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Sous la direction de Etienne BERTHOLD Mathieu DORMAELS Josée LAPLACE Collection Cahiers de l’Institut du patrimoine de l’UQAM Patrimoine et sacralisation Extrait de la publication

Patrimoine et sacralisation...scrutent les rapports qu’entretiennent le patrimoine et la sacralisation. Elles partent ainsi à la recherche d’une intelligence du présent à laquelle

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Page 1: Patrimoine et sacralisation...scrutent les rapports qu’entretiennent le patrimoine et la sacralisation. Elles partent ainsi à la recherche d’une intelligence du présent à laquelle

Sous la direction de

Etienne BERTHOLD Mathieu DORMAELS Josée LAPLACE

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Collection Cahiers de l’Institut du patrimoine de l’UQAM

Le patrimoine culturel, on le sait maintenant, correspond à une invention consécutive à la modernité occidentale et à la redéfinition du rapport à la mémoire qu’elle a entraînée. Il partage avec la sacralisation une quête de sens. Il s’y relie également, d’une façon plus complexe, en inscrivant l’adhésion qu’il suscite dans un processus de construction qui est constamment en mouvement. Les dix-huit contributions réunies dans cet ouvrage collectif proviennent de la quatrième Rencontre internationale des jeunes chercheurs en patrimoine qui s’est déroulée à Montréal en septembre 2008. Par le biais de minutieuses études de cas menées dans plusieurs pays d’Europe, d’Amérique et d’Afrique, elles scrutent les rapports qu’entretiennent le patrimoine et la sacralisation. Elles partent ainsi à la recherche d’une intelligence du présent à laquelle le patrimoine est, peut-être plus que jamais, convié.

8Collection dirigée par LuC NOPPEN

ISBN 978-2-89544-160-1

Patrimoine et sacralisation

Forum canadien de recherchepublique sur le patrimoine

Canadian Forum for PublicResearch on Heritage

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Collection dirigée par Luc Noppen

Dans le monde entier, le patrimoine, les constructions et les représentations patri moniales occupent aujourd’hui une place de choix dans la recherche universitaire. Les Cahiers de l’Institut du patrimoine de l’UQAM font écho, depuis Montréal, aux questionnements et aux explorations que ce vaste domaine soulève, dans le but de mieux comprendre les mécanismes qui engendrent les ancrages identitaires et qui pavent la voie aux constructions mémorielles.

Études et analyses sur les objets, les traces, les usages, les savoir-faire, mais aussi sur les représentations et sur les mémoires concourent ici à une définition élargie de la notion de patrimoine qui échappe aux cloisonnements disciplinaires ; le patrimoine apparaît ici comme outil sociétal de projection dans l’avenir plutôt que comme l’encensoir d’un passé glorifié.

L’Institut du patrimoine de l’UQAM offre cette collection aux recherches de la relève, autant celle qui évolue dans ses murs que celles qui, ailleurs dans le monde, se consacrent à cette réinvention du patrimoine. Au fil des projets et des propositions, les titres des Cahiers baliseront les travaux en cours et un réseau d’échanges et de collaborations, anciennes ou nouvelles.

Titres parus1. Paysages construits : mémoire, identité, idéologies, sous la direction de

Anne-Marie Broudehoux, 2006, 144 pages.

2. Patrimoine et patrimonialisation du Québec et d’ailleurs, sous la direction de Martin Drouin, 2006, 256 pages.

3. Le temps de l’espace public urbain : construction, transformation et utilisation, sous la direction de Yona Jébrak et Barbara Julien, 2008, 216 pages.

4. Patrimoine et guerre : reconstruire la place des Martyrs à Beyrouth, Guillaume Éthier, 168 pages.

5. Newfoundland Gothic, Peter Coffman, 224 pages.

6. Patrimoines : fabrique, usages et réemplois, sous la direction de Capucine Lemaître et Sébastien Sabatier, 300 pages.

7. La recherche en éducation muséale : actions et perspectives – Research in Museum Education : Actions and Perspectives, sous la direction de Anik Landry et Anik Meunier, 492 pages.

Collection Cahiers de l’Institut du patrimoine de l’UQAM

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Patrimoine et Patrimonialisations Les rencontres internationales des jeunes chercheurs en patrimoine de l’Institut du patrimoine de l’UQAM

titres parus

Rencontre de 2005

Martin Drouin (dir.). Patrimoine et patrimonialisation du Québec et d’ailleurs. Québec, Éditions MultiMondes, 2006, 256 p., coll. Cahiers de l’Institut du patrimoine de l’UQAM, no 2.

Rencontre de 2006

Marie-Blanche Fourcade (dir.). Patrimoine et patrimonialisation : entre le matériel et l’immatériel. Québec, Les Presses de l’Université Laval, 2007, 347 p., coll. Patrimoine en mouvement.

Rencontre de 2007

Capucine Lemaître et Benjamin Sabatier (dir.). Patrimoines : fabrique, usages et réemplois. Québec, Éditions MultiMondes, 2008, 300 p., coll. Cahiers de l’Institut du patrimoine de l’UQAM, no 6.

Rencontre de 2008

Etienne Berthold, Mathieu Dormaels et Josée Laplace (dir.). Patrimoine et sacralisation. Québec, Éditions MultiMondes, 2009, 312 p., coll. Cahiers de l’Institut du patrimoine de l’UQAM, no 8.

Rencontre de 2009

Karine Hébert et Julien Goyette (dir.). Histoire et idées du patrimoine, de la régionalisation à la mondialisation. Québec, Éditions MultiMondes, 2010, coll. Cahiers de l’Institut du patrimoine de l’UQAM, (à paraître, automne 2010).

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Cette édition des Cahiers de l’Institut du patrimoine de l’Université du Québec à Montréal a bénéficié de l’apport financier des programmes suivants :

– le Programme des Chaires de recherche du Canada, grâce à la contribution de la Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbain ESG-UQAM (Luc Noppen, titulaire 2008-2015) ;

– le Programme de soutien aux équipes de recherche du Fonds québécois de recherche sur la société et la culture (FQRSC), dans le cadre du programme de recherche « Les paysages de la patrimonialisation » (Lucie K. Morisset, dir., 2009-2013) ;

– le Programme de Réseaux stratégiques de connaissances du Conseil de recherche en sciences humaines du Canada (CRSH) qui subventionne le « Forum canadien de recherche publique sur le patrimoine/Canadian Forum for Public Research on Heritage (FCRPP/CFPRH) » (Luc Noppen et Lucie K. Morisset, dir., 2008-2015).

