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Janvier 2016 — n°25 Agriculteurs Français et Développement International Les Savoir-Faire de l'AFDI L'AFDI, réseau d'agriculteurs et d'acteurs du milieu rural dans toute la France, vient de fêter avec ses partenaires ses 40 ans d'activités et d'accompagnement d'organisations paysannes dans les pays du Sud : l'occasion de se projeter dans la prochaine décennie dans un contexte où les pays en développe- ment connaissent de grandes évolutions démographiques, économiques, sociales et écologiques impac- tant l'agriculture mondiale et la sécurité alimentaire. Pour les années à venir, l'évolution des chiffres de la population mondiale, particulièrement en Afrique, est inouie. En 2035, 20 des 30 plus grandes métropoles seront en Afrique et les populations urbaines dépasseront pour la première fois les populations rurales. C'est dire l'enjeu que représentent l'agriculture, sa capacité à nourrir, à approvisionner les villes et à préserver les ressources naturelles. De fait, les paysans, agriculteurs et producteurs, se trouvent au centre de cette problématique qui n’a pas de frontières. Elle est vraie en France comme ailleurs. L'heure n'est plus au Nord qui donnerait des le- çons et au Sud qui attendrait des moyens mais à construire un avenir en commun qui commence par rencontres et dialogues entre agriculteurs de tous horizons. Nous ne sommes pas que des concurrents et nous devons prendre conscience de devoir nous organiser sur des valeurs communes comme un minimum d'autonomie alimentaire territoriale pour arriver, certes, à nourrir le monde mais aussi à vivre d'un revenu décent. Le défi est énorme... mais force est de reconnaître qu'en Afrique on observe aujourd'hui des tendances de fond sur la durée qui mettent en évidence des organisations paysannes de plus en plus actives et re- connues, un entreprenariat de la population féminine plus nette, des urbains très investis, en particulier contre l'accaparement des terres, et de nouvelles technologies de plus en plus présentes mais toujours des régimes politiques pas assez concernés par le devenir de leur propre population agricole. A la faveur du travail de terrain effectué depuis longtemps, l'AFDI se trouve, aujourd'hui, bien ancrée dans un certain nombre de pays africains et reconnue par les organisations agricoles et les autorités de ces pays. En préalable de la définition de ses caps pour les 10 ans à venir, l'AFDI rappelle ses choix historiques que sont l'agriculture familiale, l'accompagnement des organisations paysannes et les échanges entre paysans et entre organisations du Nord et du Sud, avec la formation comme levier du développement. L'AFDI se projette dans le rôle de passerelle économique du fait de sa connaissance du terrain et de ses acteurs, capable de proposer aux OPA françaises des partenariats économiques avec des organisations agricoles locales dans de bonnes conditions. L'AFDI veut se positionner aussi comme passerelle politique, facilitatrice de positions partagées entre organisations agricoles et facilitatrice de coopérations entre responsables politiques territoriaux. L'AFDI va poursuivre son accompagnement des OP dans les domaines du développement de leurs ser- vices et de leur bonne gouvernance et continuera à sensibiliser le monde agricole et rural du Nord à la situation des agriculteurs du Sud. En définissant ces orientations, l'AFDI veut apporter sa pierre à la construction d'une agriculture fran- çaise capable de respecter les conditions de vie des agriculteurs familiaux les plus défavorisés en met- tant en avant et en pratiquant l'échange entre les mondes professionnels. Françoise Louarn, Présidente d’Afdi Bretagne Edito La revue d’information d’AFDI Bretagne Paysans du monde

Paysans du monde - Synagri.com€¦ · dagascar, les OP sont très engagées dans les réflexions de commercialisation groupée. C’est un véritable enjeu de développement local

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Les Savoir-Faire de l'AFDI

L'AFDI, réseau d'agriculteurs et d'acteurs du milieu rural dans toute la France, vient de fêter avec ses partenaires ses 40 ans d'activités et d'accompagnement d'organisations paysannes dans les pays du Sud : l'occasion de se projeter dans la prochaine décennie dans un contexte où les pays en développe-ment connaissent de grandes évolutions démographiques, économiques, sociales et écologiques impac-tant l'agriculture mondiale et la sécurité alimentaire.

