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L'ÉVÉNEMENT ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! EMMANUELGALIERO [email protected] ET PAULEGONZALÈS [email protected] DES « DYSFONCTIONNEMENTS ma- jeurs ». Les constats de la commission des lois du Sénat sur l’affaire Benalla sont accablants pour l’Élysée. Certains sénateurs avaient d’ailleurs bien conscience de l’impact de ces critiques, qui risquaient d’être interprétées com- me une déclaration de guerre par la pré- sidence de la République. Mais pour la commission des lois, qui avait choisi la publicité de ses débats, au cours desquels des personnes audi- tionnées auraient menti face caméra, il était impératif de déclencher la procé- dure qui permet de saisir le procureur de la République de Paris pour faux té- moignage. Très vite, le bureau du Sé- nat sera saisi au titre de l’article 6 de l’ordonnance du 17 novembre de 1958 sur le fonctionnement des commis- sions parlementaires. Permis de port d’arme irrégulier, port d’une arme en présence du président de la République, non-respect des règles de déontologie sur les conflits d’inté- rêts, maintien en possession d’un télé- phone crypté et de passeports diploma- tiques, absence d’instructions données à la police de l’air et des frontières, sanctions insuffisantes, justice tenue à l’écart… « Cela fait tout de même beau- coup », a insisté Philippe Bas, après avoir expliqué que la commission d’en- quête parlementaire, placée sous sa présidence depuis sept mois, avait « réuni suffisamment d’éléments pour es- timer que la sécurité du président de la République a été affectée » et identifier « de nombreuses erreurs ou anomalies et défaillances ». Le sénateur LR de la Manche, ex-se- crétaire général de l’Élysée, a enfoncé le clou en lâchant, au sujet du fonctionne- ment de l’État Les faits constatés le 1 er mai (origine de l’affaire Benalla place Tous droits de reproduction réservés PAYS : France PAGE(S) : 2;3 SURFACE : 64 % PERIODICITE : Quotidien RUBRIQUE : L'événement DIFFUSION : 317225 JOURNALISTE : Emmanuel Galiero 21 février 2019 - N°nc

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L'ÉVÉNEMENT

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! ! ! ! [email protected] PAULEGONZALÈ[email protected]

DES « DYSFONCTIONNEMENTS ma-jeurs ». Les constats de la commissiondes lois du Sénat sur l’affaire Benallasont accablants pour l’Élysée. Certainssénateurs avaient d’ailleurs bienconscience de l’impact de ces critiques,qui risquaient d’être interprétées com-me une déclaration deguerre par la pré-sidence de la République.

Mais pour la commission des lois, quiavait choisi la publicité de ses débats,au cours desquels des personnes audi-tionnées auraient menti face caméra, ilétait impératif de déclencher la procé-dure qui permet de saisir le procureurde la République de Paris pour faux té-moignage. Très vite, le bureau du Sé-nat sera saisi au titre de l’article 6 del’ordonnance du 17novembre de 1958sur le fonctionnement des commis-sions parlementaires.

Permis de port d’arme irrégulier, port

d’une arme en présence du président dela République, non-respect des règlesde déontologie sur les conflits d’inté-rêts, maintien en possession d’un télé-phone crypté et de passeports diploma-tiques, absence d’instructions donnéesà la police de l’air et des frontières,sanctions insuffisantes, justice tenue àl’écart… « Cela fait tout de même beau-coup », a insisté Philippe Bas, aprèsavoir expliqué que la commission d’en-quête parlementaire, placée sous saprésidence depuis sept mois, avait« réuni suffisamment d’éléments pour es-timer que la sécurité du président de laRépublique a été affectée » et identifier« de nombreuses erreurs ou anomalies etdéfaillances ».

Le sénateur LR de la Manche, ex-se-crétaire général de l’Élysée, a enfoncé leclou en lâchant, au sujet du fonctionne-ment de l’État : « Les faits constatés le1er mai (origine de l’affaire Benalla place

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et Vincent Crase, « constituent des fauxtémoignages ». Lesdeux hommes ont étéplacés en détention provisoire mardi soirpour violation de leur contrôle judiciaire.