Révision linguistique : Micheline Giroux-Aubin, TRADUCT’ART

Couverture : Chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours, Montréal, photo de Guillaume St-Jean

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Vedette principale au titre :

Patrimoine et sacralisation

(Collection Cahiers de l’Institut du patrimoine de l’UQAM ; 8)

Textes présentés lors d’un congrès tenu à Montréal les 25 et 26 sept. 2008.

Comprend des réf. bibliogr.

Comprend du texte en anglais.

Publ. en collab. avec : Institut du patrimoine, Université du Québec à Montréal et Forum canadien de recherche publique sur le patrimoine.

ISBN 978-2-89544-160-1

1. Biens culturels – Congrès. 2. Patrimoine religieux – Congrès. 3. Patrimoine historique – Congrès. 4. Sacré – Congrès. I. Berthold, Etienne. II. Dormaels, Mathieu, 1977- . III. Laplace, Josée. IV. Université du Québec à Montréal. Institut du patrimoine. V. Forum canadien de recherche publique sur le patrimoine. VI. Collection: Collection Cahiers de l’Institut du patrimoine de l’UQAM ; 8.

CC135.P373 2009 363.6’9 C2009-941575-5

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Sous la direction de

Etienne BERTHOLD Mathieu DORMAELS Josée LAPLACE

Patrimoine et sacralisation

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DistRiBution en liBRAiRie Au CAnADA

PRoLoGUE INC. 1650, boul. Lionel-Bertrand Boisbriand (Québec) J7H 1N7 CANADA

Téléphone : 450 434-0306 Tél. sans frais : 1 800 363-2864 Télécopie : 450 434-2627 Téléc. sans frais : 1 800 361-8088 [email protected] http://www.prologue.ca

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LIBRAIRIE DU QUÉBEC/DNM 30, rue Gay-Lussac 75005 Paris FRANCE

Téléphone : 01 43 54 49 02 Télécopie : 01 43 54 39 15 [email protected] http://www.librairieduquebec.fr

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LA SDL CARAVELLE S.A. Rue du Pré aux oies, 303 Bruxelles BELGIQUE

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DistRiBution en suisse

SERVIDIS SA chemin des chalets 7 CH-1279 Chavanne-de-Bogis SUISSE

Téléphone : (021) 803 26 26 Télécopie : (021) 803 26 29 [email protected] http://www.servidis.ch

© Éditions MultiMondes, 2009 ISBN 978-2-89544-160-1 Dépôt légal – Bibliothèque nationale du Québec, 2009 Dépôt légal – Bibliothèque nationale du Canada, 2009

ÉDitions MultiMonDes930, rue Pouliot Québec (Québec) G1V 3N9 CANADA

Téléphone : 418 651-3885 Téléphone sans frais depuis l’Amérique du Nord : 1 800 840-3029 Télécopie : 418 651-6822 Télécopie sans frais depuis l’Amérique du Nord : 1 888 303-5931 [email protected] http://www.multim.com

Les Éditions MultiMondes reconnaissent l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour leurs activités d’édition. Elles remercient le Conseil des Arts du Canada pour l’aide accordée à leur programme de publication. Elles remercient également la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC) pour son aide à l’édition et à la promotion.

Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – gestion SODEC.

IMPRIMÉ AU CANADA/PRINTED IN CANADA

Imprimé avec des encres végétales sur du papier dépourvu d’acide et de chlore et contenant 50 % de matières recyclées dont 15 % de matières post-consommation.

50%

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Table des matières

introduction ........................................................................................................................ 1

Mathieu DORMAELS et Etienne BERTHOLD

une étude de la sacralisation politique comme mode de construction d’un patrimoine national révolutionnaire cubain. l’exemple de la transformation fonctionnelle et symbolique du Palacio Presidencial et de la Caserna Moncada ......................................15

Lorraine KARNOOUH

Du sacré en uRss. l’art soviétique et l’invention d’un culte ............................................27

Fabien BELLAT

De la fête patronale à l’exposition d’art : accrochages temporaires de tableaux à Rome aux XVie et XViie siècles ...................................................................................... 45

Nicola PRINETTI

Construction de la valeur de l’objet d’art dans les monographies paroissiales au Québec de 1854 à 1925 ...................................................................................................59

Nathalie MIGLIOLI

l’intervention d’artistes contemporains dans les églises anciennes : de la re-sacralisation à la patrimonialisation .....................................................................75

Christine BLANCHET-VAQUE

« Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru » : science et croyance dans la construction patrimoniale au XiXe siècle. l’exemple du Corpus des inscriptions latines comme lieu de mémoire allemand ............................................................................89

Béatrice ROBERT

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Du patrimoine de la mémoire à la mémoire du patrimoine : le rejet et la sacralisation dans l’œuvre de Jacques Folch-Ribas ...............................................................................107

Beatriz CALVO MARTÍN

Collecter, écrire, exposer. la patrimonialisation des objets du culte catholique (France, XXe-XXie siècles) ...............................................................................................123

Émilie NOTTEGHEM

Patrimonialiser son culte. Activités rituelles et effets patrimoniaux dans une confrérie catholique des Alpes ..................................................................................137

Cyril ISNART

turbulences au panthéon catholique : la toponymie des paroisses montréalaises et leur patrimoine en dispersion .......................................................................................151

Josée LAPLACE

la place du patrimoine religieux préhistorique dans la société corse, d’hier à aujourd’hui ..........................................................................................................169

Leria FRANCESCHINI et Séverine LECONTE-TUSOLI

les greniers collectifs marocains : de l’économie traditionnelle au patrimoine à vocation touristique. institution collective et bien commun .........................................187

Salima NAJI

la restauration du décor des églises médiévales en France au XiXe siècle : de la redécouverte d’un patrimoine à sa recréation ..........................................................207

Capucine LEMAÎTRE

guerilla Heritage: tactical Reconsiderations of the Heritage Process in Rural Communities ......................................................................................................221

Barry MAGRILL

le sacré au musée et chez les Amérindiens : la ré-actualisation du patrimoine autochtone .................................................................................................237

