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P EC Présenté En Couleur Abdellatif Kechiche Un combattant de l’injustice française, La Vie D’Adèle et La Vénus Noire, Qu’on a regardé.. Et analyser pour vous ! Numéro #1 Jan/Fév 2015

PEC #1 - Jan-Fév 2015

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Présenté En Couleur, c'est un magazine indépendant, offert gratuitement à tous, discutant de cinéma et de tout ce qui l'entoure.

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PECPrésenté En Couleur

AbdellatifKechiche

Un combattant de l’injustice française, La Vie D’Adèle et La Vénus Noire,

Qu’on a regardé..Et analyser pour vous !

Numéro #1 Jan/Fév 2015

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INDEX

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Index de lecture

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34#1 : Sous un maquillage virtuel (P.4)

- Dossier Abdellatif Kechiche

#2 : Critique - La Vie d’Adèle (P.12)

#3 : Critique - La Vénus Noire (P.14)

#4 : 4 Courts-Métrages à découvrir (P.16)

#5 : Analyse de Only God Forgives (P.22)

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INDEX

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Mot des éditeurs

À droite - Raphael Labrecque / À gauche - Michelle Leblanc

Seul devant l’écran de mon ordinateur, on dirait que je ne peux pas réaliser tout le chemin que moi et Michelle on a fait pour en arriver à montrer notre travail sur un vrai médium, et pro-

pulser notre vision du cinéma à vos yeux. Partant d’un simple idée, je produit mon premier vrai projet “aboutti”, celui qui me suivra jusqu’à la prochaine édition du magazine. Pour vous dire la vérité, je suis complètement terrifié : terrifié que je ne puissent jamais m’améliorer, et surtout celui que notre travail ne soit pas apprécié. Mais se lancer dans la production d’un magazine, c’est accepté que 2 mois de travail peut n’avoir pas valu la peine, mais qu’il doit être publié quand même. Alors comment je vous annonce mon projet pour ne pas avoir à vivre un regret ? En vous disant que le seul but du projet est de donner une voix et la chance à quiconque interessé par le cinéma de partager sa passion. Comme je l’ai fait, et comme j’espère nous le feront toujours.

J’espère vous voir aimer les plus meilleurs articles, et nous donner votre avis sur ceux qui sont plus complexes, plus difficile à cerner. Alors, prêt à vous lancer dans la lecture ? Je ne vous retient pas plus longtemps, et vous souhaite de rester à l’affut de nos améliorations comme de nos changements dans l’écriture, la mise en page et la direction que le magazine prendra.

Bonne lecture !

Raphael Labrecque et Michelle Leblanc, qui vous remercie du fond du coeur

Photo gracieuseté de : Ariane Lefebvre

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Sous un...ARTI

CLE

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Sous un...

MaquillageVirtuel

L’ envers d’une profession mal reconnu

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Sous un maquillage virtuel

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Andy Serkis, dans un montage démontrant les 4 étapes de la modélisaton d’un personnage détaillé pour le cinéma

Utilisé par les équipes derrière Avatar, King Kong, le reboot de La Planète Des Singes et Le Seigneur Des Anneaux, la capture de mouvement est une industrie en pleine évolution, et fait déjà des miracles. Cette méthode révolutionnaire, permettant de créer des personnages dans un environnement 3D en combi-nant le réalisme du mouvement humain permet de sauver des coûts extraordinaires aux studios, donnant la chance de por-ter à l’écran un ogre terrifiant, un ours en peluche ou le choix classique du majestueux dragon, le tout sans aucune protesthi-que ou de lourd maquillage. Cet effet, aussi réussi qu’il sem-ble paraître, nous fait rapidement oublier qu’en dessous de cette cape de synthèse se cache un acteur, une personne, et ainsi une performance. Depuis plusieurs années la question est aux lèvres des plus grosses cérémonies académiques, et surtout sur celles des Oscars du Cinéma : peut-on réellement considérer le jeu d’un acteur en Capture de mouvement malgré son apparence modifiée par ordinateur, et si oui, cette performance est-elle digne de prix ? Car en réalité, avancer dans cette direction est un important pas pour l’industrie cinématographique, mais aussi dans notre histoire en tant que société moderne. Première étape avant tout, il faut d’abord comprendre ce que cette technolo-gie est réellement, et comment elle est apparue dans nos vies.

La définition la plus réaliste de la capture de mouvement est en fait la transposition des mouvements d’un acteur sur le corps d’un personnage créer par des images de synthèses. Le sujet porte un costume couvert de capteur, dont leurs travaux sont semblables à celui de nos os dans notre corps. Quand l’acteur bouge, les capteurs le font aussi, et peuvent transmettre cette in-formation à un logiciel de capture. Cet enregistrement des cap-teurs sur le corps du sujet est appelé le Motion Tracking (Suivi de mouvement en français), une technique aussi utilisée dans plusieurs autres sphères du travail d’effet spécial, mais aussi dans ceux des milieux militaire et médical. Sans le personnage 3D, les mouvements de l’agile acteur ressemblent, dans le logiciel, à celui d’un bonhomme à allumette. C’est la reproduction du squelette du personnage final, et la première étape d’un long travail quand le personnage est enfin modélisé dans un pro-gramme en modélisation 3D, un peu comme le costume qu’un enfant porterait pour l’Halloween : Sans personne à l’intérieur, il est rigide et inanimé. Mais lorsque les armatures (Nom donné aux différentes connexions dans le corps d’un personnage) sont enfin ajoutées, on donne vie à un personnage virtuel, contrôlé par un homme tout aussi réel que vous, aux actions des plus réalistes, et permettant même aux expressions faciales de l’ac-teur d’être recréées. Incroyable ? Je ne le vous fait pas dire !

