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A : LES SPECIFICITES DE CAEN Page 1 B 2 : Les éléments naturels qui fondent l'économie du territoire- La Prairie au cœur de la cité 86

B : DONNEES LOCALES 4 - Les cours d'eau, richesse et nuisances 93- La pierre de Caen 97

B 1 : La carte d'identité du territoire - Les terres agricoles nourricières 98

B 1-1. Repères B 3 : Evolutions urbaines, patrimoines caennais- Les origines, le nom 4- L'histoire de Caen en quelques dates 4 B 3-1. Des origines au Moyen-Age 99- De quoi Caen est-il fait ? Une actrice majeure : l'Orne 6 - La ville avant le 11ème siècle 99- Caen en chiffres 8 - Vers 1050 : le projet de Guillaume de Normandie 101- Les périmètres de la ville de Caen 9 - 12ème et 13ème siècles : le château se dote de nouvelles 116- Venir à Caen 16 défenses, les trois bourgs s'urbanisent- Se déplacer dans la ville 19 - La fin du Moyen-Age 120

B 1-2. La vie économique B 3-2. La Renaissance, une époque difficile mais très productive 133- Une dynamique périphérique 21 à Caen- Des secteurs générateurs d'activité et d'emploi 22 - Un homme d'exception : Charles de Bourgueville, Sieur de Bras 134- Les entreprises, les moyens, les leviers 23 - Le premier plan connu de Caen 135- Le tourisme : une activité à développer 26 - L'architecture civile au 16ème siècle : des demeures qui reflètent

le statut de leurs habitants 141B 1-3. Les acteurs de la vie locale 32 - Une rue très préservée : la rue Froide 146

- Un maillage administratif au service des habitants 32 - Une prouesse architecturale, l'abside de l'église Saint-Pierre 148- La démocratie participative, la démocratie de proximité et la vie 34 - Caen pendant les Guerres de Religion 149associative pour plus de lien social - Les fortifications urbaines sous Henri IV 150

B 1-4. Les équipements de la ville, un facteur majeur d'attractivité B 3-3. Nouvelles limites, nouveaux quartiers- Des équipements d'accueil, d'information et de loisirs pour tous les 38 âges B 3-3 1. : le "Grand Siècle" : contre-réforme religieuse, 152- Des équipements hospitaliers de haut niveau 38 nouvelles limites urbaines, classicisme architectural- Des équipements sportifs pour une offre large 38 - Les Jésuites s'installent à Caen 153- Les équipements hôteliers 39 - De nombreuses congrégations s'implantent 158- Les établissements scolaires et universitaires 40 - La cité s'organise, gère ses pauvres et innove 161- Les structures liées à l'environnement 44 - L'architecture civile 164- Les grands équipements culturels 45 - Vitalité intellectuelle et artistique dans la cité 172- Autour de l'édition 65

B 3-3 2. : le siècle des Lumières 174B 1-5. Les grandes manifestations à Caen - Le contexte économique au 18ème siècle : progrès et lenteurs 175

- Les manifestations sportives majeures 68 - Nouvelles stratégies urbanistiques 176- Les participations aux journées nationales et aux grands 74 - De nouveaux équipements publics sont créés 186événements - Le patrimoine religieux et civil au 18ème siècle 188- Les festivals culturels et les grandes manifestations soutenus 77 - Limites urbaines : affaires sociales, affaire fiscale 191par la Ville - L'Orne s'envase, le commerce en pâtit : nouvelles mesures 193- Les grands événements portés par la Ville 80 - Caen pendant la Révolution française 195- Des rendez-vous festifs toute l'année 85

SOMMAIRE

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B 3-4. Les temps modernes C 2-1. Le projet culturel de 2009 324

B 3-4 1. : du 19ème siècle à 1944 C 2-2. Œuvrer pour que la culture investisse tous les quartiers 325- Contexte général au début du 19ème siècle 196 - Un partage plus équitable de la citoyenneté urbaine 325- Les institutions postrévolutionnaires nécessitent de créer de 196 - L'art prend racine dans les quartiers 326nouveaux établissements 197 - Le Projet Educatif Local : un dispositif pour l'ouverture au monde 329- Structuration des administrations locales 204 - Des initiatives qui ouvrent le patrimoine à tous les publics 330- Culture et loisirs 209- Transformation de l'espace portuaire 213 C 2-3. Mettre en valeur les patrimoines urbains dans toutes ses- L'arrivée du train à Caen 217 composantes- Des travaux publics sont entrepris pour assainir la ville 219 C 2-3 1. : les actions menées 331- Quartiers en expansion 221 - La restauration du patrimoine caennais 331- Le début du 20ème siècle : mutations industrielles 229 - La médiation autour du patrimoine : les champs d'investigation, 338

les acteursB 3-4 2. : de la Reconstruction à la ville contemporaine : nouvelles 234

mutations C 2-3 2. : le projet de labellisation Ville d'Art et d'Histoire 350- La Bataille de Caen 234- L'immédiat après-guerre 240 C 2-4. Faire vivre l'espace public, favoriser l'art et la création dans- Le plan d'urbanisme de la Reconstruction : les logements 245 la ville 351- Reconstruction des édifices publics 254 - La création est au cœur de la politique culturelle de la Ville 351- Restauration et valorisation du patrimoine ancien 257 - Création contemporaine et patrimoine : un patrimoine requalifié 354- Les édifices religieux, églises et monastères 262 - La reconquête de nouveaux territoires 367- 1963-2000 : principaux aménagements 266

D : LE PROJET DE CAEN VILLE D'ART ET D'HISTOIREC : LA POLITIQUE DE LA COLLECTIVITE 273 - les enjeux du label pour la ville de Caen 368

- Objectif 1 : développer une politique de réseau 370C 1 : Une politique d'urbanisme à long terme 273 - Objectif 2 : sensibiliser les habitants à leur cadre de vie 374

- Objectif 3 : explorer de nouvelles thématiques patrimoniales 377C 1-1. Le projet de la Ville : Caen en 2030 : 273 - Objectif 4 : poursuivre la démarche d'inventaire des patrimoines 379

caennaisC 1-2. Les outils juridiques au service du Projet de Ville 277 - Objectif 5 : développer l'offre touristique 379

- Le Plan Local d'Urbanisme 277 - Objectif 6 : utiliser des outils innovants pour la médiation 380- L'Aire de Valorisation de l'Architecture et du Patrimoine 281- Le Règlement Local de Publicité 285 E : MOYENS ET OUTILS : LE SERVICE MUNICIPAL D'ART ET D'HISTOIRE 382

- Missions et budget du service 382C 1-3. 2013 : la concrétisation du Projet de Ville, les réalisations 286 - un outil de médiation privilégié : le CIAP 385

- De nouveaux logements, des projets ambitieux qui prennent forme 287 - le Comité de Pilotage pour la labellisation de Caen 387- Un centre-ville revisité, des espaces d'aménité créés 299- La trame verte et bleue 306 F : ANNEXES

F 1 : Cahier patrimonial 2C 1-4. Et demain ?

- La requalification de la Presqu'île : un projet urbain porteur de 314 F 2 : Effectifs scolaires à Caen : lycées, collèges, écoles 27grandes ambitions

F 3 : Les inventaires établis pour la ville de Caen 31C 2 : La culture, moteur du projet urbain 324

F 4 Sources / Bibliographie / Crédits photo 33

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A. LES SPECIFICITES DE CAEN

Au cœur de la Normandie, entre mer et terre, la ville de Caen est de celles qui ne se livrent pas immédiatement. Souvent assimilée aux évènements tragiques de 1944,

elle souffre d'un déficit d'image. Et pourtant, son "capital séduction" est remarquable et n'échappe pas aux visiteurs, qui, lors de leur premier passage dans la ville, ne

manquent pas de louer la qualité de sa lumière, de son architecture et de ses parcs. De fait, et malgré les cahots de l'histoire, Caen a conservé un patrimoine

architectural remarquable et diversifié, possède des musées de réputation nationale ou internationale, et a su conserver deux de ses atouts majeurs : la Prairie

séculaire, et le port.

La présence de l'université depuis cinq cents ans a vu naître dans la ville nombre d'hommes talentueux et célèbres – comme le poète François Malherbe, l’ "inventeur

de l'archéologie" Arcisse de Caumont ou le maréchal Marie-Pierre Koenig –, une riche littérature et une tradition bien ancrée de recherche scientifique.

Aujourd'hui, la ville choisie par Guillaume le Conquérant pour y établir la capitale de son duché de Normandie a la volonté de valoriser son passé et d'optimiser ses

ressources. Pour préparer Caen Demain et un avenir ambitieux, elle mise sur sa vitalité technologique, universitaire et artistique.

Mille ans d'architecture

Le premier constat que l'on fait concernant l'architecture caennaise est que le panel du patrimoine bâti est remarquablement large, avec des bâtiments représentatifs

de toutes les époques et de tous les styles de construction depuis le 11ème siècle, sans discontinuité. Il est rare de découvrir, sur un territoire somme toute limité,

autant de diversité architecturale, diversité qui aboutit à un réel ""éclectisme urbain" qu'il est parfois difficile de déchiffrer immédiatement. Certaines rues, comme la

rue Saint-Pierre, offrent à elles seules un échantillon complet d'un bâti entre le 15ème et le 20ème siècle, dans une imbrication intime et parfois déconcertante.

Un plan de ville encore empreint de ses limites anciennes

Comme dans d’autres villes, la configuration géographique et géologique du site a influencé l’évolution de l'organisation spatiale de Caen. Ici, les paramètres sont

l'abondance des cours d'eau, la proximité de la mer et les reliefs du territoire, entre le plateau calcaire et le fond de la vallée fluviale, vaste prairie inondable.

Les trois pôles de vie qui constituent la ville du 11ème siècle se développent sur la rive nord de l'Orne, à proximité de la vallée fluviale. Au centre, le château est bâti sur

l'éperon qui domine la vallée. Ainsi, il domine le bourg ducal, fortifié, qui s'étend jusqu'au port, à la confluence du fleuve et de la rivière Odon. A ce premier pôle

qu'administre le duc, s'ajoutent deux bourgs : Bourg-l' Abbé à l'ouest, autour de l'Abbaye aux Hommes ; Bourg-l' Abbesse à l'est, autour de l'Abbaye aux Dames. Le

premier se développe à proximité immédiate de la Prairie, et optimise rapidement les atouts du site, herbages et rivières. Le second s'installe sur le coteau, sur le site

de carrières de pierre directement exploitables.

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2 Les grands chantiers qui concrétisent cette organisation, le château, l’enceinte urbaine autour du bourg ducal et les deux abbayes, sont lancés dans la décennie 1060

et marquent définitivement l’organisation de la ville.

In fine, la ville médiévale présente une configuration caractéristique, en plusieurs pôles urbanisés et peuplés progressivement. Le dessin des enceintes médiévales

autour des différents quartiers révèle ce plan polynucléaire "en papillon" - encore clairement lisible aujourd'hui. A l'extérieur des pôles aux tracés contraints, de

larges espaces formant les faubourgs permettent l’expansion de l’habitat et le développement des activités agricoles et artisanales, le long des axes de communication.

La création de l'Université a favorisé la vitalité intellectuelle de la ville :

La création de l'Université en 1432, un "cadeau royal" selon l'un de nos historiens contemporains, fonde un environnement intellectuel appelé à s'épanouir à la Renaissance, puis se nourrit des débats et des conflits de la Réforme et de la Contre-Réforme. C'est au 17ème siècle que naît l'Académie des Arts, des Sciences et des Lettres, dont les membres se réunissent encore aujourd'hui.

Le 19ème siècle est celui d'une grande profusion de talents ; on pense notamment à Arcisse de Caumont, historien de l'art et précurseur de l'archéologie, à qui l'on doit localement la fondation et l'animation de la Société Linnéenne, la Société des Antiquaires de Normandie, l'Association normande pour les progrès de l'agriculture, de l'industrie et des arts. Les deux premières sont toujours très actives, l'une dans le domaine scientifique, a une vocation naturaliste ; l'autre se consacre aux recherches historiques sur le territoire normand. Leurs membres publient régulièrement leurs bulletins.

Depuis longtemps, l'action de l'élite intellectuelle caennaise est relayée par celle des imprimeurs, des libraires, des collectionneurs et des bibliothécaires. Aujourd'hui encore, il y vingt librairies indépendantes à Caen.

Une collection de plusieurs milliers de gravures rassemblées par Mancel, éditeur et collectionneur passionné du 19ème siècle, enrichit le Musée des Beaux-Arts. Les bibliothèques, dont le fleuron sera la future BMVR (Bibliothèque Multimédia à Vocation Régionale) offrent ensemble un fonds documentaire d'une très grande qualité.

L'Université s'illustre dans le domaine du droit et de la médecine dès le 16ème siècle, et des sciences au 19ème. Aujourd'hui, elle est organisée autour de trois pôles :

- Biologie intégrative, imagerie, santé et environnement ; sciences humaines et sociales ; sciences et technologies.

Elle excelle notamment dans le domaine de l'histoire et de l'archéologie.

Il y a 30 000 étudiants et 1800 chercheurs universitaires à Caen.

La recherche, précisément, et plus particulièrement dans le domaine des hautes technologies occupe désormais une place prépondérante dans l'activité tertiaire caennaise. Le projet de réaménagement du plateau nord de la Ville, qui accueille l'essentiel des établissements publics et privés dévolus à ces activités sur le territoire, est le pari raisonné de leur développement durable.

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Une histoire récente qui a marqué les mémoires et l'architecture

La ville de Caen telle qu'on la voit aujourd'hui offre aux regards un riche patrimoine ancien et, dans des proportions similaires, celui propre à la Reconstruction (1947-1963). Celle-ci a été menée dans le respect du patrimoine préservé, et la mise en œuvre d’un projet harmonieux et équilibré. De fait, passées les premières années et les urgences, Caen a ouvert de vastes chantiers de restauration et de réhabilitation des bâtiments historiques, en même temps que naissait un patrimoine moderne "remarquable", qui n'est pas toujours identifié comme tel par les caennais.

L'épisode dramatique vécu en 1944 par les caennais a laissé des traces, dont notamment une certaine nostalgie du passé, y compris chez ceux qui n'ont pas vécu "l'avant-1944".

Ces deux constats justifient certains choix dans la présentation du patrimoine caennais :

* L'utilité de porter une attention particulière à tous les patrimoines anciens, y compris ceux qui sont réputés "modestes" ou "petits" à valeur symbolique forte car ils font le lien entre l'urbanisme du XXIème siècle et l'histoire de la ville ;

* La nécessité de faire savoir et de valoriser le patrimoine récent ou contemporain, comme faisant partie, désormais et entièrement, de l'âme de la ville.

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B. DONNEES LOCALES B 1. La carte d'identité du territoire

B 1 1.Repères

Les origines, le nom

Du 1er au 3ème siècle : première occupation humaine, sur l'emplacement de l'actuelle Abbaye-aux-Hommes. Il s'agit d'un bourg à vocation essentiellement

artisanale (tanneurs, tuiliers, potiers). Au 3ème siècle, chassés par les inondations multiples, les habitants s'installent un peu plus au nord.

Du 7ème au 10ème siècle : fondation d'oratoires au centre de petits villages, le long de la voie romaine. Invasions vikings puis multiplication des paroisses, sur

l'axe est-ouest (de la paroisse Saint-Pierre à la paroisse Saint-Martin).

Vers 1025 : premières mentions écrites du nom de Caen sous les formes de Cadon, puis Cathim (forme romane). Par la suite, c'est sous les formes latines

Cadumus, Cathumus ou le plus souvent Cadomus, que l'on retrouve le nom de Caen. Il évolue en Caham, puis Cam, au 12ème siècle et signifierait, à l'origine le

lieu du combat. …

L'histoire de Caen en quelques dates :

Vers 1060 : sous l'impulsion de Guillaume, duc de Normandie, futur roi d'Angleterre, la ville se structure et connaît un essor cultuel, intellectuel, politique et

économique de grande importance. Fondation du château et des deux abbayes bénédictines, installation de foires et de marchés, exploitation à grande échelle de la

pierre de Caen avec exportation en Angleterre.

1204 : prise de Caen par Philippe-Auguste. Rattachement du duché de Normandie au royaume de France

1337-1450 : émeutes, conflits, prise de Caen par Edouard III en 1346. Durant la guerre de Cent Ans, la ville est occupée par les Anglais, qui y fondent, en

1432, une université. Cette fondation est confirmée, en 1458, par le roi Charles VII. De nombreux habitants sont emportés par la peste noire (1348 puis

1477).

1562 : pendant les Guerres de religion,, saccage de la ville et plus particulièrement des édifices religieux. Le départ des nombreux Protestants entraîne un déclin

économique de la ville.

17ème et 18ème siècles : création de diverses académies et nombreuses installations d'ordres religieux, dont les jésuites (1608). La ville connaît un nouvel essor

démographique, économique et urbanistique : aménagement de grandes places, reconstruction des bâtiments abbatiaux…

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5 Mais les émeutes se multiplient et la Révolution éclate. Elle ne laissera pas de grandes traces dans l'histoire de Caen, si ce n'est l'action des Girondins rassemblés à

Caen pour un mouvement fédéraliste, et l'acte isolé de Charlotte Corday, partie de Caen pour assassiner Marat.

19ème siècle : fondation du lycée Malherbe (1804), inauguration de la bibliothèque et du musée (1809), du théâtre (1838) et du Palais des Facultés (1894). Premières

courses de chevaux (1837), mise en service de la voie ferrée Paris-Caen (1855) puis de Caen vers la côte (1875) et inauguration du canal reliant la ville à la mer (1857).

La ville s'enrichit grâce à son activité portuaire. On procède à de grands travaux d'urbanisme et notamment, le recouvrement des Odons.

Inauguration du canal de Caen à la mer le 23 août 1857.

20ème siècle : création de la Société Métallurgique de Normandie (1911). Inauguration du nouvel hôpital (1908). Adoption du plan d'aménagement, d'embellissement et

d'extension de la ville. Construction de cités ouvrières. Remplacement des tramways par les autobus.

Détruite à 75% lors des bombardements alliés de juin et juillet 1944, la ville compte, à sa libération - 9 au 19 juillet-, près de 2 400 civils tués et a subi de nombreuses

destructions : églises, université, théâtre, musée, Hôtel de Ville, hôtels particuliers, et la quasi-totalité du quartier très urbanisé de l'Ile Saint-Jean.

1947-1963 : La ville renaît et se reconstruit.

Caen œuvre pour la paix : dans le cadre de ses relations internationales, la Ville a mis en place des échanges avec la ville de Würzburg, en Bavière, dès 1962.

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6 Aujourd'hui, Caen compte six autres jumelages : Portsmouth (Royaume-Uni – 1987), Nashville et Alexandria (USA – 1991), Thiès (Sénégal – 1992), Résita et

Ohrid (Roumanie et Macédoine – 2012).

De quoi Caen est-il fait ? Une actrice majeure : l'Orne

Caen se trouve précisément à la jonction de la partie continentale et de la partie maritime du fleuve. La rivière d'amont n'est pas navigable, celle d'aval ouvre un accès à

la mer. Les effets de la marée y sont longtemps sensibles : la mer, pourvoyeuse de poissons, alimente le fleuve au gré des marées ; ce balancement, entre niveaux hauts

et niveaux bas, conditionne la circulation sur le fleuve, et le flot montant est utilisé pour la remontée des bateaux, ce qui permet d'établir un port à l'intérieur des

terres, mieux protégé qu'en bord de côte.

L'Orne définit, par son action érosive, une vallée qui entaille les structures géologiques rencontrées. L'entaille permet d’accéder à plusieurs niveaux de calcaire

Bathonien, autour et sur le site de la ville.

Au cours de son histoire, l'Orne a connu des régimes différents, notamment pendant la dernière glaciation (autour de -20 000 ans). Lors de la sortie de la période

glaciaire, le fond de vallée de la partie aval s'est largement comblé de limons, créant le profil horizontal de la basse vallée que l'on connait actuellement. Ces dépôts

superficiels génèrent un sol riche et possédant une très bonne réserve en eau potentielle. Cette caractéristique a permis le développement d'une agriculture exigeante

comme celle des céréales ou du lin.

Ce profil horizontal a favorisé la multiplication des méandres dans la plaine marécageuse, méandres qui poseront un problème récurrent au cours des siècles pour le

développement du port de Caen, l'entrée dans l'estuaire et la remontée des navires exigeant une grande habileté.

L'autre contrainte de cette basse vallée sera, du fait de sa basse altitude, sa vulnérabilité aux inondations : les structures géologiques d'amont, imperméables,

favorisent un écoulement très rapide des cours d'eau pendant les périodes pluvieuses ; mais la basse vallée alluviale, soumise aux marées, ne permet pas d'évacuer

efficacement ces surplus d'eau.

Le substrat calcaire situé sous les limons est composé d'une série de couches dont certaines très homogènes et très compactes donnent la "pierre de Caen".

L'exploitation de cette pierre a été favorisée par la présence du fleuve à proximité immédiate des zones d'extraction, facilitant son transport. Le fait de pouvoir extraire

la pierre en surface, le long des coteaux, est évidemment un facteur qui a largement favorisé l'activité.

La présence de très nombreuses formations géologiques visibles n'est pas étrangère au développement important de la géologie à l'université de Caen depuis Arcisse

de Caumont.

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A sa jonction avec la mer, à Ouistreham, l'Orne forme un vaste estuaire aux contours paresseux. Sables d'abord, et marais plus en amont ont beaucoup

compliqué la navigation sur le fleuve. (Cliché François Levalet)

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8 Caen en chiffres 1

- Superficie de la commune : 2 570 hectares (25,7 km²)

- Population : 109 312 habitants (2012) Densité : 4 295,7 habitants / km² (2006) Revenu par ménage : 16 433€/ an (2006) La pyramide des âges des habitants de Caen est celle d'une ville universitaire, avec moins d’enfants de 0 à 14 ans que la moyenne en France (12,9 % contre

18,3 % e18, 3 % en France). et plus de jeunes adultes de 15 à 29 ans (32,4 % contre 19 %). Il y a 54 358 ménages2 recensés à Caen, dont un peu moins de la moitié sont des familles3, avec ou sans enfants. Les deux tiers occupent des appartements.

- Nombre de logements : 61 446 Part des résidences secondaires (y compris logements occasionnels) : 2 %

- Emploi total (salarié et non salarié) : 73 267 dont part de l'emploi salarié au lieu de travail : 92,7 % Nombre de demandeurs d'emploi : 5 566

- Culture :

- 16 salles de spectacles, et notamment :

le Théâtre de Caen (1 200 places) le Centre dramatique national de Normandie - Comédie de Caen, le Zénith (7 000 places), le Cargö, scène de Musiques Actuelles (938 places), le Centre chorégraphique national,

1 Source : site internet de la Ville

2 Un ménage est un foyer fiscal, comportant une personne ou plus ; une famille est composée d'au moins deux personnes.

3 dito

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9 - les Musées de Normandie et des Beaux-Arts, le Mémorial de Caen - l'Artothèque de Caen - un cinéma d'art et essai, - 5 bibliothèques

- Sports 243 équipements 93 disciplines 28 954 licenciés 55 000 pratiquants

- Enseignement supérieur et recherche : 30 000 étudiants dont 24 336 à l'Université (5 campus, 11 UFR) ; 1 808 chercheurs 43,3 % des caennais ont un diplôme supérieur ou égal au baccalauréat (contre 37,5 % en moyenne), ce fait étant évidemment lié à la présence du pôle universitaire composé de 30 000 étudiants.

- Port de Caen- Ouistreham : 10e port français Trafic 2009 : 3 250 436 tonnes et 984 713 passagers

Port de plaisance (Bassin Saint-Pierre, centre-ville) : 92 anneaux

- Aéroport de Caen-Carpiquet : 90 025 passagers en 2009

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Cette vue aérienne de Caen et de sa périphérie met en évidence deux caractéristiques du territoire : un fort environnement rural, particulièrement à

l'ouest et au nord ; une configuration particulière liée à la double voie d'eau que forment le fleuve Orne et le Canal de Caen à la mer, qui se rejoignent

en ville, dans le Bassin Saint-Pierre.

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11 Les périmètres de la ville de Caen

Caen est la capitale de la Basse-Normandie, qui comprend trois départements : le Calvados, l'Orne et la Manche, Caen appartenant au premier d'entre

eux.

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- Le Calvados, un territoire géographiquement très diversifié :

Près de 700 000 habitants4 se partagent ce territoire de 5 548 kilomètres carrés, soit une densité de 126 habitants par km2. Les quatre villes principales sont Caen,

Hérouville- Saint-Clair en périphérie de Caen, Lisieux et Bayeux.

Terres à blé, terres d'élevage

La Plaine de Caen, prolongée au sud par la plaine de Falaise est au cœur du Calvados, lui-même à la limite du bassin sédimentaire parisien et du Massif Armoricain.

C'est une région céréalière (lin et blé). Elle s'étend au nord jusqu'à la côte, caractérisée par un relief plat de chaque côté de l'estuaire de l'Orne.

Au nord-ouest de Caen s’étend le Bessin, traditionnellement terre d’élevage, situé sur un plateau calcaire avec un paysage bocager caractéristique du Massif

Armoricain.

A l'est et au sud-est, le plateau calcaire recouvert d'argile à silex et de limons est modelé par la Dives, la Touques, la Risle et leurs affluents.

Au sud-ouest de Caen, les collines et les vallons du bocage virois forment un paysage accidenté, avec de vastes bassins comme celui de la Vire.

Au sud enfin, se trouve la Suisse Normande, paysage vallonné s’élevant en moyenne à 200 m.

Les Plages du Débarquement

La section de la côte comprise entre Ouistreham et les côtes de la Manche forme les Plages du Débarquement. Près de cinq millions de personnes viennent visiter

chaque année Utah, Omaha, Gold, Sword et Juno, les cinq plages du D-Day. Ces sites majeurs de l'histoire récente font l'objet d'une candidature en cours au titre

d'une inscription au Patrimoine mondial de l'Unesco. Elles rejoindront le club très fermé des patrimoines normands déjà labellisés : le Mont-Saint-Michel, la

Tapisserie de Bayeux, les forts Vauban de Saint-Vaast la Hougue et Tatihou dans le Cotentin, la dentelle d'Alençon.

4 Chiffres INSEE 2010

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- Les structures administratives partenaires

Première ville du Calvados, Caen est la ville-centre de la communauté d'agglomération Caen la Mer, qui compte 35 communes et 242 000 habitants. La communauté

d'agglomération s'étend sur 223 km² dont 10 km de côtes. Elle est la 22ème communauté d'agglomération de France (31ème en ajoutant les communautés urbaines). Elle

représente 32% de la population du département du Calvados et 15% de la population de la région Basse-Normandie.

La ville de Caen est intégrée dans de grands découpages territoriaux. Elle est située sur les territoires pris en compte par des documents d'urbanisme émanant de l'Etat

comme le Schéma d'Aménagement de la Basse Seine, dès 1969 et la Directive Territoriale d'Aménagement de l'estuaire de la Seine approuvée en 2006.

Caen fait également partie de l'Association des Villes du Grand Bassin Parisien.

Au-delà du territoire français, la Basse-Normandie est intégrée à deux structures de niveau européen : l'Arc Manche et l'Arc Atlantique.

La communauté d'agglomération Caen la Mer fait partie

du Pays de Caen, créé en juillet 2006 et reposant sur

quatre éléments :

Un territoire cohérent : Caen-Métropole

Une structure porteuse : le Syndicat mixte Caen-

Métropole

Une instance de concertation : le Conseil de

développement

Un projet commun de développement du territoire : la

Charte de développement durable.

Outre Caen la Mer, le territoire Caen-Métropole intègre

neuf autres communautés de communes : CABALOR, le

Cingal, Cœur de Nacre, Entre Bois et Marais, Entre Thue

et Mue, Evrecy-Orne-Odon, Plaine Sud de Caen, Val-ès-

Dunes, Vallée de l'Orne, soit 143 communes, pour une

superficie de 900 km².

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- Les liens internationaux

Venir à Caen

L'Arc Manche est un espace géographique qui comprend l'ensemble des territoires

français et britanniques de la Manche. Depuis 2003, l'Arc Manche est aussi devenu

un projet politique reposant sur un réseau informel et volontaire de collectivités

locales qui échangent des bonnes pratiques, coordonnent des initiatives et

développent des idées de projets pouvant être financées par des fonds européens.

L'Arc Atlantique regroupe actuellement, au sein d'une association, 32 régions membres représentant 16% de la superficie de l'Europe et 62 millions d'habitants.

Son objectif est de promouvoir des coopérations dans différents domaines (infrastructures et moyens de communication, eau et environnement, tourisme

atlantique, formation et recherche) afin de mieux concurrencer les positions dominantes des régions du centre européen. La ville de Caen est, de plus, impliquée

dans la Conférence des Villes de l'Arc Atlantique – CVAA - créée en 2000 et dont Philippe Duron, maire de Caen, a été président de 2009 à 2013. Cette structure vise

à échanger sur les préoccupations urbaines communes aux villes de l'arc Atlantique.

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16 Venir à Caen

Les transports vers et depuis Caen :

- Un réseau autoroutier ou à 4 voies très

dense permet de rejoindre Cherbourg,

Paris, la Bretagne et le sud-ouest de la

France.

- Un réseau SNCF vers Cherbourg et Paris

- Une voie maritime vers l'Angleterre

depuis Ouistreham

- Un aéroport en liaison quotidienne avec

Lyon

(Réalisation : Aucame)

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17

- Le réseau routier et autoroutier

Ceinturée par un boulevard périphérique, Caen est desservie par les autoroutes A13 (Paris à 2h, Rouen et le Havre à 1h), A84 – gratuite -

(Rennes à 2h, Nantes à 3h30) et A88/A28 (Le Mans à 1h15, Tours à 3h).

Caen est également desservie par un réseau de routes nationales et départementales très dense.

- Le réseau ferroviaire

Le réseau ferré relie Caen à Paris-gare Saint-Lazare (en 1 h 45 avec 13 allers retours par jour), en desservant les gares de Lisieux et Evreux ; à Cherbourg (1 h 15) en

passant par Saint-Lô ; à Rouen (1 h 30), au Mans (2 h) en passant par Alençon ; à Tours (3 h) et à Rennes (3 h).

La desserte de Caen par la grande vitesse est à nouveau envisagée depuis 2009. La réalisation de la Ligne Nouvelle Paris-Normandie (LNPN), pourrait avoir lieu entre

2017 et 2025 et mettrait Caen à 1h de la capitale. La gare de Caen dispose d'un parcotrain, géré par la société EFFIA.

- Les liaisons aériennes

Situé à 8 kms à l'ouest de Caen et doté d'une belle aérogare, l'aéroport de Caen-Carpiquet accueille un peu plus de 100 000 passagers commerciaux par an.

Une ligne régulière vers Lyon effectue trois rotations par jour, avec des correspondances vers

une trentaine de destinations en France et en Europe. Quatre vols hebdomadaires vers Paris-

Orly relient Caen au reste du monde. Des vols réguliers vers la Corse, en été, et des vols-

charters pour les voyagistes complètent le dispositif.

L'aéroport comprend trois aéro-clubs.

Il est rattaché à la Communauté d'agglomération Caen la mer, qui, depuis juin 2011, en a

confié la gestion, par délégation de service public, à la SAS Aéroport-Caen-Normandie, dont

l'unique associée est la Chambre de Commerce et d'Industrie de Caen-Normandie.

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18

- La voie maritime

Depuis le 1er janvier 2007, le Port de Caen-Ouistreham est la propriété du Syndicat Mixte Régional des Ports de Caen-Ouistreham et Cherbourg. Trois concessions coexistent sur le port de Caen-Ouistreham : la Ville de Caen, pour le Bassin Saint-Pierre de Caen, dont la gestion est confiée à la CCI de Caen, la CCI de Caen pour le port de commerce de Caen-Ouistreham (et ce jusqu'en 2045) et toujours la CCI de Caen pour le Bassin de plaisance d'Ouistreham. La Chambre de Commerce et d'Industrie de Caen a ainsi pour mission, l'entretien et l'exploitation de l'outillage public, l'aménagement et l'entretien des 153 hectares de la concession (routes, réseaux, terre-pleins…) et des 14 hectares de bâtiments, la réalisation des investissements en superstructures, la manutention des marchandises, le fonctionnement de la sécurité et de la sûreté du port, la commercialisation du port et le service remorquage.

Depuis la gare maritime de Ouistreham, la compagnie

Brittany Ferries assure des liaisons quotidiennes avec

Portsmouth, au sud de l'Angleterre. Un million de passagers

transitent chaque année par cette voie, également

empruntée pour le fret.

Des navettes conteneurs relieront Port 2000 - au Havre- au

port de Caen d'ici mi-2012, à raison de deux rotations par

semaine. Ce trafic hebdomadaire d'environ 500 conteneurs

doit permettre un développement du port de Caen.

Pour accueillir ce nouveau trafic, le port de Caen va mettre en place une plateforme multimodale, comme celle de Gennevilliers, qui permettra de stocker de 800 à 1 000 conteneurs. Des études environnementales sont actuellement en cours qui seront suivies par une enquête publique. Les travaux devraient intervenir au premier trimestre 2012. Pour PNA – Ports Normands Associés -, l'investissement lié au nouveau trafic est de 4 millions d'euros. Le port de plaisance, situé sur le Bassin Saint-Pierre,

possède 92 anneaux, dont 16 réservés aux plaisanciers de

passage. Le Nouveau Bassin, à Calix, est un havre pour les

bateaux de croisière, les navires de prestige et les bateaux

de course.

Le Bassin Saint-Pierre est un havre pour les bateaux de plaisance.

Le Port de Caen-Ouistreham en chiffres :

- 4 millions de tonnes de marchandises par an

- 1 million de passagers par an

- 125 000 camions par an

- 10ème port français

- 3ème port décentralisé

- 1 er port Transmanche de la Manche-Ouest

- 1 er port français importateur de bois du Brésil non conteneurisés

- 153 ha de surfaces foncières concédées

- 14 ha de bâtiments

- 2 remorqueurs

- 14 grues

- 2 passerelles ro-ro

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19 Se déplacer dans la ville

- en voiture

En ville, les déplacements se font majoritairement en véhicule individuel. Dans le cadre du projet de redynamisation du centre-ville, de nouvelles mesures de

stationnement ont été mises en place en septembre 2011, pour permettre une plus grande facilité d'accès au centre-ville et un meilleur partage de l'espace public. Par

ailleurs, la municipalité a développé une politique de piétonisation pour son centre-ville et incite les usagers à se déplacer à vélo ou via les transports en commun. Elle

soutient également les actions de covoiturage (sensibilisation du personnel municipal notamment).

7 250 places de stationnement payant sont disponibles en centre-ville :

(

* 4 940 places sont disponibles en surface,

(rues et parkings), dont 1 285 en zone rouge,

d'une durée plus courte et d'un tarif plus

élevé incitant davantage de rotations.

L'objectif est de permettre aux personnes

extérieures à la ville de trouver une place de

stationnement lorsqu'elles souhaitent se

rendre dans le centre, pour un temps limité.

* 7 parkings souterrains totalisent 2310

places et un stationnement gratuit pour les

vélos. Quatre de ces parkings (République,

Hôtel de Ville, Gardin et Château) sont

ouverts 24h/24h. Ils sont gérés par Vinci Park.

Deux parkings-relais avec le Tram (gérés par

Viacités) offrent 350 places de stationnement

gratuit et illimité).

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20

- avec les transports en commun

Le réseau tram et bus Twisto est composé d'une ligne de tram reliant les

quartiers sud de la ville aux quartiers nord où se trouvent les campus

universitaires ; de 33 lignes de bus dont 4 à haut niveau de service et 5

assurant un service jusqu'à 1h du matin en fin de semaine ; de 3 navettes

entreprises desservant matin et soir les grands sites industriels.

En complément des lignes Twisto, 27 Directs Scolaires permettent aux

élèves de l'agglomération de rejoindre leurs établissements et 7 lignes

pénétrantes Bus Verts relient Caen à dix communes de l'agglomération.

Enfin l'offre Mobisto est un service de transport à la demande, adapté

aux personnes en situation de handicap.

En 2017, l'actuel tram mixte (pneus et rail) sera remplacé par un

tramway fer, et en 2018, Caen la mer sera dotée d'une seconde ligne est-

ouest de tramway fer, soit globalement 22 kms de voies qui traverseront

l'agglomération du nord au sud et d'est en ouest. Le coût de cet

investissement important sera supporté par des taxes transports

(autofinancement), Caen la mer, le Conseil Général, une dotation de l'Etat

dans le cadre d'un appel à projet et un recours à l'emprunt.

En 2020, on estime que le nombre des voyages quotidiens assurés sera

de 88 000, avec une capacité par voyage de 210 personnes par rame.

- et à vélo !

En 2008, la ville s’est dotée d’un service de partage de vélos : V'éol. Doté

aujourd'hui d'une quarantaine de stations et de 350 vélos, il permet aux

usagers et utilisateurs occasionnels de profiter des quelque 60 kms de

pistes cyclables de la ville

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21 B 1 2. La vie économique5

De 2000 à 2007, le nombre d’emplois salariés privés sur le territoire de Caen est resté stable. Les pertes d’emploi sont surtout des emplois industriels (industrie agricole et alimentaire, s biens de consommation, automobile, biens d’équipements, biens intermédiaires) : 1934 emplois perdus au total. Les principaux gains d'emplois sont liés aux services aux particuliers (119 emplois), aux activités financières (186 emplois), à l’éducation, à la santé, à l’action sociale (745 emplois) et aux services aux entreprises (1418 emplois). Les pertes d’emplois de la sphère productive liés à l’industrie sont compensées par des emplois tertiaires et ceux liés à l’économie résidentielle. En 2006, les postes salariés dans cette sphère de l’économie représentent 40,4% des postes de Caen dont presque la moitié est composée d'emplois de la fonction publique. La forte proportion des emplois publics est évidemment liée aux missions administratives de la capitale régionale. Une dynamique périphérique A partir de 2001, un déséquilibre des emplois s'amorce entre la ville-centre et la périphérie. Même si les perspectives sont positives sur le long terme, avec la création de 11 500 emplois supplémentaires (scénario tendanciel, SCoT de Caen-Métropole), rien n’est écrit d’avance. De plus, la dynamique de création d’emplois, même dans le cas où les projections se réalisent, impactera plus la périphérie : Caen gagnerait en trente ans 16 % d’emplois, contre 36 % pour la couronne urbaine et 32 % pour les couronnes périurbaines. Globalement, le nombre de demandeurs d’emploi est en forte augmentation à Caen depuis 2007. La conjoncture particulièrement difficile explique cette situation, mais met tout de même en lumière la relative fragilité du système économique sur Caen. Caen et sa métropole doivent dès aujourd’hui non seulement chercher à retrouver le plus rapidement possible des emplois nouveaux mais également bâtir pour demain une économie capable de résister à une conjoncture difficile.

5 Sources : AUCAME- Schéma de Cohérence Territoriale – Diagnostic préalable du territoire. Etude d'AGFB Urban- Concept pour le diagnostic du Plan Local d'Urbanisme de Caen. 2010

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22 Des secteurs générateurs d'activité et d'emploi :

Pour la ville-centre et l'agglomération, quelques filières industrielles se démarquent par leur dynamisme :

- L'agro-alimentaire, dont les produits laitiers sont le débouché le plus important, représente le premier secteur d'emploi industriel de la région (36 000 salariés – 14 %

des emplois industriels normands). En 2007, les industries agricoles et alimentaires représentent, sur le bassin de l'emploi de Caen, 3 105 emplois, soit 2,8% de l'emploi

total.

- L’automobile, qui emploie 8 000 personnes : les 4 principaux employeurs - Renault Trucks, PSA, Bosch et Valéo - concentrent le tiers des emplois industriels du

territoire. Ils intègrent le pôle de compétitivité Mov’éo, orienté plus globalement vers les déplacements et les transports.

- Les équipements électriques et électroniques (4000 emplois), dont NXP est l’entreprise phare et dont les perspectives, au travers du pôle de compétitivité T.E.S

(Transactions Electroniques Sécurisées) et du Campus Technologique Efficience en cours de développement à Colombelles, semblent prometteuses.

- L'industrie de la santé (pharmacie/chimie/instruments médicaux…) "pèse" 1 700 emplois : on connaît surtout les établissements du pôle pharmaceutique

hérouvillais, mais un tissu plus diffus d’entreprises souvent technologiquement avancées existe aussi. Ce secteur s’appuye localement sur un pôle santé de premier

ordre (CHU/CHR - Baclesse – cliniques privées,…) et les formations universitaires.

- La métallurgie, les équipements industriels, l'imprimerie et la plasturgie totalisent ensemble près de 4 000 emplois.

Malgré les difficultés rencontrées dans le secteur industriel et une relative fragilité de l'offre commerciale de la ville-centre par rapport à sa périphérie, Caen a de forts

atouts : ses infrastructures attractives pour les entreprises, une "résidentialisation" créatrice de richesse, des filières de pointe, des pôles d'innovation et une offre de

formation performante. Le potentiel de filières comme celles de la mémoire et du multimédia, du nautisme, du tourisme est également prometteur.

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23 Les entreprises, les moyens, les leviers

- Le Plateau Nord, pôle d'excellence caennaise…

Caen peut se prévaloir d'un ancrage fort dans l'économie des savoirs et d'un positionnement très avancé dans le domaine de la recherche. Des sociétés de haute

technologie s'implantent à Caen et elles ne le font pas par hasard. C'est le cas d'IBA (Ions Beam Applications), société belge qui détient 60% du marché mondial des

cyclotrons à usage médical. IBA a choisi Caen pour la création d'une filiale dédiée à l'hadron thérapie6, qui ouvre des perspectives prometteuses pour le traitement de

certains cancers résistants.

le Plateau Nord regroupe les entreprises les plus innovantes du territoire en matière de recherche et d'applications : symbole "historique" de ces activités, le GANIL

(Grand Accélérateur National d'Ions Lourds), est depuis 1983 l'un des deux plus importants laboratoires européens en matière de physique nucléaire. A ses côtés, se

sont développés, en 1988, la plateforme d'imagerie biomédicale CYCERON et en 2008, le Centre de recherche sur les ions, les matériaux et la photonique (CIMAP)…

Le Plateau Nord héberge également un pôle de santé d'envergure régionale avec le CHU et le centre de lutte contre le cancer François-Baclesse. En 2014, une nouvelle

Faculté de Médecine sera construite près de la Faculté de Pharmacie et des laboratoires universitaires de pharmacie.

Enfin, le Plateau Nord a vu les premières Transactions Electroniques Sécurisées (TES), qui ont abouti à la naissance d'un Pôle de compétitivité. Cela a commencé avec

Philips, s'est poursuivi avec NXP (ex Philips) et continue, aujourd'hui avec des entreprises leaders comme l'Américain PRESTO ou le local IPDIA.

La Basse-Normandie est considérée comme le "berceau du sans contact" notamment pour ses expérimentations inédites "Caen ville NFC" lancée en 2005, ou "Payez

mobile", le paiement via un téléphone mobile en 2008. Depuis le 17 juin dernier, sous condition d'abonnement et de matériel adaptés, les usagers des transports

Twisto peuvent régler leur trajet avec le téléphone mobile : c'est encore une fois une première en France.

Labellisé en 2005, le pôle de compétitivité TES est un lieu de convergence et de coopération entre les acteurs de la filière TES. Il fédère les acteurs industriels,

académiques et institutionnels autour de projets innovants et collaboratifs en matière d'authentification, de dématérialisation, d'interopérabilité, de sécurisation et du

sans contact. Le pôle compte d'ailleurs, parmi ses membres, les premiers fabricants de puces NFC (Near Field Communication). En chiffres, le pôle TES c'est 110

adhérents, 42 projets labellisés et 126 millions d'euros d'investissements en recherche et développement (au 10 avril 2008).

Outre le Plateau Nord, la ville de Caen compte un Parc d'Activités Technologiques à la Folie-Couvrechef et huit zones d'activités dont celle du port, gérée par Ports

Normands Associés – PNA - .

A proximité du Plateau Nord de Caen, le parc mixte CITIS compte, sur 100 hectares, 150 PME technologiques, 1 500 emplois et 900 logements.

6 Technique de radiothérapie par délivrance d'ions carbone

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24

Le Plateau Nord : dominé par la haute silhouette du CHU, ce paysage urbain concentre les activités les plus innovantes du territoire. Dans un avenir proche, il fera l'objet d'un réaménagement et

offrira une plus grande mixité des fonctions. Des logements étudiants seront prochainement disponibles. (Cliché VC/FD)

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25

- Le soutien aux jeunes entreprises

Pour développer davantage l'entrepreneuriat sur son territoire et augmenter ainsi l'offre d'emplois tertiaires, la Ville de Caen a créé trois pépinières pour aider les

jeunes entreprises à démarrer leurs activités.

Emergence sur le Parc Technologique de la Folie-Couvrechef – Photo VC/NO

CONVERGENCE, pour l'innovation sociale et l'Atelier des créateurs

Inauguré dans le quartier de la Grâce de Dieu, en 2007, l'hôtel d'entreprises Convergence accueille des entreprises pour une durée limitée à 5 ans. Situé en Zone

Franche Urbaine, il permet aux entreprises qui s'y installent de bénéficier, sous certaines conditions, d'exonérations fiscales et sociales durant cinq années.

Convergence s'adresse à des entreprises en développement (de plus de trois ans) et met à leur disposition des locaux (6 bureaux de 30 à 55 m²), une salle de réunion,

des matériels partagés, un espace repas mais aussi un suivi des entreprises, des formations et des animations gratuites et communes avec Emergence.

EMERGENCE, pour les hautes technologies :

Située dans le quartier de la Folie-Couvrechef, Emergence est l'une des

premières pépinières de l'agglomération caennaise. Aujourd'hui

directement gérée par la Ville de Caen, elle accueille les jeunes entreprises

(moins d'un an d'existence) porteuses d'un projet innovant et qui opèrent

dans les secteurs des hautes technologies, de l'ingénierie ou des services

aux entreprises. Elles bénéficient, pendant trois ans, de loyers réduits,

évolutifs et de services (suivi personnalisé, formations, équipements

partagés).

Composée de 5 ateliers et 12 bureaux, la pépinière peut accueillir 17

entreprises et propose une logistique commune, des services associés et

des animations à des tarifs progressifs. Entre 2000 et 2010, 42 projets y

ont été accueillis. En 2011, 76% des entreprises accueillies par Emergence

étaient toujours en activité. Le chiffre d'affaires moyen des "ex-hébergés"

est de 241 000 € en 2010.

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26 SESAMS, pour le secteur médical

Inauguré le 5 avril 2013, SESAMS (Sciences Et Services Appliqués au Médical et à la Santé) est un hôtel d'entreprises pour les PME innovantes dans les domaines

médical et de la santé. Situé sur le Plateau Nord de Caen, il constitue une offre de services destinée notamment aux entreprises qui ont besoin d'une proximité

géographique avec les acteurs de leur filière.

Sur cette structure, la Ville de Caen propose aux entreprises plusieurs modalités locatives : bail commercial 3/6/9 ans pour les entreprises de plus de 3 ans, convention

d'occupation temporaire, suivi en dispositif pépinière avec tarif progressif par année. Cette mixité de possibilité d'accueil permet aux entreprises de partager leurs

expériences.

Le tourisme : une activité à développer

- Caen est au cœur d'une région très active au plan touristique

Le tourisme est l'un des moteurs économiques du département. Le Calvados, par sa proximité avec Paris et la commodité offerte par les Chemins de Fer a développé

un tourisme balnéaire important dès le 19ème siècle.

En 1860, le duc de Morny crée la station balnéaire de Deauville, face à Trouville-sur-Mer déjà fréquentée par les adeptes des bains ainsi que de nombreux peintres et

écrivains. Aujourd'hui renommée dans le monde entier, Deauville attire chaque année des visiteurs de tous les horizons et développe un tourisme d'affaires important.

Cabourg, que l'on associe bien volontiers à Marcel Proust, est également une station réputée.

Partout, sur ses côtes, qu'elles soient de Grâce, Fleurie ou de Nacre, le Calvados offre d'immenses plages de sable et toute la beauté de l'architecture balnéaire et de

ses fameuses villas "anglo-normandes". Honfleur, qui a tant inspiré les peintres impressionnistes, est aussi un haut lieu du tourisme normand.

Les plages du Calvados sont par ailleurs les Plages du Débarquement allié du 6 juin 1944. Cet événement majeur de la Seconde guerre est décliné dans de nombreux

sites de la côte. Les neuf principaux musées du département qui déclinent cette thématique ont totalisé 1 306 433 entrées en 2012 (dont 364 000 pour le Mémorial de

Caen), soit près de 18,8 % des entrées enregistrées sur l'ensemble des sites majeurs du Calvados, toutes catégories confondues. Les sites d'accès libre comme les

cimetières américain de Colleville-Saint-Laurent et allemand de La Cambe, ainsi que la Pointe du Hoc, représentent à eux seuls 36 % de la fréquentation.

L'arrière-pays offre des paysages variés comme le Bocage normand, dans la région de Vire ou les falaises de la Suisse Normande ; des châteaux et manoirs ; des

rivières… tous lieux qui favorisent le développement du tourisme vert et du tourisme culturel, sans oublier le tourisme de loisirs avec la proximité immédiate de

Festyland (environ 200 000 visiteurs par an) et le tourisme gastronomique !

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27

- Le tourisme en chiffres Le Calvados est au 8ème rang des départements les plus visités par les Français, avec 4,1 millions de séjours de près de 5 jours réalisés7 et au 9ème rang pour les courts séjours8. Le chiffre d'affaires direct était évalué, en 2005, à 865 millions d'euros et le nombre d'emplois lié au tourisme estimé à 14 900 soit 6,1 % du total des emplois salariés du département9. La clientèle est française à 71 %, puis britannique (7,5 %), néerlandaise (7 %), belge (3,5 %), américaine (3 %) et allemande (2,5 %). La fréquentation est individuelle pour les deux tiers. En 2012, la fréquentation touristique totale sur le département a été estimée à plus de 8,5 millions de visites sur 107 sites et lieux de visites. 51% sur les sites et musées liés à la Bataille de Normandie, 12% sur les autres musées 11% sur les châteaux, 17% sur les sites de loisirs-distractions, 7% sur les parcs et jardins 2% sur les sites techniques (visites d'entreprises). 25% de la fréquentation touristique globale se fixe sur la région de Caen.

7 source SDT SOFRES 2012

8 SDT SOFRES 2008

9 INSEE 2010

Caen Soirs d'été : une manifestation estivale sur plusieurs

semaines, qui attire habitants et vacanciers.

Ce soir-là, le spectacle était au château !

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28 - Les atouts que Caen développe : une position géographique idéale, une offre culturelle et marchande unique, un patrimoine exceptionnel

Ce tableau, réalisé par les services municipaux, fait le bilan des entrées sur les sites touristiques et lors des grands évènements annuels à Caen10 : il met explicitement

en avant les deux points majeurs d'attractivité que sont le Mémorial pour la Paix pour le tourisme, et le Zénith pour les loisirs. Viennent ensuite les deux musées

municipaux et le théâtre. Il s'agit là de sites ouverts toute l'année.

Le "score" plus modeste de la fréquentation lors des manifestations "Caen Soirs d'été", "Presqu'Ile en fête" et "Passage de Témoins" est donc à relativiser, puisqu'il

s'agit d'évènements brefs et ponctuels. Les évènements estivaux sont très probablement des niches pour développer l'attractivité touristique du territoire.

10

Les précisions concernant ces sites et les grands évènements sont détaillées plus loin dans cette partie du dossier.

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29 Plus de 600 000 entrées sur les lieux de visite, une fréquentation hôtelière plutôt satisfaisante (avec un taux d'occupation moyen d'environ 60 %), des visites guidées

suivies par 20 000 personnes en 2010 par exemple… sont les signes évidents d'une activité touristique installée, mais plutôt modeste au regard des résultats obtenus à

Deauville, Saint-Malo ou Nantes.11 Pour progresser, il est nécessaire de créer de nouveaux outils de travail et de communication.

Une nouvelle organisation pour une meilleure synergie entre le tourisme d'affaires et le tourisme de loisirs :

En 2012, la Ville a mené une réflexion sur l'attractivité de la destination caennaise, et a conclu à l'opportunité de rapprocher les services en charge du tourisme

d'affaires de ceux en charge du tourisme d'agrément. Pour cela, elle a regroupé, au sein d'une même délégation de service public, la gestion de son parc des

Expositions, de son Centre des Congrès, et la gestion des activités concourant au développement du tourisme "classique" . En novembre 2012 elle a choisi de confier

cette délégation à la société Caen Expo Congrès, qui s'est associée à l'Office de tourisme de Caen.

La Ville, Caen Expo Congrès et le Mémorial de Caen ont également posé les jalons d'une nouvelle collaboration en matière de promotion touristique, en s'associant au

sein d'un Groupement d'Intérêt Economique "Destination Caen", avec un budget annuel de 300 000 euros. Un plan-marketing ambitieux est en cours de réalisation.

Un éclairage particulier sur les singularités de l'offre urbaine :

Au contraire des autres sites touristiques du département, sites "dormants" quand arrive la fin de la journée, Caen est en mesure d'offrir aux visiteurs un complément

appréciable et unique d'activités de soirée et nocturnes : cinémas, restaurants et bars, concerts, animations tous publics comme "Caen Soirs d'été" …. qui complètent

très agréablement l'offre touristique traditionnelle. Dans le même ordre d'idées, l'ordre marchande, l'offre culturelle, l'offre d'activités sportives font vivre la ville toute

la saison, y compris les jours de pluie ! Ces atouts, propres à la ville-centre, sont à valoriser, auprès notamment des publics touristiques jeunes.

Une communication liée à l'Evènementiel :

La fréquentation des évènements urbains ne se limite pas à celle des caennais : elle s'étend au-delà, et sans doute aussi aux touristes. "Surfer" sur ces grandes

manifestations, ou sur des expositions exceptionnelles comme celles organisées en 2013 dans le cadre de Normandie impressionniste permettra d'élargir

significativement cette fréquentation aux résidents ponctuels.

11

Source : enquête 2012. Ipsos Public Affairs

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30

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31 Une mise en valeur du patrimoine caennais :

Peu de gens, hors les Normands, savent que Caen a préservé une très grande partie de son patrimoine ancien ; moins encore, que celui-ci ne se limite pas à la période

médiévale. Faire savoir ces richesses, inventer des outils modernes pour les découvrir, multiplier les approches seront autant de missions que développera le futur

service "Ville d'Art et d'Histoire".

L'adhésion à des réseaux garants de qualité

La thématique "Guillaume Le Conquérant" est, avec celle de la Bataille de Normandie, la plus

directement porteuse en termes de retombées touristiques pour le Calvados. le Comité du

Tourisme du Calvados a donc créé, en 2009, un circuit-découverte des sites emblématiques

liés à Guillaume le Conquérant, La Fabuleuse Epopée. Totems explicatifs en français et en

anglais, dépliant, site internet (avec un "blog " nourri par Guillaume lui-même !), film et jeu

pour les enfants permettent de décliner ce thème, avec une idée forte autour de l'histoire

d'un héros. Le château ducal et les abbayes de Caen appartiennent à ce réseau

départemental, qui renvoie les visiteurs d'un site à l'autre.

L'adhésion espérée au réseau des Villes et Pays d'Art et d'Histoire confortera l'intérêt

touristique et culturel de la Ville au plan national.

En vue de renforcer son positionnement en tant que destination touristique, la ville de Caen a obtenu, le 4 mai 2011, le classement de "Commune touristique".

Ce classement permet d'obtenir le label d'excellence de "station classée de tourisme". La ville instruit actuellement un dossier de demande de labellisation.

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32 B1 3. Les acteurs de la vie locale

Un maillage administratif au service des habitants

- La Municipalité

Depuis 2008, la Municipalité est dirigée par Philippe Duron, qui est également député de la 1ère circonscription du Calvados depuis 2007 et Président de la

Communauté d'agglomération Caen la Mer depuis avril 2008.

Les services de la mairie et du CCAS de Caen comptent environ 2 700 employés.

Le Conseil Municipal est composé de 55 élus :

- Le maire, - 20 maires-adjoints (9 femmes et 11 hommes) - 22 conseillers municipaux de la majorité (13 femmes et 9 hommes) - 12 conseillers municipaux de l'opposition (6 femmes et 6 hommes) Le conseil municipal se réunit, en moyenne, une fois toutes les six semaines. Les

séances se déroulent à l'étage de la Salle des Gardes, ancienne salle des hôtes de

l'Abbaye-aux-Hommes.

Pour donner de la cohérence à l'action municipale, et aller au-delà des

découpages fonctionnels des délégations des adjoints, quatre pôles ont été

définis, sur la base desquels fonctionnent les commissions : ces pôles

garantissent la transversalité et la collégialité du travail des élus.

Le pôle 1, Espace et Cadre de vie regroupe l'urbanisme, le logement,

l'environnement, la voirie et les espaces publics, la politique de la ville.

Le pôle 2, Population et "vivre ensemble" la solidarité, l'éducation, la jeunesse, le

sport, la vie associative, la culture, la santé

Le pôle 3, Attractivité, l'innovation, l'enseignement supérieur, la recherche, le

commerce, l'artisanat, le tourisme, les relations internationales

Le pôle 4, Finances, Affaires générales, proximité et qualité du service public, le

personnel communal, les finances, les affaires générales, l'évaluation des

politiques publiques, la démocratie participative, la citoyenneté.

C'est dans la magnifique "Salle des Gardes" de l'Abbaye aux Hommes que les élus

municipaux se réunissent en assemblée plénière.

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33

- La Communauté d'agglomération Caen la Mer

Les communes de Caen la mer ont défini un programme avec cinq priorités, à finaliser à l'horizon 2020 :

Priorité 1 : Compétitivité, rayonnement et prospérité : il s'agit d'encourager ou de susciter le développement des activités innovantes sur son territoire, comme la

mémoire numérique avec la création d'un Datacenter, la formation, la recherche, l'éco-construction.

Priorité 2 : Logement et solidarité

Priorité 3 : Mobilité, accessibilité et transports publics

Priorité 4 : culture et sports

Priorité 5 : le développement durable.

La communauté d'agglomération gère des dossiers spécifiques, comme le ramassage des déchets. Elle partage désormais avec la Ville les moyens dévolus à la question

culturelle, aux services informatiques et à la gestion des bâtiments.

La synergie entre la ville-centre et l'agglomération est concrète et permet l'émergence de projets ambitieux, dont certains sont partagés avec les autres partenaires de

la Ville : ainsi, le projet urbanistique "Presqu'Ile" a été confié à une Société Publique Locale d'Aménagement qui regroupe trois communes de l'Agglomération, Caen la

mer, PNA (Ports Normands Associés) et la Région. L'accueil des Jeux Equestres Mondiaux a fait l'objet d'une synergie active entre tous les partenaires de la Ville et le

Groupement d'Intérêt Public qui gère l'évènement. La Bibliothèque Multimédia à Vocation Régionale (BMVR), le stade nautique, qui sont – ou seront très bientôt – des

équipements à très forte attractivité, sont portés par la communauté d'agglomération.

- Les autres partenaires institutionnels

Etant capitale de région, la Ville de Caen a l'avantage d'accueillir sur son territoire, ou celui de son agglomération, le siège des grands partenaires institutionnels avec

lesquels elle travaille : Le Conseil Régional de Basse-Normandie , le Conseil Général du Calvados, la Chambre de Commerce et d'Industrie de Caen-Normandie, le

Rectorat, le CRDP (Centre Régional de Documentation Pédagogique), la Chambre Régionale de Métiers de Basse-Normandie, la Direction Régionale des Affaires

Culturelles…

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34 La démocratie participative, la démocratie de proximité et la vie associative pour plus de lien social

Les Etats généraux de la démocratie de proximité ont été créés en 2008 et rassemblent, tous les deux ans, les acteurs de la vie locale (citoyens, associations, élus

et agents municipaux…) pour un temps d'échange. L'objectif de ces réunions est d'améliorer l'efficacité des projets, de renouveler la confiance entre les citoyens et

leurs représentants et de permettre l'éclosion d'initiatives nouvelles.

Lors de l'ouverture des premiers Etats généraux, le 29 novembre 2008,

Philippe Duron, maire de Caen, indiquait :

" Le monde a changé et il n’est plus possible aujourd’hui de décider

comme on le faisait hier. Désormais, les attentes des citoyens en

termes de participation au débat public sont considérables. Mieux

formés, mieux informés, plus sensibles au respect de leur

environnement, ils n’acceptent plus de voir leur citoyenneté réduite à

la seule intermittence du vote. Ils veulent être informés, débattre,

participer à la construction des projets avec les techniciens et les élus."

Pour mieux informer les citoyens et faire appel à leur concertation, la

municipalité s'est dotée d'outils qu'elle met à leur disposition, afin

qu'ils s'impliquent davantage dans la vie de la cité.

Premiers Etats Généraux de la démocratie de proximité

Photo Ville de Caen

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35

- Les neuf Conseils de quartiers

Les Conseils de quartiers ont été créés après les premiers Etats généraux de la démocratie de proximité. Ils

sont dotés de budgets participatifs qui permettent de réaliser des projets d'échanges et d'animations qui

consolident le lien social entre les habitants.

15 projets ont ainsi déjà vu le jour depuis 2010. Lieux d'information, de débat, de propositions concernant la

vie dans les quartiers et les projets de la ville, les Conseils de quartiers sont associés à l'élaboration de la

politique de la Ville et aux projets des quartiers.

Ils favorisent le dialogue entre les habitants et la municipalité et l'échange entre les habitants eux-mêmes. Les

650 conseillers sont des résidents ou des personnes qui travaillent dans le quartier. Les conseils sont

renouvelés tous les deux ans, et les réunions plénières – qui ont lieu trois fois par an - sont publiques. Elles

sont présidées par un maire-adjoint assisté de deux élus municipaux.

Les propositions des conseillers de quartiers ont donné lieu à près de deux millions d'euros de travaux réalisés

par les services de la Ville.

Territoires des conseils :

1 - Centre, Gardin, Saint-Sauveur, Presqu'île

2 - Saint-Julien, Université, Calvaire-Saint-Pierre, Mont-Coco, Campus II

3 – Saint-Gilles, Rue Basse, CHR-Abbaye-aux-Dames, Saint-Jean-Eudes, Calmette, Pierre-Heuzé, Lébisey, Plateau Nord

4 – Gare SNCF, Vaucelles Est (Demi-Lune), Guynemer, Sainte-Thérèse, Claude Decaen, Guérinière

5 – Saint-Michel, Vaucelles Ouest, Armand Marie, Grâce-de-Dieu

6 – Bas Venoix Est, Saint-Ouen, Caponnière, La Haie-Vigné, Hastings

7 – Bas Venoix Ouest, Venoix, Fontaine Venoise, Beaulieu

8 – Maladrerie, Saint-Paul, Saint-Gabriel, Chemin Vert Est, Chemin Vert Ouest, ZI du Chemin Vert

9 – Folie-Couvrechef, Folie Centre Ouest, Folie Centre Est, Hameau de la Folie

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36 -Les quatre Pôles de Vie des Quartiers

Pour assurer une meilleure qualité de services aux habitants (démarches administratives, prestations sociales, signalement de dysfonctionnement, animations…) et

offrir un rapport direct et simplifié à l'administration municipale, la ville a créé quatre "Pôles de vie des quartiers" implantés au plus près des lieux de résidence ou de

travail. Ces véritables "antennes décentralisées" de l'Hôtel de Ville offrent aujourd'hui des prestations en nombre plus important que ne le faisaient les Mairies de

quartier.

En apportant ainsi plus de moyens techniques et d'animation sur le territoire, la ville améliore le service public municipal, répond plus rapidement aux demandes des

citoyens, a une action plus ciblée, intensifie le dynamisme associatif grâce à un accompagnement renforcé et améliore le lien entre les réflexions des Conseils de

quartier et l'action des services municipaux.

1 – Pôle Rive Droite / 29 096 habitants Pour les secteurs Gare, Demi-Lune, Sainte-Thérèse, Guérinière, Saint-

Michel, Vaucelles, Armand-Marie et Grâce-de-Dieu

2 – Pôle Nord-Est / 26 469 habitants Pour les secteurs Saint-Julien, Université, Calvaire-Saint-Pierre, Mont-

Coco, Campus II, Saint-Gilles, Clémenceau, Saint-Jean-Eudes, Calmette,

Lebisey, Pierre-Heuzé et Plateau Nord

3 – Pôle Nord-Ouest / 24 563 habitants Pour les secteurs Chemin-Vert, Maladrerie, Saint-Paul, Saint-Gabriel et

Folie-Couvrechef

4 – Pôle Centre/Sud-Ouest /31 050 habitants Pour les secteurs Centre, Presqu'île, Hippodrome, Prairie, Saint-Ouen,

Caponière, Haie-Vigné, Hastings, Venoix et Beaulieu

Les élus assurent chaque semaine, des permanences dans les quartiers et en centre-ville. Ils sont également présents sur le stand de la ville, lors de grands événements

comme la Foire Internationale de Caen, qui a lieu en septembre.

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37

- La Maison des Associations

Située en plein cœur du Quartier Lorge, à proximité de la mairie, la Maison des Associations est un espace de rencontre, de dialogue et de conseil. Elle a

pour mission de promouvoir et faciliter la vie associative locale et de favoriser la création d'associations en participant au montage de projets.

La Maison des Association accueille un peu plus de 500 associations de la ville, pour lesquelles elle met à disposition des salles de réunion, du matériel logistique, des

panneaux d'information et, pour certaines, des boîtes à lettres. En partenariat avec Animation Emploi Calvados (AE14)12, elle propose aux bénévoles des conseils et

des formations, accompagne les jeunes associations dans leur création et leur développement. Elle gère les Maisons et Salles de Quartiers. Elle assure un accueil

unique pour les demandes de subventions de fonctionnement faites à la Ville et le prêt de salles, pour toutes les associations ayant leur siège à Caen.

Son équipe est composée de six agents rattachés au Service des Associations et de la Participation locale.

- Le Conseil de la vie associative

Il est né de la rencontre de deux volontés clairement exprimées lors des Etats Généraux de la Démocratie de Proximité :

- Celle des élus de la Ville de Caen qui souhaitaient mettre le territoire en mouvement avec le concours de ses forces vives,

- Celle des associations caennaises qui était de contribuer à l'élaboration d'un projet concerté fondé sur des valeurs partagées.

Le monde associatif concourt par sa diversité, sa richesse et l'étendue de ses actions, à la lutte contre les inégalités et trouve ainsi, de manière légitime, sa place

d'interlocuteur privilégié de la Ville pour construire la politique locale du "vivre ensemble" sur le territoire. Le Conseil de la vie associative favorise également le

dialogue entre les associations. C'est un lieu d'information, de débat et d'échanges, qui permet d'exploiter toute la richesse du tissu associatif caennais et qui s'inscrit

dans une démarche de démocratie participative.

Toute association qui développe des activités à Caen, peut se porter candidate au Conseil de la vie associative. Le Conseil, renouvelé en 2013, compte ainsi 110

membres, dans les domaines de la citoyenneté, de la solidarité, de la culture, de l'éducation, de la santé, du handicap, de l'environnement, du sport et des loisirs…

Il se réunit, en assemblée plénière, environ trois fois par an. Des groupes de travail peuvent être constitués en fonction de sujets spécifiques, à la demande de ses

membres.

12

Animation Emploi Calvados (AE14) intervient dans le cadre d'un centre de ressources et d'information pour bénévoles, labellisé par le Ministère Jeunesse et Sports et de la vie associative. Elle offre, aux

associations locales et aux porteurs de projets collectifs, des informations et une assistance technique dans le domaine de l'organisation et de la gestion administrative ou financière.

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38 B1 4. Les équipements de la Ville, un facteur majeur d'attractivité

Des équipements d'accueil, d'information et de loisirs pour tous les âges

Les équipements de la petite enfance, répartis sur l'ensemble de la ville comprennent des crèches collectives, des crèches familiales, des haltes garderies, trois relais

d'assistantes maternelles et un centre de loisir maternel. On compte également de nombreux équipements à l'échelle des quartiers : MJC, centres d'animations,

maisons de quartiers, centres socio-éducatifs gérés par la Caisse d'Allocations Familiales. Des établissements pour personnes âgées dépendantes ont été aménagés.

Des équipements hospitaliers de haut niveau

La ville bénéficie d'un Centre Hospitalier Universitaire Régional, de Facultés de médecine et de pharmacie, d'une école d'infirmières. Un Etablissement Public de

Santé Mentale (Bon Sauveur), un Centre Régional de Lutte contre le Cancer (François Baclesse) et trois établissements privés - le Centre Hospitalier Saint-Martin, la

Clinique de la Miséricorde et la Polyclinique du Parc - complètent l'offre de services médicaux.

Des équipements sportifs pour une offre large

Le Stade Michel d'Ornano possède 21 200 places et accueille essentiellement les matchs

de football du Stade Malherbe de Caen, et des matchs de coupe de France, mais aussi d'autres

manifestations, comme par exemple de grands concerts..(Cliché François Levalet)

On peut pratiquer beaucoup de sports à Caen, au sein du stade nautique

prochainement rénové, de la patinoire olympique, de la base d'aviron et canoë-kayak,

du stade d'athlétisme (Hélitas), du vélodrome… et des nombreux gymnases. Des clubs

privés complètent l'offre. Le stade d'Ornano est, depuis 1993, le principal équipement

sportif de la ville.

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39

Les équipements hôteliers :

On dénombre 40 hôtels de tourisme toutes catégories à Caen, soit 1

505 chambres ou 3 010 lits. Un seul est "4 étoiles", cinq sont "3

étoiles" ; l'essentiel du parc est en "2 étoiles" avec vingt-deux hôtels ;

sept "1 étoile" et trois établissements non classés complètent le

dispositif.

Le parc hôtelier est concentré sur deux zones en majorité : celle au

bord du périphérique nord (aux abords du Mémorial pour la Paix et

des zones d'entreprises tertiaires), et le centre-ville.

Des résidences de tourisme - quatre – offrent une autre alternative

aux visiteurs, résident plusieurs jours à Caen par exemple. Le dernier

d'entre eux offre des prestations "haut de gamme". 417 lits sont

disponibles dans ces derniers établissements.

Dix "meublés non classés" proposent ensemble 184 lits.

Enfin, quelques chambres d'hôtes (sept établissements) sont

disponibles en ville, avec au total 28 lits ; leur place dans le parc

d'hébergement reste modeste, le principe des chambres d'hôtes

étant plus traditionnellement lié à la campagne ou la mer.

La ville de Caen dispose d'une auberge de jeunesse, d'une capacité de

50 lits et de 92 anneaux sur le Bassin-Saint-Pierre.

Principales zones urbaines de l'offre hôtelière caennaise (saisie d'écran sur le site booking.com)

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40 Les établissements scolaires et universitaires

La ville compte, secteurs public et privé confondus, 38 écoles élémentaires et 26 écoles maternelles, soit 9 125 élèves scolarisés. Il y a, sur le territoire urbain, 17

collèges et 17 lycées, ainsi que de nombreux établissements d'enseignement supérieur et de recherche - une dizaine dans le secteur public, dont l'Université et une

quinzaine relevant du secteur privé -.

Le Lycée Malherbe

Le lycée de Caen ouvre ses portes

en 1804, et occupe l'Abbaye aux

Hommes, désaffectée à la

Révolution.

Le "nouveau lycée" est inauguré

en 1961 : le terrain, acheté à la

communauté du Bon-Sauveur, a la

particularité d'être

remarquablement long et étroit :

le lycée mesure 800 mètres de

long !

Il accueille 1800 élèves, dont ceux

des écoles préparatoires aux

grandes écoles

(Cliché François Levalet)

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41

- L'Université de Caen Basse-Normandie

Elle propose un éventail de plus de 150 diplômes d'Etat en Droit,

Economie et Gestion, Sciences Humaines et Sociales, Sciences du

Vivant et de la Santé et Sciences et Technologies.

Située au cœur de la ville, elle compte plus de 24 000 étudiants

dont 10% sont de nationalité étrangère, originaires du monde

entier. Ainsi, l'Université est porteuse de plus de 200 accords de

coopération avec plus de 35 pays différents. Sa croissance rapide l'a

conduite à implanter des filières de formation et de recherche sur

deux autres sites de la ville et à créer des sites universitaires dans

d'autres villes bas-normandes : Alençon, Cherbourg, Lisieux,

Saint-Lô et Vire.

L'Université abrite plus de 50 équipes de recherche de haut niveau,

dont certaines sont associées aux organismes de recherche français

tels que le CNRS, le CEA, l'IFREMER, l'INSERM et l'INRA. Elle permet

à la ville et à toute l'agglomération de disposer d'une offre de

formation de qualité et d'une vitrine au niveau national, et

international. La présence de l'université et des formations qu'elle

offre favorise le développement d'entreprises nécessitant un

personnel possédant de hauts niveaux de formation.

Au sein de l'Université, deux établissements sont plus

particulièrement en lien avec leur environnement local.

L'Université, Campus 1 (Cliché F. Levalet)

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42 La Maison de la Recherche en Sciences humaines

Adopté à la fin de l'année 1991, le Schéma Université 2000 prévoit la création d'une Maison des Sciences humaines avant 1995, pour un budget initial de 25 millions de

francs. La maîtrise d'ouvrage est confiée au Conseil Régional, qui intervient au nom de l'ensemble des collectivités locales bas-normandes concernées. Les premières

études commencent à l'automne 1991. Débutés en avril 1994, les travaux s'achèvent un an plus tard. Les équipes de recherche et les services de l'Université s'installent

à partir de mai 1995. Les statuts de la Maison de la Recherche en Sciences Humaines (MRSH) de Caen comme composante de l'Université de Caen Basse-Normandie ont

été adoptés en octobre 1995 par le Conseil d'Administration de l'Université.

La Maison de la Recherche en Sciences humaines de Caen Basse-Normandie a pour mission de contribuer au développement des sciences humaines et sociales, au

niveau régional, national et international. Elle rassemble les 27 équipes de recherche en Sciences des Humanités et des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales de

l'Université, associées ou non au Centre National de la Recherche Scientifique -CNRS- et à l'Office Universitaire d'Etudes Normandes -OUEN.

Tout en ayant des projets propres, les équipes de recherche de la MRSH sont engagées pour une part plus ou moins grande de leur activité dans des pôles

pluridisciplinaires qui définissent durablement la vie scientifique de la Maison et contribuent à l'affirmation de sa spécificité. Concilier durablement équipes de

recherche et pôles pluridisciplinaires, approfondissements scientifiques disciplinaires et dynamiques transdisciplinaires, est au cœur de son projet scientifique.

La reconnaissance de la MRSH passe non seulement par ses collaborations scientifiques régionales, nationales et internationales notamment à travers le réseau des

Maisons des Sciences de l'Homme, mais aussi par sa capacité à accueillir un large public : la maquette du Plan de Rome et les expositions temporaires concrétisent

cette volonté.

Le Plan de Rome est une maquette en plâtre d'environ 70 m² (11m / 6m), réalisée à l'échelle 1/400,

qui représente les 3/5 de la ville de Rome à l'époque de Constantin, au début du IVe siècle après J.-C.

Son créateur, l'architecte Paul Bigot (1870 - 1942), Grand Prix de Rome en 1900, a consacré la

majeure partie de sa vie à cette reconstitution de la ville de Rome. Il lègue son œuvre à Henry

Bernard, qui sera un peu plus tard architecte de la Reconstruction et précisément de l'Université de

Caen. A son tour, Henry Bernard fait un legs à l'Université.

Le Plan de Rome est très régulièrement présenté par les équipes de la MRHS aux publics scolaires,

aux étudiants et aux particuliers.

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43 Le CIREVE – Centre Interdisciplinaire de Réalité Virtuelle

Le CIREVE est un plateau technique universitaire créé en 2006. Rattaché à l’UFR Sciences de l’Homme de l’Université de Caen Basse-Normandie, avec 11 équipes

labellisées. Il a son origine dans le projet de reconstitution numérique du plan de Rome. De fait, la maquette factuelle, classée monument historique et donc "figée"

n'autorise aucune modification : or les recherches archéologiques réalisées aujourd'hui, sont parfois susceptibles de modifier une partie du plan de Bigot. L'objectif

scientifique de la réalisation virtuelle est de pouvoir modifier l'existant en fonction et au fur et à mesure des découvertes.

