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36 VENDREDI 26 FEVRIER 2010 LE POPULAIRE DU CENTRE Sports Judo Hvi Adil Né le 9 mai 1984. 1,82 m ; 106 kg. Titulaire d’un Brevet d’État 2 e degré. Directeur technique à l’Alliance Judo Limoges. Catégorie : -100 kg. Achraf Né le 26 juillet 1987. 1,72 m ; 64 kg. AC Boulogne Billancourt. En formation pour obtenir le Brevet d’État 2 e degré. Catégorie : - 60 kg. Kamal Né le 30 avril 1994. 1,70 m ; 53 kg. AJ Limoges. En 3 e au collège Auguste-Renoir. Catégorie : -55 kg. Wassim Né le 26 août 2000. 1,43 m ; 40 kg. Racing Judo Limoges. En CM1. Catégorie : -42 kg. ÉTAT CIVIL Encyclopédie sportive « Achraf et Kamal sont de véritables encyclopédies ambulantes. Ils suivent tous les résultats sportifs à travers la presse quotidienne ou internet. Ils peuvent réciter sur le bout des doigts le classement du dernier Tour de France ou du dernier Grand Prix de Formule 1 », s’amuse Adil. Maroc, le retour aux sources Chaque été, la famille Fikri s’en va à Al-Hoceima, au Maroc. Le moment de retrouver les parents restés au pays. « C’est surtout l’occasion pour eux de courir directement à la plage après avoir posé leurs affaires », s’amuse le père de famille. Pour Adil, ce voyage permet de « renouer avec nos origines, notre famille, nos traditions et surtout de se ressourcer ». A PART ÇA… Kevin Cao L a famille, avant toute chose. Ils sont quatre frères. Unis par les liens du sang. Par un amour sacré et indéfecti- ble l’un envers l’autre. Quatre hommes éduqués par des valeurs chères à leur père. L’honneur, le respect et le courage. Qua- tre. Comme les quatre élé- ments. L’eau, la terre, le feu et l’air. Des caractères antinomiques qui, une fois réunis, ne forment plus qu’un et un seul : Fikri. Ce nom d’origine marocaine qui n’en finit plus de truster les colon- nes des résultats de judo. Ce nom tant de fois teinté d’or et promis à un brillant avenir. Fikri ou l’histoire d’une fratrie de judokas de haut vol. Adil le premier Adil fut le premier à ap- poser son nom sur une li- cence de judo. L’aîné, à la carrure impressionnante, souhaite canaliser son énergie. Sur les conseils de ses copains de quartier, il décide de s’essayer, à 8 ans, au Beaubreuil Judo Club. L’essai est vite trans- formé. Au plus grand bon- heur de son père, Ahmed, sportif dans l’âme mais non pratiquant : « Je ne voulais pas qu’il fasse des bêtises. Le judo l’a empê- ché de devenir un voyou ». Adil trouve dans le judo des sensations fortes, un état d’esprit convivial et de la discipline. L’essence du judo. Son âme. Son es- prit. Surtout, Adil d’un naturel calme devient très vite « un tueur » une fois sur le tatami. « ll gagnait tout le temps », se souvient son père, supporter incondi- tionnel et présent sur tous les déplacements. Adil, doté d’une technique au- dessus de la moyenne, se fait très vite un nom. Fikri commence déjà à inonder les résultats des colonnes sportives. Présent sur tous les tour- nois de son aîné, Achraf souhaite rapidement imi- ter Adil. Il signe ainsi ses débuts à 7 ans. Et les ré- sultats tombent presque aussitôt. S’ils ont pour dé- nominateur commun leurs victoires, les deux frères s’opposent pourtant sur le caractère. Face au tempérament calme et posé d’Adil, Achraf se pré- sente comme « un garçon extraverti, parfois grande gueule ». Face à l’aisance technique d’Adil, Achraf compense en travaillant comme un mort de faim. L’eau et le feu, en somme. Toujours est-il que les deux éléments font briller leur nom de mille feux. Les JO 2012 pour Achraf ? Les deux complices poursuivent leur destinée main dans la main. Au gré de leurs différentes aven- tures (Pôle France à