Sous un maquillage virtuel

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Mais cette technologie a dû évoluer pour en arriver à ce qu’elle est capable de faire. Pour faire simple, la capture de mouvement est basée sur une autre technique de capture de mouvement ap-pelé le rotoscoping, qui consiste à surdessiner des images. Le principe est relativement simple : On filme les scènes avec une caméra ordinaire, et on trace par dessus et ce qui constitue l’im-age. Utilisé dans le but de créer un style unique et très « “Gri-boulli »”, cette méthode de surimpression et de traçage inventée au début du 20e siècle, est très difficile à produire. En fait, ch-aque image doit-être tracé pour réellement créer une illusion de mouvement, et calculant 25 images par secondes, il n’est pas très long pour comprendre l’ampleur d’un projet de ce genre ! Mais la beauté du procédé, qui était à l’époque créée en projetant les images réelles d’une caméra sur un panneau de verre givré, était basée sur la persévérance d’un animateur “‘chanceux” a qui ont donnait la tâche de redessiner toutes les images de la pellicule. Permettant plus de réalisme dans le mouvement des person-nages, la création de Max Fleischer a permis a plusieurs films d’animation, comme la première adaptation du Seigneur Des Anneaux animé en 1978 par Ralph Bashki, et plus récemment dans Waking Life et A Scanner Darkly de Richard Linklater, de donner un réalisme de mouvement plus poussé que la simple animation basée sur papier. Cet avancement a permis à l’indus-trie du jeu vidéo, dans les années 90, de produire un concept similaire de capture de mouvement en animation 3D pour des personnages animé. Ainsi, la machine a commencé, et l’indus-trie du cinéma s’est rapidement approprié cette technologie pour se créer un moyen efficace et facile de créer des personnages fantaisistes sans l’utilisation de prosthétique faciale et costume. Si on donne a Jurassic Park de Steven Spielberg le mérite d’avoir créer pour la première fois une capture de mouvement dans le monde du cinéma pour les besoins d’animer le corps et la pos-ture complexe du terrifiant dinosaure “Raptor”, le premier film a avoir réellement utiliser une capture de mouvement en temps réel, permettant a un acteur d’avoir ses mouvements transposer sur ceux d’un autre personnage, est sans aucun doute la trilo-gie du Seigneur Des Anneaux de Peter Jackson, qui à pris un énorme risque en créant un des modèles 3D les plus avancés techniquement de son époque, le célèbre Gollum. La participa-tion active du studio d’effets visuel WETA entre aussi en jeu avec cette création maison qui leur fera honneur dans toute l’indus-trie, et leur donnera le grand bonheur d’avoir leurs noms sur la liste des entreprises les plus ambitieuses du milieu.

Ainsi commence la réponse de la question posée au début de cet article. Comment réellement capturer la performance d’un ac-teur, si ni son réel visage ou corps sont présenter a l’écran ? Une

ligne a été dressée entre l’animation et la performance réelle, qui est d’ailleurs des plus difficile à exprimer. Une performance, dans son sens propre, est en fait basé sur l’apport d’un acteur sur un personnage présent dans un film. Une performance vocale, qui est essentielle dans le cinéma d’animation, est la première barrière à franchir. Plusieurs de nos vedettes préférées, que l’on parle de Georges Clooney pour Fantastic Mr.Fox, ou encore Bill Murray pour Garfield The Movie sont des exemples parmi tant d’autres de personnages qui ont mérité la reconnaissance des critiques comme de celle des cérémonies. Les Annie Awards, la référence quand on parle de prix en l’honneur de films d’anima-tion, présente même la performance vocale d’un acteur en tant que catégories de prix, comme beaucoup d’autres le feront par la suite. L’apport vocal d’un acteur est ainsi considéré, malgré le fait qu’il n’utilise ni son corps ni sa démarche, comme une performance, et peut être reconnu comme un matériel tangible et réel.

Maintenant, prenons cette affirmation d’une autre façon. Si un acteur utilise son corps, sa démarche, et souvent sa propre voix pour jouer un personnage, ne peut-on pas considérer sa partic-ipation comme la même que s’il n’avait pas un costume

Une place indéniable dans le cinéma

Peter Pan (1953), utilisant la technique de Rotoscoping

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Sous un maquillage virtuel

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remplie de capteur sur son dos ? Brad Pitt, pour son rôle dans Benjamin Button, a été nominé aux Oscars, aux BAFTA et aux Golden Globes pour la meilleure performance par un ac-teur. Un détail ? Et bien l’acteur a joué presque 50 % de sa per-formance derrière le célèbre costume de capteurs. Pour inter-préter son personnage dans un stage âgé avancé, il a dû se fier à la capture de mouvement par le studio d’effet spécial Digital Do-main, dont 155 employés ont travaillé pendant plus de 2 ans et demi afin d’arriver à créer cette prouesse technique, mais aussi artistique. Mais une bonne différence avec les performances de Andy Serkis par exemple, qui a amené à l’écran King Kong, Gol-lum et Ceasar dans la nouvelle série de La Planète Des Singes, est qu’il n’a pas un visage humain à poser sur ces personnages. Cet aspect physique et virtuel est une façon de voir le travail de l’acteur, et laisse un mythe derrière lui : L’acteur ne donne que la moitié du travail, et les effets spéciaux s’occupent du reste.