Les savoir-faire acquis pour la réalisation de la maquette virtuelle et partagés entre historiens et informaticiens ont été optimisés et mis au service des chercheurs

universitaires et déclinées pour d'autres réalisations virtuelles, comme celle de l'Université avant 1944.

Le CIREVE collabore à de nombreux projets de recherche, et notamment :

- La réalisation virtuelle du Mémorial pour la Paix, qui est un outil de recherche pour les neurologues (travail sur la mémoire humaine sur des malades déficients),

conduit par Francis Eustache, directeur de CYCERON.

- Celui conduit par Pierre Denis, médecin au CHU, pour des travaux sur l'oreille interne, la sécurité routière.

- La réalisation virtuelle du stade Denise Roland-Garros, qui sera présentée dans le futur Centre d'Interprétation du stade, dirigé par Christophe Durand, professeur de

STAPS.

- Le CIREVE participe également au projet MULTIBRAIN, mené dans le cadre de l’équipement d’excellence MATRICE (Direction Denis Peschanski) en collaboration avec

24 partenaires dont la ville de Caen et le Mémorial de Caen.

La MRHS et le CIREVE seront des partenaires précieux du futur service Ville d'Art et d'Histoire, pour la recherche et la mise en œuvre de créations numériques.

- Les grandes écoles complètent le dispositif universitaire :

L'Ecole Nationale Supérieure d'Ingénieurs de Caen (ENSICAEN), également centre de recherche.

L'Ecole Supérieure d'Ingénierie et Travaux de la Construction (ESITC) de Caen, qui propose notamment le Mastère Spécialisé "Ouvrages Maritimes et Portuaires". Ce

diplôme de niveau Bac+6, accrédité par la Conférence des Grandes Ecoles (CGE), forme des ingénieurs spécialisés et des cadres de haut niveau capables de se

positionner comme référents nationaux.

L'Ecole de Management de Normandie (EM Normandie).

L'Institut de Formation aux Affaires et à la Gestion (IFAG), école de management et d'entrepreneuriat installée dans 13 villes de France, qui forme les créateurs et

repreneurs d'entreprises et les personnes qui souhaitent occuper une fonction de direction.

L'Institut d'Administration des Entreprises (IAE); Créé en 1956, il appartient désormais au groupe des huit instituts de référence en Europe, en matière de e-learning13.

Il accueille chaque année plus de 2 300 étudiants.

Sciences Politiques Rennes a ouvert, en septembre 2012, une nouvelle section de deuxième année axée sur le développement durable en partenariat avec l'Université

de Caen Basse-Normandie.

13

E-learning : utilisation des médias électroniques et des technologies de l'information et de la communication (TIC) dans l'éducation

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44 Les structures liées à l’environnement

- Le Musée d’Initiation à la Nature :

Aménagé dans les anciennes charreterie et boulangerie de l’Abbaye-aux-Hommes, ce petit musée a été fondé en 1974, pour remplacer le musée d’histoire naturelle

détruit lors des bombardements de juin et juillet 1944. Propriété de la Ville de Caen, il est géré par le C.P.I.E. Vallée de l’Orne et propose, au jeune public, une première

découverte de la faune, de la flore, de la géologie et des paysages de Normandie. Le musée dispose d’une importante collection d’animaux naturalisés provenant de

l’ancien musée d’histoire naturelle. Des animations pour les scolaires y sont organisées toute l’année et des expositions, pour le grand public, sont présentées, en haute

saison, dans le jardin.

- Le Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement (C.P.I.E.), Vallée de l’Orne

Créée en 1984, l’association « L’Aulne Vert » a été labellisée « C.P.I.E. Vallée de l’Orne », en 1987. Le C.P.I.E. a pour missions l’éducation à l’environnement et au

développement durable ainsi que la valorisation des territoires et des patrimoines. Il bénéficie, pour ses activités éducatives, du soutien du Conseil Général du Calvados

et de la Ville de Caen, qui l’héberge dans l’enceinte de l’Abbaye-aux-Hommes, près du Musée d’Initiation à la Nature.

Les trois C.P.I.E. bas-normands sont rassemblés dans une Union Régionale, qui permet une meilleure coordination de leurs actions et se veut être le partenaire des

acteurs régionaux du développement durable de Basse-Normandie.

Outre le Musée d’Initiation à la Nature, le C.P.I.E. Vallée de l’Orne gère la Maison de la Nature et de l’Estuaire de l’Orne ainsi que la Maison Forestière de Mutrécy, près

de la forêt de Grimbosq. Il participe aux grands événements liés à l’environnement et présente des expositions.

Son centre de ressources met à la disposition des enseignants, des animateurs ou des collectivités les outils nécessaires au montage d'un projet ou d'un événement en

lien avec l'environnement et le développement durable (expositions, outils pédagogiques, livrets, brochures…).

L’équipe d'animateurs dispense de conseils, propose des balades découvertes et organise, à la demande de groupes, des visites thématiques sur l’environnement ou le

paysage urbain.

Le Musée d’Initiation à la Nature

est situé dans l’ancienne

charreterie, le long du mur

d’enceinte de l’Abbaye-aux-

Hommes.

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45 Les grands équipements culturels

- Le Mémorial, Cité de l’Histoire pour la Paix

Le Mémorial de Caen a été construit en 1986 sur un ancien poste de commandement allemand. Inauguré en 1988, il est consacré à l’histoire du 20ème s., qu’il aborde

sur 5 600 m² et quatre espaces d’exposition permanente : la Seconde Guerre mondiale, le Débarquement et la Bataille de Normandie, la Guerre froide, Actualité et

dessins de presse.

Le Mémorial présente également de nombreuses expositions temporaires et propose des cycles de conférences. L'équipe a noué des relations scientifiques et

culturelles de très bon niveau avec les principaux musées internationaux consacrés à l’histoire du XXème siècle.

Chaque année, le Mémorial organise les concours de plaidoiries des avocats, élèves avocats et lycéens invités à plaider pour la défense des droits de l’homme. Il

présente également le Festival international du dessin de presse (3ème édition en 2013) et poursuit ainsi son combat pour la liberté d’expression.

La politique scientifique du Mémorial de Caen s’inscrit depuis 2006 dans le cadre d’une convention signée avec l’Université de Caen (UFR d’Histoire) et le CNRS qui vise

à développer en commun des travaux scientifiques. Un axe de recherche consacré à la Seconde Guerre mondiale a été créé en lien avec le CRHQ (Centre de Recherche

d’Histoire Quantitative) de l’Université. Depuis 2005, un programme pluridisciplinaire est consacré à la thématique des propagandes en lien avec la MRSH et le

Département de Psychologie Politique de l’Université de Caen.

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46

Outre l’espace d’exposition dont la muséographie a été revue récemment, le Mémorial met à disposition du public une importante boutique, une bibliothèque et une

photothèque très riches et propose plusieurs types de visites pour les enfants et les adultes (visites guidées, libres ou avec audio-guide, visite des plages du

Débarquement, parcours-découverte, supports pédagogiques). Le service éducatif propose une palette très large d’animations pédagogiques (visites, ateliers, livrets…)

adaptés à tous les niveaux scolaires et aux besoins des enseignants.

Le Mémorial est une Société Anonyme d’Economie Mixte Locale (S.A.E.M.L.) dont l’actionnaire majoritaire est la Ville de Caen (51 %). Son équipe se compose d’une

centaine de salariés permanents, y compris ceux intervenant sur le site d’Arromanches 360° dont la gestion a été récemment reprise par le Mémorial. La fréquentation

varie de 350 000 à 400 000 visiteurs par an.

Mémorial

Les plaidoiries des lycéens sont

l'opportunité, pour les très jeunes, de

défendre un point de vue convaincu et

souvent convainquant devant une

assemblée nombreuse et attentive.

Le samedi 23 avril 2011, a lieu une

exceptionnelle première rencontre

internationale des dessinateurs

de Cartooning For Peace. Rare

occasion de montrer qu’un crayon peut

être parfois plus puissant qu’un canon.

A droite, Khalil Abou-Arafeh,

dessinateur palestinien, photographié

en "songeur".

(clichés VC/FD)

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47

- Le Musée de Normandie

Le Musée de Normandie occupe l'ancien logis du Gouverneur dans le château ducal. Le bâtiment domine le rempart sud-ouest de la forteresse, vers la ville. A l'arrière,

on devine les immeubles des Quatrans, construits vers 1960.

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48 Le Musée de Normandie a été fondé en 1948 sous l'active impulsion du professeur d'Université Michel de Bouärd, historien, archéologue et ethnologue. Il est ouvert au public en 1963. C'est aujourd'hui un musée d'histoire et de société, labellisé "Musée de France" et géré directement par la Ville. Il possède d'importantes collections archéologiques et ethnographiques (plus de 80 000 objets et œuvres), et présente un panorama de la vie des populations sur le territoire de toute la Normandie, de la Préhistoire aux grandes migrations du haut Moyen Âge, des mutations de l'espace rural jusqu'aux premiers bouleversements de la société industrielle.

Les collections permanentes se déploient dans les salles de l'ancien Logis des Gouverneurs du Château de

Caen, avec une scénographie conçue pour une visite libre et un riche programme d'activités à

destination de tous les publics : visites commentées, parcours-découvertes, ateliers pédagogiques,

animations et spectacles.

Les expositions temporaires consacrées à l'histoire normande, aux régions d'Europe, aux

évolutions de la société et des modes de vie sont accueillies dans les Salles du Rempart, au

cœur des vestiges archéologiques, mises en scène dans une architecture innovante et

respectueuse des traces du passé. Des expositions sont également présentées dans la Salle de

l’Echiquier.

Dans les coulisses du Musée, le laboratoire de restauration et les riches réserves contribuent

à la conservation, à l'enrichissement des collections et au renouvellement constant des

présentations.

Le service des publics élabore toute l'année des actions et des programmes adaptés à tous les

publics : animations, visites, jeux, ateliers, stages, spectacles… L'activité du service fait l'objet

de développement au chapitre "La politique de la Collectivité" de ce dossier.

Le coup d'envoi de la seconde édition du festival "Normandie Impressionniste" a débuté le

samedi 27 avril 2013. Pendant cinq mois, près de 700 expositions auront lieu dans toute la

région. A Caen, au musée de Normandie, l'exposition "En couleurs et en lumière" dévoile les

premières images en couleur rendues possibles par la photographie autochrome, des années

1903 à 1931.

Les "salles du rempart" du château, aménagées il y a

quelques années, accueillent désormais les manifestations

temporaires proposées par le Musée de Normandie. En 2010,

le sujet était "La Pierre de Caen".

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50

- Le Musée des Beaux-Arts

Aménagé en 1970 au cœur du château ducal dans un bâtiment contemporain, le Musée des Beaux-Arts de Caen présente un vaste panorama de la création du XVe au

XXe siècle. Il conserve l’une des plus riches collections de peintures des musées en régions pour les 16ème et 17ème siècles italien, français, flamand et hollandais

(Cosme Tura, Le Pérugin, Véronèse, Le Tintoret, Le Guerchin, Giordano, Poussin, Champaigne, Rubens, Ruysdael...).

Cette très riche collection se constitue à partir de 1793, quand quelques esthètes caennais sauvent des œuvres saisies pendant la Révolution ; puis s'enrichit avec des

tableaux envoyés du Louvre au début du 19ème siècle. Le musée s'installe d'abord dans l'église des Jésuites, actuelle église Notre-Dame de Gloriette, puis au séminaire

des Eudistes, qui abrite alors l'hôtel de ville. Deux legs particulièrement importants, ceux du peintre Georges Lefrançois et de Pierre- Bernard Mancel, libraire et

éditeur caennais, le dotent d'œuvres exceptionnelles, comme la Madone de Rogier van der Weyden.

En septembre 1939, la guerre menace et on procède au déménagement des œuvres ; beaucoup seront sauvées, mais celles restées au musée disparaissent dans

l'immense incendie qui ravage les lieux en juillet 1944, pendant les bombardements. En 1958, une grande exposition parisienne présente les "trésors du Musée de

Caen" : elle a un fort retentissement et encourage les édiles à reconstruire un nouveau musée.

Le cabinet des estampes du Musée regroupe plus de 50 000 estampes de l’exceptionnelle collection du Fonds Mancel (Dürer, Rembrandt, Tiepolo. Parmi ces trésors,

de nombreuses œuvres sont des images précieuses de Caen aux 18 et 19èmes siècles.

Comme le Musée de Normandie, le Musée des Beaux-Arts est un musée municipal, et il est labellisé Musée de France.

Chaque année, l'équipe propose de nombreuses expositions alternant art ancien et contemporain ; peinture, dessin, estampe, photographie… Cette année 2013 est

évidemment consacrée à l'Impressionnisme. En 2005, la création du service des publics du Musée des Beaux-Arts était un signe fort en direction du public.

Invité à venir plus nombreux et plus souvent, le public bénéficie de propositions innovantes à la découverte des collections et des expositions : visite en famille, musée

des tout-petits, ateliers pour adultes… Depuis 2007, le parc du château accueille un ensemble de sculptures modernes et contemporaines, commandes publiques ou

dépôts du Fonds National d’Art Contemporain.

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51

.

La Vierge et l'Enfant. Rogier van der

Weyden. Vers 1445-1460

Huile sur bois (chêne) Tableau formé

de deux planches assemblées .0.515 x

0.335 m.

Le tableau faisait partie de la

collection du cardinal Fesch. Acquis

ensuite par Bernard Mancel en 1845,

il a été légué à la ville de Caen en

1872.

One man nine animals. Huang Yong

Ping. 1999

Ensemble de 10 sculptures. Un homme

et neuf animaux imaginaires juchés sur

des mats de 4 à 12 m de haut. Dépôt du

FRAC. Œuvre créée pour la Biennale de

Venise en 1999, qui orne le jardin du

Musée des Beaux-Arts.

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52

- Le Théâtre municipal

Le théâtre d'origine, inauguré en 1838, offrait 1 100 places et fut détruit la nuit du 15 au 16 juin 1944. Le bâtiment actuel date de 1963 et fut rénové en 1991. Une

nouvelle opération de rénovation, qui sera lancée à la rentrée 2013 consistera notamment à restructurer l'espace scénique et la mécanique et à moderniser la salle

afin d'adapter le théâtre au XXIème siècle et de le mettre au niveau de ses partenaires.

Projet unique en France, il a pour originalité d'être un lieu de production lyrique tout en ouvrant sa programmation à l'ensemble des genres du spectacle vivant.

L'objectif est de proposer une programmation pluridisciplinaire afin d'inviter le spectateur à la curiosité, à la découverte, lui faire goûter toute la richesse de la création

contemporaine et questionner les passerelles possibles entre les différents genres : opéra (le théâtre de Caen est la seule scène lyrique de Basse-Normandie),

concerts, théâtre, théâtre musical, danse, nouveau cirque, cultures du monde... chaque spectacle allie exigence artistique et ouverture au plus grand nombre.

50 ans après sa reconstruction, il est aujourd’hui une scène reconnue en France et en Europe, qui s'associe aux plus grandes maisons de spectacle, tout en

restant fortement ancrée dans sa région.

Plus de 120 000 spectateurs et un public issu de la région entière ! Avec plus de 150 représentations par an, dont un tiers de rendez-vous gratuits, le théâtre de Caen

accueille un public toujours plus important. La fréquentation a connu une hausse de plus de 85 % en 10 ans.

Le théâtre de Caen accueille en résidence, depuis plus de vingt ans, les Arts Florissants, soutenus par la Ville et la Région Basse Normandie, ce qui lui confère une

identité baroque forte. Il crée, tous les deux ans, le Jardin des Voix, une académie de jeunes chanteurs des Arts Florissants.

Le théâtre : vue de l'esplanade et vue plongeante sur la salle de spectacle

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53 Outre les subventions de l’Etat et des collectivités locales, le théâtre de Caen bénéficie du soutien financier de grandes entreprises bas-normandes.

Les Arts Florissants sous la direction de William Christie.

Les Arts Florissants sont soutenus par le ministère de la Culture et de la Communication, la Ville de Caen et la Région

Basse-Normandie. Ils sont en résidence au théâtre de Caen depuis 1987. .IMERYS et ALSTOM en sont les Grands

Mécènes.

En février 2010, Les Arts Florissants fêtent dignement leurs 30 ans ainsi que les 20 ans du partenariat qui les lient à la

Région Basse-Normandie et à la Ville de Caen. L'opéra-événement The Fairy Queen de Purcell sera le point culminant

des festivités, en coproduction avec l'Opéra Comique, le Glyndebourne Opera Festival et la Brooklyn Academy of

Music de New York (mise en scène : Jonathan Kent).

La Maîtrise de Caen. Eglise Notre-Dame-de-la- Gloriette

Le théâtre de Caen soutient également la diffusion artistique de la Maîtrise de Caen, chœur de

garçons scolarisés dans des classes spécialisées. La Maîtrise de Caen propose une saison

d'auditions gratuites en l'église Notre-Dame de la Gloriette tous les samedis midis, et participe

régulièrement aux opéras présentés au cours de la saison théâtrale, comme par exemple en

2013 dans Vénus et Adonis.

Le théâtre a mis en place une politique tarifaire très attractive pour les scolaires et les étudiants.

Plus de cinquante rendez-vous gratuits sont proposés pendant la saison : concerts de jazz,

musique classique, musiques du monde, chanson françaises, films…

Il propose aussi aux spectateurs des rencontres, des ateliers et un accompagnement dans leur

découverte du spectacle vivant. Il est partenaire des autres structures culturelles de la Ville : le

cinéma d'art et essai Le Lux, Musée des Beaux-Arts, l'Orchestre Régional de Basse-Normandie

notamment.

Il soutient également des spectacles dans le cadre des festivals Danse Ailleurs, Les Boréales ou

Nördik Impakt. L'équipe compte une quarantaine de personnes.

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- La Comédie de Caen, Centre Dramatique National de Normandie

La Comédie de Caen, devenue Centre Dramatique National de Normandie en 1972, remplit une mission de création théâtrale d'intérêt public. Dirigée par Jean Lambert-

Wild depuis janvier 2007, elle est composée d'une équipe d’une quarantaine de permanents et subventionnée par le Ministère de la Culture, la Ville de Caen, la Ville

d'Hérouville-Saint-Clair, le Conseil Régional de Basse-Normandie et le Conseil Général du Calvados.

Son histoire est intimement liée à celle de Jo Tréhard, fondateur du Théâtre-Maison de la Culture de Caen en 1959. A cette époque, il existe un seul théâtre à Caen,

l'actuel théâtre municipal. En 1968, le créateur se sépare de la Municipalité et installe en quelques mois un nouveau théâtre rue des Cordes, une salle de 300 places. Son

projet artistique est construit sur la création et la diffusion de spectacles qu'elle produit, ou qui sont créés par d'autres structures nationales et internationales ;

l'accompagnement de compagnies régionales et nationales ; l'écriture dramatique contemporaine : la résidence d'auteurs et l'animation d'ateliers d'écriture ; l'accueil en

résidence de compositeurs et artistes d'autres disciplines. La programmation de la Comédie de Caen exprime une réelle pluralité du répertoire et des genres abordés

(ouverture aux festivals, théâtre de rue, en appartement, cirque, jeune public...).

Aujourd'hui, la Comédie de Caen est dotée de deux lieux :

- le Théâtre d’Hérouville-Saint-Clair : salle de spectacle de 700

places où sont regroupés également l'administration et les services

techniques qui possèdent un atelier de construction et un atelier de

fabrication de costumes.

- le Théâtre des Cordes, au 32, rue des Cordes (cliché ci-dessus)

Pendant la Saison 2013-2014 au théâtre des Cordes :

L'ARMOIRE DU DIABLE un spectacle de Jean Lambert-Wild

CRÉATION LE 4 MAI 2013 AU THÉÂTRE NATIONAL DE BUDAPEST, HONGRIE

(Cliché Tristan Jeanne-Valès)

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55

- La ville de Caen apporte également son soutien à plusieurs compagnies théâtrales :

Le Panta-Théâtre

Installée à Caen depuis 1991, cette compagnie développe une action originale de

recherche et de création essentiellement autour de l'écriture moderne avec la volonté

de rassembler un très large public et d’y réunir les habitants de la cité.

Le Théâtre Foz

Basé à Caen, dans son théâtre l'Ailleurs, depuis 1995, le Théâtre Foz est une

compagnie de marionnettistes

Papillon Noir Théâtre

Implantée à Caen, depuis 1991, cette compagnie s'attache à développer une

esthétique qui puise sa théâtralité dans le langage physique, une "poétique des corps".

A.C.T.E.A.

Association Création Théâtre Education Artistique

Créée en 1983, Actea est à la fois une compagnie de création théâtrale, et un théâtre

école amateur. Elle assure une formation professionnelle des comédiens.

- L'Artothèque

Créée en 1986 à l'initiative de la Ville de Caen, l'Artothèque a pour mission de favoriser la présence de l'art sur les lieux de vie de chacun. Sous condition

d'inscription, chacun peut emprunter une œuvre à l'artothèque comme on emprunte un livre à la bibliothèque. Par délégation de service public, la gestion de

l'Artothèque est confiée à une association " loi 1901".

L'Artothèque est financée par la Ville de Caen, le Conseil Général du Calvados et le Ministère de la Culture et de la Communication.

La collection est propriété de la Ville. Elle se compose de près de 2 500 œuvres (principalement estampes et photographies), signées de plus de 800 artistes locaux,

nationaux et internationaux. En constante évolution, ce fonds est constitué de façon à permettre un ancrage dans l'histoire récente de l'art. Sont ainsi acquises, des

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56 œuvres créées entre la fin des années cinquante et aujourd'hui, par des artistes significatifs de la scène artistique internationale ou nationale et représentatifs des

principaux mouvements apparus au cours de ces années.

Depuis le 14 Septembre 2013, l'Artothèque, espaces d'art contemporain, est installée dans le Palais Ducal, bâtiment médiéval situé dans l'enceinte de l'Abbaye-aux-

Hommes et dernièrement rénové.

La galerie de prêt Photo artothèque

L'espace "emprunts" Photo Côté Caen

La médiation dans la salle d'exposition… Photo artothèque

… ou à Caen-Habitat Photo artothèque

Aujourd'hui, quelque 20 000 personnes sont ainsi concernées au quotidien par la

présence d'œuvres contemporaines, sur des lieux de vie allant de l'intimité de la

sphère privée à l'espace de travail.

L'artothèque propose des conférences, des rencontres avec les artistes… Elle

organise, à partir de sa collection et sur des thématiques variées, des expositions

itinérantes, qu'elle présente dans divers lieux de Basse-Normandie (hôpitaux,

centres culturels, galeries du réseau scolaire…). Elle accueille également des

expositions temporaires - environ six par an -, accessibles librement ou guidées par

le service médiation et qui proposent un regard approfondi sur le travail d'un artiste.

L'artothèque au Palais Ducal : depuis septembre 2013, l'artothèque a pris ses marques dans le

Palais Ducal rénové : ici, l'ancienne chapelle dévolue à l'accueil.

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- Le Cargö, salle des musiques actuelles

Cet établissement a ouvert ses portes en janvier 2007 sur la presqu'île de Caen et a été labellisé par le Ministère de la Culture Scène structurante de production et de diffusion en Basse-Normandie. C'est une propriété de la Ville. L'association Arts Attack !, qui organise également le Nördik Impakt, gère la salle par délégation de service public. Elle a pour mission l’action culturelle, la création et l’accompagnement des artistes locaux. Son équipe est composée de 17 salariés et de nombreux bénévoles. Son fonctionnement est assuré par la Ville (435 000 euros annuellement), l'Etat (120 000 euros), le Conseil Régional de Basse-Normandie (75 000 euros) et le Conseil Général du Calvados (18 000 euros) et une part d'autofinancement. Arts Attacks ! produit 60 % des spectacles, les autres l'étant avec des structures associatives de proximité ou des structures privées. 44 % des artistes sont des locaux. L'association propose une centaine de concerts par an, et organise des résidences d’artistes et des rencontres thématiques. Elle dispose de plusieurs espaces ouverts au public comme le centre info rock et le pôle de répétition et d’enregistrement. Sur une espace total de 3 500 m², le Cargö comprend aussi deux salles de spectacles.. Le Cargö développe de nombreuses actions d’éducation artistique destinées aux publics de 3 à 20 ans des établissements d’enseignement et des structures socioculturelles, (pratique de la musique, présentation des métiers et des instruments, rencontres avec des artistes…). Ces actions, auxquelles sont associés des professionnels du spectacle et des artistes régionaux, sont élaborées avec les animateurs et/ou professeurs, en fonction de leurs objectifs. Le Cargö développe également des actions en faveur des publics en situation de handicap.

La grande salle est dotée d’un plateau de 160 m². Entièrement modulable,

la jauge varie de 340 à 938 places.

Le bâtiment, réalisé par l'architecte Olivier Chaslin, est le premier jalon posé de

la reconquête de la Presqu'Ile. Son coût, d'un peu moins de 11 millions d'euros,

a été pris en charge par la Ville pour 40 %.

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- Le cinéma LUX

Le cinéma LUX a ouvert ses portes en 1960. Ses trois salles classées « Art et Essai » proposent des films d’actualité en version originale sous-titrée, des classiques, des

films jeune public… En étroite collaboration avec les acteurs sociaux et culturels locaux, le LUX organise des festivals, des soirées-débats et développe, depuis

plusieurs années, des activités en direction des scolaires.

Il se fait le relais des dispositifs nationaux que sont Ecole et Cinéma, Collège et Cinéma et Lycéens et apprentis au cinéma. Il organise de nombreuses séances

scolaires liées généralement à l’actualité cinématographique. Il propose aux écoles, une programmation très complète à l’occasion du Festival Enfants des Cinés,

chaque année, en décembre. En complément de sa programmation jeune public, le Cinéma LUX met en place des ateliers de sensibilisation au cinéma, à destination

des enfants (temps scolaire et hors scolaire). Ces projets peuvent prendre plusieurs formes : visite d’une cabine de projection, travail sur lecture d’image, réalisation

de films (animation ou vidéo)…

- AMAVADA – La Fermeture Eclair

Amavada est une association pluridisciplinaire, dont l'objet est la stimulation à la rencontre et à la création artistique et qui bénéficie du soutien de Ville. Composée

d'artistes professionnels et de nombreux bénévoles amateurs, Amavada crée des spectacles, installe des expositions, édite des livres et dirige des ateliers ou des

stages de pratique artistique. En avril 2011, Amavada a ouvert La Fermeture Eclair, un espace de 1 600 m², situé sur la Presqu'île de Caen.

La compagnie y regroupe ses nombreuses activités, y programme des spectacles et des expositions et fédère, autour d'elle, un réseau complémentaire d'entreprises

et des associations culturelles.

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- Le Centre Chorégraphique national de Caen Basse-Normandie

C'est un lieu de création, de recherche et de formation de danse contemporaine créé à Caen, en 1984. Il est l'un des 19 centres chorégraphiques nationaux en

France. Dans le cadre du dispositif national l’accueil studio, le CCN de Caen accueille quatre à six compagnies par an et apporte son soutien à de nombreux projets en

développant les résidences de création.

Le CCN de Caen

Flânerie – Performance Normandie Impressionniste. Musée des Beaux-Arts.

Spectacle de danse contemporaine proposé au Musée des Beaux-Arts de Caen, dans le cadre de l'exposition

"Un été au bord de l'eau", à l'occasion du festival Normandie Impressionniste - Juin 2013.

Le CCN de Caen est installé dans la Halle aux Granges, un

bâtiment industriel situé près du Conservatoire et qui abritait les

ateliers des Courriers Normands.

Prochainement, il sera installé dans l'ancienne chapelle du Bon-

Sauveur, que la Ville acquiert dans le cadre de transactions

immobilières avec l'établissement de santé du Bon-Sauveur.

La Halle des Granges, rue du Carel

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- Le Fonds Régional d'Art Contemporain de Basse-Normandie

En 2016, le FRAC s'installera dans les bâtiments de l'ancienne base militaire du Quartier Loge, rue Caponnière et complétera ainsi le pôle culturel qui s'implante à

l'ouest de la ville avec l'Artothèque au Palais Ducal et le Centre Chorégraphique National, dans l'ancienne chapelle du Bon Sauveur.

Le Frac bénéficie du soutien de la Région Basse-Normandie et du

Ministère de la Culture.

Il est membre de Platform, réunion des Fonds régionaux d'art

contemporains et de RN13 Bis-art contemporain en Normandie. Il est

doté d'un service éducatif qui s'adresse aux élèves et à leurs enseignants

de l'école primaire à l'enseignement supérieur, aux centres de loisirs et

aux associations et structures d'accueil de l'enfance et de l'adolescence.

En évolution permanente, la collection du Frac Basse-Normandie trouve

sa cohérence dans des lignes de force telles que la peinture abstraite, le

paysage urbain, le portrait et le corps. Plus récemment, c’est la place de

l’humain dans la société contemporaine sous ses aspects les plus violents

qui est questionnée...

Le Frac met en place une vingtaine d’expositions hors les murs par an, en

faisant circuler sur le territoire bas-normand sa collection, composée à la

fois de la jeune création et d’artistes reconnus (Simon Hantaï, Claude

Viallat, Orlan, Sophie Calle, Claude Closky, Annette Messager, Jordi

Colomer, Philippe Mayaux…).

Le Frac se délocalise :

Cocoerrance. Anita Molinero, 2007 – exposition "A nous deux" à l'Abbaye-aux-Dames, été 2009.

(Cliché Marc Damage. Collection Frac Basse-Normandie)

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- L'ésam

L’école supérieure d’arts & médias de Caen/Cherbourg est un établissement public de coopération culturelle placé sous la tutelle conjointe de la Communauté

d’agglomération Caen la mer, la Ville de Cherbourg-Octeville, l’Etat et la Région Basse-Normandie. Elle est née en 2011 de la fusion de l’école supérieure d’arts &

médias de Caen (ex école régionale des Beaux-Arts) et de l’école supérieure des Beaux-arts de Cherbourg-Octeville.

Etablissement public d’enseignement supérieur, l’ésam Caen/Cherbourg forme sur ses deux sites géographiques 300 étudiants dans les champs disciplinaires de l’art,

de la communication et du graphisme.

Outre des activités pédagogiques, l’ésam Caen/Cherbourg propose des ateliers et des stages d’initiation à la pratique artistique destinés aux enfants et aux adultes

ainsi que des évènements culturels (conférences, expositions, spectacles, etc.) ouverts à tous. L'équipe est très impliquée dans la vie urbaine, et particulièrement pour

ce qui concerne l'expression créative dans la Ville.

L’ésam est situé sur la Pointe de la Presqu'Ile, dans un bâtiment conçu par

l’architecte Jean-François Milou. Ci-dessous, l'ésam et le Cargö, deux fers de

lance de la culture caennaise d'aujourd'hui. (clichés VC/FD)

(

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- Le Conservatoire à rayonnement régional

Spécialisé dans l'enseignement de la musique, de la danse et du théâtre, le Conservatoire est placé sous le contrôle pédagogique de l'Etat : Ministère de la culture,

direction de la musique, de la danse, du théâtre et des spectacles.

Le conservatoire accueille des enfants à partir de 6 ans dans des classes d'initiation musicale et chorégraphique et dès 7 ans dans les classes instrumentales.

Il est géré par la communauté d'agglomération Caen la mer.

Les origines de l'établissement remontent aux années 1830. L'enseignement de la musique était alors assuré par une société musicale. En 1908, il est reconnu comme

Ecole Municipale de Musique et en 1948, le statut d'Ecole Nationale lui est octroyé avec le titre de "Succursale du Conservatoire National Supérieur de Paris". En 1978,

l'établissement est classé dans la catégorie des Conservatoires Nationaux de Région.

En 1984, le conservatoire déménage dans les locaux qu'il occupe toujours actuellement. Le

bâtiment, construit par la Ville de Caen et propriété de cette dernière, est géré par la

Communauté d’agglomération depuis le 1er janvier 2003. D'une surface totale de 7000m²

répartis sur 5 niveaux, il accueille également l'Orchestre de Caen et la Saison Musicale.

En 2007, le conservatoire change de dénomination et s’appelle désormais Conservatoire à

rayonnement régional (C.R.R). Depuis 2011, le Conservatoire de Caen ouvre deux nouvelles

classes : une classe de théâtre (cycle à orientation professionnelle délivrant le diplôme

d’études théâtrales reconnu au niveau national) et une classe de danse jazz.

« Improvisation danse et musique » Classe du conservatoire de Caen la mer animée par Valentine Vuillemier et Noelle Verel pour la danse et Thierry Lhiver

pour la musique. Élèves, musiciens et danseuses travaillent cette discipline de l’improvisation. Autour du plateau des photographes déclenchent pour saisir

l’instantané du geste, et la synchronisation des mouvements qui ne sera peut-être jamais la même.

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63

- L’Orchestre de Caen

Implantée au cœur du Conservatoire de Caen, la Saison de l'Orchestre de Caen concrétise la volonté de réunir au sein d'une même structure l'enseignement de la

musique et la diffusion de concerts professionnels. Depuis 1986, Saison et Conservatoire partagent des locaux uniques (incluant un grand auditorium de 900 places et

un petit auditorium de 120 places) ainsi que leurs équipes artistiques, administratives et techniques.

Ce projet culturel permet au public de l'agglomération et de la

région de disposer d'un lieu de vie musicale très riche.

L'intégration de la saison de concerts au cœur même de

l'enseignement démultiplie pour les élèves les occasions de

découverte des œuvres et de rencontres avec les artistes. Enfin, il

permet à des musiciens professionnels de concilier

harmonieusement les métiers de musicien enseignant, de

musicien d'orchestre, de chambriste ou de soliste.

Depuis 2003, l'établissement est géré par la Communauté

d’agglomération Caen-la-Mer.

Une vingtaine de personnes compose l’équipe de la structure, sous

la direction de Stéphane Béchy.

Concert donné par l’Orchestre de Caen à l’Aula Magna, à l'Université de

Caen- Campus 1.

Aujourd'hui, l'Orchestre de Caen réunit un effectif de 48 musiciens. Son répertoire s'étend de la période baroque à nos jours. Il participe chaque saison au festival

Aspects des Musiques d'Aujourd'hui ainsi qu'à la saison lyrique du théâtre de Caen. Créé en 1982 par Jean-Pierre Dautel (fondateur de l'Orchestre de Caen), le Festival

Aspects des Musiques d'’Aujourd'hui met à l'honneur la musique contemporaine. Pendant dix jours au mois de mars, le Conservatoire National de Caen est le théâtre

de concerts, de musiques, d'expositions, de débats, de rencontres culturelles et de diverses autres manifestations artistiques. Le festival accueille aussi bien des

artistes français qu'étrangers et invite à chaque nouvelle édition une personnalité connue. En 2013, le festival Aspects des musiques d’aujourd’hui propose une

monographie de Wolfgang Rihm.

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- Le Zénith

Construit au début des années 1990, par les architectes Claude

Renouf et Jacques Millet, Inauguré le 19 juin 1993, il possède une

grande salle de spectacles modulable d'une capacité de 6 990 places

maximum. Sa scène mesure 46 mètres.

Il organise en moyenne 80 manifestations par an pour 200 000

spectateurs. Les plus grandes tournées d’artistes nationaux et

internationaux s’y produisent, des comédies musicales, des

spectacles d’humour mais aussi des rencontres sportives.

Le Zénith est également un lieu idéal pour les conventions de toutes sortes avec une salle

plénière de 800 à 4500 places assises en gradins. Il bénéficie d’une grande modularité qui lui

permet de transformer ses 1 800 m² au sol en espace d’exposition, auxquels s’ajoutent les 1

600 m² du hall d’accueil.

Le Zénith :

Vue générale, hall d'entrée, concert, championnats de France de pétanque.

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65 Autour de l’édition et de l'écriture Caen et la Basse-Normandie entretiennent des liens étroits et anciens avec le livre. Terre d’éditeurs depuis le 15ème siècle, la Basse-Normandie accueille aujourd’hui

près de 60 Maisons d’édition et Caen est le second dépôt légal de province après Aix-en-Provence.

Aujourd’hui, Caen dispose de tous les atouts pour constituer un véritable « pôle d’excellence du livre à l’échelle européenne », avec des institutions comme l’Académie

des Sciences, Arts et Belles Lettres, l’IMEC14, le Centre Régional des Lettres, l’Université, les initiatives comme l’Université Populaire , un réseau dense de libraires, les

bibliothèques et prochainement la grande Médiathèque à vocation régionale, auxquels il faut rajouter une vie littéraire de grande qualité autour de manifestations

comme Passage de Témoins (salon du livre), Les Boréales, Balkans Transits…

- La bibliothèque de Caen

Gérée par Caen la Mer, la bibliothèque de Caen est composée d'un bibliobus et de huit bibliothèques dont celle du centre - ville, qui abrite un riche fonds normand. Elle

accueille les usagers individuels et les collectivités, pour des emprunts de documents, des visites et des animations. Elle mène une politique volontariste en direction

des publics spécifiques, dans le cadre du réseau territoire-lecture. Elle s'installera, au cours du premier semestre 2016, dans un nouvel équipement construit face au

bassin Saint-Pierre sur la Pointe de la Presqu'Ile.

Cette nouvelle bibliothèque est La Bibliothèque Multimédia à Vocation Régionale (BMVR), dont la construction est confiée à l'Office for Metropolitan Architecture

(OMA), agence gérée par l'architecte et urbaniste néerlandais Rem Koolhaas. Elle aura une superficie de 12 000 m², sur 4 niveaux et regroupera 4 pôles : les arts, les

sciences humaines, la littérature et les sciences et techniques. Le bâtiment offrira également de nouveaux services, notamment un auditorium, des espaces

d'exposition, un café-restaurant…

14

Institut Mémoires de l'Edition Contemporaine : elle est installée à l'abbaye d'Ardennes

La bibliothèque présentera une forme de croix

de saint André. Comme le Cargô et l'ésam, elle

sera construite sur la pointe de la Presqu'ile, face

au Bassin Saint-Pierre.

(Images de synthèse OMA)

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- Le Centre Régional des Lettres (CRL) de Basse-Normandie

C'est une association loi 1901, créée en 1994 à l'initiative du Ministère de la culture, et de la Région Basse-Normandie, avec le soutien des départements du Calvados, de la Manche et de l'Orne ainsi que de nombreuses communes de la région.

Le CRL fédère l’ensemble des acteurs du livre et de la lecture en Basse-Normandie (bibliothécaires, éditeurs, libraires, auteurs, organisateurs de manifestations littéraires, médiateurs) et inscrit son action dans une politique régionale en faveur du livre et de la lecture, définie en concertation avec l’État et la Région. Son équipe se compose de neuf personnes, avec cinq missions principales : - Le soutien aux acteurs de la chaîne du livre au travers d’outils de diffusion et d’actions de développement de l’édition et de la librairie - La promotion et le développement de la vie littéraire et des pratiques de lecture en Basse-Normandie et la professionnalisation des manifestations littéraires, pour un accès à la création littéraire pour tous - La valorisation du patrimoine écrit, le développement de la coopération et la mise en réseau des bibliothèques - La diffusion de l’information entre les acteurs du livre et de la lecture pour une meilleure connaissance de la chaîne du livre, de son économie et de ses métiers, avec la publication de la revue livre/échange et son site internet dans le cadre du Centre de ressources et observatoire du livre et de la lecture en Basse-Normandie - L'organisation, chaque année, en novembre du festival Les Boréales, plateforme de création nordique.

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- L'Institut Mémoires de l'Edition Contemporaine (IMEC) L'IMEC est une association à but non lucratif, créée à automne 1988, à partir d'une initiative privée de chercheurs et de professionnels de l'édition et soutenue par le Ministère de la Culture et de la Communication. Elle a pour but de rassembler des fonds d'archives et d'études consacrés aux principales maisons d'édition, aux revues et aux différents acteurs de la vie du livre et de l'écrit du XXe siècle : éditeurs, écrivains, historiens, philosophes, critiques, traducteurs, graphistes, libraires, imprimeurs, revuistes, journalistes, directeurs littéraires… afin de créer des conditions permettant un véritable travail de recherche sur des archives littéraires contemporaines.

La ville de Caen bénéficie aussi, sur son territoire, de la présence des Archives municipales, des Archives départementales, de l'Inventaire de Basse-Normandie…

ressources essentielles pour la recherche ou l'organisation d'expositions à caractère historique ou patrimonial.

Cette institution parisienne va s'installer en Normandie : de fait, elle manque d'espace à Paris ;

et d'un autre côté, l'Abbaye d'Ardennes, aux portes de Caen, n'est encore utilisée que

sporadiquement, donc sous-exploitée : Les échanges entre le directeur de l’IMEC et le Conseil

Régional de Basse-Normandie, qui a acquis les bâtiments vers 1990, aboutissent à ce projet de

"délocalisation" : il est convenu que l’IMEC pourra installer ses collections et ses activités sur

l’ensemble du site.

En 2004, l'IMEC entreprend le transfert de son fonds d'archives dans l'abbaye totalement

restaurée et aménagée pour abriter une bibliothèque de 80 000 ouvrages, des salles d'archivage

en sous-sol représentant plus de 15 km de linéaire, tandis que la grande nef de l' église abrite la

salle de consultation ouverte aux chercheurs.

L'IMEC rassemble aujourd'hui le fonds Hachette (classé monument historique), ainsi que ceux des

éditeurs Denoël, Fayard, Flammarion, Stock et Seuil et de nombreuses revues comme la Revue

des deux Mondes ou Esprit. Les auteurs sont également présents avec entre autres : Roland

Barthes, Michel Foucault, Marguerite Duras, Erik Satie…

Ouvert aux visites, le site est également un lieu de lectures, débats, rencontres, expositions,

actions éducatives, séminaires de recherches, colloques… C'est dans l'ancienne grange aux

dîmes réhabilitée qu'à lieu, chaque année, la soirée de lancement du festival Passage de

Témoins (Salon du Livre).

L'Imec a été installé dans l'ancienne abbaye d'Ardenne, aux portes de Caen :

la salle de lecture prend place dans la nef de l'église. (Architecte : Bruno

Decaris)

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68 B1 5. Les grandes manifestations à Caen

Les manifestations sportives majeures

- Le Stade Malherbe Caennais, dont la

Ville de Caen est l’un des partenaires

institutionnels évolue aujourd’hui en 2ème

division du championnat de football. Il fête en

2013 son 100ème anniversaire et anime tout au

long de l’année, la vie sportive caennaise.

-L’Open de Tennis de Caen

a lieu, tous les ans, en fin d’année (6ème édition en

2013). Les rencontres se jouent au Zénith de Caen,

qui pour l’édition 2013 a accueilli près de 12 000

spectateurs.

- Le Tour de Normandie : 33ème édition en 2013

Cette épreuve cycliste, organisée annuellement

depuis 1981, en tant qu’épreuve amatrice jusqu’en

1995, puis professionnelle, depuis 1996, a présenté

en 2013 sa 33ème édition.

- Le BMX indoor international de Caen

L’édition 2013 a rassemblé 5 000 spectateurs et

1 500 riders sélectionnés parmi les meilleurs français

et européens.

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69

- Le Jumping International

Le Jumping International de Caen -

Normandie est un rendez-vous

incontournable pour tous les passionnés

d’équitation. Concours international de

niveau 3 étoiles, il rassemble, au Parc

des Expositions, les meilleurs cavaliers

nationaux et internationaux.

- Les courses hippiques

Les courses hippiques de Caen sont des courses de trot, administrées par la Société du Cheval Français, créée à

Caen en 1864 et qui gère, également en direct l’hippodrome de la ville. La saison hippique s’effectue de mars à

juin et de septembre à novembre et compte 28 réunions de courses dont 9 avec le label PMU (on y peut parier de

toute la France). Deux d’entre elles bénéficient du Tiercé, Quarté, Quinté. Le Prix de la Ville de Caen, en octobre,

se court sur une distance de 4 400 m et représente la plus longue épreuve de trot organisée en France.

Le public assiste au concours de sauts d’obstacles de plus de 200 cavaliers

et chevaux et participe aux nombreuses animations gratuites proposées

autour du cheval, en marge de la compétition : initiation à l’équitation,

balade en poney, voltige...

En 2012, le Grand Prix de la Ville

de Caen a été remporté par

Rodrigo Pessoa, champion du

monde 1998, triple vainqueur de

la Coupe de monde, champion

olympique 2004 et porte-drapeau

de la délégation brésilienne, lors

des derniers Jeux Olympiques de

Londres.

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70

- La Normandy Channel Race – 4ème édition en 2013

Par convention signée avec la Normandy Channel Race (NCR), Caen est ville de départ et d'arrivée de

cette course.

Sur un parcours d'environ 1 000 milles en Manche, Mer Celtique et Mer d'Irlande, c'est une course en

double qui permet aux Class 4015 de donner tout leur potentiel. Le parcours exigeant qui suit pour

moitiéles côtes françaises et britanniques et se déroule également au large, permet tous les jeux

tactiques, à un rythme de course très élevé. Par son positionnement, la course s'adresse en particulier aux

équipages français de Manche, et aussi aux équipages britanniques, allemands ou du Benelux, ainsi

qu'aux skippers des autres bassins, en particulier atlantique, tentés par l'aventure.

En marge de la course, la Ville de Caen et la NCR organisent un programme

événementiel sur 10 jours, avec mise en place des Class 40, au bassin Saint-

Pierre, installation du village de la course sur le quai Vendeuvre,

programmation d'animations dont un dîner des skippers et une soirée des

équipages, des visites de vieux gréements, la descente en flotte du canal de

Caen à la mer et la remise des prix.

15

Un Class 40 est un voilier monocoque de course et de croisière ne devant pas dépasser 12,19 m pour la longueur, 4,50 m pour la largeur, 3 m pour le tirant d'eau maximum, 19 m pour le tirant d'air, 115

m² pour la surface de voilure…

Après six ans de

restauration, le

Marité, dernier

témoin des grandes

pêches est remis à

l'eau dans les eaux

du Bassin Saint-

Pierre.

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71

- La Solitaire du Figaro

- Les Courants de la Liberté

L'événement est porté par le Comité d'Organisation des Courants de la Liberté, association de loi 1901 créée en 1988. Le comité, qui compte aujourd’hui quatre salariés

et de nombreux bénévoles, bénéficie du soutien financier et logistique de partenaires privés et institutionnels, dont Caen, la communauté d'agglomération Caen la

Mer, le Mémorial et le CHU… Plusieurs épreuves sportives rythment cet évènement annuel.

Forte de ses infrastructures maritimes et de la qualité

de son accueil, la ville de Caen est souvent sollicitée

par les organisateurs de la course. Elle fut ainsi ville -

départ en 2004 et 2007 et ville- étape sur l'édition

2011.

Avec plus de 28 000 participants accueillis

en 2013, à l'occasion de leur 26ème édition,

les Courants de la Liberté, festival de

courses pour tous, est le premier

événement participatif de running en

province, juste derrière les grandes

épreuves parisiennes.

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72 L'offre variée du panel des épreuves pour tous les publics et la diversité des parcours tendent à expliquer un engouement qui ne cesse de grandir. Sans oublier, pour

les participants, le sentiment de contribuer, par le sport, au devoir de mémoire, en courant aussi pour le souvenir des hommes et des femmes, qui ont apporté la

Liberté après le Débarquement du 6 juin 1944.

Le Marathon de la Liberté, épreuve reine des Courants de la Liberté, propose l'un des plus beaux parcours en

France, avec la découverte des hauts lieux du Débarquement (les plages du D-Day depuis Courseulles à

Ouistreham, Pégasus Bridge…). Le Marathon relais de la liberté, nouveauté 2013, permet de courir le

marathon par équipe de deux, en se relayant au niveau de Pegasus Bridge, le premier relayeur couvrant 23

km, le second parcourant les 19,195 km restants.

La course Pegasus s'élance du célèbre pont de Bénouville pour rappeler l'action des alliés britanniques dans

la nuit du 5 au 6 juin 1944. Avec plus 3 200 participants sur l'édition 2013, ce semi-marathon est la course la

plus courue de Normandie.

Les 10 kms de la liberté, épreuve courte, permet au plus grand nombre de participer. Cette course réunit,

sur une même épreuve, coureurs débutants et compétiteurs chevronnés, le tout dans une ambiance

populaire et festive.

Organisée par le Comité d'Organisation des Courants de la Liberté, sous l'égide de Tout Caen-Roller, la

rando-course des Rollers de la Liberté se déroule dans le quartier du Mémorial de Caen. Sur un circuit

fermé et sécurisé de 2 kms, les patineurs doivent effectuer, en deux heures, le maximum de tours. Cette

épreuve est ouverte à toutes et à tous, compétiteurs ou amateurs à partir de 6 ans.

Pegasus Bridge, Bénouville : ce haut lieu du débarquement allié marque l'arrivée des commandos britanniques en juin 1944.

Les Rollers de la Liberté – Photo Yves Mainguy

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73

La Rochambelle, course-marche de 5 km réservée aux femmes, est l'une des épreuves

emblématiques des Courants de la Liberté. Cette manifestation est chargée de valeurs et

d'engagement puisque 50 % du montant des inscriptions sont reversés au profit de la lutte

contre le cancer du sein. L'éditions 2013, qui a réuni 18 000 participantes de tous âges et

toutes vêtues de rose comme à l'accoutumée, a ainsi permis de reverser la somme de 108 000

€ au profit de cette cause (421 000€ depuis 2006). La Rochambelle se positionne, par son

record d'affluence, comme la 2ème course féminine française.

La Rochambelle est aussi un hommage aux conductrices ambulancières de l'unité Rochambeau

de la célèbre 2ème DB du général Leclerc. Ces femmes engagées et courageuses ont débarqué

en Normandie, participé à la libération de Paris puis la reconquête de l'Europe et gagné le

respect de tous les hommes.

Les Foulées de la Liberté, organisées conjointement par le Service des Sports de la Ville de Caen et

le Comité d'Organisation des Courants de la Liberté regroupent près de 3 000 enfants, originaires

des établissements scolaires caennais. Les enfants courent, le vendredi, pour une association en

lien avec l'enfance (UNICEF en 2012, Rêves en 2013).

Les Foulées de la Liberté – Photo Bien dans ma cuisine.com et La

Rochambelle, Lepape-info. Photo EJ

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74

Les participations aux journées européennes, aux journées nationales et aux grands événements

- La Fête de la Musique

Pour cette édition 2013, près de 15 000

personnes ont participé à l’événement,

dans les rues de Caen, les parcs et les

églises. Rythmes latinos, musique

acoustique, chorales, ateliers danse,

concerts pop rock…

Au total, une cinquantaine de rendez-

vous ont rythmé la soirée, dont une riche

programmation proposée par la Ville de

Caen dans l’enceinte du château, réservée

à toutes les formes de musiques non

amplifiées.

Hasard du calendrier, la ville présentait également le Festival international d’orgue :

double occasion pour les étudiants de la classe d’orgue du conservatoire de Caen

de montrer tout leur talent, lors d’un concert en l’abbatiale Saint-Etienne.

Le 21 juin, la musique est partout : Dans le parc

du château et en l'église Saint-Julien.

Cliché haut droit : un concert dans l'église Saint-Julien pendant la Fête de la

Musique

Cliché bas droit : Le grand orgue Cavaillé-Coll de l'abbatiale Saint-Etienne,

Abbaye-aux-Hommes.

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75

- La Nuit Européenne des Musées

Pour cette neuvième édition, plus de 3 000 musées en Europe, dont près de 1 300 en

France ont ouvert gratuitement leurs portes à un large public. A Caen, le Mémorial, le

Musée de Normandie et le Musée des Beaux-Arts ont permis de découvrir, différemment

la richesse et la diversité de leurs collections. Soirées thématiques, visites guidées, son et

lumières, concerts, chasse au trésor… ont jalonné cette nuit, qui a totalisé environ 3 200

entrées pour les deux musées du château et 1 228 pour le Mémorial.

- Les Journées Européennes du Patrimoine

Elles sont l’occasion d’accéder à un patrimoine caennais très riche ouvert

exceptionnellement, comme les carrières de la Maladrerie, la glacière de la rue d'Authie,

les salons de la Préfecture, l’hôtel de Blangy et son décor de chinoiseries, le couvent des

Bénédictines… C’est aussi l’opportunité de profiter des animations gratuites proposées par

les musées et autres structures culturelles de la ville, le CPIE, le jardin des plantes ou

l’Office de Tourisme... Elles permettent de redécouvrir le patrimoine historique le plus

emblématique de la ville que sont le Château ducal, l’Abbaye-aux-Dames et l’Abbaye-aux-

Hommes, en parcourant librement les sites ou, pour les deux abbayes en profitant des

visites guidées nocturnes, dont le succès s’accroît chaque année.

La glacière de la rue d’Authie, un patrimoine rare et que l'on découvrir

pendant les Journées du Patrimoine. . Photo Damien Butaye

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76

- Les Journées Nationales de l’Archéologie

Coordonnées par l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) les Journées Nationales de l'archéologie visent, depuis 2010, à sensibiliser le

public à la richesse et la diversité du patrimoine archéologique.

Les dernières fouilles menées à Caen ont mis à jour, place Saint-Sauveur, un cimetière paroissial d'une centaine de sépultures d'enfants malades ainsi que de nombreux

ossements d'animaux.

Le site du château fait l'objet de fouilles depuis plusieurs années, et au revers du rempart sud-ouest, une nouvelle construction - une grande salle d'apparat des 12ème

et 13ème siècles - est progressivement mise à jour.

En 2013, les travaux d'étayage entrepris dans l'église Saint-Jean ont permis de révéler la présence de nombreuses plaques funéraires médiévales.

L'ensemble de ces travaux a été présenté au public en juin.

Mise à jour d'une sépulture d'enfant, place

Saint-Sauveur. Juillet 2011 – Photo Inrap

Fouilles sur le parvis de l'église Sain-Sauveur.

Juillet 2011 – Photo Ouest-France

Bénédicte Guillot, archéologue dirigeant les fouilles du

château, présente un morceau de céramique à deux

des étudiants qui l'aident bénévolement. Juillet 2012 –

Plaque funéraire découverte à Saint-Jean. 2013.

Photo F. Decaëns

- Un festival normand exceptionnel : Normandie impressionniste

La Normandie a représenté, pour les impressionnistes, un véritable atelier à ciel ouvert. De Claude Monet à Eugène Boudin, d’Edouard Manet à Camille Pissarro, tous

ont apprécié la clarté des ciels normands et la beauté de la campagne. Le festival Normandie Impressionniste reflète cette richesse culturelle normande, qu’il valorise

en soutenant de nombreuses animations pluridisciplinaires. Son rôle est également de mobiliser le jeune public en développant d’importantes actions pédagogiques.

Créé en 2010, le festival Normandie Impressionniste est désormais géré par un Groupement d’Intérêt Public (GIP) composé de dix membres fondateurs, dont la Ville de

Caen, et de trente collectivités adhérentes. Le festival se déroule d'avril à octobre sur l’ensemble du territoire haut et bas-normand. Manifestation originale ouverte à

tous les publics, sa deuxième édition est placée sous le signe de l’eau. Ainsi, plus de 600 événements dévoilent l’impressionnisme sous toutes ses formes : peinture,

mais aussi art contemporain, musique, cinéma, théâtre, danse, photographie, vidéo, littérature, sons et lumière, déjeuners sur l’herbe, guinguettes… Le festival se

voulant aussi festif que culturel.

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77

Les festivals culturels et les grandes manifestations soutenus par la Ville

- Nördik Impakt

Depuis 1999, ce festival met en lumière la culture électronique (musique, vidéos, danse, arts plastiques…). Durant une semaine, en automne, il propose des soirées électriques organisées dans les bars, les salles de concert dont le Cargö et le Zénith, parkings souterrains ou appartements privés. La programmation rassemble, sur la même scène, des jeunes talents locaux et des artistes internationaux reconnus.

Réunissant près de 20 000 festivaliers, il est considéré, aujourd’hui, comme le plus grand festival de musique électronique en France.

- Les Boréales

La littérature, le théâtre, la musique (à travers différents concerts), la danse, le cirque et le cinéma sont à l'honneur. Plusieurs expositions sont également présentées durant le festival.

L'Islande et la Lituanie seront les invitées d'honneur de la 22ème édition des Boréales, qui se déroulera du 15 au 30 novembre 2013 et dont le fil conducteur, comme chaque année, sera la littérature nordique.

Si la majeure partie de la programmation se déroule à Caen, le festival des Boréales a une vocation régionale et propose des animations sur les trois départements bas-normands le Centre Régional des Lettres de Basse-Normandie, organisateur, bénéficie de subventions nationales et internationales (en provenance des pays nordiques) et de l'appui des partenaires culturels de la région, dont la Ville de Caen.

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- Printemps balkanique

Porté par l’association Balkans-Transit avec l’appui de nombreux partenaires, ce festival international (8ème édition en 2013), met en avant la culture des Balkans, autour de plusieurs domaines comme la musique, la littérature, le cinéma ou la gastronomie… Ainsi, pendant un mois, de multiples rendez-vous sont proposés, dans plusieurs villes bas-normandes, dont Caen : expositions, concerts, rencontres littéraires, projections cinématographiques, ateliers cuisine… Cet événement ne se limite pas simplement à la représentation. Il œuvre également à la réalisation de projets communs entre artistes des Balkans et Normandie. Evénement culturel pluridisciplinaire varié et riche s’adressant à tous les publics, il s’ouvre autant à l’économie qu’au tourisme durable et accueille artistes de renom et jeunes artistes.

- Danse d’Ailleurs

Ce festival biennale, proposé par le CCN de Caen Basse-Normandie, en partenariat avec le Théâtre de Caen, emmène les amateurs d'émotions à la découverte de

regards divers et variés sur la danse d'aujourd'hui, à travers le monde. Si l'Afrique et l'Asie sont traditionnellement bien représentées, le festival 2013, pour sa 7ème

édition, a ouvert un peu plus l'horizon.

- Viva Voce, Festival des Voix de Caen

L’Association Festival des Voix à Caen organise Viva Voce avec le soutien, notamment, de la Ville de

Caen et de l’Orchestre de Caen mais aussi l’aide de plus de 40 bénévoles. Les spectacles gratuits du

"off", qui amènent un large public, correspondent à une demande de la Municipalité et à une volonté

de provoquer la rencontre et l'échange entre amateurs et professionnels.

La neuvième édition de ce festival annuel s’est déroulée en juin et juillet 2013. Sur un large

répertoire, de grandes voix et de jeunes talents, solistes et ensembles, professionnels et amateurs se

sont à nouveau produits sous les voûtes romanes de l’église Saint-Nicolas, dans une programmation

résolument éclectique et audacieuse. Initiées en 2012, les « Autres Voies » ont offert, en marge des

concerts, des rencontres, conférences, ateliers… autour de la voix, dans tous ses éclats.

Concert dans le chœur de Saint-Nicolas – Photo Ouest-

France

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79

- Spring, festival de cirque en Basse-Normandie

Créé en 2010, le festival SPRING est porté par La Brèche, pôle national des arts du cirque de Basse-Normandie (Cherbourg-Octeville) avec l’appui de structures

culturelles comme la Comédie de Caen ou le Centre Chorégraphique National de Caen et le soutien de partenaires institutionnels dont la Ville de Caen. Chaque année,

depuis 2010 et durant trois semaines, ce festival des nouvelles formes de cirque en Basse-Normandie présent, au public, toute l’étendue de la création circassienne

contemporaine, dont celle de compagnies en résidence dans la région L’édition 2013 a ainsi proposé 18 spectacles en 16 lieux différents de Basse-Normandie. En

marge des spectacles, des ateliers et des rencontres thématiques ont également été organisés

- Le Rétro- festival – Circuit de la Prairie

Les 29 et 30 juin 2013, la 6ème édition du Rétro-Festival est l’occasion de célébrer plusieurs anniversaires dont le 30ème de la 205, le 50ème de la Porsche 911 ou encore,

le 60ème de la Triumph TR2. Le club Porsche Normandie, le Club Auto Légend et près de 400 véhicules de légende : Aston Martin, Jaguar, Bugatti, Triumph, Ferrari,

Lamborghini… se retrouvent sur les sites de la prairie et de l’hippodrome, au cœur de la ville de Caen.

En 2012, l'événement marqué par le 60ème anniversaire du circuit de la Prairie a attiré plus de 10 000 visiteurs sur l'ensemble du week-end.

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80 Les grands événements portés par la Ville

- Caen à l'International

La ville de Caen est animée d'une ambition internationale tournée vers la paix et la solidarité. L'opération Caen à

l'International propose, tout au long du mois de novembre, des actions de sensibilisation dans les établissements

scolaires, des animations sportives et culturelles, des expositions… et en point d’orgue une journée d’échanges et

d’animations sur le Village international.

Cette journée a été créée en 2009, pour mettre en lumière et fédérer, de façon ludique et pédagogique, les différents

acteurs institutionnels et associatifs œuvrant dans les domaines de l’international et de la solidarité. La Ville et ses

partenaires partagent un intérêt commun : celui de l’autre, de sa culture et, de façon plus générale, de notre planète. C'est

enfin un programme d'animations riche et varié, destiné à un large public : artisanats locaux, musique, danses

folkloriques, ateliers et jeux culturels, maquillage, dégustations de mets traditionnels des pays présents, expositions sur les

villes partenaires… le tout, dans une ambiance très festive.

Caen à l’International offre aussi l'opportunité de mettre en avant les liens de la Ville avec ses villes partenaires :

Würzburg, Allemagne, depuis 1962 ; Portsmouth, Royaume-Uni, depuis 1987 ; Nashville et Alexandria, USA, depuis

1991 ; Thiès, Sénégal depuis 1992..

Affiche de l'édition 2012. En 2013, le Village international sera installé place

Saint-Sauveur

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81

- Caen soirs d’été

Ce festival annuel met les arts de la rue à l’honneur,

avec des dizaines de spectacles gratuits et tout

public, présentés tout l'été les jeudis et vendredis

dans les parcs et jardins de la ville : théâtre, cirque,

chant, danse, magie, bals, spectacles burlesques…

le tout dans un savant mélange de dérision, de

tendresse et de poésie.

Pour l’édition 2013, la Ville de Caen a programmé

43 rendez-vous : des créations internationales

proposées par des artistes originaires d’Espagne, du

Cambodge, de Grande-Bretagne, de Belgique ou

des Pays-Bas, deux « soirées familles » avec

animations pour petits et grands ainsi que des

spectacles autour de l’eau, s’inscrivant dans le

cadre du festival Normandie impressionniste.

- Presqu’île en Fête

Spectacle « Est ou Ouest, procès d’intention » présenté par la compagnie

l’Escale, au Parc de la Fossette – Edtion 2012. Photo Ouest-France

Funambus, dans le parc de l’Abbaye-aux-Dames, édition

2012 Photo Côté Caen

"EMMENE-MOI " Compagnie Pagnozoo - Cirque équestre. La compagnie 100 Issues, Parc de la Fossette édition

2012.

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82 Programmée en septembre, le week-end précédent

les Journées Européennes du Patrimoine, la

manifestation Presqu’île en Fête lance la saison

culturelle, sportive et associative de la ville.

Sur le site de la presqu’île, trois jours durant, le public

peut s’émerveiller, s’initier et se divertir en profitant

gratuitement des spectacles, concerts, arts de la rue,

sports nautiques et terrestres ainsi que des ateliers et

expositions proposés par les musées ou les

associations.

C’est aussi l’occasion, pour le public, de rencontrer

les principaux acteurs de la vie culturelle caennaise.

Sur le bassin Saint-Pierre, optimists, kayaks et pédalos. Photo

Ouest-France

Animations à quai. Photo Stéphane Geufroi (édition 2011)

« Epicycle » de la compagnie Cirkvost a lancé Presqu’île en Fête 2012 Photos Jean-Yves Desfoux (haut) et Laëtitia Picot (bas)

Pôle culturel. Photo Utopia

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83

- Passages de Témoins

Affiche de l'édition 2013

Le festival littéraire Passages de Témoins est organisé par la Ville de Caen avec le soutien financier de la Région, de l'Etat (Centre National ds Lettres et DRAC), du Département, de la Poste… L'événement est piloté par la Direction de la Culture, en collaboration avec une cinquantaine de partenaires dont l'ésam, la bibliothèque, l'IMEC, le Cargö, l'Université, et la participation des libraires et éditeurs locaux. Sur quatre jours, en mai, le public est invité à suivre les animations proposées autour du livre : rencontres, débats, cafés littéraires, séances de dédicaces avec de nombreux auteurs invités, internationaux, nationaux et régionaux, aux côtés des éditeurs et libraires locaux.

La thématique retenue pour 2013 "la forme d'une ville" continuera d'être explorée les deux années prochaines, sous différents aspects.

Séance de dédicaces. Edition 2012. Photo Ouest-France

Des nouveautés… Pour l'édition 2013 (la quatrième), un avant-festival a été créé. Il constitue un fort enrichissement de Passages de Témoins dans le temps et dans l'espace, avec une quinzaine de rendez-vous proposés entre janvier et mai, dont certains dans les quartiers encore peu investis. L'Avant-festival, qui ancre mieux encore Passages de Témoins sur son territoire, aboutit, en mai, au festival lui-même, qui se déroule dans l'enceinte du château et qui reste le point phare de la manifestation. Caen a aussi souhaité développer l'aspect international de la programmation du festival en mettant désormais à l'honneur un pays étranger. L'édition 2013 a ainsi accueilli une délégation d'écrivains et de poètes d'Afrique du Sud. Des actions pour les scolaires… Passages de Témoins, ce sont aussi des actions de sensibilisation à destination des scolaires, qui chaque année, depuis trois ans, décernent le prix Passeurs de Témoins. En 2013, ce prix a été suivi par 46 classes de 23 établissements différents, soit environ 1 300 élèves de CM2 et de 6ème, qui ont été invités à découvrir cinq romans et un album. Ce prix vise à inciter les enfants à lire et à fréquenter les bibliothèques et à créer du lien entre les deux niveaux, dans un même quartier. De janvier à mars, chaque classe a rencontré un des six auteurs sélectionnés. L'occasion, pour les jeunes, de s'interroger sur le métier d'écrivain et le parcours d'un texte avant son passage en librairie . Le travail que les élèves leur a permis d'élire le livre qu'ils ont préféré. Le prix Passeurs de Témoins 2013 a été remis à Jean-Luc Luciani pour Bellevue sur Mer (édition Père Castor Flammarion).

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84 Lors du festival, la journée du vendredi est consacrée aux scolaires. Des élèves de tous niveaux (maternelle, primaire, collège, lycée) ont l'occasion de rencontrer des auteurs-illustrateurs dans leur classe, à la bibliothèque ou dans les musées du château. Grâce aux multiples partenaires, plus de 2 000 élèves du département ont pu participer à cette journée. Le festival a également reconduit cette année, son partenariat avec l'Office Central de la Coopération à l'Ecole (OCCE), à travers un projet d'écriture coopérative, initié et soutenu par le Groupe La Poste avec quatre classes du département et des auteurs/illustrateurs. A l'issue des ateliers d'écriture et d'illustration, un livre a été réalisé et imprimé à 500 exemplaires pour être distribué lors du salon du livre, après lecture en public.

Un festival pour tous… Passages de Témoins offre une programmation à destination de tous les publics et notamment de la jeunesse, qui profite ainsi de nombreux spectacles, ateliers, lectures… Les personnes en situation de handicap peuvent suivre des lectures en langue des signes, des animations autour du braille, des textes audio… Des animations sont également proposées à l'hôpital et en milieu carcéral.

Dans le cadre du prix Passeurs de Témoins,

les 46 classes inscrites ont réalisé des

créations plastiques présentées au salon du

livretout le week-end.

Des écoliers de Caen (écoles des Vikings et

du Clos Herbert), Démouville et Petitvile,

reçus à l'Hôtel de Ville de Caen, pour la

présentation de l'ouvrage "Les Aventures de

la Factrice", qu'ils ont réalisé pour le festival

Passages de Témoins. Photo Ouest-France

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85 Des rendez-vous festifs toute l'année :

Marchés nocturnes et animations sur le Bassin Saint-Pierre, les vendredis d'été ; illuminations de Noël avec l'animation de la façade de l'Hôtel de Ville… et des

animations liées à des évènements, comme l'inauguration de la place Saint-Sauveur….ponctuent la vie caennaise.

L'année 2014 sera particulièrement importante, avec deux évènements majeurs :

Les Jeux Equestres Mondiaux16 en août

Le soixante-dixième anniversaire du Débarquement.

16

Ce sujet est traité aux pages 312-313 : Politique de la collectivité

Marché nocturne, sur le bassin Saint-Pierre Animation de la façade de l’Hôtel de Ville. Décembre 2011

Photo Côté Caen Inauguration de la place Saint-Sauveur. Novembre 2012

Photo Stéphane Geufroi

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86 B 2 : les éléments naturels qui fondent l'économie du territoire

Outre l'intérêt politique qu'il présente, le territoire urbain réorganisé par le duc Guillaume de Normandie au 11ème siècle possède de nombreux atouts. Il est situé au

carrefour de voies romaines nord-sud et est-ouest, doté de nombreux cours d'eau, dont le fleuve qui conduit à la mer ; le sous-sol offre en abondance une pierre

d'excellente qualité, utilisée dès cette époque pour la construction des monuments majeurs de la cité. Enfin, la proximité immédiate de terres fécondes et la présence

de la vallée fluviale inondable permet de nourrir hommes et animaux sans difficultés particulières.

La Prairie au cœur de la cité :

L'emprise de la Prairie dans les limites urbaines est l'un des éléments les plus originaux de la Ville. Cet espace naturel, si longtemps conservé, est sans doute l'élément

le plus structurant de l'espace urbain caennais. C'est aussi un lieu aux multiples usages, et, historiquement, un outil économique d'importance, régulièrement exploité

et valorisé. Aujourd'hui, il n'échappe à personne que sa conservation, sa protection et sa valorisation sont essentielles pour la qualité de vie caennaise. La Prairie est

aujourd'hui l'objet d'une requalification importante, qui s'amorce dès 2013 avec la préparation des Jeux Equestres Mondiaux en 2014.

Aujourd'hui, l'Odon est devenu une rivière "domestiquée": ici, il est canalisé le long de la

Prairie. Mais pendant des siècles, il a intimement fait partie de la vie des habitants, pour le

meilleur et parfois pour le pire.

A Caen, la pierre affleure partout : exploitées à ciel ouvert, les carrières

médiévales alimentent les grands chantiers ; ici, les fossés nord du château sont

creusés dans la pierre, qui est ensuite utilisée pour la construction des remparts.

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93 Les cours d'eau : richesses et nuisances

Les cours d'eau secondaires, les rivières et le fleuve sont des outils de développement, exploités et sans cesse travaillés, mais aussi des frontières naturelles de l'espace

urbain, dont l'omniprésence est parfois difficile à gérer.

Les interventions humaines pratiquées sur les cours d'eau caennais – détours, canalisations, création de barrages - apparaissent très tôt, peut-être même avant

l'installation du duc Guillaume. Le réseau des rivières urbaines forme un ensemble de voies navigables jusqu'au cœur de la Ville. L'approvisionnement en matériaux

nécessaire lors de la construction de l'Abbaye aux Hommes vers 1060, par exemple, est assuré par bateau jusqu'au site lui-même : il est probable qu'à ce moment-là,

on ait aménagé un canal nord-sud entre le Petit et le Grand Odon, le second cours communiquant directement avec l'Orne, puis avec la mer. Les rivières assurent aux

prairies une irrigation optimale, qui permet notamment la pratique de deux fauches, dont l'une tardive, encore pratiquée aujourd'hui en été. Cette irrigation

nécessaire justifie l'installation des dérivations qui fournissent l'énergie nécessaire aux artisans, et ce jusqu'à une époque relativement récente. Plusieurs moulins sont

construits : à l'Hôtel-Dieu, en bas de l'Ile Saint-Jean, à Montaigu (au confluent de l'Orne et de la Petite Orne), à Darnétal (paroisse Saint-Pierre) approximativement à

l'emplacement de l'actuelle fontaine Boulevard du Maréchal Leclerc, à l'abbaye Saint-Etienne, près de l'église Saint-Ouen, au pied du château (Gemare). Les moulins

peuvent être utilisés pour l'industrie textile (moulins à foulons) ou pour l'alimentation. Ils ont tous disparu aujourd'hui.

L'entretien des cours d'eau est souvent source de litiges : l'envasement permanent, lié aux marées qui remontent jusqu'au cœur de ville, nécessite de nombreux

curages, coûteux et difficiles. Les propriétaires ou locataires des parcelles riveraines se disputent la légitimité de ce devoir. Comme la Prairie, les cours d'eau font

partie du patrimoine commun, et leur jouissance est largement revendiquée.

Jusqu'au 19ème siècle, le réseau hydrographique médiéval restera le même, et les activités agricoles et artisanales induites perdureront. Mais les conséquences parfois

désastreuses de cette trop grande abondance sont de moins en moins bien vécues. Le sol caennais étant presque totalement plat, les eaux ont tendance à stagner : ni

les crues hivernales d'amont, si les marées quotidiennes d'aval ne suffisent à nettoyer les cours, qui pourtant servent tout à la fois à l'alimentation et à l'évacuation des

déchets. S'en suivent évidemment de graves conséquences sanitaires, et on compte par dizaines les épidémies qui touchent la Ville. D'autres nuisances, comme par

exemple les odeurs – celles des tanneurs est insupportable – susciteront progressivement le déplacement des classes aisées hors les murs.

La canalisation et le couvrement des cours d'eau caennais sont tardifs - 1860-1932- et l'approvisionnement en eau potable également - fin 19ème siècle- .

L'optimisation remarquable des cours d'eau médiévaux comme ressources essentielles pour la vie de la cité fait partie d'un temps révolu : pendant un siècle, celui de

l'industrialisation, les caennais vont s'éloigner de leurs rivières, les faire disparaître, et progressivement les oublier.

Aujourd'hui s'amorce une réflexion très nouvelle et le projet de "trame verte et bleue", par exemple, prend en compte la valorisation de l'eau à Caen.

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94 Quelques points de repère :

Les multiples interventions humaines sur les rivières caennaises ont profondément modifié leurs cours naturels. Leur dénomination varie également, en fonction des

époques et des auteurs. On propose donc d'utiliser, pour la suite du dossier, deux documents de référence :

- la carte des rivières établie par l'historienne Laurence Jean-Marie pour les 11ème et 12ème siècles,

- la carte établie en 2005 par la Direction de l'Eau et de l'Assainissement (Caen La Mer), les deux documents étant présentés pages suivantes.

- Le Grand Odon mentionné sur la carte de Laurence Jean-Marie apparaît sur le plan moderne avec une partie canalisée en 1932 qui va jusqu'à la rigole alimentaire, et l'autre déviée en 1976-1977, qui la rejoint également. Son tracé est aujourd'hui celui du Boulevard du Maréchal Leclerc et du Boulevard des Alliés. Sur la Prairie, Il rejoint en amont et à l'air libre la Grande Noé – ou "Petite Orne " Boulevard Guilloux, face à l'hippodrome. L'Odon est un affluent de l'Orne.

- Le Petit Odon est un bras de l'Odon créé artificiellement. Jusqu'en 1932, il traverse tout le centre-ville à l'air libre. Il se jette dans la rigole alimentaire, à proximité immédiate de l'église Saint-Pierre.

- Le petit canal qui figure sur le plan dressé par la Direction de l'Eau et de l'Assainissement, qui ferme l'Ile Saint-Jean côté ouest, est classiquement appelé canal Robert. Selon Laurence Jean-Marie, il n'a été aménagé qu'au 14ème siècle, en lien avec les fortifications urbaines. Il n'apparaît donc pas sur sa carte.

- Fleuve et canal :

L'Orne court au sud de la cité, et aujourd'hui encore, l'essentiel du tissu urbain est situé au nord du fleuve. Elle se jette dans la Manche à Ouistreham, à 14 kilomètres

de la ville. C'est un axe commercial essentiel, qui ouvre la ville sur un réseau proche, vers la vallée de Seine et l’Angleterre, et aussi vers des contrées plus lointaines,

comme les pays scandinaves, l'Espagne, et plus récemment l'Afrique.