Pour les années à venir, l'évolution des chiffres de la population mondiale, particulièrement en Afrique, est inouie. En 2035, 20 des 30 plus grandes métropoles seront en Afrique et les populations urbaines dépasseront pour la première fois les populations rurales. C'est dire l'enjeu que représentent l'agriculture, sa capacité à nourrir, à approvisionner les villes et à préserver les ressources naturelles.

De fait, les paysans, agriculteurs et producteurs, se trouvent au centre de cette problématique qui n’a pas de frontières. Elle est vraie en France comme ailleurs. L'heure n'est plus au Nord qui donnerait des le-çons et au Sud qui attendrait des moyens mais à construire un avenir en commun qui commence par rencontres et dialogues entre agriculteurs de tous horizons.

Nous ne sommes pas que des concurrents et nous devons prendre conscience de devoir nous organiser sur des valeurs communes comme un minimum d'autonomie alimentaire territoriale pour arriver, certes, à nourrir le monde mais aussi à vivre d'un revenu décent.

Le défi est énorme... mais force est de reconnaître qu'en Afrique on observe aujourd'hui des tendances de fond sur la durée qui mettent en évidence des organisations paysannes de plus en plus actives et re-connues, un entreprenariat de la population féminine plus nette, des urbains très investis, en particulier contre l'accaparement des terres, et de nouvelles technologies de plus en plus présentes mais toujours des régimes politiques pas assez concernés par le devenir de leur propre population agricole.

A la faveur du travail de terrain effectué depuis longtemps, l'AFDI se trouve, aujourd'hui, bien ancrée dans un certain nombre de pays africains et reconnue par les organisations agricoles et les autorités de ces pays.

En préalable de la définition de ses caps pour les 10 ans à venir, l'AFDI rappelle ses choix historiques que sont l'agriculture familiale, l'accompagnement des organisations paysannes et les échanges entre paysans et entre organisations du Nord et du Sud, avec la formation comme levier du développement.

L'AFDI se projette dans le rôle de passerelle économique du fait de sa connaissance du terrain et de ses acteurs, capable de proposer aux OPA françaises des partenariats économiques avec des organisations agricoles locales dans de bonnes conditions.

L'AFDI veut se positionner aussi comme passerelle politique, facilitatrice de positions partagées entre organisations agricoles et facilitatrice de coopérations entre responsables politiques territoriaux.

L'AFDI va poursuivre son accompagnement des OP dans les domaines du développement de leurs ser-vices et de leur bonne gouvernance et continuera à sensibiliser le monde agricole et rural du Nord à la situation des agriculteurs du Sud.

En définissant ces orientations, l'AFDI veut apporter sa pierre à la construction d'une agriculture fran-çaise capable de respecter les conditions de vie des agriculteurs familiaux les plus défavorisés en met-tant en avant et en pratiquant l'échange entre les mondes professionnels.

Françoise Louarn, Présidente d’Afdi Bretagne

Edito

La revue d’information d’AFDI Bretagne

Paysans du monde

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2 EN BRETAGNE

L'innovation agricole face au changement climatique :

Regards croisés d'agriculteurs maliens et bretons

Le SPACE a été l'occasion pour l'AFDI Bretagne d'organiser une conférence sur les retours d'expériences des agriculteurs face à l'évolution du climat, au travers de regards croisés d'agriculteurs maliens et bretons (ci-contre).

Le rythme des saisons est différent, les moyens et les conditions techniques aussi mais la démarche et la volonté restent les mêmes d'un continent à l'autre. Il faut rentabiliser et optimiser son exploitation et pour cela trouver des solutions et, donc, ne pas avoir peur d'innover.