Virginie SOULIER

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l’art rupestre du bouclier canadien : le sacré et le patrimoine dans les parcs provinciaux de l’ontario ..................................................................................................253

Dagmara ZAWADZKA

topographie magico-religieuse et espace muséal. territoires, trajectoires et transes au Musée national du niger .............................................................................269

Julien BONDAZ

une perspective transnationaliste sur le patrimoine sacré : l’apport des cultural studies et des subaltern studies .............................................................283

Fabrice ARGOUNES

Table des matières

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IntroductionMathieu Dormaels et Etienne Berthold

« Sacralisation des objets patrimoniaux », « sanctuarisation des sites naturels », une partie du vocabulaire du patrimoine semble construit sur celui de la spiritualité et de la religion, particulièrement judéo-chrétienne. Il est donc tentant de prolonger cette contiguïté lexicale par des métaphores évocatrices, dont la presse et les imprimés touristiques abondent quand il s’agit de vieilles pierres et de traditions. Pourtant, lorsqu’on interroge cette proximité, on perçoit assez rapidement la complexité qui lui est sous-jacente, conséquence d’une multitude d’idées préconçues et de termes polysémiques qui rendent difficile la définition d’un objet d’étude. Pour le chercheur, il peut alors sembler que la voie d’analyse la plus appropriée soit l’étude du « patrimoine religieux » et de sa sauvegarde, de ces « entre-lieux » du cultuel et du culturel1, sans que l’on sache vraiment s’il s’agit des lieux, des objets ou des pratiques. on verra néanmoins rapidement que, pour être féconde, cette étude passe nécessairement par une définition du fait patrimonial, entre autres. on doit également admettre que le patrimoine religieux ne constitue qu’une voie possible de l’étude des rapports entre le patrimoine et la sacralisation, et que l’on peut donc être tenté d’aller plus loin. Cet ouvrage, qui rassemble dix-huit articles présentés lors de la quatrième Rencontre internationale des jeunes chercheurs en patrimoine (tenue à Montréal au mois de septembre 2008), regroupe une diversité de sujets et d’approches analytiques venant confirmer cet état de fait.

on pourrait considérer que le patrimoine et le sacré sont deux modes de relation de l’homme à la transcendance, entendue comme ce qui dépasse notre condition humaine, spatialement et temporellement. En effet, on peut voir qu’il s’agit dans les deux cas de nous positionner et de définir notre rapport à un espace, réel ou imaginé, et au temps, à ce qui nous précède et nous suit. Les contributions des auteurs interrogent, examinent et expérimentent des situations où « patrimoine » et « sacré » se retrouvent en interaction.

1. Turgeon, Laurier, 2005, « Introduction », dans Turgeon, Laurier (dir.), Le patrimoine religieux du Québec : entre le cultuel et le culturel, Québec, Presses de l’Université Laval, coll. « Patrimoine en mouvement ».

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Cependant, en prélude à ces lectures, nous voulons préciser ces éléments – patrimoine, sacré, patrimonialisation, sacralisation – et proposer ainsi quelques pistes de réflexions théoriques qui s’enrichiront des nombreux cas présentés dans cet ouvrage. Il convient donc de revenir au sens et à l’histoire de ces notions, et à leurs processus de constitution, pour en déterminer les interactions possibles.

Patrimoine et sacré : une relation historique

Loin de se résorber, l’« hypertrophie patrimoniale2 » semble bien avoir obtenu une reconnaissance qui rend sa critique de plus en plus difficile. Devant ce phénomène, les définitions de la notion de patrimoine deviennent difficiles à établir tant les objets patrimoniaux sont divers. Les distinctions même de « matériel » et d’« immatériel »

2. Martin Drouin utilise cette expression pour signifier la multiplication des patrimoines, en écho au « tout patrimoine » relevé par des auteurs tels que Henri-Pierre Jeudy, Françoise Choay ou François Hartog, dans un ouvrage regroupant certaines des communications prononcées lors de la première Rencontre internationale des jeunes chercheurs en patrimoine. (Drouin, Martin (dir.), 2006, Patrimoine et patrimonialisation du Québec et d’ailleurs, Québec, MultiMondes, coll. « Cahiers de l’Institut du patrimoine », p. 1.)

Abbaye de Beauport, FranceMathieu Dormaels

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Introduction

paraissent aujourd’hui insuffisantes et l’on se questionne de plus en plus sur leurs liens3. Comment peut-on dans ces conditions définir le patrimoine ? D’abord il convient de se souvenir que le mot « patrimoine », au sens où nous l’entendons en référence aux biens collectifs, n’apparaît que tardivement puisqu’on ne le retrouve, en France, que dans les années 19704 et qu’il est formellement utilisé au Québec dans la Déclaration de Deschambault, en 19825. Toutefois, le mot est plus ancien et si certains font remonter son origine à l’Antiquité et aux reliques6, c’est que l’influence du « culte chrétien de la trace7 » est essentielle dans sa construction. Quoi qu’il en soit, c’est bien dans le contexte ecclésiastique qu’on le relève d’abord, lorsqu’au xiie siècle on parle de patrimonium Crucifixi – « les biens du Crucifié8 » –, autrement encore appelé « patrimoine des pauvres » et constitué de l’ensemble des biens ecclésiastiques donnés à l’Église et qui ne sont pas la propriété de ses prélats. Cette notion de biens dont la propriété dépasse ceux qui les conservent naît donc au sein de la religion et il n’est peut-être pas étonnant que ce soit un prêtre, l’abbé Henri Grégoire, qui prit la défense des biens « nationaux » pendant la Révolution française, qui, « n’étant de personne sont la responsabilité de tous9 ». Il est naturel, d’une certaine manière, que, lorsqu’il fallut trouver des vocables pour le patrimoine, on les empruntât à la religion, et il est notable que l’on retienne l’intervention d’un homme d’Église, quoique fervent républicain, comme fondatrice de la notion en France. Cette notion va ensuite évoluer, pendant deux siècles, du « monument historique » au « bien culturel », pour être aujourd’hui le « patrimoine », le support transmissible de l’identité et de l’histoire dans l’expérience collective. Notons au passage que si la langue française n’a

3. Nous nous référons à l’ouvrage issu de la deuxième Rencontre internationale des jeunes chercheurs en patrimoine : Fourcade, Marie-Blanche (dir.), 2007, Patrimoine et patrimonialisation : entre le matériel et l’immatériel, Québec, Presses de l’Université Laval, coll. « Patrimoine en mouvement ». Au niveau international, citons la Déclaration de Yamato (2004), adoptée à l’unanimité le 22 octobre 2004 par les participants à la conférence internationale « La sauvegarde du patrimoine culturel matériel et immatériel : vers une approche intégrée » (Nara, Japon, 19-23 octobre 2004), ou encore la seizième assemblée générale du Conseil international des monuments et des sites (ICOMOS) tenue à Québec en 2008, qui avait pour thème « Le génie du lieu ».

