5
Presses Universitaires du Mirail La crise du modèle français. Marianne et l'Amérique latine: culture, politique et identité by Denis ROLLAND Review by: Pierre VAYSSIERE Caravelle (1988-), No. 79, PAYSANNERIES LATINO-AMÉRICAINES : MYTHES ET RÉALITÉS: Hommage à Romain Gaignard (Décembre 2002), pp. 291-294 Published by: Presses Universitaires du Mirail Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40854025 . Accessed: 14/06/2014 19:33 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires du Mirail is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Caravelle (1988-). http://www.jstor.org This content downloaded from 195.34.79.223 on Sat, 14 Jun 2014 19:33:36 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

PAYSANNERIES LATINO-AMÉRICAINES : MYTHES ET RÉALITÉS: Hommage à Romain Gaignard || La crise du modèle français. Marianne et l'Amérique latine: culture, politique et identitéby

Embed Size (px)

Citation preview

Presses Universitaires du Mirail

La crise du modèle français. Marianne et l'Amérique latine: culture, politique et identité byDenis ROLLANDReview by: Pierre VAYSSIERECaravelle (1988-), No. 79, PAYSANNERIES LATINO-AMÉRICAINES : MYTHES ET RÉALITÉS:Hommage à Romain Gaignard (Décembre 2002), pp. 291-294Published by: Presses Universitaires du MirailStable URL: http://www.jstor.org/stable/40854025 .

Accessed: 14/06/2014 19:33

Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at .http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp

.JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range ofcontent in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new formsof scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected].

.

Presses Universitaires du Mirail is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access toCaravelle (1988-).

http://www.jstor.org

This content downloaded from 195.34.79.223 on Sat, 14 Jun 2014 19:33:36 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Comptes rendus 29 1

Piestchmann a particulièrement travaillé, depuis sa thèse sur la réforme des Intendances en Nouvelle-Espagne publiée au début des années 70, et qu'il a ensuite continué d'étudier, parallèlement à bien d'autres qui se sont successive- ment imposés à lui tout au long de sa carrière d'enseignant et de chercheur.

Les travaux ont été regroupés en quatre ensembles : I Oficiales coloniales y población indigena ; II Entre Europa y América: normas coloniales e intereses locales ; III Los proyectos del despotismo ilustrado en México ; IV Del sistema colonial al Estado independiente.

Faute de pouvoir citer tour à tour les titres de tous les articles repris dans le volume, on peut rappeler les grands thèmes présents dans ces pages : les relations conflictuelles entre la population indigène et les fonctionnaires coloniaux, alcaldes mayores, corregidores et subdelegados, les problèmes de la bureaucratie et de la corruption dans l'Etat colonial ; les projets protolibéraux à la veille de l'Indépendance, qu'il s'agisse de ceux des fonctionnaires du pouvoir ilustrado ou des groupes plus mêlés et aux intentions plus complexes que l'on retrouve dans les Sociedades Económicas de Amigos del País, questions du discours politique, du poids du passé chez les acteurs du changement, évolutions de concepts essentiels comme individuo, nación, relations entre droit et identité, etc.

Comme le font observer les éditeurs, ces études qui s'étendent sur trois décennies portent de manière évidente la marque des grands débats historiographiques suscités par l'Amérique latine coloniale tout au long de cette période : analyse des structures historiques, polémiques autour des théories de la modernisation et de la dépendance, discussions sur les concepts d'histoire des mentalités, d'ethnohistoire, d'histoire culturelle, pour ne citer que les principaux.

Outre la nouveauté, à l'époque de leur parution, de bien des chantiers ouverts par ces articles, on retrouve dans cette série de travaux les qualités essentielles bien connues de la production de Horst Pietschmann, à savoir une capacité rare à synthétiser, un sens aigu de la théorisation qui ne dessèche jamais le terreau historique dont il se nourrit, en particulier grâce à un appui constant sur une documentation inédite, une connaissance très à jour des grands débats historiographiques et la volonté de les appliquer au cas latino-américain, une liberté de pensée que n'impressionnent guère les modes et les faux semblants.

