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RECHERCHES PHILOSOPHIQUES SUR LES EGYPTIENS E T LES CHINOIS. Par Mr. îdeP*^*. ^'hîe:/r des RECF.ERCB.m Philosophiques sur les Américains. TOME IL A AMSTERDAM & à LEYDE, CB A R T H. V L A M, Chez^ & ^ J. M U R R A y. MDCCLXXIII. 6/

Pauw Recherches-philosophiques sur les Egyptiens et les Chinois-2.pdf

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  • RECHERCHESPHILOSOPHIQUES

    SURLES EGYPTIENS

    E T

    LES CHINOIS.

    Par Mr. deP*^*. ^'he:/r des RECF.ERCB.mPhilosophiques sur les Amricains.

    TOME IL

    A AMSTERDAM & LEYDE,CB A R T H. V L A M,

    Chez^ &^

    J. M U R R A y.MDCCLXXIII.

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  • SECONDE PARTIR

    SECTION VI.Confidraons fur Pat de rArchlte^ire

    chez les Egyptiens & les Chinois.

    ^^^^ous NE CONSIDERONS cilesprncT-^\.T ^ paux Ouvrages levs par les Chinois & lestO JN Qa Egyptiens, que pour faire fentir que le

    S^:^S gnie de ces deux peuples a e{entiel!e-^^"SvVc^

    ^ent diffr. Car nous ne prtendons

    pas parler de l'Architefture comme en parleroitun

    Architefte, qui voudroit toujours infifter l\vr les r-

    gles & les principes : ceft-l le devoir de \ Artifte;mais ce n'eft pas celui du Philofophe.

    Aprs avoir examin quelques monuments en ge-

    iraU nous dcrirons avec plus de dtail lagrande mu^

    raille oui a ferm l'Esypte du cote de l Orient: &pour ou'on ne foit point tent de croire ,

    qu_il y a

    quelque rapport entre ce rempart & celui de la Chine,r,c)us en Indiquerons un nombre tonnant d autres

    fur

    la furface de l'ancien Continent ,^ dontqueiquei-uns

    A ^^^

  • 4 Kecherdes F/iilofoph/quesont t d'une telle tendue, que fi on les et con-llruits fur une mme ligne, ils auroient pu couperapeu prs" tout noire hmifphere en deux : c elt--dire que, il cette chane de murailles et commencfous le premier Mridien en fuivant toujours la direc-tion de l'Equateur, elle feroit venue aboutir pres-qu'aux extrmits de l'All. Et il eft remarquableque ce {bit principalement contre les Tartares & lesArabes qu'on a tch de fortifier sinfi tant de r-gions dans trois diffrentes parties de notre Globe ;car en Amrique on n'a point dcouvert la moindreapparence de quelque retranchement de cette efpece.Un Chinois

    ,qui entreprendroit aujourd'hui le

    voyage de l'Egypte, feroit bien furpris en voyant lesOblifques d'Alexandrie & de la Matare , & encoreplus furpris en confidrant cette fuite de Pyramidesranges fOccident du Nil depuis Hauara jusqu'Gizeh. Car, loin qu'on trouve t^ Pyramides & desOblifques la Chine, on n'y a pas mme ou parlerde quelque monument femblable. L'Empereur Kien-/o;^^- de la Dynafiie Daj-dzin, qui vit encore dansl'inllant que j'cris , peut avoir dans fes appartementsque'ques talleaux moins m.al faits que ceux qu'on y avus jufqu'en 1730. Mais ce Prince n'a pas dans tou-tes fes maifons une belle cocmne de marbre ou d'al-btre. Ses prdceiTeurs depuis Tao , s'il eft vrai(^'STao ait exiil , n'ont employ dans leurs Palais

    ,

    dans leurs Pagodes , dans leurs Tombeaux, que des

    colomnes de bois fans aucune proportion dtermine.De-l il refaite dia que le caradlere de l'Architec-

    ture Chinoife ed: diamtralement oppof au gnie deTx^rchiteclure Egyptienne, qui tendoit rendre in-deQruuLlble , . pourainfi dire immortel, tout ce queles Chinois rendent extrmement fragile,

  • fur les Egyptiens ^ les Chincis, Bcaf'rts du bois, lorsqu'il s'en trouve fur le corps dufufl:, ou fur les parties apparentes deTentablement.Le feu ayant gagn quelques quartiers de./V^/7A7/;,

    on tenta inutilement de l'teindre: il ne fut paspos-fible de fauver une maifon, & tro's jours aprs fin-cendie on ne voyolt plus dans tout ce lieu dfo'. lamoindre rune d'habitation : tandis que la viliedeTh-bes, quia t brle, faccage tant de fois depuisCambyfe, oire encore dts vefiiges conildrables

    ,

    qu'on fait avoir occup longtemps MM. Pococke& Norden

    ,qui en ont donn des deflins & des des-

    criptions; cependant il s'en faut de beaucoup quilsayent tout dcrit & tout deffin. On eil perfuadque les runes du grand Temple de Thbes durerontencore plus longtemps que ds Palais btis de nosJ'ours en Europe, & furtout que la Coupole de Saint^ierre

    ,qui ne parot plus pouvoir rflfter longtemps.

    Quand on connot la vanit es Chinois, . leurpeu de fcrupule furlesmenfonges hiftoriques , alors ilfaut apprcier fa jufie valeur tout ce qu'ils rapportent ds difices merveilleux , conftruits parleurs pre-miers Empereurs. Quelques-unes de ces fabriquesn'ont jamais exift, comme le prtendu chteau del'Impratrice Ta-kia, dont la defcription purementfabuleufe ou romanefque , a t faite par des Ecri-vains qui n'avoient aucune ide de toutes ces chofes

    ,

    pour ofer dire que ce Palais tit bti de marbre rouge,tirant fur la couleur de rofe ; que le jour y entroitcomme dans un apartement de la msifon d'or de N-ron

    ,qu'il avoit des portes de jafpe, , qu'il s'lev oit

    deux mille pieds dans l'air. Quelques autres con^ftrudlions , comme le Tombeau de Schi-chuan-di , ontt de fimples ouvrages deboiferie. Et le Lc61eur ju-gera dans l'inl^ant combien on a grofnrement exa-gr l'occalon de ce Tombeau dont il ne refte pasmme de ruine.On ne peut que rire de la iimplicit ou del folia

    des Chinois,

    qui montrent, dans la Province deA 3 Chen-,

  • 6 Recherches Fhilofopliques

    Chen'fi , la fpulture de Fo-bi ; & l-deflus le Pre

    du Halde obferve frieufement que, ce monumentell: authentique, il faut le regarder pour le plus an-cien de tous ceux qu'on connot fur la furfacede no-tre Continent, {a) Mais cette fpulture de Fo-hin'entre pas en com.paraifon avec le Pic Adam , dansri'sle de Ceylon ,ou l'on fait voir les traces de P^row/,le premier dts mortels. On conoit bien que cespuriles Traditions ne peuvent avoir cours que chez^\qs nations peu claires , & o la Critique Hiflori-ique efi entirement inconnue; de forte que.designo-ants s*y repaifTent les uns les autres avec dts fables.Comme les Lettrs favent que leur pays a t peu-ple par ^Qs colonies venues ^s hauteurs de la Tarta-lie, ils ont fuppof que leur prtendu FondateurFo-hi devoit avoir t enterr peu prs fous lerente- cinquime degr de latitude Nord , & lecent & vingt -deuxime de longitude; ce qui corres-pond adez bien la ituation de la ville de Kong-tchangdans la Province du Chen-fi.

    Les Chinois n'ont jamais connu la mthode detien btir en pierres un difice de deux ou trois ta-ges. Et ils ne veulent pas m.eme l'entreprendre avecleurs charpentes; tellement que chez eux les villesoccupent toutes trois ou quatre fois plus de terrainque cela ne ferolt convenable, dans un pays Commele leur, o le fort de la culture eft dans le voifinage^.^ villes. M. le Poivre dit qu'on y mnage le ter-rain , lorsqu'il s'agit de faire une maifon de plaifance;,& que les grands chemins n'y font que des fentiers. Qi)Mais convenons que cet Ecrivain a port l'enthoufias-tne en fiveur t^ Chinois trs-loin*

    La maifon de plaifance, que ft faire par caprice,&

    {a) DefcriptiondelaChine. Tom. I, pa^^ii^,(ij Voyage d'un fhilopphe*

  • fur les Egyptiens & les Chwols 7& fans aucun befoin , l'Empereur Qan - hi

    , occupoitplus de place que toute la vii!e de Dijon; . on faitque le chemin

    ,qui conduit Pkin , a cent & vingt

    pieds de large. c ce n'eft,par confquent, point

    un rentier. Dans les Provinces Mridionales ou Tonn'employ ni voiture , ni chevaux , ni aucune btede fomme ou de trait; parce que tout le commerces'y fait par les canaux , les grandes, routes n'ont pasbefoin d'tre fi fpacieufes; mais on verra bientt quele commerce intrieur ne s'y eft pas toujours fait parles canaux.

    Quelques Voyageurs penfent,que les Chinois n'ont

    jamais voulu fe rfoudre btir dts m.aifons de plu-feurs tages ; parce qu'ils craignent les tremble-ments de terre, qui font nanmioins beaucoup plusrares chezTeux que dans les ifies du Japon & les MoIu-ques, o ils paroiflent tre priodiques* Mais cequ'il y a debien certain , c'eftque les maifons Chinoi-fes,quelque bafles qu'elles foient,ne rilRent point con-tre les moindres fecoufls

    ,qui y rafent quelquefois

    Qs villes entires , comme fi un violent tourbil'oaou un ouragan y etpad. On vit ce fpeclacle en 1 719 Junny , . dans quelques autres bourgades des envi-rons , o il ne refta point une habitation fur pied, (a)

    Sous le rgne dTong-Jchetig^

    pre de TEmpe-reur aduel , il y eut plus de quarante -mille perfonnesecrafes Pkin; . cela dans des logis f bas & fipetits

    ,qu'ils ne paroiflbient tre que des cafs ou

    d^s chaumires. Il y a frement une mthode pourbtir de faon que les tremblements de terre ne fau-roienr nuire beaucoup; mais cette mthode efl: incon-nue aux Chinois

    ,qui ne donnent pas aflez defolidit

    aux fondements , ni aflez d'paifleur aux murailles;& d'ailleurs ils ne les lient point entr'elles avec des

    pou-

    (ji) Antermony Journal. Tom, I. pa^, 274. S J?'^'A4

  • 8 Recherches PhilofopMqiis

    poutres & dQs ancres Ainfi il ne faut pas s'tonne?de ce que leurs btiments, malgr leur peu d'lva-tion , s'croulent encore plus aifment

    ,que s'ils toient

    de deux ou trois tages. Un jour le clocher deNa/j-Kin fuccomba fous le feul poids de la cloche.

    L'Architeflure elt la Chine comme tous les au-tres Arts

    , rduite en routine , & non en rgles.Ce n'eft point un Palmier

    ,qui y a fervi de modela

    aux colomnes; mais c'eft le tronc, d'un arbre connufous le nom de Nan-mou , & dont il a t impofi-t'ie jusqu' prfent de dterminer le caractre : cepen-dant je fouponne qu'il appartient au genre des Mle-les ou au genre dt^ Sapins. Aprs avo'r trouv leinodele ou l'ide de la colomne, oncroiroit qu'ils enont fix auii les proportions; ( voil nanmoins cequ'ils n'ont point fait fuivant des principes invariables.M. Chambers

    ,qui n'a mefur que quelques par-

    tics & quelques membres d'une Pagode de Canton,dit qu'ils donnent depuis huit jusqu' douze diame^trs la hauteur du fuft. {a) Mais cela n'eft pointgnralement vrai: ils n'eftiment rellement une co-lomne, qu' mefure qu'elle eft groffe & d'une feulepice; & c'eft en cela qu'ils font confder uneefpecede luxe ou de magnificence. Or, comme il efl diffi-cile de trouver des arbres qui ayent toutes at^ quali-ts , ils fe voyent rduits , au moins dans les difices,privs, fe fervir de troncs de douze ou treize piedsde haut depuis la naiiance des racines

    ,jusqu' l'en-

    droit o il faut les tter: parce que la diminution ydevient trop fenfble.

    Le

    () DeJJins des difices , meubles , habits , machines Svfenlles des Chinois S^.

    Il fe peut que M. Ch-imbers a mme mefure' dans unePagode

    ,qu'on prtend avoir ct ci-devant une egJife des

    jiuitcs. D'ailleurs il n'a pas eu connoilTance d'un fait queje rapporterai d^ns U faite.

