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Patrimoine et histoire de Pralognan Par Maxime Favre Le Chemin des Chapelles - Témoignage (1ère Partie) Par Géologos Dans notre série, des animations qui méritent d'être mieux connue, en voici une dont j'ai reçu un témoignage il y a quelque temps : le Chemin des Chapelles. Il semble que ce témoignage concerne la première version de ce chemin. En effet, la dernière version (été 2006) mentionnait un horaire de début d'après-midi, une fois par semaine. Il faut donc voir dans cette version, celle probablement proposée avant les versions FACIM. La scène se passe il y a quelques années. Cette visite était proposée deux fois par semaine, le Mardi et le Jeudi en fin d'après-midi. Départ en fanfare, et nous voilà suivant le guide, en direction du premier hameau et de sa chapelle : celle des Bieux. Cela commence fort puisqu'il faut monter l'ancien chemin pavé menant depuis le Barioz, par les Bieux (et les Fontanettes) jusqu'au Col de la Vanoise et au-delà. Arrivé sur la place du hameau, nous pouvons admirer un superbe petit ensemble architectural mitoyen. Le dernier retardataire arrivé, notre guide, dont le nom était Favre (nom courant à Pralognan, avec les Rolland, les Blanc et les Amiez. Sans oublier les Vion) commence la visite. Il nous rappelle brièvement quelques données concernant le chemin (en nous rassurant que ce fut la partie la plus dure du parcours). Une petite explication du nom « les Bieux » (avec preuve visuelle à l'appui) puis il passe à l'ensemble bassin (que l'on nomme bachal) protégé par un toit à la couverture en tavaillons (tuiles de bois taillées dans de l'épicéa). Et à sa grange atenante. Enfin, nous abordons la chapelle proprement dite et son histoire. De fondation privée (par une famille Favre. Est-il l'un des descendants ? Il ne le dit pas), elle est érigée durant la seconde partie du 18ème siècle. Nous précisant que cette famille a eu une position assez peu commune (du fait qu'elle pouvait prendre régulièrement des alpages en gérance), il termine avant que nous pénétrions par quelques vieilles photos concernant le lieu. Or une nous laissa pantois sur ce qu'elle montrait. En effet, la photo nous laissait entrevoir des décorations pour la façade extérieure ! Au passage, ceci est (était) plus fréquent que l'on ne pense.

Patrimoine et histoire de Pralognan Par Maxime Favre Le ... · malgré tout, il lui reste de « beaux restes » comme la porte en bas, au centre, entre deux fenêtres protégées

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Page 1: Patrimoine et histoire de Pralognan Par Maxime Favre Le ... · malgré tout, il lui reste de « beaux restes » comme la porte en bas, au centre, entre deux fenêtres protégées

Patrimoine et histoire de Pralognan

Par Maxime Favre

Le Chemin des Chapelles - Témoignage (1ère Partie)

Par Géologos Dans notre série, des animations qui méritent d'être mieux connue, en voici une dont j'ai reçu un témoignage il y a quelque temps : le Chemin des Chapelles.

Il semble que ce témoignage concerne la première version de ce chemin. En effet, la dernière version (été 2006) mentionnait un horaire de début d'après-midi, une fois par semaine. Il faut donc voir dans cette version, celle probablement proposée avant les versions FACIM. La scène se passe il y a quelques années. Cette visite était proposée deux fois par semaine, le Mardi et le Jeudi en fin d'après-midi. Départ en fanfare, et nous voilà suivant le guide, en direction du premier hameau et de sa chapelle : celle des Bieux.

Cela commence fort puisqu'il faut monter l'ancien chemin pavé menant depuis le Barioz, par les Bieux (et les Fontanettes) jusqu'au Col de la Vanoise et au-delà. Arrivé sur la place du hameau, nous pouvons admirer un superbe petit ensemble architectural mitoyen. Le dernier retardataire arrivé, notre guide, dont le nom était Favre (nom courant à Pralognan, avec les Rolland, les Blanc et les Amiez. Sans oublier les Vion) commence la visite. Il nous rappelle brièvement quelques données concernant le chemin (en nous rassurant que ce fut la partie la plus dure du parcours). Une petite explication du nom « les Bieux » (avec preuve visuelle à l'appui) puis il passe à l'ensemble bassin (que l'on nomme bachal) protégé par un toit à la couverture en tavaillons (tuiles de bois taillées dans de l'épicéa). Et à sa grange atenante. Enfin, nous abordons la chapelle proprement dite et son histoire. De fondation privée (par une famille Favre. Est-il l'un des descendants ? Il ne le dit pas), elle est érigée durant la seconde partie du 18ème siècle. Nous précisant que cette famille a eu une position assez peu commune (du fait qu'elle pouvait prendre régulièrement des alpages en gérance), il termine avant que nous pénétrions par quelques vieilles photos concernant le lieu. Or une nous laissa pantois sur ce qu'elle montrait. En effet, la photo nous laissait entrevoir des décorations pour la façade extérieure ! Au passage, ceci est (était) plus fréquent que l'on ne pense.