On ne peut que saluer cette heureuse initiative des élèves de Horst Pietschmann, et souhaiter aussi que celui-ci réunisse de la même façon en volumes les autres aspects essentiels de sa production, notamment ceux qui concernent la péninsule ibérique.

Bernard LAVALLÉ Université de Paris III

Denis ROLLAND.- La crise du modèle français. Marianne et l'Amérique latine : culture, politique et identité.- Rennes, Presses Universitaires, 2000.- 463 p.

Dans sa démarche, l'auteur affiche un double objectif. Il s'agit, dans un premier temps, de réfléchir à la notion de modèle culturel, et qui plus est d'un modèle « étranger », sans pour autant tomber dans une théorisation excessive. Il s'agit, ensuite, de réaliser une étude historique sur un thème original, et peu abordé jusqu'ici dans l'historiographie latino-américaine : le pourquoi et le

This content downloaded from 195.34.79.223 on Sat, 14 Jun 2014 19:33:36 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

292 CM.H.LB. Caravelle

comment du déclin de l'influence culturelle de la France en Amérique latine tout au long de la première moitié du XXe siècle.

Bien que l'étude de la création et du développement du fameux « modèle français » ne figure pas parmi les objectifs premiers de cette recherche, Denis Rolland rappelle la permanence du mimétisme politique et culturel des républiques « latines » tout au long du XIXe siècle, depuis le temps des révolutions d'indépendance jusqu'à la période positiviste de la fin du XIXe siècle : au niveau des discours (plus que des pratiques), la France jouait un rôle de réfèrent majeur dans l'oligarchie aussi bien que chez les élites intellectuelles. Comme s'il avait existé une « communauté latine » opposée au monde anglo- saxon impérialiste et dont la France aurait été, en quelque sorte, le leader. C'est le poète Rubén Darío (mort en 1916) qui invente le concept de « gallicisme mental ». La France apparaît alors comme un dénominateur commun en politique et dans la culture. Son image est associée à l'idée de progrès et de civilisation, dans la lignée d'Athènes et de Rome. Puissance culturelle et civilisatrice, notre pays aurait offert au monde (latin) l'une des formes les plus achevées de la démocratie libérale. Cette idéalisation de notre histoire et de nos « valeurs » peut surprendre en ces temps de doute, mais elle fonctionnait pleinement au XIXe siècle auprès des élites qui avaient souvent le sentiment de vivre dans la « périphérie » de la civilisation, et dont les admirateurs les plus mimétiques n'hésitaient pas à vanter les valeurs « universelles » françaises. En aucun cas, ces professions de foi stéréotypées n'atteignaient le bas peuple, maintenu dans l'ignorance et l'exploitation. Paradoxe d'autant plus choquant qu'il s'agissait de valeurs humanistes héritées des Lumières et de la révolution française : la liberté, l'égalité, la dénonciation des dictatures, dans des pays, hélas, largement maintenus dans la soumission et l'ignorance par des oligarchies créoles héritières de structures coloniales ou par des caudillos « barbares », mais souvent adulés...

A propos de la théorisation du « modèle », Denis Rolland nous laisse un peu sur notre faim. Sur quelle « réalité objective », en effet, ce concept prend-il appui ? Sûrement pas sur l'immigration française, qui est toujours restée faible et qui se tarit dès la fin du XIXe siècle. Sûrement pas, non plus, sur le pouvoir économique : celui de la Grande Bretagne est beaucoup plus puissant, sans pour autant déboucher sur une forte présence culturelle, et celui de la France n'est que de type financier (toujours la manie des emprunts. . .). Alors, on en reste encore à se demander si véritablement l'adhésion au modèle français, Y afrancesamiento> ne reposait pas, en fin de compte, sur la croyance, cette force de conviction bien plus puissante que la raison. . . et qui assimilait les droits de l'homme hérités de la révolution de 1789 à des idéaux perçus comme universels... Cette hypothèse n'est que partiellement suggérée par l'auteur qui n'analyse pas suffisamment - à notre goût - les écarts, rapidement signalés par lui, entre les concepts de « modèle », d'«image », de « représentations » et de « rhétorique ». De même, on était en droit d'attendre quelques éclaircissements sur le subtil distinguo proposé par Denis Rolland entre ce qu'il appelle un modèle « idéal » (au sens wébérien ?), et la « perception » comme modèle d'identification ( ?), (p. 378).