  • fur les Egyptiens & les Chmis. 9Le lSlan~mou rede , comme toutes les autres efpe'

    ces de Sapins , longtemps fur pied avant que degagner en circonfrence

    ,parce qu'il gagne d'abord

    en hauteur : ainfi ce doit tre la difficult de trouverle bois propre faire de grolTes colomnes

    ,qui a d-

    termin les Chinois les prfrer toutes les autres.-Celles d'une Pagode, qui a exifl prs de Nankin^avoient peu prs quatorze pieds de circonfrence:celles du nouveau Palais de Pkin

    , tel qu'on l'a re-condruit depuis le dernier incendie furvenu fousCan-hi^ n'ont que ftpt pieds de circonfrence.

    Il elt tonnarrt qu'avec de telles ides les Chinoisn'ayent jamais pu fe rfoudre travailler en pierreou en marbre; & cela dans un pays tout rempli decarrires. Si leurs difices nous choquent encoreplus que ceux des Perfans & des Turcs , c'eft qu'iln'y a pas de fymmtrie dans le tout , ni de propor-tion dans les parties. Ils font les-Frifes deux ou troisfois plus hautes quelles ne devroleiu l'tre; & celapour fe procurer beaucoup de champ o ils puiflenttaler des errements . des entrelas fi bizarres

    ,qu'on

    ne fauroit les dcrire ni les dfinir. Il parot quechez les Egyptiens cette partie toit principalementdeftine contenir des reprfentations d'animaux fa-crs ; (5c voil pourquoi les Grecs l'ont nomme le2'ophore, en quoi nous avons eu tort de ne pas lesimiter : car ce mot de Frife eft un terme barbare gdont on ne devroit point fe fervir.Quant remblme du Dragon , il n'y a point de

    place qui lui foit particulirement confacre dans ladcoration des Palais &des Pagodes: on le met par-tout , & jufques fur la crte & les angles du toit , oil produit un effet plus rvoltant qu'on ne pourroit ledire & je ne conois point quel plaifr on a trouven multipliant ainfi les copies d'un mon fire fi hideux,qui refieTjlIe tantt un lzard Iruan , (Se tantt un crap:.ud ail avec une queue d'Elphant. Qu'onl'ait conferv dans les bannires . les livres, parce

    A s que

  • flo Kecherches Ph'ofopMques

    que c'eft la principale pice des anciennes armoiries lcela eft en quelque forte fond fur rimmutabilit descoutumes de l'Orient ; mais l'emploi , qu'on en a.fait comme ornement d' Architedure , n'eft pointplus raifonnable que rinvention de ces rtiiles Fran-ois, qui avoient fculpt des ttes de coqs, & desiieurs de lis dans les chapiteaux d'Ordre Corinthien,pour faire la plus f-oide allufion qu'on puifle imagi-ner, au nom & l'emblme de leur nation.

    Tels font les difices de la Chine : les matreffesmurailles n'y portent rien : le toit & le comble repo-fent immdiatement fur la charpente , c'eft--dire furles colomnes de bois. Pour ne point rformer cettepratique vicieufe , & qui r.e contribue nullement,commiC on l'a cru , garantir leurs villes de rincen-die, ils ont invent de doubles toits, qui dbordentles uns fur les autres ; car ils ont fouvent befoin d'untoit fpar pour couvrir les murailles.De tout ce qu'ils ngligent le plus dans une con-

    f.ru6lion, c'eft la folidit, fans laquelle il n'y a pointde beaut relle en Architecture : les maifons btiesle long de la rivire de G2A'/o;^, ont des fondements ;parce qu'il fcroit impofible de s'en paffer caufe dei'eau : mais dans l'intrieur des Provinces on voit desvilles entires o les maifons manquent de fondements,l y exille cs Tours dont la premire aflife de bri-ques n'eft pas vingt -quatre pouces de profondeur:fjus le rez de chaufie, auf ne durent -elles pointlongtemps; & le P.Trigault dit qu'il eft rare qu'ellesreftent fur pied pendant un fiecle. (a) Mais il fautexcepter de cette rgle le Van-ly-czin ou la grandeMuraille, qui a t leve par pTu/eurs Rois abfolu-ment indpendants ^s Empereurs de la Chine, &

    qui

    {a) Itararo mhis [aculi atatm fernnt. Exped. apud Sin.Lib. 1. Cap. 4.

  • fur les Egyptiens & les Chinois. 1

    1

    qui avoient intrt mettre cet ouvrage en tat de r-iifter aux efforts de rennemi; fans quoi il et t ab-furds de l'entreprendre. Encore les parties

    ,qui ne

    portent pas fur !e roc vif, ou qu'on n'a pas eu fanscelle foin d'entretenir, fe font-elles trs-dgrades..

    Ce qu'il y a de ingulier , c'efl: que la groiTeur degcolomnes

    , dont les Chinois ornent quelquefoisleurs btiments par une pure oflentation , ne contri-bue en rien la folidit; parce que leurs bafes nefont point bien aiTures, ni enfonces en terre. Cesprtendues bafes ne font que des pierres carres

    ,qu'on

    range fur le pav, & o il y a une petite excavationdans laquelle on fait entrer le pied des colomnes,qui n'ont aucun renilement, & qui paroilfent unies la partie qu'on pourroit nommer parmi eux l'Archi-trave: car ils n'ont jamais fait ulage de chapiteaux, nide rien de femblable. Et cette particularit prouve,commue mille artres

    ,que leur manire de btir s'-

    loigne extrmement de la manire Qs Egyptiens,dont l'imaginrition avoit beaucoup travaill fur leschapiteaux ; & il ne faut pas croire qu'ils fe loienccontents de la feule forme que dcrit Athne, com-me la plus gnralement employe, {a) Car on en aencore dcouvert neuf ou dix autres efpeces dansles ruines du Delfa & dans celles de la Thbade:aulfi de quelque ct qu'on coniidere une Pagode dela Chine, n'y trouve- 1- on pas la moindre resfem'blance avec un temple de l'Egypte : on n'y trouve nil'enfilade des S'phinx , ni les murs inclins , ni descombles en terras Tes , ni des Obiifques , ni des cryp-tes, ni aucune apparence de fouterrain.

    ]'ai toujours buponn qu on s'efl: mpris beau-coup fur l'objet qui a fervi de modle aux premiersbtiments des Egyptiens ; mais laChiiiCil n'eil pres-

    que

    (a) LU. V, Caf, tf.

    A 6

  • 12 Recherches Philofophlques

    que pgs poffible de s'y mprendre. On y a contre-fait une Tente; & cela eft trs - conforme tout cequ on peut favoir de plus vrai fur l'tat primitif desChinois

    ,qui ont t , comme tous les Tartares , des

    Komades ou des Scnites : c'eft--dire qu'ils ontcamp avec leurs troupeaux avant que d'avoir des vil-les. Et c'elt-lfans doute Torigine de cette iingu-liere conUruflion de leurs logis

    ,qui relient fur pied

    ,

    lors m.me qu^on en renverfe les murailles ; parcequ'elles enve'oppent feulement la charpente fans por-ter le toit; comme fi l'on y avoit d'atord commencpar faire autour des tentes une enceinte^ de maonne-rie pour renfermer le btail ; & tel a d tre en effetle premier pas de la vie paftorale & ambulante versia vie fdentaire.Quand on confdere en gnral une ville Chinoi*

    fe , on voit que ce n'eft proprement qu'un camp dcjieure

    ,dont il n'ed gueres poffible de rien apper-

    cevir dans le lointain , finon le circuit des remparts ^qui font beaucoup plus hauts que les maifons d'un feultage. Auffi trouv-je que M. de Bougainville, enparlant de rtablilTement des Chinois prs de Ba*tavia, nomme toujours leur quartier, le camp desChinois, {(i)Un Hidorien ou plutt un Fabulifte de la Chine

    ,

    appelle le Lopi ^ dit que les premires habitations dej[t.)n pays reflfembloient des nids d'olfeaux Maisc'el-l uneexpreffion Orientale & fort figure, qu'onne doit pas prendre la lettre : car nous ne /aurionsfappofer que les anciens Chinois ayent vcu fur les.arbres , comme ces Sauvages de l'Amrique Mridio-nale, qui toient fi btes & l parefleux , qu'ils nedonnoient aucun coulement aux eaux dts rivires,qui en Et fe dbordent entre les Tropiques ; de for-

    te

    (a) Foyaf/ muo.r du Monde, Tom.I. fa^.zi6.

  • fur les Egjp'iens g* les Chinois* 13te qu'il ne leur refloit de refuge que fur les arbres jo ilspanbient une partie de l'anne, comme les fin-ges & les fapajous , en mangeant les fruits qu'ilstrou voient fur les branches.

    Il efl: croyable que par ces nids d'oifeaux, le Lopia voulu dlgner de^ tentes rondes, bafles & faitescomme des ruches, dont fe fervent les Tartares quicampent dans le Chamo ou d'autres dferts fabloneux^o l'on ne fauroit aflrer les piquets pour garantirles tentes ordinaires, telles que celles dont les Chi-nois font maintenant ufage la guerre, & qu'on faitne diffrer prefqu'en rien de celles qu'on employdans les armes de l'Europe, {a)

    j'ignore comment M. l'Abb Barthlmy a pu di-re que les difices

    ,qu'on voit reprfents fur la c-

    ebre Mofaque de Faleftrine, redembent des mai-fons Chinoifes. Ce favant homme doit avoir prou-v de fingulieres illufons en examinant ce monument ,.& on fe contentera de rapporter ici un feul fait, quifera bien juger de tous ceux qu'on ne rapporte pas :.il affure que dans des barques , qui marchent fur leNil, on diftingue des perfonnages, dont le bonnetrond & pointu reiemble aux bonnets que portent au-jourd'hui les Chinois ;& de l il conclud que les Chi-nois font originaires de l'Egypte. C^)

    Mais comment eft-il poffible qu'il ne fe foit pas>apperu que cette coiFure n'eft en ufage la Chineque depuis l'an 1644? C'eft vritablement le cha-peau Tartare , dont le peuple dt fe couvrir , lorf-qu'il reut ordre de s.^ vainqueurs de couper fa lon-

    gue

    {a) Art militaire des Chinois, fag, zi6.(b) Explication de la Mojaque de Pale/trine,Les anciens Egyptiens fe couplent les cheveux: le

    Chinois au contiaiie ne les copoient jamais, & on a vu]eur Oiuuitrctc cet egaid,iorsde la coK^uie des Tai>,taies,

    A7

  • 14 Recherches Phihfophiqiies.

    gue chevelure: car quand il portoit encore fa longuechevelure, il ne portoit point le chapeau Tartare.Ainfi toutes les prtendues conformits entre rhabille-ment des Egyptiens & l'habillement des Chinois,s' vanoui (Tent comme dt5 chimres, que plus de r-flexions & de recherches eudent fait viter. Nousavons vu peu prs toutes les copies graves, quiexiftent de la Mofaque de Paletlrine; & fjrtout cel-le que M. TAbb Barthlmy a fait infrer lui-m-me dans les Mmoires de /' Acadmie des Infcriptions :or il ne psroit point que les barques du Nil , fur les-quelles cet Auteur a encore beaucoup iniift, relTem-blent plus des barques Chinoifes qu' des gondolesde Venife. Les vaiflaux de toutes les nations ,^t-puis les chaloupes des Eskimaux & les canots des Hu-ions

    ,jufqu'aux galres de la Mditerrane, fe ref-

    femblent par leur forme primitive ; & on nous croiraaifment, ii nous difons que ce n'eft pas fur de telsrapports qu'il faut fonder Thiftoire d'une colonie en- '

    voye de l'Afrique aux extrmits de l'Afe.Quoique les Chinois entendent depuis trs long-

    temps fart de faire de^ votes , ils ne l'ont cepen-dant point toujours mis en ufage dans la conilruiondes ponts. Celui , qu'on voit en un endroit de laProvince de Junnau , ne confifie qu'en ts piliersdreds d'efpace en efpace, entre lesquels on a tendu deschanes de fer oronpafTeenfraiflant. Des ouvrierstant foit peu habiles n'auroient jamais pu fe rfoudre excuter un ouvrage de cette nature: car indpen-damment de tous les autres inconvniens , & de tous\^s autres dangers, la rouille occafionneeparles brouil-lards de la rivire, doit attaquer les chamons, . lesbrifer au moment o l'on s'y attendroit le moins,pour peu qu'on ceflt d'y veiller.Ce n'ell point fans furprife qu'on voit dans les

    Lettres du P^re Parrenin,

    qu'il oppofe ce prtendupont de fer toutes les grandes conllrudions de l'E-gypte; jugement qu'on ne peut attribuer qu' la pr-

    i-

  • fur les Egyptiens & les Chmoh. 15dileflion que les Ecrivains de Ton Ordre ont tmoigneen faveur des Chinois; ce qui nous a mis dans unecontinuelle dfiance en lifant leurs Rela ons. Onrencontre la Ctiine beaucoup d'autres ponts ol'on a galement employ ^une mthode trs -loi-gne de la pratique des votes: c'eft-- dire qu'ony a couch as pierres plattes fur des piles plan-tes fort prs les unes des autres ; ce que des voya-geurs ignorants ont regard comme une beaut: tan-dis que fans cette prcaution

    ,jes pierres de traverfe,

    quelqu'paiffeur qu'on leur et donne, fe feroientrompues dans leur milieu.