Car, évidemment, le travail des grands studios spécialisé dans la modélisation des personnages et de leurs animations est quant à lui très présent dans les grandes cérémonies. Que ce soit aux Os-cars, comme en 2009 quand l’équipe derrière Avatar a accepté avec grand mérite l’honneur du soir dans le domaine des effets majeure partie du travail entre l’acteur et celui qui lui donne

son apparence. Mais, malgré la complexité de l’animation, le jeu de l’acteur n’est en aucun cas affecté par l’apparence finale du personnage. Des mimiques spécifiques, comme ceux d’un géant singe grimpant l’Empire State Building, sont des mouvements très difficiles a recréé a partir seulement d’un logiciel de modéli-sation, et nous rappellent pourquoi la maîtrise humaine est bien plus avancée que tout ordinateur. En fait, sans eux, le person-nage n’est en fait qu’un modèle en 3D.

Si la capture de mouvement est encore dans sa période d’adoles-cence, plusieurs acteurs doivent leurs carrières en grande par-tie grâce à cette technologie. Andy Serkis, maintenant reconnu comme la “figure emblématique et commerciale” de cette nou-velle génération d’acteur a été longtemps vue comme un simple figurant de soutien. Avec sous son aile des expériences “Shake-speariennes”, il est facile de voir comment il a réussit a pousser les limites de l’art numérique en donnant au personnage Gollum de la très populaire trilogie fantastique Lord Of The Rings une démarche et posture maintenant acclamée par la critique et im-plantée dans la culture populaire. Avec cette deuxième carrière, Serkis s’est mérité plusieurs prix, dont deux Saturn Awards, un prix du prestigieux magazine Empire, qui ont compensé son re-fus des Oscars dans la catégorie du meilleur acteur pour son rôle au cinéma en tant que Gollum en 2001.

Benedict Cumberbatch, imitant les mimiques particulières du dragon géant Smaug, dans Le Hobbit

Les studios et leurs vedettes

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L’Académie a reçu d’énormes critiques à cause de ce faux pas, qui a débuté le débat à savoir la réelle signification de la per-formance par capture de mouvement. Doit-on la différencier de la performance en personne ? Andy Serkis, en entrevue avec Hero-Complex, a expliqué son point de vue sur la question : Beaucoup de gens me demandent “Crois-tu qu’il devrait y avoir une catégorie séparée pour le jeu d’acteur dans l’ère digitale ? Ou une sorte de prix hybride pour les personnages digitaux ?” Et bien d’autres. Pourtant, j’ai toujours maintenu que je ne pense pas. On devrait le considérer du jeu, parce que ça l’est. Ma part dans le film, ce que je fais sous le costume, comme m’approprier le person-nage, sa création, son contenu émotionnel nécessaire, l’aspect phy-sique que je dois livrer jusqu’a ce que le réalisateur crie “Couper !”, ça, c’est un jeu d’acteur. Doit-on le différencier ?

Il semblait que l’année 2015 allait être la “Lucky Year” de Serkis aux Oscars pour son rôle de Ceasar dans Dawn Of The Planet Of The Apes, maos il est toujours accueilli le dos tourné, et ne franchira pas le tapis rouge de sitôt. Malheureusement, seules quelques cérémonies dans le milieu du cinéma ont choisi de considérer le travail de Serkis comme une performance dans le sens propre du terme, et de le mettre sur la même ligne que tout autre jeu d’acteur présenté sur nos écrans durant l’année. On sent tranquillement les choses changées, mais il reste une longue barrière à trancher.

Malgré tout ce que l’on peut penser, la capture de mouvement est là pour rester. Avec le monde du cinéma d’animation en re-naissance, et le partenariat entre Ubisoft et l’École nationale de théâtre du Canada dans le but de créer un cours se spécial-isant dans la performance de Capture de mouvement dans les prochaines années, l’avenir semble radieux pour ces acteurs du futur, caché sous un maquillage virtuel. Le plus difficile est de prévoir quand les grandes cérémonies créeront une catégorie pour la meilleure performance digitale par un acteur. Mais si on boude le travail titanesque d’un acteur à cause d’un costume de capteur, difficile de concevoir comment décrire son rôle.

Raphael Labrecque / 12 Février 2015

Et aujourd’hui ?

Une étude du corps humain réalisé par motion capture

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La Vie d 'Adele

CRI

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La Venus Noire

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Critique

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La couleur de la découverte (La Vie d’Adèle)

Adèle Exarchopoulos, qui c’est mérité un César pour sa performance

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Le traitement lumière dans ce film est très spécial, car on voit qu’il essaie de donner un aspect de rêve au film. Lorsqu’Adèle et Emma sont dans le parc, il y a toujours une douce lumière qui les entoure. Cette lumière ajoute une certaine sensualité. Ceci peut être appuyé lorsqu’on voit comment Adèle regarde le cou d’Emma. Non seulement dans le parc, mais aussi proche de la rivière, le petit banc où elles s’assoient lors de leurs rencontres, où cette lumière est toute aussi présenté. Elle nous donne aussi cet effet que Emma et Adèle sont en train de vivre un rêve, car techniquement, Adèle est en train de vivre le sien.