Au Mali, Lassiné Sorokouma, agriculteur-formateur et responsable à l'AOPP de Ségou, expérimente le zaï, technique pour économiser l'eau et intensifier ses productions de céréales, de légumes ou sa pépi-nière. Safiatou Traoré, animatrice du réseau régional CEF (conseil à l'exploitation agricole) de l'AOPP, forme les paysans à la gestion prévisionnelle de leurs cultures, mais en groupe. Tout comme Cécile Plan-chais, éleveuse de vaches laitières et adhérente du GEDA de Chateaugiron, qui explique comment dans son groupe d'agricultrices et d'agriculteurs sont partagées les différentes expériences d'amélioration des techniques d'économie d'eau ou de gestion des stocks alimentaires pour le cheptel. Jean-Hervé Caugant, producteur de lait dans le Finistère et président d’Innov-Action Bretagne, a rappelé que, face aux con-traintes qu'elles soient conjoncturelles, climatiques ou d'organisation du travail, la force du groupe et l'échange ont toujours fait progresser la profession agricole.

Au terme de cette table-ronde, l'assemblée, qui était nombreuse, s'est sentie portée vers le haut et en-thousiasmée par l'ingéniosité et la capacité d'adaptation de chacun.

Lassiné et Safiatou ont continué leur séjour en Bretagne dans les familles d'agriculteurs adhérentes à l'AFDI Bretagne. Ce fut aussi pour eux l'occasion de rencontrer des responsables d'organisations agri-coles, en particulier les Jeunes Agriculteurs de l'Ille-et-Vilaine avec lesquels ils ont pu échanger longue-ment sur leurs conditions réciproques d'installation et de garanties de terre à cultiver.

Leur mission en France a coïncidé avec celle de responsables nationaux des Maisons Familiales Rurales du Mali auprès des MFR bretonnes. Une école est d'ailleurs en construction dans la région de Ségou et d'autres suivront. Les discussions lors de cette rencontre ont permis d'initier une entente entre les respon-sables des MFR maliennes et ceux de l'AOPP, afin de mettre en place une formation de maîtres de stage susceptibles de recevoir des élèves de la MFR locale.

La présence des partenaires de l’Union Matanjaka lors de l’assemblée générale, tenue en juin dernier à la CCI de Morlaix, a été l’occasion d’échanger sur l’apport du collectif dans le développement agricole. A Ma-dagascar, les OP sont très engagées dans les réflexions de commercialisation groupée. C’est un véritable enjeu de développement local.

Ce que l’on retiendra de ces échanges : « En agriculture tout est possible quand on sait être optimiste ». Le collectif et la formation sont des réponses au poids des traditions. Un collectif fort sera en mesure de permettre une prise de conscience du rôle de l'agriculture par les acteurs poli-tiques.

AG 2015 de Morlaix : le collectif mis en avant

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RÉSEAU AFDI 3

Congrès AFDI : Les agriculteurs de cinq continents

réfléchissent ensemble

Les 16 et 17 novembre derniers, les agriculteurs de l'AFDI, dont une délégation importante d'AFDI Bretagne et des JA bretons, se sont réunis en congr ès à Paris avec leurs collègues des pays par-tenaires pour fêter les 40 ans de l'association.

Cela a été, aussi, l'occasion pour l'AFDI de se pos itionner dans le cadre des enjeux de la COP21 mais aussi aux JA français de réaffirmer leurs orie ntations nationales vis à vis des JA d'autres continents.

La première journée a été consacrée aux 40 ans d’AFDI. Les ambitions du réseau résultant de la ré-flexion prospective menée au sein d’AFDI en concertation avec les organisations agricoles françaises, ont été présentées. Le rapport d'orientation « AFDI 2025 » doit permettre d'échanger sur ce que sera le développement agricole d'ici une décennie.