    Quant au fameux pont volant, dont on a tantparl en Europe, & dont on a grav tant de fois lafigure, il faut enfin dire ici qu'il n'a jamais exiflcomme il efl: dcrit dans les livres. L'Auteur , au-quel on doit une continuation de l'Hidoire de M.KoUin, femble iniinuer que c'eft le Pre Kircher

    ,

    qui a pris la libert d'inventer le pont volant dans unOuvrage imprim Amrterdam , fous le titre tCki-ne Ulujire. Ce Pre Kircher, qu'on accufe de tantde chofcs , avoit fans doute des viflons tranges ,

  • t6 Recherches Philofophiques

    nain , ni par le moyen d'un arc Gothique , qui eftnanmoins le plus communment employ a la Chine.Ce qui peut avoir donn lieu toutes ces fables ab-furdes

    ,

    par lesquelles nos voyageurs d'Europe n'ontque trop bien fervi la vanit des Chinois , c'eft qu'untorrent ou quelque rivire fort rapide, comme ellesle font [ouvent dans ce pays hrifle de tant de mon-tagnes , s'eft probablement ouvert un palfage fousdes rochers, dont le pied portoit fijr une couche ter-reufe, & en aura excav les bords, phnomne quin'eit point /ans exemple dans les Alpes. Enfintous \qs ponts , que les Chinois ont conftruits, ionEdes ouvrages bizarres: . quand il s'y trouve dts ar-cades, elles manquent ordinairement de force ou dans lacimieou dans la moiti fupiieure de l'arc: auffi le Predu Halde obferve-t-ilque , s'il y paifoit des voiturescharges, elles ne rfifteroient point a poufiee, &fi'crouleroient fous le poids. IVIais comme ces pontsforinent un ang'e trs aigu vers leur milieu , dts voi-tures ne fduroient y pafTer ; car on y m.onte & on enen defcend par des marches ou des cfcaiiers. Quandon demande aux Chinois pourquoi ils donnent tantd'lvation aux arches dn milieu , alors ils difent quecela doit tre ainii, pour que les barques puiflentpaflr fans baiifer leurs mts; mais au lieu dfaire^s ponts il prilleux , il vaudroit mieux forcer lesbarques bailer les mts , ce qui n'eii point unemanuvre difficile fur les petites rivires.

    Une obfervation de la dernire importance , &qui doit nous dtromper jamais fur tout ce que leslidoriens Chinois rapportent de l'tat ilorisfant deleur pays fous les anciens Empereurs, c'eft celle quiconcerne le Canal Royal ou VTu^ho ^ Ouvrage vrai-ment digne d'admiration , ^ o l'on a employ desArchitedes trs-verfs, tant dans la pratique du ni-vellement, que dans la conilruhon Qs clufes, dontk mcanifrae . le jeu font auffi amples que l'effet eneft ionnant..

    Com-

  • fur les Egyptiens & les Chinois. 17Comme c'efl: par ce Canal que fe fait prefquetout

    le commerce intrieur, & comme c'elt encore -parcette voie que les provinces Mridionales communi-quent avec celle de Pecheli & celle de Kiang-nan

    , fanscourir les dangers de la Mer, iln'eft paspollible quele commerce intrieur ait t dans une grande activi-t avant qu'on et ouvert cette route. Et les Lec-teurs, qui ont quelque pntration, concevront toutceci, fans qu'il foit nceffaire d'infiler davantage cet gard

    Mais il ne faut point s'imaginer maintenant quele Canal Royal ait t fait par les Chinois: leurs Architectes n'ont pas t en tat de l'entreprendre , &bien moins de l'excuter. Ce fort les Tartares Mon-gols

    ,qui ont creuf ce lit immenfe

    ,par lequel des

    fleuves coulent dans .=, lacs, & des lacs dans desfleuves , fans que les uns tariiTent , & fans que les au-tres dbordent. On peut naviguer ainfi pendant plusde iix - cents lieues on peut aller ainli d'une extr-mit de l'Empire l'autre en bateau.Le Conqurant Koublai^ dont jamais le nom ne

    mourra, etoit un Prince trs-inftruit, & qui aimoittons les Arts: il appeila la Chine beaucoup de Sa-vants, mais furtout ^^ Aftronomes, des Gogra-phes & ,.i Architectes Perfans , Arabes & Lamas.Il chargea les Aflronomes de dresfer un calendrier

    ,

    & envoya les Gographes vers le Nord jufqu'au cin-quante-cinquime degr, & jufqu'au feizime versleSud, pour faire des obfervations, & prendre la hau-teur de toutes les places de la Chine , de la Core

    ,

    de la Tartarle & du Tunquin.Quant aux Architedes, il les employa faire le

    grand Canal vers Tan 1280 aprs notre re. Et de-puis cette poque trs - rcente , comm.e on voit , laChine a chang de face. La Mer engloutisfoit lestrois quarts des barques

    ,qui vouloient parer le Cap

    .Li- ampo pour fe rendre dans les eaux du Golfe deNankin: les Mongols effrays l'afpe-'i de tant de d-

    fais

  • l8 Kecherches Philofophique

    faftres & de naufrages , eurent enfin compafTion desChinois, qui naviguoient fi mal fur l'Ocan, & qui ;manquoient d'induRrie pour fe frayer une route au

    ;

    travers du Continent. Aujourd'hui il ne prit pointune barque mme dans le pasfage des clufes , que lesTartares Mandhuis ont foin d'entretenir , &il fepeut ique , il les Mandhuis n'toient point furvenus , lesChinois auroient encore laisf tomber cet ouvrage,dj fort d^grad en 1640, abfolument en ruines:ce qui les et replongs dans l'tat o ils ont d fetrouver avant le treizime ficle.

    Il faut obferver encore,que toutes les rigoles pour

    'arrofement ts terres, & les canaux de traverfe,qui communiquent prfent en trs-grand nombrescvtcXTu-ho , ont t galement creufes par les foinsdu Tartare Koiihlai-^an. {a) Ce Prince ouvrit aufila Chine Mridionale aux commerants trangers ; & cefut fous fon rgne qu'on y vit pour la premire fois desnavires du Malabar , de Sumatra , de Ceylon ; cequi remit un peu les Provinces extnues parles rapi-

    ^

    ns ^^5 Gnraux & des Officiers Chinois,qui exi- ,

    geoient de plus fortes contributions dans leur propre :pays qu'on n'en demanderoit dans un pays conquis.

    "

    Enfin pillant leurs allis, & pills leur tour par lesennemis devant lesquels ils fliyoient, il ne leur re-

    ;

    floit plus ni honte, ni honneur. Koublai^ pourpr- *

    venir ce brigandage , augmenta la folde des Gnraux

    (a) M. Boyfendit, dans fon Abrge Allemand de J'Hi.ftoire univerfelle Tom, IX. pag. 393, (\nQ, Koublai Kaniit encore faire la Chine piuleurs autres Canaux, afind'ouvrir une communication entre des rivires navtgables ;& voil ce que beaucoup d'autresAuteurs difent tout de ra-111e. Qiiant moi je doute qu'il y aitquelque Canal con-fidrable dans toute l'e'tendue de la Chine

    ,

    qui ne foit unouvrage fait par les Mongols ou depuis l'poque de leurconqute.

  • fur les Egyptiens ^ les Chinois. 19& des Officiers, qui fous l'ancienne forme de Gouver-nement avoient t mal pays , & ils ne mritoientpas de l'tre mieux. Il faut convenir aprs tout cela

    ,

    que c'ell: une ingratitude monftrueufe de la part desChinois d'avoir voulu noircir la mmoire de ce Prin-ce

    , auquel ils ont reproch comme un crime , la con-fiance qu'il mettoit dans des hommes venus de l'Occi-dent

    , c'eft--dire les Gographes & les Architedes ^trangers qu'il appliqua ^z travaux dignes des plusgrands Monarques de la Terre : ils lui ont reprochencore d'avoir aim les femmes & le Dalai - Lama ;comme fi tous les Empereurs de la Chine n'avoientpoint eu avant lui des ferraiis remplis de trois ouqua-tre- cents concubines, gardes par douze ou treize-mille chtrs.

    Quant au Dalai -Lama, il toit le Pontife lgiti-me de la Religion que Kotihlai - Kan profefToit: carau -milieu de fa gloire & dans le long cours de it^profprits il n'oublia point que les grands 6cles pe-tits font galement environns de la main du Tout-.Puiflant. t s'il refta inbranlablement attach auculte de it^ anctres, au moins neperfcuta-t- il ja-mais, dans tous \t^ pays qu'il avoit conquis , un feulhomme caufe de qulques futiles opinions: bien dif-frent en cela d'Alexandre

    ,qui tourmenta fans cefle

    les Mages de la Perfe, qui ne purent fou (Irare enti-rement au fnatifme de ce Macdonien les livres fa-"crs du Zend.

    Les Arabes, qui voyagrent la Chine au hui-time icle , difent qu'ils trouvrent ce pays fournis des Eunuques , & peupl encore , en quelques en-droits , d'Anthropophages, {^d) L-delTus on a beau-

    coup

    (a) Ancienne Relation des Indes (^ de la Chine y pulli^^ar l'Abb Remudot y fa^, s S & 132,

  • 20 Recherches Ph'ilofophiques'coup raifonn , & on s'eft mme permis de rvoquefle rapport de ces Arabes en doute: mais le Gouver-nement des Eunuques eu un fait indubitable, . ileftindubitable encore que ces voyageurs n'ontpu deleurtemps voir la Chine comme on la voit aujourd'hui ;puifque ce n'eft qu'au rgne ^Koublai- Kan, Fon-dateur de la virgtime Dynaftie, qu'il fautnpporterl'poque de la rvolution arrive diins le coaimerce& TagricultUre.

    Ce fut auffi alors que l'Aflronomie s-y montrapour la premire fois

    ,quoiqu'en dife le Pre Gaubil ;

    mais les connoinTances apportes par les Arabes , lesPerfans les Savants de Balk & de Samarcand

    ^qui

    fuivoient les Mong'j's, f perdirent une fconde lois

    l'extinftion de la vingtime Dynafne. Nous enavons une preuve , & mfme une dmondration dansl'Edit du premier Empereur Tartare Mandhuis: cetEdit publi en 1650, dit que depuis Texpuliion tzJMongos, les Chinois n'avolent pas t en tat defaire ui feul Alraanach exad

    ,que d'anne en anne

    l'erreur avoit augment, & qu'enfin c'toit-! unopprobre pour les vaincus & les vainqueurs, qu'il fnl-loit faire cefler en abandonnant le prtendu Tribunaltz Mathmatiques aux Europens

    ,qui en font en-

    core en poflTeiTion aujourd'hui; & f on les en chas-foit

    ,le Calendrier de l'anne prochaine pcheroit

    grofirement ; car fi les Chinois ne changent pointde langue & d'criture

    ,je les tiens incapables de fai-

    re des progrs dans quelque fcience quecefoit. Ce-pendant leurs Hiftoriens voudroient bien nous faireaccroire

    ,qu'on voit encore dans leur pays desObfer-

    vatoires conftruits depuis trois- mille ans ; mais noUsofons dire qu'il n'exilte point dans toute la Chine unfeul monument authentique & avr, qui approchefeulement d'une telle antiquit. Le feul Obfervatoi-re qu'on y ait trouv , elt celui de i^mV? , ville btie

    en

  • fur les Egytlens ^ les Chinois, 21

    en 1267 de notre re par Kouhlal-Kan. {) D'oil refaite que l'redion de cetObfervatoire eflpoft-rieure la conqute des Tartares Mongols

    ,qui , com-

    me on vient de le voir , changrent toute la face deTEmpire. Quant aux inftruments dcouverts fur unemontagne prs de Nankin , ils avolent t fabriqusen 1349; & piir confquent toujours aprs l'poquede la conqute des Mongols.

    Voici une obfervation dciflve fur toutes ceschofes.La latitude de Vkin efl: de 39 degrez , ^^ minu-

    tes & 15 fcondes de plus qu'on ne l'indique dans aCarte de Mr. d'Anville: la latitude de A^^;;/^//? eft de32 degrez, 4 minutes & 3 fcondes. Cependant lescadrans & les autres inftruments trouvs Nankin& Pkin , avoient t faits pour fefvir un peu au-del du sime degr de forte qu'il n'a jamais tpofTible aux Chinois de faire une feule obfervationjufte ni dans l'une ni dans l'autre de ces viDes-l.