4. Desvallées, André, 1998, « À l’origine du mot patrimoine », dans Dominique Poulot (dir.), Patrimoine et modernité, Paris, L’Harmattan.

5. Charte du patrimoine québécois. Pour une perspective historique comparée de la notion de patrimoine en France et au Québec, voir Drouin, Martin, 2005, Le combat du patrimoine à Montréal (1973-2003), Québec, Presses de l’Université du Québec, coll. « Patrimoine urbain », p. 3-11.

6. Babelon Jean-Pierre et André Chastel, 1994, La Notion de Patrimoine, Paris, Liana Levi [1re éd. Revue de l’Art, no 49, 1980], p. 14.

7. Noppen, Luc et Lucie K. Morisset, 2005, « Ville et mort du patrimoine », dans Pierre Delorme (dir.), La ville autrement, Québec, Presses de l’Université du Québec, p. 54.

8. Le Trésor de la Langue Française informatisé (TLFi), définition de « patrimoine », [http://atilf.atilf.fr/tlf.htm], consulté le 11 avril 2009.

9. Discours contre le vandalisme de l’abbé Grégoire à l’Assemblée, le 13 août 1794.

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pas retenu les usages canoniques du mot « patrimoine », il n’en est pas de même dans toutes les langues latines puisque, en espagnol, le patrimonio (patrimoine) et la patrimonialidad (patrimonialité) ont toujours un sens très précis pour le droit canon10. Il semble donc que la notion de patrimoine soit « héritière » du contexte judéo-chrétien de l’Europe occidentale, et l’on peut supposer que ce lien perdure aujourd’hui.

Le patrimoine est devenu un objet de recherche pour différentes disciplines, et il s’est constitué en un champ d’étude avec ses modèles d’analyse, sa littérature et son vocabulaire spécialisé. Si l’on considère, dans une perspective sémiologique, que le patrimoine est le produit d’une trouvaille11 et que les objets patrimoniaux sont des sémiophores, des objets extraits du monde des transactions « qui représentent l’invisible, c’est-à-dire [qui] sont dotés d’une signification12 » et qui servent de lien avec un « au-delà », on peut se demander jusqu’à quel point ils ne sont pas « sacrés ». Car le sacré est aussi cet « espace inviolable13 », qui, par sa reconnaissance, la consécration, renvoie à une « hétérotopie14, un espace autre ». Le patrimoine et le sacré sont donc porteurs d’une représentation, ils signifient une altérité spatiale et temporelle et ils sont le résultat de processus qui

les investissent de cette signification. Dès lors, il apparaît que la compréhension de ces notions repose d’abord sur celle de ces processus d’investissement de sens.

10. Dormaels, Mathieu, 2009, La identidad de las comunidades a través del patrimonio local : la reivindicación de una nueva legitimidad social [L’identité des communautés à travers le patrimoine local : la revendication d’une nouvelle légitimité sociale], Rio de Janeiro, communication présentée au congrès de la Latin American Studies Association (LASA), 14 juin 2009.

11. Eco, Umberto, 1993, cité par Davallon, Jean, 2006, Le Don du patrimoine, Paris, Lavoisier, p. 120. 12. Pomian, Krzysztof, 1978, « Entre l’invisible et le visible : la collection », Libre, no 3, p. 34. 13. Noppen, Luc et Lucie K. Morisset, 2005, Les églises du Québec, un patrimoine à réinventer, Québec, Presses de

l’Université du Québec, p. 325. 14. Expression de Michel Foucault, citée par Noppen et Morisset, 2005, p. 324.

Intérieur de la cathédrale de Salta, ArgentineMathieu Dormaels

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Introduction

Patrimonialisation et sacralisation : deux processus de construction de sensUn processus est une suite d’opérations qui entraîne un changement d’état. Il a donc par nature un début et une fin, ce qui ne signifie pas pour autant qu’il soit définitif, plusieurs processus pouvant se succéder et changer plusieurs fois l’objet. Si l’on considère le sacré, on voit en fait deux processus différents susceptibles de produire le caractère sacral : la consécration et la sacralisation. En effet, un objet ou un lieu peut être « consacré » en ce qu’il s’agit de reconnaître un caractère sacré déjà présent en lui et que l’on ne fait que révéler. C’est sans doute cette immanence du sacré qui rend l’exécration, au sens historique15, si complexe, car dans cette perspective elle devient difficilement justifiable, même au regard de la théologie dont nous ne traiterons pas ici. Mais l’objet peut aussi être « sacralisé » et, dans ce cas, la « sacralisation » révèle plutôt la construction du caractère sacré de l’objet, de sa transcendance. Il s’agit alors de savoir si l’on se situe dans une perspective ecclésiale, pour laquelle le sacré est intemporel et intrinsèque, ou si l’on considère une construction sociale dans un référentiel non religieux. on entendra ici, par exemple, la place particulière des héros de toutes les nations, saints païens des idéologies nationales.

Dans le cas du patrimoine, même si pendant longtemps le caractère patrimonial a été considéré comme étant inhérent aux objets, on parle maintenant sans mépris de la patrimonialisation comme « production du statut social de l’objet patrimonial16 », c’est-à-dire comme production de sens symbolique et de valeurs qui, investis dans un objet, produisent le patrimoine. Cet investissement symbolique rend l’objet unique car il lie sa signification au groupe social, à l’environnement et à l’époque sous-jacents à sa construction. Et même dans le cas d’un objet qui existerait en plusieurs exemplaires, il serait unique car il serait celui qui a été choisi pour représenter les autres. Dans une autre perspective, souvent liée au patrimoine, on pourrait examiner un autre processus, celui de la valorisation touristique. Comme la patrimonialisation et la sacralisation, on peut rappeler ici que la valorisation produit cette unicité et crée l’exemplarité des « hauts lieux du patrimoine17 » et la distinction18 propre aux lieux touristiques. Il est d’ailleurs révélateur que l’on puisse considérer l’attraction touristique comme étant composée de trois éléments, à savoir le touriste, la ressource et

15. Comme définition d’exécration on trouve dans le Dictionnaire universel français et latin. 5e édition, dit Trévoux (1752) : « retour d’un objet consacré à l’état profane » ; cité dans Le Trésor de la Langue Française informatisé (TLFi), [http://atilf.atilf.fr/tlf.htm], consulté de 11 mai 2009.