L'exploitation de la pierre de Caen et la présence du fleuve sont évidemment indissociables dans l'histoire économique de la cité, du moins jusqu'à l'aménagement du

canal – de Caen à la mer – au milieu du 19ème siècle. De fait, le fleuve est difficilement navigable, et ses aménagements nombreux ne parviendront pas à satisfaire les

armateurs et les marchands. Axe essentiel pour l'économie caennaise, l'Orne est aussi la source de problèmes récurrents, qui freinent de manière importante le

développement de l'import-export. C'est donc le creusement du canal qui permettra à la ville de faire un bond industriel estimable, et qui permettra notamment

l'optimisation des ressources minières régionales ou plus lointaines, qui sont alors usinées et exportées.

L'Orne est aussi un espace nourricier : on y pêche de nombreuses espèces. Au 18ème siècle, deux marchés d'approvisionnement coexistent à Caen, pour une quantité

estimée, selon les saisons, à 30 ou 40 tonnes quotidiennement. L'un approvisionne la ville, l'autre les villes plus continentales de la Normandie, et Paris.

L'aire de collecte est assez réduite, de l'embouchure de la Dives à l'Est à la baie d'Asnelles à l'Ouest. Les bateaux de pêche les plus utilisés sont le picoteux et la plate, de

petites embarcations traditionnelles. Les pêcheurs – qui ont souvent une autre activité professionnelle - pratiquent la pêche annuelle (merlans, soles, turbots) plutôt

que saisonnière (pêche aux harengs et aux maquereaux), et pour la première, les ports de Caen et Ouistreham sont beaucoup plus actifs que ceux de Port-en-Bessin et

Courseulles. Après 1775, on assiste à un déclin spectaculaire de l'activité.17

17

Source : Genèse d'une ville moderne. Caen au 18ème

siècle. Jean-Claude Perrot

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Caen aux XIème et XIIème siècles. Laurence JEAN-MARIE. Plan p. 121 : "Caen au XIIème siècle".

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L'Orne et les Odons. Evolution des cours d'eau dans la ville de Caen du XVIIème siècle à nos jours. Direction de l'eau et de l'assainissement. Caen la mer 2005

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97 La pierre de Caen18

La pierre de Caen, d'une qualité remarquable, est abondante, et c'est le matériau emblématique de Caen ; exploitée jusqu'au 19ème siècle, elle marque en profondeur

le paysage urbain, y compris dans les réalisations les plus récentes, et donne à la ville une unité visuelle et une luminosité évidentes.

Le calcaire de Caen est une roche sédimentaire d'origine marine, constituée de sédiments qui se sont déposés sous un climat tropical, il y a environ 165 millions

d'années. A cette période, le rivage est semblable à ceux de Floride ou des Bermudes aujourd'hui.

La pierre de Caen est celle située à la partie de la partie supérieure du calcaire de Caen, sur 5 à 8 mètres de hauteur. Ses caractéristiques physiques le distinguent des

autres calcaires plus profonds.

18

Données techniques et géologiques : Service des carrières. Ville de Caen

Dès le 11ème siècle au moins, la pierre de Caen est exploitée à grande échelle, pour bâtir le château

ducal et les deux grandes abbayes de Caen ; après la conquête de l’Angleterre (1066), la pierre y a

été massivement exportée ; elle a servi, entre autres, à la construction de la Tour de Londres, de

l’abbaye de Westminster et de la cathédrale de Canterbury.

Par la suite, au fil des siècles, la pierre de Caen a continué d’être exploitée dans plusieurs carrières

à ciel ouvert ou souterraines sur le site même de la ville, pour la construction de nombreux édifices

religieux et civils, aussi bien en Normandie qu’en Angleterre et ailleurs dans le monde. Ainsi on

retrouve aujourd’hui cette pierre dans le patrimoine architectural de Caen, de la Normandie, de

l’Angleterre, ainsi qu’aux Etats-Unis (à l’intérieur de la Maison Blanche, dans des gratte-ciels et

dans la nef de la cathédrale St-Patrick à New-York) et jusqu’aux Bermudes (cathédrale).

Au milieu du 19ème siècle, on évalue à deux cents le nombre des bateaux qui chargent

annuellement 15 000 tonnes d' "or blanc". L'essentiel part en Angleterre, le reste vers les ports de

la Manche, la Belgique, la Hollande, l'Allemagne et même les Etats-Unis.

Au XXème siècle, avec l’utilisation croissante de nouveaux matériaux de construction comme le

béton, l’utilisation de la pierre de Caen a périclité sauf pendant la période de la Reconstruction de

la ville de Caen.

Aujourd’hui, la ville de Caen s’est engagée dans un vaste programme de restauration de ses

bâtiments historiques - château, églises et bâtiments civils - et une carrière est à nouveau

exploitée au sud de Caen, à Cintheaux, avec pour objectifs la fourniture de pierre aux chantiers de

restauration des Monuments Historiques à Caen, en Basse-Normandie, Haute-Normandie,

Angleterre, et le développement d’un marché civil contemporain dépassant l’échelle régionale, en

France et à l’étranger (Californie).

Les carrières de Caen, à ciel ouvert ou souterraines (Service des

carrières. Caen)

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98 Les terres agricoles nourricières sont une source d'enrichissement et le fondement de la vie économique et sociale de la cité pour plusieurs siècles.

La Plaine de Caen constitue la partie la plus occidentale du bassin de Paris. Elle occupe une surface d’environ 1 240 km2 et délimite un espace d’une cinquantaine de

kilomètres de longueur du nord au sud pour une largeur ouest-est de presque trente kilomètres. Elle est limitée au nord par la mer de la Manche, au nord-ouest par la

vallée de la Seulles qui la sépare du bocage du Bessin, au sud-ouest par la vallée de la Laize qui marque la limite entre le Bassin Parisien et Massif Armoricain, au sud

par la vallée de l'Ante qui la sépare de la Campagne de Trun et enfin, à l'est par les avant-buttes de la vallée de la Dives qui annoncent le bocage du Pays d’Auge. Elle

est formée de vastes plateaux de calcaires jurassiques surmontés d’une couverture discontinue et plus ou moins épaisse de limons lœssiques. Ils présentent un relief

faiblement ondulé, s’inclinant progressivement vers la mer avec des altitudes maximales culminant aux alentours de 150 mètres à l’ouest de Falaise et une pente

générale orientée sud-ouest/nord-est. Les paysages qu’ils portent sont très ouverts et dominés par de vastes parcellaires et leurs cultures céréalières et industrielles. 19

19

Source : Archéologie du paysage de la Plaine de Caen du Néolithique à l’époque mérovingienne Programme Collectif de Recherches 2009-2011. Année 2009 L. Lespez et C. Germain-Vallée

La plaine céréalière et la vallée de l'Orne. Cliché tiré de martinev.canalblog.com L'histoire de Caen et de ses habitants est très liée à celles

des terres qui entourent la ville : généreuses, leur

acquisition – plus que leur exploitation – est à l'origine

des plus grosses fortunes de la ville, et ce pendant des

siècles. La culture du blé est la plus lucrative : c'est une

marchandise noble, qui peut être stockée, vendue à

l'extérieur et faire l'objet de calculs : le blé est au cœur

de tractations économiques complexes. Un certain

nombre de disettes sont ainsi provoquées, pour créer

l'inflation sur le blé.

Pendant longtemps, les caennais ont fortement privilégié

l'investissement foncier : pour certains analystes, ce

choix a probablement freiné le développement industriel

de la ville aux 18 et 19ème siècles.

Les bords de la vallée de l'Orne sont quant à eux des sites privilégiés pour la pâture, et aussi pour la culture des fruits et légumes : les petits exploitants des

faubourgs de Caen y cultivent des jardins et livrent chaque jour leurs produits en ville. Cette pratique qu'on appellerait maintenant "durable", perdure très

tardivement (jusqu'au 20ème siècle). Les marchands utilisent des charrettes à bras pour le transport et la vente de leurs marchandises. A priori, ils ne semblent

pas disposer, comme pour d'autres corps de métiers alimentaires, de locaux de stockage et de vente spécifiques.

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99 B 3. Evolutions urbaines, patrimoines caennais

B3 1. Des origines au Moyen Age

La ville avant le 11ème siècle

Les fouilles entreprises en divers lieux de Caen ont prouvé l'existence d'une occupation humaine

dès le Néolithique.

Les études archéologiques conduites sur le site de l'Abbaye-aux-Hommes ont permis de découvrir

les vestiges d'un "vicus" gallo-romain doté notamment d'un "fanum" (lieu de culte), d'habitations

ainsi qu’un réseau de fossés et de drains. On a également dégagé – sous le sol de la Salle des

Gardes – les vestiges d'un quai maçonné qui pouvait accueillir des embarcations à fond plat. De ce

cours d'eau aménagé, on pouvait aller à l'Odon puis à l'Orne.

Le site, au milieu des marais, est assez insalubre, mais la présence et la domestication des cours

d'eau permettent l'installation de tanneries.

Autour des églises Saint-Martin et Saint-Julien on a également repéré l'existence d'habitats gallo-

romains.

L'ensemble dispose, sur terre, de deux voies de circulation majeures : l'une qui vient de l’ouest,

l'actuelle rue de Bayeux ; l'autre du nord-sud, actuelle rue Saint-Jean. La liaison avec la mer est

assurée par l'Orne.

A partir de la fin du 3e siècle après J-C., les habitants abandonnent progressivement le lieu pour

occuper le coteau voisin, moins vulnérable aux inondations. Le site reste désert jusqu'à la

construction de l'Abbaye-aux-Hommes, au 11ème siècle.

Sous la Salle des Gardes de l'Abbaye-aux-Hommes, les fouilles archéologiques ont révélé ce quai aménagé au bord du

Petit Odon. Mis en valeur, il est aujourd'hui facilement visible. (Cliché VC/ Stéphane Maurice)

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- L'époque gallo-romaine, le haut Moyen-Age

Le cours d’eau, qui sera plus tard utilisé par les moines de l'Abbaye-aux-Hommes pour le transport des matériaux de construction de l'abbaye, apparaît déjà.

L'occupation humaine (repérée sur le dessin par les quatre ronds) est concentrée au nord du Grand Odon : il s'agit du "vicus" délimité par la voie antique (actuelle rue

de Bayeux), le Grand Odon, le village de Villers et l'église Saint-Etienne-le-Vieux. L'emprise est approximativement celle grisée sur la vue aérienne de Caen. La voie

viaire nord-sud divise ce qui sera plus tard "l’Ile Saint-Jean", encerclée par l'Orne au sud, "la Petite Orne", qui est l'un de ses bras et le Grand Odon, qui se jette dans la

Petite Orne.

Le haut Moyen-Age n'a pas laissé beaucoup de traces tangibles, sauf en quelques endroits : sous l'église Saint-Martin ; devant l'église Saint-Pierre ; à l'emplacement de

l'ancienne église Saint-Gilles ; sur le site de l'ancienne église Saint-Julien ; dans le sol du Vieux-Saint-Sauveur. Ces habitats préurbains sont relativement éloignés les uns

des autres et se situent tous au nord de l'Odon.

Schéma de Laurence Jean-Marie et capture d'écran Wikimapia

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101 Les limites de l'agglomération immédiatement antérieures aux interventions du duc Guillaume sont difficiles à définir : il existe plusieurs centres de vie matérialisés

par les plus anciennes églises. On suppose que les habitants y bénéficient de privilèges propres aux bourgs et que les activités marchandes et artisanales y sont

avérées : "[dès la première moitié du 11e siècle] le marché, les foires, le tonlieu, le port ou encore l'aménagement de canaux témoignent très clairement du

développement commercial si ce n'est artisanal de l'agglomération "20.Mais on situe mal le centre stratégique de l'activité urbaine et les liens qui existent avec les

quartiers excentrés.

Néanmoins, on constate, dès le 11e siècle au moins, la relative concentration géographique de paroisses, à l’ouest de l’agglomération : Saint-Etienne-le-Vieux21, Saint-

Martin.

L’église Saint-Pierre de Darnétal constitue sans aucun doute l’un des noyaux primitifs, Saint-Michel de Vaucelles, au sud-est et Villers, paroisses plus éloignée ainsi que

Calix sont également mentionnés.

Le projet de Guillaume de Normandie

Le choix opéré par le duc Guillaume pour construire son château est tout sauf aléatoire et doit lui permettre d'asseoir son statut et son autorité. Le site est bien placé

par rapport à l'Angleterre, la Bretagne, l'Anjou et le Maine et il est situé au cœur de la Normandie. D'autre part, l'ensemble urbain dispose déjà de plusieurs quartiers,

d'églises, d'un marché, d'équipements – dont le port– et de rentrées fiscales. Il borde le fleuve navigable jusqu'à la mer. On peut s'y rendre en empruntant les voies

anciennes de l'ouest ou du nord-sud ; de nombreux cours d'eau secondaires, naturels ou artificiels, permettent d'implanter des activités artisanales et même de

naviguer. La vallée est par ailleurs bordée de riches prairies. Enfin, le sous-sol calcaire permet d'extraire, à ciel ouvert, une pierre d'excellente qualité. L'ensemble de

ces atouts n'avait d'ailleurs pas échappé aux ascendants de Guillaume, ni aux communautés religieuses qui y prélevaient déjà nombre de taxes et d'impôts.

C'est donc dans un contexte naturel, humain et économique très favorable que Guillaume développe son ambition de ville. "Caen s'avère donc être, dès le règne de

Guillaume, un important centre d'échanges, le principal de la partie occidentale du duché. Ceci est conforme aux volontés du duc, qui semble bien avoir poursuivi

plusieurs objectifs concomitants, lorsqu'il crée sans doute et étend peut-être le bourg…." 22

L'organisation politique et économique de la cité est un gage de réussite, mais n'aurait pu suffire sans qu'un climat de paix ne soit institué. En 1047, Guillaume a gagné

la bataille de Val -ès- Dunes contre les barons rebelles. Cette victoire a signé la fin des intrigues de cour conduites par ses vassaux et l'a libéré de ses principaux

contradicteurs. Il instaure, la même année, "la Trêve du Duc" ou "Trêve de Dieu", et garantit ainsi une paix civile dans son duché.

L'église Sainte-Paix est édifiée en mémoire de ce geste solennel. Le choix du lieu, sur la rive droite de l'Orne alors très peu urbanisée, est étonnant.

20

Caen aux 11ème

et 12ème

siècles. Laurence Jean-Marie 21

Les noms actuels des églises sont utilisés pour plus de commodité. 22

Op. cit

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- La fondation du château et des abbayes

Même s'il existe déjà, bien avant l'installation de Guillaume, une vie urbaine sur le site, on parle de "ville nouvelle" créée par le duc et qui s'ancre autour du château. La

forteresse prend place dans un vaste terrain de 5 hectares, qui domine le fleuve et le port. Il ne semble pas qu'il y ait eu précédemment un quelconque "castrum" à cet

emplacement.

L'espace situé entre l'éperon fortifié et le port se développe rapidement : ce sera "Bourg-le-Duc" qu'on appellera ensuite "Bourg-le-Roi". On y compte plusieurs

paroisses, dont Saint-Pierre de Darnétal qui jouxte le fleuve et le port.

La construction des deux abbayes à l'ouest et à l'est du château va favoriser le développement urbain : le territoire, qui, à l'origine, appartient tout entier au duc, est

l'objet d'une nouvelle partition, chacune des abbayes étant largement dotée et bénéficiant du statut de bourg, qui permet l'installation de toute une population

d'artisans, de marchands et de paysans. Cette organisation de l'espace, autour du château et des deux abbayes, va conditionner la vie économique de la cité. Chacun

des trois bourgs va développer des activités rurales, artisanales et commerciales. In fine, c'est néanmoins Bourg-le-Roi qui regroupera, avec l’Ile Saint-Jean, l'essentiel

des activités économiques caennaises, notamment commerciales, l’Ile Saint-Jean bénéficiant des activités portuaires.

Si l'édification du château s'explique aisément, celle des deux abbayes répond plus subtilement à divers motifs : traditionnellement, on convient qu'il s'agit d'un geste

fort accompli par le duc et son épouse, Mathilde de Flandre, pour se faire pardonner leur union, car ils sont cousins. Très sévèrement jugés par le pape, ils expient leur

faute en fondant chacun un monastère. Outre la volonté d'obtenir le pardon de l'Eglise pour expier le fait de s'être mariés, ils s'assurent également de la présence

active des bénédictins, l'appui de ces religieux aux ducs de Normandie n'étant plus à démontrer. Bien dotées, les deux abbayes seront garantes du pouvoir politique de

Guillaume et sauront gérer leur territoire au mieux d'intérêts partagés.

Vers 1060, Guillaume entreprend la construction de son château

Du château du 11ème siècle, il nous reste aujourd'hui les vestiges dits "du Palais de Guillaume" situés dans l'enceinte castrale, entre la Salle de l'Echiquier et le donjon :

une aula, salle d'apparat ; une camera, qui est la partie privée du logement et une capella, chapelle réservée au duc constituent l'essentiel du logis.

L'enceinte castrale est entourée de murs de pierre dès le 11ème siècle et les murs eux-mêmes sont bordés de profonds fossés. Celui du nord, qui forme la barre

naturelle de l'éperon, a été retaillé et façonné. Si les remparts d'origine –alors dépourvus de tours- ont disparu, le tracé de l'actuelle enceinte en reprend les contours.

Le château n'est pas seulement une forteresse militaire et un lieu de refuge pour les habitants de la ville, il abrite aussi un petit quartier localisé autour de l’église

paroissiale Saint-Georges. Celle-ci a conservé, des 11ème et 12ème siècles, les murs de la nef et l'arc triomphal qui s'ouvre sur le chœur. Ses dimensions permettent

d'évaluer à cent environ, le nombre d’habitants résidant au château et attachés au service de la famille ducale.

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110 Les deux abbayes bénédictines s'élèvent de part et d'autre de la forteresse

Les abbayes caennaises23 ont subi nombre de transformations. Pour l'essentiel, les bâtiments conventuels du 18ème siècle ont remplacé les bâtiments médiévaux. Mais

les deux églises abbatiales ont conservé leur allure d'origine, dont le plan primitif, en croix latine, est celui utilisé dans les abbayes bénédictines. On retrouve ce modèle

originel à quelques centaines de mètres de l'église Saint-Etienne avec l'église Saint-Nicolas.

Les nefs de ces trois églises possèdent les caractéristiques de l'art roman normand, avec trois niveaux bien distincts. Les voûtements en pierres ont remplacé les

plafonds de bois au 12ème siècle.

23

Les deux abbayes caennaises sont traitées dans le cahier patrimonial.

Les façades harmoniques, un modèle roman en Normandie : de gauche à droite, les trois églises caennaises : Saint-Etienne de l’Abbaye-aux-Hommes, La Trinité de l’Abbaye-aux-Dames et Saint-

Nicolas. Contemporains, ces trois édifices présentent les mêmes façades rectilignes et très sobres, dont les trois niveaux annoncent l'étagement intérieur. Les tours d'angle sont massives et carrées,

surmontées, ou non, de flèches. La seconde tour de l'église Saint-Nicolas n'a jamais été élevée. (Clichés Mondes Normands et VC/FD)

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111 Le tracé de la Ville s'organise autour des trois bourgs

Les trois bourgs créés par Guillaume le Conquérant auront des destinées très différentes.

Bourg-le-Roi est le seul à être fortifié, a priori dès 1066. Les deux bourgs abbatiaux ne le sont pas, à l'exception des abbayes elles-mêmes. Mais leurs murs d'enceinte

marquent plutôt la limite physique des domaines qu'une défense militaire.Des murs urbains du 11ème siècle, il ne reste rien aujourd'hui de visible, sinon le tracé. Bourg-

l'Abbé s'organise autour de l'Abbaye-aux-Hommes et des paroisses qui lui sont rattachées : Saint-Martin, au nord ; Saint-Ouen, au sud et une nouvelle paroisse, Saint-

Nicolas, dont l'église accueille les habitants du bourg. Contemporain de l'église Saint-Etienne, cet édifice remarquable est resté quasiment dans son état d'origine.

On dispose de peu d'éléments concernant les habitants de ce quartier de Caen au 11ème siècle, mais il semble que l'église Saint-Nicolas, suffisamment grande pour

accueillir un millier de paroissiens, n'ait pas eu le succès excompté, à cause peut-être de la proximité de la vieille église Saint-Martin. Assez peu fréquentée, Saint-

Nicolas n'a pas fait l'objet, comme les autres églises de Caen, de modifications et "embellissements" successifs, ce qui nous permet aujourd'hui de l'apprécier dans

toute sa pureté architecturale d'origine. On construit également l'église paroissiale Saint-Gilles, qui dessert les habitants de Bourg-l'Abbesse. Cette église a été

totalement détruite en 1944.

Caen vers 1070 : le tracé de la ville se construit, avec, de bas en haut :

- Vaucelles, sur la rive droite du fleuve, très excentré et qui sera longtemps "oublié" sur les

cartes de Caen.

- Un espace ceint par les cours d'eau : c'est la future Ile Saint-Jean, qu'une route traverse du

nord au sud.

- Bourg-le-Roi, fermé par une enceinte murée, avec deux paroisses signalées : Saint-Etienne-

le-Vieux, le long du rempart ouest, Saint-Pierre de Darnétal, au bord de l'Odon et de la Petite

Orne, à l'entrée du port.

- Le château, fermé lui-aussi, et qui abrite l'église Saint-Georges.

A l'ouest de cet ensemble, Bourg-l'Abbé apparaît très étendu, avec trois églises et

l'abbatiale. C'est le point d'arrivée de la route qui conduit à Bayeux puis au Cotentin.

L'habitat se concentre au nord du Grand Odon, les surfaces entre ce cours d'eau et l'Orne

étant entièrement occupées par la Prairie d'Amont.

A l'est de la Ville, Bourg-l'Abbesse s'organise autour de l'Abbaye et de la paroisse Saint-

Gilles, jusqu'au Vaugueux. Le village de Calix, sans église, s'étend jusqu'à l'Orne sans limites

bien précises. Bourg L'Abbesse restera très longtemps un quartier rural, et un site

d'extraction de la pierre de Caen sur le coteau. (D'après un schéma de Laurence Jean-Marie)

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112 Les activités commerciales se développent

La conquête de l'Angleterre par Guillaume le Conquérant en 1066 est une étape fondamentale dans l'histoire de la Normandie médiévale

A Caen, le commerce avec l’Angleterre se développe après la conquête.

Au quotidien, les échanges alimentaires se pratiquent dans le secteur compris entre les églises Saint-Pierre et Notre-Dame de Froide-Rue ; on y relève notamment la

présence d'une poissonnerie, d'une boulangerie, de halles pour la boucherie et le blé.

Les activités artisanales se concentrent autour du Petit Odon, qui traverse Bourg-l'Abbé et Bourg-le-Roi. Ce sont essentiellement des tanneries et des teintureries. Des

moulins jalonnent la ville. Quelques noms de rues et de places rappellent aujourd'hui ces activités millénaires : la rue aux Fromages, la rue des Teinturiers, la place

Gémare (pour le moulin de Gémare, au pied du château), la rue du Moulin…

Mais l'activité qui va, en quelque sorte "internationaliser" la ville est l'extraction et le commerce de la pierre. Dès le règne de Guillaume, elle est exportée en Angleterre

et utilisée pour la construction des châteaux et cathédrales normands. On exporte aussi du blé, vers les provinces voisines.

Le port se situe alors dans l'actuel centre-ville, entre la Tour Leroy et la place Saint-Pierre.

A ces activités s'ajoutent les marchés, dont celui de Saint-Sauveur (sur l'actuelle place Saint-Sauveur) qui est mentionné dès 1027 ; les abbayes, dotées chacune d'une

foire au moins, trouvent là une ressource importante. Le duc, par ailleurs, impose un système fiscal favorable à l'implantation de nouveaux marchands dans la ville. De

ces échanges, lui-même ou les abbayes tirent de nouveaux profits.

La ville est prospère.

Deux églises – hormis les églises abbatiales - témoignent de l'art roman à Caen : l'église Saint-Nicolas, une exception architecturale, un monument majeur de l'âge

roman normand et l'église Saint-Michel de Vaucelles, qui a conservé son clocher.

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116 12ème et 13ème siècles : le château se dote de nouvelles défenses, les trois bourgs s'urbanisent

Le 12ème siècle est particulièrement marqué par deux souverains : Henri Beauclerc, dernier fils de Guillaume et qui devient roi d'Angleterre puis duc de Normandie et

son petit-fils Henri II, qui hérite lui-aussi cette double charge ducale, en 1150 et royale, en 1154 et épouse Aliénor d'Aquitaine en 1152. Cette alliance, ainsi que la

puissance politique et financière qui en découle, marque l'apogée des états plantagenêts.

Henri Beauclerc et Henri II tirent évidemment profit de Caen, de son expérience commerciale avec l'Angleterre, de ses ressources, notamment la pierre et enfin, de son

organisation administrative, qui sera encore confortée par Henri II, quand il y fixera le siège de l'Echiquier et de la Trésorerie centrale de la province.

D'importants notables s'installent en ville et font construire des maisons ; le château est totalement transformé quand Henri Beauclerc y fait élever un donjon

d'importance et une salle d'apparat (salle dite de l'Echiquier). Un Hôtel-Dieu est fondé dans l'Ile Saint-Jean et une maladrerie est construite à l'extérieur de la ville, pour

les lépreux (quartier de la Maladrerie). Les bourgeois caennais et les institutions religieuses sont bénéficiaires de cette prodigalité.

La conquête de la Normandie par le roi de France Philippe Auguste, en 1204, ne semble pas avoir profondément transformé la vie de la cité. Les habitants s'adaptent,

même si les dirigeants, nommés par les Plantagenêt, sont remplacés par des fidèles du roi de France. Néanmoins, ce dernier s'avère prudent quant à la confiance qu'il

peut accorder aux Normands et aux Caennais précisément et procède à d'importants travaux au château.

Des communautés religieuses s'implantent. Au cours du 13ème siècle, les jacobins s'installent aux confins de la ville et de la prairie ; les chanoines, dont le doyen

Guillaume Acarin très proche du roi de France, fondent la collégiale du Sépulcre, dans le Vaugueux, vers 1220 (actuelle église du Sépulcre) ; entre 1236 et la fin du

siècle, ce sont les cordeliers puis les carmes et les croisiers, ces derniers occupant le couvent des béguines, au siècle suivant.

De ces couvents, il reste aujourd'hui très peu de traces tangibles, mais certains lieux en rappellent l'existence : à l'église du Saint-Sépulcre, dans le Vaugueux, une partie

de la vieille chapelle Sainte-Anne est intégrée dans la façade sud de l'église. Rue Elie de Beaumont, l'actuelle clinique de la Miséricorde a été bâtie sur le site du couvent

des cordeliers. L'église, totalement reconstruite, est à l'emplacement de l'édifice originel.

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- Bourg-le-Roi se densifie, l'Ile Saint-Jean s'urbanise

La lecture de ces deux cartes établies par Laurence Jean-Marie démontre comment, entre 1060 et 1346 – autre date repère de l'histoire de Caen – l'urbanisation se

développe surtout dans Bourg-le-Roi, qui regroupe l'essentiel de la population caennaise et des activités économiques de la cité. Néanmoins, les autres parties de la

ville évoluent aussi, même si le maillage reste lâche et les espaces naturels largement majoritaires.

Le plan de la ville se dessine très progressivement, depuis le cœur très dense au pied du château jusqu'aux bourgs et faubourgs les plus éloignés. L'Ile Saint-Jean est

progressivement occupée, notamment du côté est, où se trouvent le port et la "rue des Quais". Quelques monuments d'importance y sont édifiés, comme l'Hôtel-Dieu,

au sud, dont il ne reste qu'un modeste vestige délocalisé aujourd'hui : l'arc gothique, plaqué contre un immeuble, rue de Bras.

Les habitants de Bourg-l'Abbé s'installent progressivement au nord de l'abbaye, autour de l'église Saint-Nicolas et dans la rue Saint-Martin (dont l'église est

presqu'entièrement détruite aujourd'hui), qui mène au Bourg-le-Roi. Mais l'essentiel des terres rattachées au bourg reste rural : c'est la Grande Prairie (pour partie

ducale), qui pénètre très largement dans la ville jusqu'au moulin de Darnétal, proche de l'église Saint-Pierre de Darnétal.

Ceux de Bourg-l'Abbesse sont regroupés autour de l'abbaye et de leur paroisse Saint-Gilles, sur le coteau qui domine la prairie d'aval. La rue Basse apparaît : c'est la

voie qui mène au gué permettant de traverser la rivière.

L'économie au 11ème siècle Caen. 1200- 1346

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120 La fin du Moyen-Age

1204 : la victoire de Philippe Auguste, roi de France, sur le souverain plantagenêt Jean sans Terre ouvre un destin nouveau à la Normandie. Après la reddition de Caen, c'est la ville de Rouen qui capitule. Les nobles qui possédaient des terres en France et en Angleterre seront progressivement invités à choisir leur camp. Néanmoins et globalement, les bourgeois et les nobles, qui font vœu d'allégeance, s'organisent convenablement et pendant une bonne partie du siècle, la ville jouit d'une relative quiétude et reste économiquement très attractive. Le château, aux mains d'un capitaine, abrite une petite garnison ; c'est aussi le lieu de résidence des baillis, agents du roi. Dans la majorité des cas, ils seront choisis hors les murs. La paix retrouvée, les édiles n’utilisent quasiment pas leur droit de commune, octroyé par Jean sans Terre à la fin du siècle précédent et confirmé par Philippe Auguste. Les murailles élevées par Guillaume ne sont pas entretenues ; l'Ile Saint-Jean n'est protégée que par l'eau ; les abbayes sont entourées de murs peu défensifs ; enfin, les faubourgs sont totalement vulnérables. Seul, le château est efficacement protégé. La chevauchée d'Edouard III, en 1346, est brutale et violente : la ville paiera durement les insuffisances de ses défenses. - La guerre de Cent Ans, un désastre pour la ville

Les évènements survenus à Caen, au début de la guerre de Cent ans sont violents et le siège d’Edouard III, malgré sa brièveté, conduit à renforcer les fortifications de

la ville.

Le 26 juillet 1346, Edouard III a pris les villes de Carentan, Valognes et Saint-Lô. La prise de Caen révèle la grande faiblesse de la ville.

- Faiblesse humaine tout d'abord : le capitaine du château dispose de quelques centaines d'archers, d'autant d'hommes d'armes et des bourgeois de la ville, qui

forment une milice peu habituée aux combats. De leur côté, les Anglais disposent de plusieurs milliers de soldats entraînés. Les forces sont déséquilibrées.

- Faiblesse des défenses ensuite : les troupes anglaises se regroupent d'abord autour de Caen. Beaucoup d'habitants se réfugient dans la campagne environnante ; ceux qui restent pour se battre se regroupent dans l'Ile Saint-Jean, se croyant sans doute protégés par les cours d'eau, avant de se réfugier sur la rive gauche de la rivière ; "le fort de combat eut lieu au passage du bras de l'Orne le plus rapproché du château et à l'assaut de l'ancien pont Saint-Pierre. Pour comble d'infortune, la rivière sur laquelle flottaient ordinairement de gros navires était tellement basse que les Anglais la passèrent presque à pied sec. […]Une fois maîtres de la ville, les Anglais la pillèrent consciencieusement.". (Histoire de la ville de Caen depuis Philippe Auguste jusqu'à Charles IX. Carel. Tome 2).

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121 Edouard III quitte les lieux le 31 juillet.

Les narrateurs, peu précis sur les détails de ce siège, s'accordent tous à dire que les Anglais se servent largement dans les trésors caennais et remportent en Angleterre quantité de marchandises et notamment "40 000 aunes de drap" et des dizaines de navires. Ils font de nombreux prisonniers et les pertes humaines sont importantes. La ville est totalement traumatisée. Cet épisode désastreux laisse des traces : les Caennais prennent conscience de l'inefficacité de leurs murailles et entament une énorme campagne de travaux, qui durera plusieurs dizaines d'années.

Prise de Caen en 1346

L'imagerie médiévale ne

reproduit pas

nécessairement les lieux

évoqués, mais la présence

d'un cours d'eau au pied

des tours fortifiée peut

évoquer le port, au pied

des murailles de Bourg-le-

Roi, les seules qui existent

à cette époque.

(Chroniques de Jean

Froissart 15ème

siècle. BNF)

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122 La ville entreprend de relever et d'améliorer ses défenses.

Dès le départ des troupes anglaises, les Caennais sollicitent donc de leur roi l'autorisation de revoir entièrement leurs défenses.

Quelques années après le siège de 1346, le roi Jean II le Bon attribue, à son tour, et par deux fois, des aides financières pour les abbayes et les pauvres.

Malgré ces aides royales, les Caennais seront maintes fois sollicités pour le financement des nouvelles murailles. Des "aides", autrement dit des impôts, sont également levées dans toute la région. Les travaux de consolidation des remparts touchent plusieurs secteurs : en premier lieu, Bourg-le-Roi, dont les remparts sont restaurés et améliorés : la ville close du

14ème siècle gardera ces frontières de pierre pendant près de quatre siècles. Ainsi, les plans de Caen établis au début du 18ème siècle, nous permettent d'en repérer le

tracé et les principaux systèmes de défense.

Les deux abbayes bénéficient aussi d'importants travaux.

L'Abbaye-aux-Hommes se dote de nouvelles salles. Tandis que des remparts solides sont construits autour de l'abbaye après 1356, de nouveaux bâtiments sont élevés

dans l'enceinte et dévolus à l'accueil des hôtes, religieux et civils, nombreux et parfois prestigieux –le roi Jean le Bon y réside lors de son passage à Caen -. Ils ont été

miraculeusement préservés. Il s'agit du Palais Ducal et de la Salle des Gardes.24

24

Voir le cahier patrimonial.

Mais les interventions les plus novatrices sont celles qui touchent l'Ile Saint-Jean, jusqu'alors très vulnérable. Les nouvelles fortifications complètent un dispositif plus ancien. Avant elles, un certain nombre de défenses sont déjà établies : au sud, la Porte Millet et la "Tour Massacre"– cette dernière devant son nom, justement, aux massacres de 1346 -, ainsi que les bords de l'Orne situés dans l'aire de l'Hôtel-Dieu. Les fortifications du 14ème siècle ferment l'Ile, "du côté de la rue des Quais" (à l'est, le long du port, actuel Bassin Saint-Pierre) et à l'ouest, le long de la prairie, "par la rue des Jacobins". Il ne reste aucune trace des fortifications de l'Ile Saint-Jean progressivement abandonnées et radicalement effacées lors des bombardements de 1944.

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- Les remparts ne sont détruits que très tardivement :

Bien qu'établi au début du 18ème

siècle, le

plan de Nicolas de Fer donne une idée très

exacte de Caen au 14ème siècle, les

fortifications médiévales ayant été peu

modifiées. Ce sont elles, et les cours d'eau,

qui donnent à la ville son tracé

polynucléaire, "en papillon".

Au centre, le château est fermé par de

solides murailles, qui s'accrochent aux

remparts urbains au niveau des deux tours

philippiennes, la tour Puchot du côté ouest,

la tour Mathilde vers le sud.

Le rempart de Bourg-le Roi part de la tour

Puchot, se prolonge à l'ouest jusqu'aux

limites de l'Abbaye aux Hommes, effectue

un retour puis longe l'Odon jusqu'au Port,

repérable grâce aux deux tours jumelles

bâties de chaque côté du cours. Puis il

remonte vers le château et rejoint la tour

Mathilde. L'Ile Saint-Jean, entre l'Odon et

l'Orne, est dotée d'une muraille circulaire

rythmée par très nombreuses tours de

défense, qui longe les cours d'eau. Les

faubourgs sont hors les murs, et le

resteront.

Seules, les abbayes sont fortifiées ; mais à

l'époque où le plan est établi, celles de

l'Abbaye aux Dames sont déjà détruites.

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126 En 1346, on détruit le quartier situé entre l'Abbaye-aux-Hommes et le rempart urbain appelé "le Coignet du Brebis" – quartier situé approximativement sur le site de l'actuelle place Guillouard -, dont les maisons peuvent constituer autant de refuges pour les assaillants. Les travaux réalisés après 1356 se poursuivent jusqu'au siècle suivant. Pendant la guerre de Cent Ans, une innovation essentielle voit le jour, qui modifie considérablement l'architecture défensive : c'est l'artillerie. Pendant cette très longue période, elle s'est considérablement perfectionnée. Les murs anciens résistent mal à l'impact des boulets et doivent être renforcés ; du côté des assiégés, il devient indispensable d'aménager des terrasses d'artillerie, qui permettent de hisser les canons en haut des remparts. Soixante ans après le siège d'Edouard III, la ville de Caen a retrouvé une réelle vitalité. Après les dures années qui ont suivi le siège, où les Caennais ont eu à subir plusieurs épidémies de peste, c'est maintenant une ville-refuge, où les activités commerciales sont prospères. On estime la population à 8 000 personnes ou un peu moins.25 Le second siège de Caen en 1417. L'opération menée par Henri V d'Angleterre, un roi ambitieux et parfaitement armé, va démontrer que les nouvelles défenses ne sont pas irréprochables. Malgré le courage exemplaire dont font preuve les Caennais, la ville se rend au bout de quelques semaines. De fait, les forces en présence sont de nouveau très inégales : on parle de 7 000 défenseurs à Caen contre 40 000 assaillants très entraînés… Mais on a aussi négligé de fortifier l'Ile au Pré, pointe de la prairie formée par l'Odon et la Noé, qui s'enfonce jusqu'au cœur de la ville26. Enfin, le "Coignet du Brebis", qui ouvre sur la prairie, s'avère totalement inefficace : les troupes anglaises s'y engouffrent. La victoire du roi d'Angleterre est totale. Pendant 45 ans, de 1415 à 1450, la Normandie va vivre sous domination anglaise. C'est aux Anglais, occupants tolérés mais pas bienvenus, qu'on doit, au château, la construction de la barbacane de la Porte Saint-Pierre (et probablement celle de la

Porte des Champs) : les derniers temps de l'occupation sont menaçants pour la couronne anglaise et les Anglais doutent, légitimement, de l'assentiment des Caennais.

25

Il n'existe pas de statistiques précises avant le 17ème

siècle. Les habitants sont comptés de façon partielle, en fonction de critères fiscaux, religieux, etc, mais jamais tous ensemble. 26

Cf le plan de Nicolas de Fer page précédente.

La barbacane de la Porte Saint-Pierre (à gauche) est une

construction massive avec quatre tours d'angle, qui

constitue une avancée très protectrice de l'entrée

principale du château, côté sud. Elle est reliée à la porte

par un pont-levis.

Celle édifiée Porte des Champs (cliché de droite), bien que

de moindre importance, est conçue sur le même modèle.

(Clichés VC/FD et Carole Vilpoux)

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127 1450 : fin de la guerre de Cent Ans. La reprise en main du royaume par Charles VII, et celle de la Normandie particulièrement, est fatale à l'occupant. La victoire de Formigny, en avril, précède donc d'assez peu la prise de Caen, le 24 juin 1450. Les 15 000 soldats aux ordres du roi de France ne mettent que quelques jours à gagner la ville. Une fois dans la place, ils négocient la reddition du château.

- Les églises sont relevées ou reconstruites

Les ravages subis pendant la guerre de Cent Ans sont progressivement réparés. Les églises, notamment, bénéficient de nombreux travaux à la fin du 15ème siècle : Saint-

Etienne-le-Vieux est la plus vulnérable car située près de la Porte Saint-Etienne, à la limite de la Grande Prairie. Elle est en première ligne lors du siège d'Henri V, dont

les troupes s'introduiront jusqu'au cœur de ville, depuis ce lieu. Elle subit de grands dommages. On en reconstruit la tour lanterne et les chapelles. De nouveau très

touchée lors des bombardements de 1944, elle reste néanmoins un monument-phare de la vieille ville, face à l'Abbaye-aux-Hommes.

L'église Saint-Jean (à gauche et au centre), telle qu'on la voit aujourd'hui, est construite à partir du 14ème siècle, mais quasiment reconstruite au siècle suivant : le

portail, la nef et la tour-porche sont du 15ème siècle.

L'église Notre-Dame de Froide-Rue (à droite) est dotée d'une seconde nef, qui vient doubler celle érigée au 14ème siècle. Cette intervention n'est pas liée à des

destructions, mais à l'augmentation de la population urbaine au début du 15ème, qui nécessite plus d'espace pour un nombre de paroissiens plus nombreux.

L'église Saint-Ouen, quant à elle, est intégralement reconstruite. L'édifice roman, très endommagé pendant les trois sièges, n'est pas restauré, mais remplacé au 15ème

siècle par une nouvelle église jugée sans doute plus conforme à son nouveau statut. Aujourd'hui, elle partage, avec l'église Saint-Nicolas, la rare particularité d'être

restée telle qu'elle fut construite en 1494. Les deux églises ont conservé leur cimetière dans leurs enclos, même s'ils sont aujourd'hui "dormants".

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- La ville se développe à l'intérieur des murs

Le plan ci-dessous, établi par Jacques Gomboust en 1657 est intéressant, dans la mesure où il n'y a pas, à l'époque où il est réalisé, d'importantes modifications du

plan urbain depuis 200 ans. Sur l'extrait ci-dessous, on repère l'essentiel du bâti de Bourg-le-Roi et une configuration générale encore visible aujourd'hui (même si les

nombreux jardins du centre-ville ont disparu).

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130 Les rues principales, ouest-est, se rejoignent à l'église Saint-Pierre, au pied du château. Les maisons en bordure de voies sont nombreuses et forment un réseau dense.

La rue rectiligne, perpendiculaire à l'église Saint-Pierre est l'actuelle rue Saint-Pierre, avec, au milieu, l'église Notre-Dame de Froide-Rue.

Le quartier établi autour de l'église du Vieux-Saint-Sauveur, au nord, est occupé par un bâti monumental et conserve d'importantes parcelles de jardins, autour de la

place Saint-Sauveur et vers les remparts nord. C'est le site des "Grandes Ecoles" - ancienne université- et de couvents, comme celui des cordeliers.

Sur la place Saint-Sauveur, c'est le mur gouttereau des maisons qui s'ouvre sur la place, mais dans les rues transversales, au sud, ce sont les pignons qui donnent sur

les rues. Au 13ème et 14ème siècle, la pierre est bien représentée en ville, dans le bâti de qualité. On ne sait rien des constructions plus modestes, qui utilisent sans doute

le bois. Entre la place Saint-Sauveur et la rue Saint-Pierre, ce sont les artisans qui sont les plus nombreux : drapiers, parcheminiers et sans doute tanneurs, puisque le

Petit Odon traverse le quartier.

Que sait-on de ces maisons ? Selon Robert Delente27, la pierre est déjà très présente dans les maisons du 15ème siècle et dominera largement au siècle suivant. Il n'y a

pas de bois dans la plaine de Caen et son transport est onéreux, tandis que la pierre est partout dans le sol de la ville. Les maisons caennaises "à pans de bois" de cette

époque n'ont d'ailleurs de bois que sur leur façade, le reste du bâtiment étant en pierre. L'Hôtel des Quatrans est le meilleur exemple de ce type de constructions.

Cette façade en bois répond peut-être à un souci esthétique, mais elle permet aussi de créer de larges encorbellements sur la rue. Les maisons de la place Saint-

Sauveur sont, avant la reconstruction du 18ème siècle, dotées de ces ajouts qui forment des galeries commodes pour circuler et installer des étals.

De ces maisons très anciennes, il reste encore de nombreux témoins malgré les multiples destructions subies par la ville. Et l'aspect général des quartiers du centre est

resté très proche de celui du Moyen-Age : " l'état actuel des quartiers Saint-Sauveur et Saint Etienne, écrit Robert Delente suffirait à lui seul à nous convaincre de la

pérennité du tissu urbain, tant celui-ci y apparaît comme fossilisé. " Certaines rues, comme la rue Froide évoquée plus loin, ont conservé quelques maisons et manoirs

du 15ème siècle.

27

L'habitat à Caen aux 14 et 15ème

siècle. Robert Delente. Annales de Normandie. Année 2000. Volume 50 n° 50-3

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- Les croisiers s'installent dans le quartier Saint-Sauveur

"Les croisiers se disaient proprement chanoines réguliers de Sainte-Croix. Ils se

qualifiaient ordre canonial, militaire, hospitalier. Ils portaient pour insigne spécial une

croix d'étoffe rouge et blanche à l'endroit de la poitrine, sur leur scapulaire noir.

L'institution des croisiers à Caen remonte à l'année 1306 ; ils se fixèrent d'abord à Saint-

Martin… et, en 1356, Charles V leur concède dans la Franche-rue, aujourd'hui rue des

Croisiers, le couvent des béguines. La reine Jeanne, femme de Charles le Bel, leur donna

une autre maison pour bâtir leur église. Le travail fut commencé en 1372 et dura jusqu'au

siècle suivant.

En 1772, leur maison et leurs biens sont donnés à la Faculté de théologie de l'Université."

(Trébutien, p 179-180).

L'église est en grande partie détruite après la Révolution. Il reste des vestiges dans la

cour du 7 rue des Croisiers et dans la cour du 29 rue Gémare (Hôtel le Dauphin).

- Au 42 rue Ecuyère, un notable fait construire un hôtel

particulier

C'est la famille de Girard Bureau, nommé par Charles VII

lieutenant général du bailli de Caen, qui le fait construire, à

l’origine tout en pierre. De dimensions importantes, il offre une

très belle façade sur rue et une vaste cour. Les structures à pans

de bois visibles aujourd’hui, dans la cour sont des ajouts

postérieurs (propriété privée et protégée au titre des MH).

L'Hôtel des Ecuyers,

propriété de Girard Bureau

La façade sur rue – à

gauche- est élevée en pierre

de taille. Les bâtiments de la

cour, qui est assez vaste et

paysagée, sont à pans de

bois.

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133 B 3 2.La Renaissance, une époque difficile mais très productive à Caen.

A Caen, le 16ème siècle commence mal, avec une série d'épidémies de peste, qui décime la population. Il faut attendre 1520 pour que la tendance s'inverse et, pendant

les quarante ans suivants, la ville passe de 8 000 à 12 000 habitants, chiffre qui restera stable pendant tout le siècle.

La première moitié du 16ème siècle est fortement marquée par le règne de François 1er, qui entreprend quatre guerres ruineuses, mais s'avère aussi être un réformateur

avisé de l'administration. Il encourage le commerce jusqu'en Afrique et en Asie, ce qui fera la fortune de quelques armateurs, dont le Caennais Etienne Duval de

Mondrainville.

A Caen, l'Echiquier28 n'est plus tenu depuis 1498, au profit de Rouen, où l'institution s'installe de manière définitive. En revanche, elle est le siège d'une Généralité29 en

1542 et celui d'un Présidial30, deux fonctions administratives d'importance.

Ces nouvelles institutions génèrent l'émergence d'une société de notables – assez riches pour acheter une charge qui les enrichit encore -. Cette société de grands

bourgeois est liée avec le monde du commerce mais aussi avec celui de l'Université. Les notables résident principalement dans les paroisses Saint-Pierre, Saint-Sauveur

et Saint-Etienne, quartiers où règne une réelle mixité sociale car ce sont aussi ceux des commerçants, des artisans et des "petits métiers". Les quartiers excentrés -

Saint-Ouen, Saint-Gilles, Calix et surtout Saint-Michel de Vaucelles -, sont les plus pauvres. Au 16ème siècle, la configuration sociale et démographique de Caen n'a pas

encore beaucoup évolué : un centre très dense, avec une population diversifiée mais beaucoup de "nantis" ; une périphérie qui reste peu habitée et très rurale.

L'économie caennaise se fonde sur le commerce – avec des échanges à l'échelle régionale essentiellement basés sur l'agriculture, – et quelques industries : le textile,

qui va prendre un essor considérable aux deux siècles suivants, est le premier pôle de production caennais, avec notamment les draperies.

La draperie normande est active dès le 12ème siècle et se pratique dans des ateliers urbains ou en milieu rural. La qualité de la laine fait celle du drap et son origine –

noble ou commune – détermine le rang économique et social de son exploitant. Si la campagne normande fournit largement les fabriques, les marchands n'hésitent

pas à aller s'approvisionner plus loin, dans d'autres provinces, voire en Angleterre ou en Espagne – pour le Mérinos -

Les drapiers caennais très privilégiés nous laisseront quelques très belles propriétés urbaines.

Le cuir – tanneries notamment – est travaillé depuis longtemps et forme le deuxième pôle d'activité.

L'activité portuaire est encore très mal connue, mais on sait que les difficultés de navigation sur l'Orne sont récurrentes.

28

L'Echiquier, qui devient "cour souveraine de Normandie", rassemble tous les notables de la Province, deux fois par an et, jusqu'en 1488, dans l'une ou l'autre des villes importantes de Normandie : Caen, Rouen, Falaise… 29

La Généralité est une circonscription territoriale, dont les compétences sont de lever l'impôt. Plus tard, on parlera également d'Intendances. 30

Le Présidial est la Cour de Justice dépendante des parlements pour certaines affaires financières et criminelles. Institution créée par le roi de France Henri II. 11 La ségrégation sociale à Caen en 1568. Recueil d'études offert en hommage au doyen Michel de Bouârd. Hugues Neveux. Annales de Normandie. 1962. Tome 2 Je ne trouve pas le lien de cette note dans le texte

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134 La vie intellectuelle caennaise est liée à l'Université, qui, en ce début de siècle, est plutôt somnolente. Etudiants et professeurs sont très critiqués, l'enseignement y est

très formel et il est nécessaire de la réformer, ce qui est fait en 1521. C'est à ce moment qu'on instaure le Palinod, déjà présent dans d'autres villes françaises et

notamment Rouen. Ce concours de poésie – à l'origine religieuse – est extrêmement codé et donne lieu à des joutes brillantes entre universitaires. Au cours d'une

cérémonie somptueuse, à laquelle participent tous les notables de la ville, on décerne des prix, qui permettent aux étudiants d'accéder gratuitement à l'enseignement.

"Dans son expansionnisme et son désir de rayonnement culturel, la société intellectuelle caennaise cherchait par l'instauration du puy [ du Palinod ] à concurrencer

l'éternelle rivale normande et faire de l'Université un centre culturel « branché » qui attirerait étudiants et érudits, à la recherche d'un statut ou d'une reconnaissance

officielle, mais aussi des hommes de lettres, qui donneraient du lustre à l'institution et à la ville" 31. Loin d'être anecdotique, cette nouvelle pratique intellectuelle va

perdurer à Caen et susciter un réel élan littéraire. Elle va aussi susciter le développement des imprimeries caennaises, dont le sort est évidemment lié à celui des

productions universitaires.

Dans ce contexte politique compliqué, quelques fortes personnalités caennaises, bâtisseurs, intellectuel, mécènes ou marchands se font un nom et nous ont laissé un

bel héritage.

Un homme d'exception : Charles de Bourgueville, Sieur de Bras.

31 Odile Malas Semboloni : L'instauration du Puy de Palinods à Caen In: Bulletin de l'Association d'étude sur l'humanisme, la Réforme et la Renaissance. N°48, 1999. pp. 45-57. Editions Persée.

Charles de Bourgueville, Sieur de Bras, naît en 1504, fait ses études à Caen, puis à Angers et Poitiers. Il accompagne ensuite la

cour de François 1er dans toute la France puis revient au pays. Il se marie et obtient l'office de lieutenant particulier du bailli

de Caen. Quelques années plus tard, il rejoint le Présidial et devient véritablement notable. Il pressent la Réforme, la

condamne avec mesure et subit les évènements de 1562 – destruction des monuments et objets cultuels à Caen – sans

pouvoir s'y opposer. En revanche, devenu lieutenant général du bailli, il œuvre activement pour éviter les massacres, lors de

la Saint-Barthélémy. Il y parvient. A la fin de sa vie, il se lance dans la rédaction de grands ouvrages, où il exprime une

véritable volonté de réconciliation et de mesure. Il participe aussi au renouveau de l'Université. Enfin, il se lance dans la

rédaction de son ouvrage caennais, Les Recherches et Antiquitez de Normandie, achevée en 1588. Son ouvrage paraît donc à

la fin d'un siècle qu'il a presque complètement parcouru et qu'il raconte en mêlant les sujets : les évènements qui le

marquent ; les plus belles réalisations architecturales dans sa ville ; ses deuils… Il évoque aussi les questions économiques et

la politique locale, dont il s'est toujours beaucoup soucié. Son témoignage remarquable, sur Caen au 16ème siècle, a été repris,

commenté ou utilisé par nombre d'auteurs et reste – malgré quelques points discutables – une référence extraordinaire pour

les historiens. Enfin, il accompagne sa publication d'un plan d'une qualité exceptionnelle, le premier édité d'une longue série

caennaise : le "Plan de Belleforest", dont d'ailleurs Belleforest, n'est pas l'auteur, mais qu'il utilise dans sa "Cosmographie".

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135 Le premier plan connu de Caen.

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136 On constate que ce plan, établi entre 1570 et 1575, est restreint au cœur de ville : l'église Saint-Michel de Vaucelles, rive droite de l'Orne, n'est pas représentée. Mais chose plus curieuse, Bourg-l'Abbé et Bourg-l'Abbesse, dont on reconnaît facilement les églises, sont largement tronqués. Seuls, les quartiers fortifiés, Bourg-le-Roi et l'Ile Saint-Jean sont intégralement dessinés. La configuration de la ville n'a guère changé depuis le 12ème siècle, si ce n'est que l'Ile Saint-Jean est désormais fermée par la double ceinture de l'eau et des remparts. La vieille voie nord-sud qui la traversait, est devenue la rue Saint-Jean, avec, en son centre, l'église éponyme. Le port, au nord de l'Ile Saint-Jean, pénètre loin dans Bourg-le-Roi et son entrée est protégée par les deux tours érigées au 14ème siècle. Au nord encore, le château, dont les murailles sont très marquées, se rattache au bourg par la solide muraille nord de Saint-Julien. Sur le front ouest du rempart, face à l'église Saint-Etienne, la grosse Tour Châtimoine et la Porte Saint-Etienne sont très reconnaissables. Au-delà, commence la Grande Prairie, dont la pointe nord se prolonge loin dans la ville : nous sommes entre 1560 et 1585 seulement, les deux bastions et la courtine ouest n'ont pas encore été construits. Formant une poche vers la prairie, le couvent des jacobins est protégé d'un côté mais pas de l'autre. Ce sera au siècle suivant le premier terrain naturel à être fieffé pour être bâti. Plus de cent lieux sont répertoriés par l'auteur ! Charles de Bourgueville, sans doute et comme souvent assez dithyrambique, décrit l'animation portuaire telle qu'il la voit depuis le Chatelet sur l'Odon, ancienne

Maison de Ville située juste après les deux tours Leroy et Landais, près de l'église Saint-Pierre. Ce texte est aussi un indicateur qui signale les importations et

exportations alors les plus courantes.

"Et de la haute salle de cette maison, où se font les assemblées et conventions publiques, on voit, au droit de la rivière, vers l'orient, arriver les navires venant de la mer,

chargés de précieuses et rares marchandises que l'on descend à l'endroit de dix grands quais du quartier de l'Ile Saint-Jean et quatre du quartier de la grande ville, aux

greniers, celliers et magasins de la longue et tordue rue des Quais; aux uns les vins par les francs bremans, aux autres le sel par les francs porteurs, les épiceries,

saumons, morues et poissons salés ; les pommes, meubles, cuirs bois et autres sortes de marchandises, par un grand nombre de porteurs ou crocheteurs, selon les temps

et négociations qui se font par les marchands forains et étrangers, comme aussi les marchands de la ville y font charger des blés, beurres, laines, pastel […], pruneaux,

toiles, chanvres, cordages, ainsi que plusieurs autres denrées." DE BRAS, Recherches et antiquitez de la ville de Caen, p. 3 à 9.

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137

- L'architecture civile au 16ème siècle : des demeures qui reflètent le statut de leurs habitants.

"Le Vray Pourtray de Caen", extrait.

Le port s'étend, en amont, des deux tours Leroy et Landais (28) jusqu'à la Maison de Ville ; et en aval, le long de l'Odon et de la rue des Quais (27). A l'époque où le plan est dressé, les remparts

urbains entre l'église Saint-Pierre (C) et la Tour Leroy semblent avoir été partiellement détruits. Rue des Quais, ils séparent encore les maisons du cours d'eau (84).

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138 Il reste à Caen de nombreuses maisons de ce siècle et ce qui frappe, c'est la diversité de leurs architectures. Se côtoient dans la ville – ou à ses confins - des maisons

fortes ou fortifiées, comme le Manoir des Gens d'Armes ou le Manoir de Vaubenard situés en périphérie et qui appartiennent à des propriétaires terriens. Dans le

centre, les maisons à façades en pans de bois voisinent avec les bâtisses en pierre, comme l'immeuble de la Cour des Imprimeurs ou la maison de Malherbe. Quelques

très beaux hôtels particuliers rappellent l'opulence de la classe dirigeante formée de riches commerçants, qui sont aussi des notables.

La Cour des Imprimeurs : l'immeuble formé de quatre

corps de bâtiments en carré, possèdent des

caractéristiques qui sont plutôt celles du 15ème

siècle,

avec notamment des larmiers décoratifs ouvragés

autour des fenêtres à meneaux.

C'est une maison typique de la société industrieuse et

aisée qui forme la classe moyenne de la ville, cohabite

avec les plus riches mais choisit plutôt une architecture

rationnelle, loin des modes du siècle. Cette cour est

visible depuis la place Pierre Bouchard.

L'ensemble a aussi un intérêt historique certain, puisque

– son nom le dit -, il est occupé, à partir de 1746, par des

imprimeurs, dont M. Le Blanc-Hardel, au 19ème

siècle,

grand pourvoyeur de monographies et recherches

dévolues à la ville

La lithographie ci-contre du 19ème

siècle témoigne d'une

restauration fidèle des lieux.

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-

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141 De riches notables construisent des hôtels particuliers qui reflètent le statut de leurs habitants

Quelques belles demeures sont encore construites, au 16ème siècle, dans le quartier Saint-Pierre, bien que les Caennais fortunés commencent à le délaisser au profit de

l’Ile Saint-Jean

Vers 1520-1530, Thomas Morel, seigneur de Secqueville et de Than se fait construire un hôtel sur les bords de l’Odon (sur le tracé de l'actuel boulevard Maréchal

Leclerc), à proximité du Pont Saint-Pierre. En 1533, Nicolas le Valois d’Escoville, marchand et fils d’un marchand anobli, fait raser des maisons, dans le quartier Saint-

Pierre, pour y faire construire un hôtel particulier.

On sait relativement peu de choses de ces deux hommes. Néanmoins, Nicolas le Valois est classiquement représenté comme l'un des plus riches marchands de Caen,

qui a fait une partie de sa fortune avec l'exportation de grain en Espagne. Il est propriétaire de nombreux domaines ruraux.

Les deux demeures sont très nouvelles à Caen, avec une vaste emprise au sol, une élévation à deux niveaux seulement et un plan carré avec cours intérieures. Dans un

cadre souvent restreint et un parcellaire figé, il était en effet d’usage de construire sur trois voire quatre niveaux et de préférer les bâtiments à mur pignon, s’étalant

sur une parcelle profonde mais étroite ; la décoration, très discrète, à Than et beaucoup plus ostentatoire, à Escoville, figure la première période de la Renaissance

normande.

Etienne Duval de Mondrainville, quant à lui, établit sa demeure à partir de 1531 et l'achève en 1549 seulement. C'est de loin la propriété la plus étendue et celle qui est

la plus représentative de la partition des espaces propres à ces grandes demeures. Ainsi, trois bâtiments répondent à trois fonctions très différentes : un corps de logis

pour l'habitation privée, un autre pour gérer les affaires, un troisième dévolu aux fêtes : c'est le seul qui nous soit parvenu.

Ll'Hôtel Duquesnoy -du -Thon, situé passage du Grand Turc, proche de la rue Saint-Pierre, est une étonnante demeure. L'édifice, monumental, est sensiblement

différent des hôtels précédents et s'apparente plutôt, pour sa façade donnant dans la cour, à un pastiche de château féodal.

Hôtel Duquesnoy-du-Thon

A gauche : façade sur la ville, passage du Grand-Turc

A droite : escalier dans la cour intérieure

Bien que construit à la fin du 16ème

siècle, cet hôtel est doublement étonnant : par

son architecture très monumentale et très sobre, loin des fantaisies de son siècle ;

et plus encore, par la présence de l'escalier intérieur dont la cage est surmontée

d'un édicule à pans de bois, disposition qui a souvent disparu mais qui n’était pas

à cette époque.

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Une rue très préservée : la rue Froide.

Ce cliché, pris depuis le clocher de l'église Notre-Dame de Froide-Rue, montre le tracé de la

rue depuis l'église jusqu'à la rue aux Namps et plus loin encore, les fossés Saint-Julien, qui

marquent les limites de la ville médiévale. Le grand immeuble blanc, sur la gauche permet

de repérer le square Camille Blaisot aménagé sur l'emprise de l'ancienne université. Le

clocher, à droite, est celui de la chapelle de la Miséricorde, ancien couvent des cordeliers.

Au loin, on voit les tours des immeubles du Chemin Vert.

Le tracé de la rue est sinueux, la voie étroite et le bâti très dense. On aperçoit néanmoins

quelques jardins à l'arrière, auxquels on accède par un porche.

Jusqu'en 1944, la rue Froide relie deux centres stratégiques caennais : au nord, le quartier

Saint-Sauveur avec la place du même nom et l'Université ; au sud, la rue Saint-Pierre avec

ses halles, ses échoppes et sa vitalité légendaire. Les maisons de la rue forment un panel

étonnant de l'architecture urbaine caennaise, avec une forte proportion de bâtiments très

anciens : demeures raffinées, ateliers d'artisans, solides bâtisses des 15 et 16ème

siècles…

On a ici un véritable patchwork, chaque maison étant construite, à une même époque,

selon les moyens, les ambitions et le métier de ses occupants.

Beaucoup d'entre elles comportent des éléments en colombages, preuve que si les édiles

recommandaient la pierre, ils n'étaient pas toujours suivis. (Clichés VC/FD)

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148 Une prouesse architecturale, le chœur de l'église Saint-Pierre.

Les travaux de l'abside, des chapelles rayonnantes – construites sur pilotis, dans le cours de la Petite Orne - et des voûtes du chœur sont commencés en 1521 et

terminés, sans doute, un demi-siècle plus tard. Contrastant harmonieusement avec le reste de l’édifice, c’est l'un des exemples les plus parfaits de la

première Renaissance caennaise.

"En l'an 1521, fut commencé ce beau et magnifique rond-point et les voûtes de l'église Saint-Pierre de Caen, où il s'entresuivit grand travail d'en asseoir les fondements

sur pilotis dedans la rivière d'Ourne [en fait, le Grand Odon], à cause du flot et reflot de l'eau. Ce dit rond-point est fait d'une œuvre aussi artificielle et singulière que l'on

puisse voir, spécialement à l'endroit des plates-formes, carneaux et arcs boutants des dites voûtes et chapelles, tant en dedans qu'au dehors de l'église : avec singulières

histoires et vitres, que les Protestants cassèrent en l'an mille cinq cent soixante et deux." (Ch. De Bourgueville).

Cet ouvrage magnifique est sans doute celui qui a été le plus représenté et reste très présent dans les collections des musées et bibliothèques de Caen. Le chœur de l'église Saint-Sauveur et de l'abside de l'église Notre-Dame de Froide-rue sont réalisés à la même période. Plus sobres et modestes, ils pourraient être l'œuvre d'architectes normands contemporains de Sohier.

Chevet : aquarelle et rehauts de gouache.

Thomas Shutter Boys (1803-1865. Collection

Musée des Beaux-Arts.Caen)

Ce lithographe britannique a réalisé une

"architecture pittoresque" des grandes villes

européennes, éditée en 1839.

Détails du chevet La décoration mêle des éléments de style flamboyant et des décors italianisants de la Renaissance. La présence d’une petite tour lanterne sur la chapelle axiale constitue une des originalités du chevet. Cette tour lanterne est éclairée par trois oculi, petites ouvertures de forme circulaire. (Cliché VC/CD).

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149 Caen pendant les guerres de Religion.

La Normandie est largement entraînée dans la tourmente des guerres de Religion. A partir de 1560, les conflits nationaux, religieux et politiques impactent directement

la vie de la cité.

Bien avant cette date, beaucoup de Caennais ont été conquis par la Réforme : "A Caen, les Protestants formaient alors la majorité de la population ; presque toutes les autorités de la ville avaient embrassé les nouvelles doctrines. L'Université, la grande bourgeoisie et même certains nobles adhèrent au protestantisme" écrit Carel. Les assemblées des réformés sont publiques et se passent notamment dans "les Grandes Ecoles". L'Edit de Janvier (17 janvier 1962) accorde aux Protestants la liberté

de pensée et la liberté – surveillée – du culte. Cette même année, la première guerre de Religion (1562) touche la Normandie : les Protestants sont puissants, ils

prennent le pouvoir dans toutes les villes importantes : à Dieppe, Rouen, le Havre, Caen, Falaise, Bayeux, Vire, Coutances. Le comte de Montgomery, chef des

Protestants normands, résiste aux assauts de l'armée royale commandée par François de Guise.

En mai 1562, les Huguenots se livrent à d'importances destructions sur le patrimoine religieux caennais ; il s'agit essentiellement du patrimoine immobilier : chaire et

orgues à Notre-Dame de Froide-Rue, orgues et vitraux à Saint-Pierre, peintures et sculptures dans l'église du Sépulcre… Les tombeaux de la reine Mathilde, à la Trinité

et de Guillaume le Conquérant, à Saint-Etienne sont profanés.

Montgomery ordonne la destruction de l'église abbatiale Saint-Etienne. Finalement, elle "n'est que" découverte : le plomb des toitures a en effet une grande valeur.

Mais en 1566, la tour lanterne de l'édifice, très fragilisée, s'écroule sur le chœur gothique et en détruit la voûte.

En octobre 1562, les Protestants et les Anglais tentent de prendre la ville ainsi que le château, qu'ils assiègent et bombardent. Ils y font une brèche, mais leur attaque s'avère assez vaine. L'assassinat du duc de Guise change la donne et amène les Caennais à "demander composition" : In fine, la prise de Caen se fait sans grands dommages, mais la prise de son château rend les Protestants maîtres de toute l'actuelle Basse-Normandie. Après la Paix d'Amboise, en 1563, Montgomery rend au roi Charles IX la ville et le château. En 1574 la guerre reprend en Normandie. Montgomery est décapité à Paris, en place de Grève. La « Paix de Monsieur » en 1576 rétablit la tranquillité. Lors des guerres de la Ligue, la Normandie est à nouveau touchée (1589-1590). Presque toutes les villes, qui ont été « ligueuses » sont progressivement reprises par Henri IV, en 1590, à l'exception de Rouen, qui résiste encore. L'Edit de Nantes (1598) est ratifié par le Parlement de Rouen, le 23 septembre 1599. Les édiles caennais sont royalistes avant d'être catholiques ou protestants. C'est donc naturellement qu'ils expriment leur loyauté à Henri IV. Cette fidélité exprimée n'empêchera pourtant pas le roi de leur manifester une réelle méfiance : c'est lui qui installera les jésuites dans la ville, après son abjuration.

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150 Sous Henri IV, les fortifications urbaines remaniées seraient efficaces si elles n'étaient pas devenues inutiles !

Les principales interventions concernant le système défensif de Caen après la guerre de Cent Ans sont effectuées sur la Tour Châtimoine et le rempart sud-ouest de la

ville, entre la cité et la prairie.

Si elles n'ont laissé que peu de traces tangibles, elles méritent néanmoins une mention : la première parce qu'elle est considérée comme "un modèle de l'horreur

carcérale" (Claude Quétel) : tout à la fois défense et prison, elle est finalement intégrée, au 18ème siècle, au nouveau tribunal édifié place Fontette et ne sera détruite

qu'en 1788, après une inspection sanitaire.

La seconde concerne le quartier de Bourg-l'Abbé, côté prairie, dont les défenses

insuffisantes se sont avérées fatales en 1417 et 1450. C'est seulement sous

Henri IV qu'on édifie deux bastions dans cette zone. De ces deux bastions ou

"forts", il reste le nom d'une rue et quelques vestiges, derrière l’actuel

boulevard Bertrand (parking d'ERDF).

C'est l'espace entre cette nouvelle courtine et les deux enceintes de Bourg-le-Roi et de l'Ile Saint-Jean qui sera, au 17ème siècle, fieffé et vendu à de riches marchands, pour y construire leurs hôtels particuliers et ainsi aménager la place Royale, actuelle place de la République. Cette transformation radicale des "Près" de Caen signera le début de l'urbanisation sur la prairie d'amont.

Il ne reste plus aujourd'hui trace de ces deux bastions, que rappelle seulement "la Promenade du Fort", qui part, aujourd’hui, de l'avenue Albert Sorel vers la cité Gardin, à l'angle de l'actuelle bibliothèque centrale. "La Cercle", quant à elle, deviendra, à la fin du 16ème siècle, le Champ de Foire. Le Pavillon des Sociétés savantes (ou Pavillon Langlois) réservé à l'administration municipale de la foire, est le dernier bâtiment encore visible dévolu à cette activité. Il est situé rue Daniel Huet.

"Comment la dite ville de Caen fut rendue aux français " in Vigiles du roi Charles VII - manuscrit

médiéval avec le poème à propos de la guerre de Cent Ans par Martial d'Auvergne. BNF.

Département des manuscrits français.

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152 B 3 3. Nouvelles limites, nouveaux quartiers.

B 3 3 1. Le "Grand Siècle" : Contre-réforme religieuse, nouvelles limites urbaines, classicisme architectural

Le début du 17ème siècle à Caen est marqué par plusieurs évènements d'importance : Henri IV a établi une foire franche en 1594, remerciant ainsi les Caennais de leur

loyauté. Elle se tient à la pointe de la Prairie, au niveau de l'actuel cours Général de Gaulle ; elle dure seize jours et a lieu en juillet. La restitution de ce privilège est un

énorme atout commercial pour la ville, dont les ventes extérieures se font essentiellement lors des grandes foires annuelles. Le même Henri IV, généreux mais

prudent, conforte quelques années plus tard son statut de "nouveau catholique" et impose aux Caennais la présence des Jésuites à Caen.

Le premier quart du siècle est aussi celui d'une recrudescence des épidémies, peste et choléra notamment. Ce phénomène, qui perdurera jusqu'au 19ème siècle, est

évidemment lié à l'usage des cours d'eau qui parcourent la ville, Grand et Petit Odon notamment : si la ville est "une petite Venise" pour les poètes, c'est aussi, au

moins dans les quartiers les plus peuplés du centre, un cloaque, où les eaux usées et polluées sont consommées. L'altimétrie très basse du site ne permet pas un

écoulement suffisant des rivières, dont l'eau stagne longtemps en période de sècheresse. Quand les marées sont très fortes et les pluies abondantes, la ville est

inondée. Tous ces problèmes susciteront progressivement chez les plus privilégiés des habitants la volonté de loger "hors les murs", dans un environnement plus aéré

et plus sain.

Aux difficultés sanitaires, s'ajoutent des événements politiques fâcheux : en 1620, Louis XIII, en confit avec sa mère Marie de Médicis, entre à Caen et prend le château

alors aux mains des partisans de la reine-mère.

Pour l'heure, en ce début de siècle, les remparts ferment toujours la ville ; ils sont entretenus, surveillés et les passages des douze portes de la Ville sont taxés. Il y a

toujours deux villes à Caen, celle enfermée dans les murs ; celle des faubourgs. Caen intra-muros comporte six paroisses (Notre-Dame, Saint-Etienne-le-Vieux, Saint-

Georges, Saint-Jean, Saint-Pierre et Saint-Sauveur), les faubourgs six également (Saint-Gilles, Saint-Julien, Saint-Martin, Saint-Michel, Saint-Nicolas et Saint-Ouen). Les

quartiers de La Maladrerie, de La Folie et de Couvrechef sont intégrés dans les faubourgs. A l'intérieur de ses murs, l'Ile Saint-Jean s'urbanise de manière beaucoup plus

extensive que le reste de la ville. Les constructions conventuelles et les hôtels particuliers qui l'occupent sont entourés de vastes jardins.

En 1639, la Basse-Normandie connaît de graves troubles sociaux, avec "la Révolte des Nus-pieds" : cet évènement révèle le mécontentement des normands,

traditionnellement très imposés par leur roi – la province est riche – mais qui, sous le règne de Louis XIII, subissent des ponctions fiscales particulièrement lourdes. La

révolte touche une grande partie de la population et les prêtres catholiques la soutiennent.

Malgré ces difficultés, la démographie explose en cinquante ans : si le nombre de Caennais n'est que de 12 000 depuis le milieu du 16ème siècle, il passe à 25 000

environ au milieu du 17ème. Ce chiffre, évalué à partir d'un recensement de 1666, s'explique notamment par l'installation en ville d'une population rurale venue des

environs immédiats de Caen. C'est pendant cette première moitié de siècle que débute l'urbanisation des Près aux ébats dans la Prairie d'Amont.

La fin du siècle est assombrie par les conflits politiques et religieux : la Révocation de l'Edit de Nantes, en 1685, provoque le départ de nombreux protestants caennais,

qui représentent une large part des forces vives de la cité. Ils sont tanneurs, drapiers, libraires et cultivent des relations commerciales régulières avec l'Europe du Nord.

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153 Leur départ forcé va constituer un frein estimable au développement économique de la cité. Le temple protestant est détruit. Les persécutions s'amplifient, relayées

par la vindicte populaire

Les Jésuites s'installent à Caen

Cette affaire est d'importance : d'une part parce que les Caennais, et particulièrement les universitaires, sont révoltés par cette décision, qui remet en cause leur

monopole d'enseignants ; d'autre part parce que les Jésuites prospèrent si bien à Caen qu'ils finissent par occuper un territoire urbain de grande importance ; et enfin,

parce qu'ils vont assurer une véritable mission d'alphabétisation pour les plus pauvres, qui aura pour conséquence un nombre particulièrement élevé de gens sachant

lire, même dans les milieux les plus défavorisés.

" Il y a peu de villes […] dont l'attachement à Henri IV ait été aussi marqué qu'à Caen ; mais il n'en est pas moins vrai que l'établissement des Jésuites en cette ville est

l'ouvrage de la surprise, de la fraude et de la violence. " (Carel. Tome 2. P 310)

Les Jésuites occupent Le collège du Mont, situé rue de Bras. La première rentrée scolaire a lieu en octobre 1609 ; la fréquentation ne cessant d'augmenter32, il est

progressivement agrandi pendant tout le 17ème siècle. Son succès indéniable vient tout d'abord du fait que l'enseignement y est gratuit et plutôt complet. Aux matières

littéraires traditionnelles s'ajoutent la physique, l'astronomie et, à partir de 1704, l'hydrographie. Ce succès, partagé par les 105 autres collèges jésuites du Royaume,

permet aux classes pauvres d'accéder un enseignement de qualité. L'inventaire de 1666 fait état d'un taux d'alphabétisation remarquablement élevé à Caen, d'au

moins 60 % pour les hommes.

Les Jésuites sont aussi très férus de poésie, montent chaque année des pièces de théâtre à vocation pédagogique et encouragent la participation de leurs élèves au

concours du Palinod.

Après leur expulsion en 1763, le collège du Mont est rendu à l'Université. Puis il abrite une partie de l'administration préfectorale. Au milieu du 19ème siècle, la Société

des Antiquaires de Normandie et la Société Française d'Archéologie y ont leur siège et pour les premiers, leur musée. Le seul vestige du collège est situé rue de Bras

(N° 63) ; on peut y voir, sur la façade, l'arc brisé du porche de l'ancien Hôtel-Dieu. " Le collège du Mont ne cessa, en effet, de s'agrandir au cours du XVIIème siècle :

Après avoir obtenu de Louis XIII, en 1649, la propriété des terrains compris entre les anciens murs et le cours de l'Odon, les Jésuites achetaient, en 1667, à la Ville et aux

particuliers qui en étaient devenus propriétaires, cette partie du Pré aux Ebats où s'éleva, de 1684 à 1689, leur nouvelle église de la Gloriette ; en 1686, ils se faisaient

encore céder par le Roi le bastion du fort, derrière le collège, et, en 1696, les terrains s'étendant jusqu'à la Porte Neuve, c’est-à-dire jusque vers l'emplacement de l'Hôtel

actuel de la Préfecture." (Les collèges de Caen au 18ème siècle. Pouthas et Jouan 1911)

32

En 1627, on estime à 918 le nombre des élèves des Jésuites.