Quand elle est a l’école ou même chez elle, les endroits sont sombres, on pourrait même dire lourds. Ceci pourrait être dû au fait que ce milieu n’accepte pas l’orientation sexuelle d’Adèle. Par exemple, lorsqu’Adèle est à l’école, on peut voir que les gens se ressemblent en quelque sorte, contrairement aux ch-eveux bleus de sa bienaimée Emma. Quand Adèle est à l’école, il y a une fille qui s’approche vers elle d’une façon amoureuse. Cependant, lorsque Adèle décide de s’aventurer dans cette relation un peu clandestine, son amie la rejette en lui disant qu’elle ne savait pas puisqu’elle faisait. On comprend, lorsque les « amies » d’Adèle se tournent contre elle à cause de sa sexu-alité, que cette fille avait peur des représailles de ses camarades de classe.

Malheureusement, l’homophobie est un enjeu très présent dans notre société, surtout dans la société française. Cette histoire peut bien être représentative pour beaucoup de ces Français et Françaises. Les parents d’Adèle ont l’air peu présents dans sa vie et ceci pourrait être au cœur de son attitude neutre et morose. Contrairement à Adèle, Emma est joyeuse et dégage un goût de vivre. Peut-être que ceci est la raison de leur amour ? Com-me on dit  : les opposés s’attirent ! Ce film aborde la sexualité d’Adèle d’une façon assez intéressante, car non seulement on voit qu’elle est amoureuse d’Emma, mais qu’elle peut aussi avoir

La couleur de la decouverte'

Adèle est une fille charmante, capable de faire tomber n’importe quel hom-me à ses pieds. Elleé et son groupe d’amies se préoccupent des mêmes choses toutes autre adolescentes. Des sujets tels que : l’amour et les relations envers les gars. Cependant, lorsqu’elle marchait dans la rue pour se retrouver avec son petit ami, elle voit pour la première fois la chevelure bleue d’Emma. Le coup de foudre la frappe et elle se sente obligée de retrouver Emma. Sa recherche dérive à une passion entre ses deux filles qui finira telle une histoire tragique.

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Critique

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La couleur de la découverte (La Vie d’Adèle)

Léa Seydoux, un choix risqué, mais son casting à été très apprécié des fans du livre original

une attirance envers d’autres hommes. De plus, on voit la vie de couple des deux filles, en nous démontrant que leurs milieux sont assez normaux. Leurs vies sexuelles sont très actives, et Kechiche a voulu nous faire savoir ceci. En plus, les scènes où ces filles font l’amour sont des scènes très bien composées, où il y a surprenament aucun manque de respect envers la sexualité et le corps de la femme ou encore une vulgarité quelconque.

Normalement, on retrouve Emma et Adèle dans des décors as-sez simples comme : l’école, le bar, etc. Cependant, lorsqu’elles sont ensemble, les décors ne sont plus vraiment importants, car on se concentre dans la relation entre les deux. Les plans rapprochés nous font faire partie de leur vie, et nous permet-tent de mieux comprendre leur relation de couple. Kechiche aime parler des femmes et leurs stigmas. Il faut juste voir son film Venus Noir (Page  23-24) pour comprendre. Ce ne sont pas toujours des histoires similaires, mais on aborde habitu-ellement les enjeux auxquels les femmes font face dans leurs sociétés et dans leurs sexualités. Dans la vie d’Adèle, on voit l’enjeu de l’homosexualité dans une société plus au moins ho-mophobe. De l’autre côté, on a Saartjies, qui se voit exploitée dans un commerce où on la dénigre et où on la voit simple-ment comme un animal, et sa sexualité n’est d’aucune impor-tance. Ce sont des histoires qui ne se ressemblent pas de tout,

elles ne sont même pas dans la même époque, cependant la sexualité de femmes est mise en évidence par une société ig-norante.

En conclusion, ce film nous fait rêver. Il nous plonge dans l’univers d’un amour qui ne juge pas, qu’il faut simplement aimer. Cependant, ce film nous fait prendre conscience sur les enjeux des sociétés tels que l’homophobie, le manque d’at-tention de nos êtres chers et la jalousie. Ce film nous fait ré-fléchir sur nous-mêmes et nos relations envers les autres. Un film exceptionnel, donnant la chance à Kechiche de nous faire preuve qu’on peut toucher des sujets controverses et montrer des scènes osées sans tomber dans le préjudice et vulgarité. On sait que le bleu est une couleur froide, cependant quand on voit l’amour qu’Emma et Adèle ont une envers l’autre, ça devient une couleur qui nous réchauffe le cœur.

Michelle Leblanc

20 Février 2015

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Réalisation : Abdellatif Kechiche - Scenario : Abdel-latif Kechiche, Ghalia Lacroix, Julie Maroh - Montage : Sophie Brunet, Ghalia Lacroix, Albertine Lastera, Jean-Marie Lengelle, Camille Toubkis- Son : Jean-Paul Hurier, Elise Luguem-Interprètes: Léa Seydoux (Emma), Adèle Exarchoupolos (Adèle), Salim Ke-chiouche (Samir)-Production: Brahim Chiou, Lau-rence Clerc, Abdellatif Kechiche- Distribution : Wild Bunch Distribution

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Critique

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La douleur d’un regard (La Vénus Noire)

Yahima Torres, dans ce que certain considèrent ‘‘Le meilleur rôle de sa carrière’’