Sur les raisons du déclin français, Denis Rolland invoque plusieurs facteurs, tout en nous proposant une chronologie souple « autour » des deux guerres mondiales qui semblent jouer (mais cela n'est que suggéré, pas démontré) un rôle d'accélérateur du déclin français. Sans qu'on puisse hiérarchiser les facteurs

This content downloaded from 195.34.79.223 on Sat, 14 Jun 2014 19:33:36 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Comptes rendus 293

(le plan de l'auteur est assez subtil pour éviter le sur-déterminisme), on invoquera, plus que le recul des élites oligarchiques, la concurrence d'autres modèles extérieurs : l'allemand dans sa composante scientifique, technique et matérielle, l'italien dans sa variante fascisante et dans son dynamisme migratoire, le soviétique, qui est à la fois artistique et politique, et surtout le modèle nord- américain, scientifique et démocratique, modernisant par son « american way of life ». Mais les Français des années trente ont encore l'arrogance de penser que la « culture » française est de loin supérieure à la « civilisation » nord-américaine, perçue comme non raffinée, voire vulgaire . . .

Ce déclin de la référence au modèle « galliciste » se justifie sans doute aussi, mais là encore sans que la causalité soit directement établie par l'auteur, par le déclin « objectif» de la puissance française. Certes, en 1918, la France est encore forte politiquement et militairement, mais un décalage semble s'opérer entre l'adhésion culturelle (encore largement perceptible à travers la présence française dans l'enseignement des élites) et une critique de plus en plus forte du parlementarisme français, de son instabilité, de ses impuissances, de ses scandales. Des écrivains comme André Siegfried ou Jules Romains ont d'ailleurs parfaitement conscience de ce déclin, français mais aussi européen. Curieusement, la tourmente de 1940 et le régime de Vichy ne semblent pas avoir contribué à accélérer le recul français : rares sont les Etats latino-américains (le Paraguay, la République dominicaine) à se montrer favorables au régime anti- républicain de Vichy qui, pour le reste du continent, symbolise une France- repoussoir, alors que la défaite semble être le produit d'une simple conjoncture militaire malheureuse. A l'opposé, la France libre s'inscrit dans les referents « éternels » du modèle français : liberté, lutte contre les tyrannies... Par ailleurs, et alors que le modèle nord-américain monte en puissance dès 1940, la France continue d'être perçue comme une référence affective, et en même temps comme un contrepoids commode face au géant du Nord. Au fond, Vichy n'aurait été qu'un « accident de conjoncture ».

Et après 1945, si le modèle semble s'épuiser face à la montée des classes moyennes latino-américaines, « le discours [français] se maintient globalement haut » (p. 339) dans l'euphorie de l'après-guerre, de part et d'autre de l'Atlantique. Les autorités françaises font même preuve d'un certain dynamisme, dans le souci d'un « redéploiement » de la présence culturelle française, que ce soit dans l'enseignement, le théâtre ou les arts plastiques, comme si c'était un moyen de compenser le déclin politique et économique. Mais cette euphorie s'épuisera vite sous le poids des contraintes budgétaires de la reconstruction de la France, et il faut attendre le voyage du général De Gaulle, en 1965, pour manifester à nouveau de vastes ambitions, mais les marges de manœuvre sont étroites et les retombées du discours de Mexico se limiteront à quelques postes de coopération technique.