Plan Napoléonien. Extrait page suivante Sur Le plan, établi au début du 19

ème siècle, le nom des sites et des rues du quartier indiquent : "la place des Jésuites" en avant de l'église "des Jésuites" ; la "rue des Jésuites", actuelle rue de

Bras, et les bâtiments du collège du Mont, très agrandi ; "l'abreuvoir des Jésuites" sur la place du même nom : l'emprise urbaine de la congrégation s'étend jusqu'aux jardins de l'actuelle

Préfecture. Le collège du Mont, rue des Jésuites, est alors occupé par les services préfectoraux. (Archives Municipales)

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Plan Napoléonien de Caen. Extrait. (Archives Municipales)

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158 De nombreuses congrégations religieuses s'implantent

Après les conflits religieux qui ont marqué le 16ème siècle et la conversion du roi Henri IV au catholicisme, on assiste au mouvement de la Réforme catholique, qui se

caractérise par une forte volonté de prosélytisme. Après les Jésuites, les Carmélites s'installent en 1616, les Pères de l'Oratoire en 1622, les Ursulines en 1624, les

Hospitalières de l'Hôtel-Dieu en 1629. Deux ans plus tard, ce sont les Visitandines qui bâtissent leur couvent rue Caponnière. Il est le seul établi à cette époque qui ait

résisté au temps : il s'agit du Couvent de la Visitation, renommé Quartier Lorge dès son occupation par l'armée et qui est aujourd'hui revalorisé et réutilisé33.

Les Nouvelles Bénédictines – qu'on nomme ainsi pour les distinguer des religieuses de l'Abbaye-aux-Dames- s'implantent rue de Geôle ; puis c'est au tour de Jean

Eudes de créer le Couvent de la Charité pour les filles repenties. Ce couvent détruit pendant la guerre, sera reconstruit dans le quartier de la Guérinière34. Avant cela,

Jean Eudes avait établi un séminaire Place Royale, devenu Hôtel de Ville après la Révolution et détruit en 1944. Le dernier établissement religieux est celui des

"Nouvelles Converties".

- Une figure religieuse influente : Saint Jean Eudes

Jean Eudes est né avec le siècle et étudie auprès des Jésuites au collège du Mont. A vingt-deux ans, il rejoint les Pères de l'Oratoire et se consacre ensuite à la

prédication, largement pratiquée dans le cadre de la Réforme catholique. C'est ainsi qu'il devient missionnaire et sillonne les routes normandes encore très influencées

par le protestantisme. Il devient supérieur du couvent de l'Oratoire à Caen, mais quitte la congrégation peu de temps après pour en fonder une nouvelle, qu'il appelle

"congrégation de Jésus et Marie". C'est à cette époque (1643) qu'il crée sa mission, où seront dispensés les enseignements destinés à éduquer les prêtres et à leur

donner ces qualités de prédicateurs si chères aux Réformateurs.

Le séminaire, d'abord aménagé dans une maison à l'angle de la rue Saint-Laurent et de la rue Saint-Jean-Eudes (place de la République) est remplacé à partir de 1691

par un établissement beaucoup plus important, qui ferme le côté ouest de la place de la République. Bien que totalement détruit pendant les bombardements, le

séminaire de la place Royale a une place particulière dans l'histoire de la ville puisqu'il abrite les services municipaux, trop à l'étroit dans l'Hôtel d'Escoville, à partir de

1792 et jusqu'en 1944. Jusqu'à cette date, c'est aussi le siège du Musée des Beaux-Arts. Une dalle rappelle l'emplacement du bâtiment.

33

Cf page 360 34

Cf page 304

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161 La cité s'organise, gère ses pauvres et innove

La fin du siècle annonce les prémices d'une nouvelle organisation urbaine, sociale et économique.

- Création d'un hôpital général :

La force de la monarchie absolue passe par une meilleure maîtrise des populations les plus défavorisées : on crée donc, en France, des établissements particuliers pour

les pauvres et les mendiants notamment. La création de l'Hôpital Général de Caen est programmée dès 1655 par le Gouverneur de Normandie et réalisée vingt ans plus

tard. C'est d'abord une institution disciplinaire, qui accueille les plus pauvres et aussi les petits orphelins. Cette population, sous haute surveillance, est invitée à

produire et on installe, dès la fin du siècle, des ateliers de dentelle pour les plus jeunes et les plus valides. Au siècle suivant, les mendiants seront envoyés à Beaulieu –

actuel centre pénitentiaire à la Maladrerie -. L'Hôpital Général, situé auprès de l'Hôtel-Dieu au sud de l'Ile Saint-Jean, sera transféré au 19ème siècle à l'Abbaye-aux-

Dames, où il fonctionnera jusqu'en 1975. Il est démoli vers 1920.

- Exploitation des carrières :

Jusqu'alors, la pierre est essentiellement extraite au sud de la ville ; dans le quartier de Bourg-l'Abbesse, l'extraction souterraine est pratiquée du 11ème au 15ème siècle.

Au 17ème siècle, les filons situés à l'est de Caen s'appauvrissent et les besoins en pierre augmentent. C'est alors qu'on ouvre les carrières de la Maladrerie, où on extrait

la pierre par la technique dite "par puits et piliers tournés". Cette exploitation dure deux siècles puis est interrompue. Elle a été reprise –temporairement - vers 1980,

pour la construction de la façade du Mémorial de Caen. Les carrières de la Maladrerie sont les seules carrières à Caen que l'on peut visiter aujourd'hui, à l'occasion,

notamment, des Journées Européennes du Patrimoine. Ces visites, qui restent exceptionnelles, répondent à une attente forte des Caennais et des touristes.

Les carrières de la Maladrerie : les

piliers façonnés dans la pierre

soutiennent la voûte de la carrière,

et la pierre est extraite depuis des

puits aménagés en surface.

(Cliché droit : VC/D. Butaeye

cliché gauche : VC/JM. Leligny)

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162

- Redressement de l'Orne :

La question de la navigabilité du fleuve a toujours été cruciale à Caen. A cette époque, le bassin – ancêtre de l'actuel Bassin Saint-Pierre- est un véritable bourbier, qui

rend impossible l'accostage des navires à marée basse. Sur le fleuve, les nombreux méandres, l'ensablement des fonds, l'effet des marées sont autant d'obstacles qui

rendent le passage des navires difficile et entravent le commerce portuaire. Une autre difficulté est liée à la nature de l'estuaire, lui-même très sableux, peu sûr et

n'offrant pas d'asile convenable aux navires.

Cette question n'échappe pas à Vauban, qui, aux côtés de Colbert, œuvre pour le développement de la marine militaire. Après une visite des côtes normandes, il établit

un programme ambitieux, qui prend en compte la question de l'estuaire et propose de détourner l'Orne en aval vers Colleville, plus à l'ouest. Il s'agirait là d'un travail

colossal. Il préconise aussi la canalisation du fleuve, qu'il imagine rendre navigable au-delà de Caen, jusqu'à Argentan. Colbert autorise ces travaux en 1679, mais le

décès de Vauban met fin au projet. On se contente de canaliser l'Orne entre la Clopée (commune de Mondeville) et les carrières de Ranville, en aval. Cette canalisation

s'avère tout à fait insuffisante pour régler la question vitale de l'activité fluviale et portuaire à Caen.

Le programme initié par Vauban est repris début 18ème par plusieurs ingénieurs : de La Londe défend à son tour l'idée d'une Orne navigable jusqu'à Argentan ;

l'aménagement du Port de Ouistreham, qui permettrait d'aménager un havre pour les vaisseaux marchands et militaires, est également à l'ordre du jour et repris en

1747 par l'ingénieur François Polchet. Un peu plus tard, Bourroul réactive un autre projet de Vauban, qui est de détourner l'embouchure de la rivière vers Colleville

(immédiatement à l'ouest de Ouistreham) en déviant la dernière partie du fleuve.

Pendant tout ce temps, le port urbain s'envase à une telle vitesse que les navires marchands ont les plus grandes difficultés à aborder. L'extrémité la plus urbaine du

port, entre les deux tours Leroy et le Landais, est depuis longtemps inutilisable. Malgré la technique ancestrale du halage35, utilisée pour tracter les vaisseaux à la fin

du parcours, beaucoup de bateaux s'échouent et sont immobilisés pour plusieurs mois, faute d'eau. D'autres coulent. L'Orne est dangereuse.

- 1691 : Création du cours Koenig :

il est planté d’ormes champêtres sur les ordres de l’intendant Foucauld. Sous le 1er Empire, les deux rangées, côté Prairie, furent abattues pour servir à la

fabrication des affûts de canon, et furent remplacées par les platanes actuels. Un plan de régénération de ces platanes bientôt bicentenaires est en cours. Cette

promenade reste très prisée des caennais.

.- 1698 : pose des lanternes en ville :

"La Ville de Caen a payé une taxe pour l'établissement des lanternes dont l'amortissement a été estimé à soixante et quinze mille livres et les deux sols pour livre

montant. On a levé la somme de trente mille livres sur les maisons des habitants pour aider à payer cette taxe, et le surplus sur toutes les denrées qui entrent dans ladite

ville"36

Il faudra, selon l'auteur, attendre 1715 pour que les lanternes soient suspendues, contre l'avis des échevins.

35

Le halage disparaît définitivement vers 1850, avec l'apparition des remorqueurs à vapeur. 36

Journal d'un bourgeois de Caen. P. 40

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163 Canalisation progressive du fleuve :

Ce plan est réalisé

par Philippe Buache

en 1747 : il figure,

en projet, la

canalisation de

l'Orne au plus près

de la ville. Elle sera

réalisée au siècle

suivant.

Plus en aval, l'Orne

a été canalisée

entre la Clopée et

Ranville, cent ans

plus tôt. Le

cartouche indique

ceci : "Pour

l'intelligence du

projet d'un port, de

canaux et des

ouvrages à faire

pour rendre la

rivière Orne

navigable depuis

Argentan jusqu'à la

mer. Exécuté par les

soins de Philippe

Buache sur le plan

et les mémoires de

Monsieur de La

Londe ".

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164 L'architecture civile :

- L'aménagement de la Place Royale, un programme urbanistique ambitieux

Au début du siècle, le plan de ville n'a guère évolué et la Prairie d'Amont est un espace rural et également le "poumon" des citadins très à l'étroit dans leurs murailles.

Le "Vray Pourtray" établi au 16ème siècle nous le présentait ainsi et Charles de Bourgueville nous en vantait l'agrément. Mais la croissance démographique et le besoin

d'argent poussent les édiles à imaginer des solutions nouvelles pour le logement de leurs habitants. En 1635, la Ville, propriétaire des lieux, fieffe une partie des "prés",

la plus proche du centre, désormais bien protégée par les dernières fortifications élevées. Un cahier des charges est établi pour certains futurs propriétaires. Il s'agit de

construire "beau" et d'aménager une nouvelle place. Certaines maisons doivent être en pierre de taille et alignées, compter trois étages au-dessus du rez-de-chaussée

et être surmontées d'un grand toit toutes les quatre fenêtres. La toiture doit être percée de deux lucarnes jumelées sous un fronton.

De nouvelles rues sont créées à proximité, comme la rue Saint-Laurent, au bout de laquelle on construit un pont sur l'Odon en 1626. La place, dont Étienne Gondouin

établit le plan, est progressivement aménagée entre 1640 et 1680. Du côté est, elle s'ouvre sur la rue du Pont-Saint-Jacques et la venelle aux Chevaux (actuelle rue de

Strasbourg) créée vers 1609. La place fait environ 90 mètres sur 125 mètres.

Les constructions bordant la place, de plan carré, comptent quelques hôtels particuliers ayant dû respecter un cahier des charges exigeant. Ces hôtels s'élèvent entre

1640 et 1680 sur les côtés est, nord et sud de la place. A l’est s’installent aussi des gens plus modestes. Le côté ouest, resté vide, sera attribué un peu plus tard à Jean

Eudes pour y construire un séminaire. La Place Royale caennaise est le lieu de rassemblement de la bourgeoisie, un espace de manifestations et de fêtes et, quelque

fois, le lieu de contestations populaires. Comme dans toutes les autres villes françaises, la Place Royale est naturellement ornée d'une statue du monarque, Louis XIV.

La première statue, due à Jean Postel, est abattue à la Révolution.

. Légendes pour les deux photos?

De cette première campagne de construction, il reste deux

témoins : l'hôtel Daumesnil, construit à partir de 1657, et la

Maison de la Mission de Jean Eudes, plus ancienne mais très

remaniée.

Les autres demeures anciennes protégées de la place de la

République datent du 18ème siècle. Il s'agit de l'Hôtel de

Banville, de l'Hôtel Paisant au numéro 11 et de l'Hôtel de

Boislambert aux numéros 12-14.

Hôtel de Banville, 20-22

rue Jean-Eudes.:

Photos : Cour intérieure

et escalier

d'honneur.(VC/NO)

Les façades, les toitures,

le portail et plusieurs

plièces avec leurs décors

sont inscrits (1980). La

propriété est privée mais

visitable.

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165

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166

La place de la République aujourd'hui

La place, carrée, est bordée de

bâtiments sur trois côtés ; au

sud – à droite sur la photo –

s'élève l'Hôtel de Daumesnil, en

"U" ; de l'autre côté, au nord, on

repère la maison de la Mission

de Saint Jean Eudes, à l'angle

sud-ouest, et l'Hôtel de Banville

qui forme l'autre angle de ce

côté.

L'espace à l'ouest, arboré, est

celui où se dressait jusqu'en

1944 le séminaire des Eudistes,

devenu l'Hôtel de Ville. La place

fait actuellement l'objet

d'aménagements, destinés à la

rendre plus conviviale : les haies

qui la fermaient ont été coupées,

un mobilier urbain mis à la

disposition des flâneurs, et, à

titre d'expérience, les terrasses

des restaurants s'y sont

installées cet été. L'opération,

menée de concert avec l'équipe

de l'APUC – Atelier Public

d'Urbanisme de Caen – et le

Conseil de Quartier se prolonge

cet automne avec la création

d'une œuvre temporaire qui sera

exposée sur la place.

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169

- L'architecture 17ème est partout dans la ville

Le Pavillon de Beuvrelu : La façade a été faite en deux temps ; la partie la

moins ancienne, à droite, est la cuisine de la maison. (cliché VC/CD)

Le Logis des Gouverneurs,

Mentionné dès 1338 et situé dans

l'enceinte du château, il sert de

logement au bailli. Ce logis a connu

par la suite de profondes

transformations, d'abord au 15ème

siècle et surtout à la fin du 17ème,

époque à laquelle la façade du

bâtiment est totalement refaite. La

terrasse, visible sur le cliché

gauche, était à l'origine dotée d'un

escalier à double volée, déposé

pendant la Reconstruction.

Le Pavillon de Beuvrelu, au 3 rue Saint-Gabriel, est une petite demeure bâtie hors les

murs, entre 1627 et 1653. C'est un bâtiment atypique et peu connu.

Au début du 17ème siècle, la famille Beverslhuys, originaire de Dientz en Hollande, fait

l'acquisition d'un terrain au nord de l'église Saint-Nicolas-des-Champs.

Elle y fait construire un édifice de petite taille (12m x 7m) servant probablement de

maison de campagne ou de pavillon de chasse. Une date gravée sur une lucarne, autrefois

située au-dessus de la porte d'entrée, permet de faire remonter la construction du

premier corps de bâtiment à 1627. Une cuisine est ajoutée en 1653.

En 1951, la famille Pelpel, propriétaire, cède l'édifice à son propriétaire actuel, la Société

civile immobilière du Bâtiment qui y organise des réceptions. Pour cette raison, l'édifice

est parfois appelée le pavillon des architectes.

Le bâtiment a été très endommagé en 1944 pendant la bataille de Caen. Il a été sauvé de

la destruction totale et sa restauration a été menée par Pierre Auvray, l'un des architectes

de la Reconstruction de Caen. Les façades, les toitures et la cheminée intérieure sont

inscrits depuis 1970, au titre des Monuments Historiques.

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170 De nombreuses autres demeures datant du 17ème siècle sont encore visibles à Caen et parmi elles, quelques-unes sont protégées au titre des Monuments historiques.

Les plus prestigieuses possèdent les caractéristiques architecturales de ce siècle austère : omniprésence des frontons au-dessus des ouvertures, toits importants à la

pente très accentuée, sobriété des modénatures et quasi-absence des décors, autant de caractéristiques qui tranchent avec les fantaisies de la Renaissance.

La rue des Cordeliers et l 'Hôtel de Colomby (Clichés VC/NO)

La rue des Croisiers et l'Hôtel Bourguignon du Perré

au n° 13 (Cliché VC/NO)

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171

.

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172 Vitalité intellectuelle et artistique dans la cité

- 1652 : création de l'Académie des Arts, Sciences et Belles-Lettres de Caen

Au milieu du siècle, quelques esprits éclairés prennent l'habitude de se réunir régulièrement pour "lire la Gazette et voir les livres nouveaux", pour commenter les

nouvelles en provenance de Paris et échanger, tous les lundis. D'abord en plein air, les réunions se font ensuite au domicile des membres. Puis Jacques Moisant de

Brieux, l'un des cinq membres fondateurs et propriétaire de l'Hôtel d'Escoville, les reçoit chez lui. Progressivement, ces réunions sont formalisées et aboutissent à la

création de l'Académie des Arts, Sciences, et Belles-Lettres. L'Académie réunit toujours ses membres aujourd'hui, et publie régulièrement un bulletin.

L'Académie regroupe l'élite urbaine, tolérante, ouverte et curieuse. On compte trois protestants parmi les membres fondateurs ; les académiciens sont nobles, ou

marchands, ou bourgeois, unis par le même souci d'information et le goût du débat courtois – jamais sur les questions religieuses -. Parmi les grands personnages qui

la fréquentent à cette époque, on retiendra Pierre-Daniel Huet, qui, comme Charles de Bourgueville au siècle précédent, nous a laissé une riche chronique de la vie

caennaise.

A la mort de Moisant de Brieux, c'est un autre intellectuel caennais, Jean Regnault de Segrais, qui prend le relais et accueille à son tour les académiciens chez lui, rue de

l'Engannerie. Né – en 1624 – et mort à Caen, Segrais produit des pièces de théâtre, des romans, des poésies. A Paris, où il fréquente le cercle de Madame de la Fayette,

il entre à l'Académie Française ; vieillissant, il rejoint sa ville natale, épouse une jeune femme et devient premier échevin de la ville. Son rôle littéraire a été important,

mais tardivement reconnu : c'est seulement en 1968 que son œuvre est intégralement rééditée.

- L'art sacré dans les églises

Un intellectuel caennais, Daniel Huet

Comme Jacques Moisant de Brieux et Samuel Bochard, pasteur, théologien et scientifique, Daniel Huet est en relations suivies avec les hommes de lettres

parisiens. Il est invité en Suède par la Reine Christine, et ce voyage lui permet d'instruire l'ouvrage qu'il consacrera au théologien Origène. Brillant, il devient sous-

précepteur du Dauphin vers 1970 et membre de l'Académie Française en 1674. Il a écrit de nombreux ouvrages et laissé de nombreuses lettres témoignant des

liens entre intellectuels normands et parisiens.

Daniel Huet naît à Caen en 1630. Ordonné prêtre assez tard, il est abbé commendataire de l'Abbaye d'Aunay-sur-Odon, puis évêque d'Avranches. C'est plus

tardivement encore, quand il est libéré de ses charges, qu'il rédige "Les Origines de la Ville de Caen", ouvrage illustré par le plan de Nicolas de Fer. Ce travail

monumental est abordé de manière extrêmement méthodique : il utilise l'éthymologie, la topographie, établit un inventaire exhaustif du territoire urbain : rues,

ponts, portes, remparts… tout y est évoqué et nommé. Son précieux témoignage sera une référence pour nombre d'historiens de la ville,comme Carel par exemple.

Daniel Huet meurt à 91 ans, à Paris.

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173 Parallèlement à l'élan porté par des intellectuels tolérants et éclairés, se développe à Caen une création artistique sacrée. En nombre important, les œuvres de

peinture sacrée, qui ont été produites au 17ème siècle sont souvent dues à des artistes anonymes ou "locaux", qui n'ont pas laissé de traces dans l'histoire de l'art.

Néanmoins, certaines de ces œuvres, que l'on peut aujourd'hui encore admirer, sont de qualité remarquable. L'ensemble de ces collections a fait l'objet d'une

exposition en 2000 au Musée des Beaux-Arts de Caen.37

37

"La peinture religieuse à Caen. 1580-1780".Le catalogue a été édité avec le concours du Ministère de la Culture et le Conseil Régional de Basse-Normandie.

Ecco Homo. Notre-Dame-de-la-Gloriette, actuellement à l'église Saint-Jean

Œuvre de Peter Thys (Anvers 1624-1677) Huile sur toile. 1,30 x 1,05 mètres.

Huile sur toile.

Le Christ et la Samaritaine. Abbaye-aux-Dames

Œuvre d'Eustache Restout (Caen 1655 – Mondaye 1743). Huile sur toile. 2,72 x 3,53 mètres

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174

B 3 3 2. Le siècle des Lumières

Plan établi par Etienne en 1699. (source : Bibliothèque de Caen ref. FN I D 3)

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175 Dans sa configuration générale, le plan de Caen établi par Etienne en 1699 est assez proche de celui dit de Belleforest établi un siècle plus tôt. La ville possède toutes

ses défenses, murs et remparts et le maillage urbain est beaucoup plus dense intra-muros que dans les faubourgs. Néanmoins, et dans le détail, on constate qu'entre

ces deux dates, certains quartiers ont été fortement urbanisés : c'est le cas de l'Ile Saint-Jean, progressivement occupée par les congrégations religieuses, les

propriétaires d'hôtels particuliers et, pour la partie la plus proche du port, les marchands et armateurs. Le bourg de Vaucelles, rive droite, s'est construit autour de

deux axes, l'un nord-sud, l'autre est-ouest qui longe l'Orne. La place de la Chaussée – future place Royale – est aménagée et le champ de foire, repérable à ses petits

bâtiments quadrilatères, se niche dans l'un des bastions créés au 16ème siècle, là où les Jacobins résidaient autrefois. L'Odon, le Petit Odon et la Noé circulent librement

dans la ville.

Au début du 18ème siècle, la ville s'étend sur 2 169 hectares. Cette superficie restera la même jusqu'au 20ème siècle.

Le contexte économique au 18ème siècle : progrès et lenteurs

Les activités industrielles et artisanales se développent considérablement, et particulièrement celles liées au travail du textile : cette activité très technique est la plus

régie et elle dépend directement du pouvoir central.

La manufacture Massieu, établie depuis la fin du 17ème siècle, utilise des laines d'Espagne et produit des draps et des ratines de qualité qui sont vendues jusqu'à Paris. A

côté de cette production semi-industrielle, de très nombreux artisans – le dictionnaire du Commerce et de l'Industrie parle de 700 métiers – fabriquent annuellement

10 000 pièces d'étoffe, qui sont vendues dans les foires. Les eaux abondantes de Caen sont évidemment utilisées par les teinturiers, qui se pourvoient en teintures

dans les campagnes environnantes.

La production de la dentelle atteint son apogée au 18ème siècle : encouragée par Colbert, c'est une production particulièrement lucrative, pour plusieurs raisons : il n'est

pas nécessaire d'investir dans des machines : le travail est presqu'exclusivement manuel, la production se fait essentiellement "à domicile" et ne nécessite pas d'outils ;

d'autre part, la main d'œuvre ouvrière est bon marché et on emploie les enfants à partir de 5 ans dans les manufactures. Les manufactures hospitalières sont les

grandes gagnantes de ce marché en vogue : la main-d'œuvre y est gratuite et abondante, donc les produits vendus moins chers. Et la production apporte un revenu

supplémentaire estimable aux institutions de charité.

Fin 18ème, il y a 1635 dentellières salariées à Caen, soit 84 % du salariat textile. La production dentellière est alors très lucrative. Les fabriques ont aujourd'hui toutes

disparu.

Bien que moins contrôlées que les activités textiles, les industries du cuir, du bois, des métaux et du papier obéissent à de nombreuses règles : la pratique doit

toujours être identique à ce qu'elle a été, et les mélanges faits dans les mêmes proportions… Les imprimeurs-libraires sont également sous tutelle royale (de 1713 à

1789 au moins). Certains artisans s'associent pour élargir leurs offres (aubergistes et rôtisseurs, distillateurs et cidriers…) ou rompent leurs liens avec leur corporation

s'ils la jugent trop contraignante.

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176

- une société qui peine à s'industrialiser

Malgré l'essor industriel, les Caennais restent fortement attachés à la terre et privilégient nettement l'investissement foncier à l'investissement industriel.

Les ouvriers qu'ils emploient ont eux-mêmes des activités agricoles ou sont pêcheurs : ils ne se louent que si leurs activités leur laissent du répit ou en cas de disette. Il

est parfois difficile de trouver la main-d'œuvre ouvrière.

Ce double phénomène freine véritablement l'industrie de la draperie : les laines sont chères parce que, contrairement à l'activité dentellière assurée par les plus

démunis, la main-d'œuvre drapière est difficile à trouver et elle est assez coûteuse.

Nouvelles stratégies urbanistiques

Entre 1666 et 1753, la ville passe de 25 000 à 32 000 habitants. Les nouveaux habitants, dont la plupart viennent des villages et villes proches, doivent se loger : des

aménagements sont donc nécessaires, mais dans l'espace très contraint par les remparts, on dispose de peu de surfaces libres : on crée donc des étages

supplémentaires dans l'existant et on bâtit dans les jardins et dans les cours, densifiant ainsi toujours un peu plus le noyau ancien de Caen.

Les problèmes de circulation deviennent inextricables : la nécessité de moderniser les accès et d'assainir les quartiers du centre est vitale. Des projets prennent

naissance ; ils répondent aussi à une ambition urbanistique plus générale, privilégiant l'orthogonalité et la lumière.

En 1735, les édiles ordonnent le réaménagement de la place Saint-Sauveur : il faut détruire les vieilles maisons médiévales et construire de nouvelles demeures plus

adaptées aux modèles architecturaux du temps, qui formeront, de chaque côté de la place, un alignement parfait. Cette mesure importante améliore

considérablement l'aspect du centre, mais ne règle pas pour autant le problème des habitants les plus modestes, qui restent confinés dans des logements étroits et

souvent malsains.

- transformation de la place Saint-Sauveur

Il faut aussi régler le problème de l'accès au centre de la ville. Comme le montre le plan d'Etienne et plus précisément encore celui de Gomboust (voir page suivante), la

place Saint-Sauveur, à l'ouest, bute sur le rempart urbain - le Coignet des brebis -, lui-même séparé du rempart de l'abbatiale par un large fossé. Il est donc impossible

de rejoindre directement la place Saint-Sauveur depuis la rue de Bayeux. Cette question est importante pour les marchands qui approvisionnent le marché

hebdomadaire ; elle l'est, d'une manière plus générale, pour tous ceux qui ont à faire en ville.

Les contours médiévaux de Caen, définis par ses murailles, s'avèrent totalement obsolètes.

La question du réaménagement des voies est confiée au baron François-Jean Orceau de Fontette, intendant de la Généralité de Caen. L'essentiel des travaux est réalisé

entre 1752 et 1775. L'Intendant Fontette propose un nouveau plan urbain fondé sur les principes d'alignement, de perspectives, de promenades publiques et de

communication facilitée.

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- Après la place Saint-Sauveur, on aménage la place Fontette et de nouvelles voies à l'ouest de la ville

Fontette a le dessein d'aménager un accès entre Bourg-l'Abbé et la place Saint-Sauveur : pour ce faire, il faut tracer une nouvelle voie qui permette de rejoindre la rue

de Bayeux à la place. Ce projet nécessite d'abattre une partie des remparts et de mordre sur les jardins de l'Abbaye-aux-Hommes. Les négociations avec les religieux

aboutissent à un partage du foncier dans le quartier : en compensation de leurs pertes, les moines reçoivent des terrains au nord de leur abbaye, qu'ils ont

l'autorisation de lotir. Ces terrains forment le côté sud de la future voie, la rue Saint-Benoît, actuelle rue Guillaume-le Conquérant.

Les remparts démolis, on procède au comblement des fossés et on crée une place, l'actuelle place Fontette : côté abbatiale, la place s'ouvre sur la rue Saint-Benoît.

Côté ville, elle donne directement sur la place Saint-Sauveur et sur la rue Ecuyère, qui conduit à la rue Saint-Pierre.

A l'emplacement des anciens fossés, à l'entrée de la rue Saint-Benoît, deux pavillons marquent la partition des espaces : côté abbaye, le "pavillon des moines" est

achevé en 1758 ; côté ville, le pavillon de la ville sera édifié 15 ans plus tard et utilisé comme caserne. Le Tribunal, commencé en 1778, ne sera achevé qu'au milieu du

siècle suivant.

La place Fontette : de gauche à droite : Les deux pavillons "aux moines" à gauche, et de la ville – ou "Saint-Sauveur" - à droite, aux numéros 1 et 2 de la rue Guillaume-le-Conquérant ; le Tribunal ;

l'entrée de la place Saint-Sauveur ; la rue Ecuyère, qui conduit à la rue Saint-Pierre. (Cliché VC/FD)

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186

- On détruit les murailles

De nouveaux équipements publics sont créés :

Les interventions importantes réalisées sur le domaine public s'accompagnent de grands travaux : le Palais des Facultés38 est construit par l'architecte Brodon entre

1694 et 1704. Un jardin botanique39 est aménagé à partir de 1736 ; l'Académie d'Equitation40 est créée, à la même époque, rue de l'Académie. Vers 1720, les travaux

38

L'histoire de l'Université est traitée dans le cahier patrimonial. 39

Cf pages 344 à 346 40

Cf pages 365 et 366

Les fossés Saint-Julien, comblés, constituent aujourd'hui une voie de circulation

arborée ; ils accueillent tous les vendredis une partie du marché. Au fond, on

aperçoit la silhouette de la tour lanterne et des flèches de Saint-Etienne.

Fontette procède également à des destructions, notamment sur les remparts urbains : en

1753 les fortifications de l'Ile Saint-Jean sont partiellement détruites et notamment la

Porte Millet, au sud de l'Ile Saint-Jean : très étroite, elle constitue un verrou mal

commode qui bloque la circulation entre le centre de la ville et la voie sud, qui part du

faubourg de Vaucelles. En 1760, la Porte de Bayeux, devenue obsolète depuis la création

de la rue Guillaume-le-Conquérant et de la place Fontette, est abattue. En 1763, on

démolit les fossés et des murs de la Porte du Berger (entre le château et la Tour Leroy).

En 1786, les fossés Saint-Julien sont comblés et aménagés en promenade. On élargit le

Pont de Vaucelles.

Mais ce que les Caennais pardonneront mal à Fontette, c'est la destruction, vers 1755, de

leur vieil hôtel de Ville, alors situé sur le pont Saint-Pierre: image emblématique de la

ville, la bâtisse a ses défenseurs, notamment les riverains et l'intendant a fort à faire pour

avoir gain de cause. Les édiles s'installent alors dans l'Hôtel d'Escoville, qu'ils quitteront

plus tard pour le Séminaire des Eudistes, place Royale.

Ces démolitions ne font quelque fois qu'achever le travail du temps : un mémoire établi

par Dorval, en 1763, fait l'inventaire des défenses urbaines : si la plupart sont encore en

place, les interventions des habitants les ont progressivement affaiblies : des fossés sont

comblés pour aménager des jardins ; des murs percés pour la circulation. Les murs ne

sont plus entretenus et menacent de s'effondrer.

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187 d'aménagement de la caserne Hamelin, au sud de l'Ile Saint-Jean débutent. A la fin du siècle, la caserne Lorge prend possession du couvent de la Visitation41 L'armée

édifie notamment d'importantes écuries et une pharmacie vétérinaire dans les jardins du couvent.

A cette même période, les cimetières du centre-ville sont déplacés vers la périphérie, pour des raisons d'hygiène : celui de l'église Saint-Pierre au nord de la ville, celui

de l'église Saint-Jean dans les carrières de Vaucelles et celui des quatre autres paroisses intra-muros – Saint-Etienne-le-Vieux, Notre-Dame-de-Froide-Rue, Saint-Martin

et Saint-Julien - dans le faubourg Saint-Julien (cimetière des Quatre-Nations). Ce sont les actuels "cimetières dormants" 42de Caen.

41

Cf page 360 42

Cf page 309

Clichés gauche et centre : La caserne Lorge : Aujourd'hui, l'armée a libéré l'essentiel du couvent et les bâtiments militaires sont désormais propriété de la ville ; le bâtiment à gauche accueille la

Maison des Associations. Les anciennes écuries, au centre sont en cours de restauration. Cliché droit : la caserne Hamelin, disparue, au sud de l'Ile Saint-Jean.

.

Le Pavillon de la Foire est reconstruit : La foire franche créée par Henri IV en 1594 a pris un bel essor et

concurrence notamment celle de Guibray, à Falaise, pourtant plus ancienne. Dès sa création, la ville a acheté un

terrain en bordure de prairie, qui appartient aux Jacobins et a créé un champ de foire pour les commerçants

forains. Des bâtiments sont aménagés et forment un plan quadrilatère. Ils servent pendant la foire et, le reste du

temps, accueillent les troupes militaires de passage. Un bâtiment officiel est construit pour que les échevins,

juges de la foire, puissent se réunir. On y donne des fêtes, on y organise des cérémonies. Ce bâtiment, qui a

disparu, est remplacé au 18ème siècle par une élégante construction, qu'on appelle aujourd'hui "Pavillon

Langlois" car ayant servi de lieu d'exposition aux grandes toiles du peintre Langlois. Après le déplacement de la

foire, le bâtiment accueille les membres de l'Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres et d'autres sociétés

savantes, comme la Société des Antiquaires de Normandie, qui y siège jusqu'en 1854 et y réunit ses collections

archéologiques. Aujourd'hui, la Ville, propriétaire, réfléchit à une nouvelle réaffectation. Le bâtiment, rue Daniel

Huet, est inscrit aux MH depuis 1927. (Cliché VC/CD)

Page 193: PDF - 47 Mo

188 500 lanternes sont posées entre 1740 et 1789, essentiellement dans le centre ; on identifie les rues par des plaques et on numérote les maisons à partir de 1782 :

l'espace public caennais esquisse sa configuration moderne.

Le patrimoine religieux et civil de Caen au 18ème siècle

Cet élan architectural touche les deux abbayes, dont les bâtiments conventuels d'origine sont délabrés : en 1653, le cloître de l'Abbaye-aux-Hommes est "entièrement

ruiné et démoli" ; le reste des constructions n'est guère en meilleur état. Dès la fin du 17ème siècle, le religieux Guillaume de la Tremblaye élabore une transformation

radicale des bâtiments conventuels de l'Abbaye-aux-Hommes et imagine un plan grandiose. Les travaux, qui démarrent vers 1704, ne seront pas achevés à la

Révolution. Mais l'essentiel est fait : les nouvelles constructions sont une ode à la lumière, à l'élégance et au raffinement. Les matériaux nobles qui les composent, la

finesse de la décoration intérieure et la perfection du détail, tout contribue à faire de cet ensemble une réalisation exceptionnelle.

Guillaume de la Tremblaye est également l'architecte de l'Abbaye-aux-Dames : bien que plus modestes, les nouvelles constructions43 répondent aux mêmes critères.

Tandis que les pouvoirs public, militaire et religieux procèdent à ces transformations spectaculaires de l'espace urbain, des propriétaires font élever de belles

demeures. L'Ile Saint-Jean, notamment, compte de très nombreux hôtels particuliers édifiés entre le 17 et le 18ème siècle44. Les bombardements de 1944 ayant

43

Les abbayes sont traitées dans le cahier patrimonial. 44

Caen Cité médiévale, bilan d'archéologie et d'histoire. P 296 et suivantes.

Abbaye-aux-Hommes : cette photographie panoramique permet d'embrasser l'ensemble des constructions abbatiales et la place Fontette s'ouvrant sur le tribunal (Cliché P. Delval)

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189 presqu'entièrement détruit ce quartier de Caen, il ne reste que deux témoins dans ce quartier, l'Hôtel de Blangy (ou du moins une partie), rue de l'Engannerie et l'Hôtel

de Mons, rue de Bernières, sur la cinquantaine répertoriée.

L'Hôtel de Blangy est bâti au début du 18ème siècle et, dans son état originel, comporte trois ailes formant cour. Deux d'entre elles ont été détruites lors de la refonte du

quartier après -guerre. Mais le bâtiment principal offre une très belle façade à trois niveaux. Les baies de l'étage intermédiaire éclairent les salles de réception, encore

dotées de leurs décors d'origine et notamment des "chinoiseries" dans le second salon : ce sont six panneaux peints en relief qui représentent des scènes chinoises,

bien dans le goût orientalisant de cette époque. Depuis 1908, l'Hôtel appartient à la Ville : l'antique "Bureau de Bienfaisance" qui y est alors aménagé est devenu un

foyer-résidence pour personnes âgées. La demeure peut être visitée sur demande.

Les maisons édifiées aux 17 et 18ème siècles sont très nombreuses à Caen, dans les quartiers préservés des bombardements : rue Guillaume-le-Conquérant bien

évidemment, sur et autour de la place Saint-Sauveur, rue Saint-Pierre, rue Froide et dans la partie la plus excentrée de la rue Caponnière.

Hôtel de Blangy : cour intérieure ; peintures du premier salon : fleurs et oiseaux dorés en relief ornent les dessus de portes et de glaces ; "Chinoiserie" : détail. Ces tableaux peints et vernis sont

réalisés sur des lambris. L'impression de relief est obtenue en appliquant de la pâte à papier sur les premiers plans du dessin.

Page 195: PDF - 47 Mo

190

Maison Chibourg. 98 rue Saint-Pierre : le rez-de-Chaussée accueille une très belle librairie.

(Clichés Solcarlus)

A gauche : rue Saint-Pierre vers l'église

Saint-Pierre.

Maisons rue Froide

Hôtel Marescot de Prémare, angle rue

Pémagnie

Maisons rue Saint-Martin Immeuble, angle rue Caponnière et rue de

Bayeux

Page 196: PDF - 47 Mo

191

Limites urbaines : affaire sociale, affaire fiscale

Les habitants des faubourgs représentent la moitié des habitants de Caen.

Pourtant, ce sont les grands oubliés de Caen : à la marge d'un point de vue

géographique, ils le sont aussi d'un point de vue social, notamment parce qu'ils

occupent, le plus souvent, des métiers et emplois subalternes et imprécis ; mi-

ouvriers mi-paysans, beaucoup cultivent des parcelles de terre et fournissent

quotidiennement la ville en fruits et légumes.

La question de leur reconnaissance passe aussi par celle des limites de la ville :

lesfrontières administratives de la cité restent très longtemps floues, tant le

périmètre urbain est difficile à localiser précisément hors les murs. Cette difficulté

impacte directement le système fiscal et notamment l'impôt d'octroi encaissé aux

entrées de ville.

"Où le bat blesse les fermiers de l'octroi, c'est bien sûr dans l'existence de cette

frange urbaine indécise où les maisons sans étage s'éparpillent aux rives des prés,

le long des Odons à Saint-Ouen et sur les pentes maraîchères de Saint-Gilles ; ou,

encore, vers la plaine, après les ruines du temple des Huguenots, ces petits

héritages tenus par des herbières à l'orée des labours qui vous mènent d'un trait à

la Maladrerie ponctuée de sa chapelle du Nombril-Dieu. Là, tout est suspect .[…]

Les fermiers n'ont jamais cessé de rêver à l'utopie d'une muraille sans faille…"

(Perrot, tome 1 p 49)

Les limites précises de la ville ne sont définies que très tardivement (1727) : elles

se fondent sur la notion d'espace jointif, bâti ou terrains, avec un habitat groupé

et continu. Le Hameau de la Folie et la Maladrerie sont intégrés dans le territoire

urbain. Saint-Contest, Saint-Germain-la-Blanche-Herbe ou Venoix (intégrés

beaucoup plus tard) en sont exclus.

Les limites étant posées, il faut les figurer et s'assurer qu'elles fonctionnent.Ainsi

sont élevés des bureaux d'octroi, où officient les employés municipaux chargés de

la perception de l'impôt ; et des bornes d'octroi, qui délimitent précisément le

territoire. Au 19ème siècle, il y a 19 bureaux à Caen.

Chemins communaux et octrois début 20ème

. (Source :SIG ville de Caen)

Page 197: PDF - 47 Mo

192

Page 198: PDF - 47 Mo

193 L'Orne s'envase, le commerce en pâtit : nouvelles mesures

Depuis des siècles, des plaintes récurrentes se font entendre concernant l'état du fleuve : cet atout magnifique, qui a permis à la ville de se développer, devient de moins en moins navigable. Les marchands et les amateurs s'émeuvent. L'idée de rendre l'Orne navigable jusqu'à Argentan est toujours défendue : "Un mémoire que la compagnie fit imprimer en janvier 1750, et dans lequel est mentionné le procès-verbal de Gondouin, donne un aperçu du montant du péage. Des calculs réduits montrent qu'à cette époque les envois du port de Caen sur Argentan, pouvaient aller à 600,000 quintaux, et les retours sur Caen, à 1,800,000, total 2,400,000 quintaux, dont le transport par terre revenait à 1,120,000 l., tandis que, par eau, tous droits compris, il n'aurait coûté que 538,352 l. : bénéfice pour le commerce, 581,668 l."45 La grande difficulté réside dans l'incapacité de maîtriser l'envasement constant de l'Orne et de ses affluents. "l'Orne, les Odons et les autres ruisseaux charrient avec eux des vases et des immondices qui forment continuellement des atterrissements que les écluses de chasse, quelque nombreuses qu'on les établisse, et quelle que soit l'impétuosité qu'on imprime aux eaux qu'elles lancent, ne peuvent pas totalement dissiper, et qui auraient toujours fini par rendre toutes ces grandes entreprises inutiles." 46 Si les travaux d'aménagement en amont, jusqu'à Argentan, semblent définitivement infaisables, on entreprend néanmoins d'importantes opérations pour moderniser le port de Caen. Depuis toujours, c'est l'Odon qui fait office de port : étroit et encore plus envasé que ne l'est l'Orne, le cours d'eau ne permet pas l'arrivée des bateaux dans la ville. Les plus gros navires accostent donc quai de Vaucelles, plus en aval. Il y a, en quelque sorte, deux ports à Caen.

45

Mémoire contenant quelques éclaircissements sur les différents projets qui ont paru pour la navigation supérieure et inférieure de la rivière d'Orne / par père Lange

46

dito

A gauche : Le Port de Caen

côté ville. Lithographie

d'Eugène Isabey 1832

(collection Musée des Beaux-

Arts)

A droite : Le Port de Caen vu

de Vaucelles. Nicolas Ozanne.

1787

Page 199: PDF - 47 Mo

194 En 1764, on canalise l'Orne entre la sortie de ville et la Clopée ; pour mémoire, le tronçon Clopée-Ranville a été réalisé au siècle précédent. On canalise et on creuse également l'Odon et on aménage un quai de débarquement sur la rive droite du cours d'eau, côté ville. Ce travail, qui débute en 1787, se prolongera jusqu'en 1840 : l'Odon est alors totalement canalisé entre la place Courtonne (à hauteur de la Tour Leroy) et sa confluence avec l'Orne, dans le quartier de Vaucelles. Cet aménagement en provoque un autre : l'espace compris entre l'ancien lit de l'Odon et le bassin est comblé et aménagé : utilisé comme place d'armes, il transforme totalement le sud de l'Ile Saint-Jean. C'est sur cette emprise qu'on construit la caserne Hameilin.

Plan de Caen. 1825. Extrait

Sur ce plan établi par

Morel au début du 19ème

siècle, on distingue

nettement les anciens

méandres qui traversent la

Prairie, tandis que le cours

du fleuve est redressé. Le

port lui-même, le long de

l'Ile Saint-Jean, est élargi et

canalisé. L'Ile Saint-Jean

est dotée de nouveaux

terrains créés

artificiellement, et adopte

la silhouette triangulaire

qu'on lui connaît

aujourd'hui.

(source : Bibliothèque de

Caen. Ref. FNI C 827)

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195 Caen pendant la Révolution française

Caen est relativement préservée des grands bouleversements révolutionnaires. Mais la ville marque nettement sa préférence pour le parti modéré des Girondins, peu

enclins aux violences et attachés au libéralisme économique. La Gironde s'affaiblit peu à peu mais parvient à faire arrêter l'un des chefs de file du parti de la Montagne,

Jean-Paul Marat. Marat est rapidement acquitté. Certains députés girondins, menacés d'arrestation, quittent alors Paris et rejoignent Caen.

En juin 1793, Charlotte Corday fréquente les assemblées des girondins en exil. La

jeune fille, qui fut pensionnaire à l'Abbaye-aux-Dames, a reçu une bonne

éducation, connaît Montesquieu et Rousseau et elle est très sensible à la vie

politique. Progressivement, elle nourrit l'idée d'assassiner Marat, qu'elle juge

responsable des luttes qui ravagent la France. Si elle se dit révolutionnaire, elle

ne veut pas d'une révolution fondée sur la terreur. Lorsqu'en avril 1793, le père

Gombault, curé réfractaire de Saint-Gilles et qui lui a enseigné le catéchisme,

monte à l'échafaud, Charlotte Corday décide d'agir. En juillet 1793, elle se rend

au domicile de Marat et le poignarde. Immédiatement arrêtée et jugée, elle est

exécutée le 17 juillet. Elle a vingt-cinq ans.

A son procès, elle déclare : "J'ai tué un homme pour en sauver cent mille". Son

geste est inutile et la rébellion des provinces fédéralistes est sévèrement

réprimée. Plusieurs portraits la représentent à Caen, et l'un d'eux est exposé

dans l'ancien réfectoire des hôtes à l'Abbaye-aux-Hommes.

Charlotte Corday en Prison. Portrait réalisé au 19ème

siècle. Propriété de l'Etat en dépôt au

Musée des Beaux-Arts de Caen, et exposé dans l'Abbaye-aux-Hommes.(Cliché VC/FD)

Page 201: PDF - 47 Mo

196 B 3 4. Les temps modernes

B 3 4 1 : du 19eme siècle à 1944

Le contexte général au début du 19ème siècle47 :

- Un territoire urbain fait essentiellement de surfaces rurales

Au lendemain de la tourmente révolutionnaire, le territoire de Caen s'étend sur 2 169 hectares dont la grande majorité est composée de labours, près, vergers, jardins

et bois. Des promenades ont été aménagées autour de la Prairie et le long de l'Orne. Trois ensembles très différents composent le territoire. Le plus vaste – 86 % de la

superficie communale - est à peine urbanisé et s'étend sur les hameaux de Calix, Couvrechef, La Folie, et la Maladrerie. L'habitat y est dispersé et composé

essentiellement de fermes. La maison de détention est à la Maladrerie. Le second ensemble rassemblant les faubourgs de Saint-Julien, du Bourg-l'Abbé, de Saint-Ouen

et de Vaucelles. Dans ces quartiers, les maisons sont groupées le long des axes de communication. Le dernier ensemble, le cœur de la cité, ne couvre que 4 % du

territoire. Ce rectangle, compris d'ouest en est de l'Abbaye-aux-Hommes à l'Abbaye-aux-Dames et du nord au sud de Saint-Julien à Saint-Jean, concentre l'essentiel de

la population. On y trouve les vieux quartiers urbanisés depuis des siècles, mais aussi les bâtiments publics et les riches hôtels particuliers.

- Des conditions de vie très difficiles dans le centre de la ville

L'augmentation de la population caennaise est liée à l'installation d'une population rurale voisine (Calvados et Manche) venue chercher du travail. Mais cette

augmentation est très pondérée par un taux de mortalité qui reste très important, lié en grande partie aux conditions sanitaires difficiles qui règnent dans les quartiers

très peuplés de la ville : la "Venise normande" manque d'eau potable : les fontaines publiques sont rares. L'eau pure est difficile à trouver et on se sert encore

beaucoup de celle fournie par les cours d'eau qui circulent dans la ville. Les épidémies sont fréquentes : en 1871, une épidémie de variole emporte 2075 personnes.

Entre l'Empire et 1881, le nombre de Caennais passe modestement de 36 000 à 41 508 habitants.

- Une société civile très inégale

L'élan industriel amorcé au 18ème siècle s'essouffle, faute notamment d'investissements suffisants. Les emplois se concentrent essentiellement sur les activités textiles :

la dentelle emploie de sept à dix-mille personnes, surtout des femmes et des enfants ; la bonneterie, mille cinq cents. Les carrières de pierre de Vaucelles, de la

Maladrerie et de Fleury-sur-Orne occupent mille cinq cents ouvriers. Beaucoup de ces emplois sont précaires et la population ouvrière peine à survivre. Les

47

Source : "Histoire de Caen". Editions Privat. Pages 197 et suivantes

Page 202: PDF - 47 Mo

197 communautés religieuses se mobilisent pour assurer la charité, l'aide aux plus démunis, aux enfants et aux malades. En 1812, la Ville ouvre, à l'Abbaye-aux-Dames, un

dépôt de mendicité - qu'elle ferme en 1818, alors que la misère n'a pas reculé -. Le peuple a faim et se soulève. Il proteste notamment contre le prix du pain trop élevé.

En mars 1812, des émeutes éclatent, on insulte les autorités et on pille. La police procède à une soixantaine d'arrestations parmi les révoltés dont la majorité est

condamnée à la prison ou la résidence surveillée ; neuf sont fusillés. Deux ans plus tard, lors de sa visite à Caen, le duc de Berry fait libérer des prisonniers. L'obélisque

élevé sur la place Monseigneur des Hameaux, près de l'abbatiale Saint-Etienne rappelle l'événement.

Dans ce contexte économique tendu, trois classes sociales très disparates cohabitent sur le territoire : l'élite urbaine, constituée de notables qui sont aussi de riches

propriétaires fonciers, des armateurs, des drapiers… ; les pauvres et indigents, qui vivent essentiellement dans les faubourgs mais également dans les immeubles

insalubres du centre de la ville ; et une classe moyenne émergente, dynamique, qui gère l'économie locale : marchands, artisans, ouvriers spécialisés très recherchés.

Les institutions postrévolutionnaires nécessitent de créer de nouveaux établissements

- Les établissements d'enseignement

Napoléon Bonaparte remédie à la désorganisation de l'enseignement primaire en France. Il rétablit les écoles religieuses et stipule que les Frères des écoles

chrétiennes s'occuperont désormais de l'enseignement primaire et formeront les instituteurs.

Les lycées sont créés en 1802. Celui de Caen, qui prendra en 1892 le nom de Lycée Malherbe, s'installe, en 1804, dans les anciens bâtiments de l'Abbaye-aux-Hommes.

On construit progressivement de nouveaux bâtiments pour accueillir les classes primaires.

Cliché gauche : Le Petit Lycée est construit en 1885 pour accueillir les classes primaires du lycée de garçons. A cette époque, la statue de Louis XIV trône place Guillouard, devant le Lycée Malherbe (actuel Hôtel de Ville). Cliché droit : le bâtiment aujourd'hui. L'aile perpendiculaire à la route a été détruite pour dégager la perspective sur la façade de l'Hôtel de Ville. Il accueille aujourd'hui les bureaux de la Police Municipale.

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198

Pour les élèves de familles modestes, qui ne fréquentent pas les collèges et les lycées, La loi Guizot de 1833 impose de créer une Ecole Primaire Supérieure dans

chaque chef-lieu de département ou ville de plus de 6 000 habitants. A Caen, l'Ecole Primaire Supérieure de garçons s'installe, en octobre 1903, au n°72 rue de Bayeux

(actuel lycée Charles de Gaulle).

La loi Falloux de 1850 fixe le principe d'une école de garçons dans toutes les communes et d'une école de filles pour "celles qui en ont les moyens". En 1867, la loi

Duruy organise officiellement l'enseignement primaire féminin, imposant notamment l'ouverture d'une école de filles dans les communes de plus de 500 habitants.

Des lycées de jeunes filles sont créés en 1880. Pour les accueillir, en 1909, la Ville de Caen acquiert l’ancienne propriété des Ursulines située rue Pasteur, face à

l’Université. Elle y fait construire des bâtiments neufs. Les travaux sont confiés à Jules Oyer, architecte et urbaniste à Caen depuis 1900, qui les achèvent en 1914.

Ecole

publique

de filles,

place

Gambetta

actuelle

Ecole

René

Lemière

L’ancien lycée de jeunes

filles (actuel collège

Pasteur) construit entre

1909 et 1914. Occupé par

les Allemands en 1940, il

abrite, après les

événements de 1944, les

services de l’Hôtel de Ville

jusqu’à leur installation à

l’Abbaye-aux-Hommes.

La Ville de Caen et les congrégations religieuses développent des établissements d'enseignement pour les

garçons et pour les filles ainsi que des écoles gratuites pour les plus démunis. On construit des pensionnats

pour les jeunes filles et on crée l'Ecole Normale d'Instituteurs en 1830, qui s'installe dans le Palais Ducal.

L'Ecole Normale est transférée rue Caponnière à la fin du siècle, et le Palais Ducal accueille alors l'Ecole

Normale de Filles

Photo : Ancienne école normale d'instituteurs 168 rue Caponnière. Construit entre 1883 et 1887, par les architectes Léon Florentin Marcotte et Auguste Nicolas, le bâtiment est transformé en hôpital militaire lors du premier conflit mondial. C'est également dans ce bâtiment que l'université trouve refuge à partir de 1944 jusqu'à son installation définitive sur le nouveau campus. Depuis 1988, il abrite les services du Rectorat (Photo : site du Rectorat)

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199 En application de la Loi Falloux, de nombreux instituts religieux sont édifiés fin 19ème siècle à Caen, comme le pensionnat Saint-Joseph rue des Rosiers, l’institution

Saint-Paul, qui s’installe dans l’ancien petit Séminaire, rue du Général Moulin ou encore le lycée Sainte-Marie, fondé en 1850 et dont la tutelle sera confiée à des pères

Eudistes. Sainte-Marie est le premier établissement secondaire catholique ouvert en Normandie.

L'Université est rétablie en 1806 et l'on procède à l'agrandissement du Palais des Facultés48.

48

L'histoire de l'université est traitée dans le cahier patrimonial.

L’institution Saint-Paul occupe l'ancien petit séminaire de Caen. La chapelle de l’institut construite entre 1913 et 1919 par l’architecte Lair, est ornée de vitraux datant des 15

ème et 16

ème siècles, qui, s’ils

sont de réemploi, n’en restent pas moins les plus anciens de la ville. Ils sont de diverses origines.

L'Université au 19ème

siècle : ancien collège des Arts. A droite, plan de surélévation des Grandes Ecoles, exécuté au milieu du siècle (source : Histoire de l'Université de Caen. 2012)

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200

- La Préfecture :

Le corps préfectoral est créé en 1800. En 1803, le préfet Charles Ambroise de

Caffarelli du Falga transfère les bureaux de la Préfecture dans l'ancien collège

du Mont puis aménage sa résidence dans l'hôtel particulier Gosselin de

Manneville situé à proximité. En 1812, on commence la construction d'un

nouveau bâtiment à l'emplacement de l'Hôtel de Manneville. Les travaux

dirigés par Harou-Romain père et fils, sont achevés en 1822 et l'aménagement

intérieur entre 1822 et 1826. L'ensemble est agrandi entre 1849 et 1851 par

l'architecte Paul Verolle. Enfin, en 1857, Léon Marcotte, nouvel architecte

départemental, réalise la galerie et le portail fermant la cour sud et crée, dans

l'aile nord, la grande salle à manger officielle.

La Préfecture du Calvados est l'une des rares en France construite

spécifiquement pour l'institution qu'elle abrite. Le bâtiment, qui constitue un

important témoignage de l'architecture néoclassique en Normandie, est classé

en 1963, au titre des Monuments Historiques.

La préfecture. Cliché de F. Levalet

Les Journées Européennes du Patrimoine sont toujours l'occasion, pour les

Caennais, de découvrir les monuments habituellement non ouverts à la

visite : cette année, c'est le préfet lui-même qui recevait le public !

L'occasion également de photographier deux très belles salles, la salle à

manger dévolue aux réceptions officielles (à droite) et l’un des salons de

la Préfecture (à gauche). (Clichés VC/NO)

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201

- Les casernes

3 -

Le Quartier Lorge49, rue Caponnière

En février 1841, les soldats du détachement de Cavalerie de Remonte, jusqu'alors logés dans le Pavillon Saint-Sauveur, place Fontette, s'installent au Quartier Lorge. Ils

y restent jusqu'en 1939 et laissent ensuite la place à l'occupant allemand.

Lors des combats du 8 juillet 1944, des bombes tombent sur le quartier, jusque-là relativement épargné et détruisent l'église ainsi qu'une partie des écuries.

Après les travaux de restauration, la caserne est à nouveau occupée par l'Armée, dont le siège du P.C. de la 32ème Division Militaire Territoriale pour la Basse-

Normandie (dissoute depuis) ainsi que de nombreux services de l'Armée de Terre (Centre d'Instruction et de Préparation Militaire, Centre d'Entraînement et de

Préparation des Réserves, Centre de Documentation de l'Armée de Terre…), des services délocalisés du Ministère des Anciens Combattants et le Bureau des Archives

du Monde Combattant (Guerre 39/45).

L'ensemble de l'édifice est inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques, le 18 novembre 1988.

49

Requalification du Couvent de la Visitation - Quartier Lorge : cf pages 360 et suivantes

La caserne Lefebvre La défaite de 1870 amène les autorités à réorganiser totalement l'appareil militaire national et notamment son implantation territoriale. La Ville de Caen ne dispose que d'une caserne inadaptée aux besoins de l'époque- la caserne Hamelin- et de la caserne de Remonte installée dans l'ancien couvent de la Visitation. Le 36ème Régiment d'Infanterie, prestigieuse unité de fantassins, s'installe au château. Le site est occupé par l'Armée depuis 1815, et des casernes sont aménagées à partir de 1872 au nord de l'enceinte castrale. Les restes du donjon, en partie détruit en 1793, sont alors arasés, les fossés sont comblés et le terrain aplani devient une vaste place d'arme. En 1901, un bâtiment supplémentaire est construit parallèlement à la Porte des Champs. L'église Saint-Georges, quant à elle, est destinée au cercle des officiers. La caserne Lefebvre est détruite lors des bombardements de 1944. Seuls un monument à proximité de la Porte des Champs et une plaque commémorative à l'entrée de la Porte Saint-Pierre, rendant tous deux hommage au 36ème RI rappelle la présence de la caserne en ces lieux. La caserne porte le nom du maréchal Lefebvre, qui y séjourna. Il était l’époux de la fameuse « Madame Sans-Gêne »

Monument dédié au 36ème

RI. Œuvre réalisée en 1964, par Georges

Halbout du Taney et installée, dans un premier temps, dans le carré

militaire du cimetière Saint-Gabriel. Il est transféré, fin 1994, dans

l'enceinte du château, le long du rempart est, à proximité de la Porte

des Champs (Cliché VC/NO)

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202

Page 208: PDF - 47 Mo

203

Page 209: PDF - 47 Mo

204 Structuration des administrations locales

Les notables terminent la construction du Palais de Justice. Ils lancent les travaux de nouveaux édifices comme la poissonnerie (terminée en 1833), les abattoirs (1834),

et la halle au blé.

- Un centre de détention est créé à Beaulieu

On démarre la construction de la maison centrale de détention de Beaulieu, selon les plans de Jean-Baptiste Harou-Romain. Les premiers travaux durent dix ans.

D'autres seront nécessaires pour agrandissement ou remplacement de parties détruites. Le bâtiment du 19ème siècle est classé à l'inventaire supplémentaire des

Monuments Historiques en 1975.

De 1834 à 1836, la création de l'usine à gaz, sur l'emprise de l’ancienne église Sainte-Paix, en partie détruite à cette occasion et la pose des premières canalisations

apportent quelque confort supplémentaire à la ville. En 1891, une usine électrique est construite Promenade du Fort.

De gauche à droite : plan de la prison vers 1850 ; prison de la Maladrerie (Beaulieu) en 1837 : la roue au premier plan servait de levier et rappelle que la pierre de Caen était aussi extraite sur ce site ;

pavillon d'entrée de la prison, aujourd’hui, rue Général Moulin

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205

- Les établissements hospitaliers se modernisent

L’Hôpital Clémenceau

Jusqu'au début du 19ème siècle, l'Hôtel-Dieu, installé dans l'ancienne Abbaye-aux-Dames, et l'hospice Saint-Louis, dans l'Ile Saint-Jean, sont les deux grands

établissements d'hospitalisation à Caen. Mais à la fin du siècle, l'état de l'hospice Saint-Louis est préoccupant et en 1897, la commission administrative des hospices

civils vote le transfert de l'hospice Saint-Louis à l'Hôtel-Dieu. L'ancienne Abbaye-aux-Dames accueille désormais les vieillards, les indigents et les enfants de

l'Assistance publique. Mais dans les anciens bâtiments conventuels, la place manque.

En 1900, il est donc décidé de construire un nouvel hôpital à l'autre bout du parc de l'Hôtel-Dieu, loin du centre, sur la route menant à Ouistreham. Le projet est

élaboré par Charles Auvray, architecte de la ville et repris par Charles Prosper Vaussy, architecte des hospices.

L'Institution du Bon-Sauveur

En octobre 1804, les Filles du Bon Sauveur acquièrent l’ancien couvent des Capucins, rue Saint-Ouen. A partir du 22 mai 1805, les quinze religieuses y reprennent leurs

activités charitables interrompues pendant la Révolution. Sous l’impulsion de l’abbé Jamet, l’asile reprend son essor et entre dans une véritable démarche

thérapeutique où les aliénés reçoivent un réel traitement. En 1816, une importante école pour les sourds-muets y est fondée. Deux années plus tard, le préfet du

Calvados décide que les hommes aliénés, auparavant incarcérés à la prison de Beaulieu, seront également admis au Bon-Sauveur, pour recevoir des soins. Dès lors, la

communauté accueille, pour le compte du Département, les aliénés des deux sexes. Elle reçoit des subventions qui lui permettent de construire de nouveaux

Georges Clémenceau, Président du Conseil, inaugure l'hôpital le 26 juillet 1908, au cours d'une grande fête

républicaine. Le même jour, a lieu l'inauguration de la Caisse d'Epargne située alors 9 rue de Bras (détruite en

1944), dont l'architecture est également due à Vaussy et le décor de la façade, au sculpteur caennais

Lemarquier.

Le transfert progressif des services hospitaliers sur le site du CHU Côte de Nacre vide peu à peu l'hôpital :

certains bâtiments vont être détruits, les autres préservés dans le cadre du projet de renouvellement urbain

entrepris sur ce secteur( 1). C'est le cas de la chapelle (ci-contre) et des deux pavillons d'entrée.

1 Ce chapitre est développé dans "la Politique de la collectivité" , pages 288 et suivantes

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206 bâtiments. Le Pavillon Saint-Joseph, noyau historique du quartier des hommes est achevé en 1820. A partir de cette date, le Bon Sauveur se développe et devient l’un

des plus importants établissements psychiatriques de France. En 1838, il est élevé au rang d’asile départemental. Les hommes sont strictement séparés du quartier des

femmes, qui s’étend autour du Pavillon Sainte-Marie. Dans chaque quartier, les malades sont regroupés selon les pathologies. Les bâtiments sont équipés de

promenoirs couverts donnant sur des jardins ombragés destinés aux récréations des pensionnaires. Ceux-ci sont logés dans des cellules ou dortoirs aérés tous les jours.

De 251 malades en 1829, l’établissement passe à 1 060, en 1876 ; le maximum est atteint en 1899 avec 1 439 patients, ce qui fait du Bon-Sauveur de Caen, le troisième

hôpital psychiatrique de France.

Les années 2000 sont marquées par un vaste plan de rénovation et de reconstruction. La Congrégation du Bon-Sauveur vend les bâtiments lui appartenant à des

promoteurs pour la réalisation de logements neufs. De nouveaux services de santé s’installent dans l’enceinte de l’hôpital qui devient, en 2012, un Etablissement Public

de Santé Mentale.

La chapelle inscrite, en 2006 à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques a été acquise par la Ville de Caen pour y installer le Centre Chorégraphique

National de Basse-Normandie50.

50

Cf page 364

Entrée principale du Bon-Sauveur, 93 rue Caponnière. Le portail 18ème

est en réemploi : à son origine, il

ouvrait sur l'Hôtel Faudoas, rue Saint-Jean, détruit au début du 19ème

siècle pour l'ouverture d'une nouvelle

rue.

Parmi les malades célèbres ayant fini leurs jours au Bon Sauveur, on peut citer George

Brummel (1778-1840) célèbre dandy anglais exilé en France. Couvert de dettes, il s’éteint

dans cet ultime refuge avant d’être inhumé au cimetière protestant, près de l’actuelle

université.

En juin et juillet 1944, le Bon Sauveur accueille des milliers de blessés et réfugiés. Après la

libération, il reprend peu à peu ses activités mais les bâtiments ont souffert, certains sont

détruits (pavillons Sainte-Marthe et Sainte-Marie) d’autres sont restaurés ou reconstruits.

En mai 1974, la gestion de l’hôpital devient publique. Il est renommé, le 1er janvier 1976,

Centre Hospitalier Spécialisé de Caen.

Page 212: PDF - 47 Mo

207

- Le Bon-Sauveur, Pavillon Saint-Joseph, nouveau siège de la Direction Régionale des Affaires Culturelles de Basse-Normandie

L'ancien quartier des hommes abrite, depuis 1998, les services de la Direction Régionale des Affaires Culturelles de Basse-Normandie, dans le Pavillon Saint-Joseph et

sa chapelle. Les quartiers Saint-Charles, Saint-Jean-Baptiste et Saint-Vincent (ce dernier en partie) sont en cours d'aménagement pour des logements sociaux.

Depuis le 21 janvier 2010, le quartier des hommes est inscrit au titre des Monuments Historiques : les bâtiments pour leurs façades et leurs toitures, la cour Saint-

Charles avec son kiosque-volière, la chapelle Saint-Joseph dans sa totalité et le pavillon Saint-Joseph.

Le hall d'accueil de la DRAC a été réaménagé en juin 2013 : ce travail du designer Erwan Mével a été réalisé dans le cadre de la commande publique et rappelle l'une

des missions du Ministère de la Culture : soutenir l'art contemporain et l'ouvrir à un large public. (Photos ci-dessous / clichés VC/NO).

A gauche : le Pavillon Saint-Joseph – Entrée de la DRAC. Sur sa façade a été

apposée, le 14 septembre 2013, la plaque portant le logo des Monuments

Historiques (Cliché VC/NO).

A droite : les arcades de la galerie ouest donnant sur le jardin central ont

été vitrées afin de créer une salle d'exposition bénéficiant de la lumière

naturelle (Cliché VC/NO).

Page 213: PDF - 47 Mo

208

- Le Bon-Sauveur : nouveaux logements et mixité sociale

La cour Saint-Charles. Les bâtiments en cours de réhabilitation sont destinés à abriter des logements sociaux.

A l'arrière de la rue Caponnière, un promoteur achève un

programme de logements "haut de gamme".

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209 Culture et loisirs

En 1823, la Société Philarmonique, la Société Linnéenne et celle des Antiquaires de Normandie s'ajoutent aux anciennes sociétés savantes – Académie des Arts,

Sciences et Belles Lettres, Société d'Agriculture et de Commerce et Société de Médecine -. Le musée des Beaux-Arts et la bibliothèque inaugurés en 1809 sont installés

dans l’ancien séminaire des Eudistes, place de la République. La ville possède également un Muséum d'histoire naturelle créé en 1824, une école et un conservatoire

de musique.

La Société des Antiquaires de Normandie, créée en 1824, a pour objectif la « Recherche des antiquités, des études relatives à l'histoire nationale et de la conservation

des monuments, dans les départements du Calvados, de l'Eure, de la Manche, de l'Orne et de la Seine-Maritime. ». Son fondateur est l'éminent Arcisse de Caumont,

archéologue et chercheur.

La société des

Antiquaires de

Normandie et la Société

d'Archéologie étaient

installées dans ce

bâtiment qui faisait

partie du Collège du

Mont, rue de Bras. En

1957 la façade sur cour

en est détruite, "la

stupidité d'une

entreprise en étant

seule responsable", écrit

Lucien Musset. Elle est

donc reconstruite et le

porche de l'ancien

Hôtel-Dieu reposé sur la

nouvelle façade.

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210 Charles de Gerville, inventeur du vocable « architecture romane », fut l'un de ses membres fondateurs. Gervais de la Rue, et plus près de nous Lucien Musset font

partie des illustres membres de l'association. Elle rassemble actuellement plus de 200 membres parmi lesquels des historiens, des archéologues, des historiens de l'art,

des érudits et des amateurs.

La Société est à l'origine de la publication de sources importantes pour l'histoire normande, ainsi que de la conduite de fouilles archéologiques. Reconnue d'utilité

publique en 1855, elle a son siège à Caen. En 1854, la Société a fondé un musée dans une partie de l'ancien Collège du Mont. La collection de son musée - détruit

en 1944 - est déposée en 1983 au Musée de Normandie (château de Caen) ainsi qu'au musée gallo-romain de Vieux.

Très active, la société publie régulièrement son Bulletin de la Société des Antiquaires de Normandie, le dernier en date chronologiquement étant le tome LXIX (2012),

et des Mémoires.

De plus, deux nouvelles collections sont publiées depuis peu : la première, dite Les grands textes des Antiquaires de Normandie, a débuté en 2008 par une réédition

critique et augmentée de l'ouvrage Les Curieuses recherches du Mont Saint-Michel, par dom Thomas Le Roy (ISBN 978-2-9510558-5-8). La deuxième, Monuments et

sites de Normandie, a été inaugurée en 2010 par un ouvrage d'Étienne Faisant, sur le château de Fontaine-Henry. En 2011, est un second volume de cette collection

réalisé par Étienne Faisant, Vincent Juhel et François Saint-James, portant sur l'église Saint-Sauveur-du-Marché de Caen.

En 1823 également, Arcisse de Caumont crée la Société Linnéenne de Normandie. C'est une société scientifique régionale, à vocation naturaliste, qui organise, chaque

année, un cycle de conférences et au moins une excursion sur le terrain. Elle a pour but l'étude du patrimoine naturel à travers ses aspects botaniques, mycologiques,

zoologiques, géomorphologiques… et publie régulièrement un bulletin. Elle doit son nom au savant Carl Von Linné, " le prince des botanistes", qui a vécu au siècle

précédent. Il existe une trentaine de sociétés linéennes, en France, en Belgique et aux Etats-Unis.

Dix ans plus tard, l'archéologue fonde la Société française d'archéologie, et la Société pour la conservation des monuments.

D'autres chercheurs et érudits, comme Guillaume Trébutien ou Georges Bouet, contribuent, par leurs travaux, à la découverte des monuments normands et caennais.

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211

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212 Le nouveau théâtre est inauguré en 1838, il remplace la modeste salle de l'Ancienne Comédie, qui datait de 1765

La bourgeoisie caennaise se retrouve donc au théâtre, dans les bals et les concerts mais aussi sur la Prairie, où les premières courses hippiques ont lieu, en 1837. Elles

deviennent très vite une institution caennaise avec l'appui du conseil municipal, qui décide, en 1840, la création, toujours sur la Prairie, d'un hippodrome permanent

agrémenté de tribunes. L'hippodrome est déclaré d'utilité publique en 1842 et en 1866 la Société des Courses de Caen est créée ; elle est chargée de réglementer le

code des courses au trot pour toute la France. Transférée à Paris en 1897, elle devient la Société du Cheval Français.

Le théâtre de Caen au 19ème

siècle. Le théâtre conçu par l’architecte Guy offrait, derrière sa façade néoclassique, une salle à l’italienne de 1 000 places. Il brûla, lors des bombardements des 15 et 16

juin 1944. A l'époque où cette œuvre est réalisée, le bras de l'Odon qui longe la Prairie n'est pas encore couvert. La Place de la République se trouve à droite du cours d'eau : le jardin de Monsieur

Daumesnil allait jusqu'à cette rivière. (Collection Musée des Beaux-Arts).

Le théâtre aujourd'hui (photo de droite) : le cours d’eau passe sous l'actuel boulevard Maréchal Leclerc.. Il est matérialisé sur la photo par un trait bleu sur la chaussée. Le théâtre est pratiquement

au même emplacement que précédemment.

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213 Transformations de l'espace portuaire :

Les navires à vapeur font leur apparition en 1822 et le trafic du port augmente grâce, notamment, à l'importation des bois du Nord et à l'exportation de la pierre - vers

l'Angleterre - toujours très importante. En 1825, on commence alors à améliorer l'infrastructure du port par la construction de quais en pierre et le creusement du

bassin Saint-Pierre, qui sera terminé en 1848. En 1837 un service de paquebots à vapeur est créé entre Caen et le Havre ; il assure la rotation dans la journée.

- Creusement du canal maritime

Afin de développer les activités portuaires, Napoléon Bonaparte retient la proposition de l'ingénieur Cachin de creuser un canal reliant Caen à la mer et signe en 1811,

un décret pour cette réalisation. Mais faute de finances l'ouvrage n'est pas réalisé. Cependant, Cette même année, le 19 juillet, un nouveau projet de canal reliant Caen

à la mer présenté par l'ingénieur Pattu est accepté. Les travaux commencent en 1844 pour s'achever en 1857. Le 23 août 1857, le canal, d'une longueur de 14 km et

d'une profondeur de 4 mètres est inauguré par Napoléon III et l'impératrice Eugénie. Cette aménagement mettra fin aux problèmes de navigation rencontrés par les

Caennais depuis des siècles.

Plan du canal à sa création : la nouvelle voie, au nord du fleuve, ne dépend plus des marées : des écluses, côté aval – à Ouistreham – permettent de contrôler les arrivées et les sorties d'eau. Côté amont,

à Caen, le canal est alimenté par le Bassin Saint-Pierre, qui communique avec l'Orne ; là aussi, un système d'écluses garantit un niveau d'eau régulier. Enfin, l'arrivée du canal à la mer passe au nord de

l'estuaire du fleuve, perpétuellement envasé. Le canal traverse les dunes de Ouistreham, qui seront aménagées et accueilleront bientôt une nouvelle station balnéaire : Riva Bella.

C'est l'espace entre le canal et l'Orne qui, progressivement, accueillera les activités industrielles portuaires, pour devenir la Presqu'Ile industrielle. (Source : Archives départementales du Calvados)

Page 219: PDF - 47 Mo

214

Deux vues du canal :

A gauche, cliché pris depuis la

pointe de la Presqu'Ile : le

bâtiment est une minoterie

reconstruite en 1948 et encore en

activité.

A droite, le canal à son arrivée à

Caen : le Pont de la Fonderie relie

ses deux rives. En arrière-plan, les

immeubles de la Reconstruction du

quai Vendeuvre, le long du Bassin

Saint-Pierre.

Au 19ème siècle, le transport de voyageurs au départ de Caen se développe beaucoup. En

1837, la Société des Paquebots à vapeur entre Le Havre et Caen est autorisée pour

l'établissement d'une ligne de bateaux à vapeur entre les villes du Havre et de Caen,

pour le transport de passagers et de marchandises ainsi que le remorquage de navires

et de chalands. Entre 1837 et 1939, des bateaux à vapeur, mus par des roues à aubes,

font donc la liaison entre Caen (quai de Juillet, puis bassin Saint-Pierre à partir de 1910)

et Le Havre (bassin Notre-Dame).