    Aprs avoir rflchi cette fingularit, dont jamais perfonne n'a pu deviner la caufe , je me fuis en-fin apperu que ces in ftruments avoient t copis furceux dont on fe fervoit dans les coles de Balk , villeiitue peu prs trente minutes au-del du 36imedegr {h) , dans l'ancienne Badriane , o les Scien-ces commencrent tre cultives par les Grecs, quiayant d'abord obtenu le gouvernement de cette Pro-vince fous les fuccefleurs d'Alexandre, s'y rendirentindpendants , & formrent un Empire tendu jus-

    qu'aux

    {a) La partie de Fkin qu'on nomme a Ville Chimifen'a t btie qu'en 16+4.

    (b) Dans la graiide Carte de l'Afie par M. d'Anville,Balk efl plac un peu plus vers le Nord: cependant unArabe, nomm Ehn-Said , n'en a donn la hauteur que futle pied de 35 degrs 5+ minutes.

  • 22 Kecherches Phlofopktques

    qu'aux Indes, {a) Ces nftruments faits pour la latitu-de de Balk ont t ports la Chine du temps desMongols. Et telle eft l'origine de Terreur la plus ab-furde dont on ait jamais ou parler parmi aucun peu.pie du Monde; c'elt--dire qu' l'arrive des Jfuites,les Chinois foutenoient que toutes les villes de laChine toient ftues fous le trente -fixime degr,comme le Pre Kircher en convient lui-mme, (b)Et quant la longitude , dit- il , ils n'en avoientpoint la moindre ide. Enfin ils toient auii peuverfs dans l'Hidoire de la Terre qu'ils falfoient car-re, que dans l'Hiftoire du Ciel o ils fuppofoienties plantes auffi leves que les toiles.

    J'avoue qu'il eft arriv aux Romains de fe fervifpendant quelque temps d'un cadran folaire , fait poura latitude de Catane, fans s'en appercevoir; mais iln'y avoit alors que 504 ans que la ville de Romeexifloit. Or 304 ans ne fufHfent point pour qu'unpeuple, quel qu'il foit, puifTe acqurir les premiresnotions de l'Altronomie ; mais lorsque les Chinoistombrent dans cet abyme d'erreurs , ils toient for-ms en corps de nation depuis plus de trois-mille ans

    ,

    ce que prtendent leurs Annales vridiques.Quant l'Obfervatoire de la Province de Honan

    ,

    je crois qu'on peut trs-bien le placer avec le chim-rique Palais de l'Impratrice T^-A7/^ , au nombre desconftruftions qui n'ont jamais t: auffine connois-fons-nous d'autre garant de ce fait que Philippe Mar-tini

    ,qui dit que , dans la ville de Teng -fong - bien

    ,

    on voit une prodigieufe rgle d'airain dreile perpen-diculairement fur un plan de mme mtal, & enfuiteune Tour btie depuis prs de trois -mille ans , o leprtendu Aftronome Chinois Tcheou - Kong obfervoit

    (a) Voyez Bayer HiCori Regni Gracorum BSlriani , cttn Mmoire de JMr. de Guignes fur ce fujct.

    () CHINA ILLUSTKATA. folio 102. Amjt. 1667,

  • fur les Egyptiens & les Chinois. 25les mouvements du ciel. Cette prodigieufe rgle &cette plaque de cuivre ont ct changes par le Pre duHalde en un fmple inftrument , & M. Boyfen en par-lant de Xii'^t.tTeng-rfong-hien , ne fait plus men-tion que de la Tour; tellement que tout cet Obferva-toire a difparu quelques pierres prs

    ,qui doivent

    tre celles d'une Tour. Mais fi des Savants d'Europefe tranfportoient fur les lieux , ils n'y trouveroientpeut - tre pas mme ces pierres en queftion , non plusque mille autres fingularits dont le Pre Martini aembelli les defcriptions qu'il donne dans fon Atlas

    ,

    o les noms des villes font fi mal orthographes , qu'ona fouvent de la peine les retrouver dans les appella-tions adluelles. Enfin c'eit moins un Atlas

    ^qu'un

    recueil de bruits populaires.S'il y avoit la Chine des monuments d'une haute

    antiquit , ce feroient mdubitablement les Tombeauxdes Empereurs ; mais comme ces ouvrages ont tbtis en bois , le temps & l'humidit les ont d-truits ou les incendies les ont dvors , parcequ'ils fe trouvent ordinairement envelopps d'*paifles forts de Cyprs ou de cette efpece de SapinqueM. Osbeck appelle Aines Sinenfis , &o le peu-ple au moindre mcontentement contre la Dynaftiergnante jette le feu. D'ailleurs lorfque les voleursdeviennent pulffants, & quMls fe rpandent dans lescantons o l'on rencontre les Tombeaux de quelquefamille Impriale, ils commencent par les piller, &en enlvent jufqu'au toit. L'Hiftoire de la Chine faitfouvent mention de ce brigandage , qu'on ne fauroitprvenir ; 'parce qu'il n'eft point poiTible de pratiquer^^sMiao dans l'enceinte des villes: cequichangeroitbientt ces villes - l en des cimetires. Car les Prin-ces, les Gouverneurs & les grands Mandarins veulentque leur fpulture foit ombrage par .t^ arbres plan-ts en quinconce de grandes diflances; enttementridicule, qui y abforbe beaucoup de teiiain propre ia culture. L-de(us il faut citer une loi Egyptien-

    ne

  • ^4 Recherches Philojophique^ne, que Platon nous a conferve: il toit dfendun Egypte d'enterrer un homme par -tout o unarbre pouvoit crotre. Et nous favons n'en pasdouter que les Pharaons jusqu' la Dynaftie desSates fe font conforms eux-mmes ce rgie-*ment fi fage; car ni dans les environs des Pyra-mides , ni dans les environs des fpultures Royalesde la Thbade, un arbre ne fauroit crotre, & bienmoins du feigle ou du froment. Ce n'efl: pas uni*quement cet gard que ces deux peuples diffrententr'eux ; car dans tout le refte de leurs crmonies& de leurs ufages funraires il n'exifte aucune analo-gie

    , ni aucun rapport.On pourrait tmoigner ici quelque envie de con-

    notre le genre d'Architedure & le got des orne-ments employs dans la conftruflion des TombeauxdQs Empereurs de la Chine; mais malheureufementce qu'on en lit dans les Relations desjfuites, elfunamas de f(^ions

    ,. comme il faut prouver les qua-

    lifications par les chofes, n.ous donnerons ici malgrnous la defcription du prtendu Tombeau de l'Em-pereur Schi - chuan - di , en nous fervant des propresexprefions du Pre du Halde.

    Ce Prince , dit -il , choifit pour fa fputure te"Mont Ly. Kn bas ilfit creufer

    ,i}Our ainfi dire , jus

    qu'au centre de la Terre.En haut il fit lever unMau-fole , qui pouvoit pajfer pour une montagne : il toithaut de cinq-centspieds , 6? avoit de circuitau moinsune demi -lieue. Au dedans toit un vafie tombeauae pierre , o Vonpouvoit fe promener aufftfonaifeque dans les plus grandesfaies. Au milieu toit unriche cercueil. Tout autour toient des lampes G*fambeaux entretenus de graife humaine. Bans lacapacit de ce tombeau toit d'un ct un tang devif-argent fur lequel toient rpandus des oifeauxd'or G? d'argent ; de l'autre ct un appareil corn-plet de meubles 6? d'armes : 6? l mille bijouxdes plus prcieux. Non-feulement onj m'oil depenf

    &es

  • fur les Egyptiens g* les Chmois. S5t^es femmes immtnfes ; mais il en avait encore co-i la vie bien des hommes. Outre les gens du Pa-lais

    ,qu'on j avoit fait mourir ; on comptoit par

    dix nulle les ouvriers,qu'on y avoit enterrs tout

    vivants ....... 0/7 vit tout coup les peuples.qui ne pouvoient plus fupporter le joug , courir auxarmes. Hang - Si rafa ces va/les enceintes : il yrefoit encore le cercueil ^ lorsqu'un berger .,dit-on

    ^

    herch2nt au milieu de ces mafures une brebis ga-re

    , y laijja tomber du feu qui confuma tout, (a)Il i-ie faut point foumettre une critique fvere

    une telle defcription,puisqu'elle rvoltera affez par

    elle-mme tous ceux qui la liront Car enfin , ceslampes entretenues de graiOe humaine , & ces canardsd'or qui nagent fur du Mercure , & cela dans untombeau", font des prodiges fi purils, que nos plusniprifables Auteurs de Romans ne les imagineroiencpoint en crivant des contes de Fes. Et le Pre duHalde et pu exagrer fur la Chine , ou d'une ma-nire plus ingnieufe , ou d'une faon moins gros-sire.

    On entrevoit feulement au trav-ers de ce nuage defables , deux faits qui font vrais.

    D'abord il efl: queftion d'un Tombeau de bois

    ,

    que l'incendie a confum : enfuite il eft queltion en-core de quelques malheureux gorgs dans ce Tom-beau-l.

    L'Empereur Sclv-chuan-d ^ ifTu d'une femileChinoife du Tzin , hafibit mortellement les Tartares

    ,

    -& leur fit de temps en temps la guerre : ainfi ce n'eflpoint des Tartares

    ,qu'il emprunta l'ufage d'immoler

    des victimes humaines ; mais il trouva cet ufage fub-fifiant la Chine, o il a fubfift jufqu' nos jours.Et nous doutons extrmement qu'il foit abok. Ce

    qui

    t-

    {a) Defcrip. de la Chine, Tont. IL fa^- s^6^

    . Tome IL B

  • 2.6 Recherches Philofoph'iques

    qui nous a fait natre de grands & de trilles doutes cet gard, c*eft que les Jfuitesdifent que l'EmpereurCan - hi ft une loi

    ,par laquelle on dfeiidoit de facri-

    fier des efclaves la mort des Princes du fang: &dans un temps poflrieur cette prtendue loi ontrangla encore ts femmes aux obfeques du I rince1a-vang^ le propre frre de l'Empereur Can-hi^Cette excution ell i rcente, que .^ perfonnesa^ftuellement vivantes Pkin peuvent en avoir ttmoins.

    Si les Chinois perfftent dans l'infanticide aveccette frocit brutale , dont on a tant parl, il n'ell:pas abfolument tonnant de les voir perffter dansl'immolation des vidimes humaines car n'tant pasclairs par les lumires de la Philofophie , il leur eftpour le moins aufTi difficile de faire t^ progrs dansla Morale que dans les Arts & les Sciences, Auxobfeques des particuliers on jette dans le feu ti ftatuesde carton

    ,qui reprfentent des fervantes & t^ va-

    lets: or on peut prfumer, que la crmonie d ex-cuter ainfi des domefilques en efBgie,a t imaginepar les pauvres

    ,qui n'avoient point d'efclaves pour

    les pendre ou les brler leur enterrement : car onconoit bien qu'il n'y a jamais eu la Chine que lesEmpereurs & les Princes , qui aient pu cifrir de telsfacrifices. Mr. le Gentil dit cette occafion , dansfon Voyage autour du Monde , qu'il y a un grand m.-lange de "coutumes Indiennes parmi tout ce qui s'ob-fi-rve duns les funrailles des Chinois; ce qui n'eft

    Eoint tonnant, puifque leur religion n'eft qu'un ca-os de pratiques dont les unes viennent des Indiens& les autres des Scythes, qui enterroient toujours,dit Hrodote , quelques efclaves & quelques concu-bines avecle cadavre de leur Souverain , ce qui eft fort

    . conforme ces horreurs qui fe paflerent fous Can hi.aux obfeques de Ta - rang Pkin,

    La paflon ^i Chinois pour le nombre neuf doitaui tre compte parmi les fuperHitions qui leur font

    conir

  • fur les Egyptiens ^ les Chinois, 21communes avec les Tartares. On voit dans leur payebeaucoup de clochers ou de Tours neuf tages , bi-zarrerie qui n'a d'autre fondement que leur penchantpour c nombre rnylirieux , fuivant lequel on faitaufTi la plus humiliante rvrence qu'on ait pu imagi-ner , lorsqu'on fe prfente devant les Empereurs dela Chine

    ,qui veulent q-u'on fe courbe neuf fois jus-

    qu' terre devant leur trne ; & on voit par l'Hiftoi-re de Gergis - Kan

    ,que ce crmonial , digne des

    plus mprifables efclaves , toit aulTi tabli la Coucde ce Prince, (a)