Lors de la seconde journée, AFDI et AgriCord (réseau international d'agri-agences) ont organisé la « Conférence Climat des agriculteurs ». A 15 jours du lancement de la COP21, trois tables-rondes - « Les sols, cause et solution au changement climatique » , « L'eau, ressource clé de la sécurité alimen-taire » et « Quelle révolution agricole face au changement climatique ? » - ont permis à de nombreuses organisations agricoles des cinq continents d'échanger sur le lien entre défi alimentaire mondial et chan-gement climatique.

À l’issue de ces conférences, les représentants d’organisations professionnelles agricoles des cinq conti-nents ont signé une Déclaration commune pour demander à la communauté internationale d’agir pour limiter la hausse des températures à 2°C d’ici 2100. Le défi majeur posé par cette déclaration est d’at-teindre un double objectif : au premier objectif énoncé s’ajoute celui d’assurer la sécurité alimentaire des 11 milliards d’habitant présents en 2100.

Cette Déclaration ouvre des voies concrètes pour répondre au défi alimentaire mondial et incite les politiques publiques à soutenir les me-sures d’adaptation dans le secteur agricole. Ces mesures doivent être considérées comme une priorité absolue lors des négociations de la COP 21.

Cette déclaration est accessible ici :

http://www.afdi-opa.org/fr/uploads/file/cfce-climat-des-agriculteurs-afdi-agricord-

declarations-finales.pdf Délégation de Bretagne

AGENDA 2016 ∗ Prochains conseils d’administration les 22 février et 19 avril ∗ Prochains groupes pays : Madagascar le 21 janvier et Mali le 12 février ∗ Terralies les 27, 28 et 29 mai ∗ Assemblée Générale le 2 juin 2016 dans les Côtes d’Armor ∗ Voyages découverte à Madagascar, en juin et septembre ∗ Table-ronde au Space en septembre ∗ Missions et accueils des partenaires malgaches et m aliens, tout au long de l’année

Paysans du Monde n°25 / Janvier 2016

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PARTENAIRES À MADAGASCAR 4

« Je me suis rendu du 8 au 20 juin 2015 à Madagascar, accompagné de Loïc Cheval, responsable du partenariat à Diégo Suarez. L'objectif de cette mission était d'évaluer les bénéfices de l'accompagnement de l'AFDI auprès du réseau d'agriculteurs de l'Union Matanjaka. Quant à moi plus particulièrement, je devais échanger avec les jeunes sur leurs conditions de vie mais surtout les inciter à prendre leur avenir en main.

Une notion d'organisation collective encore floue Le groupement de producteurs les aide réellement d'un point de vue technique. La pré-sence de deux techniciens permet aux adhérents des gains de rendement importants par la maîtrise de l'irrigation, par la sélection variétale ainsi que par un suivi régulier de l'itinéraire cultural. Les paysans ne s'y trompent pas et sont donc très demandeurs de conseils. Une jeunesse timorée Etre agriculteur n'est pas considéré comme un métier, et les jeunes veulent plutôt sortir de la campagne pour aller travailler en ville. Celui qui reste sur la ferme est celui qui n'est pas doué pour les études. Bien qu'étant nombreux, les jeunes ne s'affirment pas et laissent le soin aux plus vieux de gérer les affaires. Le respect des anciens est très important. Mais il est nécessaire de dégager des futurs leaders parmi les jeunes, qui soient capables de fédérer autour d'eux, afin de faire évoluer les mentalités conservatrices. Au cours de ma mis-sion, j'ai pu remarquer que quelques jeunes en sont capables. Il faut donc les aider à se structurer un peu comme notre réseau JA. Cela favoriserait des rencontres afin qu'ils puissent échanger et donc créer un mouve-ment de fond.