Or- léans, Pôle France Bor- deaux, INSEP, INEF), les résultats se multiplient. Le nom Fikri est porté au firmament par Adil, cham- pion de France cadets et juniors. Achraf n’est pas en reste. Vice-champion de France UNSS cadets et champion de France UNSS juniors, il devient vice-champion d’Europe en Estonie. Au fil des années, les deux aînés Fikri font mon- tre de différence sur le plan des études. En diffi- culté scolairement, Achraf se montre assidu sur le plan sportif. « Le sport m’a permis de réussir mes étu- des. Sans le sport, j’étais fini. Alors, j’ai fait le maxi- mum à l’école pour pou- voir rester dans les struc- tures sportives type Pôle France », témoigne-t-il. À l’opposé, « Adil qui avait de bons résultats scolaires a quelque peu délaissé les études pour donner le maximum au judo », indi- que leur père, Ahmed. L’eau et le feu, encore. Les mêmes résultats, toujours. À la sortie de prestations de haut vol en cadets et juniors, les deux frangins ont du mal à confirmer chez les seniors. Malgré une 7 e place au champion- nat de France en 1 re divi- sion en 2007, Adil ne trou- ve pas le déclic. Le doute s’installe. Durablement. Il privilégie alors sa vie pro- fessionnelle en passant ses diplômes d’entraîneur. Désormais directeur tech- nique à l’Alliance Judo Li- moges, il désire « apporter [son] vécu de sportif de haut niveau aux jeunes ju- dokas de la région ». De son côté, Achraf tom- be également dans l’incer- titude durant ses deux premières années seniors. À la suite d’un choix de catégorie (-66 kg) non conforme à ses capacités, il effectue deux saisons blanches. Dur. Ce guerrier ne rend pas pour autant les armes. Redescendu en -60 kg, il enchaîne les per- formances de rang à l’image de sa 2 e place à l’Open d’Angleterre l’an dernier. Sur la lancée d’une excellente 2 e place, il y a trois semaines à l’Open de Belgique, Achraf se concentre désormais sur un objectif : les Jeux Olympiques 2012. Il a clai- rement l’opportunité d’y aller. À lui de transformer le rêve en réalité. Le conte des Fikri, déjà magnifique sur les plans sportif et humain, aurait pu s’arrêter là. Net. Sur l’ambition olympique d’Achraf. Les deux der- niers de la famille, Kamal et Wassim, en ont décidé autrement. Kamal, champion de France UNSS Kamal, savant mélange d’Adil pour sa technicité et d’Achraf pour sa com- bativité, a récemment por- té au plus haut la légende des Fikri. Du haut de ses 15 ans, ili est allé chercher le titre de champion de France UNSS cadets. De son côté, Wassim, à seule- ment 9 ans, est bien parti pour copier ses aînés. « Il tourne en rond dans la maison la veille d’une compétition. Et il déteste perdre », s’amuse son père. Déterminés, Kamal et Wassim ont un secret es- poir : faire mieux qu’Adil et Achraf. La tâche s’an- nonce loin d’être aisée. Mais elle n’est pas pour déplaire à leur premier supporter : leur père. Pour ce non-sportif, sa plus bel- le victoire réside sans aucun doute dans la réus- site de ses enfants. Sporti- ve et professionnelle. Nor- mal. Après tout, quoi de plus important que la fa- mille ? Adil et Achraf se sont fait un nom dans le monde du judo. Un nom, Fikri, couvert d’or et de louanges à l’échelon régional, national et même international. Un nom qui n’a pas fini de résonner avec Kamal et Wassim, les deux derniers qui désirent poursuivre la tradition fami- liale. Une tradition marquée par l’obtention de résultats de haut niveau. FAMILLE. Les quatre frères, Wassim, Kamal, Achraf et Adil (de bas en haut) ont également une sœur de 20 ans, Siham. PHOTO JEAN-LUC SIMON RENCONTRE AVEC… Les frères Fikri : Adil, Achraf, Kamal et Wassim La famille Fikri, une leçon de vie