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Sitôt entré dans la chapelle, nous pouvons admirer la table (ou autel) et son retable. Il nous fait remarquer que l'autel est dans sa position d'origine. Et qu'avec le retable, tout l'ensemble est en bois. Tout ? Non, puisqu'il nous montre la pierre encastrée dans le plateau de l'autel. Pierre qui a été consacrée le jour de la bénédiction de la chapelle. Avant de parler du retable, il nous parle du devant de l'autel. Qui semble « récent »... Mais à voir une autre vieille photo, on s'aperçoit qu'il était comme cela il y a déjà un siècle. Nous en arrivons au retable polychromé, de rouge, bleu et or. De ses colonnes torsadées (colonnes de pampres) symbolisant la vigne (et donc le vin) à l'étrange « position ». Puis le médaillon central au sommet où se trouve un calice d'où pointe la Sainte Hostie (donc le pain). Tout rappelle donc le point central de toute célébration eucharistique : la Communion. Ensuite, il nous fait remarquer les roses, signe symbolique rattaché à la Vierge, ce qui nous permet d'en arriver au tableau central du retable. Nous sommes donc dans une chapelle consacrée à Notre Dame de la Visitation. Et il n'y a aucune surprise à voir comme scène principale du tableau une scène de la dite Visitation. Remarquons qu'une femme, qui s'avère être sa cousine Saint Elisabeth, lui donne un témoignage de soutien. Tandis que la Vierge, une main au ventre (pour signifier le fait de l'enfantement) « repousse » par humilité sa cousine. Joie, certes, mais il faut rester humble devant cette destinée qui attend Marie : élever le propre fils de Dieu. Toutefois, de part et d'autre de cette scène, deux saints représentés selon des symboliques bien particulières. Et utiles par la suite. Nous avons pu reconnaître Saint Joseph, avec son bâton fleuri. Cet épisode serait tiré des écrits dits apocryphes. Car la Vierge aurait choisi Joseph par le fait que, lors de sa présentation aux hommes du village, le bâton qu'avait Joseph s'est mis miraculeusement à fleurir. C'était le signe que Dieu avait donné à Marie pour son choix marital. Puis, de l'autre côté, Saint Maurice et sa croix tréflée. Et qui a une lointaine parenté avec la destinée de Pralognan. Puis, à leur pied, deux autres saints. Il nous fait aussi remarquer la dualité du monde chrétien par cette séparation dans le tableau. Mais aussi entre le tableau et le reste de la chapelle. L'en deçà (notre monde terrestre) et l'au-delà (le monde des cieux, le Paradis céleste) réunis dans la messe et dans la Communion. Les deux saints sont, avec sa toge rouge couvrant une peau de mouton, Saint Jean-Baptiste. A qui est consacré l'église paroissiale. Il pointe un doigt vers Sainte Elisabeth. Et pourquoi nous posait-il la question. Car c'est sa mère ! Et comme Jésus, il a été engendré, parce que sa mère était stérile. Enfin, nous faisons connaissance avec Saint Nicolas (que nous reverrons plus loin, tout comme Joseph et Jean-Baptiste). Protecteur et bienfaiteur des enfants.

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Pourquoi un tel choix ? Faut-il voir des choix rattachés à la vie de cette famille ? Sinon, comment expliquer que les saints reprennaient les prénoms des fondateurs de la chapelle. Et que de choisir le thème de la grossesse de Marie pourrait expliquer un ex-voto de remerciement pour avoir eu une naissance tant voulue (et attendue). Et c'est sur cette note que, quittant la chapelle, nous reprenons le chemin en direction du Barioz. Sans oublier, au passage, le Vieux Chalet, qui aurait aussi un rapport avec cette famille Favre des Bieux. Sans savoir qu'au Barioz, une autre famille allait nous révéler bien d'autres surprises.

Le Chemin des Chapelles - Témoignage (2ème Partie) Par Géologos Après les Bieux, découvrons le Barioz... Tout en descendant vers notre deuxième hameau, nous nous arrêtons un instant devant une vache membre d'un petit groupe voisin. Avec sa robe marron clair, et ses yeux aux fossettes noires, nous voici donc devant un superbe spécimen de la race Tarine (ou Tarentaise). Une des deux races autorisées pour le lait qui donnera, entre autre, du Beaufort. Et par chance, une Abondance (l'autre race) est aussi présente. Puis, il nous parle un peu des installations touristiques. Le téléski du Barioz (dont le premier modèle fut installé en 1936), le téléphérique (1954). Ce qui reste du télésiège du Dou de l'Ecu (1972-1995), et son remplaçant, l'Edelweiss (1996). Ainsi que du curieux terme de « grenouillère » pour nommer le pied des pistes. Une drôle d'histoire de comparaison entre le skieur, sa combinaison et ses skis; et la grenouille, sa peau lisse et ses longues pattes arrières... Nous reprenons notre cours, quand soudain, il est question de Météo Barioz. En effet, nous pouvons admirer un « baromêtre à branche de sapin ». Qui s'avère être un hygromètre. Plus la branche remonte, plus il fait sec. Inconvénient ? Il ne détecte pas les changements futurs d'humidité... Enfin, nous débouchons sur la place du Barioz. Son bachal, sa chapelle, sa grande maison et... son défunt four ! Four utilisé par les gens des Bieux, du Barioz, du Grand Couloir et de la Chapelle. Selon les dires du guide, il avait, au rez de chaussée, le four en lui-même. Puis, un étage pour stocker la farine (et probablement équipé pour empêcher l'invasion des rats). Les lourds sacs, pour ne pas être redescendus, étaient directement versés par un système de tuyau, de l'étage directement dans le pétrin. L'eau étant toute proche avec le bassin (protégé ici par un toit à couverture de lauzes). Au passage, il précise qu'au niveau des couvertures de toit, il pouvait y avoir une mixité entre tavaillons et lauzes. Et il nous cite un toit, tout proche, réalisé par une personne qu'il connaissait, il y a plus d'un demi-siècle !

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Puisque nous parlions de bâtiment, il nous montre l'emplacement de l'ancienne école du Barioz (qui existât jusque vers les années 50 (?). Et qui arbore une inscription en patois : « La Vèla Eschola ». Puis c'est le tour de la grosse maison. Qui montre trois portions bien distinctes. Une vieille photo nous permet de voir les métamorphoses faites durant le 20ème siècle. Mais que, malgré tout, il lui reste de « beaux restes » comme la porte en bas, au centre, entre deux fenêtres protégées par des barreaux, dont le cadre révèle la date de... 1753.