    Parmi toutes ces Tours neuf tages il n'y en apas la Chine qui foit de Porcelaine, comme desexagrateurs Tont dbit dans leurs Relations , fansqu'on puiffe mme favoir fur quoi une telle fable eftfonde. Il s'agit d'un clocher qu'on rencontre auxenvirons de JSankin , & o les Tartares ont fait em*ployer des briques d'une srgille aiTez bonne, & furICiquelles on a imprim des figures au moyen d'unmoule. Le Pre du Halde , aprs avoir donn uneefpece de defcription de ce btiment, qu'il tched'embellir tant qu'il peut, en empruntant le ftyle ro-manesque du ? le Comte , fmit enfin par ces termesVol ^ dit- il, ce que les Chinois appellent la Tourde Porcelaine , GP que quelques Europens nomme-voientpeut - tre la Tour de brique, (b) Oui , fansdoute, car il n'y a pas une feule pice de Porcelai-ne, ni rien de femblable*Du relie cette Tour fe fait diftinguer fngulire-

    ment par un degr de folidit, qu'on n'eft point ac-coutum de voir dans les conftructions de ce pays*Auffin'eft-ce proprement pas un ouvrage Chinois;mais un monument rig par les Mongols fous Kou^.hlai - Kan , comme un uophe pour perptuer la

    m-

    ia) Petit de la Croix Hift. de Gengis-Kan. pa^,j9^(b) Dejcri^t, de U Chine, Tom.ll, fa^ jn^

    B a

  • 28 Recherches PhiJofophiquer

    mmoire de fa conqute. Et voi'. pourquoi les Mand-huis l'ont refped: tandis que beaucoup d'autresmauvais btiments, qui fe trouvoient dans ievoifina-ge de Nankin , furent pills , faccages ou brls , lorsde la prife de cette ville, au l'on ne put faire obfer-ver parmi des troupes vidorieufes une difcipline aufifvere, que les Mandhuis eux-mmes Teuffent fou-hait. Les Chinois prtendent qu'on porta l'excsjufqu'au point de rafer les fpultures Impriales quitoient dans ces environs : il eft vrai qu'on y voyoitjadis de prodigieux efpaces plants de Cyprs autourde quelques difices de bois. Mais ce n'ed: pointun grand malheur

    ,que ces fbrts facres & auffi in-

    utiles aux Dieux qu'aux hommes , aient t rduitesen cendres ; de forte qu'on peut aduellement y labou-rer la terre, NieuhofF, qui palTa quelque temps aprs Nankin , dit que la tranquillit toit dj rtabliedins cette ville; ainf il fiut regarder comme une fa-ble ce que rapporte le Pre le Comte , qui prtendque les Tartares y mirent toutes les femmes Chinoifesdans des fies, fans diftinftion d'ge ou de rang, 6cles vendirent au plus offrant. Il ajoute mme queceux

    ,qui avoient achet des perfonnes dcrpites ,

    les jetterent dans la rivire : ce fait ne parot avoird'autre fondement que la coutume ou font les Tarta-res , lorfqu'ils gagnent une bataille , de couper lesoreilles aux morts , & d'en remplir neuf facs, commeh l'ont fait fouvent en Pologne , (5t comme ils le firentencore en Bohme en 1242 , aprs avoir vaincu leDuc Henri de Lignitz. Et l'Empereur de la Chi-.ne ayant dfait en 1696 quelques corps d'Eleuths de Calmoukes , il ordonna de couper leurs longscheveux trelTs, dont on remplit galement neuffacs.

    La Tour de brique neuf tages , dont oi vientde parler , eft garni au dehors , comme plufieurs autres,de quelques rangs de fonnailles , qui tant agites parle vent font uu bruit trs - dfagrable, ^.- dfi us

    on

  • fur les Egyptiens & les Chmols, 29rn a prtendu que cette forte de carillon av oit beau-coup de rapport avec celle d'un monument Etrus-que

    ,qu'on place prs de Clufeum ; & les Etrusques

    ,

    8}oute-t-on, toient dans une liai Ton intime avecles Egyptiens, dont ils copioient fans cde les ouvra >ges. Mais il Tuffira d'obrerver que Pline donne aiTczouvertement entendre que ce monument de Clufmmn'avoit jamais exift: fans qu'on puiiie lavoir aujour-d'hui il Varronavoit lui-mme pris plaifir rimagi-ner, ou ii ce qu'il en rapporte ,toitext''ait de quel-que Roman obfcur & dcri id) Quant cette cor-refpondance troite entre les Etrusques & les Egyp-tiens

    ,elle ne parot fonde que fur un pasfage mal

    compris de Strabon,& les opinions de quelq-ues Ita-liens modernes comme Buonarotti ; car l'Abbe VVir.c-kelman n'a pu dcouvrir entre les monuments de cespeuples aucune reslemblance; ce qui n'eft point fur-prenant, puisqu'il y a bien de l'apparence qu'i's leconnoifloient aulFi peu les uns les autres que lesLap-pons connoisfent les Efpagnoio.

    \..% Chinois font fi periuads qu'on n peut rienvoir deplusgrand, ni de plus magnifique en Archi-reclure

    , que leurs Tours neuf tages , qu'ils en fontits modles en bois hauts de deux pieds

    ,qu'ils recou-

    vrent enfuite de lames de nacre de perles, & qu'ilstchent de vendre ainfi aux marchands d'Europe , fansjamais oublier d'y mettre de petites Ibtues

    ,que les

    Millionnaires nomment des idoles ,& que nous nom-luerons , d'un terme moins dur , des magots ; quoi-qu'elles reprfentent frement des Gnies tatiaires (Si:des Divinits locales : car ces clochers, fur lesquelsles voyageurs ont propof tant de conjeclures , nefont en quelque forte que des Pagodes, ou en font

    par-*

    0?) Pline fembla inlnuer rue la defcription du mo-nutr.ent de Clufium toit tire de ce laxs de faWes (jjti'Uap relie jahilte Etruicje.

    B3

  • 3a Kecherches PiihfotMqiie^p.utie. C'eft auffi de-'i qu'on donne l'allarme pm- 'dant les incendies , & qu'on marque les veilles les heures indiques par les clepfydres ou les fa-blitrs

    ,qui n'approchent pas a beaucoup prs de la

    juftesfe; & avant l'an 1560 il n'y avoit point, danstoute la Chine-, un feu) bon cadran (olaire, ni unful Lettr inftmit des premiers iiTjents de laGno-JDonique , ni capable enfin , die le Pre Greilon , decalculer l'ombre mridienne d'un fiyle-Quant aux Pat hou

    ^que les relations dfignent

    ordinairement Pous le nom 'd'Arcs de Triomphe, onB'en connot pas dont l'Architecture approche feule-nient de ce que nous appelions le nouveau Gothique^.& la plupart ne mritent pas , de l'aveu mme du P..k Comte, qu'on s'arrte pour les confidrer. {a)Cependant la paffion d'en riger eft trs -grande; &les moindres villes en font conflruire de bois, qu'onferolt beaucoup mieux d'employer btirdesmaifons.pour ces mifrabies Troglodytes de la Chine, dont.3e parlerai dans l'inilant. Au refle il faut obfervefque ce got ne fut jamais celui des Egyptiens ; puis-qu'on n'a pas trouv dans toute l'Egypte le moindrevefige d'un Aj'c de Triomphe , lev avant la con-qute des Grecs ou plutt avant ce'le des Romains.: 'car ce (^u'on voit dan s les environ s d'^^/?/^;;^^'ou d'y^/?-tinoopohs

    , e(t un ouvrage de l'Empereur Hadrien y& il me parot que ce n'ell proprement qu'unfortique.

    Parmi les Pai-eou de la Chine, on n'en difb'n-gue pas dont la ftrudlure & les carafteres remontent une haute antiquit

    , & il faut cette occaionob-ftrver que le P du Falde regarde l'infcription de laColonne d'airain rige, flon lui ,vers l'an cinquan-te aprs notre re , comme une dts plus anciennes detout l'Empire ; {h) mais cette Colonne , (^ui doit exi-

    ftet

    () Nouv. Mm. fur la Chine, Tom. L Len, m,() P^Jrjft^ de. la CMm, Tom. I, a^,. 70.

  • fur les Egyptiens ^ les C/i'mols 3

    1

    fter fur les frontires du Tunquin ^ eft un monumerttrs-fufpecl, qu'aucun Voyageur n*a jamais vu : c;ron prtend que les Tunqu'mois l'ont cach fous un pro-digieux monceau de pierres , o il doit

    ,par conf-

    v]uent , tre fort difficile de l'appercevoir. D'ailleursquand on a gard cette longue fuite de (icles , dontnous parlent les finceres chroniqueurs de la Chine, ilfaut avouer qu'une infcription, qui ne remonteroitqu' l'an cinquante, feroit une chofe trs - moderne.M nous a t impoiTible de favoir fi l'on remarquerellement, comme on le dit, des caractres fur quel-ques pans de a grande Muraille ou du Van- y-czin ;6l s'ils n'y ont point t ajouts^ pendant lesredaur:-tions faites ce rempart, ii eft fur, qu'il faut les rap-porter une poque antrieure Treclion del Co-lonne d'airain.

    L'intrieur de? maifons Chinoifes eft d'une gran-de ilmplicit, de m^.Tje que dans tous les autres Eiatsdespotiques de i'Ae, o la mifere du peuple & ''d.dfiance continuelle s*oppofent racqulfiiion d'aigrand nombre de meubles on y enterroit pluttl'argent que de le foumettre de tels hazards : . ontche d'y faire fervir les mmes ufteniiles diffrentsufages. Cependant ni en Turquie, ni enPerfe, onne rencontre pas dans les campagnes des familles auifimifrables , auffi dnues de toutes les commoditsde lavie, qu'on en volt en diffrents endroits de laChi-'^e. Car fans parler de celles qui, dans les ProvincesMridionales

    , fubfiftent uniquement de la pche,

  • 3'2- Recherches Philo/ophiques

    Troglodytes, (a) En effet on en rencontre encoreen grand nombre audd de la ville de Phg-tevgj

  • Jvif les gyptiens ^ les Chinois 33leurs , & reclent fie temps en temps leurs captures.On voit encore ici la connexion qu'il y a entre cesmcnafleres btis dans des dierts & ceux qu'on ren-contre en des lieux femblables du Portugal& de l'Ef-pagne. Enfin , malheur aux pays o il y a des No-imades & des Hermites.Ce n'ed qu'aux environs de quelques villes prin*

    Cipales de la Cnine qu'on dcouvre par -ci par l desbourgades dont les maifons font couvertes de tuiies.Car mefure qu'on avance dans le centre du pays onn*apperoit plus que des chaumires de terre battueavec des tots de joncs; & dans beaucoup de villesdu fccond orire les murs t^ logis ne font auffi qued'argille.

    Comme on n'y a jamais pu ruffir dans aucuneopration de la verrerie, il n'y exifte aucune appa-rence de vidage mme dans les Palais. La falle, eul'Empereur Can - bi donna audience Un Ambffiadeurde Kuflie , n'avo;t , dit Brandt

    ,que de m.auvais chaf-

    ils de papier {a). Car la verrerie tablie par ce Prin-ce, nJtoit pas 'clors, & n'etl pas encore en tat decouler des glaces. Dans quelques Provinces on em-ploy aux fentres ^s tafetas cirs, des coquilles

  • 5^ RecercMef PRilofopRiqimaufTi moins de jour, & claire trs -mal les apparteiments.

    Il eft f/iguller de voir les Architeles de la Chi-pe lever des rochers artificiels dans ce qu'ils appellentdes jardins. Et enTaite ils ofent demander aux Eu-ropens, fi nous avons d^s ouvriers qui pourroienten cela les galer. Mais on devroit leur rpondre,que pour mettre au hazard des pierres les unes fur les>autres, il ne iiUt avoir ni gnie,, ni art, ni indu-ftrie. ni got , ni enfin aucune notion du beau & de5: Utile.. Aufi feroit - on infiniment mieux de Temer^dans ces endroits , du ris ou du froment, pour ren-dre moins funedes les famines quidiblent fi fouventria Chine. On asfure que ce pays a bien deux millemontagnes; ainfi c'ell: une fareur de vouloir encore-en augmenter le nombre , en rendant de plus enplu.Inegafce qu'on devroit tcher d'appianir.Oa eft asfez gnralement prvenu., fans qu'lt

    foit befoin d'infifter beaucoup cet gard , que ni lequartier Chinois, ni le quartier Tartare de PkitpIV ont d^s Temples , dont la ftructure ou la magnifi-cence fe fasfe diilinguer des difices publics ts au-tres ville? L'Empereur, qui peut feul offrir des fa-criSces folemnels aux Gnies du Ciel, de la Terre,.des Montagnes , ^s Valles & des Rivires , ne les.oire jamais que fous des tentes ; &non ailleurs. Cet-te coutume , qu'on doit regarder comme trs ancienne, efl: aufii trs - conforme ce que nous avons d-j obferv par rapport l'tat primitif des Chinoisdans la vie paftorale , & lorsqu'ils campoient encore- la manire des Tartares. Cts tentes dertines auxfecrfices , fe dresfent pendant les jours de fte dans.Iftlicn-tang h\t Ti-tang: aprs la crmonie onles abat, & on les conferve avec les vafes facrs , ks[^enfiles & les tablettes dans deux difices particu-liers : celui , qu'on a confacr au Gnie du Ciel , eft-rond ; quoique le Ciel ne foit pas rond : celui , qu'ona conf&cr au Gnie de la Trre., eft carr, fuivant

    l'ad.

