74 93 38 10

ÉCHIROLLESMUSÉE GÉO CHARLES1, rue Géo Charles38130 Échirolles04 76 22 58 63

GRENOBLEMUSÉE DES AUTOMATES12, rue des Arts38000 Grenoble04 76 43 33 33

GRENOBLEMUSÉE STENDHALactuellement fermé GRENOBLEMAISON STENDHAL20, Grand-Rue38000 Grenoble04 76 42 02 62

JARRIEMUSÉE DE LA CHIMIE DU CHLOREClos Jouvin100 montée La Creuse38560 Jarrie04 76 68 62 18

LIVET-GAVETMUSÉE DE LA ROMANCHERoute des Alpes — Rioupéroux38220 Livet-Gavet04 76 68 42 00

MONTALIEU-VERCIEUMAISON DE LA PIERRE ET DU CIMENT1 rue du Rhône38390 Montalieu-Vercieu04 74 88 67 95

MONT-DE-LANS – LES DEUX-ALPESMUSÉE DU PATRIMOINE”CHASAL LENTO”38860 Mont-de-Lans04 76 80 23 97

MORESTELL’ESPACE D’EXPOSITION MAISON DU PAYS DES COULEURS84 place du 8 mai 4538510 Morestel04 74 80 39 30

MORESTELMAISON RAVIER302, rue François-Auguste Ravier38510 Morestel04 74 80 06 80

MOTTE-D’AVEILLANS (LA)MUSÉE SOUTERRAIN DE LA MINE IMAGELes quatre galeries38770 La Motte-d’Aveillans04 76 30 68 74

PONT-EN-ROYANSMUSÉE DE L’EAUPlace du Breuil BP1538680 Pont-en-Royans04 76 36 15 53

PELLAFOLMAISON DU PATRIMOINE “LES PAYAS”38970 Pellafol04 76 30 02 47

PONT-DE-BEAUVOISIN (LE)MUSÉE DE LA MACHINE À BOISPlace Trillat38480 Le Pont-de-Beauvoisin04 76 37 27 90

PONTCHARRAMUSÉE BAYARDChâteau Bayard38530 Pontcharra04 76 97 68 08

REVEL-TOURDANMUSÉE GALLO-ROMAINPlace de Tourdan38270 Revel Tourdan04 74 79 54 81

REVEL-TOURDANMUSÉE DE TRADITION RURALEPlace du Souhet de l’Halle38270 Revel Tourdan04 74 79 54 81

SAINT-CHRISTOPHE-EN-OISANSMUSÉE MÉMOIRE D’ALPINISMES38520 St-Christophe-en-Oisans 04 76 79 52 25

SAINT-JEAN-DE-BOURNAYMUSÉE JEAN DREVONRue Picard Jardin de Ville38440 Saint-Jean-de-Bournay04 74 58 70 40

SAINT-PIERRE-DE-CHARTREUSEMUSÉE DE LA GRANDE CHARTREUSELa Correrie38380 St-Pierre-de-Chartreuse 04 76 88 60 45

SAINT-QUENTIN-FALLAVIERMUSÉE DE LA VIE RURALEDomaine de Gargues38070 Saint-Quentin-Fallavier 04 74 95 30 36

TULLINSMUSÉE AGRICOLEPlaine de TullinsMas de Corcelles04 76 07 01 98

VAUJANYMAISON DE LA FAUNELe Village38114 Vaujany04 76 79 87 07

VAUJANYESPACE MÉMOIREMaison de VaujanyLe Village38114 Vaujany04 76 80 72 37

VAUJANYMUSÉE HYDRELECVallée de l’Eau-d’Olle38114 Vaujany04 76 80 78 00

VIENNECLOÎTRE ROMAN DE SAINT-ANDRÉ-LE-BASCours Saint-André-le-Bas38200 Vienne04 74 85 18 49

VIENNEMUSÉE DE LA DRAPERIEEspace Saint-GermainAvenue du Général Leclerc38200 Vienne04 74 85 73 37

VILLE-SOUS-ANJOUMUSÉE ANIMALIER9, route d’Assieu38150 Ville-sous-Anjou04 74 84 49 39

VOIRONMUSÉE MAINSSIEUX7, Place Léon-Chaloin BP 26838507 Voiron cedex04 76 65 67 17

L e s autres m u s é e s d e l ’ I s è r e

J O U R N A L 19PAGE23AU DÉTOUR D’UNE RUELLE BASSE, là où chante la fontaine du village, se blottit la Maison du Patrimoine de Saint-Chef-en-Dauphiné. Nichée dans une ancienne maison de chanoine, le Seigneur de By, elle est depuis six ans le lieu de ressources pour la compréhension d’un site particulièrement riche d’histoire et… d’histoi-res. Le maître des céans, Luc Savoyat, poursuit plusieurs missions : concevoir et enrichir l’espace muséographique de la Maison du Patrimoine, assurer les visites commentées de l’église abbatiale et des prodigieuses fresques romanes du XIIe siècle, animer les lieux enfin, en imaginant des collaborations avec les acteurs locaux. “J’avais mon programme de musée idéal, il se fait pas à pas”, se réjouit Luc Savoyat, qui a conçu les lieux comme un circuit de découverte, où objets, iconographie et textes permettent plusieurs niveaux de compréhension.

SAN ANTONIO AU COMPLET !

L’exposition permanente raconte notamment l’histoire du village, les avatars de son abbaye du VIe siècle, l’importance des traditions séculaires (la vigne, la soie et le pisé). Elle dévoile aussi la vie des enfants célèbres de Saint-Chef : le seigneur Antoine Pécaudy, l’auteur Marius Riollet, le comédien Louis Seigner et l’inénarrable Frédéric Dard. “Sa disparition en juin 2000 coïncide avec la date prévue pour l’inauguration de la Maison du Patrimoine. À cause de cet événement, nous l’avions retardée au mois de novembre”, se souvient Luc Savoyat. En 2005 a été inauguré le fonds San Antonio, soit la première collec-tion publique exhaustive des productions de Frédéric Dard. Les cent soixante-quinze polars s’alignent soigneusement derrière les vitrines, mais aussi une quinzaine de hors-série, des scénarios de longs métrages et des livrets d’opérette, sans oublier la machine à écrire du maître, objet mythique s’il en est, et autres archives photos. “Sait-on aussi que plusieurs histoires de San Antonio font référence à l’histoire de Saint-Chef et s’inspirent de l’enfance de Dard dans le village ?”, souligne Luc Savoyat, fin décortiqueur des intrigues. Le Musée dispose d’une bourse d’échange pour obtenir les éditions qui lui manquent encore : avis aux amateurs !