Et par cette date, cela nous permet enfin, de parler de la chapelle. De fondation elle aussi privée (par une famille Blanc), elle est érigée durant la seconde partie du 18ème siècle. Là aussi, cette famille a eu une position assez peu commune (du fait qu'elle pouvait prendre régulièrement des alpages en gérance), mais aussi que chacun des fils va détenir une charge centrale pour la commune de Pralognan. Puisque les charges de notaire et prêtre de Pralognan seront tenus par deux fils. Et deux autres sont directement liés à l'activité commerciale du Col de La Vanoise par leur métier d'aubergiste et de muletier. Juste avant de pénétrer dans l'édifice, il y a l'histoire du double vocable nominatif : « Notre Dame des Sept Douleurs » et « Notre Dame de la Compassion ». Ils pourraient être le fait d'un recueillement afin d'obtenir le soutien « d'en haut » pour passer à bien cette épreuve (où il faut cotôyer les Monts Maudits) de traverser du col. Puisqu'à Termignon, il existe aussi un édifice au même vocable. Et à Champagny Le Haut aussi (mais là pour une tout autre « épreuve »). Sitôt entré dans la chapelle, nous pouvons admirer de nouveau le binôme table (ou autel) et son retable. En position d'origine. Tout en bois, (sauf la pierre de l'autel), mais ici avec une dominance dorée. Et un devant d 'autel (le terme « technique » est antépendium) qui s'avère être des plaques de cuir en relief (cuir dit repoussé) et peint polychrome selon la technique dite du « Cuir de Cordoue ». Et il rajoute, avant de passer au retable, que cet ouvrage artistique a fait de la Chapelle du Barioz un exemple (avec d'autres tarins) d'un ouvrage littéraire des années 1930. Ouvrage qui permet de découvrir que la voûte au dessus de l'autel-retable était, auparavant, peinte telle une voûte étoilée. Ensuite, nous passons au retable. Et là, parmi les volutes sculptées dans le bois (d'arolle, nous dit-il. Bois très résistant au temps et... aux insectes) et réhaussées à la feuille d'or, des roses noires ! Symbole de la Vierge, d'accord, et là, le tableau central donne l'explication de la couleur « funêbres » de ces roses. En effet, la scène centrale du tableau nous montre une Vierge en Pitié (Une Pièta). Son fils crucifié étendu sur un de ses genoux. Et, transperçant sa poitrine, une épée, une rapière symbolisant la douleur de la tristesse d'une mère à son fils décédé. Ce qui nous explique le vocable des « Sept Douleurs », sept moments de la vie de Marie qui lui furent douloureux. Ces sept douleurs dont les deux statues montraient aussi la symbolique. Malheureusement, le temps (et l'irrespect) ont faits des dégâts. La soutenant dans sa douleur, des saints sont présents. Que l'on peut reconnaître grâce aux vêtements et accessoires qui leur sont rattachés. Comme Saint Jean Baptiste et son oncle Saint Joseph (déjà vu aux Bieux). Puis, un autre, arborant l'habit des cardinaux. Il pourrait s'agir de Saint Jacques. Mais lequel ? L'apôtre ? (Jacques dit Le Majeur). Où celui qui est cité dans l'histoire de Tarentaise ? (Jacques dit Le Mineur). Par contre, le doute n'est pas permis pour les deux derniers. Juste en bas de Saint Jacques, un des nombreux Saint Antoine. Lui est dit de Padoue. Prié pour retrouver les choses égarées. Et enfin, petite allusion à l'histoire de Savoie, dans le cadre du dernier saint, puisqu'il s'agit de Saint François de Sales. Qui, entre autre, fonda l'Ordre de La Visitation; créa la première

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Académie de Savoie, dite Florimontaine (avec le Sénateur Antoine Favre). Et qui inspira Richelieu pour la fondation de... l'Académie Française. Et ici, de nouveau, le choix des saints est inspiré par la famille des fondateurs. Même si il y a deux objections : un des fils n'est pas représenté par son saint. Et c'est Saint Jean Baptiste qui le remplace. Or, celui-ci est représenté comme en retrait... Et là, tant que le devis (ou « prix fait ») du tableau ne sera pas retrouvé, il reste des hypothèses... Mais là, nous ne sommes pas au bout de notre surprise. Pensant que, comme aux Bieux, cette analyse clôture la visite intérieure, nous nous apprêtons à sortir. Or, il nous parle que, le retable aurait pu être autre. Ou que la chapelle n'était, peut-être, pas envisagée au début. Et qu'un précédent tableau avait déjà été réalisé. Et probablement comme fond pour l'oratoire. De facture plus carrée (on pourrait presque le comparer à une icône. La préciosité en moins), il date de 1738 (alors que, sur la clé de la voûte à l'extérieur, il est gravé 1745). Nous y retrouvons, en haut au centre, la Vierge aux sept épées (une pour chaque douleur). Saint Joseph au bâton fleuri d'edelweiss et Saint Jacques Le Majeur (costume de pèlerin, rehaussé aux épaules de la Coquille Saint-Jacques). Puis à leur pied (et noms gravés dans le bois), Saint François de Sal(l)es à droite. Et Saint Antoine Abbé, fondateur de l'Ordre des Antonins, et protecteur des... animaux de la ferme, dont, en particulier, le cochon. Il est aussi protecteur des métiers comme les bouchers et les charcutiers. Un saint qui ménagerait « la chèvre et le choux ». Et c'est sur cette note « humoristique » que nous nous dirigeons vers le hameau de la Chapelle. Suivrons un « survol » du Plan, des Darbellays et des Granges. Pour finir avec la « synthèse » qu'est La Croix.