Les conclusions de l'auteur, égrenées tout au long du livre, se veulent modérément pessimistes : il semble bien que les Français ont cru pendant longtemps à la réalité de leur modèle, comme étant le produit de leur « génie latin », même si cette croyance s'est souvent révélée n'être, selon l'opinion de Pascal Ory, qu'un « pur fantasme de supériorité ». Ce mythe de la supériorité intellectuelle de la France s'est souvent greffé sur une réelle ignorance, teintée parfois de mépris, des Français face à la richesse des cultures latino-américaines - d'où les innombrables stéréotypes, de Meilhac/Offenbach à Hergé, qui était

This content downloaded from 195.34.79.223 on Sat, 14 Jun 2014 19:33:36 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

294 CM.H.LB. Caravelle

belge, mais de culture française... Depuis 1918, la France n'est plus perçue que comme un conservatoire culturel, « un pays de culture non active », tourné vers le passé et la culture classique, en aucun cas « universaliste».

Dans cet ouvrage riche de réflexions sur les échanges culturels, que l'auteur présente d'ailleurs comme un essai plus que comme une thèse d'histoire, le lecteur adhère globalement tant à la pertinence d'une périodisation souple qu'à la justesse des analyses des facteurs qui déstructurent le modèle, même si, encore une fois, le concept même de « modèle culturel importé » n'est pas totalement élucidé à la fin de l'ouvrage. Au plan formel, le lecteur appréciera la richesse de l'appareil scientifique, et tout particulièrement les nombreuses références au fonds d'archives du ministère français des affaires étrangères, qui constitue, et de loin, la source la plus souvent citée. Dans un louable souci de clarté pédago- gique, Denis Rolland a étoffé ses analyses par de nombreux tableaux synoptiques qui éclairent d'un coup d'œil tel développement ou tel chapitre, au point parfois de faire double emploi avec son propre récit. Si l'on peut exprimer une réserve, on regrettera la répartition inégale de la matière traitée selon les parties et selon les chapitres : à notre avis, la quatrième partie constitue une pièce rapportée, qui eût mieux étoffé la conclusion. Quant aux volumes des chapitres, ils pèchent par de réelles disproportions : dans la Seconde partie, le chapitre 2 ne comporte que deux pages, alors que le chapitre 4 s'étale sur 41 pages ; un tel déséquilibre n'est pas seulement formel ; il traduit soit une inégalité dans la réflexion sur les thèmes abordés, soit une faiblesse dans l'économie interne de la thèse.

Mais ces réserves n'entament en rien la validité de cette recherche, originale autant que courageuse : bien que l'auteur se défende de vouloir jouer les Cassandre sur l'avenir de notre « exception culturelle » - mais cette formulation n'est jamais utilisée dans l'ouvrage -, il ose aborder, même avec prudence, la triste réalité de notre déclin culturel en Amérique latine.

Pierre VAYSSIERE Université de Toulouse-Le Mirail

Jean-Claude ROUX.- La Bolivie orientale. Confins inexplorés, battues aux Indiens et économie de pillage, 1825-1992.- Paris, L'Harmattan, 2000.- 317 p.

Avec cet ouvrage relatif à la Bolivie orientale J. C. Roux s inscrit dans le droit fil de son étude précédente sur l'Amazonie péruvienne. Il y approfondit sa réflexion sur les espaces amazoniens qui, à la suite du partage de 1493 entre l'Espagne et le Portugal, furent placés sous l'autorité de l'ancien empire espagnol des Indes. Au cœur de cette étude se trouve une réflexion sur l'évolution pluriséculaire des orients boliviens appréhendés en termes spatiaux. C'est donc délibérément dans une perspective de géographie historique que se situe l'analyse proposée. De fait, ce choix détermine la construction de l'ouvrage et la démarche suivie par son auteur. Chacun des grands thèmes autour desquels s'articule l'étude est en effet systématiquement développé selon une démarche diachronique, l'auteur n'hésitant pas à remonter parfois très loin le fil du temps, allant même jusqu'à rappeler à l'occasion les grandes étapes de l'empire de Tihuanaco.

L'espace qui est ici l'objet de l'étude s'étend depuis les piémonts andins de la Bolivie jusqu'aux frontières du Brésil, du Paraguay et de l'Argentine. En d'autres termes, l'espace analysé correspond à ce que le géographe appellerait la Haute

This content downloaded from 195.34.79.223 on Sat, 14 Jun 2014 19:33:36 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions