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lOi K s IKf' : fi ' Tous droits de reproduction réservés PAYS : France PAGE(S) : 100-107 SURFACE : 802 % PERIODICITE : Mensuel DIFFUSION : (180000) JOURNALISTE : Patricia Oudit 1 octobre 2019 - N°106

PAYS : DIFFUSION : (180000) · l'île de Wight. En 2015, je me suis inscrit au Snowdonia Marathon au Pays-de-Galles, une course que mon père aimait, et j'y suis allé avec lui. »

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PAYS : France PAGE(S) : 100-107SURFACE : 802 %PERIODICITE : Mensuel

DIFFUSION : (180000)JOURNALISTE : Patricia Oudit

1 octobre 2019 - N°106

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AVENTURE

COURS DAX'E,COURS

PAR

PATRICIA OUDIT

PHOTOS

CHRISTIAN LARTILLOT

STYLISME

ROMAIN VALLOS

Dave Pen, leader du groupe britannique Archiveet fondateur de Birdpen, joue, chante mais court aussi.(Test à Chamonix, lors de la 17eédition de filtra Traildu Mont Blanc, que nous Pavonsrencontré. Rock book

d ’une rockstar au paysdes collants-pipettes.

Jeudi 29 août

Au rendez-vous donné à 10 heures dumatin près du gymnase où se retirent les

dossards, on l ’aurait reconnu entre mille.Silhouette svelte, jean, tee-shirt àmanches longues et lunettes noires.Traits à la serpe, un air de Corto Malteseà qui on aurait échangé l ’anneau d ’oreillecontre les dents de David Bowie. Davenous sourit. Radieux malgré sa pâleurmade in Southampton, d ’où il vient.Là-bas, point de ces montées qui donnentdes points de côté. Il a découvertChamonix par hasard en 2004, alors

qu ’Archive donnait un concert à Saint-Gervais. Il a attendu 11 ans avant d ’yretourner pour une ascension du montBlanc, ratée à 500 mètres près. Mauvais

temps, trop, même pour un Anglais.« Mais » dit-il, « j'avais commencé à courir

et j'y étais au même moment que l'UTMB.Je me suis mis à rêver de cette course. Cesmontagnes sont magiques, elles me galvanisent. À partir de là, je me suis entraînécomme un dingue pour pouvoir y partici

per. » Malgré le brouillard, la pluie et levent venus gâcher tous ces admirablespoints de vue, il arrive en 1208 e positionlors de son premier UTMB en 2017, en43 heures et 19 minutes. Enchaîne l ’année suivante sur une TDS (acronyme de

« sur les Traces des Ducs de Savoie ») de145 km, bouclée elle aussi. Bon rythme,somptueuse cadence. « Impossible de ne

pas recommencer à essayer de dominer labête une troisième fois. »

Dans la longue file qui l ’attend avantde prendre possession de son dossard

- 303, un chiffre qui, pense-t-il, luiportera bonheur car il s ’agit d ’une batterie mythique -, Dave, heureux anonymequi fait la queue comme tout le monde,

stresse un peu. Angoissé à l ’ idée d ’avoiroublié un des éléments du matériel obligatoire qui concourt à la sécurité des2300 coureurs partis pour 171 km et10300 m de dénivelé positif de ce tour duMont-Blanc à boucler en moins de46 heures. En juin, inscrit à ta Pennine

Way, un ultra-marathon réputé comme leplus dur d ’Angleterre, qui suit la chaîne

de montagne éponyme jusqu ’à la frontière de l ’Écosse, il avait pris le mauvais

pantalon, pas étanche. «J'ai dû courir

N” 106 • OCTOBRE 2019 SPORT&STÏLE 101

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1 octobre 2019 - N°106

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m'en procurer un autre à la boutiquequatre minutes avant la fermeture. Quel

flip!» Finisher à la 11e place sur46 partants, le chanteur avait avalé lesmiles, 431 km en 5 jours et 14 heures.

Tout va bien cette fois. Pas de finasserie sur le contenu du sac. On peut enchaîner sur le shooting mode prévu. Dans latélécabine qui monte au Brévent, l'homme

de 42 ans, marié et père de deux fillettesde 3 et 6 ans, se confie sur ce qui l ’aamené à la course à pied. Il y a de l'antécédent familial: des parents licenciés auclub d ’athlé du coin, une mère qui a courule marathon de New York, un père sousles 3 heures sur la même distance, qui le

traîne à toutes les courses dominicales.«Jetais surtout intéressé par les barbecues post-course ! Plus jeune, courir, je

trouvais ça un peu rasoir. Je voulais êtrejoueur de foot pro comme tous les gamins.