Le Chemin des Chapelles – Témoignage (3ème Partie)

Par Géologos Le Centre-Station, Le Plan, Les Darbellays, les Granges. Tout en redescendant vers l'Office du Tourisme (et avant de prendre les voitures), nous pouvons remarquer, à notre gauche, juste avant l'Hôtel de La Vanoise, une petite niche où nous retrouvons une petite Vierge à l'Enfant. Puis, voici le trio des débuts de l'hôtellerie touristique de Pralognan-la-Vanoise. Qui, de l'Hôtel de La Vanoise ou de la Résidence du Petit Mont-Blanc, fut l'emplacement de l'auberge du fils Blanc ? Fut-ce aussi le même lieu de l'auberge du Père Favre qui ouvra après en 1875. Puisque Williams Matthews (en 1860) dut demander l'hospitalité au curé de la paroisse avant d'accomplir, le lendemain, la presque ascension de la Grande Casse, avec un darbello de Pralo, un Favre, de nouveau. Et enfin, 20 ans plus tard (et deux ans après la scission Pralognan-Planay), le premier palace de Pralognan : Le Grand Hôtel. Celui-là même où le Président Félix-Faure, trois ans plus tard, prendra quelque repos après sa traversée Termignon-Pralognan à cheval. Qui avant la Grande Cordée, aura été « consacré » à la Grande Casse, puis au Petit Mont-Blanc...

Arrivé au niveau de l'Office, question : pourquoi son accès est surélevé ? De même que le magasin d'en face ? Car ici, de temps à autre, le torrent reprend ses droits. Car Pralognan, c'est cela aussi. Ce sont des avalanches qui arrivaient auprès (ou dans le village, comme en 1923 !). Mais aussi le torrent, qui par des orages violents voire un lac qui se vidange (comme

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en Juillet 1964), noie sous un mètre d'eau (et plus pour les caves) le centre-station. Heureusement, cela ne se passe que, au moins, qu'une fois tous les vingt ans. Et que jamais, il n'y eut de noyés. Nous passons devant la Mairie, au style très sixties, comme à Courchevel à la même époque. Et nous voici devant l'église paroissiale. Qui cache, avec la complicité de la Grande Louze, le hameau de la Chapelle (ou de l'Eglise). Citée dès 1525, elle est, probablement là où se trouvait le prieuré des Augustins (cité en 1184). A la lointaine parenté avec Saint Maurice... d'Agaune, dans le Valais (Suisse). Sa forme actuelle (externe et interne) est très récente. Ainsi, elle fut agrandie (après éjection du cimetière au delà de la Petite Louze) de 1927 à 1934. Au moment même où la paroisse eut... le moins de potentiel de paroissiens (325 seulement ! Mais 100% fréquentant). Alors qu'il y a un siècle auparavant... Et l'intérieur fut de 1948 à 1953. Du retable polychrome, il ne reste que des morceaux. Que le guide a vu. Que sont-ils devenus ? Mystère... Avant de monter en voiture, un dernier point depuis la Petite Louze. Sur le Plan, ancienne montagnette des gens de la Croix, abandonné autrefois en hiver. Et sans chapelle. Son Hôtel du Grand Bec, de 1924, le sixième. Car après l'auberge de la Vanoise, le Grand Hôtel, les Glaciers et Chasseforêt (tous les deux de 1904-1905), et le Parisien (de 1922), il s'installe aux portes de Pralognan. Mais, non loin de là, l'année précédente, l'avalanche descendant de la Portetta a laissé une neige qui resta pérenne toute la saison d'été... Puis, nous traversons les Darbellays, où nous pouvons repérer les deux noyaux historiques composés de bâtiments mitoyens. Sans oublier le bachal rattaché. Mais là, pas de chapelle... Puis, nous traversons les Granges. A la chapelle récente. Funeste destin fut celui du village des Granges et de sa chapelle. Chapelle qui, du statut de doyenne (elle est cité en 1528, 3 ans après la création de la paroisse), est devenue (mise à part celle de la Motte) la cadette des chapelles de Pralognan. Consacrée à une triade, elle se compose de : Saint Théodule, patron des vignerons et fondeurs de cloches Saint Laurent, brûlé vif sur un grill, il est le saint des rotissiers et des souffleurs de verre... Et enfin, Sainte Brigide, patronne de l'Irlande (et injustement méconnue à cause du... saint patron qu'est Saint Patrick). A son occasion, il y avait la vogue du village (en Février). Et, elle peut intercéder pour contenir les fureurs de la « Bzeille ». Mais, malheureusement, pas celle du feu ! Qui en ce jour de Septembre 1930, anéantit la quasi-totalité du village (chapelle comprise !). En aurait échappé que la statue de Sainte Brigide, sauvée par le courage d'un des habitants du hameau... Et c'est en passant non loin du lieu où se trouve la scierie municipale (et au lieu-dit où se trouvait le moulin de Pralognan) que nous aborderons, pour finir, le Hameau de la Croix.

Le Chemin des Chapelles – Témoignage (dernière Partie)

Par Géologos

La Croix

Laissant nos véhicules au parking, nous pénétrons à pied à l'intérieur du village de la Croix. Ce hameau, nous dit le guide, semble cultiver les paradoxes. Le premier est celui d'être le seul en rive gauche des hameaux permanents de Pralognan. Avec les Granges, il était le plus peuplé (avant le boom des constructions sur les Darbellays, le Raffort, vers l'Eglise...).

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Et il était à lui seul l'un des deux quartiers de Pralognan (et avait donc un syndic pour le représenter). A notre gauche, en « périphérie » du hameau, son ancienne école. Mais contemporaine par le style. En effet, la Mairie de Pralognan (après son déménagement consécutif à l'incendie des Granges en 1930) avait le même style ! Style qui fut remplacé par celui que l'on sait entre 1960 et 1970. Et elle fut utilisée jusqu'à l'orée des années 90. Le guide nous a affirmé l'avoir fréquentée durant sa prime jeunesse. Par contre, nous ne verrons pas le site de la première école, qui se trouvait en haut du village.