A mon avis, l'axe de progrès qui doit être mis en avant est bien évidement la formation agricole, quasi-inéxistante. Elle permettrait de faire reconnaître le métier d'agriculteur, de donner aux jeunes les connaissances du progrès et ain-si éviter de tout apprendre de leurs parents. Pour conclure, Madagascar est un pays plein de richesses mais faut-il encore la capter. L'Union Matanjaka est un pre-mier pas bénéfique à ses adhérents. Il faut maintenant donner les rênes aux jeunes désireux de progrès, en les structurant, en les formant pour qu'ils soient capables d'améliorer leurs conditions et donc de crédibiliser le métier d'agriculteur. L'Etat est quand même responsable par son inaction (statut du fermage, état des routes...) et n'insuffle pas la transformation de l'agriculture. Les paysans devront donc s'en sortir par eux-mêmes et par le soutien d'organi-sation comme l'AFDI. »

Sébastien Louzaouen, président des JA du Finistère Parmi les soutiens financiers pour ces actions, Agricord et l’AFD.

Échanges entre Jeunes à Diego Suarez Mission de Sébastien Louzaouen

AFDI apporte son expertise auprès de collectivités bretonnes qui s'engagent dans la solidarité interna tionale

L’EPCI Saint Méen Montauban a entamé une coopération décentrali-sée à Madagascar, avec la com-mune de Bemahatazana, sur le même modèle que celle engagée par la Communauté de Communes (CC) Paimpol Goëlo.

Au mois de septembre une mission conjointe AFDI Bretagne, CC Paim-pol Goëlo et Saint Méen Montauban

a été réalisée à Tsiroanomandidy, à Madagascar . Ce déplacement a permis de cons-tater les avancées ainsi que les réa-lisations durant la première conven-tion de la communauté des costar-moricains et ainsi de bénéficier de leur expérience. La convention avec la commune d’Ambararatabé a d’ail-leurs été renouvelée.

Le projet brétillien, sur 5 années comporte deux volets d'actions :

Le premier est agricole visant à ren-forcer les actions de l'APDIP, tant sur le plan technique, que de l'ani-mation des groupes de base. Cela va permettre à cette organisation professionnelle de renforcer sa re-connaissance dans la région Bongo-lava.

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La saison des pluies et des ouragans a été très difficile cette année à Madagascar donnant lieu à des inondations et des destructions. La zone de Tsiroanomandidy n'y a pas échappé. Ainsi, le toit du bâtiment de l'APDIP fut endommagé et sa réparation coûteuse. Malgré cela, l’organisation professionnelle APDIP s'est confortée pour plu-sieurs raisons.

Les agriculteurs de l'APDIP avec leurs techniciens, ont continué à faire progresser leurs 5 filières : riz, oignon, haricot avec les semences certifiées, pisciculture, élevage de poulets, avec la vaccination.

La vulgarisation de la production de semences certifiées par le technicien Jeannot Hia-no est une réussite, grâce au financement de la Communauté de Communes bretonne de Paimpol Goëlo dans le cadre de sa coopération décentralisée.

De même, la Communauté de Communes de Saint Méen Montauban s'est, elle aussi, engagée dans une coo-pération décentralisée avec l'APDIP en participant au financement du nouveau technicien environnement, Si-mon Ratsimbazafy. Ce technicien a entrepris de vulgariser et d'encourager la plantation d'arbres avec le suivi des pépinières. Les feux de brousse restent toujours une calamité dans les collines malgaches.

Depuis un an déjà, le programme Mampitasoa pour l'installation des jeunes agriculteurs prend forme. Ce pro-gramme, financé par le gouvernement malgache et l'Union Européenne, est mis en oeuvre dans le pays par le Réseau syndical SOA et par l'AFDI à la demande de l’État. Pour l'instant, 3 zones sont en expérimentation dont la zone de Tsiroanomandidy. Le technicien Ely a pris cela en main et aidé une trentaine de jeunes à définir leur projet d'installation. Cela ne s'était encore jamais fait, les jeunes reproduisant obligatoirement les pratiques de leurs parents. C'est donc une première et une prise de conscience de ces jeunes du rôle qu'ils peuvent tenir à l'avenir dans l'amélioration de leur profession.