16. Davallon, 2006, p. 99. 17. Davallon, Jean, 1991, « Produire les hauts lieux du patrimoine », dans André Micoud (dir.), Des hauts lieux : la

construction sociale de l’exemplarité, Paris, Éditions du CNRS, p. 92-93. 18. Boyer, Marc, 1995, « L’invention de distinction, moteur du tourisme ? Hier et aujourd’hui », dans Téoros, vol. 14,

no 2, p. 45-47.

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le marqueur19, à l’instar du visiteur, de l’objet patrimonial et de la médiation. Il est encore plus révélateur qu’un auteur utilise le terme de sacralisation pour définir la constitution de l’attraction touristique20 et que ce processus présente un parallèle avec une certaine approche de la patrimonialisation21. II s’agit là aussi d’un processus qui, en plus, intervient bien souvent comme élément déclencheur de la patrimonialisation quand celle-ci est motivée par le potentiel économique que représente l’industrie touristique. Comme le tourisme, le « patrimoine » et le « sacré » supposent l’unicité dans un temps et dans un espace donnés. Pour représenter l’humanité en tout temps, Dieu ne pouvait avoir qu’un seul fils…

19. Les termes originaux sont « tourist, sight, marker » (traduction libre) dans MacCannel, Dean, [1976] 1999, The Tourist : a New Theory of the Leisure Class, Berkeley, University of California Press, p. 41.

20. Id., p. 44-45. 21. Lucie K. Morisset (2009), Des Régimes d’authenticité : essai sur la mémoire patrimoniale, Rennes et Québec,

Presses universitaires de Rennes et Presses de l’Université du Québec, coll. « Art et société », p. 23-24) fait un parallèle entre les cinq étapes de la sacralisation décrites par Dean MacCannel et les gestes de la patrimonialisation présentés par Jean Davallon (2006, p. 126), bien que le processus présenté par ce dernier ne soit pas linéaire.

Abbaye du Mont-Saint-Michel, France

Mathieu Dormaels

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Patrimonialisation et sacralisation sont donc des processus de construction de représentations, au sens de la sémiotique. Autrement dit, ils produisent un discours et construisent le patrimoine et le sacré comme des choses « dites ». Il s’agit donc d’un discours performatif22 qui produit son objet tout en l’énonçant. Et c’est en cela que réside leur proximité, car « patrimoine » et « sacré » sont deux discours portés collectivement, qui traitent d’un même thème : l’origine. Tous deux se conçoivent comme des discours « vrais », « authentiques », sur une origine, à travers une relation tantôt symbolique (sacrée), c’est-à-dire sans lien matériel direct avec l’origine, tantôt indicielle23 (patrimoniale), quand le support du discours conserve un lien matériel avec elle. on peut alors être tenté de reprendre le modèle selon lequel le patrimoine peut se comprendre comme un équilibre entre un rapport au temps, un rapport à l’autre et un rapport à l’espace, bref, comme un « régime d’authenticité24 », et ainsi émettre l’hypothèse que « patrimoine » et « sacré » sont des discours analogues soumis à deux régimes d’authenticité différents. Si notre époque « peut être comprise à l’aune d’une forme de crise de véracité25 », on comprendra peut-être l’essor du patrimoine et du sacré dans la constitution des identités collectives comme le symptôme de ce basculement, de cette « rupture », vers un autre régime et un autre système d’interprétation. Néanmoins, il ne s’agit pas d’une rupture en tant qu’elle tranche avec le passé au profit de la modernité26, mais plutôt d’une rupture en tant qu’un regard nouveau porté sur l’objet et sur sa signification, qui oblige à les reconsidérer et qui réarticule le passé et le présent.

Ainsi, vouloir étudier les relations entre patrimoine et sacré, et leurs processus constitutifs, revient à examiner comment ces discours peuvent, ou non, coexister. Dans cette perspective, les contributions présentées ici permettent d’identifier trois types de relations entre patrimoine et sacré.

Il y a, tout d’abord, des situations où ces thèmes se rencontrent et s’enrichissent l’un l’autre pour densifier la signification, la « valeur » de l’objet. Il s’agit alors de faire coïncider ces discours pour produire une signification nouvelle. La plupart des textes de notre ouvrage s’insèrent dans cette perspective.

22. Austin, John L., 1991, Quand dire c’est faire, Paris, Seuil. 23. Davallon, 1991, p. 91. 24. Morisset, p. 25-27. 25. Id., p. 26. 26. On reconnaîtra ici la « rupture créatrice » proposée par Jean Davallon (2001, « Tradition, mémoire, patrimoine »,

dans Bernard Schiele (dir.), Patrimoines et Identités, Québec, MultiMondes, p. 45), en opposition à une continuité qui reconnaîtrait une filiation avec le passé.

Introduction

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Les textes de Lorraine Karnoouh et de Fabien Bellat interrogent les rapports entre le patrimoine et le sacré en les situant dans le contexte de deux révolutions majeures que le xxe siècle a connues : la révolution cubaine et la révolution soviétique. À la suite de sa révolution socialiste, survenue à la fin des années 1950, Cuba a fait appel au passé afin de reforger ses symboles d’identité. Le texte de Lorraine Karnoouh, docteure en sociologie,

explore la question en faisant appel aux études de cas du musée de la Révolution, ancien Palais présidentiel à la Havane, et de la Cité scolaire 26 Juillet, ancienne caserne militaire Moncada à Santiago de Cuba. on voit s’y profiler un processus de réinvestissement du sens et de la sacralisation (telle que nous l’avons définie), qui prend appui sur le patrimoine, comme matière dynamique susceptible d’interprétations et de réinterprétations, et sur son importante dimension politique. Le texte de Fabien Bellat, docteur en histoire de l’art, aborde, quant à lui, la construction de la représentation du passé en URSS. L’auteur souscrit, à la base, à une thèse qui veut qu’entre la Russie des tsars et la Russie postrévolutionnaire il n’y ait pas eu de rupture complète et, conséquemment, que les symboles prérévolutionnaires aient pu être réinterprétés, relus à nouveaux frais par le régime soviétique. Dans ce cadre, c’est à travers le prisme du monument et de l’art, et des significations dont ils sont tous deux porteurs, que Fabien Bellat déchiffre l’invention du passé soviétique et qu’il décrit le processus qui a conduit à sa sacralisation.