Nous arrivons sur une petite placette avec son bachal (moderne, certes). Nous apercevons la chapelle au loin. Mais avant, un petit détour par une ruelle « suspendue ». Petite montée dallée et nous voici arrivé au devant d'une grange qui a une histoire particulière... Mais, juste avant, nous jetons un regard à l'ensemble « immobilier » à notre gauche. Equipé d'un « tunnel » (qui est en fait un couloir sans issue), il permet de communiquer de façon transversale (en traversant le couloir) et longitudinale. Cet exemple est le seul sur Pralognan-la-Vanoise. Et montrant son humilité, le guide nous dit qu'il fut trompé par de mauvaises sources documentaires. Heureusement qu'une « cruijéraine » (une habitante de La Croix) lui eut fait justement remarquer son erreur... Ensuite, nous observons la façade de la grange. Qui garde son balcon à sécher les céréales, sa porte d'accès et une autre porte qui mène à... l'écurie sous jacente ! En faite, jusque récemment (NDA : 2004) ce bâtiment n'avait aucune partie habitable ! Il était constitué de granges et écurie (ou cave) contiguës. Mais le plus intéressant est la comparaison avec la photo tiré de l'ouvrage de De Leymarie. Et que cette grange servit à la reconstitution filmée des « fenatchus » de Pralognan (avec les cinéastes Lapiés). Puisque durant le film, nous voyons une porte de grange s'ouvrir au coeur de la Croix, c'est celle-là. Puis, contournant par l'amont ce bâtiment, nous pouvons admirer (en prenant un peu de recul) sa récente couverture en tavaillons. Ensuite, nous nous enfilons entre lui et la maison de famille des guides Amiez (dont deux qui périrent en montagne) pour retrouver (un peu en contrebas) notre chapelle. Petite descente rude, qui permet à notre guide de nous faire entendre un peu de patois (assez hésitant, en passant) avec une expression pour qualifier pareille montée : une voie à ferrer... les chats ! Analogie qui fut transposée au Chambéranger avec... les poules.

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Poules qui furent au centre d'une petite histoire très « esprit de clocher » dont j'ai malheureusement oublié la saveur. Nous en arrivons avec la chapelle. Consacrée à Saint Anne, mère de la Sainte Vierge (et à Saint Sébastien), elle est citée en 1633. On pense que sa construction est à la suite d'un voeu fait par la communauté lors de la peste de 1630. Elle serait donc un ex-voto. On peut aussi remarquer que cette chapelle avait eu aussi comme vocable celui de Saint Laurent. Donc, toujours cette peur de l'incendie, plaie des villages resserrés. Elle est donc, actuellement, la chapelle la plus vieille de Pralognan. Et elle sait soigner sa différence. Certes, pénétrant dans l'édifice, il n'y a plus de plancher (contrairement aux Bieux et au Barioz), mais elle a gardée sa barrière de communion, séparant en une « nef » et un « choeur », une chapelle style « chapelle-halle ».

Ensuite, observons la table (et son retable). Qui ne font plus qu'un désormais depuis environ une vingtaine (?) d'années... Un retable fait d'un encadrement de bois doré reprenant les termes de l'eucharistie avec la vigne (le sang du Christ est le vin de la vie) et le ciboire d'où pointe la Sainte Hostie (dans le médaillon central en haut). Puis, nous passons au tableau du retable où nous pouvons admirer une Vierge Aux Rochers. Dans une scène de présentation de l'enfant Jésus. Qui sont les autres saints représentés ?

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A gauche, sur son poteau de supplice, transpercé par plusieurs flèches, Saint Sébastien. Qui avec Saint Roch sont des saints protecteurs contre les maladies, en particulier la peste. Sa fête, le 20 Janvier, était propice à une vogue. [Où l'on dégustait du gigot de chèvre avec du chou ! (comme quoi, on peut très bien ne pas « ménager la chèvre et le chou », dixit Saint Antoine)] (NDA : source à confirmer auprès des Anciens). A ses côtés, un saint dont le patronyme reste à caution. La possibilité la plus crédible serait Saint Augustin. Faut-il y voir une affiliation plus ancienne que celle de Saint Jean-Baptiste (patron de la paroisse de Pralognan); tandis que Saint Augustin est à rattacher avec le chapitre de la Cathédrale de Moutiers, celle-là même qui dépêcha des moines de l'abbaye d'Abondance pour y fonder le prieuré mentionné en 1184.

A droite, deux autres personnages. Où nous reconnaissons Saint Nicolas, protecteur des enfants. Et un autre qui serait Saint Joseph ! Et là, nous pouvons démontrer que non ! En effet, même s'il « accompagne » la Vierge aux Bieux et au Barioz, il lui manque sa barbe et moustache. Sa toge jaune et son bâton fleuri ! Serait-ce une représentation non canonique ? Bien sûr que non ! Car remarquons ce personnage, dont les cheveux sont couverts ! Saint Maurice, Saint Jean-Baptiste, étaient-ils couverts ? Non ! Et regardons sa position, les mains croisées sur la poitrine. Poitrine qui s'avère guère masculine, mais féminine ! Il n'y a donc aucune raison à y voir Saint Joseph, mais bien sa belle-mère, Saint Anne. Qui protège la famille des aléas de la vie. Sa fête (le 26 Juillet) pouvait être sujette à des réflexions (qui restaient en messe basse) si le temps n'y était pas (à la fête), du genre : tiens, Saint Anne est partie cueillir des myrtilles... L'antépendium de la table (même s'il n'est pas à la bonne place) est aussi très intéressant. Composé d'un panneau de bois peint en marbre vert en trompe l'oeil en fond; et d'un médaillon entouré de deux femmes. Le médaillon reprend le double martyr de Sébastien. Celui des flèches, dont Saint Sébastien réchappe par l'intervention nocturne de Saint Irène. Puis les verges, qui, administrées dans la pire des prisons de Rome, lui furent fatal. Les deux femmes reprennent deux valeurs théologales représentées par l'Ancre (l'Espérance) et le Calice (La Foi). Pour terminer, avant de ressortir de l'édifice, deux dernières choses : la dernière messe à Saint Anne eut lieu en 1985. Et que cet endroit a servi à des baptêmes « non autorisés ». En effet, lorsqu'il y a un prêtre rattaché à une paroisse (et à son église), on ne pouvait être baptisé que par ce dernier.