INTERACTIVITÉ ET DIPLOMATIE

En 2006, l’animateur du patrimoine travaille sur un projet de borne interactive autour de Frédéric Dard et Louis Seigner. Des négocia-tions, assez difficiles, sont en cours avec l’INA pour récupérer des archives de pièces de théâtre. À côté de ce projet, il s’active à concevoir des grands événements culturels : “Avec les ressources locales, nous montons des spectacles qui illustrent l’histoire de Saint-Chef, en cherchant l’interactivité avec le public”, explique-t-il. Luc Savoyat sait aussi que l’avenir passe par la complémentarité des sites d’importance historique : “Avec Crémieu, Hières-sur-Amby et Morestel, nous sommes attentifs à partager nos expériences.” Même quand celles-ci sont parfois houleuses ! Car animateur du patrimoine est aussi un métier à risque : “J’ai été houspillé par des visiteurs

pour avoir soutenu que Saint-Valentin était le patron des vignerons ! Il faut être diplomate quand on avance ses connaissances, m’avait prévenu Jean Guibal, je le sais maintenant, sourit Luc Savoyat. Nous ne prétendons pas apporter de réponse systématique mais au moins une grille de lecture, en faisant preuve d’esprit scientifique.”

R.G.

Luc Savoyata n i m a t e u r d u p a t r i m o i n e

SAINT-CHEF PROFESSION DE FOILUC SAVOYAT EST L’UN DES QUATRE ANIMATEURS DU PATRIMOINE NOMMÉS EN 1996 PAR LE CONSEIL GÉNÉRAL DE L’ISÈRE. SA MISSION : DÉVELOPPER ET ANIMER LA MAISON DU PATRIMOINE

DE SAINT-CHEF-EN-DAUPHINÉ, INSTALLÉE DANS UN SITE HISTORIQUE, AU CŒUR D’UN VILLAGE REMPLI D’ÂME…

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HORMIS LES COLLECTIONS DU MUSÉE D’AOSTE QUI TROUVENT LEUR ORIGINE DANS UNE FOUILLE ARCHÉOLOGIQUE DÉBUTÉE EN 1856, LES COLLECTIONS DES MUSÉES DU RÉSEAU SONT LE RÉSULTAT D’UN TRAVAIL DÉVELOPPÉ DANS LA SECONDE MOITIÉ DU XXE SIÈCLE, PAR DES AMATEURS ÉCLAIRÉS, DES ÉRUDITS LOCAUX ET DES PASSIONNÉS DE TOUTES ORIGINES. CES DERNIERS, SOUVENT RÉUNIS EN ASSOCIATION, ONT EU À CŒUR DE PÉRENNISER LE FRUIT DE LEUR TRAVAIL EN CÉDANT LEUR COLLECTION À UNE COLLECTIVITÉ. ILS ONT AINSI JETÉ LES FONDEMENTS DES FUTURS PROJETS CULTURELS QUI NOUS INTÉRESSENT AUJOURD’HUI.

l eTRÉSORd e si s é r o i s

J O U R N A L 19PAGE25UN INCROYABLE “MAGOT” !S’il n’est pas possible ici de présenter dans le détail le contenu des réserves muséogra-phiques, nous pouvons toutefois illustrer la richesse des institutions en présentant les pièces les plus représentatives de ce trésor isérois. Les collections archéologiques préhistoriques ou historiques sont largement représentées, mais celles conservées à Hières-sur-Amby et Aoste méritent un regard particulier. La Maison du Patrimoine conserve entre autres un mobilier unique en Europe, issu des fouilles de la tombe d’un prince celte mis au jour à Saint-Romain-de-Jalionas en 1990, dont un torque (sorte de collier) en or daté du Bronze final. Le Musée gallo-romain dispose quant à lui dans sa présentation permanente d’un ensemble de verreries évoquant l’art de vivre dans la cité d’Augusta.Les témoignages de l’histoire industrielle du département sont également très présentes. À Bourgoin-Jallieu, le Musée dispose d’une série intéressant l’impression sur étoffes : de la planche au cadre à l’imprimante numéri-que, trois générations de savoir-faire de cette filière textile sont ici évoquées. À Allevard, le futur musée du pays conserve une collection unique en France sur l’histoire du therma-lisme : des instruments de soin aux chaises à porteur, ce sont là des témoignages précieux d’un tourisme de santé et de loisirs réservé à des privilégiés. Quant aux documents et objets divers intéressant la métallurgie tradition-nelle, ceux-ci prennent tout leur sens à travers une série de machines, d’outils et d’accessoi-res de taillanderie présentés à la Maison des Forges et des Moulins de Pinsot.Les musées présents sur les hautes terres du Vercors, de la Matheysine et du Trièves disposent certes d’objets relatifs au monde rural, l’agriculture et l’élevage en montagne, mais déclinent chacun leur spécificité : une collection intéressant l’histoire du colportage et de la clouterie en Matheysine ; un ensemble autour de la naissance du tourisme hivernal à Villard-de-Lans avec des traîneaux à patins décorés, sans oublier l’étonnante collection de jougs constituée par Jacques Lamoure. Quant au Trièves, il se singularise sans doute tout autant par des objets liés à des activités domestiques spécifiques (comme la ganterie) que par la mise en valeur dans ses murs du patrimoine présent sur les sites. Il faudrait encore citer dans cet esprit le Grand Séchoir à Vinay qui propose une lecture croisée de la nuciculture en Isère, ou encore la Maison du patrimoine de Saint-Chef qui présente un vitrail du XIIe provenant de l’abbaye romane. Enfin, pour terminer un si rapide panorama, il faut citer deux maisons de créateurs qui conservent une sélection choisie des œuvres de leur artiste. L’atelier Gilioli à Saint-Martin-de-la-Cluze qui expose des productions de ce sculpteur contemporain ou encore le Musée

Mainssieux à Voiron qui présente l’œuvre de ce peintre, écrivain, musicien né en Isère à la fin du XIXe siècle.

EN PROPRE OU EN DÉPÔTSi une collection fonde le projet culturel d’un musée, il faut savoir que trop souvent celle-ci constitue une lourde charge pour la collec-tivité propriétaire. Conserver une collection signifie l’inventorier, la décrire, la photogra-phier mais aussi la stocker, la conditionner et disposer d’un local aménagé et sécurisé pour le rangement des pièces. Une collection doit par ailleurs être entretenue, régulièrement nettoyée voire désinsectisée ou restaurée. Combien de communes peuvent prendre en charge un tel dispositif ?Certains musées ont choisi de ne pas disposer d’une collection propre. Ainsi les objets issus des collectes ou des fouilles ont été donnés par les inventeurs au Musée dauphinois qui, tout en assurant la conservation, les met en valeur sur les sites d’origine à travers une formule de prêt de longue durée. C’est le cas des objets issus du site médiéval de Colletière à Charavines présentés au Musée du Lac de Paladru, des collections du château de Bressieux exposées dans le musée de la commune, ou encore de la mosaïque de Clonas qui rejoindra, une fois le bâtiment achevé, son lieu de trouvaille.