  • fur les Egyptiens ^ les CJiwois, 35Pdmirable Cofmographie des Han Il & ^^s profondsLettrs de la Chine, qui ont dtermin que notreIVonde toit un cube , & non pas un globe ; & il afallu toute force que les Archltecles fefoient fournis

    ,

    comme ils ont pu cette dcifon. M. Ch^nibers

    ,

    qui ignoroit ces particularits , fe trompe beaucoup

    ,

    Jorfqu'il compare .z pavillons Chinois aux 1 emplesmonopteresdes Anciens. Ces fortes de coniparaifonsibnt il outres, qu'on pourroitpar ce moyen dcou-vrir toute l'Architeture Grecque dans le Palais de P^'*kin

    ^ tel qu'Isbrants Ides nous le dpeint. D'ailleursM. Chambers ne parot point avoir eu connoisfanced'un fait qui concerne les Pagodes de/^"b, qu'on voit la Chine: un voyageur nous a asfur que leur plan& leur difpofition intrieure fontprefqu'n tout pointconformes au plan & la difpolition des Pagodesqu'on rencontre en diffrents endroits de i'indollan.ini on ne peut prefquepas douter que cette mani-re de btir n'ait t inconnue aux Chinois avant l'ta-bliiement du culte de Fo^ dontTpoque ne remon-te point notre re vulgaire: car quand mme onadmettroit que Laokium avoit fait un voyage aux In-des, commue on le dit avec beaucoup de vraifemban-ce, 11 e(t certain qu'il n tablit point la vritable re-ligion oz Indiens la Chine.

    Quant l'tat de TArchitei^ure chez les Egyp-tiens , c'eft un fujet immenfe ; mais nous avons t-ch de renfermer dans quelques pages ce qu'il y a deplus intrefTant favoir. Chez ce peuple on btif-foit toujours: un grand ouvrage en produifoit un au-tre encore plus grand: ftla fortune et cart de def-fus fa tte le joug des Perfans & celui des Grecs, on:l'auroit vu rafer les m,ontagnes de la Thbade , plu-tt que de reder ne rien faire. Tous les Oblis-ques fe refiemblent tellement, que, quand il n'y a^point de caractres , il eft aiTez difficile de les diilin-guer les uns des autres: il parot donc qu'on auroit dune fois fe lafTer d'lever des monuinents fi femblables :

    B 6 C5

  • 56 Recherches PJinofopJiqierccp-ndant on ne s'en laia jamais: les demie s Kdxtrcomme Amafis & Neclanebe, en faifoient tai'Vr toutccm.r.e on en tailloir plufieurs nilliers d'annes avantleur LailTnce.

    Je penfe q^e M. le Roi s'efl tromp, lorfqu'iLa prienda que la ( ahane ruj!iquez\o\t(txv\QhQi\t3^Egyptiens . comme Virnue dit qu'elle fervit chez 'eGics; c'efi- die de modle ux plus fuperbes di*fce^ que les honnies aient conftruits fur la furfacede la Terre, [a) Tout dmontre que les E/^yptiens,avant que d'tre runis en corps de nation , viv oientcomiT'e des. Troglodytes dars les creux des rochersde l'Lthiopie. De forte que c'eft bien plutt unef,rotte qui a ferii de Tiodele aux premiers eilais deleurs Architedles . qu'une cabane. Les Sauvages dela Grce, su contraire, durent (e confiruiredes huttes caufe de la diverili du climat & du o\ , qui onten tout ceci une grande iniiuence: auffi n'y eut- iljamais aucun rapport entre les combles des Templesde la Grce & les combles ts lemplcs de l'Egypte,qui tant entirement plats n'avoient point t, paconfquent, copis d'aprs le toit de la Cabane ru-Jlque de Vitiuve.

    Le Pharaon Amsfs ft venir des environs d'E-phantine un grand morceau de rocher intrieurementieux , qu'on plta dans la ville de Sais devant leportique du Temple de Minerve. Les Grecs, quicompofoient les mots comme ils vouloient , ont ap-pelle cette pierre vuide, une Chambre monolithe ^mais que'que nom qu'on puifle lui donner , il eftnianifefle que lide enavoit t prife d'une grotte.Quand on rflchit aux excavations prodigieufes

    que les Egyptiens ne celTcient de faire dans leurs mon-ta-

    (^) "R-nhes des fhu heau;e menments t la GrecCt 7* iv

  • fur les Egypenr 5* les Ch'mms. 3?tagnes , & la paffion fnguliere de leurs Prtres pourles foute^ruins o ils confumoient une moiLi de leuivie, alors on ne doute pas que ce penchant ne leusft rcu de leur ancienne manire de vivre en Tro-glodytes. De - l provient le caraere imprim tousleuvs difices, dont quelques-uns paroirfent tre desrochers fcices , o t^ murailles dont rpaifleurexcde vingt -quatre pieds, & o d^s colonnes donta circonfrence exide trente pieds, ne font pointabrolum.ntrares. S" il y a quelque chofe qu'on puis-fe comparer ce que ce peuple fngulier a confiruitfur la terre, ce font prcifment les travaux qu'il afaits fous terre. Quelques Auteurs de l'Antiquitont t^s bien iu qu' cent , foixante pieds fous efondement ts F}ramldes il exiftoit des appartements,qui commun iquoint les uns avec les autres par desrameaux, qu'Ammien Marcellin a nomms d un ter-me Grec des Syinaies. (a) Il n'y a maintenant qu'unfeul de ces ccnduits qu'on connoifTe; c'ed celui quiperce le pied de la ^plus Septentrionale de toutes lesPyramides, & qui fe comble d'anne en anne parle fa lie qui y dcou'e ou par les dbris qu'on y jette:cependant Profper Alpin aiure que de fon temps-,c'ert- -dire vers Tan 1585, un homme y tant des-cendu avec une bouffole , il parvint jufqu' l'endroito ce chemin couvert fe partage en deux branches,dont l'une court' vers le Sud , & dont l'autre fe rap-proche du romb de TEfl:; ce que les voyageurs, quifont furvenus longtemps aprs, comme Maiiet , Gr-ves , Thveiot, Vansleb & le Pre Sicard, n'ontplus t en tat d'obferver; car je ne parle point icide Belon . dont la ngligence dcrire ce monumentefl telle qu'il ne. vaut pas la peine de lire ce qu'ilen dit. {h) H-

    (.7) Lib. XXII.(h) n TAit la Pag. ig de fes OhfervattoMs-, ]3c

  • P Recherches PhiofopRlques" Hrodote a indubitablement fu qu'en defcendantfous terre, on pouvoit enfuite remonter dans les

    chambres de la Pyramide du Labyrinthe: or commecela e:1 exaftement de mme dans celle de Memphis,dont on connolt aujourd'hui la difpofition intrieure

    ,

    l eft aif de fe perfuader que cette conftruftion a tjbropre tous les monuments de cette forme: c'eft--dire qu'ils dvoient avoir des fouterrains o Ton par-venoit par des routes caches , telles que celle qu'ona dcouverte fous le trentime degr de latitude , &^u'on a prife fi mal propos depuis le temps de Pli-

    fie pour un puits, quoiqu'il foit impofTible que l'eaupuiHe y entrer: elle n'entre point mme dans lesCatacombes de Sakara , fltues en un terrain encore,bien moins lev; car toutes ces excavations font pra-tiques dans des couches de pierres calcaires qui netransmettent pas la moindre humidit. IJn Serapeumu une Chapelle de Srapis , dont la pofition eft indi-que par Strabon su milieu des fables mou-rants TOc-cident de Memphis, parot avoir t le vritable en*-droit, qui renfermoit les bouches des canaux ou desgaleries par lefquelles on ailoit jufqu'aux fondements^^s Pyramides de Gizeh.

    Quant aux cryptes & aux grottes de rHeptandmi-^e & de la Thbade, on connot celles d'y^/>7, cel-les 'Hipponon, qui pouvoient bien contenir millechevaux : on connot celles de Speos Aremidos , cel-les ^Hiracon , de Selinon , Ci Anpohs , de SiLfili; on connot les Syringes ou les alles fouterrai-nes , indiques par Paufanias dans les environs de laftatue vocale, {a) Enfin les Voyageurs en dcou-vrent tous les jours; car on n'en a pas dcouvert jus-qu' prfent la centime partie. Non qu'il faille ab-folument admettre la tradition

    ,qui a eu cours dans

    l'An-

    (^0 L^. L in Attic. Caj^,. XIII,.

  • fur les Egyptiens ^ tes moh. 55.r'Antiquit au fujet du terrain o toit ftue la villede Thebes & qu'on ruppofoit avoir t tellement ex-cave dans toute fon tendue , que les ramaux descryptes paffoient fous le lit du Nil. {a) Ce qui peutavoir accrdit ce bruits c'eft qu'on voit effedire-^ment fur les deux bords de ce ileuve beaucoup degrottes comme entre Korna & Habou , o l'on veutque les premiers Rois de TEgypte aient log avantk fondation de Thbes.En allant de Korna vers le Nord - Ouefl: , on tirou-'

    ve les excavations nommes par les Arabes Biban-eiMoluk

    , fur la dellination desquelles il n'y a jamais eu^

    de doute, ni parmi les Anciens, ni parmi lesModer-' ns : ce font les tombeaux des premires DynafliesGu des premires familles Royales ; & ceux, qui pla-cent les corps des anciens Pharaons dans t^ Pyrami-des

    ,font tombs , comme l'on voit , en une erreur

    trs -grave. Car Biban-el-Mohk on ne dcouvrepas une feule pierre qui approche de la figure pyra-midale: ce qui nous confirme de plus en plus dansl'ide qu'on n'a jamais renferm aucune momie en,quelque chambre des Pyramides de Memphis

    , maisbien plufieurs pieds de profondeur fou^ les fonde-ments de ces difices , dont la forme n'avoit dans lareligion Egyptienne aucun rapport avec celle destombeaux.

    Quelques-unes des grottes, dont on a parl jus*qu' prfent~,"ont fervi contenir des cadavres em-baums

    ,qu'on y dresfolt fur \ts pieds pour mnager

    ia place. Et cette rgle parot avoir t affez gnra*lement obferve, hormis l'gard des Rois, dont g^couchoit le corps dans des Sarcophages ; car il nefeut pas prendre , la rigueur, comme on l'a fait, un^asfage de ^IHus. italicUs, qui d'ailleurs ne concern

    pas

    ia\ Ylln, mfi,.Nat, Lieu 3 6 Cap., XIF.