Trois textes, ceux de Nicola Prinetti, de Nathalie Miglioli et de Christine Blanchet-Vaque, abordent la rencontre entre le patrimoine et le sacré en portant leur attention sur l’objet d’art. Nicola Prinetti se penche sur le contexte entourant la production et la réception d’œuvres d’art à Rome, aux xvie et xviie siècles. Au fil d’une incursion en nuances et en subtilité dans l’univers des fêtes patronales, l’auteur, docteur en histoire et critique d’art, démontre que l’exposition de tableaux s’effectue dans un cadre religieux où elle devient, peu à peu, un lieu de connaissance et de contemplation pour les peintres et pour les amateurs. Nicola Prinetti nous rappelle ainsi

Monument à José Martí, La Havane, Cuba.

Sylvie Barthe

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que l’idée d’art, et à plus forte raison celle d’histoire de l’art, n’a pas toujours constitué une réalité autonome et bien définie, comme elle paraît l’être de nos jours. Nathalie Miglioli, doctorante au programme interuniversitaire en histoire de l’art à l’Université Laval, porte son attention sur une source méconnue mais très féconde : les monographies paroissiales canadiennes-françaises de la deuxième moitié du xixe siècle et du premier quart du xxe siècle, dont elle cherche à dégager la lente constitution d’une valeur accordée à l’objet d’art. À l’instar de l’étude menée par Nicola Prinetti, la construction de la valeur de l’objet d’art a ici beaucoup à voir avec le cadre religieux qui entoure et définit la monographie paroissiale. La contribution de Christine Blanchet-Vaque, docteure en histoire de l’art, s’intéresse au processus, méconnu mais riche, d’insertion de l’art contemporain dans des églises. En analysant les contextes de production et de réception d’œuvres de grands maîtres français sous le ministère d’André Malraux, dans les années 1960, puis d’artistes émergents sous le ministère de Jack Lang, dans les années 1980, l’auteure démontre que l’art moderne a su se forger une place dans l’Église française de la seconde moitié du xxe siècle et donc que l’expression plastique et formelle moderne n’était pas incompatible avec le renouvellement de l’esprit des lieux de sacralisation.

Les textes de Béatrice Robert et de Beatriz Calvo Martín abordent les rapports entre le patrimoine et le sacré sous l’angle des pratiques d’écriture et de la transmission de la culture qu’elles impliquent. Béatrice Robert, doctorante en histoire et civilisation à l’École des hautes études en sciences sociales, s’intéresse aux rapports qu’ont entretenus la science et la croyance dans l’ébauche du Corpus des inscriptions latines. Ce travail gigantesque, publié en seize tomes sous l’égide de l’Académie de Berlin entre la deuxième moitié du xixe siècle et le premier tiers du xxe siècle, a fait office de monument et de lieu de mémoire pour la nation allemande en construction. L’étude minutieuse et érudite qu’en propose Béatrice Robert permet de le décortiquer et de le présenter comme un travail épigraphique qui, à plusieurs égards (notamment par le choix du vocabulaire), n’a pas fait fi des croyances de Theodor Mommsen (1817-1903), son instigateur. Le texte de Beatriz Calvo Martín, doctorante en lettres à l’Université Libre de Bruxelles, interroge le parcours de l’architecte, urbaniste et romancier Jacques Folch-Ribas. Né en Espagne en 1928, ce dernier a d’abord émigré en France au moment de la guerre civile espagnole (1936-1939). Puis, au début des années 1960, il a émigré au Québec, où il réside toujours. Par l’analyse du contenu de deux romans qu’il a publiés, Le greffon en 1971 et La chair de pierre en 1989, Beatriz Calvo Martín retrace les aléas d’une mémoire douloureuse – celle de Jacques Folch-Ribas – qui se mute graduellement en patrimoine mémoriel que récupère, célèbre et sacralise l’écriture.

Introduction

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Certains textes du présent ouvrage mettent en relation la patrimonialisation et la sacralisation dans une perspective légèrement différente de celle que nous venons d’esquisser, une perspective dans laquelle les deux notions peuvent cohabiter pour garantir leur existence et celle des objets qui la supportent, mais sans jamais se confondre complètement. on observe alors des sémantisations nouvelles qui permettent de redonner à l’objet un sens en dehors de sa désuétude ou encore de sa fragilité. Les contributions d’Émilie Notteghem, de Cyril Isnart et de Josée Laplace l’expriment au mieux. Le texte de Cyril Isnart, docteur en anthropologie, porte son attention sur une confrérie catholique des Alpes françaises qui, comme certaines autres confréries du genre, tente depuis peu d’insuffler un nouvel élan à ses pratiques religieuses en patrimonialisant les objets et, même, les rites qui leur servent de support. Il s’ensuit une croisée des chemins, qui repose sur un compromis fragile entre les réalités du patrimoine, d’une part, et celles de la spiritualité, d’autre part. Le texte d’Émilie Notteghem, docteure en ethnologie, propose une étude minutieuse de la mise en patrimoine d’objets de culte catholique en France aux xixe et xxe siècles. Par le biais de deux recherches de terrain menées à l’église de Mours-Saint-Eusèbe (dans la Drôme) pour la première et à la bibliothèque Forney de Paris pour la seconde, on voit des objets de culte donner lieu à un inventaire, à un collectionnement et à des pratiques d’écriture. En marge de leur fonction cultuelle, les objets retenus en viennent ainsi à véhiculer des significations symboliques compatibles avec celles du patrimoine. C’est à ces difficiles chevauchements et tensions entre des registres religieux et patrimoniaux que se consacre Émilie Notteghem qui propose, au final, une piste féconde pour la recherche : aborder le patrimoine sous l’angle d’une anthropologie de l’écriture. À ces deux textes s’ajoute la contribution de Josée Laplace, doctorante en études urbaines à l’Université du Québec à Montréal. S’inspirant d’une manifestation inédite qui se tient chaque année dans la paroisse Saint-Roch, à Québec, Josée Laplace interroge les façons qu’ont des communautés, à l’heure de la désaffection du culte, d’alimenter leurs pratiques rituelles et patrimoniales en évoquant la figure et le nom du saint patron des paroisses auxquelles elles se rattachent.