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Le fait de se faire baptiser par un autre curé dans la dite église paroissiale était littéralement « tabou ». Et il est arrivé que le curé de Bozel soit venu à Saint Anne pour y baptiser des enfants de croyants qui pouvaient être en « bisbille » avec le curé de Pralognan. Pratique rare, toutefois. En conclusion, sur le chemin du retour vers les voitures, notre guide nous fait comprendre que la découverte, en fait, ne fait que commencer. Car, de la récente chapelle de la Motte (qui « auraient » des racines plus anciennes, alors que rien n'est rapporté lors des visites paroissiales !), à celle de Chambéranger, dédiée à Saint Barthélémy. De Notre Dame de La Salette, ex-voto du 19ème siècle d'un Chambrolais (habitant de Chambéranger). Des églises comme Saint Grat au Planay (église contemporaine, mais patronage bien agricole) ou celle de Champagny Le Bas (et son retable majeur à la ribambelle angélique...). Sans oublier Champagny Le Haut (où une chapelle est aussi consacrée aux Sept Douleurs) Et que dire de celles de Bozel (et sa chapelle voisine, dédiée à Notre-Dame-de-Tout-Pouvoir, à la façade décorée), Saint Bon, Les Allues, et Notre-Dame-de-La-Vie à Saint Martin de Belleville... Ici finit ce témoignage. A revenir sur Pralognan il y a quelque temps, j'ai pu remarquer que, heureusement, non seulement la découverte de ce village est toujours proposée, que ce soit en été (et en hiver). Que d'autres animations sont venues élargir cette découverte. Par contre, je n'ai plus revu le guide. Qu'est-il devenu ? Je n'en sais rien. Mais je pense que, s'il lit un jour ces lignes, j'espère qu'il ne m'en voudra pas d'avoir oublié certaines choses. Et qu'il me pardonnera.

Après les chapelles « urbaines » de Pralognan, quelques mots sur les autres chapelles

Par Géologos

(en fait, le titre est faux : les deux premières sont en plein centre de leur hameau respectif. Toutefois, il aurait été dommage de ne pas en parler...).

A la suite du témoignage, en plusieurs parties, sur le « Chemin des Chapelles » de Pralognan, un internaute (dont l'adresse mail est basée sur un jeu de mot, donc probablement un pseudo) me communique que le guide finissait en « introduisant » d'autres édifices, aujourd'hui planérains, mais qui, jusqu'en 1893, faisait partie de la commune (mais attention, pas de la paroisse, nuance) de Pralognan : ce sont les chapelles de Saint Barthélémy, de Sainte Marguerite, de Notre Dame de la Salette et celle de la Novaz. Il joint aussi celle de la Motte. Qui méritera qu'on s'y attarde. Tout d'abord, celle de Saint Barthélémy. Celle-ci se trouve au Chambéranger, en amont du Planay, vers la direction de la Pointe de Méribel, face (tout comme le chef-lieu de la commune) à la Dent du Villard. Ce hameau bénéficie d'une brochure de découverte fort bien faite (à acquérir et consulter sans ménagement*). Mais venons en à sa chapelle et à son saint patronage. Fêté le 24 Août, il est l'occasion de la « vogue » du village (pour parler de hameau, on préfère le terme de village. Celui accueillant l'église aura le terme de « chef-lieu »...). Saint Barthélémy fait partie des douze apôtres, (qui ne furent jamais 13, puisque le jour de la Cène, qui est le treizième convive ? Jésus bien sûr !) Il serait mort en Arménie. Et il était prié pour faire tomber les mauvaises fièvres. Avec lui, le saint dit « titulaire » s'appelle Saint Nicolas. Fêté le 6 Décembre, il protège les enfants. Fondée en 1505, nous savons qu'en 1921, un prêtre retraité, l'Abbé Gromier [au patronyme très planérain] officie une fois par jour à la dite chapelle.

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Et 20 ans plus tard, terrible rapport ! La chapelle est devenue « écurie » (tiens dont !**). Actuellement, elle est revenue à son utilisation première... Passons maintenant à celle du Villard du Planay. Dédiée à Sainte Marguerite (fête le 20 Juillet), cette vierge et martyre qui vécue à Antioche (Syrie) est invoquée par les femmes en couche. Et on raconte que, lors de sa détention, le Diable la tenta, mais elle le repoussa. C'est ainsi qu'on la représente avec un dragon. Ceci symbolisant la vertu dite cardinale de la Force. Avec elle, le Christ lui-même, sous le vocable titulaire de « Saint-Nom de Jésus » qui est consacré le 14 Janvier pour protéger les montures. Notons aussi que cette chapelle était rattachée à la paroisse de Bozel jusqu'au moins l'année 1957 (là encore, un exemple qu'une paroisse peut couvrir plus d'une commune. Et inversement...). De même, lors des terribles évènements de l'automne 1753, elle fut ravagée par les torrents confluants au Villard : les dorons de Pralognan et de Champagny. Qui ravagèrent, malheureusement aussi, une bonne partie des deux « quartiers » de ce village. Et ce ne fut pas la dernière fois... D'où l'existence de messes dites « basses » de fondation. Ainsi, le 15 Juin, consacrée à Saint Bernard de Menthon contre les inondations torrentielles. Village qui, pour finir, avait l'objectif Goitreux ou Goitroux, du fait qu'on y remarquait un nombre « anormal » de gens atteint de ce mal qu'est le goitre... Terrible mal qu'on pouvait espérer empêcher de nuire auprès de la nouvelle génération en consacrant aussi le 6 Décembre une messe à Saint Nicolas... Remontons de nouveau le vallon et, arrêtons-nous à Notre Dame de la Salette. Cet édifice, le plus « jeune » des quatre étudiés, se trouve au Nord du Planay, à 1334 mètres d'altitude. Fondée en 1888, son exemple est, probablement, la règle normale poussant à la fondation d'un oratoire, d'une chapelle... jusqu'à la Cathédrale ! Nous retrouvons un Chambrolais (habitant du Chambéranger), monsieur Grat Bonjean. Celui-ci, en 1875, érige préalablement un oratoire. Puis, en 1882, c’est au tour du chemin de croix. Enfin, en 1887-1888, la chapelle consacrée à Notre Dame de la Salette à la place de l’oratoire. Pourquoi un tel patronage ? N'oublions pas l'évènement « récent*** » de l'apparition de la Vierge, au dessus de Corps (commune de l'Isère) sur le lieu-dit « La Salette ». Voilà pour le nom. Mais pourquoi, pendant 12 ans, construire un tel édifice. Faut-il y voir un événement à caractère « privé » ? La réponse est probablement en sommeil aux Archives Diocésaines de Moûtiers. Voire celle de la paroisse du Planay. Et, espérons, dans la mémoire de la famille Bonjean de Chambéranger. Ce que nous savons aussi, c'est qu'en 1941, le fils de Grat Bonjean entretenait le dit édifice. Remontons encore la vallée. Juste avant de parler de la dernière chapelle, celle de la Motte, juste deux mots sur celle de la Novaz. Dite Notre Dame de la Neige, elle serait antérieure à 1633. Sa position, vis à vis du hameau, est à rapprocher de celle de Notre Dame des Grâces à Friburge (commune de Champagny-en-Vanoise). Il faut, certes, y voir dans sa fête (le 5 Août) des demandes de préservation vis à vis des récoltes, mais aussi de l'intégrité du village contre l'incendie. Et aussi contre les avalanches. Car, en face, il y a le vallon de la Vuzelle où nous trouvons un lieu-dit l'Allée aux maisons équipées de « tournes » de protection... Contre les avalanches. D'autant que l'Enquête Permanente sur les Avalanches et la Carte de Localisation Probable des Avalanches mentionne des avalanches plus probables de ce côté que de la rive où se trouve la (Villa) Novaz. Terminons donc par la Motte. Et sa chapelle. Source de béatitude et de repos pour certains. Mais aussi de polémique pour d'autres. D'autant que, se joue le respect de la mémoire d'un mémorable défunt, je veux parler de l'historien Marius Hudry.