Les sujets de ces délits sont d’ailleursprécisés : M. Benalla aurait notammentmenti sur la réalité de sa mission à l’Ély-sée, sur l’utilisation de passeports diplo-matiques et sur son implication dans lanégociation d’un contrat desécurité pri-vée pour le compte d’un oligarque russe.Mais, selon la commission, le poids de lacharge ne se limite pas au duo Benalla-Crase puisque, au-delà des mensongesproférés sous serment, il y a eu égale-ment « un certain nombre d’omissions,d’incohérences et de contradictions ». Lerapport dresse la liste de ces anomaliesqui concernent d’autres « collaborateursdu président de la République», dont lesnoms sont évoqués dans le courrieradressé à Larcher. On retrouve ainsi Pa-trick Strzoda, directeur de cabinet duchef de l’État, Alexis Kohler, secrétairegénéral de la présidence, et le généralLionel Lavergne, patron du groupe desécurité du président de la République(GSPR). Selon la commission d’enquête,ces trois collaborateurs « ont retenu unepart significative de la vérité… notammentsur le périmètre de la mission de sécuritéexercée par M. Alexandre Benalla». For-mule diplomatique pour pointer unecouverture concertée de la réalité de sesactivités à l’Élysée.

De manière habile, les sénateursconfient ainsi à la justice le soin de dé-terminer lesinvestigations nécessaires àmener. « Nous avons le serment, maisnous n’avons pas la garde à vue», a ex-pliqué le président Philippe Bas, mer-credi, comme une manière de rappelerque la commission d’enquête avait faitson travail de contrôle sans ciller maisdans le strict respect des institutions.Une façon aussi de souligner l’impor-tance du pouvoir parlementaire, quel’on ne peut traiter avec légèreté. Toutautant que l’appareil d’État.

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de la Contrescarpe à Paris, NDLR) appa-raissent maintenant comme la partieémergée d’un iceberg… Les informationsqui sesont accumulées ensuite sont sansdoute plus graves encore que les événe-ments survenus en marge de la Fête dutravail .» En ligne de mire, l’affaire despasseports diplomatiques et celle descontrats russes de sécurité privée quifont actuellement l’objet d’une enquêtedu parquet national financier (PNF).

Philippe Bas et sesdeux rapporteurs,Muriel Jourda, sénatrice LR du Morbi-han, et Jean-Pierre Sueur, sénateur PSdu Loiret, ont déroulé les conclusions deleur enquête avec une précision d’hor-loger. Aux résultats desauditions, ils ontajouté des annexes, expliqué avoir ré-colté plus de 500 documents et surtoutjustifié les raisons pour lesquelles, « enprenant leurs responsabilités », ils sou-haitent que la justice soit saisie. Tout estprécisé dans l’annexe 3 du rapport. Ellecontient la lettre adresséeà Gérard Lar-cher, président du Sénat, en vue d’unesaisine du procureur de la Républiquepar le bureau de la Haute Assemblée. Lecourrier est aussi saléque le rapport.

Les trois sénateurs commencent par yrappeler les conséquences pénales d’un« témoignage mensonger» (cinq ans deprison et 75 000 euros d’amende) avantdesedire « conduits à considérer» que lesdéclarations faites sous serment, devantleur commission, par deux anciens colla-borateurs de l’Élysée, Alexandre Benalla

Nous avons réunisuffisamment d’élémentspour estimer quela sécurité du présidentde la Républiquea été affectéePHILIPPE BAS, PRÉSIDENTDE LA COMMISSIOND’ENQUÊTE SUR L’AFFAIRE BENALLA

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Page 3: PAYS : France RUBRIQUE : L'événement DIFFUSION : SURFACE ... · rapport dresse la liste de cesanomalies qui concernent d’autres «collaborateurs du président de la République»,

Alexandre Benalla lors de sonaudition par les juges d’instruction,mardi, au tribunal de grandeinstance de Paris.GEOFFROYVAN DERHASSELT/AFP

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