Un autre fait marquant est, également, à souligner. C'est la création d'un groupement féminin à l'intérieur de l'APDIP. La place des femmes est reconnue dans le milieu malgache mais leurs centres d'intérêt sont, comme chez nous, spécifiques. Elles ont voulu se réunir pour se perfectionner en puériculture, alimentation, transfor-mation et conservation de leurs produits. Leur intention est de devenir autonome financièrement au sein de leur foyer et de préparer une meilleure alimentation familiale. Ce programme a pu être mené grâce aux bénéfices des voyages-découverte organisés par l'AFDI, l'aide financière de la Ville de Quimper et le programme Keizen.

Françoise Louarn et Simone Randriamaromanana, RAF de l’APDIP

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Parmi les soutiens financiers la Coopérative Even, les CC Paimpol Goëlo et Saint Méen Montauban, Rennes Métropole, l’AFD

L’APDIP fortifie ses filières et met en piste les jeunes agriculteurs et les femmes

Jean-Baptiste Ralaihosy, un des piliers de l'APDIP est décédé récemment. Il était membre de l'APDIP depuis sa création, et a participé aux activités de formation menées dans cette région du Moyen-Ouest de Madagascar en 1992 avec les premiers Volontaires du Progrès. Passionné par le développement de l'agriculture, la recherche et l'utilisation de nouvelles tech-niques, la formation des jeunes, il accueillait en stage, des élèves d'écoles d'agriculture, de MFR... Il était l’un des paysans formateurs de l'APDIP en riziculture, pisciculture et semences sélectionnées de haricot.

Au Conseil d'Administration de l'APDIP, il était élu dans le collège des « Sages », ce qui le qualifiait très bien. C'était un homme de confiance. L'AFDI Bretagne a aussi perdu un ami.

Paysans du Monde n°25 / Janvier 2016

Le second est communal, il vise au renforcement des capacités de la commune de Bemahatazana par la création d'un poste d'animateur. Il accompagne et mobilise les élus.

La volonté de la CC de Saint Méen Montauban de s'impliquer dans la coopération internationale vise à apporter aux habitants de son terri-toire une meilleure ouverture à l'international, une appréhension de

cultures différentes, une réflexion aux moyens de vie respectifs par la connaissance réciproque.

Cette démarche de solidarité inter-nationale d'élus bretons en cette période de restriction budgétaire, de flux migratoire sur notre continent, d'appel au repli sur soi de certains politiques, mérite d'être mise en avant et est un bel encouragement à la poursuite des actions de l'AFDI.

Joseph Després, Trésorier Afdi

Signature de la convention le 4 sept. 15

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AU MALI 6

L’AOPP, les MFR, l’AFDI : le tiercé gagnant

L’action en milieu rural dans les pays du Sud, qui place l’agriculture familiale et l’échange paysans au centre de sa stratégie du développement, caractérise l’AFDI.

Ce qui caractérise les MFR : la formation des jeunes de milieu rural en alternance pour mieux accéder aux métiers, en y associant les familles.

Ces 2 associations, pour atteindre leurs objectifs, partagent des valeurs communes depuis longtemps. Au-jourd’hui, en Bretagne, nos engagements respectifs nous amènent vers une collaboration plus étroite, au Mali en particulier. La formation des jeunes ruraux, leur place dans les organisations professionnelles créées par leurs pères, nous font converger.

Un peu d’histoire récente :

1994 : 1ère maison familiale à Fatoma, près de Mopti

Création de l’AOPP, elle rassemble des centaines d’OP à travers tout le Mali. L’AFDI Bretagne opte alors pour un partenariat direct avec l’AOPP régionale de Ségou, soutient sa structuration, ses ac-tions pour l’amélioration de la vie des paysans.