PRÉSERVER ET VALORISER LES COLLECTIONSIl faut donc réfléchir aux moyens qui pourraient être mis en œuvre pour aider les musées non plus seulement sur leur programme culturel mais aussi sur leur mission conservatoire. Quels moyens mettre en œuvre pour la conser-vation préventive, l’aménagement et l’équi-pement de réserves, la restauration ? Quelle complémentarité créer entre les collections et les documentations afin de favoriser les échanges et nourrir une politique d’acquisition cohérente ? Des projets restent à imaginer comme celui de réaliser un catalogue numéri-que des plus belles collections du réseau des musées afin de les faire connaître d’un large public et de valoriser le patrimoine isérois dans sa grande diversité.Ces collections témoignent des identités culturelles de chaque pays mais elles révèlent aussi l’attachement de toute une population pour son histoire. Ces musées constituent donc à l’échelle iséroise des interlocuteurs essentiels dans la réflexion conduite par les musées départementaux sur les programmes à mettre en œuvre tant pour l’étude et la conservation que pour la restauration et la mise en valeur des collections. Présents sur les sites, ces musées sont aussi les acteurs dans la constitution de la mémoire et du patrimoine de demain.

I s a b e l l e L a z i e r

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RALP

S’ils présentent une grande diversité, s’ils disposent de moyens très disparates, les musées de territoire partagent la même volonté d’être proche du public. Ces visiteurs d’un jour, de passage, en quête d’une meilleure connaissance de leur lieu de séjour ; tout comme ces visiteurs de proximité en quête de moments partagés autour du patrimoine et de la mémoire. Si l’on ne cherche pas toujours ici à battre des records de fréquentation, on vise davantage à imaginer des rencontres de qualité. C’est dans la diversité des propositions faites aux publics à l’échelle de ce réseau que l’on prend la mesure du rôle culturel que remplissent ces musées, revendiquant bien volontiers leur rôle de passeurs.

EXPÉRIMENTER ET INVENTER

La sensibilisation des plus jeunes au patrimoine, notamment dans le cadre scolaire, tient une place majeure dans les programmes de médiation des musées associés. Ces derniers font preuve d’inventivité en créant des actions diversifiées à destination des élèves, de l’école maternelle au lycée. En expérimentant notamment des dispositifs qui réunissent et croisent les compétences de chacun. Ainsi, les “journées thématiques” organisées par neuf sites patrimoniaux et musées en Nord-Isère, qui proposent des explorations didactiques et ludiques autour des thèmes de la religion, du Moyen Âge, du paysage, des savoir-faire et de l’architecture. Ces parcours mènent les élèves de grottes en musées, les invitent à longer des fortifications médiévales et les conduisent parfois jusqu’au pied de falaises naturelles.

Rien de tel que d’expérimenter concrètement l’archéologie ! C’est autour de ce constat qu’est né le projet d’archéorium de la Maison du Patrimoine de Hières-sur-Amby. Reconstitution minutieuse d’un chantier de fouille, ce dispositif permet aux enfants de mettre au jour des vestiges archéologiques, en utilisant de vrais outils de fouille. Même démarche pratique au sein des ateliers du Musée d’Aoste : ici on s’habille et on écrit à la manière des Allobroges pour mieux imaginer le mode de vie des peuples gallo-romains.

Lors de l’opération “Printemps des poètes — Passeurs de mémoire” menée en 2005, plus de deux cents élèves isérois ont interprété leur patrimoine par l’approche sensible de la poésie. Cinq musées associés ont été des partenaires privilégiés de la mise en œuvre de ce programme Art et Culture initié par le ministère de l’Éducation nationale et le ministère de la Culture.

ÉLARGIR L’ACCÈS DE TOUS AU MUSÉE

Accueillir les visiteurs porteurs d’un handicap moteur, visuel, auditif ou mental n’est pas toujours facile dans les équipements qui n’ont pas été conçus initialement pour ces usages. Et les équipes de médiateurs ne sont pas toujours formées à ces accueils spécifiques. Pourtant des aménagements, parfois simples, peuvent être entrepris pour faciliter les cheminements ; des actions de médiation adaptées peuvent être menées pour aider l’approche d’un objet ou permettre l’appréciation d’une œuvre. L’atelier Gilioli, le Musée du Trièves et l’espace Giono ont ainsi souhaité rendre visible leur démarche en direction de ces publics en bénéficiant du label régional “Tourisme et handicap”. D’autres musées s’engagent aujourd’hui dans cette réflexion dont le résultat bénéficie toujours au plus grand nombre.Élargir l’accès de tous au musée, c’est aussi faire tomber des barrières. Le Musée grenoblois des Sciences médicales démontre par ces actions le succès que peuvent rencontrer les projets d’une meilleure accessibilité à la culture, favorisés par le programme “Culture à l’hôpital” initié par les ministères de la Santé et de la Culture. L’exposition “Paysages vus, paysages rêvés” proposée en partenariat avec le Musée de Grenoble est un parfait exemple de rencontres organisées entre médiateurs, artistes, professionnels de la médecine et patients, personnel soignant et administratif du CHU de Grenoble. Le dialogue a pu s’instaurer entre ces différents partenaires autour des objets du patrimoine, créant une occasion de découverte ou de regards différents.

FAIRE LA FÊTE

Au-delà des expositions temporaires, qui constituent les événements majeurs de leur programmation culturelle et les plus grands moments d’échange avec les visiteurs, les musées de territoire se retrou-vent volontiers dans le cadre d’événements festifs. Les Journées du Patrimoine sont ainsi devenues un rendez-vous annuel incontournable. Tout comme l’est, depuis dix ans, l’opération “Musées en fête”. Plus d’une vingtaine de musées en Isère participent à cette manifestation. Tous situés en milieu rural, ils proposent le temps d’un week-end, outre la gratuité d’accès à leurs expositions, des animations elles aussi gratuites. Musique, danse, petites formes de théâtre, lectures, randon-nées contées, dégustations s’attachent à faire découvrir les musées sous un autre angle, mais toujours en s’appuyant sur la rencontre et la convivialité.