Les Caennais peuvent ainsi se rendre rapidement à Trouville, Honfleur, le Havre et

s'adonner, pour certains, à la mode des bains. Le voyage aller-retour se fait dans la

journée. D'après l'Atlas de l'estuaire de la Seine, une statistique réalisée sur vingt

années d'exploitation, entre 1863 et 1882, indique le transport de 400 000 personnes

sur la ligne Le Havre-Caen, soit une moyenne de près de 55 voyageurs par jour.

A partir de 1890, des services de paquebots réguliers sont également ouverts entre

Caen et l'Angleterre pour le transport des marchandises et des voyageurs. Cette activité

perdure aujourd'hui avec les lignes maritimes de ferries entre Caen et Portsmouth.

Bureaux de la Société Navale Caennaise construits en 1938 sur la

Presqu'Ile : ce bâtiment abrite aujourd'hui plusieurs sociétés.

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215

Grâce au canal, le commerce import-export se développe considérablement :

Le Port de Caen en 1873 – Photographie Ecole Nationale des Ponts

et Chaussées

"Le port de Caen se compose alors d'un bassin à flot, ayant 550 mètres de longueur, 50 mètres de

largeur et 4 mètres de profondeur. Ce bassin est directement relié au chemin de fer de Paris à

Cherbourg, qui met Caen en communication, d'un côté avec Paris, l'est de la France, la Suisse,

l'Allemagne et la Méditerranée ; de l'autre côté avec Le Mans, Tours, le bassin de la Loire, la

Bretagne, l'ouest et le midi de la France […]. L'Orne forme un port supplémentaire, en

communication directe avec le bassin et bordé également de quais pour le chargement et le

déchargement des navires" […]. En 1856, il est entré dans le port de Caen, 424 navires, dont 359

chargés et jaugeant 25 155 tonneaux ; et 65 sur lest jaugeant 1 598 tonneaux […]. La sortie du port

de Caen, pour cette même année, présente les résultats suivants : 444 navires, dont 118 chargés

avec un tonnage de 6 672 tonneaux ; et 246, sur lest, avec un tonnage de 28 711 tonneaux… Parmi

les premiers, on compte 75 navires français et 115 navires étrangers, à la destination des ports

d'Angleterre […]. (Extrait du Dictionnaire universel théorique et pratique du commerce et de

navigation. Tome 1 A-G pages 454-455. Paris Lib. De Guillaumin et cie. 1859).

Les exportations sont les matériaux – et particulièrement la pierre-, les graines oléagineuses, les

pierres "ouvrées". On exporte aussi des huiles de graines grasses, des farines alimentaires et un

peu de fer et d'acier. Les marchandises importées sont les matériaux, les engrais, le coton, les

grains et la farine de froment et de méteil, le sel marin, la houille, la fonte, les fers et aciers, les

vins, et enfin le café, le savon et les résines. Traditionnellement, on indique que le volume – ou

le tonnage – des importations à Caen est supérieur à celui des marchandises exportées ; mais

ces dernières ont une valeur ajoutée importante, car elles sont travaillées. Il est donc difficile

d'évaluer précisément le rapport réel et le profit net entre les achats et les ventes.

Outre les grosses activités d'import-export et la construction de navires, le port de Caen

développe de plus en plus de cabotage vers Le Havre, Rouen, Cherbourg, Dunkerque, Bordeaux,

Honfleur, Fécamp.

Dans le dernier quart du siècle, on augmente la profondeur du canal, ce qui permet l'accueil

de navires plus gros. En 1880, on crée le Nouveau Bassin et le Moulin de Calix.

Le Pavillon Savare, en bord de bassin, est l'un des rares témoins

immobiliers de l'activité portuaire au 19ème

siècle : on y transformait des

bois importés du Nord. L'entreprise existe encore, elle est installée à

Moult, à 20 kms de Caen. Le bâtiment, actuellement occupé par le Centre

Nautique Caennais, n'a pas d'affectation définie pour l'avenir.

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216

"Le port vue de Saint-Gilles", lithographie.1825. Le dessin, réalisé depuis les abords de l'Abbaye-aux-

Dames – et précisément depuis un jardin en terrasse - permet d'embrasser le paysage urbain depuis le

bassin Saint-Pierre – rectiligne– jusqu'aux confins de l'Ile Saint-Jean.(Bibliothèque de Caen. Ref.FNI C

214)

Prise approximativement depuis le même point de vue que celui de la lithographie, cette

photo du port aujourd'hui marque le contraste entre un quartier très préservé – au pied de

l'Abbaye-aux-Dames et Vaucelles, de l'autre côté du fleuve, où s'élèvent maintenant de

hautes tours. Dans le port, les bateaux de plaisance ont remplacé les steamers et les

bateaux de marchandises.

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217

L'arrivée des trains à Caen :

Les premiers jalons de la voie ferrée Paris-Caen sont posés le 10 août 1847, dans la Prairie, mais les travaux ne commencent réellement qu'en 1853. Le 18 novembre

1855, le premier train en provenance de Paris arrive à Caen ou plutôt jusqu'à la halte provisoire de Mondeville, à proximité, car la gare de Caen51 – gare de l’ouest -

n'est construite que deux années plus tard. Située à proximité du port, elle est inaugurée par le couple impérial, le 4 août 1858.

Cette même année, la ligne Paris-Cherbourg est terminée, quelques mois après celle reliant la capitale bas-normande au Mans. La ville de Caen est ensuite reliée à

Flers-Laval – 1873 - puis à Rennes – 1879 – et devient un véritable carrefour ferroviaire.

Depuis 1875, la ville est au cœur du réseau local de chemins de fer avec l'ouverture de la ligne Caen-Luc-sur-Mer puis Luc-sur-Mer-Courseulles en 1876. Les trains

arrivent et partent de la gare Saint-Martin, construite au nord de la ville. Les Caennais s'éloignent donc occasionnellement de la ville pour respirer l'air iodé de la mer

en prenant le petit train à impériale qui chemine sur le "Tortillard" (ligne Caen-Luc-Courseulles). Les voyageurs en provenance de Paris et Cherbourg peuvent arriver

directement sur la côte via les voies ferrées urbaines, qui relient le réseau ferré national à la nouvelle gare Saint-Martin.

Le bâtiment de la gare Saint-Martin est construit en haut de l'avenue de Courseulles – actuelle avenue du Canada – à deux pas de l'école de dressage. Sa construction

terminée en 1884 est due à l'architecte Lamotte qui se charge également, en 1885, de l'édification du Pensionnat Saint-Joseph, de l'autre côté de la rue. Quant à l'école

de dressage52, elle est reconstruite par Charles Auvray, de 1863 à 1866. Ces nouveaux aménagements amorcent le développement du quartier.

51

Cf page 294 52

Cf page 365-366

De gauche à droite : l’avenue de Courseulles et la gare Saint-Martin. Carte postale, fin 19ème s. La gare Saint-Martin aujourd'hui, place du Canada. La construction de la gare Saint-Martin (à droite

sur la photo) à proximité de l'école de dressage de la rue de l'Académie annonce le développement urbain dans ce quartier, au nord du centre-ville (Clichés VC/NO).

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218

Le tramway sur le boulevard Saint-Pierre, actuel boulevard

Maréchal-Leclerc. A l'époque où ce cliché est pris, l'Odon est

recouvert.

Voitures Decauville en gare de Saint-Pierre, actuelle place

Courtonne. La vue est prise depuis les quais du bassin Saint-

Pierre.

Le 5 septembre 1891, le département est autorisé à faire construire un tramway à vapeur pour la

desserte des plages du littoral. La gare Saint-Pierre, gare de départ du Decauville – du nom de

l'inventeur de ces voies ferrées de faible écartement - est située sur l’actuelle place Courtonne. La

première ligne, entre la place Courtonne et Luc-sur-Mer est inaugurée en 1892. Les 14 kms de

distance sont alors couverts en une heure. La voie longe le canal.

Bon marché, ce nouveau transport est très prisé des habitants. Les bords du canal deviennent, le

dimanche, un lieu de promenades et de loisirs où les habitants trouvent le "bon air", et au bout, la

mer.

En 1894, une automobile apparaît pour la première fois dans les rues des Caen. En 1897, la

circulation hippomobile devenant de plus en plus dangereuse, on crée un réseau de tramways

électriques dont l'inauguration a lieu en 1901.

La "halle du p'tit

bout", tout près de la

gare SNCF, est l'un des

très rares témoins de

l'architecture

industrielle à Caen. De

type "Eiffel", ce beau

bâtiment servait

autrefois à l'entretien

des rames. Il n'a pas

d'affectation

aujourd'hui.

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219

Des travaux publics sont entrepris pour assainir la ville :

La grande transformation de la ville, la plus salutaire également, réside dans la canalisation et le recouvrement des cours d'eau qui la traversent. En 1860, la

municipalité fait couvrir le Grand Odon, entre la place de la Préfecture (actuelle place Gambetta) et la place Courtonne. Ces travaux permettent l'aménagement d'un

nouvel axe de circulation : le boulevard Saint-Pierre (actuels boulevards des Alliés et Maréchal Leclerc). Le vieux Pont Saint-Pierre est détruit. En 1874, un premier

collecteur d'égouts est mis en place, dans le quartier Saint-Jean. A partir de 1878, on construit des trottoirs et des caniveaux dans certaines rues de la ville, qui

s'assainit peu à peu. Des travaux de curage des Odons canalisés sont également entrepris.

En 1880, deux grands cimetières sont créés vers l’extérieur de la ville avec leurs voies d’accès : le cimetière Clémenceau (Nord-Est), à proximité du terrain où sera

construit le nouvel hôpital et le cimetière Saint-Gabriel (Nord-Ouest), le plus grand de Caen.

Les travaux d'assainissement se poursuivent au siècle suivant. En 1931-1932, la municipalité fait couvrir la dernière partie de l'Odon : ce tronçon est appelé Rigole

alimentaire car il alimente en eau le Bassin Saint-Pierre. De 1932 à 1935, d'autres travaux font définitivement disparaître les bras de l'Odon encore à ciel ouvert dans

certaines ruelles. La Société Eau et Assainissement est chargée d'établir un système séparant les eaux pluviales et les eaux usées ; enfin, on construit une station

d'épuration. Après la Seconde Guerre Mondiale, le cours de l'Odon sera canalisé le long du nouveau boulevard Yves Guillou.

Avant 1861, L'Odon longeait la Tour Leroy et passait au

chevet de l'église Saint-Pierre. Travaux de recouvrement de la Rigole alimentaire, en 1932 L'Odon canalisé dans la Prairie,

le long du boulevard Yves Guillou

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220

Les cours d'eau dans la ville : à gauche, l'une des premières photos de Caen est prise vers 1850, par

Edmond Bacot, avant le couvrement de l'Odon. Elle montre le site de confluence de ce cours d'eau

avec la Noë.

Le lieu est figuré, aujourd'hui, par une fontaine Boulevard Maréchal Leclerc. C'est également à cet

endroit que se situait le moulin de Saint-Pierre de Darnétal. Le clocher de Saint-Pierre est le repère

immuable de ce quartier.

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221

Les quartiers en expansion

Le développement urbanistique de Caen au 19ème siècle est lié à des critères économiques ou sanitaires.

Le centre étant toujours aussi dense et surpeuplé, les habitants, dès qu'ils en ont les moyens, le quittent et "émigrent" vers des quartiers plus sains et plus aérés. Cette

tendance va se poursuivre pendant tout le siècle et jusqu'au début du 20ème siècle.

- On construit sur la Prairie :

Les quartiers ouest, au-delà de l'Abbaye-aux-Hommes sont encore, au milieu du 19ème siècle, des espaces ruraux. Les seules interventions urbanistiques qui ont été

réalisées dans la Prairie sont l'aménagement de la place de la République et des rues voisines au 17ème siècle, et l’aménagement du Champ de Foire, dans l'aire du

couvent des Jacobins. Les interventions du 19ème siècle vont considérablement transformer cette zone péri-urbaine.

Le développement économique, lié à celui de l'activité portuaire, suscite

quant à lui, un timide élan architectural dans le quartier du port : le

quartier de Courtonne témoigne d'une volonté d'aménagement urbain

assez rare au 19ème siècle. Son développement est la suite logique des

travaux entrepris sur le bassin Saint-Pierre et ceux réalisés pour le canal.

De nouvelles voies sont percées, dont la rue Suède-et-Norvège, cette

dernière dénomination faisant allusion au commerce du bois qui venait du

Nord et transitait par le port de Caen.

De très belles maisons sont élevées le long du canal ; mais elles sont peu

nombreuses et le quartier va rester, pour l'essentiel, industrieux.

Maisons avenue de Tourville, en bord de canal.

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222

Jacques Désiré Grusse achète un vaste terrain à proximité de la Préfecture afin d'y construire des résidences bourgeoises (actuelles rues Grusse et Fred Scamaroni).

D'autres résidences sont également bâties le long du nouveau boulevard longeant la Préfecture, (actuel boulevard Bertrand) et Promenade du Fort, dont beaucoup

seront détruites, dans les années 1980-1990, pour les besoins de l'aménagement de la future Cité Gardin.

Comme pour le quartier Courtonne, cette tentative de développement résidentiel, qui relève surtout de l’initiative privée, reste timide, malgré quelques belles

créations.

Soucieuse de salubrité environnementale et matérielle, la municipalité l’est aussi de la salubrité morale. Pour l’améliorer, elle décide, en 1857, de détruire les

installations de la Foire, « lèpre incurable où le vice s’étalait effrontément, que les honnêtes gens hésitaient à traverser et dans lequel la police, était, pour ainsi dire, en

permanence »53. Le terrain ainsi libéré offre de nouveaux terrains de construction. On y élève notamment l’Hôtel des Croisiers, en 1874, sur les bords de la Prairie et

d'un bras de l'Odon. Le Pavillon de la Foire reconstruit au 18ème siècle est heureusement préservé.

53

Histoire de Caen – Ed° Privat

Caen en 1848 – Vue depuis le Moulin au Roy.

Cette vue "panoramique" est réalisée depuis le Moulin au

Roy, au nord de la ville (derrière le château). L'emprise de la

Prairie est encore très importante :

A l'est de la ville – gauche de l'image - , la Prairie d'Aval est

intacte : le canal n'est pas encore aménagé.

A l'ouest et au sud, au-delà de de l'église Saint-Etienne,

repérable à droite avec ses deux flèches, ce ne sont encore

que des surfaces agricoles. Ce sont ces terrains qui vont être

progressivement colonisés.

Mais ce développement est lent et il faudra attendre les

années 2000, avec l'aménagement de la cité Gardin, pour

qu'un véritable quartier résidentiel y soit implanté.

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223

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224

- Mais l'essentiel des belles demeures se concentre sur les nouveaux quartiers nord de la ville

Plan de Caen en 1890 : la zone figurée par le carré est celle du plus fort développement résidentiel de cette fin de siècle.

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225 L'extension de l'université et la construction de la gare Saint-Martin contribuent à l'embourgeoisement de ces secteurs : Saint-Sauveur, Saint-Martin, Jardin des

Plantes... L'aménagement d'une nouvelle voie nord-sud, l'avenue de Courseulles, aujourd'hui avenue du Canada, qui conduit de la gare Saint-Martin aux Fossés Saint-

Julien, ouvre largement la ville sur les espaces préservés "hors les murs". L’élargissement de la rue Pémagnie, la très vieille rue qui relie la place Saint-Sauveur et les

Fossés Saint-Julien et qui prolonge désormais la précédente, participe à ce développement. Elle permet désormais de relier le centre-ville à la gare Saint-Martin et offre

une alternative commode aux nouveaux propriétaires qui peuvent désormais concilier les attraits de la ville et ceux d'un habitat loin des miasmes et de l’ambiance trop

bruyante du centre. Les architectes rivalisent de créativité : l'éclectisme architectural est à la mode.

Cliché haut gauche : maison place du Canada (VC/NO)

Cliché haut centre: Maison Bellencontre, place du

Canada construite en 1896, par Auguste Nicolas.

Monsieur Bellencontre était président du tribunal de

première instance. Pendant l’Occupation, sa maison,

dont les caves avaient été fortifiées, abritait l’état-major

de la Luftwaffe (VC/NO)

Cliché bas gauche: N°1 rue Pémagnie – Maison

Charbonnier construite par Auguste Nicolas et inscrite à

l’inventaire des Monuments Historique en 2008 (VC/NO)

Alignement rue du XXème siècle. (Cliché VC/NO)

L'architecture éclectique se caractérise par la

diversité des styles, des matériaux et des

décors, qui composent les constructions.

La pierre de Caen est encore largement à

l’honneur sur les demeures élevées non loin

du centre-ville. Elle se marie volontiers avec

la brique aux abords du quartier de la gare

Saint-Martin : rue du docteur Rayer, rue du

XXème siècle, avenue et impasse de

Bagatelle…

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226

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227

La société est en mutation également dans le milieu culturel : les sociétés savantes sont en déclin, l’opéra est délaissé au profit de la comédie, du théâtre populaire, du

cirque et du cinéma (apparu en 1908). Le sport se développe et attire les foules, notamment les adeptes des courses cyclistes et les amateurs de football dont l’équipe

locale Stade Malherbe Caennais est créée en 1913.

Le 19ème siècle marque aussi l’intérêt que porte la société à la protection et la conservation des monuments. La Ville de Caen voit quelques éléments de son patrimoine

classés ou inscrits au titre des Monuments Historiques, patrimoine augmenté, après la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat, des édifices religieux paroissiaux et de

leurs mobiliers qui deviennent propriétés de la Ville.

A la fin du 19ème siècle, la majorité des Caennais accède désormais à l’enseignement (privé ou

public). Au début du 20ème siècle, on ne compte plus que 3 % d’analphabètes dans la population

masculine et 98 % des conscrits savent au moins lire, écrire et compter (ils étaient 85 % jusqu’au

milieu du Second Empire). La situation matérielle s’est aussi améliorée du fait de la progression des

salaires ; les indigents secourus sont moitié moins nombreux qu’en 1850 même si leur nombre reste

élevé (entre 3 000 à 3 500). Mais le chômage reste un mal endémique et un sous-prolétariat

subsiste, dans le quartier du Vaugueux en particulier, où l’état des logements de nombreuses

familles est inacceptable.

Le Quartier du Vaugueux, situé entre Bourg-l'Abbesse et le château, est depuis le Moyen Age un quartier populaire, au

bâti très dense. Il domine le port. Très insalubre, il a été complètement rénové ; c'est aujourd'hui un des quartiers les

plus prisés des Caennais, qui y trouvent de nombreux restaurants et des bars ouverts tard la nuit.

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228

Les immeubles de la rue Jean Marot / Photos NO

Au début du 20ème siècle, les Fossés Saint-Julien sont réalignés et

de nouvelles demeures sont bâties au nord de la rue Guillaume

le Conquérant. L'ensemble le plus unitaire est celui que forment

les immeubles bourgeois de la rue Jean Marot, dont les façades

paires sont un festival de l'art éclectique : volutes, galbes,

chapiteaux, sculptures, baies, colonnettes, bossages, frontons,

pilastre, balcons à corniches… tout y est ! Cette exubérance bien

ordonnée s'étale sur quelques mètres seulement de cette brève

rue transversale. L'ensemble est dû à Jean-Justin Pecheverty,

entrepreneur caennais, qui s'était d'ailleurs fait bâtir une

orgueilleuse demeure au N° 167 de la rue Caponnière. Ces belles

demeures sont un nouveau témoignage de la prospérité et de

l’insouciance d’une partie de la société caennaise, à la Belle

Epoque.

A cette même période,

apparaissent à Caen quelques

exemples d'architecture "Art

Nouveau" : ils sont rares, ce style

étant plutôt réservé à

l'architecture balnéaire

normande. Les deux maisons ci-

contre sont réalisées par

l'architecte Aumasson. Son style

reste "mesuré" au regard

d'autres réalisations

contemporaines.

Maison place Blot. La conjugaison pierre, brique et pan de

bois lui confère un style Pays d’Auge. Le colombage, élément

de décor, reste minoritaire dans les constructions de cette

époque. (Cliché VC/NO)

N° 2 rue du XXème siècle.

(Cliché VC/NO) N° 43 rue du XXème siècle -

Maison construite vers 1913.

(Cliché VC/NO)

Immeubles de la rue Jean Marot (Clichés VC/NO) Lucarne rue Jean Marot

(VC/NO)

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229 Le début du 20ème siècle : mutations industrielles :

La recherche minière s'intensifie et plusieurs centres d'extraction sont ouverts au sud de Caen.

Le transport du minerai nécessite de nouveaux aménagements sur le port dont le trafic a fortement augmenté. En 1903, une grande écluse est inaugurée à l'avant-port

de Ouistreham. Les quais du Nouveau Bassin sont prolongés en direction de Calix, les équipements et l'outillage sont augmentés. En 1912 la Société des Hauts-

Fourneaux et Aciéries est fondée : on y transforme une partie du minerai de fer extrait dans la région et jusqu'alors vendu dans sa totalité à l'Etranger ou dans le Nord.

En 1914, la ville de Caen est touchée de plein fouet par la guerre au moment même où de grands espoirs naissent pour elle. Le port participe au ravitaillement des

armées en transportant les obus fabriqués par la Société des Hauts Fourneaux, réquisitionnée, dès 1914, à cet effet. A l'armistice, 1 325 Caennais sont tombés au

champ d'honneur – sans compter les disparus et les prisonniers morts dans les camps allemands -. Les grands projets de l'avant-guerre sont relancés. Le 19 août 1917

est allumé le premier haut fourneau – également le plus grand du monde, à cette époque -. L’usine prend le nom de Société Normande de Métallurgie et devient, en

1925, la Société Métallurgique de Normandie. Elle se situe sur la commune de Colombelles, aux portes de Caen.

- Naissance des cités ouvrières

Ce développement industriel, très important, suscite l'installation à Caen d'une nombreuse population ouvrière, qui doit se loger. On construit de nouvelles cités :

Saint-Jean-Eudes, Armand Marie, la Haie-Vigné ou Sainte-Thérèse sont alors des quartiers en pleine expansion. Ce sont des cités-jardins.

"La cité-jardin apparaît comme l'un des premiers outils de l'urbanisme par son caractère novateur, par sa faculté de permettre la planification et l'extension contrôlée

de la ville industrielle et d'être une première réponse aux problèmes de logement social. De plus, elle fut l'un des premiers exemples d'Habitations à Bon Marché, lancées

par la loi Loucheur du 13 juillet 1928 […]. L'existence de cités-jardins à Caen permet d'appréhender et d'analyser, à l'échelle locale, la portée d'un des premiers types de

programmes d'urbanisme social en France…" 54

La cité Saint-Jean-Eudes :

Le faubourg de Calix, à l'est de l'Abbaye-aux-Dames, s'est modernisé. La révolution industrielle, même timide à Caen, a fait son œuvre : le canal a été aménagé et le

port s'est installé autour du Bassin Saint-Pierre. Le quartier est doté d'un nouveau cimetière (1880) et du nouvel hôpital (1908). Enfin, il est desservi par le petit train

Décauville qui, au départ de la place Courtonne, permet de se rendre à Ouistreham en longeant le canal. Malgré tout, le faubourg de Calix reste rural, les paysans et les

maraîchers qui y vivent dépendent toujours de la paroisse Saint-Gilles.

54

Extrait de l'ouvrage "Les cités-jardins à Caen" de Richard Comte et Julien Romanet – 2003 – Institut de géographie de l'Université de Caen avec la collaboration du CRéCET.

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230 C'est au cours des années 1920-1930, que le quartier change vraiment d'identité. Le paysage qui se déploie désormais de l'autre côté du canal et du nouveau bassin

agrandi en 1922 est devenu entièrement industriel : la Société Métallurgique de Normandie (SMN) domine l'horizon et les installations portuaires occupent tout le

premier plan.

Une vaste cité est aménagée entre le canal et la route de Ouistreham. Le paysage rural traditionnel laisse la place à de nouvelles rues : celle de la Prévoyance, celle de

l'Epargne et la rue du Calvados.

Le nouveau quartier comprend un ensemble de logements locatifs sociaux - pour la majorité individuels - intégrant une voirie, un aménagement paysager et un jardin

autour de chaque habitation. Il compte également des équipements collectifs comme des bains et lavoirs, une école et des épiceries.

Maison de la cité-jardin Saint-Jean-Eudes Bains et lavoirs de la cité-jardin dans les années 1930 et aujourd’hui L’école de la cité. Actuelle école du Puits-Picard

Les maisons ne sont pas exclusivement réservées aux ouvriers d'une même usine. Si la majorité de ceux qui s'y installent travaille effectivement à la SMN, certains de

ses habitants sont employés sur les chantiers navals voire aux Chemins de Fer.

Les différentes maisons jumelées constituant la première phase de construction, sont recouvertes d'un toit de tuiles et présentent toute une architecture variée

évitant les répétitions. Dix ans plus tard sont construites les habitations du Clos Joli et du Clos Charmant. De dimensions plus modestes, elles reprennent le style

régionaliste de la cité-jardin. Enfin, à partir de 1933, on édifie l'église dédiée à saint Jean-Eudes.

Tout ce quartier fait actuellement l'objet d'une vaste requalification.55

Les cités Armand-Marie et Sainte-Thérèse sont construites vers 1930, rive droite : la première au sud de l'actuel boulevard Lyautey, la seconde dans le quartier de

Vaucelles.

55

Cf page 291

Page 236: PDF - 47 Mo

231

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232

- Un nouveau quartier résidentiel, le Nice Caennais

Le quartier du Nice Caennais est créé en 1930 par la Société Caen-Extension. Il se situe au bout de la rue Caponnière. Le site est aménagé dans des pépinières et le

promoteur conserve une bonne partie des arbres, intégrés dans les lots qui sont mis en vente. Les maisons – dont la première est construite en 1925- sont destinées à

une population aisée. Caen Extension précise à l'attention des futurs acquéreurs que l'eau de la ville, le gaz et l'électricité seront installés dans les voies du lotissement

et aussi que les constructions industrielles y sont formellement interdites. L'appellation "Nice Caennais" est sensée rappeler la douceur de vivre de la ville méridionale.

Le quartier est particulièrement agréable, et la diversité des architectures – tous les styles se côtoient – est un attrait complémentaire. Une surprise de taille attend les

visiteurs : au cœur du quartier, il reste un "baraquement" de l'immédiat après-guerre, encore habité aujourd'hui.

L'avant Seconde Guerre mondiale voit la ville se doter encore de nouveaux équipements : le stade Hélitas en 1924 ; la Maison des Etudiants en 1928 ; la grande

brasserie du Chandivert ouverte en 1931 ; la Poste Gambetta en 1932 ; la gare routière en 1938.

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233

- La Poste Gambetta, dernière réalisation d'envergure avant la seconde guerre mondiale

Le 29 décembre 1924, la municipalité désigne le terrain couvrant l’espace entre la rue Auber, le boulevard du théâtre (actuelle rue Lebret) et la place Gambetta, pour la

construction du nouveau bureau de poste. Si la Ville fournit le terrain, l’Etat prend à sa charge la construction. En 1925, la Ville signe une convention avec la Poste et

approuve, le 27 février 1926, la construction du bâtiment. Celui-ci est constitué de trois ailes formant un U s’ouvrant sur la rue Lebret. Les travaux débutent en

décembre 1929 et s’achèvent en 1932. L’inauguration a lieu le 10 juillet à 16h, par le président Lebrun.

Pendant la Bataille de Caen, l’aile droite est détruite par une bombe. Après la guerre, le bâtiment est restauré et agrandi afin de fermer la cour sur la rue Lebret. Les

travaux, à nouveau menés par l'architecte Pierre Chirol, respectent le décor original. Le bâtiment, bel exemple d’Art Nouveau, est inscrit, en 2010, au titre des

Monuments Historiques.

Dépôts et façade des Courriers Normands. Construite en 1938, par l’architecte M. Mauret, la gare est édifiée à l’emplacement de l’Hôtel du Grand Dauphin. Epargnée lors des bombardements de 1944, la gare ferme en 1981 avant d’être rasée pour laisser la place, en 1988, au centre commercial Paul Doumer. L'entrée du centre commercial rappelle celle de l'ancienne gare. (Cliché de droite VC/NO)

La Poste Gambetta (Cliché VC/NO)

A la veille de la Seconde Guerre mondiale, Caen compte environ 61 000 habitants. La ville conserve, en son

centre, quelques quartiers médiévaux comme la rue Froide ou le Vaugueux… Le tramway a laissé la place aux

voitures et aux autobus des Courriers Normands. Malgré les travaux successifs, les problèmes d’insalubrité

persistent.

La guerre 39-45 va provoquer un véritable séisme en Normandie, et à Caen en particulier, ville occupée depuis

1940. Les années noires sont celles de la disette, mais aussi de la Résistance. Les bombardements alliés débutent

dès 1942, parce que la ville est un centre stratégique où sont rassemblées des infrastructures essentielles, et

notamment le port.

Le territoire urbain de l'immédiat après-guerre est ravagé. Il faudra vingt ans pour reconstruire la ville. Les

quartiers anciens préservés sont assainis, aérés, les monuments anciens restaurés ; et au cœur de la ville, naîtra

une nouvelle architecture, celle de la Reconstruction, qui conjugue tradition, hygiénisme et modernité.

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234

B 3 4 2 : de la Reconstruction à la ville contemporaine : nouvelles mutations

La Bataille de Caen

6 juin 1944 : les troupes alliées débarquées sur les plages de Juno et de Sword (entre les rivières Seulles et Orne) ont pour objectif principal de prendre la ville de Caen

et d'utiliser ses infrastructures: aéroport, gare, port, ponts et routes. Mais les défenses allemandes sur les plages et les combats de rues dans les villes de la côte

retardent la progression des Alliés. La ville ne sera pas libérée dans la journée comme espéré. Les Alliés changent de stratégie et choisissent de bombarder Caen pour

détruire ses infrastructures afin qu’elles ne puissent pas servir à l’ennemi.

Le mardi 6 juin 1944, à 13h25, l'alerte retentit. En quelques minutes, des centaines de bombardiers alliés Halifax et Lancaster, véritables forteresses volantes larguent

les premières bombes sur la ville. Caen va connaître trois autres gros bombardements aériens : le 6 juin à 16h30, la nuit du 6 au 7 juin et le 7 juillet, deux jours avant

que les Alliés n’entrent enfin dans la ville. Les bombardements se concentrent sur les quartiers occupés par les services et les casernements allemands et ceux abritant

les infrastructures stratégiques de la ville : Le port, la gare, le quartier Saint-Jean abritant la caserne Hamelin et les ponts sur l’Orne mais aussi, les services de la

Gestapo installés rue des Jacobins ; la place Foch avec l’hôtel Malherbe, siège de la Feldkommandantur ; Le château, qui abrite les casernements allemands. Tout l’axe

nord-sud de la ville, du château à la gare est détruit à plus de 90 %. Le quartier Saint-Jean est plusieurs jours durant, la proie des flammes. Outre les bombardements

aériens, la ville subit quotidiennement les tirs d'obus émanant des bateaux au large – leurs canons ont une portée de plus de 20 kilomètres - ; elle essuie aussi les tirs

d’artillerie allemands lorsque les Alliés sont enfin entrés dans la ville…

Soldats allemands au château. Au loin les flèches de Saint-

Etienne

Deux sentinelles allemandes devant

l’entrée du lycée Malherbe

Remparts du château dont l’une des tours est transformée en bunker

allemand

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235

- La vie s'organise sous les bombardements

La Défense Passive et la Croix Rouge ont aménagé des postes de secours et des centres d’accueil, au Palais de Justice, au Bon Sauveur, au Lycée Malherbe... L'église

Saint-Etienne accueille près de 2 500 réfugiés. Les centres d'accueil manquent de place, les services de soins sont débordés, la caserne des pompiers est anéantie lors

du premier bombardement… Les Caennais s'abritent où ils peuvent. Sur la rive droite, on trouve asile principalement chez les Petites Sœurs des Pauvres, rue de la

Porte Millet et dans les bâtiments des Cent Logements en construction, dans le quartier de la Demi-Lune. Des milliers de personnes trouvent également refuge dans les

carrières de Fleury-sur-Orne (rive droite) et de la Maladrerie (rive gauche). La Défense Passive et la Croix Rouge organisent l'évacuation des populations, l’accueil et le

ravitaillement des réfugiés, le transport des blessés et les soins, le déblaiement des rues… On enterre aussi les morts…

- La ville est libérée le 9 juillet 1944

Après plus d’un mois de durs combats dans la plaine de Caen, les alliés Canadiens et Britanniques entrent enfin dans la ville et libèrent la rive gauche. Dix jours plus

tard, la rive droite est à son tour libérée. Le dernier obus tombe le 17 août 1944, sur la ville écrasée…

Dès la libération de Caen, le colonel Usher, responsable des Affaires Civiles est chargé d'organiser la première aide aux sinistrés. Des colis de vêtements, de chaussures

de nourritures, de fournitures scolaires… arrivent de nombreux pays : Angleterre, Ecosse, Suède, Etats-Unis, Canada… Des collectes sont organisées un peu partout

pour apporter une aide directe aux sinistrés. Les Caennais qui ont fui les bombardements ne reviennent qu'à partir de septembre 1944. La ville ne comptera alors que

34 000 habitants, près de la moitié moins qu'en 1940.

Les pensionnaires de l'hospice Saint-Louis – Abbaye-aux-Dames – ont

trouvé refuge dans les carrières de Fleury-sur-Orne (Archives Municipales) Réfugiés dans le cloître de l’Abbaye-aux-Hommes. Ces photos sont prises par les Alliés après la libération de la rive

gauche de Caen (Archives Municipales)

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236 L'hiver 1944-1945 est très rigoureux. Beaucoup de Caennais vivent dans des logements en ruines ou tout au moins sans plus de fenêtres. On attend ainsi la fin de la

guerre, le retour des parents dispersés. On attend aussi les indemnisations et la reconstruction de la ville. Celle-ci s'annonce longue et difficile… Dès le 9 septembre

1944, le recteur Daure, préfet de la Libération nomme Yves Guillou président de la délégation spéciale. Installé à Caen depuis 1824, ce Breton, chef d'entreprise de

travaux publics, emprisonné quelques mois par les Allemands, a déjà réalisé l'assainissement du vieux Caen, lorsqu'il était adjoint au maire de 1929 à 1935. Les

élections municipales d'avril 1945 le confirment à la tête de la municipalité, avec pour mission principale : la reconstruction de la ville.

- L’aide internationale

- Un bilan très lourd

A la fin de la bataille, le bilan est lourd : la ville est détruite à 75%-80% ; triste moyenne, car

si certains quartiers sont épargnés (Saint-Martin, Caponnière) d’autres sont complètement

rayés de la carte (Saint-Jean, Saint-Louis…). On compte près de 2 400 morts parmi lesquels

les résistants enfermés à la Maison d’Arrêt et fusillés par les Allemands dès le matin du 6

juin, premières victimes à Caen, du Débarquement. La ville a perdu près de 250 maisons,

édifices et monuments parmi lesquels l’Université et sa bibliothèque, le musée des

Antiquaires, le musée des Beaux-Arts, le théâtre, l’hôtel de ville, la gendarmerie, la clinique

de la Miséricorde… Les hôtels particuliers du quartier Saint-Jean ne sont plus que ruines, de

même que les églises Saint-Julien et Saint-Gilles. Saint-Etienne-le-Vieux, Saint-Pierre et Saint-

Jean sont en partie détruites… Les bibliothèques, les archives et le cadastre ont brûlé… La

ville a perdu des habitants, des monuments et des pans de son histoire… Il faudra beaucoup

d'énergie, de volonté, de courage et des aides considérables pour qu'en moins de vingt ans,

la Ville se reconstruise et renaisse.

L'Ile Saint-Jean au lendemain des bombardements : au milieu des ruines, se

dressent l'église Saint-Jean et en face, l'Hôtel d'Escoville.

Clichés gauche et centre : la rue Saint-Jean après les bombardements. A droite : façade de la Poste

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237 Caen a pu revivre grâce à une reconstruction réussie et une aide internationale venue de tous les horizons : Etats-Unis, Canada, Suède, Suisse, Angleterre, Ecosse,

Belgique… Cette aide planifiée ou spontanée s’est matérialisée de multiples façons : mise en place par les gouvernements ; sollicitée par des personnalités ; initiatives

individuelles ou collectives. Elle a permis à la ville de se reconstruire et à des milliers de Caennais, de retrouver quelque foi en la nature humaine.

Outre l’aide organisée par les Affaires Civiles, sous la responsabilité du colonel écossais Usher, des collectes sont organisées aux quatre coins du monde.

Charles Gassion – un Caennais devenu américain - forme un comité d’aide à la ville de Caen, qu’il nomme American France Forever aid to the City of Caen. Des sommes

d’argent importantes sont récoltées et envoyées à Caen, ainsi que des caisses de vêtements, de jouets et près de 120 000 livres pour l’Université. Le 7 juillet 1952,

Charles Gassion reçu à Caen par le maire Yves Guillou et offre à la Ville, de la part du maire de San Francisco, un Séquoïa provenant de Californie. Devenu « géant », cet

arbre orne, aujourd’hui encore, la place de la Résistance.

La reconstitution de la bibliothèque universitaire de Caen et le soutien des universités étrangères

Le 8 juillet 1944, il ne reste plus rien de la bibliothèque universitaire et de ses quelque 350 000 livres… Madeleine Dupasquier, bibliothécaire en chef, est appelée à

reconstituer la bibliothèque universitaire. Elle reçoit, très tôt, des ouvrages ayant appartenus à des personnes décédées.. Les étudiants, très investis dans cette mission

de reconstitution de la bibliothèque universitaire, récoltent des livres.

En septembre 1944, le ministre de l’Education Nationale, René Capitant, sollicite les bibliothèques universitaires françaises pour qu’elles transmettent à celle de Caen,

les ouvrages et collections qu’elles peuvent avoir en double. Celle de la Sorbonne est l’une des premières à se manifester puis les dons arrivent de toutes parts. Les

L'église Saint-Nicolas est transformée en entrepôt pour le stockage

des aides (vêtements, chaussures, mobiliers…) (Archives Mun.).

Les collectes

Au cours de l’été 1944, comme l’Ecosse, la Suède manifeste sa solidarité, par la collecte de

vêtements et de chaussures distribués, en 1945, aux enfants et étudiants normands. A Stockholm,

des ventes de charité sont organisées au profit de l’Université de Caen et des séjours en Suède

offerts aux enfants de santé fragile…

Aux Etats-Unis, de nombreux bals sont donnés au profit de l’aide directe pour les sinistrés caennais.

Outre une bibliothèque, qui sera reconstituée aussi grâce à l’aide internationale, les étudiants

caennais ont aussi besoin de papier pour travailler. Le 9 novembre 1945, un camion en provenance

de l’Université de Lausanne leur en apporte trois tonnes à partager avec les autres établissements

scolaires. Le papier est longtemps resté un bien précieux à économiser. Le 27 novembre suivant,

quatre camions suédois livrent 10 000 paires de chaussures, du linge, un poste TSF, un gramophone

et deux réfrigérateurs… A peu près à la même époque, un Liberty-Ship américain apporte des

vêtements aux couleurs, aux formes et aux textiles très nouveaux…

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238 Caennais non sinistrés se montrent également solidaires et généreux. Des ouvrages, voire des collections complètes ayant appartenu à des bibliophiles avertis tués

pendant la guerre, sont offerts à l’Université.

De nombreuses universités étrangères répondent aussi : en Suisse, en Belgique, au Canada, en Ecosse… Des éditeurs de Londres offrent de magnifiques ouvrages,

datant des 17ème et 18ème siècles, surtout écrits en français. La Chambre des Communes fait don d’une précieuse collection de livres qu’elle retire de sa propre

collection. Le collège de Mazamet (Tarn), ville natale du recteur Daure, offre le dictionnaire Larousse du XXème siècle, qui restera longtemps le seul dictionnaire de la

bibliothèque universitaire. Le général Koenig, natif de Caen et commandant en chef français, en Allemagne, persuade les responsables de bibliothèques allemandes de

participer à la résurrection de celle de l’Université de Caen. En 1947, 90 000 ouvrages reposent sur plus de deux kilomètres de rayonnage…

En reconnaissance de toute cette aide reçue, la Ville de Caen, donnera aux voies desservant les alentours de l’Université, les noms des personnalités ou des villes ayant

participé à la résurrection de celle-ci.

- Les baraquements

Ils arrivent essentiellement des Etats-Unis, et sont utilisés en logements ou établissements publics : le lycée de Jeunes Filles étant occupé par les services municipaux

au lendemain de la guerre, c’est dans des baraquements installés sur la cour du lycée Malherbe que les lycéennes poursuivent leurs études. D’autres baraquements,

aménagés en garderies sont pris en charge par la Suisse, qui met également à disposition du personnel qualifié.

Des industriels suédois offrent aussi un grand nombre de ces baraquements, dont les premiers arrivent dans le port de Caen, le jour de Noël 1945, avec la promesse

que ce provisoire fera bientôt place à du définitif…

Quelques mois plus tard, les premières maisons préfabriquées suédoises arrivent à Caen…

L’aide internationale à Caen est très marquée par l’intervention des Suédois et ce à l’initiative de Victor Vinde. Né en Suède en 1903, il suit des études à Caen, puis à

Paris, où il devient journaliste. Correspondant en France pour la presse et la radio suédoises, il parcourt la Normandie sinistrée en 1944. Profondément ému par l’état

de désolation de Caen, il sollicite, au travers de ses articles de presse, l’aide de ses compatriotes et de son pays. Son action est déterminante dans l’aide qu’apporte le

gouvernement de Stockholm au Calvados. Le 23 décembre 1970, la Ville de Caen lui rend hommage en donnant son nom à une grande avenue du quartier de la Pierre-

Heuzé.

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239

- Une reconstruction basée sur la paix et les échanges

Très rapidement, un service des relations internationales municipal met en place des échanges avec l’Allemagne et notamment la ville de Würzburg, en Bavière, qui

devient, en 1962, la première ville jumelle de Caen. Lors de l’inauguration du Mémorial, pour la Paix, en 1988, les pays belligérants de la Bataille de Normandie ont

déposé sur l’esplanade du musée une pierre pour la Paix. Celle déposée par la France est bien sûr en pierre calcaire de Caen

En 1989, après la chute du Mur de Berlin, les pays de l’Est ouvrent leurs frontières. La Ville de Caen apporte son aide à Thymbark, ville de Pologne et à Resita, ville de

Roumanie et envoie des colis alimentaires et vestimentaires, des médicaments, des livres et fournitures scolaires… En signe de reconnaissance, les deux villes ont offert

à Caen, les drapeaux de leurs pays. Le trou au centre du drapeau roumain rappelle qu’il a fait la Révolution en 1989, lors de la chute du dictateur Ceausescu. Ces deux

drapeaux sont toujours exposés dans la salle du conseil municipal avec ceux de l’Europe et du Canada, pays des premiers libérateurs de la ville.

Aujourd’hui encore, la Ville montre l’importance qu'elle porte à ses relations internationales. En juillet 2013, elle rend hommage à Léopold Sédar Senghor, grand poète

et ancien président du Sénégal en donnant son nom à la grande esplanade des Rives de l’Orne.

L'immédiat après-guerre :

Deux années sont nécessaires pour mener à bien les opérations de déminage et de déblaiement. 2 200 000 m3 de ruines et de débris sont évacués (sur l’actuel site de

la Colline-aux-Oiseaux), triés pour récupération des matériaux, ou utilisés pour le rehaussement – jusqu’à deux mètres – du sol des quartiers Saint-Jean et Vaucelles,

les bords de la Prairie, de l’Orne et dans la zone portuaire.

Quelques pierres posées pour la Paix et la Liberté, sur l’esplanade Dwight Eisenhower du Mémorial (Clichés VC/NO)

Etat-Unis d’Amérique Royaume-Uni Canada France R.F.A. R.D.A.

/ Photos NO

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240 La reconstruction de la ville s'annonce complexe, d'autant que les plans et le cadastre ont brûlé. La question des indemnisations est également épineuse. Les Caennais

dont les biens ont été détruits ne disposent plus des actes de propriété. Il n'y a parfois pas d'autre solution que de s'appuyer sur leurs témoignages en espérant qu'ils

soient de bonne foi. Et bien sûr, chacun en rajoute… Pour l'anecdote, à la fin de la guerre, la rue Saint-Jean fait deux fois sa longueur initiale : chaque propriétaire

rajoutant quelques mètres supplémentaires à la longueur réelle du terrain qu'il avait avant les destructions…

Mais pour l'heure, la préoccupation de la municipalité est de fournir des logements aux sinistrés et de quoi se vêtir et se nourrir. Le rationnement pour certaines

denrées durera encore quelques années. Des baraquements sont installés Fossés Saint-Julien, place Saint-Martin, place Guillouard et place de la République pour les

commerces de première nécessité. Les baraquements administratifs sont regroupés place Guillouard et en bordure de la Prairie. Les emplacements sont choisis hors

des zones qui seront reconstruites. Des baraques "anglaises" ou "américaines" sont également installées à la périphérie de la ville (actuels secteurs de la Guérinière et

du Chemin-Vert) pour les sinistrés, qu'on héberge aussi dans les anciens bâtiments de la caserne Claude Decaen. Les premiers baraquements sont installés en janvier

1945 et jusqu’en 1951. Et ceux destinés à l’habitation seront occupés de longues années, abritant plus de 8 000 habitants en 1954 et plus de 5 000 encore en 1962.

Il faut aussi loger les fonctionnaires et ceux qui participent au vaste chantier de la Reconstruction. De nombreux ouvriers du bâtiment occupent ainsi la caserne du

château. La ville reçoit également, pour loger ses habitants, des maisons en préfabriqué envoyées par la Suède, la Finlande, les Etats-Unis… Ces maisons ont été

conservées et servent toujours de logements à des dizaines de familles dans les quartiers Saint-Paul et Chemin-Vert

- Saint-Paul, un quartier caennais aux maisons internationales

Les maisons suédoises

400 maisons de conception ultramoderne entièrement créées et préfabriquées en Suède sont offertes à dix communes du Calvados, dont Caen qui en reçoit 60. Elles

sont livrées à partir de 1946. Leur construction –sols et couvertures étant réalisés sur place - est conduite par le Ministère de la Reconstruction et l’Office d’Habitation

à Bon Marché du Calvados (futur OPAC).

Commerces dans les

baraquements de la place

de la République, en 1950.

Le dernier baraquement encore

habité à Caen en 2013, se

trouve au Nice Caennais, au

milieu d’un jardin encerclé par

de belles demeures.

L’attachement de l’habitant de

ce logement à son

baraquement est inversement

proportionnel au confort de

l’habitation (Cliché VC/NO)

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241

Le 7 juin 1947, Gustav Möller, Ministre de l’Intérieur suédois remet officiellement la propriété de ces 400 maisons à Jean letourneau, Ministre français de la

Reconstruction. La couverture presse est assurée par Victor Vinde, l’artisan de l’aide suédoise.

Après avoir coupé le cordon bleu et jaune aux couleurs de la Suède, Gustav Möller déclare :

« Le Pays que je représente a eu le bonheur de jouir d’une paix ininterrompue depuis les grandes guerres napoléoniennes, c’est-à-dire pendant plus de 130 ans. A nous

qu’on a laissés en paix, à nous qui n’avons pratiquement pas subi de pertes, ni en richesses matérielles, ni en vies humaines, il a paru un devoir impérieux de contribuer à

la reconstruction de l’Europe selon nos possibilités… Où aurions-nous pu mieux placer une part de notre contribution modeste qu’en Normandie, cette Normandie qui en

effusion de sang et en destructions matérielles a été plus durement éprouvée qu’aucune autre partie du monde pour que le débarquement en Europe soit couronné de

succès, succès dont a bénéficié toute l’humanité, y compris nous autres, nations neutres… ».56

Les 60 maisons caennaises sont implantées dans le quartier d’Authie, au nord-ouest de la ville. Ces logements étant définitifs, on les installe à l’extérieur de la ville afin

de ne pas encombrer la zone de reconstruction. Un nouveau quartier est créé.

Chaque maison comporte deux logements jumelés. Elles ont pour caractéristiques, un bardage en bois, des fenêtres aux volets colorés, et de grands toits pentus, qui

descendent très bas, spécialité suédoise pour l’évacuation de la neige. L’église du quartier et les maisons qui l’entourent directement, construites plus tardivement,

reprendront le même schéma architectural.

L’intérieur est spacieux, avec eau courante, chauffage central, séjour et coin cuisine ultramoderne : vaisselier contenant les fameux bocaux en verre, la planche à

découper amovible et l’égouttoir mural. Les sanitaires sont à l’intérieur ainsi qu’une buanderie. Le logement compte deux chambres et la possibilité d’en aménager

deux autres dans les combles.

Les maisons suédoises sont toujours implantés dans le quartier d’Authie, devenu le quartier Saint-Paul en 1948. Certains habitants les ont agrandies en aménageant les

combles par exemple et y ont amélioré le confort. Quelques locataires ont pu s’en rendre propriétaires.

De 1996 à 2002, l'Office Public d’Aménagement et de Construction du Calvados entreprend des travaux de réhabilitation afin de renforcer les qualités premières des

bâtiments sans en altérer l’originalité : création d’une cuisine dans l’arrière-cuisine, remplacement des appareils sanitaires et de la chaudière, remise aux normes de

toute l’installation électrique, double vitrage, complément d’isolation dans les combles en laine de verre… A ces travaux intérieurs s’ajoutent la rénovation des

peintures extérieures et des toitures. Ces « Suédoises » même rénovées ont conservé toute leur âme et incarnent toujours l’identité du quartier. Quelques-unes, ont

même conservé le petit portail blanc d’origine.

56

Les Maisons suédoises de la Reconstruction en Normandie. Jean-Yves Meslé et Marc Pottier, Ed° Les Cahiers du Temps, nov. 2008

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242

Les crèches suédoises

La Suède offre également deux crèches à la ville de Caen. De conception identique à celle des maisons, ces crèches dénommées « crèche jaune » et «crèche bleue »

sont implantées respectivement dans le quartier Saint-Paul, rue de Stockholm et sur la rive droite, boulevard Leroy. Leurs noms proviennent de la couleur de leurs

volets, qui sont aussi celles du drapeau suédois. Les crèches sont fournies avec tout l’équipement : petits lits, qui se rabattent le long des murs pour laisser la place aux

espaces de jeux, tables, chaises, cuisine équipée, matériel de puériculture, jouets pour les enfants…

Ces constructions s’accompagnent de la mise à disposition d’un personnel qualifié pendant un an.

Le don de ces crèches est dû, en grande partie, aux démarches que Jeanine Boitard, ancienne résistante caennaise, a entreprises auprès de l’organisation caritative

suédoise Rädda Barnen (« Sauvez les Enfants ») et de sa vice-présidente Lisa Lind, qui, avec la Croix-Rouge suédoise a mis tout en œuvre pour fournir quatre crèches au

Calvados, dont deux pour Caen. Le 24 septembre 1949, à Caen, Margit Levinson, présidente de Rädda Barnen, remet solennellement à Pierre Schneiter, ministre

français de la Santé publique, l’acte de propriété des quatre crèches. Les infirmières et puéricultrices suédoises quittent les lieux, remplacées par des collègues

françaises. Les crèches sont alors placées sous l’égide des « bureaux de bienfaisance », actuels CCAS.

Remise aux normes de sécurité, la crèche jaune est reconstruite, au même endroit mais tout en pierre et porte désormais le nom de Lisa Lind.

Maisons suédoises : la troisième a conservé son portail d'origine. (Clichés VC/NO)

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243

Les maisons américaines, au nord du quartier Saint-Paul

Tout près des « Suédoises », s’élèvent encore, dans le quartier Saint-Paul, quelques maisons d’Etat américaines appelées parfois les « Canadiennes ». Ces habitations

dites aussi « Stran-Steel » sont des maisons « définitives » jumelées. Préfabriquées en béton, elles ont un étage avec une charpente métallique de type Stran-Steel.

Assemblées comme de grands mécanos, ces maisons étaient montées en quatre ou cinq jours. Comme les « Finlandaises » mais contrairement aux « Suédoises », elle

Les 26 maisons jumelées américaines n’ont pas fait l’objet d’un don mais ont été acquises par le Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme, puis rapidement

vendues à des particuliers. Si la plupart sont restées dans leur style d’origine, certaines ont subi quelques travaux : ravalement, changement des volets, des portails,

construction de véranda…

La crèche bleue, située boulevard Leroy, a été détruite par un incendie, dans la nuit du 31 décembre 1995. Remplacée par un bâtiment neuf, elle a gardé de « bleu » son nom et le pourtour de ses fenêtres. Le personnel, très touché par la disparition de la crèche a pu récupérer quelques éléments notamment un petit jouet en bois représentant un cheval (symbole de la Suède), un pèse-bébé, les fameux pots en verre pour ranger la farine, le sucre, le café. Ces objets sont conservés, aujourd’hui, au CCAS de Caen, rue de Bernières. La crèche jaune à l’origine puis reconstruite au même endroit, rue de Stockholm. (Cliché de droite VC/NO)

Exemple de maison « Stran-Steel » en cours de construction : les cloisons en béton sont glissées dans l’ossature métallique. Ces maisons étaient construites en moins d’une semaine seulement. Les deux maisons photographiées ont conservé leur aspect d'origine. (Clichés centre et droite VC/NO)

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244 Les maisons finlandaises

De taille plus modeste, elles sont construites tout en bois, sur des fondations en béton. Quelques-unes subsistent rue de Stockholm et rue de Finlande. Comme les

« Américaines », elles ont été acquises par le Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme, puis revendues à des particuliers.

L’église Saint-Paul

Elle est construite par les architectes Marcel Clot et Raymond Dupuis, au cœur du quartier créé par Brillaud de Laujardière. Raymond Dupuis adopte ici le plan en croix

grecque, avec une partie centrale très développée. Les sculptures sont réalisées par Gianferrati et Bertaux, la fresque par Trévidy et les vitraux par Gaudin.

Avec son grand toit pentu et bas, elle s’intègre parfaitement à son environnement.

Souvent confondues avec les « Suédoises », les maisons françaises ont été construites, aux abords de l’église Saint-Paul, avec des pierres récupérées dans le déblaiement des ruines de Caen. Afin de conserver une certaine unité urbanistique dans cette partie du quartier, elles reprennent quelques caractéristiques des maisons suédoises : aspect massif, toit bas et très en pente, jardin entouré de haies…

Maisons françaises construites autour de l’église Saint-Paul. En haut à gauche, on reconnait les maisons suédoises et tout en haut, à gauche, trois américaines… Les immeubles sont construits de l’autre côté de la rue du Chemin-Vert. Derrière eux, on distingue encore quelques baraquements

L'église Saint-Paul, au cœur du quartier. A l'intérieur, la nef, le chœur et le

transept se rejoignent sous une vaste coupole (Cliché de gauche VC/NO)

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245 Le plan d’urbanisme de la Reconstruction : les logements

L'architecte Marc Brillaud de Laujardière, urbaniste en chef choisi par le maire, prépare le projet de reconstruction. Il s'entoure des architectes Henri Bernard, Georges

Dengler et Marcel Clot. Son plan d’urbanisme et approuvé en mai 1946 par le conseil municipal puis soumis, en avril 1947, à une enquête publique dont le rapporteur

est le professeur de droit Jean Yver. Le plan est déclaré d’utilité publique en décembre 1947, par le Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme (MRU). Brillaud de

Laujardière laisse une certaine liberté à chacun de ses collaborateurs. A partir des règles communes qui sont établies, la Reconstruction caennaise est donc interprétée

par chacun de ses concepteurs, ce qui donne à l'ensemble une réelle variété.

Le plan d'urbanisme prend en compte l'évolution économique et démographique de la ville. Brillaud de Laujardière étend le centre-ville traditionnel à l’Ile Saint-Jean

dont il limite les activités aux fonctions tertiaires et résidentielles. Les ateliers et les commerces de gros se retrouvent sur la zone portuaire, en aval du Bassin Saint-

Pierre ; quelques entrepôts, le long du boulevard Dunois desservi par une voie ferrée ; deux couvents sont reconstruits aux limites sud (la Charité) et nord-ouest (les

Bénédictines) du territoire communal. Les administrations - services départementaux et régionaux, finances, poste, police- sont regroupées à l’ouest, autour de la

Préfecture et de l’Abbaye-aux-Hommes, qui accueillera l'Hôtel de Ville. Les commerces demi-gros sont rassemblés sur le quai Vendeuvre, quai Hamelin ou rue du 11

Novembre. L’université est déplacée sur un terrain de 35 hectares, au nord du château. Le reste du centre-ville rassemble les services, les commerces de détail et les

résidences.

Les rues étroites et les impasses laissent la place à une voirie plus adaptée à la circulation automobile. Les grandes voies de circulation créées par la Alliés pour

contourner la ville ou traverser les champs de ruines sont ainsi intégrées dans le plan d'urbanisme.

C'est le cas de l'avenue du Six-Juin, percée au bulldozer à travers les jardins des hôtels particuliers de l'Ile Saint-Jean, qui devient une sorte de "voie triomphale"

jusqu'au château.

Le quartier Saint-Jean est desservi par des rues et des avenues formant un damier autour des axes principaux que sont la rue Saint-Jean et l’avenue du Six-Juin. Trois

éléments patrimoniaux structurent le quartier : l'église Saint-Jean, le monument aux Morts, le bassin Saint-Pierre. Le plan définitif est composé de deux grilles de

mailles non pas orthogonales mais irrégulières, l'une alignée sur le bassin, l'autre sur l'église. Le plan rayonnant préexistant, place Foch – monument aux Morts – est

repris.

Le plan de Caen est méticuleusement dressé : tous les monuments anciens qui peuvent être sauvés sont inventoriés et seront restaurés.

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246

Plan de la Reconstruction (extrait) : les voies anciennes sont simplifiées et les

tracés redessinés. (Source : Direction de l'Urbanisme)

Plan de Caen aujourd'hui : l'Ile – ou le quartier – Saint-Jean est

depuis la Reconstruction traversée par une nouvelle voie, l'avenue

du Six-Juin : le CAUE interprète le langage urbain du projet, qui

théâtralise véritablement cette entrée sud de la Ville.

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247 Le cahier des charges des nouveaux immeubles prévoit une hauteur moyenne de six niveaux, les plus hautes constructions ne devant pas dépasser la hauteur des

clochers des églises. Les toitures sont en ardoises ou en tuiles, selon les quartiers. Si on construit parfois en pierre de taille, on utilise, le plus souvent le béton,

matériau solide et peu coûteux, qui permet de construire vite. Et il faut faire vite car les Caennais ont besoin de logements. Les façades en béton sont habillées de

calcaire. Qu’elle soit utilisée de taille ou en parement, la pierre de Caen va donner une réelle homogénéité à la ville, des quartiers anciens aux quartiers reconstruits.

Enfin, les volets et les pourtours des fenêtres doit être blancs. Les imitations de matériaux naturels sont proscrites, sauf pour le stuc et la pierre reconstituée, qui

formera effectivement une large partie des façades des immeubles. Autant que faire se peut, on prévoit un jardin collectif autour des immeubles.

Le remembrement prend presque deux ans. Il faut, en même temps

établir les dommages de guerre et adapter le cadastre au nouveau

plan. Il n'est pas simple de transférer les droits sur un plan

totalement différent. La nouveauté consiste en la généralisation de

la copropriété, notion jusque-là étrangère à cette ville demeurée

fidèle à la maison familiale. Il ne s’agit pas effectivement de

reconstruire la ville telle qu’elle était auparavant mais de tirer

« profit » des destructions : on ne reconstruira pas les hôtels

particuliers mais des logements collectifs confortables avec eau, gaz

et électricité ; des appartements spacieux, lumineux et tous équipés

d’une cuisine et de sanitaires.

Les compensations financières octroyées aux sinistrés doivent

équilibrer la valeur du bien perdu : dans l'Ile Saint-Jean notamment,

les propriétaires d'hôtels particuliers, non reconstruits, peuvent

acquérir des immeubles entiers, qu'ils habiteront ou loueront

ensuite.

Pratiquement tous les appartements caennais réalisés à la Reconstruction disposent d'aménagements

avec loggias et balcons, d'une cave ou d'un cellier (source : brochure CAUE)

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248

- Construction des immeubles et généralisation de la copropriété

Les sinistrés se regroupent en associations de remembrement, qui se transforment, au cours des années 1948-1949, en cinq coopératives de reconstruction : la

Renaissance de Caen, pour les immeubles collectifs et les commerces du centre ; le Foyer caennais, pour les résidences familiales de la périphérie ; l’Union des

propriétaires d’appartements ; la Coopérative de construction rationnelle, pour les immeubles préfinancés par l’Etat ; et la Coopérative de reconstruction industrielle

et commerciale. Ces coopératives sont coiffées par une direction unique. Chaque groupe de copropriétaires est consulté sur les caractères de ses immeubles. On évite

l’anarchie architecturale en assurant un relais avec l’urbaniste en chef et en respectant les directives du plan ainsi que la coordination des travaux par les architectes

d’îlots. Cet esprit de coopération, cet équilibre très normand entre l’acceptation d’une certaine discipline et le respect des droits individuels confèrent à la

reconstruction de Caen une harmonie non dépourvue de variété. Mais cette méthode entraîne la lenteur des réalisations. Les constructions ne commencent qu’en

1949. Cinq années plus tard, un tiers seulement des logements est achevé…

Les premiers immeubles sont édifiés rue du Vaugueux, au Gallion, le long de l’Orne et face à l’église de la Sainte Trinité. L’année suivante, l’Etat accorde des avances

financières importantes pour la construction de bâtiments de style homogène : les immeubles de la place de la Résistance et les «Marines », de part et d’autre de

l’avenue du Six-Juin.

La rue du Gaillon : une architecture très soignée, une voie vers la nouvelle université

Les Immeubles Collectifs d’Etat (I.C.E.) de la rue du Gaillon sont achevés en 1950. Ils sont dus à Dengler, architecte de groupe et Allaire et Postel, architectes d’opération. Les façades très travaillées sont

recouvertes de pierre calcaire. Des bas-reliefs ornent les dessus des entrées. Ces constructions sont probablement parmi les plus soignées de cette période, sans doute parce qu'elles sont parmi les

premières. Progressivement, les questions financières obligeront les architectes à réaliser des ensembles moins luxueux. La rue conduit à l'Université – Campus I aujourd'hui – et au château ducal.

(Clichés VC/NO)

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249 Le centre reconstruit se caractérise par une architecture mêlant deux formes distinctes. La première est une architecture « traditionnelle » avec des bâtiments néo-

haussmanniens s’intégrant au bâti préexistant et organisés autour d’îlots partiellement fermés. La seconde montre un urbanisme de barres et de tours avec des îlots

ouverts ; celle-ci s’est surtout développée au sud de l’avenue du Six-Juin et dans le quartier des Quatrans.

Sur chacune de ces

deux photos (gauche

et droite), on

distingue les deux

types d’architecture :

traditionnelle (partie

gauche des clichés)

avec les bâtiments

de type néo-

haussmannien et

îlots fermés dans la

rue du 11

Novembre ; plus

orthogonale (partie

droite des clichés),

une architecture

faite de barres et de

tours, place du

36ème et bas de la

rue Saint-Jean.

Au rez-de-Chaussée

des immeubles de la

rue Saint-Jean sont

installés les

commerces de

détails et les services

(cliché gauche en

bas)

Les six tours « Marines »

construites de 1951 à fin 1953, au

bas de l’avenue du Six-Juin lui

confèrent son aspect monumental :

elles ouvrent la " voie triomphale"

qui conduit au château.

L’architecte en chef Dureuil

procède à quelques modifications

par rapport au premier projet : un

étage est rajouté et les toits à

quatre pans sont remplacés par des

toits en terrasse ; Les tours sont

réunies par un rez-de-chaussée

commercial.

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250

L'Ile Saint-Jean aujourd'hui, vue depuis le clocher de Saint-Pierre : orthogonalité et lumière sont de rigueur. Mais au-delà des nouvelles formes architecturales, les contours

anciens du quartier restent encore bien visibles : à gauche, le port, à droite la Prairie : éléments immuables du paysage caennais.(Cliché F. Levalet)

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251

- un quartier très controversé : les Quatrans

- des architectures diversifiées, selon les quartiers et les dates de construction :

Le haut de la rue Saint-Jean est relié à un réseau de rues perpendiculaires, elles-mêmes recoupées par des passages desservant l’arrière des immeubles dont les

façades donnent sur la rue Saint-Jean. Ces sortes de back-Streets, comme le passage du Chanoine Cousin, sont des éléments typiques de la Reconstruction à Caen. Ces

cours intérieures sont commodes mais utilisées, le plus souvent, de manière assez anarchique. Sans aménagements paysagers et dévolues essentiellement au garage

des voitures et au dépôt des ordures, elles ne gratifient pas nécessairement l'architecture environnante.

Construit assez tardivement – vers 1954 -, il est souvent

considéré comme le quartier le moins réussi de la

Reconstruction : situé face aux remparts du château, il

intègre des monuments anciens restaurés, comme

l'église Saint-Pierre, la maison des Quatrans et l'Hôtel

d'Escoville. Son allure tranche effectivement avec son

environnement.

Sa conception d'ensemble diffère de celle des premiers

ilots reconstruits : moins monumentaux que les

premiers immeubles collectifs reconstruits, les blocs de

cinq étages s'organisent en carrés, et laissent une place

importante aux piétons. Les toits sont plats et

recouverts de plomb. Une tour se dresse au milieu de

l'ensemble.

Très confortables, les logements accueillent une

population "middle-class" qui en apprécie les nombreux

avantages.

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252

Le passage du Chanoine Cousin, rue Neuve-Saint-Jean

ouvre sur un passage aménagé à l'arrière des immeubles,

ou back-streets.(Cliché VC/NO)

Rue de l’Engannerie (N° 2 et 4). (Clichés VC/NO) Quartier Courtonne : angle formé par l'avenue du Six-Juin et le

boulevard des Alliés. Le rez-de-chaussée de ce quartier

traditionnellement très commerçant, - on est proche de l'église Saint-

Pierre- est dévolu aux magasins. (Cliché VC/NO)

Dans certains quartiers prestigieux, la

monumentalité est de rigueur : c'est

le cas des immeubles place Foch, face

à la Prairie, dont les facades côté

place reprennent l'ordonnancement

ancien, autour du Monument aux

Morts. (Cliché droit : F. Levalet)

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253

- Les grands magasins d'avant- guerre sont reconstruits :

Le magasin Monoprix, ouvert en 1936, sera, peu de temps après le premier bombardement, la proie des flammes. Il a été reconstruit sur son emplacement d’origine,

aujourd’hui rue de Bernières, face au boulevard Maréchal Leclerc. Les Nouvelles Galeries sont également bombardées et reconstruites boulevard Maréchal Leclerc.

Le magasin Legallais-Bouchard est lui aussi reconstruit sur son emplacement d’origine, à l’angle de la rue de Vaucelles et du quai Eugène Meslin. Conçue par

l’architecte Pierre Auvray, la structure porteuse est en béton avec remplissage en brique. Le magasin de 6 000 m² sur six niveaux ouvre ses portes en 1954. En 1985, il

devient le Bazar de l'Hôtel de Ville, une succursale du célèbre" BHV" parisien. L’enseigne cesse son activité en 2006. Après quatre années de rénovation, le magasin

mythique revit. C'est aujourd'hui une résidence de 120 apparts-hôtels de catégorie "4 étoiles".

Le magasin Monoprix :

A gauche, photo prise

après les bombardements.

A droite : le magasin

aujourd'hui, vu du

boulevard Maréchal-

Leclerc.

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254 Reconstruction des édifices publics :

- la Chambre de Commerce

Jusqu'en 1944, la Chambre de Commerce a son

siège à l'Hôtel d'Escoville. En 1949, on décide de

construire un bâtiment neuf, qui répond

probablement plus à la volonté de modernisme qui

anime l'institution. Démarrée en 1953, la

construction s'achève en 1956.

Elle est réalisée par les architectes Morizet et

Laloue. Le décor sculpté en creux de sa façade est

dû à Charles-Emile Pinson et symbolise les activités

économiques. La Chambre de Commerce ayant ces

dernières années déménagé à l’extérieur de la ville,

le bâtiment réhabilité abrite aujourd’hui un

restaurant et des bureaux.

- la gare SNCF

Le secteur de la gare est très bombardé

en 1944 mais le bâtiment des voyageurs

est peu touché. Il est restauré à

l’identique de celui qui avait déjà été

reconstruit entre 1933 et 1934. La gare

ferroviaire est réaménagée entre

septembre 1984 et septembre 1986. De

nouveaux travaux sont également

effectués en 2008 et 2009.

Les façades et les toitures sur rue et sur cour et les

grilles d'entrée rétractables ont été inscrites aux

Monuments Historique par arrêté du 16 octobre 2003.

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255

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256

- le Lycée Malherbe

- le Théâtre

La Reconstruction

s’achève avec le

chantier du

théâtre ici en

cours de

construction

Théâtre

reconstruit. La

façade est due à

l’architecte

François

Carpentier

En 1953, l’Education Nationale décide de construire un nouveau Lycée, les anciens

bâtiments conventuels de l’Abbaye-aux-Hommes n’étant plus adaptés pour cet

établissement qui accueille de plus en plus de lycéens. Des locaux plus modernes

sont donc construits pratiquement à l’extérieur de la ville, face à la Prairie, sur un

terrain concédé par la communauté du Bon Sauveur et qui correspond à une

bande extérieure de leur propriété. D’une largeur modeste, mais d’une longueur

atteignant un kilomètre, ce terrain a permis la construction d’un vaste édifice de

forme semi-circulaire, qui lui a valu le surnom de « banane ». Aujourd’hui encore,

il est considéré comme l’un des plus longs lycées d’Europe.

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257 La vie culturelle caennaise a repris dès le lendemain de la guerre, le théâtre tout au moins. Dès septembre 1944, Yves Guillou confirme Edouard Collin à la tête de

l’OMJ (Office Municipal pour la Jeunesse). A l’automne 1945, celui-ci engage Jo Tréhard habité, comme lui d’une profonde vocation théâtrale. Deux années plus tard,

ce dernier fonde ce qui va rapidement devenir le Centre régional d’art dramatique. Derrière l’OMJ, construit avenue Albert Sorel, l’architecte Lempereur convertit en

salle de spectacle de 620 places, un grand baraquement militaire de type Rowney. Ce sera Le Tonneau, plus officiellement, la salle municipale des beaux-arts,

inaugurée en janvier 1949. Cette salle donnera des représentations jusqu’en 1962.

Le 24 avril 1963 est inauguré le nouveau Théâtre, dont les travaux ont commencé en 1956. L’architecture intérieure rappelant celle des anciens théâtres italiens est

conçue par l’architecte Alain Bourbonnais alors que son confrère François Carpentier est chargé des façades extérieures.

La reconstruction du Théâtre achève officiellement le temps de la Reconstruction de Caen.

Restauration et valorisation du patrimoine ancien

Le plan d’urbanisme prévoit la mise en valeur du patrimoine historique, notamment le dégagement du château et la préservation de la Prairie. Les maisons bâties tout

autour du château n’ont pas résisté au souffle des bombes. Effondrées, elles ont laissé apparaître les murailles médiévales que les habitants avaient oubliées. Il est

donc décidé de ne pas reconstruire autour des murailles mais plutôt de les mettre en valeur.

Si Yves Guillou est le maire de la Reconstruction, Jean-Marie Louvel, son successeur est considéré comme celui de la restauration des monuments. Maire-adjoint de

1953 à 1959, ministre de l'Industrie puis Maire de Caen de 1959 à 1970, c’est sur son initiative que l’Hôtel de Ville s’installe dans les anciens bâtiments conventuels de

l’Abbaye-aux-Hommes. Cette décision est négociée avec l'Etat, propriétaire des anciens bâtiments de l’abbaye occupés par le lycée Malherbe. La municipalité octroie à

l'Etat un terrain de 8 hectares en bord de Prairie, et une compensation financière estimable. Outre cette installation, c’est la restauration et la valorisation du fleuron

architectural caennais, dont la Salle des Gardes, qui sont lancées. C'est Henry Bernard qui est chargé de cette reconversion. Quant à l'architecte du nouveau lycée, il

devra composer avec un terrain tout en longueur et difficile à occuper. Finalement, la Reconstruction provoque une "mutation des édifices publics" : une abbaye

devient l'Hôtel de Ville et le château un lieu muséal. Ce phénomène n'est que le prémisse des décennies à venir : aujourd'hui, tous les édifices publics caennais –sauf

les églises ouvertes au culte - ont été réaffectés à d'autres utilisations que celles originelles.

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258

- le château

Avant les destructions de 1944, la barbacane et les remparts sont cachés par les nombreuses

maisons accolées aux murs.. L'espace entre l'église Saint-Pierre est le château est occupé par un

important bâti, et le château est devenu quasi-invisible

Les travaux de dégagement et de valorisation du château ducal initient un

programme de fouilles archéologiques d'envergure. A partir de 1956, les

découvertes réalisées par Michel de Bouärd et l'équipe du Centre de

Recherche Archéologique et Historique Médiéval – le CRAHM -,

permettent de dégager puis de mettre en valeur les bases du donjon et la

salle de l'Echiquier, cette dernière bénéficiant ensuite d'une importante

restauration.

Le Musée de Normandie, dont la création est décidée en 1946, s'installe

dans le Logis des Gouverneurs. Les premières collections ethnologiques

sont le fruit des collectes réalisées en Normandie par l'archéologue et

fondateur du Musée de Normandie.

Caen, ancienne place du Bois : situé entre le château et l'église Saint-Pierre,

ce quartier a été complètement détruit en 1944.

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259

- la Maison des Quatrans et l' Hôtel d’Escoville

Ces deux monuments sont emblématiques pour les Caennais : ils appartiennent au paysage

urbain depuis des siècles et chacun d'eux symbolisent une partie de l'histoire de la ville : l'Hôtel

des Quatrans est le seul témoin resté debout en 1944 des nombreuses maisons à façade à pans

de bois, très présentes dans la rue Saint-Jean notamment. C'est un témoin nostalgique de l'avant-

guerre. Sa restauration est relativement aisée, dans la mesure où la façade a été préservée.

Il a abrité pendant de très nombreuses années, jusqu'à son transfert au Bon-Sauveur, la Direction

Régionale des Affaires Culturelles de Basse-Normandie.

L'Hôtel des Quatrans après les bombardements, et aujourd'hui

La rue Saint-Jean au début du 20ème

siècle : passage du tramway au milieu

des vieilles bâtisses à façades à pans de bois avec encorbellements.

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260

L'Hôtel d'Escoville, face à l'église Saint-Pierre, a, quant à lui, beaucoup souffert et le

principe même de sa restauration est discuté. Si la cour intérieure a été relativement

préservée, toute la façade sur rue est détruite. La restauration du monument donne

lieu à un débat passionné : faut-il reconstruire à l'identique ? Créer une façade

résolument moderne ? Le parti-pris sera celui des concessions : le porche préservé est

intégré dans une nouvelle façade reconstruite très sobrement et dont les ouvertures

reprennent le rythme des baies anciennes.

L'Hôtel d'Escoville fin 19ème

siècle : à cette époque, il abrite notamment la Chambre de Commerce (source : Archives Municipales).

Façade reconstruite : l'Hôtel d'Escoville abrite aujourd'hui l'Office de Tourisme.

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261

- Une reconstruction à l'identique, l’unique à Caen : l’Hôtel Le Brun de Fontenay, siège de la Banque de France.

Edifié au 18ème siècle au milieu d’un parc à l’anglaise et siège de la Banque de France depuis 1857, l’Hôtel Le Brun de Fontenay est totalement détruit par les bombes

incendiaires larguées dans le quartier Saint-Jean, en juin 1944. La logique veut qu’il soit complètement rasé, après-guerre, pour laisser place, comme le reste du

quartier, aux grands immeubles de la Reconstruction. Mais cette décision n’appartient ni à la municipalité, ni au MRU et Monsieur Tournon, architecte en chef de la

Banque de France est chargé de dresser les plans du bâtiment à reconstruire à l’identique. Les travaux sont confiés à Pierre Auvray, un des acteurs majeurs de la

Reconstruction.