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Dans ce film, le montage est important, car il nous aide à aller aux essentielles de la vie de Saartjie. Il nous fait comprendre que cette femme ne vit pas longtemps, et qu’elle se retrouve dans des situations si terribles qu’aucun humain ne devrait avoir à les vivre. Lors de son spectacle, on comprend très vite qu’elle est exploitée dans une « exposition humaine », une pra-tique très commune à cette époque et qui était habituellement retrouvée dans les foires des villages. Lorsque le spectacle com-mence, on voit que Saartjie ne se sent pas bien, surtout au mo-ment que les spectateurs peuvent toucher son derrière comme

si elle était un pauvre animal. Tout au long du film, on se rend compte que Saartjie est déshumanisée et fait sa vie comme La Venus Noire, devenant elle-même son propre personnage. L’ig-norance du peuple est claire, cependant il y a une très grande du côté de l’élite. On peut être témoin de ceci lorsque les « hom-mes de la science prennent des mesures de la tête, des seins et du derrière de Saartjie, tout en disant des commentaires très racistes. Il y a un moment donné dans le montage, au tout début d’un des spectacles ou on a des plans très rapproches des bouches des spectateurs. Ils sont en train de rire du mal-heur de Saartjie, cependant ils ne le savent pas. Le spectateur comprend tout de suite après que Saartjie est fâché et triste à cause de tout ce qui lui arrive, seulement par un plan parfaite-ment fait, où le jeu d’acteur Yahama se voit mélangé aux apti-tudes supérieures de Kechiche. Ce plan rapproché est capable de nous transmettre la haine que Saartjie ressent envers cette situation.   Cependant, lorsque Hendrick est amené en cours, on voit une foule enrage qui l’accuse de milles et autres cho-ses, cependant personne ne s’attarde pas vraiment aux senti-ments de Saartjie. Il y a aussi le journaliste qui lui demande son histoire après une fête chez une bourgeoise. Saartjie lui décrit son histoire, en lui avouant qu’elle n’est pas une princesse hot-tentote, mais plutôt une servante. Elle lui avoue aussi qu’elle n’a pas d’enfants, car elle l’a perdue et elle ne l’a pas mariée.

La douleurd'un regardSaartjie Baartman est passée d’être la servante de Hendrick à devenir sa partenaire de travail. Hendrick lui donne le rôle principal de son spectacle, cependant le show est dénigrant envers la communauté noir et immigrante d’Angleterre et France. Saartjies se voit dans le milieu d’un scandale. Cepen-dant,  elle continue à défendre son ‘maitre’. Suite à ça, Réaux décide de pouss-er le travail à Saartjie jusqu’aux limites.  Elle commence dans des endroits où l’élite française de 1808 se réunissait, cependant les choses qu’elle doit faire deviennent de plus en plus dégradantes. L’histoire avance et on devi-ent des témoins de comment la vie de Saartjies devient un véritable enfer.

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La douleur d’un regard (La Vénus Noire)

Critique

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La douleur d’un regard (La Vénus Noire)

L’homme s’excuse de son malheur, cependant lui demande s’il peut mettre quand même qu’elle est une princesse, car ceci va attirer un plus grand auditoire. Contrairement aux hommes de sciences ou à ce journaliste, l’artiste qui fait des portraits pour “les hommes de la science” est sensible envers les sentiments de Saartjie. On peut le démontrer lorsque Saartjie décide d’al-ler manger avec lui au lieu de rester avec les autres hommes, et quand l’artiste fait un dessin d’elle avec un petit enfant. Cette pauvre femme défend Hendrick jusqu’au bout, car elle n’a pas de famille et que ce bourreau n’est en fait que le dernier lien qui la retient au monde terrestre. Après avoir participé à “la recher-che scientifique”, Saartjie refuse de montrer ses atouts sexuels. Mais Hendrick, furieux contre elle de refuser son exposition, la bat tel un animal. Sa douleur ne s’arrête pas ici, car elle se fait exploiter mentalement et sexuellement par Réaux.  À cause de tout ça, Saartjie se retrouve toujours avec un regard vide sans espoir et une expression brisée. Même la statue que les “hom-mes de la science” ont faite d’elle démontre toujours une expres-sion de peur et désespérassions profonde. Il y a des valeurs que Kechiche veut nous transmettre, et ces valeurs sont sûrement le respect envers la vie et la compréhension de ce qui est différent de nous.

D’un côté plus musical, il y a une scène où Saartjie joue une sorte de violon. Normalement, dans les spectacles elle devait avoir l’air sauvage et de ne pas savoir comment jouer cet instrument, cependant lors de la soirée, elle joue aussi bien que le musicien. La chanson qu’elle joue est une chanson émouvante et mélan-colique qui décrit très bien son expression. Suite à cette scène, Réaux commence à jouer la musique “typique” khoikhoi. Saart-jie est demandée de danse. Après avoir commencé sa danse, elle commence à tourner sur elle-même. Kechiche nous donne un très beau plan, ou un voit les assistants de la fête en angle de vue, donnant un plan subjectif et en tournant comme si l’on était la vénus noire. Finalement, toute cette violence fait en sorte que Saartjie devienne alcoolique, une preuve qu’elle voulait vérita-blement s’échapper de cette vie d’enfer. Saartjie vit dans une so-ciété très ignorante envers les cultures étrangères. Elle vivait en France et ensuite Angleterre pendant les années  1808, ou les noirs étaient perçus comme des subhumains, en quelque sorte des animaux.  Voilà d’où sort la fascination de ces personnes envers Saartjie, car ils la voient comme quelque chose de nou-veau. Ils ne la regardent pas comme un être humain. Saartjie provenait d’une tribu khoikhoi native du sud-est de l’Afrique, a de grandes différences physiques et explique pourquoi ces rich-es hommes sont ainsi fascinés par son corps. Kechiche nous laisse avec un petit mot à la fin de son film, une citation dont le seul but est de faire faire réfléchir : jusqu’en 1974, les restes du corps de Saartjes Baartman ont été exhibés à Paris au Musée de l’Homme. En 1994, l’Afrique du Sud demande ------------------