Béatrice Ail loud et Franck Philippeaux

RENCONTRES AVEC LES PUBLICS

COMMENT ABORDE-T-ON LA QUESTION DE LA RELATION AU PUBLIC QUAND ON ANIME UN MUSÉE SANS GROS MOYENS HUMAINS NI TECHNIQUES, QUAND ON EST PARFOIS ISOLÉ DES GRANDS CENTRES URBAINS, LOIN DES PROGRAMMATEURS DE DISPOSITIFS DE MÉDIATION ?

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REN C O N T R EA V E CL E SP U B L I C S

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« RÉSEAUTER »

J O U R N A L 19PAGE28 ASSOCIÉS AU SEIN D’UN RÉSEAU, OUI MAIS COMMENT ? QUELLES FORMES PEUT PRENDRE CETTE ASSOCIATION ? AUTOUR DE QUELLES PROBLÉMATIQUES ET DE QUELS PROJETS LES TRENTE MUSÉES DU RÉSEAU SE RETROUVENT-ILS ?

DES JOURNÉES DE FORMATION…

Le fait que la notion même de réseau soit apparue tardivement, tout comme d’ailleurs le terme de musée associé, a sans doute participé à la fragilité du sentiment d’appar-tenance des musées au dispositif. C’est certai-nement l’organisation depuis 2001 de Journées de rencontres professionnelles qui a donné corps et force au réseau. Programmées chaque année dans un musée différent, elles permet-tent la découverte d’un site, d’un territoire et la rencontre avec les élus concernés. Chaque édition met à l’ordre du jour un thème d’étude et de réflexion autour de techniques professionnelles : ont ainsi été successive-ment abordés, en présence de spécialistes, les problèmes de conservation préventive, de muséographie, de valorisation et de mise en tourisme, ou encore de communication. Souvent isolées dans une problématique de survie quotidienne, les équipes trouvent dans ces moments partagés des réponses parfois rassurantes à des questionnements qui s’avèrent communs. Les liens inter-person-nels, amicaux et professionnels créés à cette occasion permettent en effet des rappro-chements plus faciles, au profit souvent de réalisations collectives.

…AUX PROJETS COMMUNS.

Il y a les grandes messes comme les Journées du patrimoine, la Nuit des musées, Musées en fête qui rassemblent tout le monde “sur le pont”. Et puis il y a des moments moins médiatiques mais riches d’enseignements et de complicités.C’est peut-être entre les musées archéo-logiques membres du réseau que le travail en commun s’est le plus illustré. D’Aoste à Charavines, de Bressieux à Hières-sur-Amby, les idées et les hommes circulent. Les collections s’échangent. Les savoir-faire se confrontent. Sont nées de ces rapprochements des expositions conçues conjointement : “La livre et le pied” sur le thème des mesures dans l’Antiquité, réunissant les collections du Musée gallo-romain d’Aoste et de la Maison du Patrimoine de Hières-sur-Amby ou encore l’exposition “Beaux Atours” sur le thème du vêtement au Moyen Âge rassemblant les musées de Grenoble (le Musée archéologique Saint-Laurent et le Musée dauphinois), le Musée de Bressieux, et le Musée d’Huez-en-Oisans. Il arrive enfin que ces exposi-

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tions, conçues sur la base d’un partenariat bien compris, circulent d’un établissement à l’autre, démultipliant ainsi leur potentiel de rencontre avec les publics sur le territoire isérois. Il faudrait enfin évoquer la réflexion conduite conjointement autour des programmes de médiation, et notamment des outils pédago-giques : on se contentera de citer l’exemple de l’atelier “Vêtement et écriture” créé à l’occa-sion de l’exposition “Les Allobroges” réalisée par le Musée dauphinois, qui continue de remporter un franc succès au Musée gallo-romain d’Aoste, où il a été proposé au jeune public.

Chacune de ces collaborations permet une mise en commun d’informations scientifiques qui enrichit la connaissance, tout autant que les programmes d’action culturelle. C’est sur cette base commune enfin qu’une communica-tion globale et transversale a pu être possible. Portée par le journal Patrimoine en Isère et le site Internet patrimoine-en-isere.fr ; relayée auprès des enseignants lors de chaque rentrée scolaire ; de la presse lors de la présenta-tion des saisons culturelles à l’automne et au printemps ; des acteurs du tourisme lors des workshop ou rencontres techniques, l’actualité des musées du réseau a pu trouver la diffusion qu’elle méritait.

Le réseau est loin d’avoir atteint sa maturité. Les expériences collectives doivent être encouragées ; les programmes fédérateurs étudiés tant dans le domaine de l’édition, de la communication ou de l’animation. Car c’est bien la mise en commun de ressources et de compétences, dans un état d’esprit partagé, qui peut fonder et faire rayonner le travail en réseau.

Marianne Taill ibert

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PORTRA

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SORTIR DE SA COQUILLE !

“Ils arrivent un mardi matin, à six, comme convenu, pour créer un spectacle de danse singulier, inspiré des lieux. Je leur présente le musée, l’histoire des hommes du pays de la noix, les collections. Emballés par cette ancienne ferme devenue musée, ils ‘fouillent’ dans ses entrailles, investissent la partie ancienne du séchoir d’habitude interdite au public, escaladent la vieille charpente, s’emparent de certains outils exposés. Respectueux des lieux, ils n’en sont pas moins avides de cette appropriation créatrice qui bouscule les habitudes du musée. Je ravale mes appréhensions et laisse s’épanouir cette confrontation entre la vie, le mouvement et les espaces. Quelques jours plus tard, le public est là, nombreux. Il se laisse conduire à travers le musée, séduit par des tableaux dansés d’une justesse et d’une poésie déconcertantes. Et je me laisse enfin surprendre, moi aussi, par le ballet chorégraphié de la récolte, par la sensualité des danseurs de l’histoire d’amour de la noix, par l’énergie qui remplit le Grand Séchoir, le temps d’un week-end, le temps de Musée en fête.”

Marion Carcano d i r e c t r i c e d u G r a n d

S é c h o i r à V i n a y

ÉCOUTER, RÉCUPÉRER, SAUVER PARFOIS

“Depuis septembre 2001, je travaille à la conservation et à la valorisation du patrimoine hospitalier et de la santé de notre département. Mener une telle mission au CHU de Grenoble est une gageure dans un domaine évoluant sans cesse, où les objets à usage unique sont systématiquement jetés, les bâtiments transformés ou détruits, pour s’adapter aux normes de sécurité de plus en plus contrai-gnantes. Trop attachée aux personnes, aux objets, aux lieux, je ne peux me résoudre à voir disparaître ce qu’une institution a généré au fil des années. Alors, je ‘récupère’ ici une vieille chaise en métal, là, un lit en bois, objet témoin des galeries de cure du sanatorium du Rhône de Saint-Hilaire… J’interroge et j’écoute ce médecin, qui contracta la tubercu-lose alors qu’il était étudiant et quitta sa famille pour se faire soigner au sanatorium des étudiants à Saint-Hilaire-du-Touvet, ou bien cette surveillante ayant travaillé sa vie entière à l’hôpital. Je collecte des photos, sorties des albums familiaux, témoignages de la vie des malades (documents si rares !) ou du personnel à l’hôpital. Aujourd’hui, ce travail s’inscrit dans le projet d’établisse-ment du CHU de Grenoble, et c’est un grand encouragement.”