Finalement, patrimoine et sacré peuvent tendre à s’exclure, le profane venant séculariser le sacré en lui substituant une autre signification. Cette relation, qui est peut-être la plus évidente à observer, se retrouve dans quelques textes du présent ouvrage collectif, surtout ceux de Leria Franceschini et Séverine Leconte-Tusoli, de Salima Naji, de Capucine Lemaître et de Barry Magrill. Leria Franceschini et Séverine Leconte-Tusoli, docteures en préhistoire (archéologie), explorent l’histoire du patrimoine préhistorique corse. Au fil du parcours qu’elles proposent, on voit des monuments funéraires ou encore de la statuaire mégalithique être successivement investis d’un caractère sacré par d’anciennes civilisations, « dé-paganisés » par l’Église médiévale, et, avec la chute

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de ce que les auteurs appellent la société traditionnelle agro-pastorale au tournant du xxe siècle, érigés en témoins des croyances des premiers hommes. C’est à l’étude d’une patrimonialisation qui s’effectue lentement et sans jamais complètement faire fi de ses phases antérieures que Leria Franceschini et Séverine Leconte-Tusoli nous convient ici. Le texte de Salima Naji, architecte et chercheure associée à l’École des hautes études en sciences sociales de Paris, aborde la question des greniers collectifs au Maroc. Ces très anciens lieux ont connu une histoire mouvementée. Longtemps consacrés aux usages des communautés locales, ils sont lentement devenus des monuments puis des objets de patrimoine dévolus, en partie, à la fréquentation touristique, ce qui s’est doublé de la perte du caractère sacré qui leur était originellement attribué. Pourtant, il subsiste encore des éléments qui permettraient, selon Salima Naji, de redonner aux greniers leur esprit communautaire sans faire fi des réalités patrimoniales, touristiques et religieuses qui sont maintenant les leurs. Pour sa part, Capucine Lemaître, docteure en histoire de l’art, retrace le processus de restauration de la décoration intérieure de deux églises situées dans le sud-ouest de la France, l’église abbatiale Saint-Jean de Sorde-l’Abbaye dans les Landes et l’ancienne cathédrale Notre-Dame de l’Assomption de Lescar. La particularité de son traitement est d’interpréter et de décrire le processus de restauration du décor des églises sur la base de l’objet d’art et de ses caractéristiques. Dans les deux cas, cet objet correspond à un fragment de mosaïque qui est redécouvert puis remis en valeur dans une perspective de conservation patrimoniale et en fonction d’un mélange de styles régional (néo-roman) et national (néo-gothique). Dans un tout autre ordre d’idées, le texte de Barry Magrill, docteur en histoire de l’art, survole trois manifestations patrimoniales différentes prenant place à Cumberland, à Steveston et à Richmond (en Colombie-Britannique). À l’aide du concept de guerrilla heritage, qui provient de sa plume, Barry Magrill expose les stratégies auxquelles ont recouru des individus et des groupes sociaux donnés afin de s’opposer à la transformation d’anciens patrimoines locaux, notamment religieux, tout comme à l’économisme sous-jacent au processus de patrimonialisation.

la continuité dans la rupture

Les relations entre le patrimoine et le sacré sont donc multiples et elles dépassent ce que l’on nomme traditionnellement le « patrimoine religieux » ; mais celui-ci met en évidence plus que tout autre la contiguïté entre ces deux éléments constitutifs de nos identités. Son étude fait ressortir combien chaque processus a besoin d’un élément déclencheur, d’une rupture avec l’état présent, pour opérer le basculement qui construit un sens différent, une représentation nouvelle. Le patrimoine, comme fait social construit dans le présent, a besoin pour perdurer d’être périodiquement actualisé et cette actualisation passe par une

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nouvelle patrimonialisation déclenchée par une rupture, un « nouveau regard ». Pour le patrimoine, « la continuité est [donc] dans la rupture27 ». on doit pourtant se demander si cette question est propre à la culture occidentale. Il est évident que, traitant d’énonciation, notre système linguistique et notre vocabulaire étant construits sur les fondations culturelles judéo-chrétiennes, les hypothèses développées ici ne sauraient, d’elles-mêmes, prétendre à l’universalité. on observe, par exemple, que dans d’autres cultures, comme celle des autochtones d’Amérique du Nord, on a plutôt tendance à considérer « patrimoine » et « sacré » comme étant équivalents, ou à tout le moins fortement reliés. Les contributions de Virginie Soulier et de Dagmara Zawadzka nous le rappellent en portant leur attention sur certaines problématiques qui entourent la conservation et la mise en valeur du « patrimoine » autochtone au Canada. Le texte de Virginie Soulier, doctorante au programme conjoint de muséologie, médiation et patrimoine de l’Université du Québec à Montréal et de l’Université d’Avignon, s’intéresse à la mise en patrimoine, dans les musées canadiens, d’objets autochtones. Cette pratique récente pose de multiples questions à la muséologie. En effet, celle-ci impose, souligne l’auteure, la prise en compte de conceptions du sacré, du temps, de la matière et de la mémoire qui sont variables selon qu’on se place du point de vue du muséologue ou du représentant des « Premières Nations » et qui appellent, en conséquence, de patientes négociations et collaborations entre ces deux types d’acteurs. Pour sa part, Dagmara Zawadzka, doctorante au programme interuniversitaire en histoire de l’art à l’Université du Québec à Montréal, aborde la question de l’art rupestre dans les parcs provinciaux ontariens. L’art rupestre, une très ancienne forme d’art que l’on retrouve au Canada comme ailleurs en Europe et en Asie, est au carrefour d’une vision spirituelle de l’univers et d’un rapport très particulier à la matière. Au fil de son étude de terrain, Dagmara Zawadzka explore certains problèmes découlant de la politique ontarienne de conservation et de mise en valeur de l’art rupestre à des fins culturelles et touristiques. on y voit les aléas et les tenants et aboutissants d’une forme d’art qui cherche, au fond, à se réactualiser au milieu d’un univers contemporain – le nôtre – qui ne la comprend pas toujours très bien.