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  • 36 VENDREDI 26 FEVRIER 2010 LE POPULAIRE DU CENTRE

    Sports Judo

    Hvi

    AdilN le 9 mai 1984.1,82 m ; 106 kg. Titulairedun Brevet dtat 2e

    degr. Directeurtechnique lAllianceJudo Limoges.Catgorie : -100 kg.

    AchrafN le 26 juillet 1987.1,72 m ; 64 kg. ACBoulogne Billancourt. Enformation pour obtenir leBrevet dtat 2e degr.Catgorie : - 60 kg.

    KamalN le 30 avril 1994.1,70 m ; 53 kg. AJLimoges. En 3e au collgeAuguste-Renoir.Catgorie : -55 kg.

    WassimN le 26 aot 2000.1,43 m ; 40 kg. RacingJudo Limoges. En CM1.Catgorie : -42 kg.

    TAT CIVIL

    Encyclopdie sportive Achraf et Kamal sont devritables encyclopdiesambulantes. Ils suiventtous les rsultats sportifs travers la pressequotidienne ou internet.Ils peuvent rciter sur lebout des doigts leclassement du dernierTour de France ou dudernier Grand Prix deFormule 1 , samuse Adil.

    Maroc, le retouraux sourcesChaque t, la familleFikri sen va Al-Hoceima, au Maroc. Lemoment de retrouver lesparents rests au pays. Cest surtout loccasionpour eux de courirdirectement la plageaprs avoir pos leursaffaires , samuse le prede famille. Pour Adil, cevoyage permet de renouer avec nosorigines, notre famille,nos traditions et surtoutde se ressourcer .

    A PART A

    Kevin Cao

    L a famille, avant toutechose. Ils sont quatrefrres. Unis par lesl i e n s d u s a n g . Pa r u namour sacr et indfectible lun envers lautre.Quatre hommes duquspar des valeurs chres leur pre. Lhonneur, lerespect et le courage. Quatre. Comme les quatre lments. Leau, la terre, lefeu et lair. Des caractresantinomiques qui, unefois runis, ne formentplus quun et un seul :Fikri. Ce nom doriginemarocaine qui nen finitplus de truster les colonnes des rsultats de judo.Ce nom tant de fois teintd o r e t p r o m i s u nbrillant avenir. Fikri oulhistoire dune fratrie dejudokas de haut vol.

    Adil le premierAdil fut le premier ap

    poser son nom sur une licence de judo. Lan, lacarrure impressionnante,souhaite canaliser sonnergie. Sur les conseils deses copains de quartier, ildcide de sessayer, 8 ans, au Beaubreuil JudoClub. Lessai est vite transform. Au plus grand bonheur de son pre, Ahmed,sportif dans lme mais

    non pratiquant : Je nevoulais pas quil fasse desbtises. Le judo la empch de devenir un voyou .Adil trouve dans le judodes sensations fortes, untat desprit convivial etde la discipline. Lessencedu judo. Son me. Son esprit.

    Surtout, Adil dun naturelcalme devient trs vite un tueur une fois sur letatami. ll gagnait tout letemps , se souvient sonpre, supporter inconditionnel et prsent sur tousles dplacements. Adil,dot dune technique audessus de la moyenne, sefait trs vite un nom. Fikricommence dj inonderles rsultats des colonnessportives.

    Prsent sur tous les tournois de son an, Achrafsouhaite rapidement imiter Adil. Il signe ainsi sesdbuts 7 ans. Et les rsultats tombent presqueaussitt. Sils ont pour dn o m i n a t e u r c o m m u n

    leurs victoires, les deuxfrres sopposent pourtantsur le caractre. Face autemprament calme etpos dAdil, Achraf se prsente comme un garonextraverti, parfois grandegueule . Face laisancetechnique dAdil, Achrafcompense en travaillantcomme un mort de faim.Leau et le feu, en somme.Toujours estil que lesdeux lments font brillerleur nom de mille feux.

    Les JO 2012pour Achraf ?