Sylvie Bretagnon r e s p o n s a b l e d u

M u s é e d e s s c i e n c e s m é d i c a l e s

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AITS

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AITSOUVRIR DE NOUVELLES VOIES

“En plus de nos activités traditionnelles de médiation, nous souhaitions nous tourner vers de nouveaux horizons, afin de sensibi-liser davantage le public familial local aux richesses patrimoniales de l’Isle-Crémieu. Une rencontre inattendue avec une conteuse nous a ouvert la voie d’un nouveau concept. Proposant déjà des balades de découvertes, nous avons souhaité les rendre plus convivia-les en intégrant les légendes et petites histoires. Delphine, grâce à son approche personnelle de ce patrimoine immatériel, a su apporter une part de rêve et insuffler de la légèreté dans notre discours. Cette pointe de fabuleux et d’anecdotique a finalement permis aux jeunes et moins jeunes d’avoir un regard différent sur ce qui les entoure et qu’ils méconnaissent souvent. L’accès à la culture en milieu rural, expression solennelle s’il en est, demeure cependant une des missions qui nous tient le plus à cœur. La rencontre avec Delphine et son association Contes en couleur en est une des plus belles expressions.”

José Diaz r e s p o n s a b l e d e l a

M a i s o n d u P a t r i m o i n e d e

H i è r e s - s u r - A m b y

DU SOUCI DE LA CONNAISSANCE

“Une de nos plus belles rencontres est celle qui s’est déroulée en 1998 avec Monsieur Baginski, maître horloger suisse et ancien sacristain de la cathédrale de Stockholm, autour du mécanisme de l’horloge du château de Bressieux présenté au musée. Lors de cette visite il découvrait avec émerveillement un mécanisme similaire aux trois mécanismes (XIIIe-XIVe siècles) de son ancienne cathédrale. Depuis, d’autres rencontres et l’envoi d’une documentation ont fait avancer un dossier qui n’attend plus qu’un spécialiste pour fournir une datation permettant d’attester que, très tôt, les seigneurs de Bressieux avaient une horloge qui rythmait la vie du château.Pour les membres de l’association, à l’origine de la collection de Bressieux et animateurs du musée, cette relation autour d’un bel objet apporte des éléments scientifiques détermi-nants qui font avancer la connaissance. C’est une grande satisfaction car la récompense du travail accompli depuis vingt-cinq ans. Et puis c’est aussi un grand plaisir à titre personnel, pour le président des Amis que je suis depuis plus d’un quart de siècle, que de voir, petit à petit, l’histoire de Bressieux, révélée et reconnue.”

Raymond Moyroud p r é s i d e n t f o n d a t e u r d e s A m i s d e B r e s s i e u x

QUAND LES ARCHÉOLOGUES S’EMPARENTDU MUSÉE

“Des archéologues dans un musée d’archéo-logie : quoi de plus normal ? Ouvrir les portes du musée aux chercheurs et vulgariser les données scientifiques dans le cadre d’un échange étroit : quoi de plus naturel ? Évoquer les rites de nos ancêtres gallo-romains pour passer dans l’au-delà : rien de plus passion-nant. Le partenariat noué par le Musée gallo-romain d’Aoste avec les archéologues de l’INRAP (Institut national de Recherches archéologiques préventives) en janvier 2006 s’est révélé une véritable réussite. Il n’en a pas moins nécessité un gros travail de coordi-nation et de médiation qui n’a pas toujours été des plus rassurants pour l’animatrice du musée que je suis. Comprendre et assimiler de gros rapports de fouilles très techniques et il faut bien le dire parfois indigestes, s’accor-der sur le discours de l’exposition, veiller à la cohérence avec le propos de l’exposi-tion permanente : bref, être à la hauteur des spécialistes et du public tout à la fois. Et puis par magie, tout prend forme : les objets révèlent leurs secrets, les épitaphes s’avèrent pleines de poésie et d’humour ; les archéolo-gues ont l’air content d’être là ; et les enfants s’étonnent ! “Dis donc, ils avaient de sacrés tombeaux, on les voyait de loin à l’époque. Ils avaient la folie des grandeurs”. Place à l’innocence et au sentiment d’une mission accomplie…”

Sylvie Perrin-Toinin a n i m a t r i c e d u

M u s é e g a l l o - r o m a i n d ’ A o s t e

ILS SONT CONSERVATEUR, DIRECTEUR, ANIMATEUR, CHARGÉ DE MISSION. CHEVILLES OUVRIÈRES, INFATIGABLES AMBASSADEURS, MILITANTS DE LA PREMIÈRE HEURE, ILS DONNENT DE LEUR TEMPS ET DE LEUR ÉNERGIE POUR PORTER LEUR PROJET. NOUS LEUR AVONS DEMANDÉ DE NOUS LIVRER L’UNE DE LEURS BELLES RENCONTRES AU MUSÉE, ET À TRAVERS CET EXEMPLE PRÉCIS DE TÉMOIGNER DU SENS QU’ILS DONNENT À LEUR MISSION.

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EN DEVTous les problèmes n’en sont pas pour autant résolus. Longtemps, les équipes du Musée dauphinois et de la Conservation ont directement piloté les projets, depuis Grenoble. Cette situation ne pouvait se perpétuer sans risque d’affaiblir le musée et surtout sans risque de le couper de la population locale, quelles que soient les précautions prises. Aujourd’hui, l’objectif est bien de trouver pour chaque établissement les moyens nécessaires à l’engagement d’un personnel qualifié, apte à personnaliser le projet et surtout à veiller à son rôle culturel et social à l’échelle locale. Ces recrutements progressent bien mais ont été un temps perturbés par l’apparition, puis la disparition, des emplois-jeunes. Il faut espérer que les regroupements de communes ou les créations de pays permettront de prendre le relais de ces politiques patrimoniales, lesquelles auront nécessairement besoin de compétences professionnelles.