Dans un registre comparable, de nombreux peuples africains paraissent ne pas établir de distinction formelle entre patrimoine et sacré. Dans son texte, Julien Bondaz, doctorant à l’Université Lumière Lyon 2, porte son attention sur le Musée national du Niger. Ce musée, inauguré en 1959, a la particularité d’abriter un village ; on y retrouve à la fois un espace d’exposition et un espace d’habitation. La mise en scène muséale doit donc composer avec des gens. C’est aux croyances métaphysiques et religieuses de ces

27. Voir le texte de Lorraine Karnoouh, « Une étude de la sacralisation politique comme mode de construction d’un patrimoine national révolutionnaire cubain. L’exemple de la transformation fonctionnelle et symbolique du Palacio Presidencial et de la caserne Moncada », dans le présent ouvrage.

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gens et à leurs manifestations dans le musée que s’intéresse Julien Bondaz, qui plaide en faveur du développement d’une conception du patrimoine immatériel susceptible de compléter l’approche matérielle de la muséologie.

Bien entendu, d’autres phénomènes sociaux, comme le tourisme, et d’autres processus, comme la globalisation – et son corollaire patrimonial, le patrimoine mondial –, généralisent un modèle qui relie le sacré et le spirituel au patrimoine. Les politiques de l’organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCo) se font l’écho de ce modèle. Dans son texte, Fabrice Argounes, doctorant en relations internationales à l’Institut d’études politiques de Bordeaux et enseignant à l’Université Paris-Nord, propose un retour sur l’histoire des rapports entre le patrimoine et le sacré telle qu’elle s’écrit à l’UNESCo depuis une soixantaine d’années. Il met en relief des relations dynamiques qui sont soumises aux idéologies et aux luttes que se livrent les États pour l’affirmation de leur pouvoir culturel ou, plus simplement, de leurs attractions touristiques.

Toutefois, on ne peut omettre de se questionner sur la durabilité des relations entre patrimoine et sacré. En effet, le patrimoine, tel qu’on l’a défini ici, est récent et il se transforme aussi rapidement que notre société. Dans cette quête de continuité avec une origine qui nous donne un sens, il se pourrait que le patrimoine subisse lui aussi une rupture, une transformation de ses conditions d’énonciation, en lien avec nos modes d’existence, qui remette en question sa pertinence et son « authenticité ». L’accroissement sans précédent du patrimoine peut-il continuer sans risquer de banaliser cette unicité qui le rend exceptionnel ? Par ailleurs, si aujourd’hui on peut aller au-delà de l’inviolabilité du sacré et désacraliser, on peut et on doit se demander s’il sera nécessaire et possible de « dé-patrimonialiser ».

remerciements

Nous souhaitons remercier les auteurs des contributions contenues dans l’ouvrage de leur collaboration exceptionnelle à toutes les étapes du processus d’évaluation, de révision et de publication des textes. Nos remerciements vont aussi, bien sûr, à l’Institut du patrimoine de l’Université du Québec à Montréal et à son titulaire, Luc Noppen, de même qu’au personnel de l’Institut : Martin Drouin, Joanne Noël, Alessandra Mariani, et à Micheline Giroux-Aubin, réviseure. Les institutions et les personnes suivantes ont pris part à l’organisation et au financement de la quatrième Rencontre internationale des jeunes chercheurs en patrimoine : l’Institut du patrimoine de l’UQAM, la Chaire Fernand-Dumont sur la culture de l’Institut national de la recherche scientifique (Pierre Lucier), le Forum canadien de recherche publique

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sur le patrimoine (Luc Noppen et Lucie K. Morisset), le Centre interuniversitaire d’études sur les lettres, les arts et les traditions, l’Université de Rennes 2/Haute-Bretagne (Jean-Yves Andrieux) et la TÉLUQ (Michel Dion). Qu’ils en soient ici chaleureusement remerciés.

Mathieu Dormaels est doctorant au programme conjoint de muséologie, médiation et patrimoine de l’Université du Québec à Montréal et de l’Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse, et chercheur associé à la Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbain. Il travaille sur les modalités d’appropriation locale des sites urbains inscrits au patrimoine mondial en Amérique Latine. Il est aussi chargé de cours au Département d’études urbaines et touristiques de l’Université du Québec à Montréal et membre étudiant du Centre interuniversitaire d’études sur les lettres, les arts et les traditions (CÉLAT) et de l’Institut du patrimoine de l’UQAM.

Ph.D. en Études urbaines (2008), etienne Berthold est chercheur postdoctoral à l’Institut du patrimoine de l’Université du Québec à Montréal et au Centre interuniversitaire d’études sur les lettres, les arts et les traditions. Il s’intéresse tout particulièrement à l’histoire et à l’épistémologie du patrimoine culturel, au Québec. En 2007, il a dirigé l’ouvrage collectif Mondialisation et cultures: regards croisés de la relève sur le Québec, paru aux Presses de l’Université Laval.

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Sous la direction de

Etienne BERTHOLD Mathieu DORMAELS Josée LAPLACE

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Collection Cahiers de l’Institut du patrimoine de l’UQAM

Le patrimoine culturel, on le sait maintenant, correspond à une invention consécutive à la modernité occidentale et à la redéfinition du rapport à la mémoire qu’elle a entraînée. Il partage avec la sacralisation une quête de sens. Il s’y relie également, d’une façon plus complexe, en inscrivant l’adhésion qu’il suscite dans un processus de construction qui est constamment en mouvement. Les dix-huit contributions réunies dans cet ouvrage collectif proviennent de la quatrième Rencontre internationale des jeunes chercheurs en patrimoine qui s’est déroulée à Montréal en septembre 2008. Par le biais de minutieuses études de cas menées dans plusieurs pays d’Europe, d’Amérique et d’Afrique, elles scrutent les rapports qu’entretiennent le patrimoine et la sacralisation. Elles partent ainsi à la recherche d’une intelligence du présent à laquelle le patrimoine est, peut-être plus que jamais, convié.

8Collection dirigée par LuC NOPPEN

ISBN 978-2-89544-160-1

Patrimoine et sacralisation

Forum canadien de recherchepublique sur le patrimoine

Canadian Forum for PublicResearch on Heritage

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