leur restitution à la France. Elle fut enterrée le 9 aout 2002 sur sa terre natale. Musée de l’homme en France. Alors, aussi diffi-cile que cela peut paraître, Saartjie a réellement existé. Elle est née en 1789, en Gamtoos, Afrique du Sud et elle est décédé le 29 décembre 1815 en Paris, France. Son nom de “Saartjie” veut dire Sarah, car on n’a jamais su son vrai nom.  Son nom de fa-mille, “Baartman”, veut dire “barbu” en Afrikaneer étant donne que Hendrick portait une barbe.  Cette histoire est un drame, car beaucoup des communautés ethniques ont vécu des choses similaires, cependant ce film est tout aussi historique, car Saart-jie a véritablement existé. 

En bref, ce film est qui nous remet en question comme société. Le montage, les couleurs et les thèmes que Kechiche a utilisés rendent le film efficace à nous faire prendre conscience. Un film a voir, mais qui cependant peut être lourd et choquant, surtout ce qu’on voit dans la première et dernière scène. Une question se pose par contre : la famille de Hendrick savait-ils les atrocités que ce dernier faisait ?

Michelle Leblanc

20 Février 2015

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Fiche technique  : Réalisation  : Abdellatif Ke-chiche - Scenario  : Abdellatif Kechiche, Ghalia Lacroix -  Montage  : Ghalia Lacroix, Albertine Lastera, Camille Toubkis-Son: Slaheddine Ke-chiche Interprètes : Yahama Torres (Saartjie  ‘Sar-ah ‘ Baartman), André Jacobs (Hendrick Caezar), Olivier Gourmet (Réaux) et Elina Lowensohn (Jeanne)-Production : MK2 - Distribution : MK2

Une reproduction de l’affiche antique

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DÉCOUVERTE

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Décou-verte

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4 courts-métrages à découvrir

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Si un court-métrage cherche la vitesse, la précision, et la sim-plicité, Forever In Hiatus est un produit très différent de ce que certains peuvent considérer un Court-Métrage. Un matériel digne de festival, le rythme présent dans toute la production est au bord du malaise public. De voir un film prendre le temps de présenter un motif, un personnage et ces caractéristiques, mais aussi de laisser au public la chance de découvrir par lui même certaines informations clés est un point fort du film. Ici, on ne guide pas la main du spectateur. Il faut réellement pren-dre le temps de faire la part des choses, et de réfléchir à ce que le protagoniste, une ancienne Pop-Star qui cherche l’exil, tente de suivre comme chemin de vie.

Les relations entre personnages sont très classiques, un homme perdu dans un fardeau existentiel rencontre une fille qui change à tout jamais sa façon de regarder la vie. SI on peut considérer cette subtilité comme un défaut, elle n’est pas totalement idiote, étant donné la fin très ambiguë. Aucun « spoiler » ici, je vous laisserais faire la part des choses durant le visionnement.

La mise en scène est aussi très inhabituelle, donnant une sorte de noirceur à l’esprit du film. Les couleurs sont pour la plupart du temps chaud et sombre, et un besoin de réalisme est présent dans la fragile ligne entre l’amour et la haine que Nguyen a présentée dans ce film. Le tout est surprenant parfois, mais tou-jours de bon goût.

Un petit bijou très étrange, qui semble brut, mais reste toujours à terre, sans prétention.

Raphael Labrecque / 2 Janvier 2015

Forever In HiatusRéalisateur: Andy NguyenÉcriture: Andy Nguyen, Chelvendra Sathieaanandha

Luigi Campi dans Forever In Hiatus

Disponible gratuitement sur :

Drame / 23 Min. / Vietnam

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4 courts-métrages à découvrir Décou-verte

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4 courts-métrages à découvrir

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Joe Leisne, Propriétaire de Comic Book Heaven Comic Book HeavenRéalisateur: E.J. McLeavey-Fisher

Producteur : Tom Maiorino, E.J. McLeavey-FisherDisponible gratuitement sur :

Le documentaire est un genre très intéressant, qui laisse place à beaucoup de franches opinions. Il est très fort de réussir à créer une sorte de cage, dans lequel on semble voir le monde dans les yeux d’une personne. Soit par le montage, le concept ou encore l’utilisation de symbole, tout bon documentariste est à la mer-ci de celui qui est en vedette. Si Comic Book Heaven est aussi impressionnant, c’est par la simplicité qu’il présente des thèmes comme la mort, la raison humaine, et aussi les années qui pas-sent.

Le propriétaire du magasin, Joe Leisner, est notre narrateur. Un homme convaincu, et avec beaucoup à raconter, nous sommes pris dans une sorte de petit univers, à vendre, et à découvrir ch-aque jour la clientèle du petit commerce de Queens, New York. Si la beauté du thème est très bien représentée, nous n’avons pas l’impression que Joe est l’admirateur de Comic comme on pense avoir affaire. Il dit ne même pas lire beaucoup de sa marchan-dise. Alors, pourquoi aimer ce personnage coloré ? Car il est un pur et simple « emmerdeur », et on adore ! De la criminalité

jusqu’à le sens de tout ce qu’il a fait dans sa vie, on sort un peu chaud au cœur, et avec la tête remplie d’idées.--

Un hommage au baby-boom, et à tout ce qu’il a de plus sale dans l’industrie du Comic-Book.