Sans doute aussi l’avenir réside-t-il dans l’ouverture de ces musées sur leur territoire. De communaux pour la plupart, ils devraient devenir intercommunaux et remplir des missions plus larges sur le patrimoine in situ, comme l’a fait à son échelle le Musée dauphinois. Cette fonction de service est largement attendue par les élus et les populations, tous inquiets devant le sort réservé à notre patrimoine collectif. À cette échelle seulement, les moyens seront sûrement disponibles pour recruter des professionnels de qualité.

Car les difficultés budgétaires existent bien, malgré l’interven-tion financière du Conseil général de l’Isère. Et il faut là encore mutualiser les moyens pour répondre à la demande sociale. Certains musées “associés” ont même souffert de la gratuité d’accès accordée dans les musées départementaux, tant les recettes tiennent une place importante dans le budget des établissements.

Sans doute aussi est-ce dans le domaine du tourisme que les progrès les plus importants sont à faire. Certes, il est de bon ton de reprocher aux structures départementales de n’avoir pas même mis en place en Isère un plan de signalétique routière digne de nos musées et de notre patrimoine ! Mais il faut aussi reconnaître que nos établissements ne remplissent pas, ou rarement, toutes les conditions pour favoriser l’accès du public touristique. Sur ce point sans doute, comme sur tous les thèmes liés au “lien social” (accueil des visiteurs handicapés, travail avec les “non-publics”, animations et développement des sorties hors les murs, etc.), les années à venir seront déterminantes.

C’est donc le label dans sa globalité qu’il s’agit de faire évoluer. Après le temps de l’effervescence muséographique, après celui de l’organisation, doit venir celui de l’amélioration des modes de travail. Mais la perspective demeure la même : ouvrir plus encore les musées aux publics, favoriser la rencontre, œuvrer pour que le patrimoine soit au service de la société…

Isabelle Lazier et Jean Guibal

MUSÉES ASSOCIÉS

FORT DE SA POLITIQUE TERRITORIALE, LE MUSÉE DAUPHINOIS A PU DÉVELOPPER PLEINEMENT SON RÔLE DE MUSÉE DE SOCIÉTÉ. LES EXPOSITIONS SE SUCCÈDENT, EXPLORANT AUTANT LE PATRIMOINE RÉGIONAL, ARCHÉOLOGIQUE OU ETHNOLOGIQUE, LES ARTS DÉCORATIFS OU LE PATRIMOINE INDUSTRIEL, QUE LES CULTURES DES COMMUNAUTÉS INSTALLÉES À GRENOBLE ET DANS L’ISÈRE. CE RÔLE EST DÉTERMINANT POUR L’ENSEMBLE DU RÉSEAU DES MUSÉES “ASSOCIÉS”, QUI TROUVENT DANS LES RESSOURCES DE LA “MAISON-MÈRE” DE QUOI DÉVELOPPER LEUR PROPRE PROJET, MAIS QUI ONT BESOIN AUSSI DE S’APPUYER SUR SON IMAGE ET SUR SON RAYONNEMENT. C’EST DONC BIEN UNE SORTE DE LABEL DE QUALITÉ, PEUT-ÊTRE MÊME D’UN REGARD ORIGINAL ET PARTAGÉ SUR LE PATRIMOINE ET LES COLLECTIONS QUI EST PORTÉ PAR CE MODE DE STRUCTURATION DU TRAVAIL, PAR-DELÀ LA DIFFÉRENCE DES ÉTABLISSEMENTS ET DES STATUTS.

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EVENIRJET EN COURS

MAQUETTE DU MUSÉE DU LAC DE PALADRU JUIN 2000VILLAGE DU NÉOLITHIQUEVILLAGE DU MOYEN ÂGEMUSÉE ET PARC

M U S É E P A R C

PRO

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Musée HébertErnest Hébert. Entre romantisme et symbolismeLaurence Huault-Nesme, Isabelle Julia, Henry Nesme36 pages, illustré, 2003, 45 € .Après une formation classique à l’École des beaux-arts de Paris où il remporte le grand prix de Rome de peinture historique, Ernest Hébert (1817-1908) accède à la notoriété au Salon de 1850 en présentant “La Mal’aria”. Il partage alors son temps entre la France et l’Italie, où il est nommé deux fois directeur de l’Académie de France à Rome. Il devient un portraitiste recherché de la haute société parisienne du Second Empire puis de la Troisième République. Toutefois, c’est en Italie qu’il trouve ses sujets de prédilection en peignant des scènes de la vie paysanne empreintes d’un réalisme mélancolique.Hébert demeure après sa mort une figure attachante de l’art académique. Homme cultivé et mélomane averti, il était lié à de nombreuses personnalités, hommes de lettres, musiciens, et artistes. Il laisse le souvenir d’un directeur apprécié de la villa Médicis. Sa correspondance, les objets qui l’entouraient, les nombreuses œuvres d’atelier, légués par son épouse, nous permettent de mieux comprendre aujourd’hui la personnalité et la vie du peintre.

Musée de la Révolution françaiseCatalogue des peintures, sculptures et dessinsPhilippe Bordes, Alain Chevalier285 pages, illustré, 1996, 38,11 €.Le Musée a pour mission de présenter des œuvres d’art et des objets historiques de l’époque révolutionnaire, et de s’intéresser à tout ce qui s’y réfère ou s’en inspire depuis deux siècles. Ce catalogue présente les peintures, sculptures et dessins entrés dans les collections depuis la création du Musée en 1983, jusqu’en 1996. Les œuvres classées en quatre grands chapitres sont présentées sous forme de notices livrant un travail de recherche, de documentation et d’interprétation.

Vizille, un château et une révolutionSéverin Batfroi, Alain Chevalier,Éditions du Dauphiné libéré, collection “Les Patrimoines”52 pages, illustré, 2002, 6 €.Mille ans d’histoire et de transformations plus ou moins radicales ont été nécessaires pour façonner le château qui domine Vizille, au sud de Grenoble. Quelques événements et personnages comme Lesdiguières ont suffi pour en faire un symbole de l’histoire du Dauphiné. Et une seule journée lui a conféré les titres suffisants pour figurer au cœur de l’histoire de France.Hier résidence des présidents de la République, aujourd’hui lieu de mémoire de la Révolution française, les visiteurs sillonnent désormais les allées de l’histoire.