Plus tard, je me suis mis à fond au skate, çaa duré longtemps. Jusqu'en 2003, où je mesuis cassé le coude en tombant. Je ne

faisais plus grand-chose, à part la fête, etc'est mon frère aîné, très sportif, qui m'a faitremarquer ce petit bedon qui avait poussé.J ’étais aux États-Unis, ça devait être en

2010, et il m'a chambré en me disant quej'allais devenir un gros chanteur. Bref,

quand je suis rentré, j'ai acheté une paire debaskets et j'ai couru, je ne sais plus, 3 kilomètres ? J'ai trouvé ça plutôt sympa. Sixmois plus tard, je participais auxio miles del'île de Wight. En 2015, je me suis inscrit au

Snowdonia Marathon au Pays-de-Galles,une course que mon père aimait, et j'y suisallé avec lui. » Oui, il fallait que Dave arrêtela bière et le reste des substances quicausent des morts prématurés dans lemonde du rock. Dans la série « gossips »,mister Pen nous en livre un. « Un jour, on

jouait avec Archive, et Josh Homme, leleader des Queens of the Stone Agedemande à nous voir dans notre loge.Comme on est tous super fans de ce groupe,on était surexcités à cette idée. Hélas, onétait tellement défoncés que quand il est

venu, on était tous partis je ne sais où. »Aujourd ’hui, sans avoir totalement arrêtéla bière entre amis et parfois un ou deuxshots de téquila, Dave est accro à lacourse à pied. « C'est la pire des addictionsque j'ai connues. Impossible de décrocher.

Une horreur ! »Arrivée au Brévent. Face à nous, le

massif du Mont-Blanc, derrière lagraphique chaîne des Fiz. Entre deuxhordes de touristes asiatiques, Dave,

ébloui, prend des photos avec son smartphone. Premier Brévent, premier

shooting mode. Deux baptêmes,30 heures avant sa course. Tout fairepour minimiser le piétinement qui fait

perdre de l'influx. Modèle idéal, c ’est l'an-ti-mannequin capricieux, qui veut seulement qu'on ne le montre pas dans cespages avec ce « crazy alien outfit », unepièce sombre et longue qui lui va pourtant comme un gant. Ses allers et retoursentre les rochers et les pylônes du télé

phérique suscitent, malgré sa discrétion,la curiosité. Les touristes asiatiquespeuvent bien reluquer son caleçon, il n'ena cure. « C'est beaucoup plus intimidant dese faire scruter par des centaines de

smartphones dans des salles intimistesquand on joue avec Birdpen ! » Le pèred'une famille irlandaise se demande quiest cet homme qui se change sans façon,révélant son très ordinaire caleçon. Pourqui a vu Dave Pen empoigner son microet se tordre à la Jim Morrison sur Again

lors d ’un concert d ’Archive, la scène estassez schizophrène. « Je n'en suis pasloin » reconnaît le chanteur. « AvecArchive, ce sont des concerts très intenses.Quand je cours, parfois, cela fait mal, maisje me sens libre. Alors schizo. oui : le

silence contre le bruit et la distorsion, legrand air versus le renfermé de la salle deconcert, le cœur que l'on entend cognerquand on s'arrête à l'opposé des BPMs. »On lui oppose que ce n'est pas ici, entredes milliers de coureurs et un publicbruyant, qu'il va trouver la plénituderecherchée, comme sur sa Pennine Way

où il a galopé sous la lune, très au nord,seul, dans des forêts inconnues. « Pourmoi. l'UTMB est un peu une course pharequi me permet de me concentrer sur un

objectif épique » explique-t-il. « Pour sequalifier, il faut accumuler des points via

d ’autres courses. » Dave pointe aussi lessimilarités entre rock et trail. « Ils m'apportent tous deux un sentiment de gloire.Quand je joue, je suis dans la performance,et l'adrénaline que cela me procure estassez proche de cette euphorie naturelle

qui m'enveloppe au sommet d'une montéeou à la fin d'une course. Dans les deux cas,il y a des hauts et des bas phénoménaux,on vit de l'émotion pure. C'est le meilleurkif du monde. »

La musique, Dave en joue et en vitdepuis quinze ans. Débuts de guitaristeautodidacte, davantage chanteur dansl'âme. «Archive a commencé quand c'étaitl'apothéose de la brit pop avec Oasis ouBlur. Pas évident de se faire une place.Aujourd'hui, on est connus en Europe maispeu aux États-Unis, ce qui n'empêche pas

d'enchaîner des tournées monstres. Pour

cela, la course à pied m 'aide. Plus je cours,plus je respire, mieux j'utilise mes poumonset mon diaphragme pour chanter. » Quinzeans qu ’ il chante des textes qui expriment

une certaine souffrance. Le « long distancerunner » qu'il est devenu connaît désormais celle liée à la solitude. Il attendpatiemment la montée de la sève, ces

endorphines qui lui feront atteindre lenirvana, juste après l'enfer.

En redescendant, Dave tombe sur uncoureur qu ’ il a devancé d'une heure à lafin de la Pennine Way. Il nous parle de cescourses mythiques qu'il aimerait tenter :la Diagonale des Fous, la Western State, la

Barkley... Et de ces coureurs d’ ultra-distance qui l'inspirent comme Damian Hallou Anton Krupicka.

Vendredi 30 aoûtIl est 17 heures et il a été convenu de seretrouver au bar derrière la mairie de

Chamonix où sera donné le départ. Dansles rues, l'UTMB a mis le feu. Dans lebrouhaha de la fanfare, on cherche Davedes yeux. Changement de look : le guitariste a muté traiter, casquette sur latête, collants longs, sac-gourde etbâtons télescopiques. Sa « support team

from Southampton » est là : Mike Bird,son compère de Birdpen, et Lee, autreami de longue date, avec qui il aimeraitretenter un Mont-Blanc. En 2017, ilsavaient suivi leur coureur favori dans

une Fiat 500, « pas super pour dormir »

analyse finement Mike. Cette année, il ya eu surclassement : l'accompagnementse fera dans un modèle normal où l ’onpeut faire une sieste en allongeant lesjambes sans se fracasser les genoux.

Ainsi, ils pensent être plus en formepour distribuer du melon, des chips, desnoix et des pommes aux ravitaillements,nourritures favorites du chanteur qui,depuis qu ’ il s'en tient à ce genre d'alimentation, ne connaît aucun des soucis

gastriques provoquant la majorité desabandons sur les ultras. À une heure du

départ, Dave, serein et reposé - la veille,il a mangé, dormi, mangé et dormi -,s'enfile un Coca et un café au lait, unecurieuse mixture confirmant que nous

sommes bien là en présence d'un estomac en béton britannique.

Entre deux gorgées, on s'informesur sa stratégie. « Finir en 40 heuresserait génial, avec trois siestes expressde 20 minutes chacune. Courir dans leplat et les descentes, marcher dans lesmontées où je ne suis pas trop mauvais.

102 8P0RTS8TYI.E N°106 • OCTOBRE 2019

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DIFFUSION : (180000)JOURNALISTE : Patricia Oudit

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Parka, Stone Island.Imperméable, Maison Margiela.Top col montant zippé, Maison Kitsuné.Jeans, Sandro.Sneakers, Emporio Armani.

Bomber et pantalon, Givenchy.Tee-shirt, Maison Kitsuné.Chaussures. Dr. Martens.

N°106 . OCTOBRE 2019 8P0RT&STYLF. 103

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Sur mon premier UTMB, je me suis faitavoir sur le sommeil, ça a été l'enfer. À tel

point que j'ai eu des hallucinations, j'aipris des rochers ou des arbres pour desbêtes sauvages prêtes à m'agresser ! »On lui demande encore comment il seprépare, surtout quand il est en tournée.« Je m'efforce de courir deux ou trois foispar semaine, entre 15 et 40 kilomètres,plutôt vers midi, car quand on joue, onfinit très tard. Mon ingénieur du son quiest un bon coureur nous trouve des coinsavec des côtes ou des forêts et téléchargeles cartes. Au fur et à mesure de la tournée, les sorties se font plus rares car lafatigue s'installe. Mais cette année, j'aicouru 2848 kilomètres, 273 de plus quel'année passée, mon record ! » Soulève-t-il de la fonte? «Je porte mes deux filleset ma guitare, c'est pire non ?»

Il se met à pleuvoir. L'Anglais, soulagé,enfile un coupe-vent et file vers le départ,donné à 18 heures sous un ciel hasardeux.Il y a deux ans, sous cette même banderole, sans le prévenir, l ’organisation avaitpassé LikeA Mountain, un titre de Birdpen.Premières foulées émues. Souvenir inoubliable, mais « une énorme pression pourterminer la course, maintenant que tout temonde m'avait démasqué, impossibled'abandonner ! »

Samedi 31 aoûtLa nuit a été longue. Trop. Au refugeElisabetta, à 2195 mètres d'altitude, onattend Dave depuis 3 heures du matin,calés que nous étions sur son optimisteplan de course. Nous avons eu le tempsde voir défiler des trains sans fin de frontales, d'admirer les glaciers de L'Estel-lette, de la Lex Blanche et du Petit MontBlanc rosir sous le soleil levant, de noustourner de l ’autre côté pour voir se dessiner le Grand Combin, de boire troisdoubles expressos servis avec jovialitépar le gardien italien. À 8 h47, alors que

nos yeux s'abîment à la recherche d'unmaillot blanc et d'une casquette noire surle sentier que la pluie a rendu glissant,les voici qui pointent entre les rochersgris. Quelques minutes plus tard, Mike etLee arrivent au ravitaillement du lac