À partir de 2006 : L’AFDI Bretagne apporte un soutien financier constant à la formation des paysans : Alphabétisation des femmes, Conseil en Exploitation Familiale, repérage et formation d’animateurs-paysans. Les villages où existe une OP construisent des écoles. Gar-cons et filles suivent un parcours d’école primaire.

2008 : 10 nouvelles MFR se créent au Mali. Le réseau se structure

2011 : Création de l’Union Nationale des MFR maliennes, pas encore de MFR dans la région de Ségou

2014/2015 : Projets et création de MFR à Timissa et Kalabougou. Les responsables paysans de l’AOPP Ségou sont moteurs de ces projets : ils veulent des formations pour leurs jeunes, leur don-ner un avenir en zone rurale par la formation.

Tout naturellement, les ambitions de l’AFDI et des MFR convergent vers une plate-forme commune : promotion du métier de paysan, formation, alternance, rapprochement des générations, insertion des jeunes dans les OP, agriculture familiale…

Le 18/09/2015, se réunissent à St Grégoire (35) les responsables des MFR maliennes et bretonnes, l’AFDI Bretagne et 2 personnes dont un animateur-paysan de l’AOPP sont présents (ci-contre).

Décision annoncée alors : démarrer dès 2016 des formations en alternance à Timissa et Kalabougou. Pour cela, il faut des maîtres de stage. L’AFDI et L’AOPP proposent les animateurs-paysans du dispositif CEF. Reste à mettre sur pied une convention de stage qui définira le rôle de chacun : l’AOPP et les MFR ma-liennes travailleront ensemble sur ce sujet dès décembre. L’objectif fixé par Magan Maïga, directeur de l’UNMFR du Mali, est de débuter les premières formations fin décembre, les premiers stages, dans 20 ex-ploitations, débuteront début 2016.

Cette implication des responsables paysans actuels dans la formation des jeunes au Mali est le premier pas qui permettra peut-être de combler ce vide immense qui sépare les générations : très peu de jeunes dans les OP, les cadres de l’AOPP, vieillissants, ne préparent pas la relève. L’AFDI Bretagne, confrontée elle aussi à ce problème, a toute sa place dans cette dynamique.

Joachim Mahé, responsable du partenariat Parmi les soutiens financiers, le CD35, Agricord, l’AFD, l’AKal’baSS

Jean Coulibaly nous a quittés cette année. Il a d'abord été le président du GDPS, première OP partenaire d’AFDI Bretagne puis est devenu président de l'AOPP Nationale.

Il a contribué pour la reconnaissance du métier d'Agriculteur auprès des pouvoirs public du Mali. Il a donné une bonne part de sa vie au service du monde agricole pour tous les paysans.

MALI

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CHEZ NOS VOISINS D’AFDI NORMANDIE 7

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M., Mme, Melle : ………………………………………………………………………………... Adresse :………………………………………………………………………………………….. Code postal :…………………… Commune : ………………………………………………... Tel : ……………………… E-mail : ………………………………………………………….

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Date et signature

Rencontre entre JA Normands et paysans cambodgiens

Chez Aline Catoir

Paysans du Monde n°25 / Janvier 2016

Aline Catoir, jeune agricultrice à Conteville (76) a accueilli la mis-sion en France de la FAEC* ce printemps. Composée de 2 pré-sidents de coopératives et de l’assistant coordinateur de la FAEC, cette mission était consa-crée au fonctionnement des coopératives. « On peut se dire qu’il y a un monde entre leur agriculture et la nôtre, commente Aline Catoir. La question " vous ne vivez pas à plu-sieurs familles dans cette mai-son ? " nous a été posée plusieurs fois avec étonnement ». Les mêmes enjeux Et pourtant, l’écart n’est pas si grand : « Même si nos conditions matérielles sont très différentes des leurs, finalement, nous sommes confrontés aux mêmes enjeux qu’eux. Avec la mise en commun du matériel par exemple : comment facturer le ma-tériel, vérifier son entretien, assu-rer la confiance entre les adhé-rents, etc. ». Ils ont ainsi visité la Cuma des