Raphael labrecque / 6 Janvier 2015

Documentaire / 12 Min. / États-Unis

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4 courts-métrages à découvrir

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La vie est un défi, et d’accepter le passé comme il est est une sorte de préparation à l’âge adulte. A Long Walk est un titre très révélateur (Une Longue Marche en Français) quand on regarde le thème de l’acceptation, mais transforme tout son sens quand on pense qu’il veut aussi expliquer la difficulté de vieillir, de sur-vivre. Le tour de force du cinéaste amateur Chinonye Chukwu dans la production de ce petit chef-d’œuvre est un accomplisse-ment qui à tout le mérite d’un magnum opus.

Si la réalisation est incroyable, tout dans le film semble au poil près : La direction photo est magique, la post production est so-bre, jusqu’à la correction couleur très bien amenée dans un ton de vert sombre, le jeu des acteurs très bon, mais surtout la ligne directrice que l’équipe à produit. Un exemple très clair d’un tra-vail réussi et bien produit. Notons la participation très appréciée de l’acteur Colman Domingo, qui a déjà travaillé avec les plus grands noms de l’industrie, et dont la présence surprend. Mais la beauté dans tout ce petit film est placée dans le concept. De créer un message aussi versatile et universel est un vrai coup de

maître, qui laisse à penser la réelle importance d’un bon scénar-io dans un court-métrage. Les mots sont peu nombreux, et on comprend réellement la force de chacun.

Un accomplissement incroyable, qui a de la gueule devant une grande partie de toute les productions des dernières années quand on parle de court-métrage.

Raphael Labrecque / 10 Janvier 2015

A Long WalkRéalisateur: Chinonye ChukwuÉcriture: Samuel Autman et Chinonye Chukwu

Jibreel Mawry, Dans son premier rôle devant la caméra

Disponible gratuitement sur :

Décou-verte

Drame / 15 Min. / États-Unis

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4 courts-métrages à découvrir

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4 courts-métrages à découvrir

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Tony Wallace et Cody Fern, Acteurs principaux The Last Time I Saw RichardRéalisateur et scénario: Nicolas Verso

Mettant en vedette: Toby Wallace, Cody FernDisponible gratuitement sur :

Le gagnant de l’AACTA (Prix prestigieux dans le domaine du cinéma australien) pour le meilleur court-métrage en 2014 est une surprise sur plusieurs plans. On peut commencer par donner le fait qu’il ne retient aucun genre en général. C’est un drame, un film en partie fantaisiste, un coming-of-age, et un exemple parfait d’un court-métrage bien fichu.

Les performances sont magistrales. Quand on parle de drame adolescent, les acteurs peuvent autant réussir parfaitement (Re-gardez Breakfast Club pour mieux comprendre), ou encore sim-plement détruire l’esprit donné. Mais là, aucun moment ne sem-ble mal placé, et les deux garçons on une chimie si contrastée. L’un étant un jeune homme très charismatique, mais en même temps détruit par les présumées multiples tentatives de suicide. L’autre, complètement sorti de sa lucidité, mais si charmant à l’intérieur. Un jeu très précis, qui paraît digne de reconnaissance dans le domaine académique.

L’aspect narratif est aussi très intéressant, donnant beaucoup au

spectateur à démêler. On peut penser à une certaine affection amoureuse entre les deux personnages principaux, et à l’expli-cation derrière les rêves, qui ont une grosse place dans le film. Des questions qui seront sûrement répondues, grâce au fait que le court-métrage est en fait une introduction à un futur long-métrage, Boys In The Trees. On attend avec impatience de nou-velles informations, et de nouvelles créations de Verso, un réali-sateur rempli de surprise, et surtout avec un portfolio très varié.

Une expérience visuelle autant qu’émotionnelle, l’aspect gothique est aussi frais que profond, et nous en sommes plus que satisfait.

Raphael labrecque / 14 Janvier 2015

Décou-verte

Drame Fantaisiste / 22 Min. / Australie

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ANALYSE

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Drive (2011), le désormais très bien renommé film de gangsters, réalisé par Nicolas Wind-ing Refl, reste un succès surpris de la part d’un homme dont plusieurs croyaient n’avoir plus de substance à démontrer. Cannes l’a adoré, et le public aussi. Un Ryan Gosling puissant dans un rôle qui semble avoir été écrit pour lui, et surtout un coup de maître, autant vi-suellement q’au plan narratif. La sortie, 2 ans plus tard, d’un petit film nommé Only God Forgives a fait le ravage dès la première bande-annonce. On nous annonçait une magie visuelle, un orgasme esthétique à la Lynchienne, et surtout un hommage très fla-grant au maître du cinéma artistique  : Ale-jandro Jodorowsky. C’est que les puristes en disent, mais qu’en est-il réellement ? Et bien, le film a fait la honte à Cannes, et est même reconnu comme un échec incroyable, dont certains reprennent l’idée que Relf est un cinéaste périmé, et qu’il n’offre aucune fraîcheur dans ces œuvres. Alors pourquoi ce titre aussi contradictoire ? Parce que, d’après moi, le film vieillira comme un bon vin, dont les réelles saveurs sont toujours cachées.

ONLY GOD FORGIVESPourquoi

Est-il un chef d’oeuvre ?