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Voyons donc les faits : une chapelle bénie et consacrée en 1997, sous le vocable de Notre Dame des Alpages, aurait été, depuis son édification première, une chapelle. La plus « ancienne » de la vallée. Chapelle qui aurait été, momentanément, utilisée comme cave à fromage. Et qui reprend son destin premier C'est, du moins, ce que nous rapporte Jacques de Leymarie, l’ « historien » de Pralognan dans le Bulletin Municipal de Pralognan en Février 1996 pp. 13-14. Quels arguments met-il en avant ? Le fait qu'il contraste avec l'édification simpliste des granges ou des étables construites en alpage. Et ceci par le fait que le plafond soit voûté. Puis, le fait qu'il y ait eu deux générations d'ouverture de fenêtre. Ensuite, il y a la date retrouvée sur l'édifice : 1640. Réfection partielle (mais de quelle(s) partie(s) du bâtiment ?) ou construction effective du bâtiment ? L'examen de la Mappe sarde de 1738 (et de sa tabelle) montre que le Chapitre de la Cathédrale de Moûtiers possédait trois parcelles à la Motte. Deux de pâturage et une « écurie ». Or, à ce moment de l'analyse, Monsieur de Leymarie, reprenant la tradition orale (rapportée par des écrits d'Eugène Blanc, agriculteur des Bieux au début du vingtième siècle) et la croisant avec ce qui est rapporté par la Mappe Sarde, admet une parenté entre l'existence de ce bâtiment et l'ancienne présence des moines. Et toujours du fait de l'originalité de son architecture... Pourtant, tout porte à croire que l'on peut infirmer cette parenté. Certes, l'existence des moines à Pralognan est effectivement avérée par divers documents. Comme en 1184, avec l'énumération des paroisses dépendantes du Chapitre de la Cathédrale Saint Pierre de Moûtiers. Où nous retrouvons le « Domus de Pratolongico ». Le dit chapitre suivant la règle de Saint Augustin. Puis en 1257, dans l'acte entre les chanoines réguliers du Chapitre et les chanoines séculiers, on signale le « Prioratus de Pratolonginco ». Néanmoins, on sait que sous l'archevèque Pierre II de Tarentaise (1144-1174), des chanoines de Pralognan furent demandés pour pérénniser le Chapitre des moines réguliers de la Cathédrale. Toutefois, le 4 Janvier 1365, le recteur de Pralognan passe un albergement des propriétés de la communauté. Ce recteur s'appelait Aimon Monthonis****. Or, les multiples visites pastorales des Archevêques de Moûtiers, puis des évêques de Moûtiers puis de Savoie, mentionnent que ce « prieuré » se trouvait toujours là où est l'église paroissiale actuelle. Eglise devenue paroissiale en 1525. Mais jamais, il ne fut rapporté l'existence d'une chapelle à la Motte dans les dites visites. Visites qui, n'oubliaient pas aussi les oratoires... Malgré cela, que lisons-nous dans le Bulletin Municipal suivant (Décembre 1997, pp.20). Et dans la brochure réalisée la même année ? Que l'Abbé Marius Hudry aurait retracé que : «[...] Un groupe de moines-pasteurs trouvant l'endroit de la Motte propice à la méditation s'y installa. Les moines édifièrent une chapelle et quatre(s) bâtiments à usage domestique dont les ruines ont été comblées par les travaux du refuge et des annexes. On pense que cet ensemble constitue l'alpage des religieux qui demeuraient au Prieuré de Pralognan la Vanoise. Les vestiges de ce Prieuré datant du XIIeme siècle sont situés sous l'église actuelle. Ces moines installés sur une des routes du sel passant par le Col de Chavière assurèrent non seulement la présence spirituelle mais également le développement des alpages et l'assistance aux voyageurs sur cette route reliant la Tarentaise à la Maurienne puis à l'Italie. La chapelle des moines de La Motte était donc une des plus hautes en Europe dès le XIIeme siècle (2000 m environ) et reste actuellement le plus vieux refuge des Alpes françaises ». Certes, un document de 1530 mentionne la vente de ces biens ecclésiastiques à des privés de la commune. Pourquoi sont-ils pas repris alors comme tels sur la tabelle de la Mappe ? On sait aussi qu'en 1740, un pareil « privé » possède aussi un bien à la Motte. Or, entre 1530 et 1640, pourquoi nos privés n'auraient-ils pas fait des travaux en profitant des