  • 4 Kecherches rillofopkiqirefpas l'atttude qu'on donnoit aux momies dans les cavesux , mais celle o on les plaoit dans les maifons-;quoiqu'on puisfe douter que jamais les Egyptiensaient mis les morts autour de la table o man-geoient les vivants , comme ce mauvais Pote l'in-Snue. ia)Mais il y a eu en Egypte d'autres fouterrains , qui

    n'toient pas des rpulchres , ni rien d'approchant,comme Tantre de Diane ou le Speos Artemidos , qu'onretrouve aujourd'hui Bni- Ha/an, & dont les figu-res & les ornements n'ont pas t excuts par desfculpteurs Grecs, il efl: fur que cet antre a t unTemple de Diane ou de Bubafte , & on en rencon-tre de fembables creufs dans le roc au centre del'Ethiopie, {b) o luivant la relation de Bermudez

    ,

    il doit exifter , tout comme -en Egypte, un nombreprodigieux d'excavations trf^s- profondes^ dont queUques unes fervoient aux Prtres faire des facrificesou dts initiations , & au fond desquelles iis fe retiroienc nme pour tudier, {c ) On nous parle d'uncertain Pancrace, qui n'toit pas forti de ces fombresdemeures en vingt- quatre ans. Et on a toujours foup-conn avec beaucoup de vraifemblance

    ,qu'Or-

    phe, Eumalphe Pythaore y avoient galementl adaus.-

    Quand

    (^^) ...... c/Egyptia tellurCondit odorat poft fuvus fantia bitjo'Corpara', ( a mett/ij exjaneuem,f-audfepararumBram

    Lib XIII.(b) Aliarez RERUM j-THOPICAR. Cab. f4., ..55.(c) i'rojihetje c/E^yptiorum non termituht ui metal/i arti-

    fices,fcult ton sque Dcos repecjement , ne a recept abeant

    frn:\ fediUudunt vulgo y dinn ni Templorum atriis accipmm ibfdutn'p? roftra [cul[i curant

    ,fubeuntes interca facra

    lubterranea qu profmdif illorum myfieriii velar,jemo funi,5ynclms, pag. 73^

  • fur les Eg ypiens ^ les Ciimh. 4 1Quand on con/Iciere cette manire de mditer foua

    terre,

    a!ors on n'eil point tonn que les Prtres enaient contract l'hab:tade de cacher fous un voilepresque impntrable tout ce qu'ils favoient toutce qu'ils croyoient favoir. Ce qui fait que

    , dans beau-coup de circon[rances,il efl auifi difficile de dtermi-n^er jusqu'o s'tendoit leur rudition, que defavoirjusqu'o s'tendoit leur ignorance. Et voi pourquoion a port des jugeinentsiioppofs touchant les bor-nes de leur 1 hilofophie, que les uns renferment dansun cercle trs - troit , & que les autres portent l'in-fini. Mais ce qu'il y a ici de vraiment intrefiar.t obferver, c'ert que cette coutume des Prtres de feretirer dans ts jfouterrains , a donn lieu aux MyRe-res de r Antiquit, dont fans cela il n'et jamais tqueftion dans le monde Oji voit que partout o onreut les iVlylieres de l'Egypte , on mivoi: suni l'ufagede les clebrtr dans des grottes ou des louterrains;, ce ne fut que longtemps aprs,

  • 42 Recherches Phlb/ophiquef

    poftion de cette Lettre ; elle n'toit aujourd'huireconnue pour apocryphe par tous les vritables Sa-vants. D'ailleurs comment et -on pu rvler queles Dieux de l'Egypte avoient t . es hommes? puis-qu'on fait maintenant st- n'en plus douter

    ,que jamais

    les Egyptiens n'adorrent des hommes difies, &qu'ils avoient pour cette efpece de culte une horreurinconcevable.

    Les Myfleres paroisfent avoir t dans leur ori-gine une inftrudion fecrette

    ,qu'on ne donnoit

    qu'aux Prtres,qui avant leur confcration elTuyoient

    une terreur panique; & ce n'toit que par des routestnbreufes qu'on les conduifoit enfin dans un endroitfort clair; ce qui fit natre l'ide de copier les ph-nomnes del foudre &du tonnerre*, dont j'ai tantparl dans le prem.ier volume de ces Recherches-Tous les Prtres de l'Egypte , fans en excepter unfeul , dvoient tre initis , comme Diodore le dit

    ,

    ce qu'on appelloit les Mjfteres du Dieu Pan ; deforte qu'il n'y en avoit pas qui n'et efluy la terreurpanique dans Tobfcurit des fouterrains. {a)Ce got pour les My Itres & les en igm.es pafTa

    au peuple, & fit une partie de fon caradere. Je nenie point que les dputs des Provinces ou tz No-

    mes ,

    U (^ dejci Politique. Tom. I. pag. 237. M. Silhouette cirecette:Eet:r^ d'Alexandre pour rfuter l'Abb Pluche,.qui croyoit que les Myfteres roient relatifs rAgriculture,

    {a) Il n'y a pas d'apparence que les Egyptiens aientadmis aux grands Myfteres des perfonnes qui n'toiencpoint de 1 Ordre Sacerdotal, ii Ton en excepte peut-trePythagoie. Quant aux petits Myfteres, on y admit avecle temps tous ceux qui fe prfentoient , liormis les cri-minels puMics. Les vagabonds

    ,

    qu'on prenoir pour desPrtres Egyptiens dans la Grce c l'Italie, fe faifoientpayer fort cher pour leurs initiations ou leurs Myfteres,^q^ie les Bohmiens joiioient aiifli^ afin de gagner del'argent

  • fur les Egyptiens Q* les Chinois. 43.mes, n'aient pu d^ temps en temps traiter, dansleur aflemble , des affaires de la dernire importance,& qu'il convenoit de tenir trs-fecrettes ; mais il fautavouer auffi

    ,qu'il n'a pu tomber que dans l'efprit

    ts Egyptiens , de faire aCTembler ces dputs en unLabyrinthe, o avant q-ue de parvenir aux filles, ilfllolt traverfer des alles auli obrcures que descaveaux , comme Pline s'en explique en termes nonquivoques: majore autem in parte , dit il, tranfi-*tus eji per tenebras. {a)

    Les Chinois n'ont pas, dans leur langue, de motpour exprimer un Labyrinthe, comme ils n ont pas,,dans tout leur pays , un feul diiice qui a^jprochede cette forme. J'ofe m.me mettre en fait qu'il fe-roit aurourd'hui impolble de leur en donner uneide, foitpar le moyen d'un plan, foit par le moyend'une defcription. Car les Savants de l'Europe nefauroient fe flatter d'avoir acquis des notions bienclaires fur le Labyrinthe , dont il doit certainementexider des ruines trs-confdrables ; mais les Voya-geurs ne les cherchent point o elles font, & s'ga-..rent tous en allant trop TOueft. On pardonne vo-tentiers un homme tel que Paul Lucas

    ,qui ne f*

    voit pas crire , & M. Fourmont fon rdacteur

    ,

    d'avoir pris les mallires du Chteau deCaron pour lesdbris du Labyrinthe; mais que le P. Sicard & M.Pococke foieut auffi tombs dans cette erreur, c'eftce qui a lieu de nous furprendre. Ce prtendu Ch-teau de Caron , dont nous avons vu diffrents plans,ierable avoir t une Chapelle de Srapis ,qui n'a niPyramide, ni aucune apparence de Ddale, ni m-me cent pieds de long ; tandis que S'rabon aflurequeceux qui montoient fur la terrafle du Labyrinthe,voyoient autour d'eux comme une campagne cou-

    verts

    (5) Lih, 56. Cap, XllU

  • 44 Recherches PhilofopMquefverte de pierres tailles , & termine par un difice dejgure pyramidale.On conoit par-l combien d'obflacles & de dijfi-

    Gults on rencontre en tudiant les monuments d'unecontre, fur laquelle les Modernes confpirent avecles Anciens nous donner fans cefle des notions fauf-{ts. Pour ce qui eft des Anciens , il parot affez pro-bable, que ce qui les a le plus tromps , c*eft qu'ilstoient la discrtion d'une efpeced hommes

    ,qu'on

    lommoit les Interprtes , dont le Collge avoit ttabli fous Pfammtique, & qu'on pourroit presquecomparer ceux qu'on nom.mc Kom^es CiceronuLes Philofophes, qui vouloient vritablement s'in-ftruire en Egypte, toient contraints d'y fjournerpendant plufeurs annes , comme Pythagore, Eudoxe& Platon; mais les Voyageurs

    ,qui ne faifoient

    qu'aller & venir , comme Hrodote , fans favoir unmot de la langue du pays , ne pouvoient s'adrefTerqu'aux interprtes

    ,qui connoiflant le penchant d^s

    Grecs pour le merveilleux, les amufoient comme des

    enfants, en leur faifant des contes auffi indignes dela majeft de l'Hiftoire, qu'oppofs aux lumires dufens- commun. C'eft vraifemblablement d'eux quevient la tradition encore adopte de nos jours tou-chant les Pyramides, qu'on prtend avoir t levesmalgr les Prtres de l'Egypte , & en dpit de toutesleurs prot.e dation s contre' de tels Ouvrages : tandisqu'on voit trs- clairement, que ce font furtout lesPrtres qui ont prfid ces conftrudions. & quiles ont orientes exadement , foit par l'ombre d'un(lyle, foit par lobfervation d'une toile au paiagedu Mridien. Et ils n'ont jamais dclar quelpouvoit avoir t en cela leur but , , probable-ment pas mme Thaes

    , fur lequel Pline Plutarque rapportent un fait trop faux & trop cho-quant pour que je puilTe ici le paffer fous flence:isveulent que ce Grec ait enfeign aux Egyptiens me-irer ia hauteur des Pyramides par le moyen de l'om-

    bres.

  • fur ks Egyptiens & les Chinois, 45Ve; ce qui ne peut fe fiire en aucun temps de laminire dont Piine c Plutarque fe le font imagUns. {a) Thaes, en arrivant de Milet Hliopolis,toit d'une ignorance profonde , & ne favoit abfo-lument rien ni en Mathmatiques , ni en Agrono-mie: le peu qu'il a fu depuis, il l'avoit appris desPrtres de l'Egypte , dont il fut l'colier pendantp!uileurs annes. Il ne faut donc pas dire qu'untel homme ait t en tat de rien enfeigner (c^matres ; & nous devons croire pour fon honneur ,que ce n'eft pas lui qui a dbit cette fable ; fansquoi fon ingratitude ne pourroit que nous rvolter.

    Ceux, qui prtendent qu'on a orient les Pyra-mides pour fe procurer une Mridienne inbranlable,afin de s'appercevoir un jour fi les ples du Mondechangent ou ne changent point, n'y avoient pasrflchi , & ne favoient eux - mmes ce qu'ils difoient.Car en ce cas une feule Pyramide et fuffi , & onn'en auroit pas hriff toute la cte de la Libye

    ,

    depuis Memphis jufqu'au Labyrinthe.Il n'ef point vrai non plus qu'elles aient fervi

    de Gnomons , opinion foutenue trs - mal propospar quelques Ecrivains Modernes: car pour les An-ciens , ils n'ont eu garde de rien penfer ni de riencrire de femblable ; puisqu'ils paroiflent avoir euquelque connoiffance du phnomne de la confomp-tion de l'ombre. Il eft vrai que Solin, AmmienMarcelin & Caffiodore s'expriment l - deffus d'unemanire extrmement impropre , & tout ce qu'on peutconclure de leurs expreions, c'efl: que fuivant eux,les Pyramides ne jettent jamais de l'ombre en aucune

    fai-

    {a) Pour mefurer la hauteur d'une Pyramide par fonombre, il faut avant tout mefurer un cte' de labafe, &en connotre le milieu. Or, comme Pline & Plutarquene difent pas que Thaes commena par cette opration,on fenc bien que ce qu'ils en lappotteAC e ujie fabl.

  • 4^ Recherches Fhilofoph'wues

    faifon de l'anne, ri en aucun infiant du jour; &cela arrive , febn MarctUin , par un mcanismede leur conftrulion , mecamc ratione. Mais avouonsque cet homme a dit - l quelque chofe qui choquetoutes les loix de la Nature. \a)

    Voici en peu de mots de quoi il efl: queftion.La plus grande des Pyramides fitue fous le vingt*

    neuvime degr , cinquante minutes & quelques f-condes de latitude Nord, commence vers l'Equinoxedu . rintemps ne plus jetter de ombre midi horsde fo/i plan ; & on peut alors fe promener autour deCt immenfe monceau de pierres , qui s^lev e plusde cinq cents pieds, fans perdre le Soleil de vue.Les Architeftes ont preienti cet effet , qui rfulter.ce{iaiTen.ent de la figure pyramidale & de la largeurde la bafe; ce qui fait que l'ombre mridienne fe r-flchit pendant la moiti de l'anne fur la face fep-

    .-t-entrionale , . ne parvient point terre, ou au plande l'Horizon. Si l'on vouloit faire un mauvais ca-dran folaire, il feroit impoiTible d'en faire un plusmauvais que celui de la grande Pyramide ; puifqu'onne fauroit trouver mme par ce moyen le jour duSolftice d't: car alors l'ombre remonte tellementqu'on a peine l'appercevoir , lorfqu'on eft placau pied de la face feptentrionale.

    Cependant le clbre Chronologifle de Vignolesa au que les Prtres trouvoient les Equinoxes l'ai-

    de

    (a) SoUn. Folyhift. Cap. XLILAm. Marcel Hift. Lib. XXIL fub fia Cafftodor,

    Variarum. Lib, VILComme Solin eft le premier qui parot avoir re'panda

    .cette erreur, nous citerons ici fes propres termes;Pyramides turres funt in oEgypto fafti^iat

  • fur les Egyptiens * les Chinois. 47^e de leurs Pyramides; {) ce qu'il n'et jamais cru

    ,

    s'il av(jit eu des plans exaifts de ces monuments,& fur - tout de bonnes Cartes de l'Egypte telles quecelles dont nous nous fommes fervis.