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Analyse

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Pourquoi Only God Forgives est-il un chef-d’oeuvre ?

Ryan Gosling dans Only God Forgives

Il est très difficile pour un artiste en général de révolutionner son propre style. Plusieurs ne peuvent en sortir vainqueurs, ou encore ne réussissent simplement pas à créer un matériel tan-gible à offrir au public. Pour Only God Forgives, Refn tente le tout pour le tout, et ne mérite pas la critique intense que cette nouvelle œuvre lui a donnée. Le film est un travail franc, qui représente une réelle recherche dans le domaine visuel et nar-ratif. On remarque un regard évident sur ce qu’est le cinéma, comme un clin d’œil de la part d’un Godard moderne. Mais le tout est fait sous un masque. Un masque qui prend la forme d’une certaine distance, un style qui ne va pas bien à plusieurs cinéastes, mais ici semble très bien fonctionner. Si le travail des couleurs est magistral, on ne voit pas une seule goutte de prétention. Refn ne regarde pas le spectateur avec hauteur, mais paraît ici critique, et peut-être pour la première fois de sa car-rière. Dans le personnage de Jullian, interprétée avec douceur et complété d’un inhabituel malaise de la part d’un Ryan Gosling reconnu pour ces rôles de « beaux gosses », on reconnaît un lien avec le travail précédent du cinéaste, Drive. Alors que Gosling, dans Drive, prend environ 5 secondes avant de sortir une répli-que, il le fait dans un but de contrôle et créer une aura autour de l’homme, nous gardant en confiance. Ici, Refn change toute l’atmosphère du thème de la vengeance. Gosling est seul, perdu, mais aussi très inconfortable. Le lien est bien là, mais n’est pas

l’explication d’une « Suite spirituelle » entre les deux films. Alors que Drive est blanchie et romance la violence, OGF essaie de la démontrer dans sa vraie nature : responsable des malheurs, mais surtout grasse et irréversible. Ref recréer son art, et le fait savoir par un changement drastique dans la mise en scène. Ses œuvres précédentes semblent toutes garder un fil conducteur, et peuvent paraître essoufflantes dans leurs rythmes, mais la tension ne semble jamais guider l’action. Alors que OGF, sans jamais s’arrêter, cherche un mélange de peur et de suspense dans chaque scène. Ici, on est en présence d’un vrai Thriller, et le genre sort bien entre les mains du cinéaste danois. Mais pourquoi, avec tous ces commentaires narratifs banals, OGF sort comme un Magnum Opus? Car Refn créer un tableau, une fresque pour chaque plan du film, et travaille chaque couleur pour nous donner une vibration, un souffle et un silence qui nous accompagne tout au long du visionnement. Que ce soit dans la maîtrise de la symétrie, dans l’esprit des personnages, ou encore pour la situation qui traverse l’écran à ce moment, la puissance de ce que le cinéma peut réellement donner comme produit est présentée dans toute sa splendeur. On peut compren-dre le travail titanesque mis en valeur par la cinématographie, et l’intention de Refn est très claire : créer une oeuvre d’art, sym-bolique et imprévisible. On peut penser à la scène du meurtre du frère de Julian. Le rouge gère la pièce, et peut représenter

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Pourquoi Only God Forgives est-il un chef-d’oeuvre ?

Analyse

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Pourquoi Only God Forgives est-il un chef-d’oeuvre ?

Kristin Scott Thomas dans Only God Forgives

la violence qui englobe le personnage, mais aussi l’amour qu’il ressent à la faire. Refn cherche aussi à créer une sorte de zone émotionnelle dans les plans, essayant de mettre en valeur des émotions différentes grâce à plusieurs couleurs dans la scène. On peut penser à la scène du bar de divertissement, où la lu-mière néon bleue peut expliquer le calme et la normalité de l’action, mais l’autre bord de la vitre qui sépare le client des prostituées, on voit une sorte de « Glow » violet, qu’on peut décrire comme la représentation matérielle de l’esprit fémi-nin, de la sexualité « Bonbons », mais surtout de l’innocence. Quand ils sont mis ensemble, l’image est si puissante, alors que les mots ne sont même pas nécessaires. On peut remar-quer dans son style des influences du maître symbolique David Lynch, dans la façon de présenter le monde, mais surtout de créer une sorte d’orgie « néon », très flash et scintillante. Mais le plus grand hommage que le cinéaste à voulu produire, c’est sans aucun doute le génie du cinéma psychédélique, le désor-mais très bien vu réalisateur chilien Alejandro Jodorowsky, que Refn remercie d’ailleurs dans le générique de Drive et OGF. Que ce soit dans la façon de présenter la réalité comme un com-bat religieux, ou encore la minutie dans les mouvements des personnages, on remarque à chaque fois une légère référence à ce créateur extravertie. Au final, Nicolas Winding Refn a réussi à créer un produit visuellement magnifique, une histoire

intemporelle, et une distribution sans faute. N’est-ce pas les car-actéristiques d’un vrai bon film ? S’il fallait regarder le film com-me un divertissement, alors oui, on peut considérer OGF comme un échec. Mais ici, Refn nous montre la qualité de sa direction, et non son rapport avec le public, ce qu’il réussit avec brio.

Raphael Labrecque / 24 Décembre 2014

Only God Forgives, (2013)Écrit et réalisé par : Nicolas Winding Refn

Mettant en vedette : Ryan Gosling, Kristin Scott Thomaset Vithaya Pansringarm

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