Musée Hector BerliozH. Berlioz — Épisodes de la vie d’un artisteCollectif sous la direction de Chantal SpillemeackerÉditions Glénat143 pages, illustré, 2003, 45 €.Prophète du romantisme en France, créateur d’une inventivité inouïe, Hector Berlioz vécut une existence à l’image de sa musique : romantique, passionnée, excessive, géniale et incomprise – une vie de “bruit et de fureur” selon les termes de Shakespeare qu’il vénérait.Compositeur et écrivain, Berlioz était aussi un épistolier de talent, un critique à la plume acérée et délicieuse, doué d’un sens de la formule remarquable. Célébré et joué à l’étran-ger, incompris à Paris, il côtoya à la fois le sublime et la misère.Illustré de documents exceptionnels (partitions autographes, pages des Mémoires et de sa correspondance, carnets de voyage, portraits) cet ouvrage nous emporte dans une épopée brillante, jamais ennuyeuse, où historiens et musicologues, tous spécialistes de Berlioz, mettent en relief les facettes innombrables de cet homme de génie.

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LECTURESLEGUIDE

Musée de la Résistance et de la DéportationLe guide.Musée de la Résistance et de la Déportation de l’IsèreGil Emprin et Philippe Barrière,115 pages, illustré, 2001, 16 €.Abondement illustré et agréablement mis en page, ce guide permet de conserver une trace de la visite au musée, voire de prolonger cette dernière. Il y a là en effet une histoire très documentée, ramenée avec rigueur à l’essentiel de ce qu’il faut garder en mémoire de cette lourde page de notre histoire.

Musée de l’Ancien ÉvêchéLe groupe cathédral de Grenoble. Baptistère, cathédrale Notre-Dame, église Saint-Hugues, palais épiscopalAlain de Montjoye, Dominique Chancel,80 pages, illustré, 2001, 15,25 €.Cet ouvrage nous livre un précieux compte rendu des recherches qui ont permis de renouveler radicalement les connaissances sur la fondation, la construction et les aménagements successifs des édifices constitutifs du groupe cathédral de Grenoble : le baptistère des premiers temps chrétiens, la cathédrale Notre-Dame, l’église Saint-Hugues et l’ancien palais épiscopal. Au-delà, c’est l’histoire d’une ville toute entière qui est révélée, à travers le rôle clé de l’évêque dont on voit évoluer les fonctions religieuse, politique et sociale à travers les siècles.

Musée dauphinoisLe Musée dauphinois a cent ans !Jean-Claude DuclosMusée régional de l’homme ou musée de société, lieu de mémoire et d’histoire dédié à la conservation, la restitution et la diffusion du patrimoine des Alpes dauphinoises, mais aussi chef-lieu de la Conservation du patrimoine de l’Isère — service du Conseil général –, siège du Centre alpin et rhodanien d’ethnologie ou de la revue L’Alpe, et encore monument historique : le Musée dauphinois offre de bien multiples facettes ! Comprendre ce qu’il est, percevoir dans quelle philosophie ses nombreuses fonctions se rejoignent pour concourir au même projet scientifique et culturel, en retracer l’évolution pour faire apparaître le rôle social et la place qu’il occupe dans le paysage muséal d’aujourd’hui, tout cela exige de revenir à sa création, aux grandes étapes de son histoire et à celles et ceux qui, depuis cent ans, ne cessent de le construire. Tel est l’objet de ce livret.(À paraître, octobre 2006)

Musée de Saint Antoine l’AbbayeChroniques d’une abbaye au Moyen Âge, guérir l’âme et le corps.Géraldine Mocellin-Spicuzza, sous la direction d’Isabelle Experton175 pages, illustré, 2002, 30 €.Cet ouvrage, mémoire de l’exposition, aborde l’histoire des Chanoines hospitaliers de Saint-Antoine, mais aussi celle de la société médiévale dans sa diversité. Reprenant l’intégralité des textes présentés, illustré de nombreuses reproductions d’enluminures, de gravures ou de peintures, il est conçu comme un grand livre de chroniques. Des textes complémentaires plus spécifiquement axés sur l’histoire des Hospitaliers de Saint-Antoine, des cartes, une bibliographie et une chronologie comparée ponctuent les pages de cette publication.

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Hector Berlioz Musique en DauphinéChristian WasselinÉditions du Dauphiné libéré, collection “Les Patrimoines”52 pages, illustré, 2001, 6 €.Né dans le Dauphiné, Berlioz est devenu musicien contre l’avis de sa famille. Peu ou mal reconnu à Paris, il fut contraint de sillonner l’Europe entière pour se faire entendre. Compositeur visionnaire, il éprouva toujours la nostalgie de l’enfance perdue. Chacune de ses partitions est un monde en soi qui invente une forme nouvelle. Berlioz a eu deux cents ans en 2003, mais les passions qu’il a vécues et exprimées sont tout aussi brûlantes qu’au premier jour.

Musée de la Houille BlancheDe la Houille blanche à la Micro Électronique,Collectif sous la direction de Cécile Gouy-Gilbert et Jean-François Parent,120 pages, illustré, 2003, 15 €.Entre la fin du XIXe siècle, qui a vu les pionniers de l’hydroélectricité installer leurs dynamos sur les torrents où ils construisaient leurs usines, et le début de ce XXIe siècle où chercheurs et industriels traquent l’infiniment petit pour multiplier les communications entre les habitants de notre village planétaire, la région grenobloise a vécu une véritable saga industrielle qui a transformé ses paysages comme ses mentalités.Cet ouvrage est issu d’une série de séminaires tenus au cours de l’année 2003 avec des historiens spécialistes de cette histoire industrielle, des architectes, les acteurs des nouvelles technologies et les professionnels des musées qui cherchent à restituer, pour un large public, les grands moments de cette histoire.Ce livre se veut un accompagnement à la réflexion sur le futur musée de la Houille blanche. Musée qui restituera, sur les lieux mêmes où Aristide Bergès en a récolté les prémices, l’aventure humaine et technique de la houille blanche.

Musée Saint LaurentGrenoble aux premiers temps chrétiensRenée Colardelle66 pages, illustré, 1992, 15 €.L’église Saint-Laurent, implantée sur une terrasse au-dessus de l’Isère, au pied du mont Rachais, est l’un des édifices religieux de Grenoble qui présente les vestiges architec-turaux du haut Moyen Âge les plus prestigieux. Le visiteur découvre, dans un raccourci saisissant, un ensemble complexe d’édifices superposés, témoins d’une évolution architecturale continue allant d’une série de mausolées du IVe siècle à un prieuré bénédic-tin du XIe siècle, en passant par une église funéraire cruciforme des VI-VIIe siècles. Le bras oriental, engagé sous le chœur de l’édifice, est désigné sous le nom de “crypte Saint-Oyand.