    Il faut favoir que les Egyptiens n'avoient pas d-termin le rapport qu'il doit y avoir entre la largeurde la bafe . la hauteur perpendiculaire d'une Py-ramide quelconque: or, comme ils ont extrmementvari cet gard , il eft clair qu'ils n'ont jamais pen-f chercher par cette mthode les jours quinoxi-aux, qu'ils trouvoient, fuivant Macrobe, par deimples ftyles , & mme , comme on l'a prtendu

    ,

    par leurs horloges d'eau. Voici donc un fait dontM. de Vignoles n'a pas eu la moindre connoiffan ce :la Pyramide, que les Arabes nomment el Harem elKieier el Koubi

    , a une bafe beaucoup plus large , eugard fa hauteur

    ,que la grande Pyramide de iVf^;?:-

    phis ; ainf il eft certain qu'elle a commenc & corn--mence encore longtemps avant l'autre confumer fkpropre ombre midi , & n'indique en aucune ma-nire que ce foit les Equinoxes. On pourroit d'ail-leurs demander comment s'y prenoient les Prtres at-tachs au Collge de Thebes, puifqu'on fait qu'ili'a jamais exift de Pyramide dans laThbade,quoi-qu'en dife Abulfda. Cependant ce Collge toit le

    plus

    (a) De ANNIS ^GYPTIAC. in Mlfcell. Ber^,linenj. Tom. IK.

    C'eft par hazard que la grande Pyramide commencevers l'Equinoxe confumer Ion ombre midi , puifqu'ily en a d'autres qui commencent plutt. Pour ce qui eftde trouver par ce moyen les Soiftices, nous dirons quela plus grande ombre mridienne de la Pyramide deCizeh 6c de toutes les autres indique le folftice d'hiver;mais il eut t fort difficile de trouver celui d't.D'ailleurs il y a une trs- grande pnombre qui eut ten-du toutes ces obfexvations entirement vicieufes.

  • 48 Recherches Fhlhfcph'iqim

    plus clbre de; tous par fes connoi (Tances Aflrono-miques , comme il toi: auffi ie premier par Tpoquede . fondation.Ne prtons donc pas aux Egyptiens des vues

    qu'ils n'ont point eues: car s'ils avoienr eu de tellesvues , il faudroit avouer aufli que le fens - communleur a manqu; puifju'un limple ityle donne fur tou-tes ces chofes des indications mille fois plus prcifes

    qu'une mafle qui s'obfcurcit elle-mme.Les Pyramides ont t , tout comme les Oblis-

    ques , des monuments rigs en l'honneur de l'Etrequi claire cet Univers; & voil ce qui a dterminles Prtres les orienter. Il et t trs - aif depratiquer dans la capacit de ces difices un grandnombre de falles fpulchrales pour y dpofer les corpsde toutes les perfonnes de la famille Royale ; & c'edce qu'on n'a nanmoins pas fait: puifqu'on n'y adcouvert que deux appartements& une feule caifle,que, malgr l'autorit de Strabon , beaucoup de Vo-yageurs clairs com-me M. Shaw , ne prennent paspour un Sarcophage o il y ait jamais eu un cadavrehumain; & en effet cela n'efl: pas mme probable.On a hazard l'occafion de cette cailTe mille con-Jeiiures : cependant je ne connois point d'Ecrivainqui ait devin que ce pourroit tre l ce qu'on nom-moit parmi les Egyptiens le Tombeau d'Oftris , com-me il y en avoit beaucoup dans leur pays ; & la fu-perftition confiioit faire tomber tout autour deces monuments les rayons du Soleil , de faon qu'Mn'y et pas d'ombre fur la terre midi pendant unemoiti de l'anne tout au moins : car ce phnomneduroit plus longtemps par rapport aux PyramidesMridionales 'Illahon & Hauara vers l'extrmitde la plaine connue fous le nom de Cochome^ &queje regarde comme les plus anciennes, puifqu'elles fontfans comparaifon plus endommages que celles deMempbis

    ,qu'on croit pouvoir fubfifer encore pen-

    dant cinq mirlle aas en juger par la dgradation,qui

    y

  • fur les Egypetjs & les Chimis. 49y eft arrive depuis le fcle d'H-rodote jafqu' nosjours* cet Hiftorien aflure que de Ton temps on yvoyoit beaucoup de figures & de caraderes fur les fa-ces extrieures , qu'on n'y retrouve plus. C'eft fau-t>e d'y avoir rflchi, que M. Norden dit, dans fouVoyage de Nubie, que ces difices doivent avoirt conrtruits avant l'invention des caractres Hiro-glyphiques , ce qui choque toutes les notions del'Hidoire. Et il feroit fouhaiter que la plupart desVoyageurs fiffent, avant leur dpart ou tout auRoins aprs leur retour , de meilleures tudes.Une obligation relle qu'on a aux Prtres de l'an-

    cienne Egypte, c'^fl; d'avoir orient les Pyramidesavec beaucoup d'exactitude ; car par - l nous favonsque les ples du Monde n'ont point chang : & in-utilement chercheroit- on fur toute la furface de notre globe quelqu'autre moyen pour s'en alTurer: iln'en exifte nulle - part , & furtout point dans la Chal-de ; pays fur lequel on s'efl: form des ides trs-faufles. S'il y avoit eu dans la Chalde des con-ftrudions aulTi folides que celles de l'Egypte, il enrefleroit des ruines prodigieufes : mais comme on y8 bti avec des briques & du bitume , toutes es par-ties les plus leves ont d fucceffivement s'crou*1er, & ce n'eft qu' quelques pieds au-deflus desfondements o l'humidit a conferv la force & latnacit du bitume, qu'on dcouvre encore quelquesreftes de maonnerie , comme en un endroit qu'onprend pour l'emplacement du Temple de Blus;mais ce font l ts chofes qui ne mritent pointqu'on en parle. D'ailleurs dans quel cabinet del'Europe a-t-on jamais poffde des ftatues ou desmonuments Chaldalques? tandis que tous les cabinetsde l'Europe font plus ou moins fournis d'antiquesEgyptiens. 1 e place au nombre des plus fortes exa-grations de Ctfias & de Diodore de Sicile, l'Ob-lifque qu'ils atuibuct Smiramis, & que prfonneJme IL Q'i^

  • jo Recherches PhUoJophiqiiesn'a jamais vu; (a) pendant que tout le monde con-noit les Oblifques de l'Egypte , & il doit en avoirexiil plus de quatre -vingt de la premire grandeur,dont rreclion n'toit pas une chofe aufli difficilequ'on fe l'imagine, chez un peuple,, qui force detranfporter de telles aiguilles , avoit acquis beaucoupd'exprience. Fontana, qui mgnquoit d'exprience,puifqu'il oproit fur de tels blocs pour la premirefQ\s , y employa beaucoup plus de force qu'il n'enavoit befoin ; car il attacha l'Oblifque du Vaticanfix - cents hommes & cent - quarante chevaux : la rli-Hance ts cables . des cabeflans tant connue, ona valu que cette puiflance et lev l'aiguille,quand mme fon poids et excd de cinq- cents

    -

    dix -mille livres fon poids rel, y comprife l'armu"re. {h) Or les Egyptiens n'ayant pas aiTis ces monu-ments ^.ir des bafes aufTi hautes que celles qu'onleur a donnes fort mal propos Rome , ils ontpu avec quatre- cents hommes & quatre -vingt che-vaux lever quelque Oblifque que ce foit , en fap-

    "

    pofant mme qu'ils ne fe foient fervis que de cabe-hans. Il ne faut point croire ce que difent quelquesJouteurs, d'un Pharaon qui y employa vingt- raillehommes , & fit attacher fon propre fils au fommetde la pierre pour engager les ouvriers tre fur leursgardes , abiurdit qui ne mrite point qu'on la rfute.Ce qu'il y a de bien plus important favoir , c'elt

    qu'on fe trompe gnralement aujourd'hui au fujetdes Oblifques, qu'on dit avoir fervi en Egypte deGnomons. Il fuTit d'examiner attentivement leurpofition & leur forme ,pour s'appercevoir qu'on n'ya jamais penf: les Egyptiens levoient toujours

    deux

    (^) lackfon prouve, zn% (es Antiquits Chronologiques

    ,

    fcue cet Ob-lifque n'a jamais txi BdhyloiQ,(i>) E/iftoIa de Obelifco Kottue Js26,

  • fur les Egyptiens & les Chinois. 5 1tieux de ces aiguilles Tune ct de l'autre , l'en-tre des Temples ; & lorfqu'il y avoit trois grandesportes

    , on y plaoit jufqu' fx Oblifques. Toutcela fe voit encore de nos jours dans les ruines duTemple de Phyl, dans celui de Thebes & l'en-tre de ce qu'on prend pour le Tombeau d'Of-mendu , mot viiiblement compof de Mondes &d'Ofnis.

    Par-li on peut dj s'appercevoir qu'il n'edpoint du tout quedion de Gnomons

    ,qu'il feroit ab-

    furde de pofer f prs les uns des autres que leur om-bre fe confondt. D'ailleurs la partie fuprieure deces aiguilles, qu'on nomme le Fjramdium ^ ne fau-roit donner aucune indication prcife, hormis qu'onn'y ajoute un globe , comme Ton ft Rome fousAuguite & fous Confiance. Et voil cependant ceque les Egyptiens n'ont jamais fait, puifqu'aucuaAuteur de l'Antiquit n'en a parl, & on voit par letableaux tirs des ruines dC Herculaninn ^ & beaucoupmieux encore par la Mofaque de Palertrine, queles Oblifques y font toujours reprfents fans globe.Auf n'a- 1- on pas trouv dans la tte de ces mo-numents la moindre excavation pour y infrer le Ily-le ou la barre. Et quand un Romain nomm Maxi-me, qui toit Prfet de l'Egypte, voulut mettre unglobe fur fObiifque dAlexandrie, il en fit tron-quer le fommet ou la pointe; ce que les vritablesEgyptiens euffent envifap comme un facriiege. Ain*files membres de l'Acadmie des Infcriptions-de Pa-ris toient fort mal informs, lorsqu'ils firent leurrapport l'Acadmie des Sciences, qui vouloittreinftruite exaftement fur l'antiquit des globes fup-ports par les Oblifques. {a) Nous rptons en-

    co-

    {a) Mmoirej d VAcad, des Infcri}>ti(m* Tom, 112,

    C a

  • 5^ Recherches Pkfoph'iquescore une fois que ce n'a jamais t Tufage d^Egyptiens.

    Il eft manifefte qu'on a abu.f d'un paOTage d'Ap-pion le Grammairien c qui prtendoit que MolTe a-voit plac ei hmi'heres concaves fur de$ colon-ieg au lieu d'employer des Oblifques; mais il par-oit de ces chofes - l d'une manire qui prouve qu'ilne favoit point ce qu'il voulolt dire ; & le Juif Jofe-phe, encore plus mauvais raifonneur & plus ignorantFhyficien qu'Appion, le rfute par des argumentspitoyables. Vitruve, Clomede, Macrobe & Mar-tien Capelle dcrivent les horloges folaires , quinoxi-aux, dont on fe fervoit en Egypte, & par le moyendefquels Eratofthene mefura, ou vrifia la mefurde la Terre (a). Ces horloges toient rellement deshmifpheres concaves du milieu defquels s^levoit unflyle perpendiculaire ; mais le comble du ridicule fe-roit de vouloir avec Appion, qu'on et plac cescadrans fur des Oblifques ou de hautes colonnes

    ,

    o il et fallu en fuite monter avec des chelles pourobferver la dclinaifon de l'ombre. Quoique lesPrtres de l'Egypte employaient trs-fouvent cesnflruments , ils faifoient nanmoins plus de cas dleurs hydrofcopes ou des horloges d'eau ; & leureftime toit fonde fur le befoin qu'ils en avoientpendant la nuit pour les obfervations Aflronomiques::ton que j'aye jamais pu me perfuader que la pr-cifon de ces horloges ait t auffi grande qu'OrusApollon le donne entendre, en difant qu'elles fevuidoient exadment en un jour quino^cial (^;.

    li

    (a) Vitruv. ArchiteSl. Lib. IX. Cap. 9 . . . . Clomedede Meteorolo^. ... Macroh. in Sera. Scip. Lib. I, Cap. 20.,,Mayf. Capell. Ub. de Geometria

    (b) Voyez le i^* Qap. ^u premier Livre dfj JSitre^yphhpe/fCOruf.

  • fuT les Egyptiens Sf 1^^ Chinois. 53Il ne nous a pas t poflible de voir ni des Sa-

    bliers, ni des Clepfydres faites la Chine; maisfious favons fans en avoir vues , qu'elles ne reprfen-tent point un finge qui urine , forme bizarre que lesPrtres de rEg}^pte avoient jug