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matériaux sur place ? Et de reprendre le système voûté présent (qui ne fut pas l'apanage des bâtiments religieux). Voire d'utiliser cette technique pour remplacer un système ancien à base de poutres et bardeaux ? Certains bâtiments, bien plus importants, furent traités de même... en Savoie*****. Et des édifices religieux avaient encore (et ont encore) des plafonds lambrisés (et non voûtés) encore maintenant et qui datent... du Haut-Moyen Âge ! Le système voûté n'est donc pas une ... preuve. D'autre part, Monsieur Hudry, dans ses travaux concernant Pralognan-la-Vanoise, a toujours liée la présence des dits religieux à la situation de voie de passage qu'est... le Col de la Vanoise. Car, le plus étrange est aussi que le Col de Chavière n'est pas mentionné dans les priorités des Ducs concernant les cols de Vanoise. Le document de 1690 ne le mentionne pas non plus. D'autant que, le Col de la Vanoise est plus court pour aller de Haute-Maurienne en Basse Tarentaise. Hudry a aussi admis que la communauté priorale ne fut jamais plus d'une dizaine. Comment celle de Pralognan pouvait-elle gérer deux édifices alors que les autres fondations priorales des chanoines d'Abondance ne purent faire de même ? D'autant que, si on regarde les « politiques » des Abbaye et Prieuré du Grand et Petit Saint Bernard, ou celle de la Novalaise; soit ils se situent au passage supérieur (Saint Bernard). Soit de part et d'autre (Novalaise). Enfin, pourquoi, dans le cadre d'une communauté, entièrement propriété d'une structure religieuse, aurait oubliée d'équiper l'autre vallée, celle de la Glière, d'une chapelle pour son alpage ? Et comment faire lorsqu'il fallait être du côté de l'Arcellin Supérieur ? A plus de deux heures du Prieuré ? Comme la Motte... Car, si nous regardons le système des « granges » de Tamié, plusieurs ne furent pas « équipées » de chapelles ou d'oratoires. Et plusieurs étaient gérés par les « converts ». Voire par un système de location par… albergement ! N'oublions pas aussi que lors des visites pastorales, des offices étaient organisés aux alpages, sans pour autant qu'il y ait un édifice dédié pour cela... En conclusion, nous pouvons admettre l'existence d'une fondation d'un alpage à la Motte vers 1150-1200, soit à l'époque de la construction du prieuré à Pralognan. Prieuré et alpage étant dépendance du Chapitre de la Cathédrale de Moûtiers. Mais d’affirmer que cet alpage, comme ceux présents sur Termignon, avait une chapelle ; cela reste encore à prouver. Et de faire tenir à un mort (qui ne peut plus se justifier) des termes aussi peu solides est un manque de respect à sa mémoire… Quoiqu'il en soit, terminons sur une note positive. En cette année 2009, nous fêterons les 12 ans de la fondation de Notre Dame des Alpages. Car jusqu'à preuve du contraire, il existe, maintenant, depuis un peu plus d’une décennie, un édifice religieux consacré par l’évêque de Savoie, au saint patronage de la Vierge et qui se trouve à l'Alpage de la Motte. Montagne propriété de Monsieur Daniel Gros, planérain. Dont les sculptures intérieures ont été éxécutés par Monsieur Michel Chanoz, sculpteur de Morestel (Isère). Et cela, c'est irrévocable. Du moins, nous pouvons le penser... * Brochure en vente au Garage de l’Electrobus au Villard-du-Planay. ** Allusion à l’écurie de la Motte devenue Chapelle… *** 19 Septembre 1846. **** Cet Aimon, pourrait-il être à l’origine de la « montagne du sieur Aimon » alias Montaimont (cf. aussi page 31 du Guide du PNV, éd. Glénat).

***** Voyez les plafonds voûtés du 17ème du donjon du château de Miolans. Remplaçants les planchers et plafonds en bois du Moyen-Âge… Mais cela pour une tout autre raison…

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NB , nous avons omis de parler de l'étude lichonométrique concernant les lichens ornant les lauzes retrouvées sur place. Non pas que cette méthode est "foireuse", mais elle reste encore tributaire d'une certaine incertitude. Des cadres temporels ont été fixés pour les Alpes du Sud, mais ils restent encore à préciser pour certaines zones des Alpes du Nord. Et même si cela prouve qu'il y aurait eu un bâtiment couvert de lauzes au 12ème à la Motte, cela ne donne pas la nature de celui-ci pour autant.

Il resterait aussi à nuancer vis à vis des derniers travaux de Mr Fabrice Mouthon concernant

Alpages et Moines en Savoie. En effet, certains des premiers seraient bien antérieurs aux

seconds. Et de multiples études en Italie, dans les Alpes du Sud, ainsi qu'au Petit Saint-

Bernard, entre autre; nous montre un défrichement et une création d'alpages bien plus

anciennes... Ne dit-on pas qu'Hudry aurait vu à la Motte comme un site pré-celte dédié à la

déesse Mère ? A quand une vaste fouille méthodique de ce site ?

BIBLIOGRAPHIE. Tiziana Fragno, Silvia Galli, Elisa Jaffrennou, Antonio Sibilla, 2001, Patrimoines alpins,

Le Planay en Vanoise - La Salle en Vallée d’Aoste, 248 p., 150 illustrations ‘en vente au Garage de l’Electrobus). Collectif, 2003, Le guide du Parc National de la Vanoise, 176p, éd. Glénat.