Hauts Plateaux (76) et rencontré des représentants de la coopéra-tive Noriap. Ils ont aussi pu appré-hender la manière dont ces organi-sations communiquent avec leurs adhérents. En famille Cet accueil a été l’occasion pour la famille d’en apprendre un peu plus sur l’agriculture du Cambodge : « leur exploitation moyenne fait la taille... de notre corps de ferme ». Au-delà du contexte propre à ce pays, « on se rend compte que quand on parle de marché mon-dial, c’est en fait un marché avec à peine la moitié du monde ».

Mais la jeune femme est optimiste « alors qu’ils semblaient regretter que leurs exploitations soient pe-tites et manquent de jeunes, j’ai pensé que cela pouvait peut-être représenter une opportunité, car la nécessité de s’adapter à ces chan-gements, par la mécanisation entre autres, peut permettre d’ac-croître les rendements ». L’exploi-tante, modeste, conclue : « Je ne sais pas s’ils doivent copier notre modèle car il est loin d’être par-fait », mais ce séjour aura été un riche moment d’échange autour de ces différents modèles. * FAEC : Fédération des

associations d’agriculteurs pour la promotion de l’en-treprise agricole familiale au Cambodge.

Claire Guyon, animatrice Afdi Normandie

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Un grand merci aux bénévoles qui ont contribué à la rédaction de cette édition !

Contactez-nous: Afdi Bretagne - Maison de l’Agriculture - Technopôle Atalante Champeaux Rue Maurice le Lannou - 35042 Rennes Cedex Tél : 02 23 48 29 57 - [email protected] - www.afdi-opa.org

Réservez vos places! Prochains voyages découverte à Madagascar

En juin 2016 à Tsiroanomandidy, Et à l’automne 2016

AFDI Bretagne remercie les MSA régionales pour la publication de cette revue

Les fondateurs partenaires en Bretagne

« Lorsque Joseph Després a présenté le projet de coopération décentralisée avec la commune de Bema-hatazana à Madagascar en Conseil Communautaire, j’ai tout de suite été intéressée.

J’ai alors souhaité m’investir au sein d’un petit groupe de travail afin de mieux en appréhender les con-tours, mais je dois avouer que je ne l’ai réellement compris que lors de mon séjour à Madagascar !

Ce projet aurait été fou si la Communauté de Communes de Saint Méen Montauban avait décidé de se lancer seule, mais ce n’est pas le cas. Nous pouvons compter sur l’expertise et l’expérience de l’AFDI. La présence d’André Geffroy lors de notre séjour a été précieuse.

Nous en sommes au début de l’expérience mais quand nous voyons ce qui a pu être réalisé dans le cadre du partenariat de la Communauté de Communes de Paimpol Goëlo avec la commune d’Ambararatabe, nous sommes très motivés et nous souhaitons faire vivre cette coopération.

La dizaine de jours passée à Madagascar a constitué une expérience aussi extraordinaire que boulever-sante. Au delà de la beauté des paysages et de l’immensité des espaces, nous avons vécu de vrais mo-ments de partage avec les familles malgaches. L’accueil a été extrêmement chaleureux et source d’échanges passionnants.

Ce séjour en immersion, au plus près des paysans, a été une formidable opportunité de connaissance et d'enrichissement mutuel. »

Carine Peila-Binet

Voyages découverte

Paysans du Monde n°25 / Janvier 2016 TÉMOIGNAGES

Les partenaires d’AFDI Bretagne

Les associations Solidarité Carhaix Tiers Monde et l’AKal’BaSS, Les Communautés de Communes de Paimpol Goëlo, Saint Méen Montauban, Lanvollon Plouha Les communes de Balazé, Taulé, Saint M’Hervé, Saint Eloy… La FRMFR et les MFR, la FRCUMA, la FRGEDA...