Maison ChampollionChampollion du Dauphiné à l’ÉgypteAnne Cayol-GerinÉditions du Dauphiné libéré, collection “Les Patrimoines”52 pages, illustré, 2004, 6 €.Tout le monde connaît Champollion, mais combien savent qu’il est d’origine dauphi-noise, qu’il a longuement vécu à Grenoble et qu’il possédait une maison familiale à Vif ? Chercheur de génie, il a ouvert les portes de l’Égypte antique par le déchiffrement des hiéroglyphes, fut une figure de la politique grenobloise et de l’université, et aussi la face éclairée d’un duo étonnant avec son frère. Le fondateur de l’égyptologie est mort à l’aube de ses travaux, toujours d’actualité, après une vie brûlée déployée dans ses recherches.

Musée de la ViscoseEnfants de la Viscose. Photographies de Hélène JourdeTextes : Élise Turon, Françoise Raison-Jourde96 pages, illustré, 2005, 20 €.Professionnelle de la petite enfance et photographe amateur, Hélène Jourde a su capturer l’extraordinaire du quotidien d’un jardin d’enfants d’une cité ouvrière. De sourires posés en émotions spontanées, elle a constitué une collection de mille clichés entre 1946 et 1956.Alors que leurs parents filaient la soie artificiellement, ces enfants d’Échirolles jouaient, travaillaient, se promenaient et s’éveillaient à la vie.À travers ses photographies au parfum de nostalgie, Hélène Jourde nous livre un formida-ble témoignage sur le monde des enfants d’ouvriers dans les années cinquante.Tous ces visages, identifiés ou pas, qui nous regardent ou nous ignorent, font partie de notre histoire et de notre famille. Et constituent un témoignage majeur, que doit conser-ver et présenter le musée.

Musée d’art sacré contemporain Saint-Hugues-de-ChartreuseArcabas Saint-Hugues-de-ChartreuseFrançois Boespflug187 pages, illustré, 1992, 22,10 €.Située en Dauphiné, au cœur du massif de Chartreuse, l’église Saint-Hugues-de-Chartreuse tient du miracle : non seulement par le nombre de visiteurs qui viennent du monde entier pour la voir, non seulement par le temps et l’amour que le peintre Arcabas a consacré à son embellissement, mais aussi parce que ce festival de couleur et de foi se produit et rayonne à une époque où le besoin de spiritualité se fait sentir chaque jour davantage.Ce livre résume la totalité des œuvres d’art de l’église de Saint-Hugues-de-Chartreuse. Les cent onze numéros qu’il reproduit se sont accumulés au fil des trente-neuf années, dans un ordre dont la précision apparaît aujourd’hui comme singulière et étonnante à l’auteur lui-même.

Maison des Droits de l’hommeLes Cahiers de la Maison des Droits de L’Homme, n° 1Collectif sous la direction de Jean-Claude Duclos, avant-propos de Robert Badinter.102 pages, 2005, 13 €.Destinés à rassembler tous ceux qui le désirent dans la réflexion fondatrice de la Maison des Droits de l’Homme (MDH) en construction, des cycles de rencontres ont été program-més pour aborder, outre l’histoire des Droits de l’Homme, chacune des voies par lesquel-les les sociétés démocratiques conservent leur mémoire, négocient l’histoire, préservent leur identité et se projettent dans l’avenir, grâce à leur référence commune aux Droits de l’Homme.Afin de publier les interventions de ces rencontres successives et conserver ainsi les étapes de la réflexion collective, une collection des cahiers de la Maison des Droits de l’Homme en Isère est créée. Ainsi ce premier cahier contient-il, outre quelques textes sur l’origine de la MDH, la plupart des communications des premières rencontres, du 27 février 2002 au 7 octobre 2003, sans oublier celle du 15 février 2003, à Vizille, que beaucoup reconnurent comme fondatrice.

LE DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUEDES ALPESDire les Alpes. Présenter, expliquer les faits, les lieux, les hommes et les activités. Débattre des idées qui composent l’identité alpine à travers l’Allemagne, l’Autriche, la France, l’Italie, la Slovénie et la Suisse.

Une somme unique de connaissancesUn dictionnaire comprenant plus de 4 000 entrées synthétisant les connaissances dans tous les domaines du savoir. Une encyclopédie réunissant 100 articles approfondis-sant sur plusieurs pages les problématiques essentielles de l’identité alpine dans les domaines culturel, économique, historique, de l’environnement, comme dans ceux de l’art, de la science ou du sport.

Une ambition européenneLes six pays de l’arc alpin – Allemagne, Autriche, France, Italie, Suisse, Slovénie, sans oublier le Liechtenstein et Monaco – sont concernés et impliqués dans le traitement de chaque sujet. Des auteurs de chacun de ces pays interviennent en fonction de leurs compétences.

Un ouvrage de référenceDes auteurs choisis parmi les meilleurs spécialistes européens sont réunis pour élaborer un ouvrage central dans l’histoire de l’édition alpine.

Un beau livreUne iconographie exceptionnelle multiplie photos et illustrations. Des planches originales offrent une vision synoptique des espèces animales, des minéraux, de la flore, de l’habitat et des costumes.

Deux tomes réunis dans un coffret : tome 1 Dictionnaire, tome 2 EncyclopédieCouverture cartonnée sous jaquette, 1 280 pages, format 24x32 cm, 250 auteurs, 3 500 notices alphabétiques, 90 grands thèmes encyclopédiques, 2 200 illustrations, photos et planches originales, 100 cartes géographiques et historiques, 500 références bibliographiques.Prix : 189 € TTC — Offre de souscription : 149 € — Jusqu’au 31 octobre 2006 en librairie Parution : 14 novembre 2006

PATRIMOINE EN ISÈRELE JOURNAL N°19 ÉTÉ 2006Conseil général de l’IsèreMusée dauphinois, 30 rue Maurice Gignoux38031 Grenoble cedex 01Téléphone : 04 76 85 19 01Télécopie : 04 76 87 60 22http://www.isere-patrimoine.frDirecteur de la publication : Jean GuibalRédactrice en chef : Marianne TaillibertRédaction : Richard Gonzalez, l’équipe du Musée dauphinois et de la Conservation du PatrimoineConception graphique : Éric Leprince, Maxime BelzunceCrédits photographiques : Sébastien Secchi, Pascal Sarrazin, Franck Crispin, Musée dauphinois, Frédéric Pattou, Yves Bobin, Laurent Dastrevigne, Denis Vinçon.Réalisation : Cent pagesTirage : 10 000 exemplairesDépôt légal : 3e trimestre 2006ISSN : 1269-3227

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Sur le web www.isere-patrimoine.frwww.musee-dauphinois.frwww.musee-archeologique-grenoble.frwww.resistance-en-isere.frwww.ancien-eveche-isere.frwww.musee-hector-berlioz.frwww.maison-champollion.fr

Photographie de couverture :Louis Appian, Allégorie de la teinturedes tissus, 1895, Musée de Bourgoin-Jallieu