    L e s d e u x c o m p l i c e spoursuivent leur destinemain dans la main. Au grde leurs diffrentes aventures (Ple France Orlans, Ple France Bordeaux, INSEP, INEF), lesrsultats se multiplient.

    Le nom Fikri est port aufirmament par Adil, champion de France cadets et

    juniors. Achraf nest pasen reste. Vicechampionde France UNSS cadets etc h a m p i o n d e F r a n c eUNSS juniors, il devientvicechampion dEuropeen Estonie.

    Au fil des annes, lesdeux ans Fikri font montre de diffrence sur leplan des tudes. En difficult scolairement, Achrafse montre assidu sur leplan sportif. Le sport mapermis de russir mes tudes. Sans le sport, jtaisfini. Alors, jai fait le maximum lcole pour pouvoir rester dans les structures sportives type PleFrance , tmoignetil. loppos, Adil qui avaitde bons rsultats scolairesa quelque peu dlaiss lestudes pour donner lemaximum au judo , indique leur pre, Ahmed.Leau et le feu, encore. Lesmmes rsultats, toujours.

    la sortie de prestationsde haut vol en cadets etjuniors, les deux frangins

    ont du mal confirmerchez les seniors. Malgrune 7e place au championnat de France en 1re division en 2007, Adil ne trouve pas le dclic. Le doutesinstalle. Durablement. Ilprivilgie alors sa vie professionnelle en passant sesdiplmes dentraneur.Dsormais directeur technique lAlliance Judo Limoges, il dsire apporter[son] vcu de sportif dehaut niveau aux jeunes judokas de la rgion .

    De son ct, Achraf tombe galement dans lincertitude durant ses deuxpremires annes seniors. la suite dun choix decatgor ie (66 kg) nonconforme ses capacits,il effectue deux saisonsblanches. Dur. Ce guerrierne rend pas pour autantles armes. Redescendu en60 kg, il enchane les perf o r m a n c e s d e r a n g limage de sa 2e place lOpen dAngleterre lander nier. Sur la lancedune excellente 2e place,

    i l y a trois semaines lOpen de Belgique, Achrafse concentre dsormaissur un objectif : les JeuxOlympiques 2012. Il a clairement lopportunit dyaller. lui de transformerle rve en ralit.

    Le conte des Fikri, djmagnifique sur les planssportif et humain, auraitpu sarrter l. Net. Surlambition olympiquedAchraf. Les deux derniers de la famille, Kamalet Wassim, en ont dcidautrement.

    Kamal, championde France UNSSKamal, savant mlange

    dAdil pour sa technicitet dAchraf pour sa combativit, a rcemment port au plus haut la lgendedes Fikri. Du haut de ses15 ans, ili est all chercherle titre de champion deFrance UNSS cadets. Deson ct, Wassim, seulement 9 ans, est bien partipour copier ses ans. Iltourne en rond dans lamaison la veil le dunecomptition. Et il dtesteperdre , samuse sonpre.

    Dtermins, Kamal etWassim ont un secret espoir : faire mieux quAdilet Achraf. La tche sannonce loin dtre aise.Mais elle nest pas pourdplaire leur premiersupporter : leur pre. Pource nonsportif, sa plus belle victoire rside sansaucun doute dans la russite de ses enfants. Sportive et professionnelle. Normal. Aprs tout, quoi deplus important que la famille ?

    Adil et Achraf se sont fait unnom dans le monde du judo.Un nom, Fikri, couvert doret de louanges lchelonrgional, national et mmeinternational. Un nom quina pas fini de rsonneravec Kamal et Wassim, lesdeux derniers qui dsirentpoursuivre la tradition fami-liale. Une tradition marquepar lobtention de rsultatsde haut niveau.

    FAMILLE. Les quatre frres, Wassim, Kamal, Achraf et Adil (de bas en haut) ont galement une sur de 20 ans, Siham.PHOTO JEAN-LUC SIMON

    RENCONTRE AVEC Les frres Fikri : Adil, Achraf, Kamal et Wassim

    La famille Fikri, une leon de vie