La pierre de Caen utilisée provient du même filon que celui ayant pour la construction d’origine. L’architecture est fidèlement respectée, les décors ont été

reconstitués d’après des documents et des moulages. Entourée des immeubles de la Reconstruction, cette magnifique demeure s’élève au milieu de son parc amputé

des deux tiers de sa superficie d’origine et dont un seul arbre a survécu aux bombardements. L’Hôtel Le Brun de Fontenay, témoigne aujourd’hui de ce que fut la

magnificence du quartier Saint-Jean du temps des hôtels particuliers.

L’entrée de la Banque de France / (Cliché VC/NO) La façade arrière de l’Hôtel de Fontenay-Banque de France et son jardin

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262 Les édifices religieux : églises et monastères

On ne rebâtira pas les monuments disparus, l’Hôtel de Fontenay étant l'exception. Les ruines de Saint-Gilles sont préservées et l’église de Saint-Etienne-le-Vieux, en

partie ruinée, est consolidée puis laissée en l’état. L'église Saint-Julien, quant à elle, n'est pas reconstruite sur le site – dans les fossés Saint-Julien – mais remplacée par

une église neuve à quelques centaines de mètres de là, rue des carrières Saint-Julien. Les ruines de l’ancienne église demeurent sur place.

Saint-Gilles

L’édifice, ancienne église

paroissiale du quartier du

même nom ayant été

classé en 1862, au titre

des Monuments

Historiques, il a été décidé

d’en conserver les ruines.

Le culte de la paroisse,

toujours en activité, est

célébré depuis la guerre,

en l’abbatiale de la

Sainte-Trinité

Saint-Julien

Il ne reste pratiquement

rien de ce qui fut autrefois

l’église des Templiers. Dans

le mur des ruines a été

placée, symboliquement, la

liste des victimes des

bombardements. Au pied

est installé le monument du

Souvenir Français, rapatrié

depuis peu de la rue

Calibourg où il se trouvait

auparavant.

Saint-Etienne-le-Vieux

En partie détruite par le bombardement de 16h30, le 6 juin 1944, elle n’a pas fait l’objet de restauration. Puisqu’elle était

désaffectée depuis la Révolution française et ne servait plus que d’entrepôt à la ville, le parti a été pris de la laisser en l’état

après consolidation. La priorité était réservée à la restauration ou la reconstruction des églises dont les paroisses étaient

toujours en activité : Saint-Julien, Saint-Jean, Saint-Pierre… et celle des nouveaux quartiers de la Reconstruction, la Guérinière

par exemple.

L’état de Saint-Etienne-le-Vieux ne permet pas l’accès au public même limité à la partie du chœur qui sert aujourd’hui de dépôt

lapidaire. Cependant, depuis l’extérieur, on peut admirer son chevet plat orné du plus grand vitrail de la ville. Située entre

l’Abbaye-aux-Hommes/Hôtel de Ville et l’Hôtel de la Préfecture, édifices tous deux épargnés, elle demeure le témoin des

événements de 1944. Véritable monument du souvenir, elle compte parmi les ruines les plus photographiées de France. (Cliché

VC/NO)

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263

- L'église Saint-Pierre

Moins touchée que l’église Saint-Jean, l’église Saint-Pierre a perdu son magnifique clocher qui faisait la fierté des Caennais. La reconstruction à l’identique de la flèche

de l’église Saint-Pierre, détruite par les tirs d’obus de la marine alliée, a été financée par la vente des épaves de navires libérateurs. Les carcasses des bâtiments coulés,

lors du Débarquement ont été abandonnées à la France. Une partie du produit de la vente de la ferraille récupérée a été affectée aux travaux de l’église Saint-Pierre,

dont la voûte de la nef, achevée au 15ème siècle, s’était également effondrée. Sur la photo de gauche, on peut voir que l’église est recouverte d’une provisoire toiture

en tôle.

- l'église Saint-Jean : rare édifice du quartier Saint-Jean encore debout après les bombardements – bien que très endommagé -, elle incarne le martyre de la

ville écrasée. Débutés au lendemain de la guerre, ses travaux de consolidation et de restauration ne s’achèvent qu’à Noël 1964. Des piliers en béton ont été coulés

dans le sol afin de stabiliser la construction. Le crucifix de l’église retrouvé calciné dans les ruines de l’édifice a été fixé sur le mur d’entrée, à l’intérieur.

Cliché gauche : le clocher est détruit pendant les

bombardements.

Cliché droit : en 1953, la reconstruction de la flèche

de l’église nécessite la mise en place d’un

impressionnant échafaudage de plusieurs tonnes

Ci-dessous : église Saint-Jean après les

bombardements et aujourd’hui. Au centre le

crucifix calciné (Cliché centre VC/NO)

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264

- L’église Saint-Julien est reconstruite et "délocalisée"

En principe, la reconstruction d’un bien doit s’effectuer « sur place » et à « l’identique ». Mais transfert, vente et échange sont possibles. Ainsi, de nombreux transferts

de créances ont permis la réalisation de nouvelles églises dans de nouveaux quartiers en formation. De ce fait, le clergé échappe au principe de la loi de 1905, qui

interdit le financement et l’aide de l’Etat pour la construction d’édifices cultuels. A Caen trois exemples illustrent ce propos : l’église Saint-Paul, financée grâce au

transfert de la créance de l’église Saint-Gilles ; l’église du Sacré-Cœur de la Guérinière, financée par suite du transfert de la créance de la chapelle Sainte-Paix et l'église

Saint-Julien classée monument historique, entièrement reconstruite mais ailleurs que sur son emplacement d’origine où les ruines de l’ancienne église sont

conservées.

À Saint-Julien de Caen, Henry Bernard choisit de réaliser un plan en mandorle et crée un espace liturgique capable d'accueillir un millier de fidèles. Au plan technique,

les murs extérieurs sont composés d’une série de quarante-quatre piles rayonnantes ou contreforts qui viennent recevoir l’immense voûte elliptique. Entre chacune

des piles verticales viennent se loger des panneaux préfabriqués en béton armé ajourés par quatre mille cinq cents dalles de verre coloré scellées dans les claustras.

Située rue des Carrières Saint-Julien, proche de l'Université et dans un quartier résidentiel, l'église reste assez méconnue des Caennais.

Des claustras préfabriqués entre les piles ont été insérés,

coulés sur le chantier / (Clichés gauche et centre VC/NO)

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265

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266 1963-2012 : principaux aménagements

Le port et la Société Métallurgique de Normandie, premiers pourvoyeurs d'emplois de l'agglomération, se relèvent difficilement du désastre de la guerre. La SMN ne

reprend – modestement - son activité qu'en 1950 ; les chantiers navals de Blainville et de Colombelles ferment vers 1953. Il faudra attendre 1959 pour assister à une

renaissance industrielle conséquente : c'est l'époque de l'implantation d'une usine automobile à Blainville ; de Radiotechnique , de Moulinex, de Citroën… toutes

installées à la périphérie immédiate de Caen. Ces nouvelles entreprises créent des milliers d'emplois. La SMN, quant à elle, emploie 5 500 ouvriers dans les années

1960. "Caen devenait une ville industrielle avec une triple orientation vers la sidérurgie, l'automobile et les constructions électroniques"57. Ce fort développement

suscite évidemment l'arrivée d'une main-d'œuvre ouvrière importante. De 1946 à 1962, la population fait un bond spectaculaire, de 50 000 à 90 000 habitants.

L'année 1963 est l'année officielle de la fin de la Reconstruction. D'importants travaux d'aménagement ont lieu après cette date, jusqu'aux années 1970. La ville entre

alors dans une période de modernisation de ses équipements ou de construction de nouvelles structures.

En 1952, la commune voisine de Venoix a été rattachée à Caen. En raison de l’existence d’une voie homonyme à Caen, l’ancienne rue Pasteur de Venoix a été

débaptisée pour prendre le nom de Joseph Philippon, dernier maire de Venoix. C’est à proximité qu’est construit en 1963, le Parc des Expositions pour accueillir la

nouvelle foire. En cette année 2013, celle-ci fête donc ses 50 ans et devrait être dotée prochainement de nouvelles structures.

- Guérinière, Grâce-de-Dieu : les suites de la Reconstruction, le début d'une nouvelle sociologie urbaine

Les quartiers de Caen édifiés dans les années 1960, la Guérinière58 et la Grâce-de-Dieu, ne sont pas à proprement parler des opérations "Reconstruction", ce sont de

nouveaux quartiers, qui s'implantent sur des territoires vierges et, pour celui de la Guérinière, extérieur au périmètre urbain d'avant-guerre. Néanmoins, leur

construction est en lien direct avec l'après-guerre : la forte croissance industrielle et agricole du bassin d'emploi fait considérablement évoluer la sociologie urbaine et

donc l'urbanisme : les nouveaux quartiers sont à la fois une réponse à la forte croissance démographique du territoire et à de nouveaux besoins matériels. Les quartiers

du centre, pour leur part, qui depuis les origines de la ville sont des lieux de mixité sociale, se sont métamorphosés : les nouveaux logements de la Reconstruction –

loués ou achetés – sont chers et désormais occupés par une classe moyenne faite de commerçants, de fonctionnaires et d'employés. Les nouveaux quartiers sont ceux

d'un monde ouvrier organisé, moderne et amateur, comme toute la société de ce temps, d'un confort de vie convenable et abordable. Les quartiers du Chemin-Vert et

de la Pierre-Heuzé, construits quelques années plus tard, répondront à la même logique. Tous ces quartiers font aujourd'hui l'objet d'une requalification urbaine.

57

Histoire de Caen. Edition Privat. P 295 et suivantes 58

L'histoire de la Guérinière est traitée dans le cahier patrimonial.

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267

- Le Musée des Beaux-Arts est reconstruit dans l’enceinte du château

Installé avec l’Hôtel de Ville et la bibliothèque municipale, dans l’ancien séminaire des Eudistes, le musée est détruit lors des bombardements de juin et juillet 1944.

540 tableaux (grands formats, collections du 19ème siècle et un grand nombre d’anonymes du 17ème siècle), les 400 dessins du cabinet des dessins, les meubles, les

objets d’art, les sculptures, les cadres, ainsi que les archives et les inventaires disparaissent… Les œuvres épargnées sont entreposées dans l’Hôtel d’Escoville lui-même

en ruines. Les collections sont inventoriées par Françoise Debaisieux : outre les œuvres de la collection Mancel, on dénombre 567 peintures en miniatures, des

céramiques et des porcelaines.

En 1963, on réfléchit à la réédification du musée et le projet de l’architecte Jean Merlet de le reconstruire dans l’enceinte du château est adopté, le 26 janvier 1967.

Jean Merlet a conçu un bâtiment résolument moderne et peu élevé dont les lignes horizontales épousent celles du rempart castral. Le nouveau musée est ouvert au

public, le 27 juin 1970 mais son inauguration n’a lieu que le 14 décembre 1970, suite au décès du sénateur-maire Jean-Marie Louvel survenu le 13 juin 1970. Françoise

Debaisieux, nommée conservatrice, mène alors une politique d’acquisition se concentrant sur les écoles françaises, italiennes et flamandes du 17ème siècle. Cette

politique est soutenue par les dépôts du Musée du Louvre. En 1982, le Musée des Beaux-Arts est promu « musée classé ». En 1994, le bâtiment est agrandi par

l’architecte Philippe Dubois et le nouveau conservateur étoffe la collection d’œuvres contemporaines. En 1995, le musée obtient le Grand Prix National des Musées

décerné par le Ministère de la Culture. Depuis 2007, le Musée des Beaux-Arts se trouve au centre du Parc des Sculptures aménagé dans l’enceinte du château.

Le Musée des Beaux-Arts, œuvre de Jean Merlet Extension de 1994 due à l’architecte Philippe Dubois

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268

- Modernisation des infrastructures, création de nouvelles voies

Sur le plan urbanistique, Caen poursuit sa croissance. De nouveaux quartiers ont vu le jour, l’industrie se développe, et particulièrement dans le domaine de la haute

technologie. Caen se veut une ville jeune, dynamique et fer de lance de la technologie moderne et de la recherche médicale.

En novembre 1965, le plan d’urbanisme directeur (PDU) de l’agglomération caennaise signé par le premier ministre Georges Pompidou prévoit la construction d’une

rocade péri-urbaine pour écouler le trafic. Amandé en 1966 afin d’intégrer au périphérique le prolongement de la future autoroute A13, de Mondeville au nord de

l’agglomération caennaise, le PDU requiert la construction d’un viaduc devant enjamber à la fois l’Orne et le canal… et de relier la capitale bas-normande à Paris via le

nouveau périphérique aménagé.

Le CHU et le Centre François Baclesse

Après l’Université et l’église Saint-Julien, le CHU est la troisième grande construction que l’on doive, sur Caen, à l’architecte Henry Bernard, également maître d'œuvre

de la Maison de la Radio à Paris et du bâtiment du Parlement européen, à Strasbourg. Bâti avenue de la Côte de Nacre, l’édifice en forme de H (vu du ciel) a demandé

un peu moins de cinq années de construction

La conception du viaduc de Calix est confiée au

SETRA (Service d'Etudes sur les Transports, les

Routes et leurs Aménagements) et sa construction,

à l’entreprise Coignet, de Mantes-la-Jolie. Les

travaux débutent le 13 septembre 1971 et

s’achèvent en 1974. L’ouvrage mesure 1 200 mètres

de longueur, possède 15 travées dont une de 156

mètres et deux de 113 mètres. Il s’élève à 38

mètres au-dessus du fleuve et du canal et possède

deux fois deux voies routières. Il permet de

traverser l'agglomération sur le trajet Paris-

Cherbourg et dessert de nombreuses zones

industrielles locales. Des milliers de véhicules

l'empruntent tous les jours.

Deux vues très différentes du viaduc : saturé, comme souvent ; poétique quelquefois. (Clichés Ouest-France et

OT/Guichard)

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269

Avec le développement du plateau hospitalier, c’est tout le nord de la ville qui se développe : quartiers du Calvaire Saint-Pierre, de la Pierre-Heuzé, de la Folie-

Couvrechef… La municipalité lance également un nouveau programme urbanistique en centre-ville, entre le quartier de la Préfecture et la Prairie

Un outil scientifique révolutionnaire : le GANIL

La cité Gardin et les nouveaux équipements de l’avenue Albert Sorel

Le CHU rejoint sur le plateau hospitalier le nouveau Centre Anticancéreux François Baclesse,

inauguré en 1973, en présence notamment de Simone Veil, alors ministre de la santé.

Le Centre Anticancéreux de Caen (CAC) a été créé, le 5 septembre 1925. Il s’agit d’un service

spécialisé du Centre hospitalier régional de Caen, installé, à l’origine, dans le pavillon 2 du CHR

(Hôpital Clémenceau).

Considéré – avec raison – comme un des hôpitaux les plus modernes de France à sa création, le

CHU a vieilli. Les matériaux utilisés – et notamment l'amiante - sont désormais proscrits. Il sera

reconstruit sur les terrains voisins dans les vingt prochaines années.

Le GANIL (Grand Accélérateur National d'Ions Lourds) a été créé à la fin des années 1970 par deux organismes de recherche associés, à parts égales, pour sa construction et son fonctionnement : le CEA/DSM et le CNRS/IN2P3. Sa forme juridique est celle d’un Groupement d’Intérêt Economique.

La Région Basse-Normandie a soutenu le projet en apportant une contribution appréciable au financement de la réalisation. La décision de construction a été prise en août 1975 et la première expérience réalisée en janvier 1983. Depuis l’origine, le GANIL participe activement à des projets européens qui l’amènent à collaborer avec nombre de laboratoires de l’Union Européenne et au-delà. Le GANIL est l’un des quatre grands laboratoires au monde pour la recherche avec des faisceaux d’ions.

Les domaines d’expérimentation s’étalent de la radiothérapie à la physique de l’atome et de son noyau, de la matière condensée à l’astrophysique. En physique nucléaire, le GANIL a permis de nombreuses découvertes sur la structure du noyau de l’atome, sur ses propriétés thermiques et mécaniques, et sur les noyaux que l’on dit exotiques, car n’existant pas à l’état naturel sur Terre. Cet équipement majeur, situé au cœur du Plateau Nord de la ville, inaugure l'implantation à Caen de nombreux établissements de recherche à vocation internationale.

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270 La cité Gardin

Resté très longtemps une zone « tampon » entre le centre historique et la Prairie, le quartier tient son nom d’un dénommé Gardin, qui fin 19ème, début 20ème siècle,

y développe une importante activité de bateaux, lavoirs et séchoirs. A sa mort en 1816, ses propriétés démantelées et loties se couvrent de constructions. La famille

Hamelin y installe, en 1864, les premières papeteries et sa propriété privée. En 1914, un plan de lotissement ouvre le site aux activités en traçant de nouvelles rues : la

cité Gardin se met en place. Quelques très belles maisons bourgeoises – Promenade du Fort notamment – voisineront alors longtemps avec d'improbables bâtiments

artisanaux.

Des travaux importants dans l’environnement de la cité Gardin, après la Seconde Guerre mondiale, modifient considérablement cette zone : création en 1946 du

boulevard Yves Guillou, construction en 1951 du Centre Administratif Départemental (services de la Préfecture) et de l’Hôtel des Finances. Des équipements publics

s’installent successivement aux abords du site. Parmi les plus récents : le stade nautique et la patinoire, le centre des congrès, la bibliothèque municipale, le

Conservatoire National de Région…

Parallèlement, le tissu de la cité artisanale offre un ensemble de bâtiments, sans grande valeur architecturale et très hétéroclites, sur un site de plus en plus intégré au

centre-ville. Dès 1974, la Ville procède, dans les documents d’urbanisme, à un nouveau zonage en vue d’une restructuration du site par changement de destination.

L'Etat prépare la maîtrise foncière en acquérant des terrains. La Ville engage à partir de 1988 une réflexion sur les conditions de cette reconquête et désigne, en 1989,

Adrien Fainsilber comme architecte urbaniste conseil de l'opération, assisté de Sylvain Mersier. En 1992, la Zone d'Aménagement Concerté est créée afin d'apporter,

dans ce nouveau quartier, une mixité entre les logements collectifs (secteurs privé et social), les équipements et les activités de natures diverses (publiques et

privées).La ZAC Gardin est née. Son périmètre opérationnel s’étend sur 5,8 hectares. L'aménagement de la Cité Gardin prendra beaucoup de temps : les immeubles de

logement s'élèvent lentement et le quartier est aujourd'hui en phase de fin de travaux.

Le nouveau Palais de Justice, construit à la pointe de la Cité Gardin, est le premier grand monument élevé dans ce quartier. Les services judiciaires s'y installent en

1997. Son architecture crée la polémique : longtemps isolé au milieu d'une zone en devenir, il semble incongru. Il est aujourd'hui intégré dans un bâti qui lui répond et

Stade Nautique Patinoire Centre des Congrès Bibliothèque

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271 dans un paysage urbain devenu très "tendance". Aujourd'hui, 1 500 habitants ont choisi d'y résider. La Cité Gardin compte 18 % de logements sociaux gérés par Caen

Habitat, bailleur social. Une crèche et un foyer pour personnes âgées y sont également aménagés.

- Un équipement culturel majeur : Le Mémorial de Caen

Cité Gardin : le Palais de Justice L’entrée boulevard Bertrand. Cohabitations des architectures. Nouveaux immeubles

"Non Violence " – Don de l’artiste suédois Carl Fredrik

Reuterswärd. Œuvre présentée devant la façade du

Mémorial

Successeur de Jean-Marie Louvel depuis 1970, Jean-Marie Girault, est l’initiateur de ce qui allait devenir l’une

des plus grosses structures touristiques de Normandie, le Mémorial de Caen. Marqué par les événements de juin

et juillet 1944, Jean-Marie Girault a, dès 1969, l’idée de fonder un musée dédié à l’histoire du 20ème siècle et

plus particulièrement, à celle de la Seconde Guerre mondiale, du Débarquement du 6 juin 1944 et de la Bataille

de Normandie.

Ce musée dévolu à la paix est aussi élevé à la mémoire des victimes civiles des bombardements ou des exactions

de l’ennemi ; à la mémoire des déportés, des résistants, des soldats qui donnèrent leurs vies pour la liberté. Ce

« musée pour la paix » conçu par l’architecte Jacques Millet aidé du muséographe Yves Devraine est construit

sur un ancien site d’extraction de pierre de Caen, qui servit de poste de commandement à la 716ème division

d’infanterie allemande pendant la Bataille de Normandie. La première pierre de l’édifice est posée le 10

septembre 1986, par Jacques Chirac, alors premier ministre. Le Mémorial est inauguré deux années plus tard par

le président François Mitterrand. Le site est agrandi en 2002 avec la construction d’une aile consacrée à la

Guerre Froide. En 2007, il accueille 400 000 visiteurs. En 2009-2010, le Mémorial restructure ses espaces et

parcours de visite et rajoute une exposition permanente intitulée « Tâches d’Opinion » montrant l’actualité du

monde à travers le dessin de presse.

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272 Le Zénith, conçu par les architectes Claude Renouf et Jacques Millet, est inauguré le 19 juin 1993.

Le stade Michel d’Ornano est la plus grosse structure sportive de la ville. Construit par le cabinet d’architecture LND, à partir de mars 1991, il est inauguré, le 6 juin

1993, par le premier ministre Edouard Balladur. Dès juillet 1993, il prend la suite du stade vélodrome de Venoix, pour les matchs de l’équipe professionnelle de

football, le Stade Malherbe de Caen. Il porte le nom de Michel d’Ornano, président du Conseil général du Calvados, décédé le 8 mars 1991, juste avant le lancement

des travaux.

1993 : la fermeture définitive de la plus grosse usine du bassin d'emploi, la SMN, annonce le déclin d'une activité économique périphérique essentiellement industrielle

depuis le début du siècle. La diminution progressive des activités portuaires, intimement liées aux activités métallurgiques, suit naturellement. Les sites d'exploitation

se vident progressivement, deviennent des friches. Il faut inventer une nouvelle économie. On parlera d'économie urbaine résidentielle.

Les années 2000 voient naître le nouveau quartier de Beaulieu, situé sur les anciennes carrières de la Maladrerie. La Pointe de la Presqu'Ile est dotée de deux

équipements culturels qui inaugurent sa reconversion : le Cargö et l'Ecole Supérieure des Arts et Métiers, l'ésam.

Aujourd'hui, le territoire urbain est un peu délaissé par la population, au profit des communes périphériques. Ce phénomène, partagé par toutes les grandes villes

nécessite de mettre en œuvre de nouveaux outils, pour renforcer l'attractivité urbaine. Il s'agit de construire la ville de demain. C'est le propos du projet urbanistique

"Caen Demain" élaboré par la Municipalité en 2010.

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273

C : LA POLITIQUE DE LA COLLECTIVITE

C1. Une politique d'urbanisme à long terme

C1 1. Le projet de la ville : Caen en 2030 Adopté en septembre 2009 par délibération municipale, le Projet de Ville "Caen prend les devants, 2030 se construit aujourd’hui" pose les fondements de la politique urbaine de la Ville. Il s'agit de fonder un véritable projet de territoire.

« Parce que la ville est un lieu de vie et de lien social, réussir la ville, c’est répondre aux aspirations de ses habitants : qualité du cadre de vie, diversité de l’offre de logements, richesse des équipements publics, abondance des événements fédérateurs en matière de loisirs, de culture, de sport…

Parce que la ville est un lieu de production et d'échanges, réussir la ville, c’est aussi renforcer le nombre et la nature des emplois proposés, le système d’enseignement et de formation supérieure, l’efficacité du système de transport.

En même temps, la ville a besoin de marqueurs, de signaux emblématiques qui attirent les regards et affirment sa présence.

Caen doit devenir une ville qui séduise et attire, mais aussi une ville pour ses habitants, respectueuse de ce que les Caennais aiment en elle. »

Caen vu de la Presqu'Ile : un paysage urbain très diversifié, avec les clochers de la vieille ville comme autant de points d'ancrage, le bâti de la Reconstruction, les installations industrielles de la Presqu'Ile

au premier plan…

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274 Les grands axes de la politique urbaine sont définis :

- Regagner une population qui, progressivement, s'est déplacée vers la périphérie.

Les logements disponibles sont insuffisants ;

Se loger à Caen coûte cher ;

La Ville œuvre pour une montée en puissance des logements urbains (objectif : 750 nouveaux logements par an) et un pourcentage de 30 % de logements locatifs sociaux ; elle souhaite aussi faciliter l'accession à la propriété. Il s'agit d'imaginer une ville accueillante pour les familles, garante de la mixité sociale.

- Redevenir pleinement ville-centre et développer des services de grande qualité, moteurs de l’envie de ville Le seul dynamisme économique ne suffit pas : pour être pleinement attractive, la ville doit rassembler des ressources et des équipements de haut niveau : l'Université et les établissements d'enseignement supérieur, bien sûr, mais aussi des équipements culturels. La Bibliothèque Multimédia à Vocation Régionale, qui va être implantée sur la pointe de la Presqu'Ile, répond à cette problématique et complète une offre déjà très fournie et accessible à tous les publics. L'aménagement des transports urbains et la politique tarifaire seront des éléments tangibles d'accessibilité culturelle, éducative et sportive. A ces équipements ouverts au grand public, la Ville ajoute des équipements dévolus aux enfants et aux séniors : crèches et garderies pour les uns, résidences pour les seconds.

- Créer un sentiment d'urbanité

La ville moderne a créé des quartiers très identitaires, mais qui ne communiquent pas suffisamment entre eux.

L'objectif est de "recoudre" la ville, en créant des liaisons douces entre ces quartiers, en améliorant les transports inter-quartiers, en ponctuant la ville de repères forts, en marquant les entrées de ville. Cette restructuration passe aussi par la création de pôles de vie dans les quartiers, l'amélioration des voies d'accès au centre, la requalification de l'habitat ancien, la rénovation de l'habitat de la Reconstruction.

- Redessiner la ville La multiplication, après-guerre, de l'habitat pavillonnaire a été très consommateur d'espaces. Aujourd'hui, il faut densifier à nouveau le territoire urbain et, notamment, privilégier la construction de logements collectifs, en veillant à ce qu'ils soient conçus à taille humaine et offrent des espaces privatifs synonymes de qualité de vie, comme des terrasses, des patios, de petits jardins. Des espaces publics seront créés pour renforcer l'aménité et développer la mixité sociale. Cette notion de densité réfléchie donne son sens à la Ville.

- Créer des pôles forts et exemplaires : Presqu'Ile59, Plateau Nord

59

Le projet sera porté par la SPLA : Société Publique d'Aménagement dont les membres principaux sont les villes de Caen, Mondeville et Hérouville Saint-Clair.

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275

Presqu'Ile et Plateau Nord : des secteurs–clés pour l'avenir :

L'emprise du projet Presqu'Ile est un vaste territoire en bordure du centre ancien et du

port, qui s’étend de la Demi-Lune sur la rive droite de l'Orne à la route de Ouistreham rive

gauche, avec en son cœur la Presqu'Ile devenue friche industrielle.

L'aire inclut deux entrées de ville : au nord le boulevard Clemenceau qui est aussi la "route

des anglais" qui débarquent à Ouistreham ; au sud – rive droite – le cours Montalivet

emprunté par les voyageurs qui sortent de l'autoroute Paris-Cherbourg.

Soit environ 300 hectares à remodeler entièrement.

Actuellement, l'essentiel des terrains est occupé par des zones industrielles (SNCF entre la

rue d'Auge et l'Orne), des zones en friche (Presqu'Ile) et des zones d'habitat très disparates

et peu denses au nord du canal. Les possibilités foncières sont très importantes et

l'ensemble de la zone offre de réelles opportunités en termes de développement urbain.

Cette transformation radicale du site, qui devra accueillir des logements, de grands

équipements comme la BMVR, des activités économiques liées au nautisme et des espaces

de loisirs, se fera en prenant en compte son identité et son passé portuaire.

Le projet Presqu'Ile est très ambitieux et marquera fortement l'identité de "Caen 2030".

Le Plateau Nord rassemble l'essentiel de l'activité tertiaire caennaise, c'est le premier pôle

d'emploi de l'agglomération. Mais c'est aujourd'hui un quartier excentré et sans cohérence

urbanistique : il s'agit d'en faire une vitrine en matière d'innovation et de recherche, de

l'ouvrir sur la ville et de créer une plus forte mixité des fonctions. Le projet prévoit

notamment une restructuration complète du pôle de santé régional, avec un

regroupement sur le site du Centre Hospitalier Universitaire, du Centre Baclesse et des

établissements d'enseignement médical et paramédical.

Le Campus 1, et sa position exceptionnelle proche du centre, est un lien fort entre le

Plateau Nord et la ville.

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276 Trois projets structurants sont définis à court terme :

- Les Rives de l'Orne : cette restructuration des espaces libérés par la SNCF a démarré quelques années plus tôt. Ce sera un quartier polyfonctionnel, avec des logements, des commerces, des services. Il fera le lien entre la gare et le centre-ville actuel.

- Clemenceau-Clos-Joli : un remodelage complet du boulevard Clemenceau, qui conduit à la route de Ouistreham, est programmé dans le cadre de la requalification des entrées de ville et des quartiers les plus excentrés.

- La Pointe de la Presqu'Ile. La requalification des autres secteurs de la Presqu'Ile relève d'une programmation et d'un projet urbain d'ensemble, phasés dans le temps et mis en œuvre dans le cadre d'opérations publiques d'aménagement.

- Renforcer la trame verte, dévoiler la trame bleue

Le projet de ville s'inscrit dans le projet "Agenda 21" et les préconisations du SCoT. La Ville veut s'investir pour préserver et renforcer l’environnement naturel de Caen : les parcs, les arbres, les espaces publics, les squares et jardins…tout un ensemble vert qui est l'un des facteurs identitaires de la ville. De nombreux projets sont amorcés, et notamment le réaménagement de la Prairie, depuis les limites de Louvigny, dès 2013 ; l'ouverture de certains lieux privés au public ; la création de jardins partagés ; l'aménagement des berges de l'Orne en promenades. Dans son projet, La Ville prévoit La mise en place d'une Aire de Valorisation de l'Architecture et du Patrimoine, - AVAP - pour acter ces décisions de protection et de valorisation paysagère.

Le schéma ci-contre, établi par la SPLA, permet de mesurer l'emprise du projet :

La pointe de la Presqu'Ile est le secteur le plus proche du centre-ville : elle se

situe entre le Bassin Saint-Pierre et le petit canal Victor Hugo qui traverse le site

du nord au sud. C'est ce premier secteur qui est traité. Les autres secteurs de la

Presqu'Ile, entre le canal et l'Orne, à droite du canal Victor Hugo et jusqu'au

périphérique Est, le seront progressivement, en fonction d'un programme

d'aménagement à construire.

Le secteur Clemenceau-Clos-Joli s'inscrit au nord, le long du boulevard

Clemenceau.

Le secteur des Rives de l'Orne est situé à l'angle sud du Bassin Saint-Pierre, en

bord de fleuve.

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277 C1 2. Les outils juridiques au service du projet de ville : Le Plan Local d'Urbanisme

Le projet de ville "Caen prend les devants" n'est pas un document opérationnel mais une vision politique du Caen de demain. Le PLU va permettre à la commune de mettre en œuvre cette vision. Il est amené à remplacer le POS. Il se construit à partir du Projet d'Aménagement et de Développement Durable – le PADD- qui définit les orientations générales d'aménagement et d'urbanisme, en s'appuyant sur les grandes orientations du Projet de Ville "Caen 2030". Le PLU doit également être compatible avec plusieurs documents d'urbanisme supra-communaux, que sont :

- la Directive Territoriale d'Aménagement, ou DTA, qui exprime les enjeux de l'Etat sur le territoire, en l'occurrence l'Estuaire de la Seine.

La DTA fixe les orientations fondamentales de l'Etat qui permettent

d'équilibrer le développement, la protection et la mise en valeur des

territoires. Celle de l'Estuaire de la Seine fixe ces orientations selon 4 pôles :

- les espaces stratégiques,

- les espaces naturels et paysagers,

- l'armature urbaine et l'aménagement,

- le littoral et l'application de la Loi Littoral.

Pour ce territoire, les objectifs sont de favoriser la vocation internationale de

la région, en confortant les fonctions portuaires et logistiques de proximité,

en favorisant les activités maritimes et en organisant les structures

d'accompagnement.

Ils prennent également en compte la valorisation des milieux naturels et

ruraux, le littoral, le patrimoine rural et les paysages.

Enfin, ils aident à la construction de l'ensemble métropolitain

Caen/Rouen/Le Havre, par une maîtrise de l'étalement urbain et un

développement équilibré de chaque côté de l'estuaire.

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278

- Le Schéma Directeur d'Aménagement et de Gestion des Eaux, ou SDAGE, pour la gestion de la ressource en eau du Bassin de Seine et des cours d'eau côtiers normands. Les orientations majeures de ce dispositif sont de diminuer les pollutions, de protéger les captages d'eau, de protéger les milieux humides naturels et de limiter ou prévenir les risques d'inondation. Le SDAGE est complété, à une plus petite échelle territoriale, par le SAGE Orne aval Seulles, qui intègre les 700 km carrés du bassin de l'Orne entre le Pont du Coudray, en amont, et Ouistreham, en aval.

- Le Schéma de Cohérence Territoriale, ou SCoT, approuvé le 20 octobre 2011, définit les orientations stratégiques du territoire formé par Caen et les 143 communes du syndicat mixte CAEN-METROPOLE. Pour assurer un rôle actif dans l'armature urbaine du nord-ouest européen et structurer le grand nord-ouest français, le SCoT donne trois orientations majeures : - Assurer une réelle compétitivité économique, - mettre l'éco-responsabilité au cœur du projet, - fonder l'attractivité et la cohésion sociale sur l'hospitalité urbaine et la qualité de la vie. Les notions de déplacements alternatifs à l'automobile, d'ambition architecturale et urbanistique, de connexions facilitées avec les territoires européens, de mobilité durable et de protection de l'environnement sont les axes majeurs des préconisations du SCoT. Le projet "Caen en 2030" et les outils mis en place pour réaliser ce projet sont étroitement liés à ces directives.

- Le Programme Local de l'Habitat, ou PLH, a été mis en place pour la période 2010-2015 pour l'agglomération Caen-la-Mer. Sur ce même territoire, le Plan des Déplacements Urbains – ou PDU – est un outil pour la politique de développement durable. Les grands axes du PLH : - Relancer la construction de logements, avec 1 400 nouveaux logements chaque année, - Répondre à la diversité des besoins, - Développer des formes d'habitat économes, en foncier et en énergie, - Améliorer l'existant. L'objectif du PLH est de réduire des 2/3 le déficit migratoire dans l'agglomération. Le PDU définit un programme d'actions pour favoriser les déplacements avec les transports en commun, assurer la sécurité des déplacements, mutualiser des services, organiser les stationnements, gérer les transports de marchandises.

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279 2009-2013 : l'élaboration du PLU

Les principaux objectifs sont annoncés :

* Prendre en compte les orientations stratégiques de la Ville, figurant dans le Projet de Ville et adopter les dispositions propres à l'Agenda 21, * Intégrer les orientations supra-communales évoquées plus haut, * Respecter et appliquer les principes de la Loi SRU du 13 décembre 2000, sur l'aménagement urbain durable et le droit au logement pour tous.

-Le phasage :

Le diagnostic et l'état initial de l'environnement sont rédigés par la

Ville en 2009 et 2010. Six cahiers thématiques présentent le diagnostic

au regard des enjeux du Projet de Ville.

Le PLU s'appuie sur le Projet d’aménagement et de développement

durable (PADD), un véritable guide pour le développement territorial

de Caen.

Le PADD a fait l’objet d’une large concertation avec les habitants et les

conseillers de quartiers jusqu'au au printemps 2011, où il a été

débattu en Conseil municipal. En février 2012, la Ville édite le PADD

sous la forme de deux documents à disposition du public, afin que le

plus grand nombre de Caennais puisse consulter les grandes

orientations du projet urbain.

Le zonage et le règlement du PLU établissent de nouvelles règles qui

permettront d’instruire les futures autorisations de construire à Caen,

parcelle par parcelle. Ils sont la traduction juridique des orientations

exposées dans le PADD. C'est grâce à ce règlement que le projet

urbain pourra prendre forme sur le territoire.

Huit zones sont projetées en fonction de leur vocation présente et

future (centre-ville et espaces centraux de quartiers, secteurs

résidentiels proches du centre, quartiers pavillonnaires, grands

ensembles d’habitat majoritairement social, secteurs d’activités

économiques, équipements à vocation régionale, espaces de projets,

espaces naturels).

Le 28 janvier 2013, le PLU est approuvé par le Conseil municipal.

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280 Les orientations d’aménagement et de programmation – OAP - concernent de nombreux espaces de la ville, essentiellement sur les sites de développement ou de renouvellement urbain de la zone UP.

Cette zone regroupe les sites sur lesquels des projets urbains doivent être menés pour organiser leur mutation vers un nouveau tissu urbain. Il s’agit d’une nouvelle zone qui n’existe pas dans le POS. On passe ainsi d'un POS de "gestion" à un PLU de "projet".

- Les sites de projets :

Les secteurs de projets concernés par les orientations d’aménagement ont vocation à contribuer à l’augmentation nécessaire du parc de logements sur la ville et à atteindre les objectifs en matière de mixité sociale dans l’habitat. La production de logements dans certains de ces secteurs doit comporter, à minima, un quota de logements sociaux.

D’autres secteurs, qui ne sont pas classés en zone de projet UP

font cependant l’objet d’OAP.

C'est le cas du secteur de Lorge qui correspond à l’ancienne

caserne du quartier Lorge, situé au sud de la rue Neuve-Bourg-

l’Abbé et classé en zone UA.

Deux secteurs d’aménagement sont particuliers et expriment

les conditions de réalisation de projets :

- Le secteur de la «Reconstruction» qui correspond à l’ensemble

des cœurs d’îlot du secteur UAc de la zone UA, situé entre le

château et la gare ; il présente, sous forme de principes les

conditions de densification et de construction des cœurs d’îlot

- Le secteur «Emergences» qui s’applique à l’ensemble des sites

de constructions émergentes par leur grande hauteur au regard

des constructions avoisinantes, existantes ou futures.

Le Projet Presqu'Ile dans sa globalité est en cours d'élaboration ;

c'est pourquoi le secteur d'aménagement du PLU se limite, pour

le moment, à la Pointe de la Presqu'Ile, délimité par le Bassin

Saint-Pierre, l'Orne, le Canal et le canal secondaire Victor Hugo

(9 sur la carte).

1 - Secteur Plateau Nord-Côte

de Nacre

2 - Secteur Institut Lemonnier

3 - Secteur Clémenceau

4 - Secteur Tourville Est

5 - Secteur Detolle-Pompidou-

Beaulieu

6 - Secteur de Lorge

7 - Secteur de la caserne Martin

8 - Secteur de la reconstruction

9 - Secteur de la pointe de la

Presqu’île

10 - Secteur de Montalivet

11 - Secteur Rethel

12 - Secteur Guillaume de

Normandie

13 - Secteur Grâce de Dieu

14 - Secteur de la Charité

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281 L'Aire de Valorisation de l'Architecture et du Patrimoine – AVAP -.un nouvel outil de protection pour l'architecture, le patrimoine et le paysage :

Pourquoi cette mise en œuvre à Caen ?

- Pour une ville d'art et d'histoire

La démarche de création de l'AVAP, lancée en 2011, s'inscrit pleinement dans celle d'une labellisation "Ville d'Art et d'Histoire" engagée concomitamment par la Ville.

Les deux procédures sont régulièrement menées de pair par les collectivités qui choisissent de valoriser leur patrimoine.

Sur le territoire de Caen, plusieurs servitudes de protection liées au patrimoine culturel se superposent : abords de monuments historiques, sites classés et sites

inscrits. Cependant, les protections existantes ne prennent pas en compte le patrimoine contemporain, pourtant significatif, de la ville.

L'objectif est donc double pour la collectivité : simplifier les protections existantes d'une part, proposer une évolution de celles-ci d'autre part, au service d'une

identité plus forte et d'une image plus lisible de la ville.

- Pour simplifier les protections existantes

Les servitudes de protection liées au patrimoine culturel relèvent de deux législations, celle des monuments historiques et celle des sites, qui se superposent sur le

territoire communal.

Au titre code de l'environnement on compte 11 sites classés, 2 sites inscrits, le Centre ancien et la Prairie, qui couvrent plus de 250 hectares.

Au titre du code du patrimoine on dénombre 81 monuments historiques.

Le chevauchement des protections crée des situations complexes d'un point de vue juridique, parfois difficilement compréhensibles par le public.

- Pour faire évoluer les protections patrimoniales

La notion de patrimoine évolue et intègre désormais les immeubles des 19ème et 20ème siècles. A ce titre, des entités architecturales ont récemment été reconnues par

les Monuments Historiques : la Villa Baumier fin 19ème siècle, la Cité des Rosiers, début 20ème siècle, le Château d'eau de la Guérinière et l' Université (Campus I) bâtis

tous les deux dans le cadre de la Reconstruction de Caen.

Par son histoire récente, Caen est riche de patrimoine contemporain, notamment de la Reconstruction, qui constitue une part importante de son identité et de son

paysage. La notion de patrimoine s'élargit donc à la fois dans le temps (jusqu'au 20ème siècle) et dans l'espace (au-delà du centre-ville). De ce point de vue, les

quartiers de la Reconstruction doivent être protégés pour leurs qualités propres et pas seulement parce qu'ils constituent les abords d'un monument historique :

c'est le cas notamment de l'Ile Saint-Jean.

Enfin, plus que l'immeuble qui bénéficie de la protection, c'est l'ensemble urbain dont il fait partie qui est remarquable et dont les caractéristiques urbaines et

paysagères contemporaines méritent d'être préservées.

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282

- Les enjeux patrimoniaux

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283 Les enjeux patrimoniaux à prendre en compte dans le projet d'AVAP sont ceux que l'on peut identifier au regard des protections existantes d'une part (patrimoine

architectural et paysage) et ceux qui relèvent du patrimoine urbain du 20ème siècle, notamment de la Reconstruction, d'autre part.

L'enjeu centre ancien

Il s'agit du secteur globalement épargné par les bombardements qui s'étend d'ouest en est, de l'abbaye aux Hommes à l'abbaye aux Dames, en y intégrant les

extensions de la ville au 19ème et début 20ème siècle, ces quartiers n'étant pas compris dans le périmètre actuel du site inscrit du centre ancien.

L'enjeu paysager

La façade urbaine en limite de la Prairie, espace naturel emblématique de Caen, le relief des coteaux de l'Orne, où ont pris place des monuments majeurs de la ville,

château et Abbaye-aux-Dames rive gauche, Saint-Michel de Vaucelles rive droite et enfin le fleuve lui-même.

L'enjeu Reconstruction

Il correspond au grand axe nord sud dessiné par Brillaud de Laujardière, depuis la gare jusqu'à l'université d'Henry Bernard (protégée au titre des Monuments

Historiques depuis 2012) en passant par le château.

Le périmètre d'étude AVAP idéal intègre ces trois enjeux et un quatrième, d'ordre environnemental, sur l'ensemble des zones.

- Mise en œuvre de l'AVAP

Dans la logique de réflexion générale que mène la Ville sur le devenir urbanistique de Caen, c'est le Projet de Ville "Caen demain" puis le PLU qui se devaient d'être

réalisés en amont de l'étude d'AVAP : de fait, celle-ci vient enrichir et préciser le projet urbain défini par la Ville. Le PLU s'achevant – avec une approbation prévue

avant la fin de 2013 -, l'étude sera lancée très prochainement.

Les deux outils complémentaires que sont le PLU et l'AVAP sont stratégiquement liés depuis le début des travaux sur le PLU : au sein même du Projet d'Aménagement

et de Développement Durable60 – le PADD-, le projet de mise en place de l'AVAP est clairement formulé et les esquisses de contours y sont précisées.

De plus, le PLU intègre d'ores et déjà une démarche patrimoniale au sein de son règlement, en créant sur certains secteurs de la ville un nouveau zonage, les

"ensembles homogènes et identitaires", avec pour objectif, la mise en lumière et la préservation du patrimoine bâti du 20ème siècle, notamment celui de la

Reconstruction.

60 Le Projet d’Aménagement et de Développement Durable est une pièce maîtresse du Plan local d’urbanisme (PLU) de la Ville de Caen. Il s’appuie sur le projet de ville "Caen 2030" et le Diagnostic et Etat

initial de l’environnement. Le PADD a fait l’objet d’une large concertation avec les habitants et les conseillers de quartiers au printemps 2011 et a été débattu au sein du Conseil municipal de mai 2011. Il

précède le Plan de zonage et l’élaboration règlementaire qui fixeront les traductions juridiques et les références qui permettront d’instruire les futures autorisations de construire à Caen.

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284 Une fois approuvée par le Conseil Municipal, l'AVAP constituera une servitude règlementaire du PLU, dont les dispositions et, particulièrement, le règlement

s'imposeront à celui-ci et donc aux habitants.

La mise à l'étude de la création ou de la révision de l'Aire de mise en Valeur de l'Architecture et du Patrimoine a été décidée par délibération du Conseil Municipal, le 6

février 2011.

La délibération mentionne les modalités de la concertation prévue à l'article L.300-2 du code de l'urbanisme. Ainsi, la Ville organisera la concertation avec la

population, durant toute la procédure de création de l'AVAP et la consultera aux différentes étapes clés de celle-ci.

Le dossier de l'AVAP sera constitué de trois documents :

* Un rapport de présentation, qui présente les objectifs de la démarche – préservation patrimoniale et développement durable – de manière argumentée et justifiée

au regard du diagnostic architectural, patrimonial et environnemental dont il reprend la synthèse et qui lui est annexé.

Ce diagnostic, livré intégralement dans le dossier, comprend deux parties :

La première est relative au patrimoine architectural, urbain, paysager, historique et archéologique. Il analyse la géomorphologie, la structure paysagère, l'évolution et

l'état du bâti et des espaces de l'Aire de Valorisation. Il prend en compte l'histoire et les logiques d'insertion dans cette aire des implantations urbaines et des

constructions, la morphologie urbaine, les modes d'utilisation successifs des espaces et des sols. Il met en lumière la qualité architecturale des bâtiments et

l'organisation des espaces.

La seconde partie du diagnostic est relative à l'environnement et reprend, ou complète, autant que nécessaire, l'analyse environnementale du PLU. Elle comprend

notamment une analyse de la capacité - esthétique et paysagère - des tissus bâtis et des espaces à recevoir des installations pour l'exploitation des énergies

renouvelable, ainsi qu’une analyse de l'implantation des constructions, des modes de construction et des matériaux utilisés, qui permettent de déterminer des

objectifs d'économies d'énergie.

* Le second document du dossier de l'AVAP est le règlement, qui comprend les prescriptions relatives à l'insertion des projets et à la mise en valeur des patrimoines.

* Le troisième document est constitué des documents graphiques, qui localisent notamment les prescriptions du règlement.

L'AVAP développera également une synergie avec l'Opération d'Amélioration de l'Habitat – OPAH-, instituée par la Ville dans le cadre des économies d'énergie, une

thématique spécifiquement dédiée au patrimoine de la Reconstruction, dont les performances énergétiques sont très faibles actuellement.

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285 Les préconisations de l'AVAP pour la mise en valeur de ce patrimoine devront accompagner et faciliter les travaux d'amélioration thermique menés par les habitants,

tout en préservant les caractéristiques architecturales et esthétiques remarquables du bâti concerné.

Ensemble, l'AVAP et l'OPAH permettront aux habitants d'améliorer leur cadre de vie, le confort de leurs habitations et leurs qualités esthétiques.

Le cahier des charges, élaboré avec l'Architecte des Bâtiments de France, est en cours de finalisation. Il reprend les enjeux évoqués précédemment dans ce dossier,

dans le respect du développement durable du territoire.

Un bureau d'études, auquel appartiendra notamment un architecte du patrimoine, sera retenu après la consultation, en cours de lancement. L'étude de ce

prestataire s'enrichira de tous les travaux réalisés en amont du PLU, de l'OPAH et des travaux réalisés dans le cadre du dossier de candidature à la labellisation "Ville

d'Art et d'Histoire" et notamment l'inventaire patrimonial, qui y est présenté.

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286 Le règlement local de publicité

- Le contexte :

Le 20 septembre 1984, un premier règlement local de publicités, enseignes et pré-enseignes a été approuvé pour Caen, l'une des premières villes à s'en être dotée. Le

règlement définissait trois zones de publicité restreinte, les autres zones restant soumises à la législation nationale.

Le 16 novembre 2010, le Tribunal Administratif annulait la délibération de septembre 1984, en raison d'un vice de forme dans la composition du groupe de travail à la

Préfecture.

Par délibération du 25 juin 2012, le Conseil Municipal a décidé de prescrire un nouveau RLP sur l'ensemble du territoire communal. Cette démarche a commencé avec

l'élaboration d'un diagnostic dans les mois suivant la délibération.

Le RLP sera approuvé à la fin de 2013 et annexé au PLU.

- Le diagnostic :

Depuis la décision du Tribunal Administratif d'annuler le RLP en cours, 34 nouvelles enseignes publicitaires se sont implantées à Caen, ce qui porte à 377 le nombre de

dispositifs publicitaires sur les propriétés privées de la ville et 646 sur le domaine public. Cette publicité est particulièrement concentrée aux carrefours et s'intègre

parfois difficilement dans l'environnement, faute, par exemple, d'interdictions sur les espaces verts. Aucune typologie particulière n'est prescrite et le mobilier urbain

est très diversifié. Les petites enseignes se sont multipliées et le nombre des enseignes lumineuses augmente.

- Les objectifs et les orientations du RLP :

Concernant la publicité, le nouveau règlement s'attachera à diminuer les espaces publicitaires dans certaines zones. Il veillera aussi à assurer une meilleure intégration

de la publicité dans la ville et à encadrer de nouveaux dispositifs, comme les enseignes lumineuses ou la vitrophanie.

Les enseignes commerciales seront soumises à la même exigence de traitement, sur toute la ville. Le règlement en limitera le nombre par façade, limitera les saillies

(par rapport à l'alignement des façades) et veillera au contrôle des conditions d'éclairage.

Un règlement différent selon les zones urbaines est à l'étude, qui permettrait d'éviter "une ville à deux vitesses" (pour une meilleure harmonisation entre le centre-ville

et les quartiers plus excentrés).

L'application du règlement, quand il sera adopté – fin 2013 ou début 2014 – permettra à la ville de procéder à des autorisations ou mises en conformité de l'existant.

Son application nécessitera probablement de mettre en place des moyens de contrôle efficients.

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287 C1 3. 2013 : la concrétisation du projet de ville, les réalisations

En 2009, la Ville a anticipé la mise en place du PLU en procédant à plusieurs révisions du POS encore en cours ; ces révisions ont permis d'engager plusieurs chantiers,

et notamment ceux des Rives de l’Orne, du Clos-Joli et du secteur Guillaume de Normandie, à La Guérinière. Ces opérations permettent la création de plusieurs

centaines de logements, dont une partie importante dévolue aux logements sociaux. La révision du POS de la Pointe de la Presqu'Ile permet, quant à lui, de finaliser

l'installation d'équipements publics sur la zone.

Parallèlement à ces dispositions, la Ville a approfondi une vaste démarche de renouvellement urbain sur les quartiers périphériques.

Pendant ces quatre dernières années, une réflexion d'ensemble s'est également amorcée ; elle concerne plus particulièrement le centre-ville, et prend en compte des

paramètres multiples et complexes :

* L'accessibilité, en privilégiant les déplacements moins émetteurs de CO2 et moins polluants que l'automobile tout en maintenant une bonne qualité d'accès pour

l'ensemble des usagers.

* La difficile maîtrise du foncier privé : il faut anticiper, prévoir, et maîtriser.

* L'extension du centre-ville, qui en fera un véritable centre d'agglomération : les projets Rives de l'Orne et Pointe de la Presqu'Ile sont destinés à des activités urbaines,

commerces, services et habitat. Il s'agit bien d'agrandir l'actuel centre-ville et non pas de créer de nouvelles zones de vie concurrentielles : en bref, il faut penser

liaisons, transports et attractivité de l'ensemble des zones du centre-ville.

De nouveaux logements, des projets ambitieux qui prennent forme

- Secteur Guillaume de Normandie, à la Guérinière

Situé sur la rive droite, entre la ZAC Claude Decaen (logements et équipements) et la ZAC Claude Monet (activités tertiaires et équipements), le site en friche de

l’ancien collège Guillaume de Normandie constituait un territoire à conquérir. Le changement de statut de ce secteur de 2,9 hectares va permettre de lancer

rapidement un programme mixte d’habitat et d’activités. Le parc immobilier mêlera logements privés et logements en accession sociale : environ 280 logements sont

prévus. Le projet prévoit également de restructurer l’entrée nord du quartier de la Guérinière qui bénéficie actuellement d’une démarche de renouvellement urbain.

L’aménagement de ce secteur s’inscrit dans la poursuite du Projet de Renouvellement Urbain du quartier de la Guérinière pour lequel différentes actions ont d'ores

et déjà permis d’opérer une profonde transformation du quartier reposant sur les objectifs suivants :

- Désenclavement du quartier,

- Aménagement d’espaces publics de qualité,

- Opérations de démolition-reconstruction,

- Diversification de l’offre de logements,

- Renforcement de l’attractivité commerciale.

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288 En 2015, un établissement d'hébergement pour personnes âgées de 110 lits sera implanté au cœur de ce secteur.

- Clos Joli-Clemenceau : Plus de logements et une vraie entrée de ville L’avenue Georges Clemenceau est l’une des principales entrées de ville de Caen, mais elle est loin de présenter un visage de modernité, notamment à hauteur de la cité du Clos Joli où les petites maisons ouvrières ont été en partie abandonnées pour cause d’insalubrité. Les commerces qui bordent l'avenue ont souffert de la désertion progressive de l'Hôpital Clemenceau - CHR - au profit du CHU, et forment une façade sur rue assez hétéroclite.

Le projet de renouvellement urbain

sur ce site, et dans son

prolongement, la partie nord-est du

CHR, est établi sur 6 hectares de

terrains mutables au profit de la

construction de logements en

premier lieu.

Il répond prioritairement à deux axes

du projet de ville : augmenter le

nombre des logements à Caen,

améliorer les entrées de ville.

Le projet immobilier se fonde sur la

volonté de montrer un visage

architectural ambitieux, jouant sur les

hauteurs et la lumière. Il intègre une

partie du périmètre du CHR - les

services étant regroupés au CHU - ce

qui devrait porter à 360, contre 80

aujourd’hui, le nombre de logements

sur ce site.

Enfin une refonte complète de

l’avenue Georges Clemenceau sera

réalisée.

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289

Requalification du quartier Clos Joli-Clemenceau

La phase 1 concerne 5 hectares en entrée de ville (en rouge sur le dessin). La zone urbaine ainsi délimitée comprend 100 logements, dont certains destinés aux Personnes à Mobilité Réduite ; 1

500 m2 pour les activités, des parkings souterrains et des espaces verts (dessin à droite)

La partie immobilière de ce projet est gérée par le bailleur social Caen Habitat, maître d'ouvrage.

En phase 2, le périmètre s'élargit et comprend l'aire du CHR, l'Abbaye aux Dames et le Parc d'Ornano, et le secteur sud jusqu'au canal.

Cette réalisation, comme l'aménagement des Rives de l'Orne, s'intègre dans le projet Presqu'Ile.

Localisation du quartier Clos-Joli

(Source : Wikimapia)

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290 Plusieurs scénarii sont imaginés, et aboutissent à une synthèse en 2012 :

Cliché bas : le projet

Le Boulevard Clemenceau sera réaménagé, avec des trottoirs et une partie routière. Le parc d'Ornano s'ouvre directement sur celui de l'hôpital, dont certains bâtiments doivent disparaître, et d'autres mis en valeur : ce sera le cas notamment des deux pavillons d'entrée, de la chapelle et du Manoir Vaubenard, vestige urbain médiéval miraculeusement conservé lors de la construction de l'hôpital. Au fond, on peut voir les nouveaux immeubles le long de la voie : ceux en bordure de rue sont à R+5, les hauteurs diminuant progressivement pour rejoindre la hauteur des maisons individuelles situées à l'arrière. Une large place est faite aux piétons, avec notamment des aménagements sur les voies transversales qui conduisent au boulevard.

Cliché haut : l'existant Au premier plan, le Parc d'Ornano ; puis les nombreux bâtiments de l'hôpital Clemenceau, dont beaucoup ont été élevés bien après sa création et au gré des besoins. Au fond, on devine les maisons du quartier de Clos-joli. Le boulevard est dévolu à l'automobile.

Le manoir Vaubenard : cette belle bâtisse du 16ème

siècle, située dans l'emprise du

CHR, sera conservée et valorisée. Elle est protégée au titre des Monuments

Historiques.

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292

- la ZAC Montalivet

28 hectares à urbaniser entre l'Orne et le réseau ferré au sein du projet urbain de la Presqu'ile portuaire :

2013 : finalisation du projet Les Rives de l'Orne :

Cette réalisation est le premier volet du projet de réaménagement de la rive droite de l'Orne, lui-même inscrit dans le projet Orne-Canal. L'emprise foncière laissée

libre par le déménagement de la SERNAM (filiale de la SNCF), de la poissonnerie municipale et du tri postal couvre 28 hectares. Il y a deux ans, c'était encore une

immense friche, à deux pas du centre-ancien et directement ouverte sur la

Gare, celle-ci offrant une particularité rare : elle tourne le dos à la Ville !

- les objectifs :

Il s'agit d'agrandir l'actuel centre-ville, et ainsi de développer l'offre

marchande, actuellement menacée par l'offre périphérique et d'augmenter

significativement l'offre de logements urbains, dans le respect d'une réelle

mixité sociale.

Les Rives de l'Orne

En liaison avec l'hyper-centre, le quartier conjugue l'attractivité

commerciale, l'offre de services et de loisirs, et une qualité

environnementale exceptionnelle, en bord de fleuve.

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- La Pointe de la Presqu'Ile : deux grands projets pour des réalisations d'envergure :

Afin de rendre la zone constructible, ce secteur, limité par le Bassin Saint-Pierre, l'Orne,

le canal de Caen à la mer et le canal Victor Hugo, a fait l'objet d'une révision du POS en

2009. A proximité immédiate de cet espace urbain de 7,8 hectares, des équipements

publics, comme le Cargö et l'Ecole Supérieure des Arts et Médias – ésam- ont été

réalisés ces dix dernières années. Un programme complémentaire d'équipements

devrait être implanté à court terme sur le secteur : la BMVR (Bibliothèque multimédia à

Vocation Régionale) en bordure du bassin Saint Pierre, sous maîtrise d'ouvrage de la

communauté d'agglomération et le nouveau Palais de Justice.

A ces premiers projets s'est ajouté celui de la création d'une Maison de la Recherche et

de l'Imagination.

La Pointe de la Presqu'Ile rassemblera, à court terme, un ensemble d'équipements

publics majeurs. Le Pavillon de Normandie rénové sera le centre stratégique de la

médiation urbaine sur la Presqu'Ile.

La future Bibliothèque Multimédia à Vocation Régionale de Caen la mer (ci-dessus) Le projet de Bibliothèque Multimédia à Vocation Régionale (BMVR) a été validé en septembre 2011. En 2010, Caen la mer a retenu le cabinet OMA, de l’architecte néerlandais Rem Koolhaas. D’une superficie de 12 000 m², sur 4 niveaux, le futur équipement sera situé face au bassin Saint-Pierre à Caen. Ouvert à l’Ouest à l’est, très lumineux grâce à sa faille horizontale totalement transparente et libre de toute structure, il est pensé comme un forum urbain. En forme de croix de Saint-André, il regroupera 4 pôles : les arts à l’Est, les sciences humaines au Sud, la littérature à l’Ouest et les sciences et techniques au Nord. Il offrira également de nouveaux services, notamment un auditorium, des espaces d’espaces d’exposition, un café-restaurant… Le chantier démarre le 1

er juillet 2013. Il représente un coût de construction de près de 32 millions d’euros

HT. L’ouverture de la BMVR est prévue pour février 2016. Le futur tribunal de grande instance (TGI) se dressera au troisième trimestre de 2015 sur le côté de la rue Dumont d'Urville, sur la presqu'île de Caen. De forme carrée, il occupera 5.542 m2, et contiendra 13 salles d'audience, dont une grande salle de 140 m2 consacrée aux audiences pénales. L'architecte est Pierre Champenois. Les travaux devraient débuter au troisième trimestre de 2013, pour s'achever deux ans après. Le bâtiment ouvrira pour ses premières affaires au troisième trimestre de 2015. Bordé d'un côté par le canal, de l'autre par la grande pelouse au -delà de laquelle s'érigera la BMVR, le futur palais se tiendra "à distance de la cité" pour marquer, comme l'a expliqué l'architecte Pierre Champenois, la nécessité pour la justice de prendre du recul par rapport à l'agitation du quotidien. Le budget prévisionnel est de 40 millions d'euros.

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Un centre-ville revisité, des espaces d'aménité créés

Le centre-ville, avec au premier plan et perpendiculaires, deux artères essentielles : la rue Saint-Pierre et la rue de Strasbourg

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- La revalorisation du centre-ville : les fondamentaux du projet

La requalification du centre-ville passe bien-sûr par la valorisation du cadre de vie de ses habitants, mais ses enjeux vont bien au-delà.

Le projet global d'attractivité du centre-ville revêt de multiples dimensions : déplacements, espaces publics, commerce, animation, gestion des temps des usagers …

Le centre-ville doit redevenir un atout majeur pour la capitale régionale !

- Les enjeux majeurs :

C'est l'espace où se côtoient les habitants de tous les quartiers et de l'agglomération ; C'est la première zone commerciale de l'agglomération où se trouvent les principaux services publics et équipements ; C'est l'image de la ville qu'emportent les visiteurs de passage ; C'est la réponse à l'enjeu environnemental d'une ville durable construite sur la proximité et la mixité des fonctions.

- De nombreux atouts…

son patrimoine est riche et varié, les éléments naturels y sont très présents : la pierre de Caen et l'eau (bassin Saint-Pierre, Canal, la Prairie…), c'est une zone attractive pour l'activité économique, les loisirs et l'habitat, les espaces publics sont variés et leur répartition est harmonieuse, il offre la possibilité d'y concentrer des grands équipements et la diversité de l'offre commerciale proposée, enfin, c'est le lieu de vie des étudiants : Le Campus I de l'Université est l'un des rares implanté en pleine ville.

- …Mais des fragilités :

l'absence de délimitation claire ; le manque de liaisons entre ses différents secteurs ; la disqualification de ses espaces publics ; une configuration peu développée depuis l'après-guerre ; une forte concurrence due au développement très rapide de l'offre commerciale de périphérie

Le centre-ville doit se renforcer rapidement pour être en capacité d’attirer une clientèle régionale. Ces "retrouvailles" avec un centre-ville très attractif et complétant utilement l'offre des lieux de vie périphériques doivent passer par une réelle requalification des espaces, des voiries, des logements et de grands projets d'aménagements.

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301 Il est également nécessaire d'agrandir le périmètre de ce centre-ville : Avec l'achèvement du chantier des Rives de l'Orne, les futurs chantiers de la BMVR et du Tribunal annoncent cette extension nécessaire.

Concernant l'hyper-centre, les objectifs de la Ville sont multiples :

Rénover les logements de la Reconstruction, et plus largement les logements de plus de 15 ans, dans le cadre de l'éradication des "logements indignes" et du

gaspillage énergétique. Cette rénovation passe par des aides financières aux propriétaires (Opération Programmée d'Amélioration de l'Habitat – OPAH 2010-2015).

Améliorer la qualité des espaces publics afin que les rues et les places du centre-ville

deviennent des espaces de convivialité, et l'organisation d'un vrai cœur piéton ;

Proposer un nouveau mode d'accès au centre-ville et de déplacements à l'intérieur

de celui-ci ;

Valoriser le dynamisme des commerces et la promotion de la diversité des enseignes.

Améliorer la cohabitation des usagers du centre-ville à toutes heures de la

journée et de la nuit ;

la Ville a rédigé, en 2010, une charte de qualité de la vie nocturne, à laquelle les

gérants des bars et établissements de nuit peuvent adhérer s'ils le souhaitent.

Cette charte fixe les engagements qu'ils prennent pour respecter la paix nocturne des

habitants et l'environnement, et lutter contre l'alcoolisme et la discrimination.

Améliorer la qualité des espaces publics : la place Saint-Sauveur, un lieu

emblématique.

Cet espace historique au cœur du centre ancien, appartient au paysage urbain depuis

1 000 ans. Elle a évidemment subi bien des transformations et était devenue ces

dernières années un carrefour de circulation et une aire de stationnement, fonctions

peu adaptées et lourdes de nuisances. La Ville a pris le parti de la requalifier : Les

pavés ont remplacé le bitume, la façade de l'église a été restaurée et l'espace est

désormais dévolu aux piétons.

Ci-dessous : le Quai Vendeuvre, qui borde le Bassin Saint-Pierre, est un haut

lieu de la vie caennaise, et accueille notamment le marché dominical, l'un des

plus importants de France.

De nombreuses festivités y sont organisées toute l'année comme ici "Presqu'Ile

en Fête". C'est aussi le lieu de rassemblement des manifestations nautiques.

En semaine, il est très fréquenté par les étudiants. (Cliché VC/FD)

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- Des espaces publics, un foncier privé, des commerces, des concertations, des confrontations, des études

Le bâti caennais privé remarquable, protégé ou non, fait l'objet d'études particulières et de contraintes fortes. C'est le cas, par exemple, du Couvent de la Charité,

acquis par un promoteur en 2012, et dont le programme (essentiellement des logements) comprendra la réaffectation de l'église conventuelle qui sera conservée.

D'une manière générale, les principes gérant ce patrimoine privé et intéressant sont sa préservation, sa protection et une réaffectation en cohérence avec le Plan Local

d'Urbanisme. La mise en place de l'AVAP confortera la protection et la mise en valeur du patrimoine urbain contemporain, notamment de la reconstruction.

Le cas de l'ilot Bellivet est un autre exemple, complexe, d'une gestion mixte de l'espace urbain.

Le secteur de la Charité :

Le couvent de la Charité (en zone UP du PLU) est en bordure du quartier de la Guérinière, sur l'axe routier

Caen-Falaise.

Le couvent fondé au 17ème

siècle et établi sur l'Ile Saint-Jean a été détruit en 1944 et reconstruit en

bordure de ville dans les années 1950 par les sœurs de Notre-Dame de la Charité. Les dix dernières

religieuses l’ont quitté à l’été 2012, et le diocèse a vendu le domaine (2,5 Ha environ) à un investisseur

immobilier.

Les orientations prévues sur ce secteur concernent le réaménagement de l'espace public, avec, notamment,

la création d'une liaison douce nord-sud, et la construction de logements :

L’ancien bâtiment conventuel peut être maintenu et réhabilité et des bâtiments supplémentaires édifiés

pour y créer des logements.

La chapelle de la Charité,

reconstruite à partir de 1951 par

l'architecte Beaufils et qui marque

le paysage du quartier sera

conservée, pour un usage à définir

par le promoteur en concertation

avec la Ville et les habitants.

L'objectif est de faire de ce lieu un

site attractif pour les habitants,

générateur de lien social.

La chapelle bénéficiera d'une mise

en valeur.

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306 La trame verte et bleue

" La ville ne peut s'envisager sans nature, et le projet de paysage permet de réinventer la ville" (Thierry Laverne, paysagiste-urbaniste)

Les notions de trame verte et bleue et de continuités écologiques ont été précisées par un décret du 27 décembre 2012, complétant le code de l’environnement : « la trame verte et bleue est un réseau formé de continuités écologiques terrestres et aquatiques qui comprennent des réservoirs de biodiversité et des corridors écologiques. Ces derniers peuvent être linéaires, discontinus ou paysagers ».

Les objectifs :

Dans le respect des préconisations du Scot et en lien avec celles de l'Agenda 21, Le projet de Ville garantissait une évolution urbaine durable et respectueuse de l'environnement, ainsi qu'une réelle qualité de vie pour les habitants : ces objectifs se matérialisent dans le Projet Local d'Urbanisme, qui décline les actions fortes qui seront menées :

• Rechercher une continuité physique des deux grandes traversées Est-Ouest de la ville - au nord, les abords du périphérique

- au Sud, la vallée de l’Orne prolongée en ville par l’Orne, ses berges et le canal.

• Maintenir, en ville, des espaces non bâtis supports de biodiversité tels que les

cimetières et les parcs,

• Identifier des espaces interstitiels dans la ville pour créer des continuités écologiques en « pas japonais »

• Garantir le maintien durable des espaces verts publics dans la ville

• Mettre en valeur et préserver les espaces verts privés

• Mettre en valeur les sites classés et inscrits

Ci-contre : la trame verte. Schéma du PLU.

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- Les espaces constitutifs de la trame verte : le capital vert caennais

La trame verte de Caen est d'une importance exceptionnelle : presque 700 hectares, soit 25 % du territoire communal, avec une zone naturelle de 497 hectares, des espaces communautaires (jardins familiaux), des jardins privés et des parcs résidentiels, et des espaces boisés classés.

La Prairie, on l'a vu, est le plus grand espace ouvert caennais. Site classé depuis 1932, il est l'objet des plus grands soins. Mais d'autres espaces, moins anciens ou moins célèbres, méritent d'être évoqués ; c'est le cas, notamment, des jardins publics, et du plus ancien d'entre eux, le Jardin des Plantes. A l'autre bout de l'histoire de Caen, la Colline aux Oiseaux est un site remarquable et la valorisation réussie d'un ancien dépôt d'ordures ! Face au Mémorial, elle accueille chaque année des centaines de milliers de visiteurs et d'écoliers. Dans le prolongement de la la Colline aux Oiseaux et des Jardins du Mémorial, la Vallée des Jardins forme une coulée verte jusqu'au cœur de ville. L'ensemble s'articule autour du périphérique nord de la Ville et offre une vaste voie douce pour les déplacements. Au sud de la Ville, la Prairie et la vallée de l'Orne forment la seconde voie douce majeure et se prolonge avec les cours qui bordent le fleuve : Koenig, de Gaulle, Montalivet et Caffarelli sur la Presqu'Ile.

La Colline aux Oiseaux : Située au nord-ouest de Caen, à proximité du Mémorial, la Colline aux Oiseaux est un vaste parc paysager de

17 hectares. Constitué d'une mosaïque de jardins, il offre un panorama superbe sur la ville.

Ancienne carrière devenue décharge municipale de 1923 à 1973, la Colline aux Oiseaux (ainsi appelée en référence au nombre

important d'oiseaux survolant la décharge alors en activité) s'est transformée progressivement en parc paysager. Des apports de

terres successifs - notamment les 100 000 m3 de terre issus de la construction du stade d'Ornano -, suivis de plantations ont donné au

parc son aspect définitif. Il a été inauguré en juin 1994 à l'occasion du 50e anniversaire du Débarquement.

Le parc de la Colline aux Oiseaux est un lieu de détente et de loisirs pour ses 380 000 visiteurs annuels. Il invite aussi à la découverte

avec la roseraie, l'étiquetage des plantes ainsi que la ferme normande, le labyrinthe ou la maison positive… Des animations y sont

proposées sur les thèmes du jardinage et de l'éducation à l'environnement.

Depuis sa création, le parc est un lieu d'expérimentation et d'essais aux techniques environnementales avec des pratiques de

jardinage comme le paillage naturel, l'utilisation de coccinelles pour limiter les pucerons ou le désherbage sans produits chimiques).

(cliché OT/Guichard)

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- Des espaces verts à la trame verte La Vallée des Jardins, les Jardins du Souvenir autour du Mémorial et les bordures du périphérique nord d'une part ; la Vallée de l'Orne, la Prairie et les coteaux au sud d'autre part forment ensemble une zone naturelle, et à ce titre protégée, d'une superficie de 494 hectares. Cette zone, identifiée " N" dans le PLU, correspond aux espaces à dominante naturelle, protégés en raison de la qualité des sites, des milieux naturels, des paysages et de leur intérêt, notamment d'un point de vue esthétique, historique ou écologique.. A cette ceinture verte, s'ajoutent les grands cimetières, le Jardin des Plantes, le Parc d' Ornano, la " coulée verte" dans le quartier de Beaulieu, le Parc Claude Decaën rive droite. - Les espaces boisés classés (9 ha) concernent les espaces naturels de la ville qui font l’objet d’une protection au niveau national au titre des sites et monuments naturels. Il s’agit, par exemple, des allées des Fossés Saint Julien, des alignements d’arbres et du cèdre dans le parc d’Ornano, des alignements d’arbres de la route de Louvigny dans la prairie. Seul le Jardin des Plantes, pourtant site classé n’a pas été inscrit en espace boisé classé, pour permettre la gestion des bâtiments et des serres. Les espaces boisés classés sont soumis aux dispositions des articles L. 130-1 et suivants du Code de l’urbanisme. Ce classement interdit tout changement d’affectation ou tout mode d’occupation du sol de nature à compromettre la conservation, la protection ou la création de boisements. Les cimetières dormants, une particularité bien caennaise, font partie de la zone des espaces boisés classés.

Outre le classement en zone N des grands espaces naturels, les réflexions qui ont été menées au cours de

l’élaboration du PLU se sont attachées à rechercher des éléments de continuité dans le tissu urbain constitué pour

créer des continuités écologiques, et valoriser le cadre de vie des Caennais.

Il s’est agi d’identifier les espaces interstitiels dans la ville ayant un caractère naturel.

Cette identification a permis de faire apparaître un réseau d’espaces verts formant une trame verte en pas

japonais.

Ces espaces, de nature différente, ont été classés en cinq catégories. A chacune de ces catégories a été définie une

protection adaptée pour garantir leur maintien et leur gestion :

La confluence des fonds de jardins privés : les cœurs d’îlots verts

Les espaces verts communs des grandes résidences ou de sites d’activités

Les espaces verts publics et les alignements d’arbres

Les espaces verts garantis (Rives de l'Orne, château, Place de la Résistance)

Les jardins familiaux

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- La trame bleue Elle est naturellement formée par l'Orne, le Canal, le Canal Victor-Hugo sur la Presqu'Ile, et, dans une moindre part, l'Odon, dont l'essentiel est aujourd'hui canalisé sous terre. Cette ligne d'eau traverse toute la ville d'Ouest en Est et forme un axe vital pour les voies douces. Dans le paysage caennais, voies d'eau et voies vertes ne font souvent qu'un : c'est le cas, notamment des "cours", promenades qui longent l'Orne et ont été aménagées au 18ème siècle. Pour amorcer le projet de développement de la trame bleue, la ville travaille aujourd'hui sur l'aménagement d'une promenade sur les quais de l'Orne au niveau du quartier des Rives de l'Orne. De la Prairie à la mer, des voies douces à découvrir :

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- Premiers réaménagements

La ville a demandé l'expertise de Thierry Laverne, paysagiste-urbaniste, pour l'aménagement de la zone naturelle sud de la ville, depuis la Prairie jusqu'aux rives de l'Orne. Son travail, finalisé en 2012, a permis d'affiner les modes opératoires du projet et de poser les principes d'un aménagement de la zone "Prairie" jusqu'au cœur de la ville. In fine, il s'agit de recréer une continuité entre l'Ouest et l'Est – vers le centre-ville – de la Prairie, et de "recoudre" les espaces naturels préservés qui subsistent, fort nombreux, dans cette partie de la Ville.

étape n° 1 : la végétalisation du Parc des Expositions et de ses abords pour l'organisation des Jeux Equestres Mondiaux en 2014.

Jusqu'au début de cette année, la rupture visuelle

était importante entre la partie ouest de la vallée

de l'Orne, aux confins de la commune de Louvigny,

et le Parc des Expositions, aménagé il y a une

trentaine d'années de manière pragmatique et

fonctionnelle, mais sans projet urbanistique

précis.

L'accueil des Jeux Equestres Mondiaux est

l'opportunité, pour la Ville et ses partenaires,

d'entamer une opération au long cours, sur les

sites qui seront utilisés par les compétiteurs et le

public.