Combal, kilomètre 65, après une heurede marche, tandis que leur pote, les traitstirés, assis sur un banc, la tête basse,dévore un petit sandwich saucisson-fromage et sirote une soupe. Il ne sesouvient plus être passé par là il y a deuxans. « C'était long toutes ces descentes,mes cuisses souffrent... »

À mi-course, toujours les mêmes

odeurs - pasta, camphre et sueur - dansle centre sportif de Courmayeur. Il est12(143 et le coureur qui a réclamé unOrangina aura droit à un Fanta orange. « Ilfait trop chaud pour un Anglais aujourd'hui »plaisante-t-il en s'affaissant sur la table.Et cet orteil dont le bout tape dans lachaussure, c'est l'enfer. Pour détendrel'atmosphère, Mike tend son smartphoneà Dave : dessus, son père boit une bière àsa santé. Son fils a beau avoir médité,répété ses mantras, parlé à son corps qui,après les 50 premiers kilomètres, lesupplie d'arrêter le massacre, rien n'y fait.

David Penney, dossard 303, ne fait quecourir après le temps. Il ne reste plusqu'une demi-heure avant la fin de labarrière horaire, mais au lieu du vent depanique qui se joue dans les autreséquipes, nous avons droit à une démonstration de flegme britannique. Daveclopine aux toilettes et ses amis nesemblent pas s'en inquiéter. Devant nostrépignements, Mike finit par aller le chercher. Deux minutes plus tard, c'en était finide la course. En partant, le coureur dit

trouver quand même étrange de s'êtreentraîné plus que jamais et de passeravec plus de 2 h 30 de retard sur sestemps de 2017.

Il est 18 h15 à Arnouvaz, kilomètre 95.Le temps limite à ce check-point vientd'être dépassé. Il y a une heure de cela,

Dave envoyait à ses amis un messageinquiétant entre les refuges Bertone etBonatti. Il ne savait pas s'il pourrait finir.L ’orage tonne, la radio vient de passerHighway to Hell, on ne saurait mieux dire.Mike et Lee sont dépités. L'UTMB de Daveest terminé.

Retour à Chamonix. Après chaquecourse, le même appétit post-cuite. «J'aiune faim de junk food, de Big Mac, de pizzas,arrosés de Dr Pepper. » C'est dire si le platau fromage fondu tardif servi dans unmauvais restaurant, couronné deplusieurs bières, le comble totalement. Ensortant, le demi-UTMB le fait boiter dansla rue Vallot, comme ces centainesd'autres démarches d ’exode sur un wagonciterne qui ont envahi la ville. Dave apassé quasi 24 heures sans dormir. C'estle moment tant attendu de l'épuisement,de l'affalement. De l'adieu à une souf

france volontaire, à demi endurée et déjàregrettée. Philosophe encore à l'heure dugrand sommeil. « Toutes les histoires nefinissent pas bien » dit-il. C'est la deuxièmefois que Dave abandonne. « La première,c'était sur blessure. Mais c'est la loi desultras, non ?»

Dimanche 1erseptembreNous retrouvons le trio sur la finish line, àmidi. Après 10 heures de sommeil réparateur, Dave, pas bégueule, applaudit leséclopés, les post-42 heures qui n'en ontplus que 4 pour pouvoir porter le fameuxtee-shirt de finisher qu'il arbore pours'entraîner. Il est content de retourner auxaffaires, guitare et micro. Le prochainalbum de Birdpen est sur les rails et unegrosse tournée européenne d'Archive seprofite. Il est temps de prendre du reculpar rapport à ces mois de préparationchronophage, d'une passion qui lui prend

aussi pas mal d'argent. Une idée lui estvenue ces derniers temps : se tester surun marathon, comme son père jadis, etpasser sous les 3 h 30. « Donner tout ceque j'ai, mais sur un 42 km avec du paysage.Chez moi. à Portsmouth, il y en a un qui

longe la côte en décembre. »Dave sait que ce statut d'ultra-runner

étonne dans un milieu où tout le monde estcensé arborer une peau de junkie. Celal'amuse. « Un jour» a-t-il écrit dans la partierunning de son blog, « je me remettrai aubowling, aux hotdogs et à la bière ! » Mais d'icilà, continuer à se partager entre ses riffs etses runs, l'équilibre sacré. Prouver qu'on abeau être un rockeur, on n'en est pas pourautant un coureur d'opérette. [PO]

I PAGE 1>F.GAUCHE |

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N°106 • OCTOBRE 2019 SPORT&STYLE 105

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[PAGE DE DROITE)

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