La photo aérienne, ci-contre, permet de visualiser

l'ensemble de la "Prairie d'amont" :

D'Est en Ouest, on distingue l'hippodrome, en

cœur de ville ; les équipements de Caen Expo

Congrès, Zénith et Parc des Expositions ; une large

coulée verte jusqu'à la commune de Louvigny.

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314 C1 4. Et demain ?

La requalification de la Presqu'Ile : un projet urbain porteur de grandes ambitions

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- Le projet

En cœur d’agglomération et à proximité du centre-ville historique, le site de la presqu’île industrialo-portuaire de Caen est exceptionnel. Aucune autre ville en France ne dispose en son centre d’un tel espace à reconquérir.

Sa requalification s'inscrit dans le grand projet "Presqu'Ile" dont le périmètre d’étude représente environ 300 hectares, de l’avenue Georges Clémenceau au Nord jusqu’à la rue d’Auge et au quartier de la Demi-lune au Sud, du Bassin Saint-Pierre en centre-ville de CAEN à l’Ouest jusqu’au Viaduc de Calix et au boulevard périphérique à l’Est. S'il a été possible de mener à bien certains pans de ce projet, au nord avec Clemenceau-Clos-Joli, au sud avec les Rives de l'Orne, ou sur la pointe de la Presqu'Ile avec l'ésam, le Cargö et bientôt la BMVR et le nouveau Tribunal, l'aire de la Presqu'Ile comprise entre le Canal, l'Orne et au-delà du Canal Victor-Hugo reste à reconquérir Il s'agit là d'une friche industrielle, progressivement désertifiée, mais où certaines activités subsistent, comme le dépôt pétrolier, l’usine électrique, la minoterie et les halles et où de nouvelles se développent : c'est le cas de Norlanda, une pépinière spécialisée dans la filière nautique.

De plus, l'aire s'étend sur trois communes, Caen, Mondeville et Hérouville-Saint-Clair, avec de multiples propriétaires, privés ou publics, et des problématiques particulières, comme la question de la pollution.

Les enjeux sont à la hauteur de la difficulté : la Presqu'Ile industrielle, c'est 70 hectares de foncier en cœur de ville, cent ans d'histoire commerciale et industrielle, des éléments patrimoniaux remarquables, une voie d'eau et de terre à quelques kilomètres seulement du littoral.

La prise en compte de tous ces paramètres complexes nécessitait une mise en œuvre exceptionnelle.

Afin de mener à bien ces projets d’aménagement et de développement urbain, la

Ville de Caen a créé, le lundi 28 juin 2010, une société publique locale

d’aménagement (SPLA), Caen Presqu’île, avec 6 actionnaires : les communes de

Caen, Mondeville et Hérouville-Saint-Clair, la Communauté de communes Caen la

mer, la Région Basse-Normandie et le Syndicat Mixte des Ports Normands

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319 La SPLA a pour objectif premier de mener à bien la définition du projet d’aménagement de la presqu’île industrialo portuaire. La mise en valeur de ce site doit en effet avoir des répercussions sur le développement de la ville entière, et asseoir sa notoriété au niveau national. Grâce à ce projet d’envergure, l’agglomération caennaise atteindra ses objectifs en matière d’habitat, de développement économique, de culture, et d’équipements structurants.

L'étude de définition produite par la SPLA permet, dès 2010, le lancement d'un marché d'études : il s'agira, pour les trois équipes retenues, de définir un projet

global. Ces trois équipes regrouperont des urbanistes, des architectes, des paysagistes, des économistes, et des sociologues. D’envergure nationale voire

internationale, elles produiront des études opérationnelles qui permettront d’initier le renouveau de l’agglomération caennaise dans sa globalité et elles devront

conduire une réflexion initiale permettant d’aborder l’aire d’influence du projet sur l’agglomération toute entière, donc sans périmètre contraignant car le projet aura

une influence et un rayonnement plus large que les 300 hectares d’études.

Quatre orientations majeures se dégagent du cahier des charges :

- Mettre en valeur l'identité maritime du lieu ;

-L'ouvrir à l'art de vivre en ville ;

- Assurer la continuité avec les autres quartiers urbains ;

- Mettre l’innovation urbaine et architecturale au service de la population, du territoire et du développement durable

37 équipes pluridisciplinaires répondent à l'appel à candidatures.

Un comité technique et, à l'image du Grand Paris, un comité scientifique se réunissent régulièrement pour assister le conseil d'administration de la SPLA Caen Presqu'île. Le comité technique permet d'associer les compétences internes de chaque collectivité au processus décisionnel, et le comité scientifique se réunit aux moments clefs de la consultation pour rendre ses avis afin d'éclairer le conseil d'administration. Les propositions sont remises en 2011. Trois équipes sont retenues : l'Agence François Leclerc ; l'AUC, la MVRDV.

2011 : trois visions pour la Presqu'Ile :

Les trois projets sont matérialisés par de grandes maquettes, présentées plusieurs mois au public ; de nombreuses réunions de concertation sont organisées entre les

habitants, les porteurs du projet et les mandataires.

- Le " Caenhattan " : un espace élargi jusqu' à la mer

L'équipe : Agence François Leclerc, JDS Architects, KLAR, REPERAGE URBAIN, INGELEC.

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320 La proposition prend en compte un territoire élargi jusqu'à la mer, à Ouistreham ; une "avenue de la mer" géante part du centre-ville et va à la côte. De manière

logique, l'urbanisation se fait plus intense sur la pointe de la Presqu'Ile – comme à Manhattan – et laisse progressivement la place aux espaces ouverts et aux voies

douces.

- "Caen en Capitale" :

L'équipe : L'AUC avec Djamel Klouche, SLETH, LAZT + Partners, PRO DEVLEOPPEMENT, HYDRATEC, SETEC, Frank Boutte.

Il s'agit de "relancer le développement métropolitain d'une agglomération en marche" et de confirmer la vocation de capitale régionale de la Ville ; l'ambition

annoncée se décline par la déclinaison des "sept réalités" de la Presqu'ile – et l'émergence de spots qualitatifs, qui valorisent l'une de ces réalités – comme le projet

d'une vaste piscine sur le nouveau bassin – ou activent une potentialité. Les projets urbains s'organisent autour de ces pôles majeurs.

- La Mosaïque : une dynamique urbaine à repenser au-delà du site :

L'équipe : MVRDV avec Winy Maas, DIAGRAM ARCHITECTES URBANISTES, IOSIS-EGIS, PRO DEVELOPPEMENT, Philippe Cabane, TERRITOIRES.

La proposition déclinée prend en compte à la fois l'identité du lieu – à la fois fiche industrielle et espace ouvert au fort potentiel – les aménagements réalisés sur la

Pointe, la proximité immédiate avec le cœur de ville. L'agence, qui évoque "une grande mosaïque" dont les limites s'étendent vers la ville, propose des

réaménagements sur le Bassin Saint-Pierre et la Pointe ; une reconversion de l'ancien CHR en "béguinage urbain ; et défend l'idée d'un espace naturel à préserver, et

pour cela, propose d'en densifier les flancs et de conserver de vastes espaces ouverts en son centre.

Ces trois projets sont largement présentés et débattus. Le Pavillon de Normandie accueille les maquettes réalisées par les candidats pendant l'été 2012. Libre à chacun

des visiteurs de commenter, critiquer ou suggérer, comme les y invite le livre d'or laissé à leur disposition. Après plusieurs mois de débats, de rencontres avec les

équipes et de réunions publiques, les décideurs entament une nouvelle phase de concertation avec les équipes, invitées à remodeler leur proposition initiale.

Mai 2013 : choix de l'équipe :

L'architecte-urbaniste néerlandais Winy Maas et MVRDV, son cabinet, ont été retenus pour établir l'aménagement de la Presqu'île. MVRDV est une agence d’architecture et d’urbanisme néerlandaise fondée en 1991.

Le Conseil d'Administration de la SPLA a opté pour le projet "le plus inventif et le plus sécurisant", notamment d'un point de vue financier ; l'inscription du centre reconstruit dans cette dynamique urbaine, le souci de "métropoliser" la Ville et la mise en valeur du patrimoine existant ont largement plaidé pour ce choix.

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324 C2. La Culture, moteur du projet urbain

C2 1. Le projet culturel de 2009 : L'écriture du projet culturel de la ville en 2009, et l'adhésion à la charte mondiale du développement durable de la culture – Agenda 21 Culture61 - ont permis de préciser les orientations majeures du projet de mandat dans ces domaines, et particulièrement

- Œuvrer pour que la culture investisse tous les quartiers, autrement dit, faire que la démocratisation culturelle figure au centre des préoccupations de la collectivité

- Mettre en valeur les patrimoines urbains dans toutes leurs composantes, - Faire vivre l'espace public et favoriser l'art et la création dans la ville,

- Faire vivre la culture scientifique et technique, et s'approprier la culture numérique.

61

« l’Agenda 21 de la Culture » a été adopté par Cités et Gouvernements Locaux Unis (CGLU) et par le Forum des Autorités Locales, le 8 mai 2004

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325 Dans son projet culturel la Ville de Caen s'engage à garantir le droit fondamental à la diversité culturelle, à donner accès à la culture au plus grand nombre, à favoriser la diffusion de toutes les formes artistiques existantes et l’émergence de nouvelles formes. Elle place la personne au cœur de l'action artistique et culturelle.

C2 2. Œuvrer pour que la culture investisse tous les quartiers : la ville se donne les moyens de son ambition Un partage plus équitable de la citoyenneté urbaine

La politique culturelle s'appuie sur une organisation administrative repensée, autour de nouvelles structures comme les Pôles de Vie de Quartier ou les Conseils de Quartier. Parallèlement à cela, la Ville œuvre pour que les quartiers s'ouvrent les uns aux autres, échangent, valorisent leur patrimoine et développent des actions d'animation et d'une manière générale, "tout ce qui participe à une meilleure qualité de vie, une meilleure convivialité mais aussi, améliore une image qui ne donne pas l'impression que certains quartiers sont moins bien traités que les autres" (Philippe Duron, député-maire de Caen). Dans le cadre du Contrat Urbain de Cohésion sociale, la Ville soutient, de manière stratégique et financière, des projets portés par les acteurs des quartiers : associations, comités de quartier, centres de loisirs. L'accès à la culture est l'un des objectifs poursuivis. Ainsi, en 2009, plusieurs opérations ont permis aux habitants de développer des activités innovantes : la sensibilisation au patrimoine vert et au développement durable à la Grâce de Dieu, la mise en place d'activités culturelles à Saint-Jean-Eudes… la création artistique peut aussi s'inviter dans les quartiers, que ce soit sous forme d'œuvres, d'ateliers ou représentations.

Ce dispositif s'inscrit dans les missions du Service de Développement Social Urbain, qui accompagne les projets de requalification et de résidentialisation entrepris

dans les quartiers. Le Service des Publics du Musée de Normandie soutient les actions culturelles qui sont entreprises. Le Musée intervient également auprès de

publics adultes spécifiques, notamment au Centre Pénitentiaire, à la Maison d'Arrêt, dans les hôpitaux, en collaboration avec le CCAS, les maisons de retraite, etc.

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326 L'art prend racine dans les quartiers

* Dans le cadre de la restructuration urbaine qui s'opère dans le quartier de la Grâce de Dieu, une convention avec l'opérateur – Bouygues – a permis de financer une

œuvre d'art (contribution : 15 000 euros) :

Depuis juillet 2012, "L'Arbre à Paroles", œuvre réalisée par l'artiste caennaise Véronique Sablery en collaboration avec un collectif d'habitants du quartier, s'élève rue

Sainte-Cécile, comme "la vigie bienveillante de la parole de tous".

Pour le choix et l'emplacement de l'œuvre, le Service des Publics du Musée de Normandie a travaillé au sein du Comité de Quartier avec une dizaine d'habitants déjà

rodés (travaux précédents sur la rénovation urbaine).

Le groupe de travail a étudié la statuaire de Caen et Paris notamment. L'œuvre étant partiellement composée de pierre de Caen, une visite des carrières de Cintheaux a

ponctué ce travail collectif.

L'Arbre à Paroles

Pierre de Caen, granit

de Vire, verre, tiges en

inox terminées par des

cabochons de verre

multicolores contenant

des mots secrets

chuchotés à l'artiste

par des habitants du

quartier

L'Arbre à Parole (cliché journal Ouest-France) Véronique Sablery au milieu des habitants du quartier qui ont participé au projet (cliché journal

Ouest-France)

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327 * A la Guérinière, plusieurs structures62 ont conjointement créé une exposition, le Musée du Futur, présentée au Pôle de Vie de la Rive Droite. Ce travail est l'aboutissement d'une démarche entreprise dans les ateliers artistiques du quartier, accompagnée par Olivier Thiebault, plasticien.

Les habitants qui ont participé au projet ont visité le Musée de Normandie puis ont joué le rôle d'archéologues du futur qui découvriraient les vestiges d'un quartier urbain dans mille ans… Une démarche poétique qui les a incités à rassembler des boîtes-reliquaires, " art-chéologiques", porteuses de souvenirs, d'émotions et de sentiments ; mais aussi à conduire une réflexion prospective sur les transformations et le devenir de leur lieu de vie.

Parallèlement, et dans le cadre du Festival Normandie Impressionniste de 2013, quatre classes et un groupe d'adultes ont réalisé des "autochromes", les premières photographies couleur apparues au 19ème siècle.

C'est l'ensemble de ces créations qui forme l'exposition, qui circulera toute l'année dans les quartiers.

62

MJC, Musée de Normandie, CPIE, les écoles primaires du quartier, le Centre de Loisirs Horizon Jeunesse notamment.

Le Musée du Futur : objets du quotidien, objets-fétiches ou objets souvenirs seront abandonnés à la curiosité d'archéologues de l'An 3000

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328 * Un jardin artistique à la Guérinière

Ce projet en cours est conduit par l’artiste stéphanois Emmanuel Louisgrand. Il s'agit pour le public de rencontrer une œuvre qui s'inscrit dans le paysage, fait sens pour, en fin de compte, "jardiner l'espace urbain". Il y a dans cette approche du travail artistique l'idée de questionner l'espace public par le biais de l'art et du jardin mais aussi d'associer le public à ses interventions. L'intervention d'Emmanuel Louisgrand consiste à tenir compte de l'ensemble des aspects architecturaux, associatifs et culturels de ce quartier caennais pour formuler une nouvelle proposition. Le concept de cette œuvre d'art est de confronter les habitants directement à son élaboration. La construction, petit à petit, de la structure doit interpeller des habitants et les amener à entrer en contact avec l'artiste et ses travaux. Ce dernier devra être mesure de nouer des liens avec les habitants, de les amener à s'intéresser au projet et à se l'approprier.

C'est l'association L'Unique qui a invité l'artiste : L'unique est une structure de production et de diffusion qui développe ses actions dans l'espace public. A Caen trois sites sont actifs : sa vitrine de la rue Caponière aujourd'hui consacrée à la création numérique, le quartier de la Guérinière qui accueille "La pépinière" projet de l'artiste jardinier Emmanuel Louisgrand, et le parc Claude Decaen investi durant l'été dans le cadre du festival "Autour du Jardin". L'association propose des expositions, accueille des artistes en résidence, et participe à des projets pédagogiques

Pour mener cette action, de nombreux partenaires se sont associés, et notamment la Région, la DRAC, la caisse des Dépôts et Consignations. l'ésam, les Ecoles de la Guérinière, le Centre socioculturel CAF, Caen Habitat, l'association Guérinière en Fleurs.

Au sein de la Ville de Caen, la Direction de la Culture, la Direction de l'Environnement et du Cadre de Vie et la Direction du développement Urbain de la Ville de Caen sont également impliqué

Le jardin artistique

a vu le jour en

2009 ; il évolue, au

rythme des années

et des saisons. Il

est situé au cœur

du quartier.

(Clichés l'Unique)

Page 334: PDF - 47 Mo

329 Le Projet Educatif Local (PEL) : un dispositif pour l'ouverture au monde, l'égalité d'accès à l'offre éducative et aux pratiques culturelles pour tous les élèves. Le Projet Educatif Local est entré dans sa phase active. Ses objectifs sont de favoriser la cohésion de tous les acteurs de la communauté éducative, d'assurer les conditions d'une meilleure continuité éducative, et de mettre en œuvre les orientations stratégiques de la Ville arrêtées dans son projet de politique éducative. Dans le cadre du PEL, le Plan Local d'Education Artistique et Culturelle (PLEAC) de la Ville de Caen propose une offre municipale élargie et harmonisée, des mesures d'accompagnement financier des projets développés par ou pour les écoles primaires, des actions de formation et d'information et une coordination active du réseau des partenaires. De nombreuses actions éducatives sont ainsi proposées par les écoles, les services de la ville et les différents partenaires culturels et touristiques, autour de plusieurs thèmes : histoire, patrimoine, culture, expressions artistiques, citoyenneté, développement durable, urbanisme et architecture, nutrition.

- Des objectifs, des projets : * Le projet MONC (Mysteries of Our Neighbour's Culture – Les Mystères de la Culture de Notre Voisin), porté par le Service Europe, Relations Internationales et Coopération, en collaboration avec la Direction de l'Education, favorise les échanges entre des écoles caennaises et des écoles de Portsmouth en Angleterre. (Correspondance, conception et création artistique, préparation de carnet de voyage, rédaction d'histoires sur l'histoire et les patrimoines des deux villes…).

L’école du Puits-Picard à l’heure anglaise (mai 2012)

L'appui de l'Union Européenne a donné la possibilité aux deux collectivités

d'être de réels moteurs, de proposer une action innovante et de mener

cette action à une échelle plus large, visant, au terme des 3 ans du projet,

à y inclure la moitié des écoles élémentaires des deux villes. Il a également

permis de diffuser une culture européenne non seulement auprès des

enseignants, des élèves et de leurs parents, mais également au sein des

professionnels de l'enseignement et des différents établissements

culturels concernés.

De plus, ce projet donne l'occasion aux jeunes d'utiliser de nouvelles

technologies (création d'un site web, mail, vidéo conférence…).

C'est aussi une approche concrète en matière d'éducation à la Paix.

11 écoles de Caen étaient concernées pendant l'année scolaire 2010-2011.

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330 Les actions en partenariat avec les musées permettent de faire découvrir aux élèves l'histoire et le patrimoine de leur ville et de leurs quartiers. Cela s'est traduit par la découverte de la ville à partir de visites guidées, de parcours découverte ou d'ateliers pratiques ; une sortie annuelle, pour chaque classe, à l'extérieur de la ville afin de découvrir d'autres sites ou d'autres monuments ; des réalisations collectives associant la contribution de chaque classe d'un même établissement, voire d'un quartier. Concernant le public caennais, beaucoup de ces actions s'organisent dans les Zones d'Education Prioritaire (ZEP). Avec les intervenants musique, danse et arts plastiques, les médiateurs des musées interviennent dans les 35% d'actions culturelles proposées aux écoles. Le Musée de Normandie (avec le Cargö et l'association Objet-Sujet) est également impliqué dans le dispositif des jumelages proposé par la DRAC de Basse-Normandie qui consiste à mettre en relation, par un projet commun, une école et une structure culturelle soutenue par la DRAC. Le jumelage est porté par la structure culturelle. Le projet implique la fréquentation des lieux culturels, la rencontre sensible avec l'œuvre et l'artiste et enfin, la pratique artistique. Des initiatives qui ouvrent le patrimoine à tous les publics : A l’Abbaye-aux-Hommes des visites adaptées sont proposées pour les quatre types de handicap. Sur le site, des rampes permettent l’accès à l’ensemble des salles des bâtiments ouverts au public. Le service accueil est doté de boucles magnétiques portatives pour les malentendants et de quelques plans en relief pour non-voyants et malvoyants qui peuvent également toucher le décor. Les guides ont suivi des formations sur les techniques de guidages appropriées. Ces dernières années, on constate une légère augmentation de fréquentation des visiteurs en situation de handicap, qu’ils viennent en groupes (adultes, IME63 ou ESAT64…) ou individuellement. La ville, par l’intermédiaire du Centre Communal d’Action Sociale développe les équipements destinés à mieux accueillir ce public spécifique. Une démarche d’obtention du label Tourisme et Handicap est également en cours à l’Abbaye-aux-Hommes pour les handicaps auditif et mental. Désormais, après celles du Musée des Beaux-Arts et du Mémorial, les collections permanentes du Musée de Normandie sont devenues totalement accessibles aux personnes porteuses d'handicaps moteurs. Le théâtre, qui sera rénové à partir de l'automne 2013, mettra à la disposition de ses publics plusieurs emplacements également adaptés à ce public.

63

IME : Institut Médico-Educatif. Il est agréé pour dispenser une éducation et un enseignement spécialisés pour des enfants des adolescents atteints de déficience à prédominance intellectuelle 64

ESAT : Etablissement et Service d'Aide par le Travail. Etablissement médico-social de travail protégé réservé aux personnes en situation de handicap et visant à leur réinsertion sociale et professionnelle

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331 C2 3. Mettre en valeur les patrimoines urbains dans toutes leurs composantes :

C2 3 1 : les actions menées La restauration du patrimoine caennais.

La restauration et l'entretien des monuments historiques caennais font l'objet d'une programmation pluriannuelle. Classiquement, des tranches d'opération sont

définies chaque année, en partenariat avec la Direction Régionale des Affaires Culturelles, le Conseil Régional et le Conseil Général.

Les plus grandes opérations en cours depuis dix ans ont concerné le château ducal et l'église Saint-Pierre. Concernant les monuments historiques "en sommeil", la

programmation est en lien direct avec les projets culturels de la Ville et l'affectation future du bâtiment. Ainsi, les interventions dans L'église du Vieux-Saint-Sauveur,

ont été programmées en lien avec la valorisation de la place Saint-Sauveur, désormais entièrement pavée et piétonnière. Le Palais Ducal, au sein de l'Abbaye aux

Hommes, a été restauré et valorisé pour accueillir l'artothèque ; le Couvent de la Visitation, précédemment occupé par l'Armée et désaffecté, abritera prochainement

le Fond Régional d'Art Contemporain. A ce titre, il bénéficie aujourd'hui d'une restauration, d'une valorisation et d'un programme d'extension. Enfin, l'église du Bon –

Sauveur, cédée à la Ville, sera aménagée pour accueillir le Centre Chorégraphique de Basse-Normandie.

- Les restaurations sur les monuments classés :

- Le château ducal

- Les églises Saint-Pierre et Saint- Jean,

- L'Hôtel d'Escoville.

Ces propriétés communales sont désormais gérées directement par la Ville, maître

d'ouvrage des opérations.

Les partenaires financiers des opérations de restaurations sont

- La Direction Régionale des Affaires Culturelles (Conservation) pour 40 % des budgets,

- Le Conseil Général du Calvados, pour 25 %

- Le Conseil Régional de Basse-Normandie, pour 15 %

- La Ville de Caen, pour 20 %.

Les budgets annuels d'opérations sont, globalement, d' 1 million d'euros en moyenne.

La programmation s'établit sur plusieurs années. Elle peut néanmoins être partiellement

redirigée, s'il y a des interventions urgentes à mettre en œuvre. C'est le cas aujourd'hui

avec le travail réalisé sur l'église Saint-Jean et les remparts du château ducal.

Château ducal :

Restauration du rempart nord et création d'un belvédère.

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332

- Les opérations en cours :

le château ducal : restaurations, création d'un centre d'interprétation

1998 : Lancement des études du schéma directeur de conservation et de mise en valeur du château de Caen.

Le château a bénéficié, depuis cette date, d'importantes interventions : la restauration du rempart ouest, notamment, a été accompagnée de l'aménagement des

"salles du rempart", sous l'ancienne terrasse d'artillerie. Ces salles rassemblent désormais plusieurs espaces dévolus aux publics : un hall d'accueil et une boutique, une

vaste salle d'expositions temporaires, un espace pédagogique et des réserves.

Ces interventions ont fait l'objet, en amont, de fouilles archéologiques assurées par l'INRAP65 et le CRHAM66. Les fouilles ont permis, entre autres, de dégager, dans

l'espace aménagé, des vestiges intéressants, comme la forge, la maison 14ème s. et un couloir souterrain pour la circulation des canons vers les remparts.

Aujourd'hui, le château est inscrit dans une opération européenne Interreg IV, "Norman connections", avec les châteaux anglais de Norwich, Colchester, Rochester et

le château de Falaise dans le Calvados. Le programme de médiation et de valorisation de ces hauts sites touristiques a conduit à mener de nouvelles opérations : c'est

le cas dans l'église Saint-Georges, qui vient de bénéficier d'une campagne de restauration et qui abritera très bientôt le Centre d'Interprétation du château et des

services touristiques divers. La restauration, qui s'est achevée fin 2012, a essentiellement consisté en consolidations et nettoyage pour un coût d'opération de 450 000

euros.

65

INRAP : Institut National de recherches archéologiques préventives 66

CRAHAM : Centre de Recherches archéologiques et historiques anciennes et médiévales; Université de Caen

L'église Saint-Georges

L'église Saint-Georges est l’ancienne église paroissiale au service des habitants, militaires et civils, logés autrefois

dans l’enceinte du château de Caen. Sa fondation est d’époque romane ; les éléments les plus anciens conservés

dans la nef sont datés des années 1100, du temps des fils et héritiers de Guillaume le Conquérant. La

reconstruction du chœur et d'importants remaniements ont donné à l'église son aspect actuel entre la fin de la

Guerre de Cent Ans (1450) et les premières années du XVIe siècle. Elle se dresse aujourd’hui comme un des plus

beaux édifices dans l’enceinte du château au débouché de la porte Saint-Pierre, entre le Musée de Normandie et

le Musée des Beaux-Arts.

Cette situation privilégiée, au cœur du château, fait de l’église le point de convergence de tous les parcours de

visite. Le projet culturel mis en œuvre pour la restauration et l’aménagement du patrimoine lui donne donc toute

sa place dans l’enceinte des musées. Après un chantier de restauration soutenu en 2012-2013 par l’Etat, la

Région Basse-Normandie et le Département du Calvados, l’église s’ouvre en 2014 dans un nouveau dispositif

d’accueil du public pour les visites du château, l’information et la billetterie du Musée de Normandie et du Musée

des Beaux-Arts, un espace de documentation touristique et une boutique thématique.

Page 338: PDF - 47 Mo

333

Un centre d'interprétation novateur

La Direction de la maîtrise d'ouvrage de la

Ville coordonne le projet scénographique :

tablettes tactiles, bornes interactives et

écrans seront à la disposition des publics.

Une maquette offre une première

information pour la visite du château

complétée par un parcours de points

d’intérêt, sur l’ensemble du site, utilisant

les applications mobiles.

Ce nouveau centre d’interprétation est mis

en œuvre dans le cadre du programme

INTERREG « Norman connections » piloté

par le Medway Council (Kent, Royaume-

Uni) et associant les châteaux de Caen,

Falaise, Hastings, Rochester, Colchester et

Norwich, le Musée de la Tapisserie de

Bayeux et le CDT du Calvados, dans un

réseau de hauts lieux de l’histoire anglo-

normande et d’échange d’expertise sur la

mise en valeur du patrimoine.

Page 339: PDF - 47 Mo

334 Parallèlement à l'aménagement de l'église Saint-Georges, les travaux de restauration des remparts et des entrées est et sud du château ont débuté il y a quelques

mois.

L'opération consiste à traiter deux zones dans le château en raison de l'état sanitaire des portes et passerelles, et d'une partie des remparts :

- Les interventions sur le rempart Sud – le plus visible depuis l'hyper- centre – et l'ensemble des ponts de la Porte Saint-Pierre se sont achevées au printemps 2013.

- Celles sur le rempart Est et les deux ponts de la Porte des Champs s'achèvera à la fin de l'année.

La totalité des travaux de restauration et consolidation des remparts du château est programmée pour fin 2016.

Château : Porte Saint-Pierre : la passerelle d'accès a été remplacée. Le bois utilisé est le hêtre. La Porte a été nettoyée, les pierres rejointoyées et les bases des murs consolidées.(clichés VC/FD)

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335 L'église Saint-Pierre, sans doute la plus emblématique de la ville, fait également l'objet d'importantes interventions depuis 2009.

Le Chevet a été restauré en deux temps : une première campagne sous maîtrise d'ouvrage de l'Etat en 2003 ; une seconde, pour les cinq dernières chapelles, sous

maîtrise d'ouvrage de la Ville (2005-2006). L'opération a coûté 745 000 euros.

Les neuf travées de la façade sud-ouest, qui donne Place Saint-Pierre sont aujourd'hui rénovées. Le montant de l'opération est de 2 000 000 euros.

La prochaine campagne concernera le portail, le clocher et la flèche. Le montant prévisionnel de cette opération est de 2 800 000 euros.

Eglise Saint-Pierre :

La restauration du chevet a

nécessité la reprise ou le

remplacement de nombre

d'ornements, détériorés par le

temps ou la pollution.

Aujourd'hui, cet exemple

magistral de la Renaissance

normande a retrouvé son

panache.

Clichés droits : en haut :

Pendant les travaux de

rénovation de la façade, une

grande bâche décorative était

tendue sur le bâtiment.

L'émerveillement des spectateurs

n'en était que plus grand une fois

les travaux terminés !

en bas :

les pinacles du chevet, détail.

(Clichés VC)

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336 Hormis ces deux gros chantiers, plusieurs autres bâtiments ont bénéficié d'interventions :

L'église du Vieux-Saint-Sauveur, pour la tour-lanterne, le transept et la façade. Le coût de ces derniers travaux a été de 420 000 euros Restauration des deux piles du clocher l’opération32 000 €TTC L'Hôtel d'Escoville, autre site incontournable de la vieille ville, pour la restauration du campanile en 2005 (coût de l'opération : 85 000 euros)

Le campanile de l'hôtel d'Escoville, un modèle d'architecture Renaissance "italianisante"

assez propre à la ville.

Cliché gauche : l'église du Vieux-Saint-Sauveur: le transept : Cette

partie de l'église a été restaurée en 2005-2006 ; la tour-lanterne en

2003.

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337

L'église Saint-Jean est le dernier chantier ouvert. Il s'agit d'un monument particulièrement remarquable, puisqu'il est l'unique témoin de l'architecture religieuse de ce

quartier presqu'entièrement détruit pendant les bombardements de 1944. Construite sur un terrain très marécageux, l'église offre une silhouette penchée, la même

depuis des siècles. Elle fait l'objet d'une veille régulière, qui permet de surveiller les variations et les déformations du bâtiment.

Les derniers examens ont démontré quelques désordres, qui nécessitaient une intervention rapide. Ainsi, la tour-porche, ouverte sur la rue Saint-Jean, est désormais

considérablement renforcée, par l'adjonction de cinquante-deux pieux implantés sur vingt-deux mètres de profondeur.

Cette intervention a été précédée d'une fouille archéologique assurée par l'Inrap, qui a permis la découverte de nombreuses sépultures disposées à 1.3 mètre environ

du sol actuel. Le coût de l'opération s'élève à 967 000 euros, hors coût des fouilles. Bien que très importante, cette opération n'est que temporaire : la tour-porche est

mise en sécurité, et il conviendra ensuite de réaliser une étude globale du bâtiment et d'établir un diagnostic. Ensuite seulement, un programme de restauration et de consolidation sera mis en place. L'église Saint-Jean n'est pas la seule à bénéficier de cette veille régulière, pratiquée dans tous les monuments communaux.

Enfin, à côté de ces opérations d'importance, il faut souligner les travaux de maintenance réalisés régulièrement : remplacement des pierres fragiles, consolidations,

nettoyage des gargouilles et gouttières…

L'église Saint-Jean :

Monument historique majeur,

elle s'inscrit désormais dans un

paysage urbain contemporain.

Depuis des siècles, la tour-

porche penche curieusement,

rappelant, bien sûr, une autre

tour italienne célèbre… Ce n'est

pas cette particularité qui est

inquiétante, mais plutôt l'état

des piles à l'intérieur du

bâtiment. La pose de pieux

dans le sol à plus de 20 mètres

va permettre de stabiliser les

masses, voûtes et piliers. Reste

à assurer une veille attentive et

à anticiper d'éventuels

désordres.

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338 La restauration des autres monuments : Palais ducal, Couvent de la Visitation et le Manège de l'Académie de la Guérinière est traitée au chapitre C2 4 : Faire vivre l'espace public : un patrimoine requalifié. La médiation autour du patrimoine : les champs d'investigation, les acteurs Caen a fait une force des évènements destructeurs de 1944 et s’est attachée à revaloriser son patrimoine ancien mais aussi à mettre l’accent sur les quartiers de la Reconstruction et le patrimoine remarquable de cette époque, comme l'Université, le château d’eau de la Guérinière ou la nouvelle église Saint-Julien, près du Jardin des Plantes, tous trois protégés au titre des Monuments Historiques et inscrits au titre du Label du XXème siècle. Les Journées Européennes du Patrimoine sont évidemment l'occasion d'ouvrir exceptionnellement certains monuments habituellement fermés, ou des sites intéressants mais peu connus : c'est le cas de la glacière, rue d'Authie, des carrières de la Maladrerie, des sous-sols du château, par exemple… Ces journées sont aussi l'occasion de présenter, en accès libre, des patrimoines mobiliers exceptionnels, comme le patrimoine cultuel de l'Abbaye-aux-Hommes. La médiation autour du patrimoine caennais est aujourd'hui très active, et touche les publics locaux, les visiteurs et les scolaires. Elle s'organise autour de thématiques bien identifiées : le patrimoine bâti est sans doute le plus fréquemment traité, mais la médiation s’attache aussi aux collections des musées, au patrimoine naturel (espaces verts, rivières, pierre…), au patrimoine industriel, maritime et portuaire, au patrimoine immatériel…Elle est assurée par des équipes confirmées, notamment les Services des Publics des musées et l'Office du Tourisme. Il est aussi important de souligner le partenariat déjà très efficient entre ces équipes, qui produisent ensemble des documents (livrets pédagogiques par exemple), se répartissent les missions (CPIE et Direction de l'Environnement, Office du Tourisme et Musée de Normandie) ou s'appuient sur les compétences d'autres partenaires (APUC et Maison de l'Architecture). - Un patrimoine bâti d'une exceptionnelle variété, des offres de visites très diversifiées : Globalement, l'offre proposée pour la découverte architecturale de la Ville se partage entre les guides de l'Office du Tourisme, les agents spécialisés des deux abbayes et le Service des Publics du Musée de Normandie. De manière moins fréquente, d'autres services ou associations peuvent prendre le relais : c'est le cas du CPIE, de la Maison de l'Architecture, de l'Atelier de l'Architecture – APUC – pour une vision plus urbanistique, des Conseils de Quartier et leurs associations partenaires. Cette offre peut être programmée ou circonstancielle, et dans ce cas, liée à une commande précise. C'est fréquemment le cas pour les visites scolaires, la plupart du temps liée au programme de l'année ou à un projet. Un inventaire exhaustif serait fastidieux, mais on peut rapidement tracer les grandes lignes des actions de médiation proposées pour la connaissance du patrimoine architectural de la ville. * Le patrimoine médiéval est très présent à Caen, avec les trois fleurons que sont les Abbayes aux Hommes et aux Dames et le château ducal. Ce sont, bien évidemment, les sites les plus fréquemment visités. Outils majeurs du tourisme culturel caennais, ils sont néanmoins soumis à des problématiques fortes et complexes : Chacune des abbayes est le siège d'une collectivité territoriale – Mairie et Conseil Régional – où travaillent chaque jour des centaines d'agents. L'organisation des visites guidées doit donc s'adapter et s'ajuster au quotidien de ces grandes administrations : réceptions, mariages, évènements et cohabitation entre les agents, les élus et les visiteurs. La synergie entre l'activité touristique de ces sites et leur vie institutionnelle tient parfois de la performance.

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339 Les visites - proposées en deux langues au moins, le français et l'anglais - sont assurées par des agents spécialisés, guides ou guides-conférenciers, qui proposent des circuits "généralistes" tous publics, des visites thématiques et offrent également des animations pédagogiques pour les scolaires, axées sur des thématiques spécifiques : architecture romane et gothique, architecture du 18ème siècle, vie religieuse, lien avec l'histoire du fondateur Guillaume le Conquérant…

Au cœur de la ville, le château est un lieu historique et emblématique majeur, dont les remparts impressionnants, l'église et les bâtiments civils marquent l'ancrage médiéval. Mais il abrite aussi les deux musées de ville, le Musée de Normandie et le Musée des Beaux-Arts, le second dans un bâtiment contemporain. C'est aussi un lieu très ouvert, quotidiennement fréquenté par les étudiants du Campus I qui se rendent dans le centre-ville. Il est, enfin, le siège de manifestations majeures, dont, chaque année, le salon du livre "Passages de témoins". Ses multiples fonctions et la diversité de son architecture le rendent difficile à "lire" en première analyse et nécessitent un véritable travail d'interprétation de la part des médiateurs culturels. Dans un avenir proche, l'église Saint-Georges accueillera un centre d'interprétation, outil facilitant qui permettra aux visiteurs de prendre des points de repère utiles. Les visites assurées par les médiateurs du Musée de Normandie – pour les scolaires – et par les guides de l'Office du Tourisme - pour les autres publics - resteront le complément indispensable à la compréhension de ce site historique majeur dans l'histoire normande.

Les deux abbayes ducales

assurent des visites toute

l'année.

A gauche : Abbaye aux

Hommes

Le cloître : au cœur de

l'Abbaye, cet espace

privilégié est aussi le lieu

des réceptions estivales

organisées à la Mairie.

(Cliché VC/NO )

A droite : Abbaye aux

Dames :

Arrêt devant le portrait

des mères abbesses, de

grandes dames assez

intimidantes.

(Cliché OT/M. Desdoits)

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340

* L'architecture civile caennaise est significative d'une très longue période de l'histoire de Caen, du 11ème au 21ème siècle : les champs d'investigation sont évidemment trés nombreux, et leur découverte est possible de multiples manières : ce sont essentiellement les guides de l'Office de Tourisme qui œuvrent dans ce sens.

Le public des visiteurs étant évidemment le cœur de cible de l'Office de Tourisme, ses équipes ont créé

des chemins ludiques et culturels pour la découverte de la ville : les visites théâtralisées – assurées par

Actéa, une compagnie professionnelle – sont un dialogue vivant et souvent drôle entre le guide-

conférencier et les acteurs, autour d'un évènement, d'un personnage, en liaison avec un monument. Les

balades musicales, assurées par Armada, sont l'occasion de flâner agréablement dans la Ville, sans souci

didactique imposé. Le petit train touristique permet une visite panoramique et assez complète de la ville,

qui pourra être approfondie dans un second temps.

Ces animations complètent un panel plus classique de visites guidées de ville à pied ou en autocar.

Enfin, pour les réfractaires à la visite guidée traditionnelle, l'Office de Tourisme propose des rallyes

touristiques à faire en autonomie.

Pour un public moins néophyte, l'Office de Tourisme propose des cycles réguliers de visites-conférences,

l'occasion de découvrir en profondeur le patrimoine médiéval de la ville, celui de la Reconstruction, etc.

Le programme "Découvrir ma Ville", est plus particulièrement conçu pour les caennais. Le cycle des

conférences, qui ont lieu de septembre à juin, alterne les visites de quartiers bien identifiés par leur

architecture, leur histoire ou leur "style" ; d'établissements caennais – l'ésam par exemple – ou

d'entreprises. Ces animations peuvent prendre la forme de conférences en salle.

* l'architecture contemporaine, les projets urbains

L'architecture contemporaine, pourtant bien présente dans la Ville, n'est pas traitée de manière spécifique

par les guides de l'Office du Tourisme, mais elle évoquée au fil des parcours de visites.

Le Service des Publics du Musée des Beaux-Arts présente le Musée comme un objet architectural, dont la

configuration et l'organisation sont conçues pour conserver et présenter les collections.

Une visite théâtralisée au château : par le biais

d'une histoire vivante et qui mêle informations

historiques et humour, le public fait connaissance

avec "la grande" histoire de Caen.

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341 La symbolique du Mémorial est expliquée en introduction de chaque visite guidée : de fait, la profonde faille dans la façade de pierre évoque les destructions subies à Caen, et aussi la brèche ouverte par les Alliés lors du Débarquement. Sur cette façade, une citation du poète caennais Paul Dorey évoque la Normandie blessée : " la douleur m'a brisée, la fraternité m'a relevée, de ma blessure a jailli un fleuve de liberté". A l'occasion d'évènements, comme par exemple "Le Mois de l'Architecture Contemporaine ", le service municipal de l'Urbanisme - et plus particulièrement l'Atelier Public de l'Urbanisme caennais ou APUC - organise également des visites en lien avec l'architecture.

Le Mémorial pour la Paix. (Cliché D. Pipet)

Une biennale pour débattre de la Ville : Caen les Rencontres

Depuis 2009, la Ville organise Caen, les Rencontres. Ce cycle de journées d'échanges et de réflexion sur l'architecture, l'urbanisme et le développement durable

est ouvert au grand public et animé par des architectes, des urbanistes, des élus, des journalistes… La 2ème édition, du 10 septembre au 31 octobre 2011,

questionnait nos liens avec la rue au travers de l'exposition-événement : « La rue est à nous… tous ! ».

Après Paris, Shanghaï, Barcelone ou Sao Paulo, l'exposition internationale créée par l'Institut de la ville en mouvement a été accueillie sur la Presqu'île. Plus

d’une centaine de photographies de grandes agences de presse, un spectacle audiovisuel, des projets d’architecture et d'urbanisme, des témoignages et des

questionnements la composent.

L'ésam a été le premier lieu de Caen les Rencontres

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342 * Le patrimoine industriel, maritime et portuaire est valorisé par l’Office de Tourisme au travers de visites guidées organisées pour les groupes scolaires et adultes : les visites peuvent s'organiser autour de l'histoire du port ou des activités portuaires entre Caen et Ouistreham. Le patrimoine maritime mobilier est rare mais intéressant, car il illustre l'activité portuaire caennaise durant de nombreux siècles, quand les habitants étaient tour à tour maraîchers, éleveurs ou pêcheurs. Des modestes chantiers navals à la vente du poisson en ville, la pêche est une activité locale pérenne jusqu'au début du 20ème siècle au moins. Une association, le Centre Nautique Caennais, s'attache à restaurer les modestes bateaux qui sont utilisés sur l'Orne et en mer, des plates et des picoteux et les présente régulièrement, notamment à l'occasion de Presqu'île en Fête. Elle propose aussi au public des balades en mer. Enfin, elle œuvre auprès de publics en difficulté, avec des partenaires sociaux comme la CAF. La Ville soutient ces actions de réinsertion.

Le Centre

Nautique

Caennais est

actuellement

hébergé dans le

pavillon Savare,

témoin de

l'activité

industrielle

portuaire.

L'association

occupe deux

salariés à temps

plein et assure des

missions de

conservation, de

médiation et de

formation et

participe à

Presqu'île en Fête.

(clichés VC/FD)

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La qualité des parcs et espaces verts de la ville est aussi abordée sous un angle plus traditionnel par ces mêmes équipes, et particulièrement, le Jardin des Plantes, véritable fleuron caennais, site classé, et qu'on a plaisir à visiter comme un musée.

* Le patrimoine vert fait l'objet d'actions menées par la Direction de

l’Environnement et du Cadre de Vie – DECV- , le Centre Permanent d’Initiatives pour

l’Environnement (C.P.I.E.), le Musée d’Initiation à la Nature et le Comité Régional

d’Etude pour la Protection et l’Aménagement de la Nature (C.R.E.P.A.N.) de Basse-

Normandie.

L'approche des médiateurs est plus particulièrement environnementale : il s'agit

d'abord de donner aux habitants les informations utiles ou nécessaires pour une

meilleure gestion des ressources : de fait, le développement durable passe par des

pratiques qu'il faut acquérir. C'est l'équipe du Jardin des Plantes, qui, au sein de la

DECV, assure l'essentiel de ces animations, et participe aux journées nationales,

comme la Fête de la Nature.

La médiation sur le patrimoine vert est aussi un outil au service d'une meilleure

cohésion sociale : les services municipaux s'investissent beaucoup pour les jardins

familiaux, petits lopins de terre à cultiver et à fleurir, et qui représentent

actuellement 450 parcelles réparties dans les quartiers du Chemin-Vert, de la

Guérinière (à la limite de Cormelles-le-Royal), du Calvaire-Saint-Pierre, de Beaulieu,

de la Prairie, et de la Grâce de Dieu.

Beaucoup perdurent depuis des décennies : c'est le cas des jardins proches de

Cormelles, créés en 1950.

Le C.P.I.E. organise également des animations en lien avec l’écologie et la

citoyenneté, comme la visite de l’usine de traitement des déchets ou la station

d’épuration. Le plus souvent, les médiateurs travaillent à partir d'une commande,

qui peut émaner d'une structure scolaire, de la CAF ou d'associations.

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347 Le patrimoine artistique et littéraire : les collections muséales, les bibliothèques, les archives Les collections des musées de Normandie et des Beaux-Arts ne sont pas spécifiquement dévolues au patrimoine caennais, qu'elles croisent cependant fréquemment. Ainsi, le Musée des Beaux-Arts est dépositaire d'une importante collection de gravures – la collection Mancel -, un trésor artistique inestimable et aussi documentaire, puisque plusieurs centaines d'œuvres sont consacrées au patrimoine bâti ou aux paysages caennais. Le fond est régulièrement présenté au public, autour d'une thématique plutôt esthétique qu'historique. Le Musée possède aussi de nombreux tableaux, qui traitent de personnages, d'architecture, d'évènements ou d'histoire de la ville.

Musée des Beaux-Arts, dans l'enceinte du château. Devant l'entrée, l'œuvre de Martan Pan, "Sphère coupée 1400-1000" (1991). Acier inoxydable brossé 140 x 140 x 90 cm.

Dépôt du Fonds National d'Art Contemporain. (Cliché OT/M. DESDOITS).

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348 La ville de Caen a inspiré nombres d'artistes, et notamment les voyageurs anglais, qui, aux 18 et 19èmes siècles, parcourent la Normandie et "croquent" paysages et monuments. Le Fonds Normand de la Bibliothèque rassemble ces trésors et propose régulièrement des expositions ciblées sur ces œuvres. Moins loin de nous, Victor Lépine et Louis-Edouard Garrido ont été très inspirés par la ville et le port.

Toutes ces ressources constituent, avec les livres des bibliothèques de la Ville, un fonds patrimonial d'une très grande diversité. Les agents des différentes structures porteuses ouvrent largement leurs portes aux publics, même s'il n'existe pas, aujourd'hui, un catalogue public de l'offre existante.

La Prairie aux abords de l'Abbaye aux Hommes au 19ème

siècle.

Vue de Caen gravée par W.J Bennet d'après John Carr, publiée en 1803 par J. Johnson à Londres

(Gravure, Musée des Beaux –Arts référence 84-6-861)

Vue du port de Caen

Louis-Edouard Garrido, 1960. Huile sur bois.

(Collection Musée de Normandie)

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Le Conseil Régional de Basse Normandie possède le fonds "Peindre en Normandie", avec plusieurs centaines d'œuvres dont beaucoup sont impressionnistes. La collection est très régulièrement présentée à l'étranger pour représenter la région.

Les expositions temporaires sont souvent l'occasion

de décliner des thèmes plus spécifiques au territoire :

le Musée de Normandie, notamment, y décline des

thèmes proprement locaux, comme l'histoire du port,

la pierre, la reconstruction de Caen…. Ces expositions

sont bien entendues conservées, mais aussi numérisées

depuis quelques années, enrichissant ainsi le fond

documentaire caennais.

Ces expositions font l'objet d'animations spécifiques

pour le grand public et les scolaires. Elles sont

régulièrement accompagnées d'une publication.

Le Musée des Beaux-Arts, les bibliothèques, valorisent

aussi leur patrimoine caennais lors d'expositions

souvent liées à un évènement ou une commémoration.

Chaque année, le Musée de Normandie propose une exposition

temporaire. Les salles du rempart, aménagées il y a quelques

années, offrent un cadre somptueux à ces manifestations.

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C2 3 2 : le projet de labellisation Ville d'Art et d'Histoire Mieux faire connaitre la richesse du patrimoine de Caen. Obtenir le label "Ville et Pays d'Art et d'Histoire" Obtenir le label est un enjeu dès 2009 et ce projet s'inscrit dans le Projet Culturel de la Ville : " Ce label créé en 1985 et aujourd’hui très reconnu (131 villes et pays s’en prévalent) permet sans aucun doute à la ville qui le possède de mettre en place une véritable valorisation touristique et culturelle de son patrimoine. Un tel label permettrait à Caen d'être identifiée au sein d'un réseau national, et de bénéficier également d'une lisibilité pour les Caennais de la richesse du patrimoine de leur ville. Ceux-ci doivent être les 1ers ambassadeurs de leur ville ! De plus, l'obtention du label permettrait de rendre cohérent le réseau des acteurs qui travaillent sur le patrimoine à Caen (les musées, les archives municipales, le service urbanisme, l’office de tourisme, le CAUE, la Maison de l’architecture, l’université, le Service Régional de l'Inventaire…)." (Projet Culturel, p. 19)

Le projet de candidature au label - dont la mise en œuvre est approuvée par le Conseil Municipal de février 2012 – s'est nourri depuis 2009 des autres projets mis en œuvre, comme l'accompagnement des habitants dans le renouvellement urbain, le PEL au plan éducatif au plan social et sociétal, l'AVAP au plan urbanistique, et enfin la réorganisation des services du Tourisme. Ces leviers sont, chacun, au service de la politique de la Ville, qui œuvre pour un développement durable et équitable de la cité.

Les objectifs de la Ville labellisée qui sont déclinés dans ce dossier de candidature prennent donc en compte la politique urbaine dans sa globalité telle qu'elle s'affirme aujourd'hui, avec quatre grands axes de développement,

Un volet social, et une intégration épanouie des habitants dans leur cité Un volet éducatif, et une éducation citoyenne et partagée par tous Un volet urbanistique, et une cité durable et respectueuse de son environnement urbain et paysager. Un volet économique, et des activités touristiques d'excellence.

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351 C2 4. Faire vivre l'espace public, favoriser l'art et la création dans la ville : La création est au cœur de la politique culturelle de la Ville La création est pensée dans une perspective durable, aussi bien en ce qui concerne la genèse de l’œuvre que son devenir ; cette approche à la fois intellectuelle et politique de la création confère une place essentielle à l’œuvre dans la société puisqu’elle est appréhendée à la fois dans sa contemporanéité et dans sa capacité à participer à la constitution du patrimoine de demain. Elle s'inscrit dans la Ville en mouvement, porteuse de mémoire et porteuse d'avenir.

- des institutions de renom Caen dispose d’une « base créative » d’une très grande richesse et anime la vie culturelle bas-normande. Plusieurs grandes institutions structurent l’espace artistique local, et permettent à la Ville de jouer son rôle de capitale culturelle régionale. * Dans le domaine du théâtre et de l'art lyrique avec la Comédie de Caen et le Centre Dramatique National et le Théâtre de Caen : Le travail sur le répertoire que conduit le Théâtre rencontre l'adhésion d’un public très large tant géographiquement que socialement, grâce à un projet artistique fondé à la fois le montage de productions ou de coproductions nationales et internationales de grandes pièces lyriques, et à l’accompagnement de créateurs au premier rang desquels David Bobée qui depuis ces premières mises en scènes à Caen, conduit désormais une carrière internationale. * Dans celui de la danse avec le Centre Chorégraphique National, * Pour les musiques actuelles avec le Cargö, * Pour les Arts plastiques : Depuis 2009, l'ésam est un véritable outil de développement en complément de l’Artothèque, du FRAC67 et autres galeries avec la volonté de faire travailler l’ensemble de ces structures dans une démarche concertée visant à inscrire l’art dans la ville et de le faire vivre sur l’espace public. Outre les arts plastiques, c’est aussi la photographie, via des associations comme l'Ardi, Image14, ou Arcis, que la ville souhaite mettre en lumière par la création d’un véritable temps fort autour du 8ème art.

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Fonds Régional d'Art Contemporain

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- Un réseau local foisonnant

Afin de valoriser davantage la création caennaise et développer sa renommée, la ville de Caen a défini

une véritable politique en faveur du développement des Nouveaux Territoires de l’Art : démarches

artistiques alternatives libres avec appropriation de lieux en désuétude, friches industrielles, immeubles

abandonnés….

Ainsi, des structures associatives soutenues par la Ville conduisent un travail singulier comme La Station

Mir avec le festival Interstices ou Transat Projects, qui ont développé une compétence pour

l'organisation d'exposition d'œuvres et d'artistes qui entretiennent une relation forte aux

caractéristiques architecturales du patrimoine.

Leurs projets sont autant de façons de mettre en avant le patrimoine de la Ville que de proposer aux

habitants et aux visiteurs une relation unique entre une œuvre et un espace patrimonial. Ce dialogue

entre le patrimoine et la création permet autant aux visiteurs de redécouvrir un lieu patrimonial que

d'être en relation avec une œuvre contemporaine en bénéficiant de l'intérêt partagé pour le patrimoine.

C’est aussi la programmation estivale de Caen Soirs d'été, qui se décline dans tous les parcs et jardins,

des espaces urbains parfois méconnus des Caennais et permet de sensibiliser des publics éloignés de la

culture. Une quarantaine de spectacles des Arts de la rue sont présentés, en abordant tous les champs

artistiques; cirque, théâtre, danse, musique, marionnettes…Les compagnies programmées mettent en

valeur la création contemporaine dans l'espace public, repérées sur les différents festivals nationaux et

internationaux. Des actions culturelles sont mises en place, en amont des spectacles, avec les

compagnies accueillies dans la programmation, sous forme d'ateliers de pratique artistique.

Les visites théâtralisées, sont également d’une autre manière, autant d’occasions de découvrir ou

redécouvrir le patrimoine comme le seront prochainement les balades littéraires associées à la

technologie NFC qui vont permettre de découvrir un parcours dans la ville, avec un réseau d’information

culturelle ludique, en instantané ou en différé pour installer le livre au cœur de la ville, dans une

découverte originale, active et autonome, avec la possibilité pour le public, par les divers liens proposés,

de prolonger la recherche, d’aller acheter ou consulter les œuvres citées…

Caen Soirs d'été, édition 2013 : la Compagnie Tilted se produit dans le château

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354 - des choix ambitieux La ville favorise la reconnaissance des artistes plasticiens locaux auprès du grand public par leur promotion, l'ouverture d’ateliers, la création de prix, l'accueil d’expositions dans les sites municipaux mais elle a également souhaité s'ouvrir largement à la création contemporaine internationale : Dans cette esprit, la commande publique artistique destinée à la Place Saint-Sauveur a conduit à sélectionner Joep van Lieshout ; la construction de la BMVR- bibliothèque multimédia à vocation régionale, a été confiée à l’un des plus grands cabinets de l’architecture contemporaine mondiale, Oma- Rem Koolhaas- Clément Blanchet ; Rudy Ricciotti pour la restauration et la création de nouveaux espaces du Convent des Visitandines. des commandes régulières à des compositeurs et un concours national pour les jeunes compositeurs, un travail de redécouverte du répertoire lyrique, comme L’Olympiade de Josef Myslivivecek avec les arts Florissants, un soutien à la littérature contemporaine grâce au festival Passages de Témoins ou sa valorisation grâce au travail de conservation et de recherche conduit à l’IMEC, sont autant de démarches qualitatives et novatrices portées ou largement soutenues par la Ville. Création contemporaine et patrimoine :

- Un patrimoine ancien requalifié : La Ville développe des projets qui dialoguent avec les caractéristiques architecturales et patrimoniales de la cité. Ainsi le patrimoine devient le support du dynamisme culturel de la Ville. C’est la raison pour laquelle la politique de restauration du patrimoine s’affirme résolument à destination de la création contemporaine. Il s'agit bien d'une requalification des lieux, tant d'un point de vue architectural que culturel. Ainsi, les églises désaffectées de Caen sont autant de lieux de vie culturelle, avec chacune ses spécificités : par exemple, Notre-Dame-de-la-Gloriette est plus particulièrement dédiée à la musique et à la maîtrise de Caen, qui y offre un concert gratuit tous les samedis midi ; les églises Saint-Sauveur et Saint-Nicolas sont investies par de nombreuses associations et pour des évènements artistiques comme le festival de musique vocale Viva voce, ou le festival Interstice, des temps forts autour de la littérature, des rencontres autour de la poésie contemporaine ou encore de la danse contemporaine. L’église du Sépulcre accueille des expositions. Aujourd'hui, la ville a ouvert plusieurs chantiers majeurs de restauration de ses monuments historiques : chacun d'eux valorisera une forme d'expression artistique : les arts plastiques au Palais Ducal, siège de l'Artothèque, et également au Couvent des Visitandines, qui présentera dès 2016 les collections du FRAC68 Basse-Normandie. Ce dernier projet prévoit aussi l'hébergement d'associations travaillant les arts visuels, comme l'Ardi, et des résidences d'artistes. Dans quelques années, la Chapelle du Bon Sauveur sera rénovée et accueillera le Centre chorégraphique national avec nombre d’accueils-studio de compagnies régionales, nationales et internationales.

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FRAC : Fond Régional d'Art Contemporain

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A gauche :

Eglise du Sépulcre, clocher et maisons du Vaugueux . L'église accueille des expositions

(cliché OT/Guichard)

Eglise Saint-Nicolas : le marché de l'Art

A droite :

Eglise Saint-Sauveur : l'association Tempo Tango

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356 * L'Artothèque s'installe dans le Palais Ducal

Le Palais Ducal est, avec la Salle des Gardes, un des rares bâtiments médiévaux préservé de l'Abbaye aux Hommes69. Sa fonction originelle est d'accueillir les hôtes de

l'Abbaye. Ce vaste bâtiment, progressivement délaissé, est largement remanié au 19ème siècle pour accueillir l'Ecole Normale des Garçons, puis des Filles.Après 1961

et jusqu'en 2012, il est utilisé par les services municipaux, et notamment les Archives.

L'Artothèque investit désormais le Palais ducal – sauf le rez-de-chaussée -, la chapelle et le passage (ou galerie). Le maître d'œuvre est l'agence F et F Jacquemart 2

Architectes.

L'opération, d'un montant global de trois millions d'euros, comprend les travaux de restauration, pour 750 000 euros et les aménagements intérieurs, ainsi que ceux

des abords.

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L'ensemble de l'Abbaye aux Hommes est décrite dans le cahier patrimonial.

Le "Palais Ducal" avant les interventions récentes

En 1841, l'architecte Guy procède à de nombreux aménagements pour

accueillir les élèves de l'Ecole Normale : percements d'oculi dans les

parties hautes et d'ouvertures en arcs brisés au rez-de-chaussée ; ajouts

décoratifs autour des baies de l'étage noble ; "embellissements" sur la

façade de la tour centrale.

En 1865, l'architecte Marcotte crée une chapelle: il prolonge la partie

nord du bâtiment de deux travées qui forment une saillie sur la façade (à

droite sur la photo). La construction s'élève sur trois niveaux : le niveau

bas – rez-de-chaussée – est une vaste salle voûtée d'un seul tenant, dotée

de solides piliers qui soutiennent les niveaux supérieurs.

Le niveau intermédiaire – ou niveau noble – est percé de baies ogivales à

l'est (vers l'intérieur de la cour) ; le niveau haut, sous les combles, est

profondément modifié au 19ème

siècle.

En retrait de la chapelle, un passage à arcades relie le Palais Ducal à la

maison qui abrite aujourd'hui le service des Archives Municipales, le

Centre de Documentation et le COS, et s'ouvre sur la rue Lebailly.

L'ensemble formé par la "saillie" de la chapelle, le passage à arcades et la

maison sont élevés au 19ème

siècle.

Le bâtiment, fermé par le mur d'enceinte de l'Ecole, est peu à peu oublié.

(cliché : VC/FD)

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357 Pour la partie restauration, l'Etat contribue à hauteur de 22 %, le Conseil Général et le Conseil Régional à 20 % pour chacun d'eux. Les aménagements intérieurs et

extérieurs sont intégralement pris en charge par la Ville.

Un équipement ouvert, des espaces généreux :

Le Palais Ducal aujourd'hui :

La restauration extérieure respecte la configuration du bâtiment au 19ème

siècle. Les toitures ont été

complètement refaites, les murs nettoyés. Une terrasse remplace le toit du bâtiment à arcades (à droite).

Ce belvédère permet d'admirer la Tour Guillaume depuis la cour de l'Abbaye.

Le mur d'enceinte a été démoli, et le bâtiment est désormais largement visible depuis la Place

Monseigneur -des-Hameaux. Un vaste parvis dallé est aménagé. (Cliché VC/NO)

La salle voûtée du rez-de-chaussée est composée de deux nefs

séparées par de solides piliers. A l'Est et à l'Ouest, elle est largement

percée de grandes baies ogivales. C'est un lieu prestigieux, mis à la

disposition des publics pour des manifestations privées.

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358 De nouveaux accès sont aménagés : du parvis, le visiteur entre dans la galerie puis franchit l'escalier qui le conduit à la chapelle, où prennent place l'accueil, la galerie

de prêt et le centre de documentation. De là, il pénètre dans l'espace dévolu aux prêts ; s'il s'aventure en bout de bâtiment, il accède à la galerie d'essai réservée à des

œuvres d'artistes émergents.

Les locaux techniques et les bureaux sont aménagés à l'ouest, derrière la chapelle.

Au niveau 1, les visiteurs accèdent à

l'artothèque par la chapelle en empruntant

l'escalier ou l'ascenseur, aménagé derrière le

bâtiment. Ce vaste espace, ouvert sur les logis

abbatiaux, établit la liaison avec l'équipe de

l'artothèque et conduit aux espaces de prêt..

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359 L'étage supérieur, sous les combles, est réservé aux expositions temporaires. Pour une meilleure visibilité des œuvres, les ouvertures à l'ouest ont été occultées. La salle s'élève jusqu'à la toiture, permettant d'admirer le magnifique appareil de la charpente

La charpente

a été

restaurée et

les éléments

sains

conservés.

Le

magnifique

escalier à vis

aménagé au

19ème

siècle

dans la tour

de façade est

réhabilité.

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360

* Le Couvent de la Visitation – appelé aussi Quartier Lorge - accueillera prochainement le Fond Régional d'Art Contemporain

L'Ordre de la Visitation Sainte-Marie fut fondé, en 1610, par Saint François de Sales et Saintes Jeanne de Chantal, dans le but de rendre accessible, même aux faibles

santés, la pratique de la vie et des vertus religieuses. Le monastère de Caen est le 29ème de ce l'Ordre. Les sœurs fondatrices s'établirent d'abord à Dol, puis à Caen en

1631. Installées rue Saint-Jean, elles font ensuite construire leur monastère rue Caponière (des Capucins) à partir de 1636. L'installation des sœurs de la Visitation à Caen s'inscrit dans l'important mouvement de fondation d'établissements religieux consécutif à la Contre-Réforme Les Visitandines, qui se consacrent d'abord à l'accueil des

prostituées repenties, adopteront ensuite une vie contemplative.

Le Couvent de la Visitation

Les bâtiments conventuels sont construits de

1632 à 1647 . L'église entre 1648 et 1661.

Elle sera détruite pendant les bombardements

de 1944.

Les galeries du cloître sont percées par

des arcades en plein cintres encadrées par

des pilastres surmontées de chapiteaux de type

toscan

. Dans l'agglomération caennaise, on retrouve

ce style très sobre, typique du

classicisme français, à l'abbaye d'Ardenne, dont

le cloître est reconstruit quelques décennies

auparavant et qui a aujourd'hui disparu, et à

l'Abbaye aux Hommes.

Le côté ouest du cloître n'a jamais été construit.

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361 Comme toutes les communautés religieuses, celle des sœurs de la Visitation disparaît à la Révolution française. Le couvent de la Visitation se transforme en caserne en

1792 et accueille la 73e brigade de Cuirassiers.

L'église est transformée en magasin, en salle d'armes, en remise pour voitures et enfin en magasin d'alimentation.

La caserne de la Visitation est rebaptisée dépôt de Remonte, puis Quartier Lorge, du nom d'un général caennais de la Révolution française. On y dresse des chevaux

pour l'armée. Le dépôt de Caen est le plus important en France, et gère plusieurs centaines de chevaux. Les grandes écuries et d'importants services annexes : forge,

pharmacie, sont construits à cet effet à partir de 1835. Le mess des officiers est l'actuelle Maison des Associations.

Progressivement abandonné, l'usage militaire du cheval disparaît complètement après la Seconde Guerre mondiale et le Quartier Lorge devient le siège de la subdivision militaire du Calvados (zone de défense de Rennes) qui prend en 1966 le nom de 32e division militaire territoriale, puis de 32e groupement divisionnaire jusqu'en 1991.

En 2011, le transfert du Fonds régional d'art contemporain Basse-Normandie – FRAC - dans le Quartier Lorge est inscrit dans le contrat de projet État-Région 2014-2016. Le FRAC sera transféré dans les bâtiments de l'ancien cloître en 2016.

- Le projet : partenaires, financements, programme

La Ville, propriétaire, met le site à disposition de la Région pour l'implantation du FRAC. A ce titre, elle a signé une convention de maîtrise d'ouvrage et organisé le

concours avec la Région. Le cahier des charges et la composition du jury sont définis en 2012.

Le projet est estimé à 10 millions d'euros (TTC) hors aménagements des abords, et les partenaires sont l'Etat – 1.5 millions d'euros – et la Région – 7,6 millions d'euros.

La Ville, quant à elle, prend en charge les abords et accès du site.

Le programme du concours demande aux candidats de concevoir un lieu qui comprenne des espaces d'expositions permanentes et temporaires, des réserves, des

locaux de maintenance et des locaux pédagogiques. Il s'agit aussi de proposer une structure ouverte, susceptible de réhabiliter l'ensemble du site, assez endormi et

aujourd'hui oublié des caennais.

Le jury retient trois des 141 dossiers de candidature qui lui sont soumis; Les candidats qui doivent fournir une esquisse du projet sont l'agence Robbrecht &Daem,

l'agence Chartier-Corbasson et l'agence Ricciotti. C'est cette dernière qui est retenue début 2013, et fournira un APS en août de cette même année.

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- Le lauréat, Rudy Ricciotti :

Quartier Lorge : emprise du projet d'installation du FRAC

L'ensemble formé par le couvent de la Visitation et les bâtiments

militaires du 19ème

siècle est inscrit dans un large triangle délimité

à gauche, par la rue Caponnière ; au nord par la rue Neuve Bourg-

l'Abbé, au sud par la rue Damozanne.

Le couvent est situé côté rue Caponnière. Il est séparé par de

grands jardins de la partie militaire du site. L'extension créée pour

le Frac fermera le côté ouest du cloître et "absorbera" la forte

déclivité entre le sol du couvent et celui des jardins.

Les bâtiments militaires s'étendent à l'ouest depuis les plus

anciens de part et d'autre du jardin jusqu'aux plus récents, qui

ferment l'espace. La Maison des Associations, ouverte sur la rue

Neuve-Bourg-l'Abbé, est aménagée dans la partie la plus proche

du couvent.

L'architecte désenclave le site en détruisant le mur d'enceinte. Il choisit un parti qui lui est

familier, en proposant la construction d'une extension semi-enterrée, qui ferme le quatrième

côté du cloître et se glisse sous l'esplanade entre le monastère et les jardins. La façade,

suspendue à une longue poutre (en rouge sur l'esquisse ci-contre) se prolonge jusqu'à la

petite rue Neuve-Bourg-l'Abbé, qui ferme l'enceinte au nord.

Les salles enfouies sous l'esplanade sont recouvertes d'un toit-miroir d'eau. Elles accueilleront

les espaces d'exposition.

Les volumes réhabilités du couvent seront dévolus aux pièces annexes : réserves, bureaux…

Les espaces laissés vacants par le FRAC seront plus tard utilisés pour l'accueil d'associations

spécialisées dans les arts visuels.

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Perspectives sur l'intégration de la greffe architecturale, vues depuis le couvent et depuis la greffe (images de synthèse, agence Ricciotti)

Rudy Ricciotti est né en 1952 en Algérie. Il suit les cours de

l'Ecole d'Ingénieurs de Genève, puis ceux de l'Ecole nationale

d'architecture à Marseille. Il a notamment réalisé le FRAC

d'Amiens (2003), la salle des Musiques Actuelles et

Contemporaines de Boulogne-Billancourt (2007), le Musée des

civilisations de l'Europe et de la Méditerranée – MUCEM - à

Marseille (2013).

Il a obtenu le grand prix national de l'architecture en 2006

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364 * La chapelle du Bon-Sauveur, futur écrin du Centre Chorégraphique National L'édifice est reconstruit en 1956 par l'architecte Louis Rême sur les fonds propres de la communauté qui souhaite remplacer celle du 19ème siècle jugée vétuste et inadaptée. Il s'inscrit dans un ensemble de bâtiments datant pour la plupart du XIXe siècle dont le bâtiment de la communauté, édifice monumental élevé en 1873. L'architecte a respecté strictement l'implantation du précédent bâtiment. La chapelle est protégée en septembre 2006. Comme pour les autres bâtiments contemporains du Bon-Sauveur, son architecture est néo-gothique, avec une façade en moellons sciés de pierre de Caen et une flèche imposante. Le portail est en alignement avec les logis conventuels. Les volumes intérieurs sont immenses et raffinés. Les vitraux sont l'œuvre du maître verrier Gabriel Loire à partir de cartons de Trévédy. L'église est dotée d'un très bel orgue à transmission électronique-pneumatique du facteur nantais Beuchet-Depierre. 2013 : La Ville se porte acquéreur du bâtiment et y installera le Centre Chorégraphique National.

Les grands évènements peuvent aussi impulser une politique de réinvestissement des lieux : ainsi, dans le cadre des Jeux Equestres Mondiaux, le Manège situé Place du Canada est rénové et accueillera, pendant toute la saison 2014, des spectacles en lien avec les arts équestres.

L'église du Bon-Sauveur

La façade, néo-gothique, est

monumentale et décline tous

les genres propres à cette

architecture. Elle est ornée

d'une haute flèche et d'une

horloge monumentale.

Cliché bas droit : L'abside en

rotonde est visible depuis la

rue Caponnière .Son

architecture dépouillée, proche

de celle des églises de la

Reconstruction, tranche

totalement avec celle de la

façade.

Cliché haut droit : l'orgue

Beuchet-Depierre.

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367 La reconquête de nouveaux territoires : La mutation du territoire de la presqu'île, les potentialités des espaces publics qui ont été créés après la reconstruction sont autant de territoires stimulants pour les créateurs. Le territoire de la presqu'île de Caen est régulièrement investi par des projets artistiques pionniers menés dans le cadre d'ateliers de création organisé par des professeurs de l'ésam ou lors d'événements internationaux avec le festival Normandie Impressionniste (Mépic) ou encore lors d'événements liés à l'architecture et à l'urbanisme avec "Caen, les rencontres". Le festival Nördik impact, festival de musique électronique, sur le site de la Presqu'île, interroge pour sa part les relations entre création musicale et territoires urbains en mutation. L’implantation des Ateliers intermédiaires, collectif d’artistes implanté sur la Presqu’île, marque de l’empreinte de la création, par l'accueil d'artistes en création sur les écritures contemporaines (théâtre, arts plastique et audiovisuels), , ce territoire en devenir. Parallèlement, l'événement Presqu'île en Fête a permis à la population de l'investir durant ces trois dernières années et accompagnera cet espace reconfiguré à partir de 2015. Caen, ville au patrimoine meurtri, offre une vitalité créative foisonnante, d’une grande diversité et d’une belle richesse intellectuelle et artistique, qui s'appuie sur la diversité de ses patrimoines urbains.

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368

D : LE PROJET DE CAEN, VILLE D'ART ET D'HISTOIRE

Les enjeux du label pour la Ville de Caen

La candidature de Caen au label "Ville d'art et d'Histoire" a été annoncée dès 2009 dans le Projet Culturel de la Ville et traduit l'intérêt de la Ville pour la valorisation de son patrimoine, son appropriation par les habitants et la nécessité de le faire savoir. Elle accompagne le projet de Ville "Caen en 2030" et plus particulièrement les objectifs du Plan Local d'Urbanisme (finalisé fin 2013) et la décision de mettre en œuvre une Aire de Valorisation de l'Architecture et du Patrimoine, dont l'instruction est en cours.

Elle est, enfin, l'opportunité pour la ville de construire autour de ses patrimoines des projets transversaux et innovants.

Ces projets concernent tous les patrimoines : bâti, mobilier, naturel et immatériel…. Il s'agit d'intégrer dans la démarche l'ensemble des éléments qui contribuent à l'identité de la ville : la Prairie, les cours d'eau et la Presqu'Ile, l'architecture de la Reconstruction, l'architecture contemporaine, les monuments médiévaux, mais aussi le patrimoine civil – hôtels et maisons particulières - celui des quartiers, la mémoire ouvrière, le patrimoine immatériel lié aux évènements de la seconde guerre mondiale, les collections des musées, qui forgent ensemble la spécificité du territoire.

Le label Ville d'art et d'histoire est une marque de reconnaissance identitaire et qualitative, qui répond aussi à une forte volonté politique de "faire savoir" la Ville :

Qu'elles soient touristes, ou de passage pour des raisons familiales ou professionnelles, les personnes qui ont l'occasion de découvrir Caen sont, le plus souvent,

séduites par la ville. Néanmoins, ce sentiment très positif et spontané n'est pas nourri en amont : il s'agit plutôt d'un évènement fortuit. De fait, l'image de Caen, dans

beaucoup d'esprits, est celle d'une ville sans personnalité particulière. Il est indispensable de remédier à ce déficit d'image, et de faire savoir l'attractivité de la ville par

le biais d'une communication parfaitement reconnue et identifiable par tous.

En termes de notoriété, la labellisation de Caen Ville d'Art et d'Histoire sera un levier particulièrement efficace. D'un point de vue opérationnel, l'adhésion à un réseau

national sera, pour les acteurs du patrimoine, un outil pour échanger des expériences et travailler en synergie avec les autres territoires labellisés, notamment à

l'occasion des grands évènements nationaux.

Lorsque le label sera obtenu, la Ville signera une convention avec l'Etat, qui devra répondre aux objectifs suivants :

- Valoriser les patrimoines caennais,

- sensibiliser les habitants à leur cadre de vie et inciter à un tourisme de qualité,

- initier le jeune public à l'architecture, au patrimoine et à l'urbanisme,

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369 - présenter la ville dans un Centre d'interprétation de l'architecture et du patrimoine. - proposer une offre de qualité aux touristes.

Le projet de candidature : une démarche collective

L'instruction du dossier de candidature a été placée sous l'autorité d'un Comité de Pilotage70 présidé par le député-maire de la ville, Philippe Duron. Il rassemble des

élus et des cadres de la Ville, des interlocuteurs institutionnels – Direction Régionale des Affaires Culturelles, Conseil Général, Conseil Régional notamment - et des

personnalités extérieures qui apportent leurs compétences professionnelles.

Le Comité de pilotage est l'instance politique qui définit les grands axes du projet, les publics à privilégier et les thèmes conducteurs de la médiation future. Il s'est

réuni à cinq reprises pendant l'élaboration du dossier.

Un Comité Technique chargé de la mise en œuvre des orientations définies par les membres du Comité de Pilotage a été également constitué : il se compose des

responsables – directeurs ou chefs de services – en charge du patrimoine, de l'urbanisme, de l'environnement et du cadre de vie, du tourisme, et de l'éducation. Le

Comité Technique a concrétisé les grandes orientations définies par le Comité de Pilotage, et notamment la politique des publics, et l'inscription du futur service Ville

d'Art et d'Histoire dans l'organigramme de la Ville.

Des groupes de travail ont complété le dispositif :

Le groupe de travail des médiateurs culturels de la Ville s'est rassemblé très régulièrement : composé des agents municipaux des Services des Publics, des guides-

conférenciers et des personnes en charge des publics de l'Office de Tourisme, et des guides des monuments et sites de la ville, il a été le lieu de riches débats et

d'échanges fructueux et a permis d'amorcer le principe d'une totale transversalité des services de médiation actuels et futur, pour une offre optimisée aux publics.

C'est également ce groupe de travail qui a initié le projet d'inventaire du "petit patrimoine" caennais : de fait, les participants, tous experts d'un territoire qu'ils

explicitent pour leurs publics, sont conscients qu'il existe à Caen nombre de témoins architecturaux dont l'intérêt esthétique ou historique n'a pas justifié une

protection particulière, mais qui donnent sa cohérence à un espace urbain qu'il est parfois complexe d'appréhender.

Les rencontres, nombreuses et plus informelles, avec des représentants d'associations de sauvegarde du patrimoine, des habitants, des chercheurs universitaires et

des représentants de collectivités labellisées, les maires-adjoints en charge des Pôles de Vie municipaux ont été autant de moments d'échanges qui ont permis de

cerner plus précisément les attentes des publics et de définir les principes de collaborations futures.

70

Voir à la fin de cette partie du dossier la composition du Comité de Pilotage.

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370

Ces deux ans de travail collectif ont abouti à l'élaboration d'un projet fédérateur, qui se décline en quelques axes majeurs :

1* Développer une politique de réseau.

2* Sensibiliser les habitants à leur cadre de vie, les impliquer dans les projets urbains

3* Explorer de nouvelles thématiques patrimoniales

4* Poursuivre la démarche de connaissance des patrimoines caennais

5* Développer l'offre touristique

6* Développer la médiation autour du patrimoine en utilisant des outils innovants et une technologie moderne.

Objectif 1 : développer une politique de réseau

Le projet Culturel de 2009 indique que" l'obtention du label permettrait de rendre cohérent le réseau des acteurs qui travaillent sur le patrimoine à Caen (les musées,

les archives municipales, le service urbanisme, l’office de tourisme, le CAUE, la Maison de l’architecture, l’Université, le Service Régional de l'Inventaire…) ".

Cet objectif fondateur trouve tout son sens dans une collectivité où, que ce soit dans les services municipaux ou à l'extérieur, il existe un grand nombre d'acteurs

culturels du patrimoine, dont la gestion est donc largement partagée. Le traitement traditionnel du patrimoine : conservation, restauration, se double désormais de

préoccupations prospectives : il ne s'agit plus seulement désormais de restaurer, mais de requalifier les sites, en bref de faire vivre durablement le patrimoine en

l'affectant à de nouvelles pratiques culturelles ou sociétales : art vivant comme la danse dans le futur centre chorégraphique de la chapelle Saint-Sauveur ; arts

plastiques comme dans le Palais Ducal désormais affecté à l'Artothèque ; médiation et formation (sur les projets urbains au sein du Pavillon, sur le patrimoine caennais

au sein du futur CIAP dans l'Hôtel d'Escoville réaménagé) ; activités associatives, au sein de la Maison des Associations aménagées dans les communs du Quartier

Lorge.

Le Patrimoine s'inscrit ainsi dans l'avenir culturel de la Ville, et aussi , matériellement, dans de nouveaux paysages urbains.

Le patrimoine d'aujourd'hui est donc l'affaire de tous, urbanistes, architectes, restaurateurs, conservateurs, historiens et animateurs. Il s'agit, à travers les actions

entreprises dans le cadre du label, de fédérer cet intérêt commun, et de mettre en œuvre des outils et des moyens pour que l'ensemble des acteurs œuvrent de

manière concertée et solidaire.

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371 - Au plan local :

* travailler en concertation avec tous les acteurs du patrimoine au sein des services municipaux

De fait, l'organisation administrative d'une ville conduit naturellement à un découpage des compétences entre les services, chacun bien identifié et techniquement

performant dans son domaine. Or, la politique patrimoniale de la Ville est au centre d'un faisceau complexe de préoccupations : sa conservation, son traitement

technique et sa rénovation, son utilisation, sa valorisation visuelle, sa découverte, sont traités par des acteurs différents.

La Ville, via son futur service "d'art et d'histoire" créera une plate-forme municipale pluridisciplinaire et fonctionnelle rassemblant tous ses agents en charge des

patrimoines urbains, afin que la programmation, la mise en œuvre, la valorisation et la médiation du patrimoine soient des objectifs partagés et gérés collectivement.

Concrètement, cette plate-forme réunira régulièrement les agents des bâtiments communaux (pour la restauration des monuments, et les veilles sur le patrimoine

ancien) ; les agents de la Direction de la Culture, en charge des projets scientifiques et de l'animation culturelle dans et autour du patrimoine ; des agents de la

direction de l'Environnement et du Cadre de Vie pour la préservation des patrimoines verts et l'intégration du bâti dans le paysage ; des conservateurs ; des agents du

service Urbanisme ; des agents du service Voirie ; des agents du service Tourisme et Commerce ; des médiateurs. Cet espace de débats et d'échanges permettra de

définir une politique à long terme pour les questions patrimoniales qui, traitées collectivement, permettront d'avoir une vision prospective et consensuelle des projets

conduits par la Ville.

* Créer des groupes de travail fonctionnels avec les partenaires de la collectivité :

Dans le cadre d'actions spécifiques, liées à la recherche, à l'inventaire, à la médiation autour de l'architecture et des projets urbanistiques, la Ville mettra en place des

groupes de travail fonctionnels avec ses partenaires locaux : Université, bibliothèques, archives départementales, service du patrimoine du Conseil Général, service

régional de l'Inventaire, Maison de l'Architecture, etc.

Une première démarche est amorcée et des contacts noués avec l'Université, et plus précisément avec le Pôle Maritime de la Maison de la Recherche et des Sciences

Humaines, l'objectif commun étant de créer une banque de données commune à partir des travaux réalisés sur le port de Caen (dans et hors l'Université), et

d'impulser, autant que nécessaire, des recherches complémentaires afin que ce pan essentiel de l'histoire économique de la Ville soit mieux connu.

* Concevoir les futures missions de médiation du service Ville d'Art et d'Histoire en complémentarité de l'offre existante.

L'élaboration de la candidature s'est accompagnée d'un "état des lieux" de l'offre de médiation existante, qui est développée dans le corps du dossier. Les actions de

médiation entreprises par le service VAH devront s'inscrire au regard de l'existant :

- En s'appuyant sur l'expertise des acteurs dans certains domaines particuliers

- En créant des offres partagées

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372 - En complétant le dispositif actuel.

Le groupe de travail des médiateurs culturels, mis en place depuis deux ans, a permis de bien analyser l'offre de médiation existante, qui se décline en fonction des

publics visés :

* Pour les habitants adultes, par le biais de la Direction du Développement Social Urbain en direction des résidents de quartiers en cours de requalification ; par celui

de la Direction de l'Environnement et du Cadre de Vie pour les questions environnementales ; par celui de l'Office du Tourisme, qui propose des visites de quartiers

"tous publics" et aussi des visites ciblant plus particulièrement les habitants soucieux d'approfondir leurs connaissances : le programme "Découvrir ma Ville" propose

des visites d'entreprises, de métiers d'art, d'artisans…

Ces structures, hormis l'Office du Tourisme, déclinent également des animations encadrées pour les jeunes, dans le cadre scolaire ou périscolaire et sur les mêmes

thématiques.

* La médiation en milieu scolaire est assurée essentiellement par les services des publics des deux musées municipaux - Musée de Normandie et Musée des Beaux-

Arts-, chacun dans sa spécialité. Le premier assure également des visites scolaires guidées du château. Le Mémorial pour la Paix propose aussi des animations

scolaires régulières. Mais il n'existe pas d'offres de visites guidées dans la Ville pour les jeunes scolaires.

* Les monuments disposant d'un Service des Publics (abbayes aux-Hommes et aux-Dames) accueillent les classes, les visiteurs individuels et les visiteurs en groupes

dans leurs murs toute l'année et proposent des visites généralistes ou plus spécialisées (comme l'évocation des abris sanitaires de 1944 à l'Abbaye aux-Hommes)

* Les visiteurs extérieurs sont accueillis par les guides-conférenciers de l'Office du Tourisme, qui proposent un vaste panel de visites guidées, des parcours ludiques, des

visites théâtralisées et des parcours en autonomie.

* La direction de l'Environnement et du Cadre de vie, via l'équipe d'animation du Jardin des Plantes et Le CPIE71 déploient un panel d'animations scolaires thématiques

et organise, sur demande, des visites guidées de sites pour les adultes.

* Enfin, certains établissements culturels, comme le théâtre, accueillent régulièrement le public lors de journées portes ouvertes : initiation au maquillage, découverte

des coulisses, rencontre avec des artistes…

Chaque établissement décline évidemment les thèmes qui lui sont propres : ethnologie et archéologie régionales pour le Musée de Normandie, arts plastiques au

Musée des Beaux-Arts, histoire contemporaine au Mémorial… Les visites de l'Office sont pour l'essentiel des visites de quartiers ou de monuments bien identifiés.

71

Centre Permanent d'Initiatives pour l'Environnement. Le CPIE est hébergé au Musée municipal d'Initiation à la Nature, au cœur de l'ancienne abbaye aux-Hommes.

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373 * A ces équipes qui œuvrent depuis longtemps, s'ajoutent des intervenants "au coup par coup", comme les animateurs de la Maison de l'Architecture, les

bibliothécaires du Fonds Normands, des acteurs non professionnels, comme par exemple les associations de quartier, ou des équipes en projet : c'est le cas du

Pavillon, qui proposera des actions de médiation pour tous les publics (adultes, jeunes, professionnels).

Au regard de cette offre très large, il s'est donc agi de recentrer le projet de médiation sur des thématiques spécifiquement liées au territoire labellisé, ou peu

développées, et de compléter certains dispositifs. En revanche, il s'est également agi d'optimiser les savoir-faire et de prévoir des collaborations étroites et

complémentaires entre les médiateurs du service VAH et ceux qui travaillent déjà sur le territoire.

En termes de moyens humains, on évitera de créer d'inutiles doublons en travaillant avec les équipes en place sur certains sujets : l'archéologie de Caen, par exemple,

est parfaitement maîtrisée au sein du Musée de Normandie, et cette thématique, quand elle sera proposée par le service VAH, sera traitée par les agents du Musée ; il

en sera de même pour le patrimoine végétal de la cité, avec les animateurs du Jardin des Plantes (DECV) ; Enfin, les animateurs du Pavillon seront sollicités pour leur

expertise en urbanisme.

D'une manière fonctionnelle, le service VAH s'appuiera également sur les équipements existants, et utilisera notamment les espaces pédagogiques dévolus aux

scolaires dans les établissements culturels de la Ville.

On évoquera dans la suite de ces pages comment le dispositif de médiation actuel peut largement s'enrichir.

- Au plan régional : optimiser les réseaux existants et les faire vivre

* Caen appartient au réseau de la Fabuleuse Epopée, qui regroupe les sites du Calvados les plus emblématiques de l'histoire de Guillaume le Conquérant : les abbayes

et le château de Caen, le château de Falaise, les églises de Ryes et Taon, les sites de bataille de Val-ès-Dunes et Varaville, notamment. La Ville proposera aux

établissements scolaires des villes et bourgs concernés des activités de découverte de ce patrimoine historique et architectural commun et qui marque fortement

l'identité de la Normandie.

* La Ville créera un partenariat actif avec les autres territoires labellisés de la région Basse-Normandie : Clos du Cotentin, Coutançais, Pays d'Auge, afin de partager et

mutualiser certaines actions, comme la formation des guides-conférenciers, la création et la diffusion d'expositions temporaires, des études ou des conférences.

- Au plan national et international :

* La Ville, inscrite dans le réseau des Villes et Pays d'Art et d'Histoire, participera activement aux actions nationales de médiation et de formation, et aux journées

d'études organisées par l'Association des Villes et Pays d'Art et d'Histoire.

* Une démarche de requalification des logements –dans le cadre d'une Opération Programmée de l'Amélioration de l'Habitat - OPAH - s'engage à Caen. D'autres villes

reconstruites après la dernière guerre, comme Brest, Lorient, Saint-Nazaire ou Dunkerque entreprennent des démarches similaires, se regroupent pour mieux agir et

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374 organisent ensemble un premier colloque en 2013. Ces opérations de réhabilitation s'accompagnent d'enjeux forts et partagés par ces collectivités. La Ville mettra à

profit ce réseau national pour échanger des savoir-faire, faire part de ses expériences et contribuer à forger une image collective valorisante des "villes reconstruites"

dont le patrimoine est désormais reconnu et requalifié.

* Concernant le projet Interreg IVA Manche-Angleterre Norman connections, qui fédère les châteaux de Caen et Falaise dans le Calvados, la ville de Bayeux – pour la

Tapisserie de Bayeux -, le Comité départemental du Tourisme du Calvados, le Conseil Général du Calvados, et les sites de Rochester, Norwich, Colchester et Hastings

en Angleterre, la Ville favorisera et développera un partenariat actif avec les collectivités porteuses du projet, autour d'une histoire commune et d'un patrimoine

anglo-normand partagé. Ce partenariat pourra prendre la forme, notamment, d'échanges scolaires, universitaires ou inter-musées pour des expositions temporaires.

Objectif 2 : Sensibiliser les habitants à leur cadre de vie, les impliquer dans les projets urbains

La solidarité est au cœur de la politique de la Ville, et sa volonté est de créer les conditions d'une intégration épanouie pour tous les habitants. Pour favoriser cette

intégration, synonyme de mieux-être et de cohésion sociale, la ville poursuivra son effort de sensibilisation à l'environnement urbain et mettra en place des actions

spécifiques :

- Des visites-découvertes et des conférences

Programmées régulièrement toute l'année et proposées à des conditions tarifaires très favorables, ces animations pourront prendre la forme d'ateliers, de

conférences, de parcours-découvertes, d'expositions dans les quartiers …. Conçues spécifiquement pour les habitants, elles leurs permettront de mieux connaître

l'ensemble des patrimoines urbains, y compris ceux qui leurs sont, culturellement, assez éloignés. Quelques pistes de travail peuvent d'ores et déjà être définies :

* Visites guidées de monuments et de lieux culturels : les ouvrir – une fois par mois par exemple – gratuitement à tous les habitants

* Visites guidées thématiques : en lien avec les expositions temporaires proposées au sein du CIAP, proposer des visites exploratoires ciblées.

* Visites guidées inter-quartiers

* Visites en bateau : depuis le port, visite des rives du canal de Caen à la Mer, de la Presqu'ile, présentation des grands projets dévolus à ce site. A ce sujet, on pourra

s'appuyer sur l'expertise de certaines associations, comme le Centre Nautique Caennais, qui restaure de vieux gréements et propose déjà des visites-découvertes sur

les bateaux réhabilités.

* Visites- découvertes pour les nouveaux arrivants, en lien avec les associations.

* Conférences en lien avec l'Université, en lien avec les thématiques émergentes ou les axes de recherches partagés.

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375 - Des actions de sensibilisation aux projets urbains :

La Ville conduit d'ambitieux projets urbains, tant dans le centre-ville et les quartiers reconstruits après-guerre que dans la Presqu'Ile, en totale mutation. Ces projets

créent de nouvelles dynamiques, de nouvelles perceptions de l'espace. Pour être réussies, les réalisations envisagées doivent s'accompagner d'une réelle médiation :

des campagnes de sensibilisation, via les concertations publiques organisées dans les quartiers, ont accompagné, par exemple, la mise en œuvre du PLU. Il s'agit

maintenant de développer cet axe politique et d'y associer le projet de création d'une Aire de Valorisation de l'Architecture et du Patrimoine.

La sensibilisation aux projets urbains peut se décliner sous forme de visites de chantiers, de conférences et de débats publics et s'organisera en collaboration étroite

avec les services de l'Urbanisme et la Maison de l'Architecture. Le Pavillon, nouvel espace urbain dévolu à la médiation sur les projets urbains et particulièrement ceux

concernant la Presqu'Ile portuaire sera un levier efficace et ses animateurs des partenaires privilégiés pour ces actions.

La mise en œuvre de l'Aire de Valorisation de l'Architecture et du Patrimoine, en cours, est une démarche essentielle de valorisation des patrimoines urbains, qui, in

fine, donnera une image plus cohérente de la ville et une identité confirmée autour de ses pôles patrimoniaux majeurs : le centre ancien, le quartier Saint-Paul, les

rives et les coteaux de l'Orne, le quartier de la Gare et l'Ile Saint-Jean…. Des animations spécifiques seront mises en place à l'attention des propriétaires et futurs

propriétaires habitant ces secteurs, mais d'autres seront aussi destinées à l'ensemble des habitants, pour que les enjeux architecturaux, patrimoniaux et paysagers

définis dans le projet d'AVAP soient partagés et assumés collectivement.

- Des formations pour les professionnels agissant sur le territoire :

* Pour les entreprises qui œuvrent dans les secteurs concernés par l'AVAP, la Ville mettra en place un dispositif particulier, en collaboration, notamment, avec la

Chambre des Métiers, la Maison de l'Architecture, le CAUE et les organismes de formation permanente concernés.

* Concernant les prestataires de services agissant à Caen, comme les chauffeurs de taxis et de bus, les commerçants ou les responsables de sites, la Ville élaborera des

actions de sensibilisation spécifiques en lien avec les thématiques émergentes définies dans le projet de ville : patrimoine vert, patrimoine bleu, architecture de la

Reconstruction notamment.

* Les agents municipaux chargés de l'accueil du public recevront une formation spécifique sur les ressources patrimoniales de la Ville.

- Des animations ciblées pour une appropriation du patrimoine vert dans la Ville :

La Direction municipale de l'Environnement et du Cadre de Vie met régulièrement en place des actions de sensibilisation à l'environnement et au développement

durable et incite les habitants à exploiter les ressources naturelles et les espèces végétales propres au territoire. Cette démarche, en synergie avec les préconisations

de l'Agenda 21, est à développer et à élargir à la notion de patrimoine vert identitaire : ce patrimoine est essentiel à Caen où les espaces verts, naturels ou cultivés,

couvrent le quart des surfaces communales, soit environ 700 hectares.

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376 Des parcours-découvertes, des visites de jardins privés ou publics, des circuits thématiques comme celui des "arbres remarquables" seront autant de moyens mis à la

disposition des habitants pour découvrir et s'approprier ce patrimoine. Des fiches de préconisations, concernant notamment les espèces régionales à conserver ou à

réintroduire dans les jardins, pourront compléter le dispositif.

- Des publications thématiques :

Dans le cadre des publications réalisées par les territoires labellisés, "laissez-vous conter…", l'animateur produira régulièrement des monographies thématiques en lien

avec les expositions temporaires proposées au CIAP, celles présentées dans les musées de la ville, ou en rapport avec un évènement ou une commémoration.

- Des animations spécifiques pour les jeunes publics72

La création d'un service éducatif est un engagement fondamental pour les territoires labellisés. Le futur service éducatif mis en place au sein du dispositif "Ville d'Art

et d'Histoire" veillera à proposer des offres en lien avec l'apprentissage de la citoyenneté urbaine. Il s'appuiera naturellement sur les orientations définies dans le

Projet Educatif Local de Ville et fonctionnera en lien avec les agents des services des publics et les animateurs agissant dans le cadre des nouveaux temps scolaires

(cadre effectif depuis septembre 2013). Il fera, autant que nécessaire, appel à des compétences extérieures : paysagistes, plasticiens, artistes, artisans…

Il s'attachera à proposer de nouveaux services et à déployer, pour les jeunes publics, caennais ou non, des thématiques nouvelles.

On l'a vu, il n'existe pas, actuellement, d'offres de services du type "visite guidée" pour les scolaires dans la Ville. Or, beaucoup d'enseignants considèrent que ces

offres sont particulièrement utiles, car elles permettent, notamment, d'établir un échange fructueux entre les jeunes, l'animateur et l'enseignant, ces deux derniers

apportant chacun son propre regard et sa compétence.

* Sur le temps scolaire, le futur service éducatif proposera, en liaison avec les programmes scolaires :

- des découvertes in situ des patrimoines architecturaux de Caen, quartiers, secteurs ou monuments remarquables qui fondent l'identité du lieu.

- des visites déambulatoires, fondées sur la notion de "lecture de paysage", en privilégiant les sites en mutation, les friches, les espaces ouverts et tous les lieux qui

permettent de travailler sur l'observation et l'imaginaire.

Des activités en salle seront proposées en complément des visites in situ :

- Ces activités de sensibilisation et d'apprentissage seront proposées dans le cadre des ateliers de l'architecture et du patrimoine, et fonctionneront au siège du service

Ville d'Art et d'Histoire ou dans les autres équipements urbains (espaces pédagogiques des musées et du Pavillon notamment).

- Il sera également très opportun de mettre en place des visites des établissements culturels de la Ville comme les archives, les bibliothèques, les musées, autour de la

notion de patrimoine documentaire caennais : iconographie, textes, plans, qui permettent d'alimenter la question des évolutions urbaines.

72

Voir en annexe le tableau des effectifs scolaires à Caen

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377 - des classes urbaines s'organiseront à l'attention des élèves des classes élémentaires et des collèges caennais ou non caennais, en collaboration avec les animateurs du

Pavillon pour la partie prospective. Les classes urbaines privilégieront les découvertes ambulatoires, les rencontres avec les professionnels de la construction, les visites

de chantier et d'entreprises. Elles permettront, sur une durée de plusieurs jours, d'établir un lien efficace entre l'étude du patrimoine comme objet d'histoire, et

comme élément structurant du présent et de l'avenir de la cité.

L'ensemble de ces propositions peut être préprogrammé, ou adapté à partir d'un projet de classe. Des offres de formation destinées aux enseignants seront

formulées en fonction des besoins et des demandes.

* Hors temps scolaire :

- Dans le cadre de l'été des 6-12 ans proposé par les territoires labellisés, la Ville mettra en place des activités spécifiques pour les enfants et les familles : ludiques et

accessibles au plus grand nombre, elles permettront une découverte intuitive des patrimoines urbains. (Exemples : parcours à vélo le long de l'Orne ; chasse aux

trésors ; activités photographiques et graphiques autour du patrimoine artistique des églises…).

- A l'attention des plus grands – 15-18 ans – des chantiers de restauration ou archéologiques pourraient être ouverts pendant l'été sous la responsabilité de

professionnels.

Objectif 3 : développer de nouvelles thématiques

Le Comité de Pilotage, le Comité Technique et les groupes de travail associés ont défini des thématiques patrimoniales émergentes, que sont :

- Les espaces verts, les espaces naturels, l'eau dans la Ville

* La connaissance d'un territoire passe par celle de son environnement géographique, géologique et hydrographique. La place essentielle qu'a tenu et que tient encore

la Prairie, un des éléments fondateurs de la Ville, est à faire savoir, en lien avec les réalisations en cours pour sa réhabilitation : de fait, les travaux d'aménagements en

cours qui permettront d'accueillir les Jeux Equestres Mondiaux en 2014 initient un programme plus vaste et plus ambitieux qui concerne à la fois la Prairie et les autres

espaces verts urbains, ainsi que les cours d'eau, programme qui se concrétise dans la création d'une véritable "trame verte et bleue".

Donner aux habitants –adultes et jeunes - les clés d'une meilleure connaissance de l'histoire et du devenir des espaces naturels caennais est réellement une priorité,

qui se déclinera à l'attention de tous les publics. Dans le même ordre d'idées, l'histoire du fleuve, du canal et du port sont des thèmes qu'il est particulièrement

intéressant de développer à l'heure où les projets urbains émergent dans le vaste secteur de la Presqu'Ile portuaire, formée par ces trois éléments.

- La ville pendant le conflit 1939-1944

* L'histoire récente de la Ville, et plus particulièrement pendant l'Occupation puis la Libération de 1944 est encore dans la mémoire des plus anciens. Le patrimoine

tangible qui s'y attache est important et marque le territoire : noms de rues, stèles, plaques et monuments commémoratifs sont très nombreux à Caen et rappellent les

évènements tragiques qui s'y sont déroulés. Des habitations "provisoires" sont encore visibles, et le quartier Saint-Paul – largement évoqué dans ce dossier – témoigne,

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378 par le nombre de ses habitations de l'immédiat après-guerre, de l'importance de l'aide internationale qu'a reçue Caen et sans laquelle elle n'aurait pas pu se relever. Il

existe également un important patrimoine immatériel sur cette question.

La Ville souhaite développer cette thématique en s'appuyant sur l'expertise du service des publics du Mémorial pour la Paix. Les premiers échanges entre les équipes

du Mémorial et l'équipe en charge du projet de candidature ont permis d'établir les bases de cette collaboration, qui se fonderont sur une double approche : historique

et muséale au Mémorial, plus sensible dans la Ville avec la découverte des sites et signes phares tangibles de la période 1939-1944 et l'immédiat après-guerre.

Un travail d'enquête auprès des habitants ayant vécu l'Occupation et la Libération de Caen sera également initié : ces témoignages, personnels et intimes, enrichissent

beaucoup la connaissance que l'on peut avoir de l'histoire de la Ville

Caen peut ainsi devenir un véritable "laboratoire" in situ de ce pan essentiel de l'histoire contemporaine, qui passionne unanimement les publics locaux et les visiteurs.

- La Reconstruction de Caen (1947-1963)

* L'architecture de la Reconstruction fait partie, désormais, du patrimoine historique de la Ville : les éléments les plus remarquables, comme l'Université Campus 1, le

château d'eau et l'église de la Guérinière, le couvent des Bénédictines ou l'ancien siège de la Chambre de Commerce sont désormais protégés au titre des monuments

historiques. Mais à côté de ces réalisations prestigieuses, l'architecture civile de la Reconstruction, très importante dans le centre-ville, témoigne d'un nouvel art de

construire : nouvelles lignes, nouveaux matériaux, et surtout nouveaux critères pour l'habitat, qui se veut avant tout rationnel et hygiéniste. L'architecture de la

Reconstruction caennaise est aussi intéressante dans la mesure où sa mise en œuvre a été confiée à plusieurs architectes – au contraire d'une ville comme le Havre,

par exemple – et que cette multiplication des compétences a donné lieu à des interprétations architecturales et esthétiques très différentes d'un même cahier des

charges. Le développement de cette thématique dans la médiation patrimoniale est évidemment à lier avec l'OPAH en cours.

- Le patrimoine littéraire et iconographique caennais

* La patrimoine iconographique et littéraire propre à Caen est d'une importance considérable : archives, bibliothèques, université et musées recèlent de très

importantes collections qui sont, malheureusement, connues d'un public trop restreint et spécialiste. Cet ensemble documentaire exceptionnel fait fondamentalement

partie de l'identité de Caen, forgée depuis des siècles par son université, ses chercheurs et ses hommes de lettres. Rendre accessibles les collections en organisant,

avec les gestionnaires des sites, des visites ou des conférences sera une piste à développer à l'attention des habitants notamment.

Les médiateurs seront également invités à organiser, avec les gestionnaires des sites concernés, des évènements – du type expositions ou opérations portes ouvertes-

qui mettent en exergue les patrimoines spécifiquement caennais au sein de leurs collections : on pense à la collection d'estampes et de gravures du fonds Mancel au

Musée des Beaux-Arts ; aux collections du Fonds Normand de la Bibliothèque de Caen ; à celles des Archives Départementales… Les contacts productifs établis pendant

la phase d'élaboration de la candidature sont les garants de la réussite de ces futures collaborations. Concernant la bibliothèque de Caen notamment, son installation,

dans trois ans, sur la Presqu'ile, dans de nouveaux locaux très vastes et ouverts, permettra de multiplier les accueils et les animations.

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379

Objectif 4 : Poursuivre la démarche d'inventaire des patrimoines caennais.73

Aujourd'hui, les inventaires patrimoniaux établis pour les ressources caennaises sont très incomplets. Néanmoins, les ressources sont importantes et les acteurs

nombreux : établir un inventaire exhaustif des patrimoines caennais est un objectif possible mais ambitieux, qui se réalisera sur plusieurs années. Il sera nécessaire de

créer un groupe de travail spécifique puis des groupes par thématiques. Cette mission, qui sera orchestrée par l'animateur du patrimoine et de l'architecture,

consistera notamment à :

- Identifier et inventorier les archives existantes sur l'histoire de Caen, avec le concours des archivistes municipaux et du Département.

- Recoller les inventaires existants et finaliser les inventaires immobiliers en cours

- Etablir un inventaire du "petit patrimoine" remarquable (exemples : architecture scolaire du 19ème siècle, établissements de bains-douches, fontaines, statuaire non

classée ou inscrite, patrimoine industriel…). Comme cela a été évoqué plus haut, ce projet est parti de réflexions au sein du groupe de travail des médiateurs culturels

de la Ville. Il s'intègre naturellement aux préoccupations urbanistiques de la Ville, et notamment au souci qu'elle a désormais de préserver des "ilots identitaires" de

par leurs fonctions, leurs histoires et la symbolique qu'ils transmettent. L'inventaire du petit patrimoine s'établira également avec les habitants – via par exemple les

Conseils de Quartier ou les associations de sauvegarde du patrimoine – premiers ambassadeurs de leurs quartiers et de leurs lieux de vie. On les invitera à établir une

"veille" sur le petit patrimoine, et à initier, si nécessaire, des projets pour sa préservation et sa restauration.

- Etablir un fichier fonctionnel des immeubles ou groupes d'immeubles justifiant de principes de restauration particuliers (exemple : architecture "anglo-normande" de

certains bâtis), cette dernière action s'intégrant naturellement à la mise en œuvre de l'AVAP.

- Numériser les archives municipales.

Il va de soi que cette opération sera réalisée en collaboration avec d'autres professionnels, et notamment le Service Régional de l'Inventaire, le Service du Patrimoine

au Conseil Général, les Archives Départementales et Municipales, les Musées de la Ville…

Objectif 5 : développer l'offre touristique en créant une synergie productive avec l'Office du Tourisme.

La Ville est en phase d'étude pour installer le futur Centre d'Interprétation de l'Architecture et du Patrimoine et le service Ville d'Art et d'Histoire : la piste privilégiée

est d'installer ces équipements dans l'Hôtel d'Escoville, dans les locaux libérés récemment par l'Artothèque et qui se situent immédiatement au-dessus de ceux de

l'Office de Tourisme. On a pu mesurer, dans la partie patrimoniale du dossier de candidature, le caractère emblématique de ce lieu, à la fois joyau de l'architecture

normande Renaissance, siège de sociétés savantes, et de l'Hôtel de Ville autrefois. Sa place exceptionnelle, au carrefour du centre ancien et de l'Ile Saint-Jean

reconstruite, face à l'église Saint-Pierre et au château, en font un lieu idéal pour la médiation sur la Ville.

73

Voir en annexe les mentions des inventaires établis pour le territoire.

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380 La cohabitation entre le service Ville d'Art et d'Histoire et l'Office du Tourisme permettra de créer une véritable synergie entre les deux structures74, chacun des agents

étant désormais acteur d'un tourisme d'excellence.

Le président et la directrice de l'Office ont participé dès le début à la démarche de labellisation et ont confirmé tout leur intérêt pour une collaboration étroite entre

leur structure et le nouveau service75. Une réflexion s'amorce qui définira concrètement les modes opératoires entre les agents du service VAH et ceux de l'Office. Ce

travail se concrétisera par une convention de partenariat Ville/Office dans les prochains mois, convention qui viendra compléter celle en cours. Cette convention

précisera notamment le cahier des charges commun, les mutualisations possibles, les attributions financières consenties par la Ville, le mode opérationnel souhaité

pour que les deux équipes collaborent le plus efficacement possible.

Concernant les guides-conférenciers, dont l'expertise est remarquable, il s'agira, pour le futur responsable du service Ville d'Art et d'Histoire, d'élaborer avec eux de

nouveaux programmes de visites pour des publics élargis, programmes qui seront notamment adaptés aux thématiques émergentes définies précédemment.

L'animateur assurera des formations pour les guides-conférenciers.

Une politique tarifaire devra également être définie. Elle pourra nécessiter des réajustements financiers par rapport à l'existant. De manière très opérationnelle, il sera

également étudié, dans les prochains mois, la mise en œuvre de formations à l'attention des agents d'accueil de l'Office, premiers ambassadeurs de la ville auprès des

visiteurs, et qui conforteront le lien étroit entre tourisme et patrimoine.

Ce projet structurant s'inscrit dans la durée : il nécessite des aménagements techniques –faire communiquer spatialement les deux espaces et permettre une

circulation très naturelle entre les deux - mais surtout humains, puisqu'il s'agit désormais de partager et d'élargir des missions autrefois strictement dévolues à l'Office

de Tourisme. Des actions de sensibilisation et de formation seront nécessaires, un programme d'objectifs défini conjointement, des méthodes d'évaluation mises en

place. On pourra s'inspirer d'expériences réussies, comme par exemple celle menée à Rennes-Métropole, où chaque structure a su garder son âme mais collabore

activement pour assurer aux habitants et aux visiteurs des prestations d'une grande qualité.

Objectif 6 : Développer la médiation autour du patrimoine en utilisant des outils innovants et une technologie moderne.

La ville labellisée renouvellera la signalétique touristique urbaine, avec deux axes forts :

- Expliciter ce qui n'est pas explicite

L'identité visuelle de Caen est fondée sur la diversité de ses architectures. Il arrive quelque fois que cette diversité trouble le regard et la compréhension. On prendra

pour exemple la Tour Leroy, aux confins du quartier reconstruit de l'Ile Saint-Jean, qui apparaît comme "décalée" dans un ensemble urbain dominé par les bâtiments 74

L'Office du Tourisme de Caen est constitué en association "loi 1901" 75

Voir en annexe le courrier qu'adresse M le président de l'Office de Tourisme à M le maire de Caen.

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381 de la Reconstruction. Bien d'autres témoins majeurs de l'histoire de la ville sont désormais inscrits dans un paysage contemporain, et il est nécessaire de leur redonner

du sens. Un système de panneaux explicatifs, largement illustrés, sera mis en place pour permettre aux visiteurs de repérer ces sites emblématiques - tours, remparts,

architectures isolées…- et leur inscription dans l'histoire urbaine.

- Utiliser des outils modernes et performants

Depuis 1983 avec l'installation du Ganil, la Ville a développé un pôle important d'activités tertiaires autour de la recherche fondamentale et de l'innovation numérique.

L'innovation numérique est née avec la création du SEPT76, devenu Orange Labs, et la naissance de la carte à puce dans les laboratoires de Radiotechnique

(aujourd'hui NXP) en 1985. En 2005, Caen rejoint le pôle de compétitivité national des Transactions Electroniques Sécurisées – ou TES- constituées des techniques

électroniques, informatiques et télématiques permettant de sécuriser les échanges d'information. En 5 ans, le pôle TES a permis de développer plus de cent projets, et

en particulier les transactions, la "e-citoyenneté" et l'administration électronique.

Au sein de Orange Labs, la Near Field Communication, autrement dit la NFC, est l'une des déclinaisons du pôle TES : cet outil de communication radio à très courte

distance permet d'échanger des informations entre des périphériques mobiles, comme les smartphones, de manière sûre, commode et sécurisée.

Enfin, le niveau d'équipement en Très Haut Débit via la fibre optique place l'agglomération parmi les territoires les mieux lotis en France.

Il s'agit donc maintenant de valoriser ce patrimoine technologique remarquable et de créer des applications spécifiques pour la médiation patrimoniale et urbaine.

Certaines bornes du circuit "Guillaume-le-Conquérant" sont désormais équipées de" flash codes" permettant, à partir d'un smartphone, de recevoir des informations

sur le monument présenté. On finalisera ce projet, qui pourra être étendu à d'autres circuits à pratiquer par les publics en autonomie.

Le Centre d'Interprétation du château, dans l'église Saint-Georges, met également en œuvre des technologies modernes de présentation, comme une maquette " 3 D"

du château et des bornes interactives.

L'utilisation de ces technologies de pointe, qui offrent notamment la possibilité d'informations à plusieurs niveaux – du plus simple au plus complexe- répond par

ailleurs aux demandes du public jeune – habitants ou visiteurs – pour qui la visite traditionnelle apparait parfois comme austère, et qui utilise bien volontiers les outils

numériques plus ludiques et qui leur sont familiers. Afin d'adapter le plus justement possible ces outils technologiques aux besoins de la médiation, on se rapprochera

d'experts, comme par exemple le CIREVE, structure universitaire largement évoquée dans le corps du dossier et qui s'est spécialisée dans les réalisations en 3D, mises

aux services d'applications très concrètes (par exemple, le CIREVE participe au projet de réalisation du centre d'interprétation du stade Roland-Garros). On s'appuiera

également sur l'association caennaise Relais d'Sciences, très impliquée dans les activités de médiation numérique et qui œuvrera prochainement au sein d'un nouvel

équipement largement ouvert au public sur la Presqu'Ile portuaire.

76

SEPT : Service d'Etudes communes des Postes et Télécommunications

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382

E : LE SERVICE VILLE D'ART ET D'HISTOIRE

Moyens et outils : le service municipal d'Art et d'Histoire.

Une fois labellisée, la Ville créera un nouveau service municipal, intitulé provisoirement "service Ville d'Art et d'Histoire" et le dotera de moyens suffisants.

Le Service Ville d'Art et d'Histoire mettra en œuvre et coordonnera les initiatives de "Caen Ville d'Art et d'Histoire", dans le cadre de la convention qui sera conclue

entre la Ville et le Ministère de la Culture.

Le Ministère de la Culture indique que l'animateur "sensibilisera la population locale, initiera le public jeune, accueillera le public touristique, et mènera des actions de

communication et de promotion de l'architecture et du patrimoine. "

En tant qu'acteur culturel pour la valorisation de la ville, il est "l'interlocuteur privilégié des instances culturelles chargées de la mise en valeur et de la sauvegarde du

patrimoine et de l'environnement, ainsi que des instances touristiques locales et régionales. Il participe plus particulièrement à la réflexion sur les aménagements et le

paysage urbain". Pour le public, « il organise, met en œuvre les dispositifs de l'action culturelle en s'appuyant sur les expositions temporaires et permanentes et les

collections. Il sensibilise les publics au patrimoine par la mise en œuvre d'ateliers et de parcours pédagogiques et la diffusion de documents d'information. ».

Dans ce cadre, l'animateur du service Ville d' Art et Histoire – ou VAH - recruté à Caen prendra en compte toutes les composantes de l'environnement culturel,

touristique, éducatif et scientifique et d'une manière générale, s'appuiera sur les compétences du territoire pour développer des projets transversaux, facteurs d'une

réelle plus-value pour les habitants. Il optimisera des synergies fructueuses avec les instances du tourisme, les Services des Publics des Musées, les partenaires de la

Ville. Il développera l'innovation, l'interactivité, la pluridisciplinarité et la mise en cohérence des actions de valorisation de patrimoine. Il explorera des thématiques

patrimoniales émergentes. Il développera de nouveaux axes de travail en lien avec les spécificités du patrimoine caennais et les attentes du public.

Son recrutement fera l'objet d'un concours. Il sera placé sous l'autorité directe du Directeur Général des Services, également pilote de la plate-forme pluridisciplinaire

des agents municipaux du patrimoine.

Missions et budget du service VAH

La montée en puissance du service se fera progressivement, la première année étant essentiellement dévolue à six missions :

- Mettre en place la plate-forme pluridisciplinaire municipale pour qu'elle soit rapidement efficiente

- Proposer des compétences pour constituer le comité scientifique qui accompagnera l'animateur dans la définition des contenus du CIAP, amorcer le cahier des

charges du futur aménagement.

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383 - Initier le futur service éducatif : prendre la mesure de l'existant, créer des partenariats pérennes, créer des conventions si nécessaire, élaborer un programme

d'animations pour l'année suivante et le diffuser.

- Amorcer le travail de création de prestations avec les guides-conférenciers de l'Office de Tourisme, assurer les premières formations.

- Concevoir les premiers programmes "laissez-vous conter", en privilégiant, la première année, ceux destinés aux habitants.

- Assurer quelques animations estivales et la coordination des Journées Européennes du Patrimoine.

La deuxième année, l'animateur sera secondé par un assistant, celui-ci étant plus particulièrement chargé de l'installation du service éducatif. Animateur et assistant –

avec le concours d'intervenants extérieurs au service – assureront les animations.

Les autres missions définies pour la seconde année de fonctionnement seront :

- Créer une exposition temporaire estivale, comme préfiguration de l'exposition permanente du CIAP : on prendra soin d'adapter les contenus au plus près de

l'actualité culturelle caennaise si elle est en lien avec les thèmes déclinés par le service VAH.

- Finaliser, avec le comité scientifique, le cahier des charges de la scénographie du CIAP et préparer, pour la maîtrise d'ouvrage, les appels d'offres pour l'achat des

matériels du CIAP.

- Assurer les autres missions évoquées pour la première année.

La troisième année de fonctionnement du service VAH sera celle où, très probablement, le CIAP sera ouvert au public. Cette montée en puissance nécessitera la

création de deux nouveaux postes :

- Un poste d'animateur pédagogique

- Un poste de secrétariat et d'accueil.

Parallèlement aux missions de base du service, l'animateur et l'assistant mettront en place deux nouvelles actions :

- des actions de formation pour les professionnels

- des prestations dévolues aux touristes : nouveaux circuits, nouvelles visites, cette mission étant évidemment partagée avec les guides-conférenciers.

Le service VAH étant municipal, l'animateur s'appuiera classiquement sur les compétences de la collectivité pour la gestion financière et administrative du service. En

revanche, il disposera d'un budget annuel dont il devra établir le prévisionnel , définir les axes et contrôler le déroulé.

Le budget de fonctionnement joint page suivante est une esquisse mais permet d'évaluer le format financier du futur service et l'ambition de la Ville.

Le budget d'investissement n'est pas défini à ce jour : il comprendra les travaux d'aménagement nécessaires sur le site, les aménagements des locaux destinés à

recevoir les bureaux et les espaces de médiation – service éducatif et centre de documentation, ainsi que les outils et matériels utilisés pour la présentation des

contenus de l'exposition permanente. Cette dernière enveloppe est cofinancée par le Ministère de la Culture.

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384 Service VAH : esquisse de budget de fonctionnement :

intitulé des dépenses DEPENSES année 1

RECETTES année 1

DEPENSES année 2

RECETTES année 2

DEPENSES année 3

RECETTES année 3

intitulé des recettes

ouverture CIAP

MASSE SALARIALE 60 000 € 30 000 € 105 000 € 30 000 € 166 000 € DRAC

Animateur VAH 60 000 € 60 000 € 60 000 €

Assistant de l'animateur 45 000 € 45 000 €

animateur pédagogique* 40 000 €

secrétariat 21 000 €

HONORAIRES GUIDES CONFERENCIERS

15 000 € 15 000 € 20 000 € 20 000 € 50 000 € 50 000 € recettes guidages

AUTRES PRESTATIONS 15 000 € 25 000 € 42 000 €

formation guides -conférenciers

10 000 € 5 000 € 10 000 € 5 000 € 10 000 € 5 000 € DRAC

autres formations 10 000 € 5 000 € Conseil Régional

activités pédagogiques 3 000 € 10 000 € recettes activités pédagogiques

intervenants extérieurs 3 000 € 5 000 €

manifestations estivales 3 000 € 5 000 € 5 000 €

expos temporaires 5 000 €

Journées du Patrimoine 2 000 € 2 000 € 2 000 €

activités touristiques 10 000 € 5 000 € Conseil Régional

FRAIS GENERAUX 25 000 € 26 500 € 27 500 €

location matériels 1 000 € 1 000 €

frais de documentation 3 000 € 3 000 € 2 000 €

fournitures 1 000 € 1 000 € 1 500 €

matériel et outils pédagogiques 10 000 € 5 000 € 10 000 € 5 000 € 10 000 € 5 000 € DRAC

éditions (coût HT) 10 000 € 5 000 € 10 000 € 5 000 € 10 000 € 5 000 € DRAC

transport, missions extérieures 1 000 € 1 500 € 3 000 €

15 000 € 20 000 € 30 000 € Conseil Général

10 000 € autres financements

PROVISION 3 000 € 3 000 € 5 000 €

TOTAUX DEPENSES & RECETTES

118 000 € 75 000 € 179 500 € 88 000 € 290 500 € 125 000 € TOTAL DES FINANCEMENTS

43 000 € 91 500 € 165 500 € SUBVENTION D'EQUILIBRE

TOTAL 118 000 € 118 000 € 179 500 € 179 500 € 290 500 € 290 500 € TOTAL RECETTES

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385 En attente de l'accord qui sera passé concernant la gestion des visites assurées par les guides-conférenciers de l'Office pour le service VAH, on a établi au même niveau

les coûts et les recettes en se basant sur les expériences de plusieurs collectivités.

Un outil de médiation privilégié : le CIAP

Les fondamentaux du CIAP ont été définis par le Ministère de la Culture, en collaboration notamment avec les animateurs du patrimoine :

"Le CIAP a pour rôle de : • Mettre en valeur les ressources architecturales et patrimoniales du territoire en vue de favoriser un développement culture profitable à tous ; à ce titre, le CIAP fait découvrir et comprendre l’architecture et le patrimoine du territoire concerné en présentant les étapes successives de sa constitution – sans omettre les parties les plus récentes – et en les contextualisant par l’apport de données géographiques, historiques, politiques, religieuses, socioéconomiques, ethnologiques et techniques. • Sensibiliser la population aux enjeux de l’évolution architecturale, urbaine et paysagère de la ville ou du pays et l’impliquer davantage dans la réalisation de projets de mise en valeur du patrimoine. Dans ce cadre, le CIAP constitue pour la collectivité un lieu privilégié d’information et de débats sur les projets d’urbanisme, les chantiers en cours, etc. • Offrir un support pédagogique, c’est-à-dire fournir les outils permettant d’analyser et de comprendre la ville in situ ainsi que de s’y repérer.77"

Chaque CIAP est différent : il est conçu, bien entendu, en fonction de l'identité patrimoniale des territoires, mais aussi en fonction des besoins à pourvoir et des

demandes du public : à Caen, il n'y a pas de musée dévolu à l'histoire de la Ville, qui constitue pourtant un sujet de prédilection pour les habitants, grands amateurs de

conférences, expositions et manifestations proposées de manière temporaire sur ce thème.

A ce constat, s'ajoute celui qu'on est ici dans une ville, on l'a vu, où la lecture du paysage urbain est complexe, pour deux raisons notamment : le plan urbain, formé de

plusieurs ilots non jointifs, et la cohabitation de bâtis très différents sur un même site (voir par exemple le quartier du port, où cohabitent une architecture médiévale

très présente et celle de la Reconstruction).

Le CIAP caennais devra d'abord permettre aux publics, et tout d'abord aux habitants, de retrouver les liens entre le passé très ancien de la Ville – encore tangible au

travers de ses monuments phares, de la configuration de la Ville et d'éléments pérennes comme la Prairie – et leur ville d'aujourd'hui. Les éléments fondateurs que

77

Le CIAP - Mode d’emploi; Ministère de la Culture; 2007

!!

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386 sont par exemple la persistance du plan médiéval et l'importance des espaces verts, pourront fournir la trame d'un "discours" qui se voudra à la fois totalement fondé

au plan scientifique et accessible au plus grand nombre. L'apport des nombreuses découvertes archéologiques sur le site caennais, qui a donné lieu à nombre de

précieuses publications, sera à valoriser.

A l'heure où les sites les plus emblématiques de la Ville vivent d'importantes mutations ou requalifications, il est particulièrement important que les habitants intègrent

les projets urbains dans une continuité urbaine naturelle.

Enfin, le CIAP devra présenter aux visiteurs l'ensemble des équipements culturels urbains intervenant sur le patrimoine, l'urbanisme et l'architecture.

Les préconisations du Ministère de la Culture78 définissent la fonction des espaces qui composent le CIAP :

"• Une exposition permanente didactique qui donne les clés de compréhension de la ville ou du pays tant du point de vue de son patrimoine ancien que de son architecture contemporaine ; • des expositions temporaires renouvelées une fois par an au moins, qui sont le moyen d’approfondir certains thèmes de l'exposition permanente, particulièrement les aspects les plus contemporains de la vie de la cité ; • un centre d’information et documentation qui, en mettant à la disposition des visiteurs les sources de connaissance et les outils nécessaires à un approfondissement sur le sujet souhaité, leur permet de devenir autonomes ; • des ateliers pédagogiques ouverts au jeune public (individuel et scolaire), destinés à éduquer son regard et à l’initier à la découverte de l’architecture et du patrimoine." Là encore, on veillera à adapter ces directives générales aux conditions locales dans lesquelles s'inscrira le CIAP caennais : comme on l'a déjà évoqué, on pourra utiliser des espaces pédagogiques externalisés pour les activités éducatives (musées, Pavillon, bibliothèque centrale – BMVR –) qui compléteront l'offre d'équipements au sein du CIAP. Concernant le centre d'information et de documentation, il serait intéressant de réfléchir à un espace partagé, où toutes les structures locales travaillant dans les champs du patrimoine, de l'architecture et de l'urbanisme pourraient contribuer à alimenter le fonds documentaire. Enfin et surtout, les contenus de l'exposition permanente, qui traiteront de l'ensemble des patrimoines urbains, des architectures locales anciennes et contemporaines et des projets urbanistiques, renverront, pour cette dernière question, au Pavillon, dont la complémentarité avec le CIAP sera d'évidence. Si le projet d'installation du CIAP dans l'Hôtel d'Escoville est réalisable, la cohabitation entre les deux structures – Office de Tourisme et CIAP – conduira à harmoniser les horaires d'ouverture (de facto, toute l'année et tous les jours à l'exception de la fermeture annuelle indispensable à la maintenance) ; la présentation des expositions permanente et temporaires pourra être confiée aux personnels du service VAH et, in fine, à celui de l'Office de Tourisme, formé par l'animateur de l'architecture et du patrimoine.

78

Ouvrage cité

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387

Le Comité de Pilotage de Caen, candidate au label Ville d'Art et Histoire : composition

Personnalités extérieures

- Le Directeur des Affaires Culturelles de Basse Normandie - La Chargée de mission pour la valorisation des territoires à la DRAC - le Directeur du Mémorial pour la Paix - Le Président de l'Office de Tourisme - La Directrice-générale de Caen-Event (Caen Expo-Congrès et Office de Tourisme) - le Directeur du Comité Départemental du Tourisme du Calvados - Le Vice-Président chargé du tourisme au Conseil Régional - Le Directeur du Comité Régional du Tourisme de Normandie - François Neveux, professeur d'histoire émérite à l'Université de Caen - Philippe Lenglart, journaliste - Etienne Faisant, docteur en Histoire de l'Art, enseignant à la Sorbonne. - Roger Jouet, professeur d'histoire émérite à l'Université de Caen - Laurence Jean-Marie, médiéviste, chargée de conférences à l'Université de Caen - Le Directeur du C.A.U.E

Membres de l'équipe municipale (élus et agents) - Monsieur Philippe Duron, Député-Maire - Madame Annie Lebon, Maire-Adjointe chargée de l'Education - Monsieur Xavier Le Coutour, Maire-adjoint chargé de l'Urbanisme - Monsieur Jean Notari, Maire-adjoint chargé du Tourisme - Monsieur Jean-Louis Touzé, Maire-Adjoint chargé des bâtiments communaux - Monsieur Pierre Van Cornewal, Directeur de Cabinet - Monsieur Jean-Christophe Erard, Directeur Général des Services - Madame Hélène Foucher, Directrice de l'Environnement et du Cadre de Vie - Madame Hélène Maurice-Kérimer, Directrice de l'Administration Générale - Madame Pascale Leillard, Directrice de la Culture - Monsieur Thibault de Caffarelli, Directeur des Affaires Economiques et du service Tourisme - Monsieur Gilles Guérin, Directeur de l'Urbanisme - Monsieur Thierry Vasse, Directeur de l'Education - Monsieur Jean-Marie Levesque, Directeur du Musée de Normandie - Madame Catherine Duchemin, Chef de Projet pour la labellisation de Caen "Ville d'Art et d'Histoire".

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1

F : ANNEXES

F 1: Cahier patrimonial : pages 2 à 26 :

L'Abbaye aux-Hommes :

- église abbatiale,

- bâtiments médiévaux

- bâtiments du 18ème siècle

L'Abbaye aux-Dames

L'Université : histoire

La Gérinière : histoire

F 2 : Effectifs scolaires : lycées, collèges et écoles (rentrée scolaire 2013-2014) : pages 27 à 30

F 3 : Les inventaires établis pour la ville de Caen : pages 31 et 32

F 4 : Bibliographie et droits d'auteur : pages 33 à 38

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2

F 1 : Cahier patrimonial : l'abbaye- aux-Hommes

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3

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4

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5

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6

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7

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12 L'abbaye-aux-dames

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15 L'Université de Caen

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17

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18

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20 La Guérinière

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23

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24

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26

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27

F 2 : Effectifs scolaires : lycées, collèges et écoles – rentrée scolaire 2013-2014

Lycées publics et privés de Caen - Toutes catégories. Effectifs de rentrée pour l'année scolaire 2013-2014

ETABLISSEMENTS PUBLICS Nbre Etab

LEG LEGT LP LYTP TOTAL

Malherbe 1 1 883 1 883

Augustin Fresnel 1 931 931

Victor Hugo 1 966 966

Pierre Simon de Laplace 1 1 117 1 117

Dumont d'Urville 1 1 124 1 124

Jean Rostand 1 1 714 1 714

Victor Lépine 1 564 564

Charles de Gaulle 1 803 803

Camille Claudel 1 702 702

TOTAL LYCEES PUBLICS 9 803 5 494 1 266 2 241 9 804

ETABLISSEMENTS PRIVES Nbre Etab

LEG LEGT LP LYTP TOTAL

Jeanne d'Arc 1 758 758

Sainte-Marie 1 647 647

Institut Lemonnier 1 534 346 880

Sainte-Ursule 1 609 710 1 319

Oasis 1 258 258

Notre-Dame de Fidélité 1 188 171 359

TOTAL LYCEES PRIVES 6 758 647 1 589 1 227 4 221

TOTAL GENERAL (public et privé) 15 1 561 6 141 2 855 3 468 14 025

lycées en

tout lycéens en

LEG lycéens en

LEGT lycéens en

LP lycéens en

LYTP total des lycéens

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28 Collèges publics et privés de Caen. Effectifs de rentrée pour l'année scolaire 2013-2014

ETABLISSEMENTS PUBLICS Nbre Etab

en 6ème en 5ème en 4ème en 3ème TOTAL

Collège Dunois 1 111 109 105 119 444

Collège Guillaume de Normandie 1 165 147 142 135 589

Collège Hastings 1 137 138 132 136 543

Collège Henri Brunet 1 53 90 74 78 295

Collège Jacques Monod 1 113 101 117 112 443

Collège Jean Moulin 1 104 103 108 101 416

Collège Lechanteur 1 113 130 132 123 498

Collège Marcel Pagnol 1 64 47 68 62 241

Collège Pasteur 1 138 137 136 136 547

Collège René Lemière 1 29 77 91 72 269

Collège Villey-Desmeserets 1 99 115 109 68 391

TOTAL COLLEGES PUBLICS 11 1 126 1 194 1 214 1 142 4 676

ETABLISSEMENTS PRIVES Nbre Etab

en 6ème en 5ème en 4ème en 3ème TOTAL

Institut Saint-Pierre 1 116 113 137 127 493

Sacré-Cœur 1 104 114 119 76 413

Saint-Joseph 1 170 172 170 204 716

Saint-Paul 1 106 107 108 102 423

Saint-Pierre 1 101 94 100 106 401

TOTAL COLLEGES PRIVES 5 597 600 634 615 2 446

TOTAL GENERAL (public et privé) 16 1 723 1 794 1 848 1 757 7 122

collèges en tout

élèves en 6ème

élèves en 5ème

élèves en 4ème

élèves en 3ème

total des collégiens

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29 Ecoles publiques et privées de CAEN. Effectifs de rentrée pour l'année scolaire 2013-2014

ETABLISSEMENTS PUBLICS Nbre Etab en maternelle en élémentaire TOTAL

Albert Camus 1 115 130 245

Authie Nord 1 103 139 242

Authie Sud 1 97 158 255

Bicoquet 1 115 115

Bosnières 1 109 203 312

Cinq Continents 1 73 105 178

Clos Herbert 1 88 152 240

Duc Rollon 1 92 92

Eustache Restout 1 79 78 157

Fernand Léger 1 87 127 214

Guynemer 1 122 122

Haie Vigné 1 75 106 181

Henri Brunet 1 102 248 350

Jean Guehenno 1 65 163 228

Jean Moulin 1 67 236 303

Léopold Sédar Senghor 1 144 154 298

Les Vikings 1 98 124 222

Louis Lechatellier 1 81 83 164

Lyautey 1 81 131 212

La Maladrerie 1 58 75 133

Michel Tregore 1 115 135 250

Millepertuis (Les) 1 92 168 260

Paul Gernez 1 120 129 249

Pigacière 1 63 121 184

Puits Picard 1 52 66 118

Reine Mathilde 1 121 149 270

René Lemière 1 51 108 159

Robert Doisneau 1 78 78

Venelle aux Champs 1 78 78

Victor Lesage 1 238 238

Vieira Da Silva 1 113 113 226

TOTAL ETS PUBLICS 31 2 619 3 754 6 373

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30

ETABLISSEMENTS PRIVES Nbre Etab en maternelle en élémentaire TOTAL

Notre-Dame 1 67 117 184

Sacré-Cœur (cours du) 1 72 151 223

Saint-François 1 80 121 201

Saint-Jean 1 83 88 171

Saint-Joseph 1 178 394 572

Saint-Paul 1 196 334 530

Sainte-Bernadette 1 127 278 405

Sainte-Marie 1 168 344 512

TOTAL ETS PRIVES 8 971 1 827 2 798

TOTAL GENERAL (public et privé) 39 3 590 5 581 9 171

écoles en tout éléves en maternelle élèves en élémentaire

total des écoliers

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31

F 3 : Les inventaires établis pour la ville de Caen

Immeubles protégés au titre des Monuments Historiques

-- Base de données Mérimée, à partir des données fournies par les services d'inventaire

- Eglise Saint-Ouen : inventaire général en cours par l'Association Patrimoine Cultuel et Art Sacré1. Cet inventaire a fait l'objet d'une commande de la Ville.

- Abbaye aux-Dames : inventaire général – architecture, mobilier, patrimoine artistique – en cours par le Service Régional de l'Inventaire.

Patrimoine mobilier

- Base de données Palissy

-Patrimoine mobilier inscrit

- Base de données établie par le service du Patrimoine du Conseil Général : patrimoine cultuel, mobilier et artistique des monuments de Caen : Eglises Saint-Etienne,

Saint-Jean, Saint-Pierre, Notre-Dame-de-la-Gloriette, Saint-Michel. Préfecture. Palais de Justice place Fontette. Hôtel d'Escoville (siège de l'Académie des Sciences et

des Lettres)

Sites archéologiques de Caen

- Une publication de 391 pages recense tous les sites caennais ayant fait l'objet de fouilles archéologiques sur la période 1955-1995. Le document comporte deux

index : par mot-clé, par notice (noms de lieux). L'ouvrage a été également alimenté par les recherches des historiens caennais, et notamment Jean-Claude Perrot,

Lucien Musset et Pierre Gouhier.( Caen, cité médiévale. 1996 Imprimerie Bayeusaine. Auteurs : Christophe Collet, Pascal Leroux et Jean-Yves Marin).

Autres

1 Créée en juin 2002, l’association Patrimoine cultuel et art sacré dans le Calvados fonctionne en étroite collaboration avec le Conseil général du Calvados, avec le diocèse de

Bayeux-Lisieux, avec les services communaux et tout organisme ou association intervenant dans les mêmes domaines. Elle fonctionne avec des bénévoles qui réalisent ces inventaires, formés, guidés et accompagnés par des conservateurs du patrimoine. L'association a inventorié 300 églises, créé 30 000 fiches-objets et rassemblé 47 000 photos. Elle comptait 118 mairies partenaires en 2012.

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32

- Inventaire des plans de Caen. " Cartes, plans, dessins et vues de Caen antérieurs à 1789, inventaire des collections publiques, Jean-Claude Perrot". Jean-Jacques

Hémardinquer.

Archives municipales

- Inventaire des Fonds anciens : Fonds 615 EDT de la commune pour la période 1300-1800 : ce fonds rassemble les archives administratives, fiscales, etc déposé aux

Archives Départementales du Calvados.

- Inventaire en cours des fonds gérés par le Service des Archives Municipales : une vaste opération de numérisation et d'inventaire des ressources est en cours.

Travaux en cours

- De nombreux inventaires ont été réalisés par le Service Régional de l'Inventaire pour l'ensemble de la Basse-Normandie. Les travaux en cours concernent le

patrimoine industriel de l'arrondissement de Caen, la statuaire, les tableaux des églises de Caen en collaboration avec la DRAC et le CAOA, les deux derniers en cours

de finalisation.

- Pré-inventaire de l'architecture 19-20ème du quartier Bagatelle-Jardin des Plantes : en cours par le Service Régional de l'Inventaire

- Etienne Faisant, Enseignant en histoire de l'art à la Sorbonne et doctorant, finalise une thèse sur l'ensemble des hôtels particuliers caennais, qu'il soutiendra à l'INHA le 30 novembre, sous l'intitulé "L'architecture à Caen, du règne de Charles VIII au début du règne de Louis XIII" ; Etienne Faisant fait partie du comité de pilotage de la Ville de Caen pour le dossier de candidature VAH. - Inventaire iconographique de la Ville : 8 000 cartes postales d'avant-guerre, établi par l'association Cadomus dans le cadre d'un projet de restitution en "3D" de la ville en 1937.(2010-2013)

Les inventaires établis par les musées municipaux, les bibliothèques2, les archives départementales3 répertorient l'ensemble des collections gérées par ces

établissements. De nombreuses publications savantes concernant le territoire constituent également un fonds à exploiter ultérieurement pour l'établissement d'un

inventaire général caennais.

2 La bibliothèque centrale de Caen conserve 6 000 documents au sein du fonds normand en cours de numérisation et de traitement informatisé, qui permettront des requêtes

spécifiquement caennaises. Le Musée de Normandie et le Musée des Beaux-Arts procèdent également à l'élaboration d'un inventaire numérique des collections et à leur traitement informatisé. 3 Les Archives Départementales ont mis en ligne un grand nombre de documents, ce qui permet des requêtes immédiates pour Caen.

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33

F 4 : Bibliographie et crédits photographiques Archéologie Caen cité médiévale : bilan d'archéologie et d'histoire, Christophe Collet, Pascal Leroux, Jean-Yves Marin, Calvados, Service Départemental d'Archéologie du Calvados. 1996 (SBN 2951017502) Caen. Fouilles de la Place Guillouard. Pascal Leroux. Service Régional de l'Archéologie de Basse-Normandie. Musée de Normandie. Caen. Caen-Archéologie. 1998 Abécédaire ou Rudiment d'archéologie : architecture civile et militaire (3e édition) par M. de Caumont,.... 1869. Arcisse de Caumont, Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France Histoire Les Origines de la Ville de Caen. Pierre-Daniel Huet. 1706. Réédition Le Livre d’Histoire-Lorisse. Paris. 2005 Histoire de Caen. G. Désert, M. De Boüard, L. Musset, R. Jouet, H. Neveux, P. Longuet, P. Brunet, sous la direction de Gabriel Désert. Editions Privat. 1981 Essais historiques sur la ville de Caen et son arrondissement. Gervais de La Rue Poisson. Caen. 1820 Caen, son histoire, ses monuments, son commerce et ses environs, Guillaume-Stanislas Trébutien. Caen.Le Blanc-Hardel Caen illustré, son histoire, ses monuments. Eugène de Beaurepaire. 1896. Caen. Le Blanc-Hardel, éditeur. Réédition par les Editions de la Tour Gile. 1994 Guillaume le Conquérant. Michel de Boüard. Editions Fayard. Paris. 1984 Caen au 11ème-12ème siècle : espaces urbains, pouvoir et société. Laurence Jean-Marie Siège et prise de Caen par les Anglais en 1417 : épisode de la guerre de Cent ans. Léon Puiseux. Edition numérique sur CRL Les Recherches et antiquitez de la province de Neustrie, à présent duché de Normandie, etc. Charles de Bourgueville, Sieur de Bras. 1588. Caen. Nouvelle Edition. 1833. Imprimerie lithographique de T. Chalopin. Edition en ligne sur Google Books Histoire de la ville de Caen depuis Philippe Auguste jusqu'à Charles IX : nombreux documents inédits Pierre Carel. Ed° en ligne. www.normannia.info/pdf/carel1886b.pdf

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34 Manuscrit d'Etienne du Val de Mondrainville, magistrat et armateur caennais, 1535-1578. Publié pour la première fois avec une étude sur le manuscrit et des documents nouveaux. Par Etienne Du Val et Gabriel Vanel. Publié par L .Jouan. 1908 Mémoires d'antiquités locales et annales militaires, politiques et religieuses de la ville de Caen et de la Basse-Normandie Gervais de La Rue, Caen, Mancel, 1842, vol. 2, p. 353 Les Jésuites à Caen Léon Puiseux. Edition numérique. Centre Régional des Lettres Caen au Grand Siècle. Catalogue d’exposition. Textes réunis par Noëlla Duplessis. Imprimerie caennaise. Mai 2000 Journal d’un bourgeois de Caen 1652-173. Publié pour la première fois d'après un manuscrit de la bibliothèque de Caen et annoté par G .Mancel. Caen. Imprimerie Charles Woinez 1848.Edition numérique Harvard College library 1963 La garnison de Caen au XVIIIème siècle. Georges Besnier. In Bulletin de la Société des Antiquaires de Normandie. 1948-1951. t.51, p. 296 Cartes, plans, dessins et vues de Caen antérieurs à 1789, inventaire des collections publiques, Jean-Claude Perrot Mémorial de Philippe Lamare, secrétaire de dom Gouget, bénédictin de l'abbaye de Fontenay, 1774-1788 : la vie provinciale en Normandie au XVIIIème siècle. L. Jouan. Caen. 1905. P 176 (lire en ligne) Genèse d'une ville moderne. Caen au XVIIIe siècle. Jean-Claude Perrot. 1975 Mouton & co and Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales.2 tomes Une ville de province, Caen pendant la Révolution de 1789. Robert Patry. Editions Charles Corlet.1983 Révolte à Caen 1812. Pierre Coftier et Paul Dartiguenave. Editions Cahiers du Temps. Novembre 1999 Mémoires de l'Académie nationale des sciences, arts et belles-lettres de Caen. Henri Delesques. Caen. 1905 Éphémérides normandes Grégoire-Jacques Lange Caen, Imprimerie de Bonneserre, 1833, tome 1, pp. 95–96 Le Nouveau Siècle à Caen. Philippe Lenglart. Editions Charles Corlet Caen avant 1940 : rétrospective de la vie caennaise de 1835 à 1940 François Robinard, Caen. Éditions du Lys. 1993 Caen 1900-2000. Un Siècle de Vie. R. Desquesnes, J-P. Daviet, J. Quellien, L. Devisme, J. Dordron, A. Tapié, J-J. Bertaux. Editions des Falaises. 2001

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35 Caen sous l’Occupation. Jeanne Grall. Editions Ouest-France. 1980 6 juin – 15 août 1944, la Bataille de Caen vue au jour le jour, par Joseph Poirier. Joseph Poirier. Caron, à Caen. 1945 Caen pendant la Bataille. A. Gosset et P. Lecomte. Imprimerie Ozanne. Caen. 1946 La vie quotidienne des étudiants à Caen, de 1939 à 1955. Jean Collin et André Heintz. Presses Universitaires de Caen. 1994 Renaissance d’une ville. La reconstruction de Caen 1944-1963. Catalogue de l’exposition du Musée de Normandie. Textes de Jean-Jacques Bertaux. Editions Delpha. 1994 La reconstruction de Caen. Jack Auger et Daniel Mornet. Editions Ouest-France. 1986 Histoire de l’O.M.J. Office Municipal de la Jeunesse de Caen. Edouard Colin. Imprimerie Lafond, 16, rue Froide, Caen. 1983 Caen, Caennais, qu’en reste-t-il ? Pierre Gouhier. Editions Horvath. octobre 1986 Caen, hier et aujourd’hui. Yves Lecouturier et Bernard Enjolras. Editions Ouest-France. 2008 Caen, architecture et histoire. Philippe Lenglart. Editions Charles Corlet. Avril 2008 Histoire(s) de Caen, 950 ans entre guerres et paix. Philippe Lenglart. OREP Editions. Septembre 2011 Métiers et techniques Extraction et vente de la pierre dans une carrière de Caen, de la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Etude d'un registre d'exploitation. Laurent Dujardin. Annales de Normandie La vie et l'œuvre des le Prestre. Maîtres maçons caennais. Henri Prentout. In Bulletin de la Société des Beaux-Arts de Caen. Caen. Imprimerie Charles Valin. 1910. 11e volume, pp. 381–397 Foires et marchés à l'époque ducale. Lucien Musset. Annales de Normandie. 1976 N° 26-1 pages 3 à 33 La foire du Pré à Caen. Amédée de Ghaisne de Bourmont Mille ans de foires à Caen Roger Coum. Editions Image France. 2001

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36 L'habitat à Caen aux XIVe et XVe siècles. Robert Delente. Annales de Normandie, 50e année n°3, 2000. pp. 387-407 – le Ministère de la jeunesse, de l'éducation nationale et de la recherche, Direction de l'enseignement supérieur, sous-direction des bibliothèques et de la documentation Dictionnaire universel de commerce, d'histoire naturelle et des arts et métiers. Tome cinquième. Ouvrage posthume de Jacques Savary des Bruslons. Nouvelle Edition Copenhague. MDCCLXV L'industrie, le Commerce et les travaux publics en Normandie au 17 et 18e siècle. C. Hippeau. Paris. Aubry libraire. 1870 Autour de Rouen et Paris : modalités d'intégration d'un espace drapier (XIIIe-XIVe siècles). Mathieu Arnoux et Jacques Bottin. Revue d'histoire moderne et contemporaine 2001/2 – no 48-2 Notice sur les francs-porteurs de sel de la ville de Caen. Henri de Formeville. Caen. Imprimerie de A. Le Roy, rue Notre-Dame, 1840. (Extrait du 6ème vol. de l'Annuaire des cinq départements de l'ancienne Normandie). Edition numérique : http://www.bmlisieux.com/ Un port dans la plaine de Caen à Ouistreham. P David, S. David, C. Le Baron, Y. Marchaland. Editions du Bout du Monde. 2011 Dictionnaire universel théorique et pratique du commerce et de navigation. Tome 1 A-G p 454-455 Paris Lib. De Guillaumin et cie. 1859. Googlebooks Patrimoine bâti Le château de Caen. Michel de Bouärd. Caen Centre de Recherches Archéologiques Médiévales 1979 Le château de Caen. Mille ans d’une forteresse dans la ville. Micaël Allainguillaume, Gaël Carré, Stéphanie Dervin, Anne-Marie Flambard-Héricher, Bénédicte Guillot, Laurence Jean-Marie, Pascal Leroux, Jean-Marie Levesque et Jean-Yves Marin. Sous la direction de Joseph Decaëns et Adrien Dubois. Photographies François Decaëns. Publications du CRAHM. Caen. 2009 La Trinité de Caen. Maylis Baylé. Editions DROZ-AMG. 1979 L’Abbaye-aux-Dames à Caen. Maylis Baylé. Editions Gaud. 1994 L’Abbaye-aux-Dames. Neuf siècles d’histoire à Caen. Textes Philippe Laroche. Conception Euro RSCG. Novembre 2006 Analyse architecturale de l’abbaye Saint-Etienne de Caen. Georges Bouet. In Bulletin monumental publié à Caen par M. de Caumont. Le Blanc-Hardel. Caen. 1868 Monographie de Saint-Etienne de Caen. Célestin Hippeau. In Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, vol. XXI. Le Blanc-Hardel, Caen. Octobre 1855

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37 Histoire de l’Abbaye-aux-Hommes. F. Duncombe, L. Musset, P. Gouhier, M. de Boüard, J. Yver, M. Maurin. In Le Mois à Caen. Numéro Spécial sept. 1977. Imprimerie Régionale de Caen Les édifices gothiques de l’Abbaye-au-Homme. Lucien Musset. In Le Mois à Caen. Numéro Spécial de mars 1977. Imprimerie Régionale de Caen Les logis médiévaux de l'Abbaye aux Hommes de Caen. Etienne Faisant, François Saint-James. Bulletin de la Société des Antiquaires de Normandie.Tome LXIX. p 9 à 61. Printemps 2012 Normandie romane – Tome 1. Lucien Musset Hôtel Le Valois d'Escoville. Georges le Vard. In le Bulletin de la Société des Antiquaires de Normandie, tome XXXIII. Caen. 1918. P 66 Orientation de l'architecture civile à Caen au temps de la Renaissance. Gloton Jean-Jacques. In: Annales de Normandie.7e année n°1. 1957. pp. 35-52 Caen ville d’art, la rue Froide. Lucien Musset et Jacques Pougheol. Art de Basse-Normandie N°45 N° Spécial. 1970 Rue Caponière, à Cae. Lucien Musset, Jean Guérin, Alain Becmeur, Jacques Pougheol. Art de Basse-Normandie N°74. 1978 Le quartier Lorge : couvent de la Visitation et Caserne du dépôt de remonte. 75 p. : ill., gravures, plans Pierre David Histoire de l'université de Caen. 1432-2012. Jean Quellien, Dominique Toulorge, Serge David. Université de Caen. 2012 Saint-Sauveur-du-Marché Caen. Etienne Faisant, Vincent Juhel et François Saint-James. Société des Antiquaires de Normandie. Collection Monuments et Sites de Normandie, 2. Corlet Imprimeur. Juin 2011 Du village de Calix au quartier Saint-Jean Eudes. Collectif réalisé avec notamment le CPIE, le CRECET, les habitants du quartier, le Musée de Normandie L'architecture et l'urbanisme de la Reconstruction dans le Calvados. Du projet à la réalisation. Patrice Gourbin. CAUE Calvados. La reconstruction des édifices religieux en Basse-Normandie après la Seconde Guerre mondiale Alain Nafilyan. In Situ 11 (2009) Le patrimoine religieux des XIXe et XXe siècles. Revues.org Saint-Julien de Caen, des origines à nos jours. Marie-Claire Lefèvre. Edition ASPR de St-Thomas de l’Université. Octobre 2008 Monuments Historiques du XXème siècle en Basse-Normandie. Eric Diouris, Frédéric Henriot, Alain Nafilyan. DRAC de Basse-Normandie. In Quarto & Corlet Imprimeur. 2010. Direction Régionale des Affaires Culturelles de Basse-Normandie. Directeur de publication : Kléber Arhoul, textes : Danièle Moureu

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38 Environnement L’Orne et les Odons. Evolution des cours d'eau dans la traversée de Caen du 17e s. à nos jours. Direction de l'Eau et de l'Assainissement. Caen-La-Mer. Janvier 2005 La Prairie. Plan de gestion 2012 – 2015 Document d'étape. Ville de Caen. Janvier 2012 Sociologie Structurations sociales de l'espace caennais (XVIe-XVIIIe siècles). Hugues Neveux. In: Cahier des Annales de Normandie n°19, 1985. Villes et sociétés urbaines : Basse-Normandie, XVIe et XXe siècle. pp. 1-78. Persée http://www.persee.fr La ségrégation sociale à Caen en 1568. Hugues Neveux. Hors-série des Annales de Normandie. Recueil d'études offert en hommage au doyen Michel de Boüard. Volume N°2. 1982. pp. 437-448. Persée L'instauration du Puy de Palinods à Caen Odile Malas Semboloni. In: Bulletin de l'Association d'étude sur l'humanisme, la réforme et la renaissance. N°48, 1999. pp. 45-57. Editions Persée La société intellectuelle à Caen aux XVIe et XVIIe siècles. Gouhier Pierre. Cahier des Annales de Normandie N°9, 1977 Caen 1680-1980, la vie et la mort, à travers ses rues, ses cimetières. In Le Mois à Caen. Numéro Spécial Juillet 1980. Imprimerie Régionale de Caen Les Guérinois racontent. 30 ans de souvenirs. Jean Alain Grimault en collaboration avec Michèle Leval. Graphitype. Septembre 1988

Crédits photographiques

Signification des mentions : VC/ Ville de Caen

VC/FD Ville de Caen/François Decaëns

VC/CD Ville de Caen/Catherine Duchemin

VC/NO Ville de Caen/Nadège Orange

Les autres crédits photographiques sont mentionnés dans les légendes.